Cannes 2011 : Qui est Jennifer Lawrence ?

Posté par MpM, le 17 mai 2011

Jennifer Lawrence a encore peu tourné, et pourtant son nom est déjà bien gravé dans les esprits. Sûrement parce que ses choix, audacieux, se sont souvent avérés excellents. C'est en effet en 2008 que l'on a découvert cette jeune fille blonde au caractère bien trempé dans le premier film de Guillermo Arriaga, Loin de la terre brûlée. C'est son premier rôle au cinéma, et on ne voit qu'elle, adolescente révoltée qui prend son destin en mains pour ne pas finir comme les adultes résignés qui l'entourent. A Venise, où le film est présenté, elle reçoit le Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune espoir. Amplement mérité.

Si avant ce film, elle était apparue dans divers séries (The Bill Engvall Show, Cold case, Medium…), après, elle prend son temps pour rebondir et se concentre presque exclusivement sur deux films : The beaver (Le complexe du castor) de Jodie Foster, aux côtés de Mel Gibson, et Winter's bone de Debra Granick. Le premier a mis presque deux ans à sortir, à cause des dérapages de Mel Gibson, et arrive à Cannes à la fois précédé par ce parfum de scandale extra-cinématographique, et auréolé d'une excellente réputation scénaristique.

Le second a fait sensation fin 2010 aux Etats-Unis et a offert à Jennifer Lawrence une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice. Oscar qui lui a échappé au profit de Natalie Portman, mais qu'elle méritait probablement autant, tant elle est envoûtante et magnétique dans le rôle de cette adolescente obstinée qui est prête à tout pour retrouver son père et sauver sa famille. Sous la caméra de Debra Granick, elle semble un ange miséricordieux qui prend des coups sans les rendre, mais sans jamais renoncer non plus. Une prestation comme on rencontre moins d'une douzaine par an.

Et dire que la jeune femme n'a jamais pris de cours de théâtre… Si elle en est là aujourd'hui, c'est uniquement grâce à son instinct (elle a décidé de devenir actrice à l'âge de 14 ans) et à sa force de persuasion (ses parents ont accepté de déménager à New York pour lui permettre de tenter sa chance). Aujourd'hui, tout semble donc possible pour elle. On la reverra dès le 1er juin dans le prequel d'X-men (Le commencement), où elle interprète la fameuse Mystique, capable de prendre toutes les apparences possibles, et prochainement dans la comédie romantique Like crazy de Drake Doremus où elle tient un rôle secondaire aux côtés de Felicity Jones.

Bien sûr, elle ne manque par ailleurs pas de projets, tels House at the End of the Street de Mark Tonderai ou The hunger games de Gary Ross, mais on lui souhaite surtout de ne se laisser enfermer dans aucun style, et de retrouver très vite un réalisateur capable de lui confier un rôle à la hauteur de son incontestable talent.

L’homme d’à côté : mon voisin, ce tyran

Posté par Sarah, le 2 mai 2011

"J'ai juste besoin d'un petit rayon de soleil, que tu n'utiliseras même pas !"

L'histoire : Leonardo est un architecte qui vit avec sa famille dans l'unique bâtiment construit par Le Corbusier en Amérique Latine : la maison Curutchet à Buenos Aires. Un matin, il est réveillé par un bruit obsédant, comme si on perçait un mur ... Le film a reçu le prix du meilleur film au Festival de Mar Del plata, celui de la meilleure photographie à Sundance, le prix du public aux Rencontres des Cinémas d'Amérique Latine de Toulouse et cinq prix aux Premios Sur 2010.l Hombre de al Lado

Notre avis : Le film commence par des bruits de perceuse. On entend, puis on voit quelqu'un trouer un  mur blanc. C'est autour de cet orifice que toute l'intrigue va tourner. On ne verra pas la vie de Leonardo avant l'incident qui va changer le cours de sa vie. En effet, son voisin Victor a décidé de construire une fenêtre qui donnera directement dans la maison de Leonardo, de sa femme Anna et sa fille Lola. Dès ce moment-là, une relation particulière va se nouer entre les deux personnages, entre rapport de force, attraction et répulsion.

Les deux acteurs principaux, Rafael Spregelburg (Leonardo) et Daniel Aráoz (Victor), tous deux issus de deux milieux différents (respectivement le théâtre et la télévision) ont réussi à créer à l'écran une alchimie d'un genre spécial entre leurs personnages. Dès le début, on comprend la fracture entre le monde de l'intellectuel, imbu de lui-même, mais faible, et le voisin issu de souche populaire, macho et manipulateur. Leonardo est peut-être célèbre et demandé dans son travail, mais chez lui, c'est sa femme qui porte la culotte, et sa fille ne lui adresse jamais la parole. De fait, c'est Anna qui veut absolument que la fenêtre soit rebouchée. Leonardo admettra lui-même à son voisin de cour qu'il ne voit pas réellement le problème. Cependant dès que les travaux commencent, une danse incessante va se jouer entre eux, mêlant manipulation, tactique de persuasion et menaces.

Le film des deux réalisateurs argentins Mariano Cohn et Gastón Duprat, est à lire sur plusieurs niveaux. L'univers qui entoure Leonardo est très bien décrit. Sa femme le mène par le bout du nez et il est ridicule de lâcheté, tant devant ses amis que devant son voisin. Ce dernier est décrit comme un bourrin, accro au maté et qui n'a aucune culture. Pourtant il va offrir de nombreux cadeaux à son voisin, qu'il va considérer de façon inquiétante comme son grand ami. Il est aussi le seul qui arrive à arracher un sourire à la fille de Leonardo en improvisant des spectacles décalés qu'elle observe depuis sa maison.

Autour d'un banal conflit entre voisin, les réalisateurs ont réussi à faire un film drôle, satirique et inquiétant sur la violence. En effet celle-ci est partout : dans le bruit de la perceuse, dans les paroles agressives que s'échangent Anna et Leonardo, dans les silences pesants de Lola ou encore dans la relation entre Leonardo et Victor qui relève tantôt de la séduction tantôt de la manipulation. C'est aussi toute une partie de la société argentine qui passe au vitriol. Les amis snobinards de Leonardo sont moqués, la bonne est remerciée de ses services par des cadeaux dont personne ne veut et Victor est dépeint comme un über mâle qui chasse, boit et couche avec des jeunes femmes. L'autre pendant de la violence est la peur. En effet, les habitants de la maison Curutchet ont peur d'être envahi par leur voisin à cause d'une fenêtre, alors qu'en fait il va réussir à s'immiscer dans leur vie et à changer l'équilibre qui était le leur par d'autres moyens. Un film intelligent, inattendu et quelque peu anxiogène.

Quelques jours de répit : une parenthèse enchantée

Posté par Sarah, le 26 avril 2011

quelques jours de répit« - Si le train n’avait pas eu de retard, tu m'aurais attendu ?
- J'serais parti, les pédés comme toi, comme moi, en Iran, ils sont pendus. J'avais pas envie de mourir comme ça
. »

L'histoire : Deux hommes qui s’aiment et qui, pour vivre librement leur homosexualité, ont fui leur pays, la République Islamique d’Iran, et arrivent clandestinement en France ; une femme d’un certain âge qui n’attend plus rien de la vie. Une rencontre qui va bouleverser leurs destins…

Notre avis : Quelques jours de répit est un « petit » film comme il n’en existe sûrement pas assez, qui raconte énormément de choses en toute simplicité. Petit film car le réalisateur Amor Hakkar avait très peu de moyens : une équipe réduite avec trois acteurs principaux, un budget limité et une seule semaine de tournage. Mais la richesse de son propos n'en a pas été affectée. On suit deux Iraniens homosexuels qui quittent leur pays pour la France, car chez eux ils risquent la peine de mort. Ils atterrissent dans le Jura, à Saint-Claude, mais étant sans papiers, ils veulent absolument rejoindre la capitale où ils pourront se fondre dans la foule anonyme. Une rencontre avec une locale, Yolande, interprété par la grande Marina Vlady, va les pousser à rester et ils vont vivre quelques jours de répit.

Amor Hakkar, qui joue aussi le rôle d'Hossein, fait passer beaucoup d'émotion avec peu de mots et une histoire assez simple sur le fond. En effet, il aborde plusieurs sujets tabous. Deux hommes qui s'aiment, ce qui est encore jugé comme un crime dans certains pays, et qui optent pour la fuite comme seule alternative à la mort. C'est dans cette petite ville de montagne qu'Hossein et Samir (joué par Samir Guesmi) vont trouver refuge, un peu par hasard. Le deuxième sujet tabou reste que l'amour non plus n'a pas d'âge. Yolande a une soixantaine d'années et elle va elle aussi reprendre goût à la vie à travers son amours pour Hossein. Enfin, le film aborde fondamentalement le thème de la solitude (des personnes âgées, des ruraux, des femmes seules) qui est rarement traité au cinéma avec une telle sensibilité.

Après son deuxième long-métrage, La maison jaune, Amor Hakkar a su trouver le ton juste pour aborder toutes ces thématiques « lourdes » sans pour autant plomber le spectateur ni la mise en scène. Il a d'ailleurs su convaincre car le film a été sélectionné au Festival américain de films indépendants Sundance et pour le Movie that Matters festival.

Il est vrai qu'on se sent touché par la poésie et la retenue du film. La rareté des dialogues est compensée par le surréalisme de certaines scènes comme lorsqu’une pianiste donne un concert dans un village désert. La bande-son est très importante aussi, réalisée par Joseph Macera, les chansons sont belles et les paroles cruellement justes. Mais au fond, tout passe par le regard et les gestes des personnages. Même si la gravité ne lâche jamais le film, cette histoire d'amour, cette pause dans ce village, est ce qui pouvait arriver de mieux à ces trois personnages. Au fond, Amor Hakkar nous dit aussi que les petits hasards sont peut-être ceux qui comptent le plus dans une vie.

Le documentariste Tim Hetherington (1970-2011) tué en Libye

Posté par vincy, le 21 avril 2011

Photographe, reporter, chef opérateur et documentariste : le britannique Tim Hetherington a été tué hier, mercredi; en Libye. Habitué des lignes de fronts et des conflits guerriers, il avait acquis une renommée internationale avec son documentaire Restrepo. Le film avait rapporté 1,3 million de $ au box office américain. Sorti en juin 2010, il était resté à l'affiche plus de six mois. Outre sa nomination à l'Oscar du meilleur documentaire, il avait glané quelques prix : meilleure première réalisation aux prix du National Board of Review et surtout Grand prix du jury catégorie documentaires à Sundance.

Il venait de finaliser un documentaire en format court, Diary (voir le court métrage sur sa chaîne Viméo), oeuvre subjective sur son quotidien et la manière dont il gérait les grands écarts de sa vie professionnelle et personnelle.

Né à Liverpool en 1970, il avait étudié la littérature à Oxford avant de revenir à l'Université pour apprendre le photojournalisme. Contributeur régulier de Vanity Fair, il résidait à New York. Il a publié des livres de photos. Il collaborait aussi avec l'ONU.

Il a vécu longtemps en Afrique (notamment pour couvrir la guerre civile au Libéria et les massacres du Darfour). Il fut chef opérateur d'un docu sur le Libéria en 2004, Liberia : An Uncivil War et sur le Darfour en 2007, The Devil Came on Horseback.

Puis il partit en Afghanistan, à la frontière du Pakistan, où il tourna Restrepo avec Sebastian Junger. Il avait reçu en 2007 le World Press Photo Award, parmi de multiples récompenses, pour ses images de soldats américains. Ces mêmes soldats étaient les vedette de Restrepo, qui suivait le quotidien d'un groupe de soldats américains dans une région talibane. Ce qui frappait c'était l'honnêteté de son travail, que ce soit face à la violence ou face à l'intimité des images. "Parfois la question n'est pas de savoir s'il faut tout filmer, mais plutôt quand filmer ou pas".

Montrer les gens tels qu'ils sont. Il twittait au coeur des combats: "Dans la ville libyenne assiégée de Misrata. Bombardements aveugles des forces de Kadhafi. Aucun signe de l'OTAN". Et puis un tir au mortier l'a tué, ainsi que le photographe de l'agence Getty Chris Hondros. La ville de Misrata est assiégée depuis plusieurs semaines par les forces du Colonel Khadafi et au pouvoir, et sert de base avancée de la rébellion. Ironiquement c'était son premier tweet depuis le 28 février, lors de la soirée des Oscars.

27e Festival de Sundance : les films remarqués et le palmarès

Posté par vincy, le 30 janvier 2011

Le 27e Festival de Sundance vient de se conclure (voir aussi actualité du 2 décembre 2010). Premier coup d'envoi de la saison cinématographique 2011, la manifestation demeure la plus importante aux USA, attirant tous les studios hollywoodiens qui viennent y faire leur marché. Berlin et Cannes vont y chercher quelques unes des productions pour leurs sections parallèles. C'est assez paradoxal de voir le gratin de l'industrie cinématographique venir dans cette ville perdue de l'Utah alors que le festival était dédié à l'origine aux films qui ne parvenaient pas à exister dans le système.

Robert Redford, le créateur de Sundance, insiste sur les intentions du festival : "Garder un esprit modeste pour ce festival est fondamental. On peut devenir plus gros, plus grand, avoir toujours plus de succès, mais conserver cette idée (de modestie) est ancré en nous". "L'idée a toujours été, très simplement, de faire tout ce qui était en notre pouvoir pour offrir de nouvelles opportunités aux artistes. C'était notre engagement et ça le reste".

"Le nombre de films qui présentent leur candidature au festival reste très élevé: nous avons dépassé les 10 000 pour la première fois cette année" a déclaré John Cooper, directeur général du festival. "C'est une très bonne nouvelle pour la vitalité du cinéma indépendant", ajoute-t-il. Le festival a présenté cette année 118 longs métrages, dont 40 premiers films et 95 premières mondiales, venus de 29 pays.

Des stars du monde entier

Parmi eux les avant-première très étoilées de Cedar Rapids, avec  John C. Reilly, Anne Heche et Sigourney Weaver, The Details, avec Tobey Maguire, Elizabeth Banks, Laura Linney, Ray Liotta et Dennis Haysbert, The Devil's Double, de Lee Tamahori, avec Dominic Cooper et Ludivine Sagnier, Margin Call, avec Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons et Stanley Tucci, My Idiot Brother, avec Paul Rudd, Elizabeth Banks, Zooey Deschanel et Emily Mortimer, Perfect Sense, avec Ewan McGregor et Eva Green, Salvation Boulevard, avec Pierce Brosnan, Jennifer Connelly, Ed Harris, Greg Kinnear et Marisa Tomei, ou encore The Son of No One (en photo), avec Channing Tatum, Al Pacino, Katie Holmes, Tracy Morgan, Ray Liotta et Juliette Binoche, qui a clôturé le festival.

Toujours à Sundance, on a pu voir de nombreux films étrangers : Attenberg du grec Athina Rachel Tsangari, Troupe d'élite 2 du brésilien Jose Padilha, I Saw the Devil du coréen by Kim Jee-woon, le golden globe du meilleur film en langue étrangère In a Better World, de la danoise Susanne Bier, le magnifique Incendies du québécois Denis Villeneuve, le cannois Kaboom de Gregg Araki, Old Cats des chiliens Pedro Peirano et Sebastian Silva, ou encore Submarine du britannique Richard Ayoade.

"Pendant la programmation de cette édition, nous avons voyagé davantage, fortement renforcé nos relations internationales et amélioré la qualité des films étrangers sélectionnés", affirme John Cooper.

Mais Hollywood n'est jamais très loin, notamment dans les questions de la presse. Denis Villeneuve (Incendies, hors-compétition) y a réagit à sa nomination aux Oscars dans la catégorie meilleur film en langue étrangère : "Ce qui s'est passé pour moi ce matin, ça relève d'un accident de voiture. J'en ai des images, des souvenirs, mais je n'ai aucun recul. Je suis entre deux mondes, je n'arrive pas à y croire". Ludivine Sagnier (The Devil's Double, inspiré de faits réels) assure qu'elle "ne rêve pas de travailler dans une superprodction américaine, même si cela fait certainement partie des expériences à avoir dans la vie". "Mais il n'y a pas qu'Hollywood qui m'intéresse", ajoute-t-elle. "J'ai aussi envie de travailler en Corée, au Mexique, en Chine... L'idée d'être un électron libre me plaît. Je me sens bien dans la diversité, dans la liberté et l'indépendance". Ce que Sundance veut être.

Le business a pourtant été omniprésent. Les professionnels américains sont en proie au doute avec un box office assez terne, une baisse des entrées, une crise artistique. À Sundance, ils viennent chercher de nouveaux talents, de nouveaux styles. Année après année, les films remarqués au Festival glanent des nominations aux Oscars, séduisent des publics de cinéphiles, révèlent des artistes. Rien que cette année, The Kids are all right et Winter's Bone, deux surprises de Sundance 2010, sont parmi les films qui ont compté en se plaçant dans la plupart des palmarès américains.

La Palmarès de Sundance a donc valeur de critères :

- Grand Prix du Jury - Fiction américaine : Like Crazy de Drake Doremus (en photo)

- Grand Prix du Jury - Documentaire américain : How to die in Oregon de Peter Richardson

- Grand Prix du Jury - Fiction étrangère : Happy, happy de Anne Sewitsky (Norvège)

- Grand Prix du Jury - Documentaire étranger : Hell and back again de Danfung Dennis (USA-Grande-Bretagne)

- Prix Spécial du Jury - Fiction américaine : Another earth de Mike Cahill

- Prix spécial du Jury - Fiction étrangère : Tyrannosaur de Paddy Considine (Grande-Bretagne)

- Prix Spécial du Jury - Documentaire américain : Being Elmo: A Puppeteer’s Journey, de Constance Marks

- Prix Spécial du Jury - Documentaire étranger : Position among the stars de Leonard Retel Helmrich (Pays-Bas)

Like Crazy est l'histoire d'un amour fou entre un Américain et une Britannique, rudement mis à l'épreuve par la distance. How to die in Oregon est un plaidoyer en faveur de l'euthanasie et suit les pas de plusieurs malades en phase terminale ayant décidé de mettre fin à leurs jours dans l'Etat d'Oregon, où la loi les y autorise. Happy, Happy raconte la renaissance sexuelle d'une femme au foyer dans les bras de son voisin. Hell and back again retrace le difficile retour au foyer d'un Marine de 25 ans, Nathan Harris, grièvement blessé au combat en Afghanistan.

D'autres prix ont été remis avec le prix de la meilleure photographie pour une fiction étrangère remis au film colombien Todos tus muertos, les Prix du public pour le documentaire britannique Senna de Asif Kapadia, le film américano-rwandais Kinyarwanda d'Alrick Brown, le documentaire américain Buck de Cindy Meehl et la fiction américaine Circumstance de Maryam Keshavarz. Enfin l'Américaine Erica Dunton et son film To.get.her repartent avec le prix Next, destiné à récompenser un film à tout petit budget.

Sundance a aussi été ému par Family portrait in black and white, signé Julia Ivanova, une cinéaste russe installée au Canada où Olga l'Ukrainienne a recueilli seize enfants métis et créé une famille unique en son genre dans un pays où la population est presque totalement blanche et où le racisme est monnaie courante. L'actrice américaine Jennifer Siebel Newson, dans Miss Representation, a dénoncé la piètre représentation des femmes dans la société américaine, et appelle hommes et femmes à réagir. L'acteur Michael Rapaport suit la  trajectoire exceptionnelle du groupe "A Tribe Called Quest"  dans Beats, Rhymes and Life: The Travels of A Tribe Called Quest.

Business as usual

Et puis les studios, tous présents, ont sorti leur carnet de chèques. LionsGate distribuera cette année Margin Call, une fiction autour de la crise de 2008 dans un fonds d'investissement ; The Weinstein Company a promis 15 millions de $ de publicité en plus des 7 millions de $ de droits de distribution (USA, France, Royaume Uni, Allemagne, Japon) pour My Idiot Brother (photo) ; les Frères Weinstein ont aussi été généreux avec The Details, acquis pour 8 millions de $ et une promesse de 10 millions de $ en publicité ;  Malgré la concurrence de Summit, Magnolia Pictures et Samuel Goldwyn, Sony Classics a misé sur The Guard, histoire d'un policier irlandais et d'un agent du FBI dans une affaire de trafic de drogue ; Fox Searchlight a fait son marché avec Another Earth (pour un joli montant, et par ailleurs prix Alfred P. Sloan), Martha Marcy May Marlene, Homework, Win Win, Bengali Detective et Cedar Rapids ; Roadside a opté pour le film produit par HBO, Project Nim (du nom du chimpanzé élevé comme un enfant dans les années 70)...

Mais toute cette activité financière ne doit pas faire oublier que les studios ont été extrêmement prudents, et longs à négocier. Les modèles économiques (salles de cinéma, télévision, internet, VOD) perturbent les schémas. Certains préférant conserver des contrats à l'ancienne tandis que d'autres, moins nombreux, s'essaient à de nouveaux types de diffusion.

Sundance n'est encore qu'au début de la révolution du cinéma indépendant. À l'image de ce film de Kevin Macdonald, Life in a Day, produit avec YouTube et livrant un montage de 5 000 heures d'archives d'images provenant d'Internet.

Blue Valentine échappe à une censure fatale

Posté par vincy, le 9 décembre 2010

L'organisme chargé de classifier les films aux Etats-Unis, la MPAA a changé d'avis pour le film Blue Valentine, produit par les puissants frères Weinstein. Il passe du redouté NC-17 (autant dire film pour adultes, comme n'importe quel film porno) à un gros R (pour Restricted). Le film de Derek Cianfrance, présenté à Sundance puis à Un certain regard au dernier festival de Cannes, met pourtant en scène deux jeunes stars hollywoodiennes : Michelle Williams et Ryan Gosling. Il n'a rien de choquant. Son réalisme, son style auteurisant et son histoire même justifient l'ensemble des séquences litigieuses. La censure ne dit rien sur l'alcool, ingrédient autrement plus compromettant dans le film.

Le premier avis de la MPAA en octobre relevait une scène au contact sexuel explicite. Damned. L'hypocrisie américaine n'a pas de limites. Il aurait mieux fallu buté l'un des protagonistes avec au préalable une bonne séquence de torture... Il n'y avait pourtant vraiment pas de quoi fouetter une chatte.

Dorénavant la mention expliquant le classement en R est assortie de "contenu sexuel fortement illustré, mauvais langage, coups".

Pour les producteurs, c'est un salut. Le NC-17 empêche de faire de la publicité dans les journaux, ce qui entraîne un désistement de nombreuses salles de cinéma qui auraient voulu le programmer. Surtout, il s'agit d'un sérieux obstacle pour la course aux Oscars. Or, Williams part dans les favorites pour une nomination.

Le film doit sortir aux USA le 31 décembre, date limite pour les qualifications. Le scénario avait gagné le concours du Chrysler Film Project en 2006.

Sundance 2011 se dévoile et affiche sa bonne santé

Posté par vincy, le 2 décembre 2010

3 812 films soumis. Une hausse de 88 oeuvres par rapport à 2010 (voir le palmarès 2010). Le Festival de Sundance ne connaît pas la crise. De l'aveu même de son nouveau directeur, pour qui c'est la deuxième édition, l'état du cinéma indépendant est même en "bonne santé".

115 fictions et documentaires ont été finalement sélectionnés pour être projetés du 20 au 30 janvier 2011. L'espoir est, désormais, de voir des pépites comme pour l'édition 2010 qui comprenait Winter's Bone, The Kids Are All Right, Blue Valentine ou encore Waiting for Superman (voir le palmarès 2010).

Compétition / Fiction

  • Another Earth - Mike Cahill, avec William Mapother, Marling, Jordan Baker, Robin Lord Taylor, Flint Beverage.
  • Benavides Born - Amy Wendel, avec Corina Calderon, Jeremy Ray Valdez, Joseph Julian Soria, Julia Vera, Julio Cesar Cedillo.
  • Circumstance - Maryam Keshavarz, avec Nikohl Boosheri, Sarah Kazemy, Reza Sixo Safai, Soheil Parsa, Nasrin Pakkho.
  • Gun Hill Road - Rashaad Ernesto Green, avec Esai Morales, Judy Reyes, Harmony Santana, Vanessa Aspillaga.
  • Here - Braden King, avec Ben Foster, Lubna Azabal, Narek Nersisyan, Yuri Kostanyan and Sofik Sarkisyan.
  • Higher Ground- Vera Farmiga, avec Farmiga, Joshua Leonard, John Hawkes, Dagmara Dominczyk, Norbert Leo Butz.
  • Homework - Gavin Wiesen, avec Freddie Highmore, Emma Roberts, Michael Angarano, Elizabeth Reaser, Rita Wilson, Blair Underwood.
  • The Ledge - Matthew Chapman, avec Charlie Hunnam, Liv Tyler, Patrick Wilson, Terrence Howard, Christopher Gorham.
  • Like Crazy - Drake Doremus, avec Anton Yelchin, Felicity Jones, Jennifer Lawrence, Charlie Bewley, Alex Kingston.
  • Little Birds - Elgin James, avec Juno Temple, Kay Panabaker, Leslie Mann, Kate Bosworth, Kyle Gallner.
  • Martha Marcy May Marlene - Sean Durkin, avec Elizabeth Olsen, Brady Corbet, Hugh Dancy, John Hawkes, Sarah Paulson.
  • On the Ice - Andrew Okpeaha MacLean, avec Josiah Patkotak, Frank Qutuq Irelan, Teddy Kyle Smith, Adamina Kerr, Sierra Jade Sampson.
  • Pariah - Dee Rees, avec Adepero Oduye, Pernell Walker, Kim Wayans, Charles Parnell, Aasha Davis.
  • Take Shelter - Jeff Nichols, avec Michael Shannon, Jessica Chastain, Shea Whigham, Katy Mixon, Kathy Baker.
  • Terri - Azazel Jacobs, avec Jacob Wysocki, John C. Reilly, Creed Bratton, Olivia Crocicchia, Bridger Zadina.
  • The Untitled Sam Levinson Project - Sam Levinson, avec Demi Moore, Kate Bosworth, Jeffrey DeMunn, Ellen Barkin, Ellen Burstyn, Thomas Haden Church.

Compétition / documentaire :

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Une Education. Raisons et sentiments à retrouver en livre

Posté par kristofy, le 25 février 2010

"J’ai tant à vous montrer…".

Une éducation est sorti en salles mercredi 24 février. L'histoire de Jenny, élève brillante, qui se prépare à intégrer Oxford. Sa rencontre avec un homme deux fois plus âgé qu'elle va tout remettre en cause. Dans un monde qui se prépare à vivre la folie des années 60, Jenny va découvrir la vie, l'amour, Paris, et devoir choisir son existence.

Ce film immédiatement attachant où une histoire particulière a une portée universelle est réalisé par la danoise Lone Scherfig qui avait déjà montré avec Wilbur et surtout avec Italian for beginners combien elle savait filmer ses personnages. L'histoire est celle des souvenirs de Lynn Barber (une journaliste) scénarisés par Nick Hornby. Hornby fut professeur avant d'être journaliste puis romancier et scénariste. De nombreux livres ont déjà été adaptés en film comme Haute Fidélité, A propos d'un gamin (About a Boy). Vous pouvez les retrouver en poche chez 10-18, aux côtés d'autres romans : Carton jaune, La bonté mode d'emploi, 31 songs, Vous descendez?, Slam et, à venir Juliet nue.

Une éducation sort dans la même collection. Il s'agit du scénario du flm. 192 pages pour 6 euros 50. Une belle leçon de cinéma, par ailleurs citée à l'Oscar de la meilleure adaptation.

Vous pourrez revivre la transformation de la chenille en papillon, l'adolescente en jeune femme, qui s'ouvre aux autres et au monde. Une Education déjà remarqué au festival de Sundance avec notamment un prix du public ; c'était aussi un coup de cœur lors de sa découverte au Festival britannique de Dinard; enfin il est en lice pour les Oscars avec plusieurs nominations dont celle de la meilleure actrice, Carey Mulligan, qui fient de recevoir le prix de la meilleure actrice (et pas Meryl Streep). Elle est la belle révélation de ce film, transportant ce personnage de Jenny avec une subtilité confondante de naturel, tantôt naïve ou ingénue impossible de ne pas être sous le charme. Carey Mulligan est d'ailleurs en passe de devenir la nouvelle coqueluche de Hollywood, depuis elle a déjà tourné devant les caméras de Jim Sheridan, Mark Romanek ou Oliver Stone.

On pourra reprocher à la réalisatrice Lone Scherfig un académisme un peu trop sage, mais au moins elle s'est attachée à servir au mieux cette histoire illuminée par la surprenante/séduisante Carey Mulligan. Une Education ressemble à une leçon de cinéma populaire et réjouissant avec sa belle élégance teintée d'une légère irrévérence. Ce genre de scénario qu'on ne sait pas écrire en France : charmant et généreux.

Humpday : le dvd décomplexé

Posté par kristofy, le 9 février 2010

dvdhumpday.jpgAvez-vous déjà essayé avec votre meilleur ami ? Cette drôle de question est celle de ce drôle de film Humpday. Il a fait rire le Festival de Cannes (à la Quinzaine des Réalisateurs), le Festival de Deauville (Prix de la révélation) et le Festival de Sundance (Prix spécial du jury pour l’esprit d’indépendance). Le DVD est maintenant disponible (sortie le 3 février), et il est à découvrir..

"On a choisi ça parce que ça nous fait plus peur que tout. Est-ce une raison pour le faire ?"

Le film Humpday évoque des questions sur le couple, la sexualité, l’amitié, l’accomplissement personnel, l’art … C’est aussi en même temps un film de cinéma à la fois moderne et actuel avec un style de caméra-vérité, comme si la caméra devenait les yeux du public. Le DVD propose le film en version originale avec en bonus une longue interview très intéressante de la réalisatrice Lynn Shelton ainsi qu’un court-métrage. Elle explique la création de son film de l’écriture au casting et le tournage qui a duré une dizaine de jours avec une équipe réduite. La cinéaste évoque aussi l’esprit du cinéma indépendant de sa région de Seattle où ont déjà travailler ses acteurs et son équipe, et si elle ne dit rien de la belle musique du film on y a remarqué la violoncelliste Lori Goldston (qui avait accompagné Nirvana en concert). "Parfois le simple fait de prendre des personnages et de les mettre dans une situation inconfortable, c’est la meilleure recette pour faire un drame ou une comédie". On y trouve aussi en complément un court-métrage sur le même thème, celui de Lynn Shelton pour le festival Hump.

En DVD depuis le 03 février 2010

Palmarès de Sundance : Winter’s Bone et Southern District remportent deux prix

Posté par vincy, le 31 janvier 2010

sundance-grandprix.jpgSundance, clap de fin. Les films récompensés vont maintenant faire le tour du monde et des festivals : Cannes (Un certain regard, Quinzaine des réalisateurs...), Tribeca, Venise, Deauville, Locarno, Toronto...

Cette année, seuls deux films gagnent plus d'un prix et aucun ne parvient à réconcilier jury et public, qui ont chacun fait des choix différents. A l'étranger, le cinéma sud américain se taille la part du lion.

Les droits de Winter's Bone (Grand prix du jury fiction et meilleur scénario) ont été acquis lors du Festival pour être distribué aux Etats-Unis par Roadside Entertainment. A noter que les plus gros chèques des studios ont été faits pour des films absents du palmarès.

Prix du jury :

Grand prix du jury - documentaire :  Restrepo, de Sebastian Junger et Tim Hetherington. Plongée d'une rare violence dans l'enfer de la guerre, à travers la vie quotidienne d'un peloton de 15 soldats américains postés dans l'une des régions les plus dangereuses d'Afghanistan.

Grand prix du jury - fiction : Winter’s Bone, de Debra Granik. Portrait d'une adolescente qui traverse la région sauvage des montagnes d'Ozark, au coeur des Etats-Unis, pour retrouver son père, trafiquant de drogue.

Prix cinéma du monde - documentaire :  The Red Chapel (Det Røde Kapel), de Mads Bru?gger - Danemark. Un groupe de journalistes se fait passer une troupe de théâtre pour infiltrer le régime nord-coréen.

Prix cinéma du monde - fiction : Animal Kingdom, de David Micho?d - Australie. Les pas d'un adolescent aux prises avec une famille de truands à Melbourne.

Meilleur réalisateur - documentaire : Leon Gast (Smash his Camera)

Meilleur réalisateur - fiction :  Eric Mendelsohn (3 Backyards)

Meilleur réalisateur étranger - documentaire : Christian Fei - Suisse (Space Tourists)

Meilleur réalisateur étranger - fiction : Juan Carlos Valdivia - Bolivie (Southern District)

Meilleur scénario : Winter’s Bone, de Debra Granik et Anne Rosellini

Meilleur scénario étranger : Southern District, de Juan Carlos Valdivia - Bolivie

Meilleur montage - documentaire : Joan Rivers—A Piece Of Work, monté par Penelope Falk

Meilleur montage - documentaire du monde :   A Film Unfinished, monté par Joe?lle Alexis - Allemagne/Israël

Meilleure photographie - documentaire :  The Oath, image de Kirsten Johnson et Laura Poitras.

Meilleure photographie - fiction : Obselidia, image de Zak Mulligan.

Meilleure photographie - documentaire du monde :  His & Hers, image de Kate McCullough et Michael Lavelle - Irlande

Meilleure photographie -  fiction du monde :  El Hombre de al Lado (The Man Next Door), image de  Mariano Cohn et Gasto?n Duprat - Argentine

Prix spécial du jury cinéma du monde - meilleure interprétataion : Tatiana Maslany (Grown Up Movie Star) - Canada
Prix spécial du jury cinéma du monde -  documentaire : Enemies of the People, de Rob Lemkin et Thet Sambath - Cambodge / Royaume

Prix spécial du jury - documentaire : Gasland , de Josh Fox
Prix spécial du jury - fiction : Sympathy for Delicious, de Mark Ruffalo

Prix du public :

- documentaire : Waiting for Superman, de Davis Guggenheim
- fiction : happythankyoumoreplease, de Josh Radnor
- documentaire du monde : Wasteland, de Lucy Walker - Royaume Uni/Brésil
- fiction du monde : Contracorriente (Undertow), de Javier Fuentes-Leo?n - Pérou

Prix Best of NEXT :  Homewrecker, de Todd & Brad Barnes

Prix Albert P. Sloan - meilleur film mettant en valeur les Sciences et Technologies : Obselidia, de Diane Bell

Gagnants du Prix des cinéastes intrenationaux du Sundance Institute & de NHK : Amat Escalante (Mexique) ; Andrey Zvyagintsev (Russie) ; Daisuke Yamaoka (Japon) ; Benh Zeitlin (USA)