Sleeping Beauty définitivement interdit aux moins de 16 ans

Posté par vincy, le 15 novembre 2011

Frédéric Mitterrand sera resté sourd, ou aveugle, selon. Le ministre de la Culture et de la communication a confirmé l'avis de la commission de classification concernant Sleeping Beauty (voir notre actualité du 31 octobre). le premier film de Julia Leigh sera donc bel et bien interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salles demain.

On reste légèrement perplexe devant cette décision. Comme on l'a déjà exprimé sur ce blog, le film ne mérite vraiment pas les qualificatifs qui ont causé cette interdiction, et aucune image du film ne pourrait être comparable à des films précédemment interdits aux moins d e16 ans.

Le distributeur, ARP Sélection, a changé son affiche. Du bandeau rouge avec le mot "Censuré" (voir notre actualité du 4 novembre), on passe au même bandeau rouge siglé "A vous de juger".

Le film ne s'attendait sans doute pas à autant de publicité. Mais l'ordre conservateur et la morale déplacée ont gagné la première manche. Il ne reste plus qu'au public pour faire oublier cette sombre défaite.

Sleepin Beauty censuré ? ARP Selection réagit !

Posté par redaction, le 4 novembre 2011

sleeping beauty censuréARP Selection, distributeur du film Sleeping Beauty de Julia Leigh, menacé d'une interdiction pour les moins de 16 ans (voir notre actualité du 31 octobre), lance une campagne publicitaire ce week-end dans Le Monde et Libération. L'objectif est de mobiliser le public afin qu'il se fasse son propre avis, lors de la sortie en salles le 16 novembre. L'interdiction reste suspendue à la décision du Ministre de la culture et de la communication. ARP a fait appel de l'avis de la Commission de classification des oeuvres cinématographiques.

Encore une fois, puisque nous avons vu le film au Festival de Cannes, cette censure nous semble complètement décalée pour ne pas dire inappropriée au film. Tandis que la liberté d'expression (et de création) est attaquée par plusieurs formes d'intégrisme (cf les locaux de Charlie Hebdo brulés, les manifestations agressives de l'extrême droite traditionnelle contre une pièce de Roberto Castellucci au Théâtre de la Ville à Paris, les menaces qui pèsent sur les représentations d'une autre pièce, celle de Rodrigo Garcia au Théâtre Garonne à Toulouse), il nous paraît primordial d'envoyer un message clair à l'intention des censeurs officiels, embrigadés ou manipulés : Sleeping beauty ne doit pas être considéré comme Romance, interdit aux moins de 16 ans lui aussi, qui comportait des images "pornographiques". Le film de Julia Leigh n'en comporte aucune. Quant au climat malsain et pervers, il faudra en définir les exacts contours. Dans Drive, un homme fait justice tout seul et explose la tête d'un salaud : n'est-ce pas aussi malsain et pervers?

Dans son communiqué, le distributeur relaie les arguments de la réalisatrice (et écrivaine) : « Sleeping Beauty se réfère au conte du même nom, mais aussi aux œuvres de Yasunari Kawabata et Gabriel Garcia Marquez, qui ont tous deux reçu le Prix Nobel de littérature, et qui ont abordé cette thématique des hommes âgés dormant avec des filles bien plus jeunes. Et même dans la Bible, le Roi David cherche à passer la nuit aux côtés de jeunes vierges. » On pourrait ajouter que de nombreux reportages télévisés dans des émissions respectés relatent des faits similaires sur la prostitution des jeunes afin de "boucler leurs fins de mois". L'interdiction est généralement limitée aux moins de 12 ans.

Sleeping Beauty, interdit aux moins de 16 ans pour « incitation à la prostitution, climat malsain et pervers »

Posté par vincy, le 31 octobre 2011

On n'a pas du voir le même film.

Premier long métrage en compétition projeté à Cannes, le premier film de Julia Leigh, Sleeping Beauty, pourrait être interdit aux moins de 16 ans en France. Le film australien, qui sort le 16 novembre dans les salles françaises, se voit accuser par l'avis de la Commission de classification des films "d'incitation à la prostitution, climat malsain et pervers". "En raison de la peinture de personnages à la dérive dans des situations difficilement compréhensibles par un public jeune et susceptible de heurter ce dernier", le couperet est tombé sévèrement.

On n'a pas du voir le même film car Sleeping beauty joue davantage avec l'onirisme et le mal être de sa jeune héroïne qu'avec des actes sexuels filmés de manière pornographiques. La prostitution, un sujet parmi d'autres, est avant tout un rituel sophistiqué et très critiqué dans le film. Certes, des scènes peuvent déstabiliser, l'érotisme masochiste n'est pas très loin dans certains plans, mais si cela dérange un spectateur de 15 ans, l'effet peut être similaire sur un adulte de 45 ans.

La distributrice, Michèle Halberstadt (ARP Sélection) a immédiatement décidé de faire appel de cette décision auprès du Ministre de la culture et de la communication. "J'espère que le ministre va peut-être soit trancher, s'il a vu le film, soit demander à la commission de reconsidérer sa position". Elle affirme qu'il n'y a rien de justifier dans cette interdiction lourde (qui tue le film dès sa sortie). D'autant que le distributeur aurait accepté une interdiction aux moins de 12 ans avec avertissement. "Le film est passé à Cannes à 19H30, ce qui prouve qu'il n'y avait aucune ambiguïté dans la tête des sélectionneurs, sinon ils l'auraient mis à 22H30", rappelle Halberstadt.

Bien sûr il ne s'agit que d'un avis consultatif. C'est le Ministre qui décide. Mais cette affaire en dit long sur l'Américanisation de notre regard sur la culture. Le puritanisme revient-il en force? Alors que le Théâtre de la Ville est assailli par des catholiques intégristes à cause d'un spectacle de Romeo Castellucci, on s'interroge sur la vision conservatrice qui reprend le dessus dans le débat culturel, pas franchement soutenu par une télévision de plus en plus conformiste. "Une oeuvre d'art n'est jamais immorale. L'obscénité commence où l'art fini" écrivait Raymond Poincaré. Ce serait bien qu'on se le rappelle, ad minima au nom de la liberté d'expression.

Pour Sleeping Beauty, un avertissement aurait du suffire. Le film avait peu de chance de séduire un public jeune et il est stupide de refuser l'entrer à des ados éventuellement accompagnés d'adultes avec qui ils peuvent débattre après la projection. Dans Le Skylab, les parents de la jeune héroïne interprétés par Julie Delpy et Eric Elmosnino expliquent qu'ils l'ont emmenée voir Apocalypse Now et Le Tambour alors qu'elle n'a même pas 12 ans... Ce ne serait plus possible?

Il y a encore 1/5e des films qui sont frappés d'un avertissement ou d'une interdiction.

Sleeping Beauty raconte l'histoire d'une étudiante fauchée qui multiplie les petits boulots et qui accepte, finalement, de dormir nue sous somnifère pendant que des hommes âgés viennent partager sa nuit, en ignorant tout de ce qui se passe. Le film n'avait suscité aucune controverse, aucune polémique à Cannes.

Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, est lui aussi etonné "face à une telle mesure qui frappe un film de la compétition, programmé à 19h, qui ne nous semble à aucun moment faire l'apologie de quoi que ce soit".

La réalisatrice Julia Leigh rappelle que son film "se réfère au conte du même nom, mais aussi aux œuvres de Yasunari Kawabata et Gabriel Garcia Marquez, qui ont tous deux reçus le Prix Nobel de littérature, et qui ont abordés cette thématique des hommes âgés dormant avec des filles bien plus jeunes. Et même dans la Bible, le Roi David cherche à passer la nuit aux cotés de jeunes vierges endormies". Elle ajoute avec panache et provocation que "le vrai film à interdire, c'était Pretty Woman, car voir cette fille se prostituer, et gagner à la fin et le mec et l'argent, était bien plus incitatif à la prostitution! Dans Sleeping Beauty, l'héroïne hurle d'effroi en comprenant que, même s'il n'y a pas pénétration, offrir son corps endormi n'est pas anodin..."

Quoique décide Frédéric Mitterrand, le film n'attendait pas autant de publicité : ce ne sera pas un mal face à une effroyable concurrence le 16 novembre. Mais c'est aussi une fausse publicité : le film n'a rien du caractère sulfureux dont on l'accuse.

Cannes 2011 : peu de sexe dans la sélection

Posté par vincy, le 14 mai 2011

Enfants envahissants, maris absents, boulots prenants, amour malade... sans oublier un pape qui de toute façon empêcherait toute copulation illégitime  et une Jeanne d'Arc forcément pucelle : il n'y a pas beaucoup de scènes chaudes à se mettre sous les yeux en ce début de festival de Cannes.

A la Semaine de la Critique, avec The Slut (photo), il y a bien cette israélienne adepte de l'amour libre, presque nymphomane, à moins qu'elle ne soit simplement généreuse. Un hédonisme radical qui contraste avec l'abstinence vue ailleurs.

Dans We Need to talk about Kevin, on a le droit à un accouplement extatique mais furtif, bien moins long que la scène exhibitionniste où le fils se masturbe sous les yeux de sa mère.

Dans Polisse, Frédéric Pierrot, qui aime s'éclater au lit avec sa femme, préfère là se disputer avec elle et débander aussitôt. Même Joey Starr, parfois en slip, semble ne vouloir montrer que sa manière d'embrasser langoureusement Maïwenn.

Cette impudeur est moins présente dans La guerre est déclarée. Le couple Donzelli et Elkaïm n'est pas effrayé par l'immense "open kiss" où chacun embrasse qui il veut, lors d'un anniversaire. Cela reste un coup de langue.

Et côté coup de langue, on optera davantage pour l'une des scènes érotiques de Sleeping beauty, où un client, catégorie pré-retraité, cadre dynamique ayant besoin d'une boîte de viagra et de se faire défoncer le cul pour bander (texto), dévore de salive et de sa bouche le corps de la jeune et belle endormie.

Pour l'instant, le sexe cannois est à conforme à cette image : un sexe froid, un fantasme sans pénétration. Et dans les soirées sur les plages, ce n'est pas plus chaud.

Cannes 2011 : Qui est Emily Browning ?

Posté par vincy, le 11 mai 2011

22 ans et demi, australienne, et bizutée ès le premier jour de la compétition cannoise. Emily Browning, visage un peu rond doté de lèvres pulpeuses et sensuelles, va être mitraillée par les photographes du monde entier. Cela en paniquerait plus d'un(e) mais avec treize ans de carrière derrière elle, la comédienne n'est pas une première venue.

Primée dès l'age de 14 ans pour une série TV, Halifax, elle est rapidement devenue une de ces enfants-stars qui ont survécu à la puberté. Hollywood l'emploie pour des blockbusters médiocres, flirtant avec le suspens, l'horreur et la science fiction : Le vaisseau de l'angoisse, Nuits de terreur, ou plus tard, Les intrus.

Le cinéma australien est plus généreux en la faisant participer à l'une des importantes productions de 2003, entre action, drame et aventures. Elle y est la fille de Heath Ledger, alias Ned Kelly. On y croise Orlando Bloom, Naomi Watts et Geoffrey Rush.

Mais c'est en décrochant le rôle de Violet Baudelaire dans Les désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire, avec Jim Carrey et Meryl Streep, qu'elle se fait un nom. Enorme succès mondial pour un public familial acquis, elle épate en soeur aînée ingénieuse, avec son aspect mystérieux, légèrement gothique. Elle gagne l'Oscar australien pour une performance dans un film étranger. On lui propose logiquement le personnage de Bella Swan dans Twilight, qu'elle refuse.

Cette année, après avoir un peu grandi, s'être féminisée, elle est la vedette de deux films radicalement différents. Pour remplacer Amanday Seyfried, occupée ailleurs, Zack Snyder en fait sa Baby Doll dans le fiasco à gros budget Sucker Punch. Elle y chante, elle y rêve, manie le poignard et manipule ses agresseurs avec grâce. Fausse coupable, véritable victime, elle excelle dans un personnage emprisonnée dans un asile psychiatrique préparant sa grande évasion.

A Cannes, elle vient défendre Sleeping Beauty de Julia Leigh. Elle émoustillera les festivaliers avec ses désirs et l'érotisme qui en naît. Le rôle devait être interprété par Mia "Alice au pays des merveilles" Wasikowska, qui a préféré tourner Jane Eyre. En refusant Twilight, en acceptant des projets plus audacieux, très féministes, Browning dévoile une personnalité qui n'a rien d'attendu de la part d'une fille de sa génération... et qui pourrait nous séduire longtemps si ses choix réussissent à séduire le public et la critique.