Cinéma et Prison (1) : les Rencontres Henri Langlois s’engagent

Posté par MpM, le 10 janvier 2009

Cela fait plus de dix ans que les Rencontres Henri Langlois ont à cœur d’inclure le milieu carcéral dans leur politique d’action culturelle. Chaque année, à l’occasion du Festival des films d’école, des séances de projection et de débat sont ainsi organisées à l’intérieur de la Maison d’arrêt de Poitiers. D’abord, les détenus regardent tous ensemble le film, puis ils peuvent échanger avec le ou la réalisatrice présent(e). Un temps fort qui marque souvent autant les spectateurs que les intervenants.

Aussi les Rencontres et la Scène nationale de Poitiers qui en a la gestion ont-elles immédiatement répondu présentes lorsque le Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation de la Vienne (le SPIP, qui s’occupe notamment des activités culturelles en milieu pénitentiaire) leur a proposé de prolonger leur action. Nicolas Silhol, scénariste et réalisateur, avait déjà animé des ateliers d’écriture de scénario, notamment en hôpital psychiatrique. Il souhaitait le faire en prison, ce que le Festival a ainsi pu proposer au SPIP. Il ne faut pas se leurrer, ce genre d’activité est "compliqué à mettre en ouvre", explique-t-il. Mais indispensable.

Quatre scénarii aux histoires bouleversantes 

A l’été 2007, grâce au soutien du SPIP et au financement de la DRAC Poitou Charentes, le premier atelier d’écriture se tient dans les quartiers hommes et mineurs de la Maison d’arrêt. Au bout de quatre séances en groupe réduit, il en ressort trois scénarios côté hommes et un côté mineur. Les histoires, sans être nécessairement autobiographiques, ne sont jamais bien loin du vécu de leur auteur. La prison, notamment, y occupe souvent une place centrale. Qu’il s’agisse d’un père qui découvre en cellule ce fils qu’il n’a jamais connu ou d’un détenu retrouvant l’amour de sa jeunesse, les histoires sont bouleversantes. Mais attention, pas question de faire de l’initiation au rabais : chaque scénario est écrit selon les règles du genre et correspond à une véritable recherche dramaturgique.

Logiquement, le projet est reconduit pour 2008, avec une séance supplémentaire et un rythme plus soutenu. Cette fois, trois détenues travaillent sur un scénario collectif et deux sur des textes individuels tandis que dans le quartier homme, trois scénarios sont finalisés. A nouveau, qualité et émotion sont au rendez-vous. A condition de lire entre les lignes, on est frappé de plein fouet par les regrets et les remords qui habitent les apprentis scénaristes. Mais aussi par l’amitié et la solidarité qui unit certains d’entre eux, comme dans le très beau texte écrit à six mains où trois détenues se serrent les coudes face à la tristesse et au désespoir.

La prochaine étape ? Un tournage, malheureusement, n’est pas envisageable. Mais peut-être les scénarios pourront-ils devenir des récits audio susceptibles d’être diffusés sur radio Accords, dans l’émission consacrée aux détenus et à leur famille. Et d’ici quelques mois, une nouvelle "promotion" de détenus pourra bénéficier des ateliers 2009… En attendant, qui sait, de nouvelles actions imaginées conjointement par le SPIP et la Scène nationale ?!

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A lire : les scénarios écrits lors des ateliers 2007 et 2008

Poitiers : focus sur Brises d’Enrique Ramirez, prix du jury étudiant

Posté par MpM, le 16 décembre 2008

brisesUn homme marche sans s’arrêter dans la rue, traverse la route, s’engage dans un bâtiment imposant. La caméra le suit, le précède, l’accompagne. Un impressionnant plan séquence de 10 minutes qui nous mène au travers de la Maison du Gouvernement chilien, du sud vers le nord. En chemin, on croise des gardes, une femme dans un bassin rempli d’eau, des chiens errants. En surimpression, une voix-off égraine des bribes de souvenirs, de pensées, de sensations. C’est un choc, à la fois esthétique et émotionnel. Même sans identifier tous les symboles, on sent confusément le poids de l’Histoire qui pèse sur Brises. D’où l’absolue nécessité de rencontrer Enrique Ramirez, son réalisateur, étudiant d’origine chilienne en deuxième année à l’école du Fresnoy (Tourcoing).

Où avez-vous tourné Brises ?
Enrique Ramirez : J’ai obtenu l’autorisation de tourner dans la Maison du Gouvernement chilien, qui a été détruite pendant le coup d’état de Pinochet puis reconstruite. Cela m’a pris un an d’avoir cette autorisation… et je l’ai eue seulement la veille du tournage. Cet endroit se visite mais seulement dans un sens : du nord vers le sud, c’est-à-dire de <la Place de la Constitution vers la Place de la Citoyenneté. Moi, je voulais aller dans l’autre sens, commencer par le côté interdit.

Pourquoi ?Enrique Ramirez
E.R. : Je trouve ça incroyable que l’on soit en démocratie, que les portes soient ouvertes au public… mais que malgré tout on ne puisse pas choisir le sens de la visite, ou revenir en arrière dans le bâtiment. C’est symbolique du fait qu’au Chili, on essaye d’oublier l’Histoire. Or c’est important pour construire une nouvelle histoire de ne pas oublier le passé ! D’où l’idée de traverser la Maison du Gouvernement qui est un lieu symbolique pour tous les Chiliens. Elle évoque à la fois la guerre civile, la mort d’Allende et le retour à la Démocratie. La traverser, c’est comme traverser l’Histoire. C’est aussi pour cela que l’eau est un élément important dans le film : l’eau nettoie, mais la seule chose que l’on ne peut pas nettoyer, c’est la mémoire.

Vous ne donnez dans le film ni explications sur la signification du lieu ni rappels historiques…
E.R. : J’ai voulu faire le film pour les Chiliens mais aussi pour ceux qui ne connaissent pas notre histoire, que cela fonctionne pour les deux grâce à un travail sur l’imaginaire et les sensations. Et puis la guerre, l’histoire, la mémoire, les gens qui disparaissent… tous les pays connaissent cela ! J’ai voulu donner cette portée universelle au film, d’où l’absence d’explication. Le texte est plutôt autobiographique, il évoque des images de l’enfance qui peuvent parler à tout le monde. Moi, j’ai grandi avec la dictature et ça me paraissait un peu normal car je n’avais rien connu d’autres ! Ce n’est que des années après que j’ai compris ce qui s’était réellement passé.

Comment s’est concrètement passé le tournage ?
E.R. : Nous avions l’autorisation de tourner une matinée. Je n’étais pas sûr que nous aurions le temps de faire deux prises… mais finalement ça a été possible, et c’est la seconde qui est dans le film. Comme le palais est dans la rue principale de Santiago, il n’était pas possible d’arrêter le trafic. Mais j’aime bien travailler comme ça, avec les passants qui font partie du film. J’aime bien le hasard… le fait de ne pas tout contrôler. C’est pour cela que j’aime les plans-séquences.

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A voir : le palmarès complet des Rencontres internationales Henri Langlois.
A noter : Brises sera diffusé le 27 décembre à 20h dans le cadre de la manifestation Dans la nuit les images au Grand Palais à Paris.

Poitiers : des nouvelles d’Afrique

Posté par MpM, le 12 décembre 2008

Où sont-ilsDepuis quelques années déjà, l’Afrique semble le continent oublié (négligé ?) des grandes compétitions internationales. Alors que l’Asie et l’Amérique latine sont tour à tour les chouchous des comités de sélection, l’Afrique, elle, passe systématiquement son tour. Kini et Adams d'Idrissa Ouedraogo, le dernier film africain à avoir été présenté en compétition à Cannes, remonte déjà à 1997 ! Une des excuses souvent avancée pour justifier cette absence est le fait que le continent tourne peu. Or, rien qu’à Nollywood, l’équivalent nigérian d’Hollywood, il se produit chaque année quelque 1200 films. Et les écoles fleurissent sur le continent, du Maroc à la Tunisie, du Ghana au Burkina Faso, du Bénin à l’Afrique du Sud.

D’où ce focus sur l’Ecole africaine organisé par les Rencontres Henri Langlois, avec preuve par l’image que le cinéma africain existe et mérite d’être montré. En 6 longs métrages et 14 courts, les festivaliers ont ainsi la possibilité de se faire une idée plus précise du dynamisme et de la créativité de ses cinéastes, ainsi que de ce qui les préoccupe. Sur l’échantillon des films d’école présentés à Poitiers, on compte notamment une large part de documentaires et de fictions réalistes, inspirées de faits réels, qui confirment le pouvoir de témoignage, voire de dénonciation, conféré au cinéma par les jeunes générations. Au Maroc, Alaa Eddine Aljem critique les rituels ancestraux liés au mariage. Au Sénégal, Fabacary Assymby Coly et Angèle Diabang Brener interrogent la "douleur de l’exil" en rencontrant deux opposants politiques haïtiens exilés depuis quarante ans. Au Ghana, Afeafa Nfojoh dénonce l’esclavage moderne de la pratique Trokosi qui consiste à donner ses filles au prêtre du village pour expier les pêchés de la famille.

Les jeunes cinéastes compensent le manque de moyens techniques et d’expérience par une vitalité d’esprit et une audace qui forcent le respect. D’accord, les jeunes actrices d’Ezanetor, le court métrage d’Afeafa Nfojoh, ont un jeu outré, mais en dépit de ses innombrables maladresses, le film sensibilise le public au problème du Trokosi et n’hésite pas à dénoncer la complicité passive de la société. Entre les mains de tels cinéastes, le cinéma redevient mode d’expression, vecteur de prise de conscience et moteur d’action collective.

Son pouvoir de divertissement n’en est d’ailleurs pas pour autant nié, comme le prouve le très réussi Où sont-ils de Kossa Lelly Anité, ou la quête impossible de Lelly, jeune cinéaste du Burkina Faso, désireuse de rencontrer le "Belge typique". A la fois réflexion sur l’identité (construite, innée, revendiquée, héritée, acquise…) et déambulation pleine d’humour dans le Bruxelles contemporain, ce documentaire réconcilie un cinéma africain qui serait irrémédiablement lié aux traumatismes du passé avec un cinéma occidental forcément détenteur de la modernité et du savoir-faire. Logique, puisque le film est le résultat d’une collaboration entre Belgique et Burkina Faso, donnant un aperçu très prometteur de ce que pourrait être une telle collaboration à grande échelle.

Poitiers : quand la musique révèle l’image

Posté par MpM, le 11 décembre 2008

FadosComment filmer la musique ? C’est à la fois une question rencontrée par bien des cinéastes et le nom d’un atelier de création documentaire initié par les Rencontres Henri Langlois en association avec la SACEM et en coproduction avec Ars Nova ensemble instrumental. Le principe est simple : sélectionner par le biais d’un appel à projet de jeunes réalisateurs diplômés d’un cursus de réalisation documentaire et les faire travailler sur une création contemporaine du compositeur Martin Matalon (Traces I) pour violoncelle et ordinateur. A l’arrivée, cela donne quatre courts métrages de treize minutes, à la fois indépendants et complémentaires, qui tentent de restituer la vision particulière de leur auteur sur la manière de donner corps à la musique.

Dommage, les œuvres ainsi obtenues peinent à dépasser l’exercice de style. Peut-être les jeunes réalisateurs sont-ils trop restés dans le premier degré en illustrant uniquement le processus de création musicale par des images de répétitions entre Martin Matalon et sa violoncelliste Isabelle Veyrier, au lieu de lui offrir une résonnance plus multiple dans d’autres scènes ou d’autres lieux. Toujours est-il qu’on étouffe un peu dans cet huis clos d’un auditorium vide où se joue le tête à tête entre les artistes… De plus, filmés au même endroit au même moment, les quatre films deviennent redondants. Le seul qui soit réellement convaincant est celui qui, justement, s’extrait de ce contexte étriqué pour montrer l’envers du décor, cet ensemble gigantesque d’immeubles qui semblent assaillir la salle de répétition. Il ne s’agit plus de labeur et de minutie mais de sentiments bruts démontrant le pouvoir émotionnel de la musique.

Toutefois, si le résultat peut apparaître mitigé, la démarche n’en est pas moins passionnante, d'autant qu'elle trouve écho sur grand écran, et notamment devant la caméra de réalisateurs confirmés comme Pere Portabella (Le silence avant Bach) ou Carlos Saura (Fados, prévu le 14 janvier). Les deux cinéastes espagnols se sont en effet penchés l’un sur la musique de Bach, et plus généralement la discipline absolue de la création musicale, l’autre sur l’art du fado, ce chant portugais mélancolique et profond. Chacun dans son genre, les deux films expérimentent cette tentative impossible de retranscrire par l’image le pouvoir de la musique : Portabella en tentant de décortiquer ce pouvoir, s’adressant plus à l’esprit de son spectateur qu’à son cœur ou ses sens, Saura en proposant au contraire tout un panel d’émotions et de sensations par le biais d’interprétations variées et complexes seulement appuyées par la puissance affective de la danse. Comme les jeunes réalisateurs de l’atelier de création, ils n’échappent pas à une certaine forme d’exercice de style, mais prouvent ainsi que la question de "comment filmer la musique" garde tout son sens.

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Dans les traces de Camille Fougère
Les sens des traces de Benoit Perraud
Continuum d'Etienne Duval
Traces I : l'esprit, le corps, la machine de Oona Bijasson

Poitiers : Bonello et Laforce mettent le son en lumière

Posté par MpM, le 10 décembre 2008

Jean-Pierre Laforce et Bertrand BonelloDans le cadre de la traditionnelle leçon de cinéma des Rencontres Henri Langlois, le mixeur Jean-Pierre Laforce (On connaît la chanson, La pianiste, Huit femmes…) a proposé aux festivaliers d’assister à une véritable séance de mixage. En compagnie du réalisateur Bertrand Bonello (dont il a mixé les derniers films) et du monteur son Nicolas Moreau, il a travaillé en direct sur l’une des séquences de De la guerreMathieu Amalric, seul dans la forêt, interagit avec les sons qui l’entourent. L’occasion de découvrir cette étape ultime et déterminante de la chaîne de réalisation d’un film, où en jouant sur le volume du son, son timbre, sa dynamique, sa spatialisation ou encore sa réverbération, le mixeur cristallise le sens et la portée d’une œuvre. Rencontre avant la bataille avec Bertrand Bonello et Jean-Pierre Laforce.

En tant que réalisateur, à quel moment commencez-vous à penser au son ?

Bertrand Bonello : Moi je pense beaucoup au son parce que je suis à l’aise avec. J’y pense de plus en plus tôt, bien avant le moment du montage. Par exemple, dans l’extrait utilisé par Jean-Pierre Laforce pour sa leçon de mixage, le son est narrativement aussi important que l’image. Mon rêve, ce serait de faire les deux montages [image et son] en même temps, que l’un interagisse sur l’autre.

Qu’est-ce que le mixage ?

Jean-Pierre Laforce : C’est un travail qui intervient à la toute fin du film, lorsque l’image est déjà montée. Le mixeur reçoit le son direct pris pendant le tournage (ça peut être les voix des acteurs ou l’ambiance des scènes) monté avec les éventuels bruitages et la musique enregistrée. Bien sûr, il a vu le film avant… et doit mixer toute cette matière.

Bertrand Bonello : Le mixage, c’est le moment où l’on brise tout pour tout reconstruire. En tout cas c’est comme ça que je le perçois. C’est aussi la fin d’une longue chaîne car lorsqu’on en arrive au mixage, ça fait deux ans que je travaille sur le film, qui est ce qu’il est à ce moment-là. Il faut l’accepter tel quel. Avant, au tournage ou au montage, on se dit que l’on pourra "arranger les choses" à l’étape suivante. Mais au mixage, on sait que le film va s’arrêter là. On doit regarder et écouter les choses sans penser que cela pourra encore se transformer. C’est difficile à accepter.

Concrètement, comment cela se passe-t-il ?

Jean-Pierre Laforce : Par petits touches. Mon rôle, c’est de questionner la mise en scène au travers du son. On ne refait pas entièrement un film au mixage, on poursuit simplement un travail de mise en scène. On mesure ce que chaque son apporte ou retranche au film, s’il fait sens. La plupart du temps, on en enlève plus qu’on en ajoute. Ce n’est pas de l’ordre de la magie...

Mais au final, la bande-son réussie n’est-elle pas celle que l’on ne remarque pas ?

Jean-Pierre Laforce : C’est sûr que si vous ressortez du cinéma avec une conscience très claire du son, c’est plutôt mauvais signe… Mais ça ne vous empêche pas de remarquer le travail effectué sur certaines séquences. Moi ça ne m’empêche pas d’aller au ciné, de me laisser prendre par le film et de me dire tout à coup, tiens, ça, ce travail sur le son, ça m’intéresse !

Rencontres Henri Langlois : florilège de films d’école

Posté par MpM, le 5 décembre 2008

Dvd 30 ans de films d’écoleLes Rencontres internationales Henri Langlois, dont la 31e édition commence ce soir, célébraient leurs 30 ans en 2007. Pour fêter l’événement, la manifestation consacrée aux films de fin d’étude a réalisé un DVD proposant une sélection des films primés depuis le milieu des années 90. L’occasion de (re)découvrir les premières œuvres de cinéastes qui, depuis, ont fait leur chemin. Ainsi Susanne Seidel, animatrice et responsable effets visuels sur le dernier long métrage de Jacques-Rémy Girerd (Mia et le Migou), qui présentait en 2004 les mésaventures amoureuses d’un crapaud tombé amoureux d’une grenouille… en plastique (Pantoffelhelden). Joliment animé, avec un vrai sens du détail et pas mal d’humour. La même année, Vladmir Kott (La mouche) remportait un certain succès avec La porte, une fable burlesque et poétique sur les fardeaux à porter et les portes à ouvrir. Enfin, Joachim Trier et son complice Eskil Vogt (Nouvelle donne) signaient en 2002 un court appelé Procter dans lequel la vie d’un homme bascule brutalement quand il assiste au suicide de son voisin par auto-immolation. Un film très sobre qui distille froidement malaise et inquiétude. A voir aussi, Overtime de Oury Atlan, Thibaud Berland et Damien Ferrié, sur de petites créatures confrontées à la mort de leur créateur, Lili et le loup de Florence Henrard, un détournement malicieux du célèbre Pierre et le loup, Skröltormar de Halfsteinn Gunnar Sigurdsson, une histoire de bottes et de crocodile sur un ton purement islandais… soit un florilège réussi d’œuvres qui méritent le détour ! En attendant la promotion 2008, à suivre sur Ecran Noir dès la semaine prochaine.

Inauguration du Théâtre et Auditorium de Poitiers

Posté par denis, le 7 septembre 2008

tappoitiers.jpgSamedi 6 septembre 2008 : ouverture officielle du TAP, le Théâtre et Auditorium de Poitiers dont la région poitevine peut s’enorgueillir avec raison. Projet dont la genèse remonte en 1977 et dont la première pierre fut posée en 2005, le TAP découlait d’une envie de construire en centre-ville un lieu entièrement dédié au spectacle vivant. Fort d’une salle de théâtre de 720 places et d’un auditorium conçu à plat de plus de 1000 places, agrémenté de trois salles de répétition et de nombreuse loges, sans compter d’autres espaces favorisant la fréquentation du lieu, le TAP a réussit son entrée dans la cour des grands sites culturels.

Le TAP est donc véritablement multi supports et la vie s’imprègne autant dans son cœur que sur son corps, ce qui en fait un lieu intrinsèquement original au même titre que l’Institut du monde arabe à Paris. Vous l’aurez compris, Poitiers dorénavant ne vibrera plus seulement aux sons et aux images du Futuroscope, mais bien plus encore à ceux du TAP. D'ailleurs, le cinéma y aura toute sa place avec pour commencer la reprise de la sélection de la Quinzaine des réalisateurs 2008. Le lieu accueillera aussi les Rencontres Henri Langlois, qu'Ecran Noir défend farouchement chaque année. Des ciné-concerts autour de films muets ou des projections événementielles s'y tiendront.

Hormis sa richesse intérieure, le TAP, conçu par l’architecte portugais Joao Luis Carrilho da Graça, se distingue aussi par son architecture singulière et homogène. De l’extérieur, il se présente comme deux parallélépipèdes aux lignes épurées enveloppés de verre sablé. Ces façades à la peau translucide, elles sont habillées d’une paroi de verre opalescent, cachent un système de projection d’images vidéo pilotées par ordinateur. Progrès technologique, écran toutes surfaces, l’édifice se transforme ainsi en support de communication et en dispositif mural pour la création numérique. Il faut noter l’attention toute particulière accordée aux matériaux utilisés à la construction de l’auditorium qui, avec ses parois latérales incurvées vers l’intérieur et ses sièges construits en partie en érable, lui permettent dans un esprit écologique d’établir une acoustique à toute épreuve en plus des diffuseurs de son au plafond.