Le 24e James Bond va être un carton au box office. Personne n'en doute. A Paris, pour sa première séance, 22500 spectateurs se sont précipités pour aller voir ses dernières aventures. Daniel Craig, un peu las de son héros (les tournages sont longs et fatigants), est ainsi piégé: il touche une fortune grâce à 007, sa notoriété est liée à l'espion, et finalement, il a la chance d'avoir une franchise qui lui sert presque d'assurance-vie. Craig est plutôt chanceux. Contrairement à ses prédécesseurs, hormis Sean Connery, il est parvenu à trouver de beaux rôles au cinéma et au théâtre.
C'est, malheureusement, tout le problème des "stars" contemporaines. Les Studios hollywoodiens ont de plus en plus de réticences à se lancer dans des "blockbusters" originaux. La franchise est reine. Hélas, rares sont les comédiens qui parviennent à transformer cette popularité lié à un personnage dans une saga: nombreux sont ceux qui en deviennent dépendants. Si Daniel Craig a été à l'affiche de quelques hits, ses quatre plus gros succès restent ses James Bond ; sur ces dix derniers films, Tom Cruise n'a dépassé que quatre fois les 100M$ au B.O., dont trois fois avec Mission:Impossible ; Robert Downey Jr, dès qu'il n'est plus Iron Man ou Sherlock Holmes, fait un bide ; Idem pour Chris Evans qui ne peut compter que sur Captain America ; et la liste est longue... Le test pour Jennifer Lawrence approche: après Hunger Games et X-Men, la star féminine la mieux payée du monde restera-telle bankable?
Hollywood a presque rétablit l'ancien système du contrat: l'acteur/actrice signe pour une série de films, l'empêchant parfois d'aller se fourvoyer dans des choix plus personnels. Pour un comédien en devenir, comme ce fut le cas de Lawrence, c'est un accélérateur de carrière (à condition d'en négocier la sortie pour éviter un crash à la Shia LaBeouf). Pour une vedette avec de la bouteille, cela devient vite un piège, enfermé dans un rôle, incapable de rebondir ailleurs. Heureusement il y a ceux qui résistent à ce système: les Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Brad Pitt, Angelina Jolie, Matthew McConaughey, Sandra Bullock, Bradley Cooper... Ils peuvent briller au box office, accepte parfois une suite pour le fun et le cash, regrette souvent le troisième épisode quand on leur impose, mais continue d'enchaîner des scénarios originaux, de chercher de nouveaux rôles, quitte à se planter. Aussi quand Le Loup de Wall Street, Seul sur Mars, World War Z, Maléfique, Interstellar, Gravity ou American Sniper, pour ne citer que les plus récents de leurs films, prennent l'ascendant sur les sagas, ils prouvent qu'une star n'est pas un personnage, mais peut-être la bonne étoile dans un bon film.