Venise 2019: le Lion d’or pour le Joker

Posté par redaction, le 7 septembre 2019

Roman Polanski, Lion d'argent (Grand prix du jury) avec J'accuse, Ariane Ascaride, Coupe Volpi (la douzième pour une actrice française), Sami Bouajila, le trio Jessica Palud, Philippe Lioret, Diastème dans la section Orrizonti: le cinéma français a été honoré à la Mostra de Venise cette année. Mais c'est bien le Joker qui rafle le Lion d'or dans un palmarès éclaté... Même les super-héros peuvent gagner un grand prix prestigieux international, en plus de triompher au box office.

Palmarès Compétition
Lion d'or: Joker de Todd Phillips
Grand prix du jury: J'accuse de Roman Polanski
Meilleur réalisateur: Roy Andersson pour About Endlessness
Meilleure actrice: Ariane Ascaride pour Gloria Mundi de Robert Guédiguian
Meilleur acteur: Luca Marinelli pour Martin Eden de Pietro Marcello
Meilleur scénario: Yonfan pour Ji yuan tai qi hao (No. 7 Cherry Lane)
Prix spécial du jury: La mafia non è più quella di una volta de Franco Maresco
Prix Marcello Mastroianni (espoir): Toby Wallace dans Babyteeth

Palmarès Orrizonti
Meilleur film : Atlantis de Valentyn Vasyanovych
Meilleur réalisateur : Théo Court pour Blanco en Blanco
Prix spécial du jury: Verdict de Raymund Ribay Gutierrez
Meilleure actrice: Marta Nieto dans Madre de Rodrigo Sorogoyen
Meilleur acteur: Sami Bouajila dans Bik Eneich (Un Fils) de Mehdi M. Barsaoui
Meilleur scénario : Jessica Palud, Philippe Lioret, Diastème pour Revenir de Jessica Palud
Meilleur court-métrage: Darling de Saim Sadiq

Prix Luigi De Laurentiis du meilleur premier film (toutes sélections confondues)
You Will Die At 20 de Amjad Abu Alala

Réalité virtuelle
Grand prix du jury: The Key de Céline Tricart
Meilleur contenu interactif: A Linha de Ricardo Laganaro
Meilleure histoire: Daughters of Chibok de Joel Kachi Benson

Venezia Classici
Meilleur film restauré: Extase de Gustav Machatý
Meilleur documentaire sur le cinéma: Parou de Barbára Paz

Venice Days
Prix du public: Un divan à Tunis de Manele Labidi
Label Europa Cinemas: Boze Cialo de Jan Komasa
Prix Edipo Re Inclusion: Boze Cialo de Jan Komasa
Prix Venice Different Smile: My Brother Chases Dinosaurs de Stefano Cipani

Roy Andersson réfléchit sur l’existence en regardant un pigeon sur la branche

Posté par vincy, le 24 juin 2010

Le cinéaste suédois Roy Andersson n'a rien tourné depuis 2007. Soyons heureux, puisqu'entre Chansons du deuxième étage (2000, prix du jury à Cannes) et Nous, les vivants (2007, Un certain regard), sept ans s'étaient écoulés). L'attente sera donc un peu moins longue pour ce vétéran du cinéma suédois, dont le premier court métrage date de 1967. Andersson avait été découvert internationalement avec Une histoire d'amour séudoise en 1970, quatre fois primé à Berlin. Le mauvais accueil de Giliap en 1975 le conduit à créer sa propre société de production (Studio 24) et à se concentrer sur la publicité, ne revenant au cinéma qu'en 2000.

Son nouveau film s'intitulera Un pigeon assis sur une branche - Réflexion sur l'existence. Exploration de la vie d'un homme à travers deux personnages semblables au grands duos de la littérature. Le cinéaste s'essaiera pour la première fois au numérique HD, pour des raisons économiques. Andersson avait l'habitude d'utiliser des kilomètres de pellicule.Mais il continuera de prendre son temps puisqu'il annonce un tournage de plus de deux ans, dans les studios de sa société, à Stockholm.

Le flm devrait être prêt en 2013.

Paris Cinéma fait dans le court

Posté par Morgane, le 9 juillet 2008

Lors du festival Paris Cinéma le long n’est pas le seul à avoir sa place. Le court métrage est également à l’honneur. Concourent d’ailleurs en compétition vingt courts métrages de tous horizons, de tous genres.

J’ai eu l’occasion aujourd’hui d’en voir cinq venus des quatre coins du monde, de l'Europe de l'Est à l'Amérique du sud : Saturday’s Shadow, Le Serment, Invitation to dine with the comrad Stalin, Cargo et Alexandra.

Ce programme de court n’est pas apparu très convaincant. Les sujets sont sombres, allant du père apeuré car sa fille ne l’appelle plus papa au jeune garçon enlevé qui devient lui-même participant du trafic d’êtres humains en passant par la question difficile du communautarisme. Seuls deux d’entre eux ont retenu mon attention : Cargo, et plus particulièrement Invitation to dine with the comrad Stalin.

Dans Cargo, le réalisateur Léo Woodhead évoque le terrible enfer du trafic d’humains. Suivant pas à pas le passeur, la caméra suit peu à peu la relation que ce dernier tisse avec un jeune garçon qu’il kidnappe. Au fur et à mesure que le récit se déroule, le passeur se prend d’affection pour ce jeune et lui apprend les ficelles du métier. L’enfant passe alors d’un bord à l’autre et perd toute l’humanité qui était sienne. Propos difficile que la lumière sombre et la grisaille de la République tchèque viennent renforcer.

Le petit bijou de ces cinq courts métrages est très certainement Invitation to dine with the comrad Stalin. Les deux réalisateurs Ricardo Alves Junior et Gianfranco Rolando filment deux comédiennes non-professionnelles. Ces dernières, d’un âge avancé, attendent la mort. Au diner qu’elles préparent, la table est dressée pour trois. Le mystérieux invité censé compléter le triangle est Staline, figure représentant la mort que nos deux protagonistes attendent patiemment. Le temps passe, coule, s’égrène au son d’un chapelet que l’on égrène, d’un réveil qui sonne, d’un bateau qui passe. Les plans fixent, s’attardant longuement sur des scènes banales et à la fois incongrues de la vie quotidienne ne sont pas sans nous rappeler l’univers particulier du réalisateur suédois Roy Andersson. 10 minutes véritablement prenantes, enivrantes.

Milky Way: expérience singulière

Posté par geoffroy, le 8 juillet 2008

milkyway.jpgSynopsis: Plongée hypnotique sur une dizaine de lieux dans lequel des êtres humains évoluent, comme dans un rêve éveillé.

Notre avis: Après Mange, ceci est mon corps, la sélection officielle nous livre un véritable ovni venu de l’est, Milky Way (Tejut) du jeune cinéaste hongrois Benedek Fliegauf. Hypnotique pour certains, insupportable pour les autres, ce premier long-métrage expérimental se divise en dix tableaux scéniques naturalistes où la recherche de l’effet imprègne notre rétine. C’est lancinant, répétitif, statique, sans paroles et magnifiquement photographié. Soit la volonté de construire une œuvre dépassant son concept initial pour offrir un vrai moment de cinéma. Pas si simple de nos jours et il n’est pas surprenant d’apprendre que le film n’a toujours aucun distributeur. Au vu du résultat, gageons que cette injustice soit rapidement levée.

A partir d’un cinémascope léché, le cinéaste s’essaye à structurer une ambiance via un rythme interne aux mille précisions un peu à la façon d’un Roy Andersson. A partir de là, Benedek Fliegauf établit une petite musique qui trotte dans la tête et évolue au millimètre en fonction des scènes présentées. Très photographié, précis et contemplatif, nous avons la sensation de pénétrer à l’intérieur du cadre pour découvrir l’évènement conclusif de chaque tableau avec délectation. Ecroulement d’une petite vieille, bonhomme de neige rendu à la nature, «accouplement transgressif» dans une piscine où jeu d’ombre chinoise surplombant une aire industrielle, tout concours à surprendre le spectateur par cet essai formel drôle, incongru et intelligent. Notons, enfin, le travail technique réalisé et l’apport du son, musique originale orchestrée par le vent, le gazouillis des oiseaux, l’activité humaine et le souffle lointain de voix humaines. Tout simplement brillant.

Louons alors le choix d’une sélection à contre courant qui ose proposer de tel ovni cinématographique à même de procurer des sensations différentes, source d’ouverture et de curiosité.  Le film avait reçu le Léopard d'or "cinéastes du présent" au dernier festival de Locarno.