Les Studios Raleigh mettent la pression sur l’Etat français pour leur projet toulousain

Posté par vincy, le 2 février 2012

Michael Moore (rien à voir avec le documentariste) met la pression sur l'Etat français pour réaliser son projet d'installer des studios de cinéma à Cugnaux, près de Toulouse (voir notre article du 20 juin 2011). Car il ne manque que ce feu vert pour enclencher les opérations.

Le président des Studios Raleigh a présenté mardi dernier son projet - 100 millions d'euros d'investissements - et espère une réponse très rapide, avant que l'élection présidentielle ne paralyse toute prise de décision. Burno Ganja, son mandataire français, ajoute que "le patron de Raleigh veut savoir si oui ou non les décideurs économiques, les personnalités politiques et institutionnelles de la région, sont prêts à se mobiliser pour la réussite de ce projet."

Ne croyons pas que monsieur Moore soit impatient : depuis juin, il patiente et défend son projet auprès des collectivités et du préfet. 2 à 3 mille emplois pourraient être créés sur l'ancienne base militaire de Francazal.

Un "projet extraordinaire"

Le préfet du département, Henri-Michel Comet, réunira mardi prochain un comité de pilotage avec les élus concernés. Il ne manque en effet que la décision de l'Etat, propriétaire de la base militaire qui doit être reconvertie, pour lancer les travaux. Les Studios Raleigh assurent que tout est prêt : plan du site, modèle économique (rentable), ...  Les élus semblent emballés. le Maire de Cugnaux évoque un "projet extraordinaire". Il précise : "je peux dire qu'il ne lui manque que la signature de l'État pour s'accomplir. Des solutions administratives existent qui offrent un cadre juridique sécurisé pour les deux parties. Je pense, en particulier, au principe de l'autorisation d'occupation temporaire (AOT) que j'encourage les services de la préfecture à examiner."

Mais l'Etat avait d'autres projets, contrariés par cette proposition : un aérodrome d'affaires et une zone d'activité économique dédiée à l'industrie aéronautique dont dépend (sans doute de façon trop hégémonique) l'agglomération toulousaine).

Le projet des Studios Raleigh permet une diversification économique salutaire pour cette région. Un développement assez logique dans la ville qui possède la deuxième cinémathèque de France.

Des studios pour des productions françaises et européennes

L'Etat a été contraint de s'intéresser au dossier, tout en imposant ses conditions : seulement 45 des 300 hectares demandés seront dévolus au projet, qui a du sacrifier des hangars plus vastes pour sauver son modèle économique (une partie des terrains va être occupé par un hôtel notamment). Le Maire de Toulouse exige que le projet soit économiquement viable et ne remette pas en question la stratégie industrielle autour de l'aéronautique de l'agglomération.

Michael Moore a indiqué dans un entretien au quotidien régional La dépêche du midi que son "but est de créer ici les meilleures installations professionnelles pour permettre aux réalisateurs français et européens de travailler dans d'excellentes conditions." Il ajoute : "Nous serons en mesure de répondre à l'ensemble de la demande : production de téléfilms, productions et coproductions françaises et européennes."

Mais après les nouveaux studios de Marseille, La Rochelle, Lyon et bientôt ceux de Luc Besson à Saint-Denis, Toulouse peut-elle s'imposer dans un jeu de plus en plus concurrentiel ?

L'aménagement de la zone de Francazal fera l'objet d'un appel à projet qui débutera dans le courant du premier semestre 2012 pour s'achever à la fin de l'année.

Le festival d’un jour clôt la saison 2011 d’Espagnolas en Paris

Posté par MpM, le 12 décembre 2011

crebinskyPour la dernière de l'année, Espagnolas en Paris  invente un concept novateur et festif, un festival d'un jour centré autour d'un film joyeux, poétique et décalé, qui a déjà su séduire le jury du Festival Cinespaña 2011 : Crebinsky d'Enrique Otero, Violette d'or lors de la dernière manifestation toulousaine, mais également double prix d'interprétation pour les acteurs Miguel De Lira et Sergio Zearreta et prix de la meilleure musique pour le compositeur Pablo Pérez.

Au programme de cette journée exceptionnelle, deux rencontres professionnelles (l'une entre Enrique Otero et des universitaires parisiens et l'autre sur la question des perspectives du cinéma espagnol, avec notamment la présentation du catalogue de la production galicienne 2012) et une soirée pleine de surprises au Majestic Passy.

En présence du réalisateur Enrique Otero et de Miguel de Liria, acteur et scénariste, Crebinsky sera ainsi présenté au public et recevra symboliquement le prix C+ du Festival d'un jour, destiné à encourager sa sortie dans les salles françaises.

Un hommage sera rendu par la même occasion au festival Cinespaña de Toulouse en présence de Françoise Palmerio-Vielmas, présidente de Cinespaña, Patrick Bernabé, vice-président, et Judith Colell, vice-présidente de l'Académie du cinéma espagnol. L'occasion de rappeler l'important travail de découverte de diffusion réalisés par l'équipe de Cinespana depuis maintenant plus de quinze ans.

Après la projection, place aux festivités avec le premier concert français de la Banda Crebinsky au grand complet (dix musiciens) et un buffet de Noël à base de produits galiciens.

Moralité, ce nouveau festival a beau ne durer qu'une journée, il parvient quand même à concentrer les principaux temps forts de toute fête du cinéma qui se respecte : un bon film, des rencontres, et une ambiance chaleureuse !

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Festival d'un jour
Lundi 12 décembre 2011
au Majestic passy

Informations sur le site d'Espagnolas en Paris

Cinespana 2011 : Crebinsky et 80 Egunean se partagent les prix

Posté par MpM, le 10 octobre 2011

Le choix du jury de la 16e édition de Cinespana, présidé par Anne Alvaro, s'est donc porté sur notre film favori, le poétique et burlesque Crebinsky de Enrique Otero qui rafle la mise avec la Violette d'or du meilleur film, un double prix d'interprétation pour les acteurs Miguel De Lira et Sergio Zearreta et une récompense pour la musique du compositeur Pablo Pérez. 80 egunean de José Mari Goenaga et Jon Garaño, le favori du public (qui lui a d'ailleurs décerné son prix),  tire lui aussi son épingle du jeu avec un double prix d'interprétation pour ses formidables actrices, Itziar Aizpuru et Mariasun Pagoaga, et le prix du scénario pour ses auteurs.

Un palmarès intelligent et équilibré qui conclut en beauté une édition 2011 particulièrement captivante. Cette année, la compétition était en effet assez contrastée (voir notre article du 8 octobre), offrant un aperçu convaincant de la richesse du cinéma espagnol contemporain. En choisissant de mettre en avant la fantaisie joyeuse de Crebinsky, où deux frères naufragés mènent une existence simple dans un univers de bric et de broc, les jurés ont finalement choisi de récompenser un cinéma créatif et baroque, tourné vers l'humain et la légèreté. De même, ils ont voulu distinguer le sujet fort de 80 egunean, drame intimiste, où une femme de soixante-dix ans s'éprend d'une ancienne camarade de classe. Un film qui, malgré ses défauts de narration, aborde avec beaucoup de pudeur cette relation amoureuse tatonnante et fragile.

Avis aux distributeurs : les deux oeuvres, sensibles et originales, pourraient connaître un joli succès dans les salles françaises...

Le palmarès

Violette d'or du meilleur film
Crebinsky de Enrique Otero

Meilleure interprétation masculine
Miguel De Lira et Sergio Zearreta (Crebinsky de Enrique Otero)

Meilleure interprétation féminine
Itziar Aizpuru et Mariasun Pagoaga (80 egunean de José Mari Goenaga et Jon Garaño)

Meilleur scénario
José Mari Goenaga et Jon Garaño pour 80 egunean

Meilleure musique
Pablo Pérez pour Crebinsky de Enrique Otero

Meilleure photographie
Rafael de la Uz pour La mitad de Oscar de Manuel Martín Cuenca

Meilleur premier film décerné par le Jury Etudiant
Cruzando el límite de Xavi Giménez

Meilleur court métrage décerné par le jury Professionnel des Courts-Métrages
Les (El bosque) de Aida Ramazánova

Mention spéciale
La hégira de Liteo Deliro et Te odio de Rafael Rojas-Díez

Meilleur documentaire décerné par le jury Professionnel des Documentaires
La noche que no acaba de Isaki Lacuesta

Prix du public
80 egunean de José Mari Goenaga et Jon Garaño

Cinespana 2011 : des nouvelles du cinéma espagnol

Posté par MpM, le 8 octobre 2011

Il faut des festivals comme celui de Cinespana pour se rendre compte de la variété et de la diversité du cinéma espagnol contemporain, dont on a trop souvent l’impression qu’il se résume à deux ou trois réalisateurs-phares, quelques films de genre, et une poignée de documentaires revenant sans répit sur le traumatisme de la guerre civile. A Toulouse, durant une semaine, on découvre en effet une production espagnole particulièrement contrastée, proposant un large (donc parfois inégal) éventail allant de la comédie populaire au film d’auteur flirtant avec la recherche expérimentale.

Étonnant contraste, par exemple, entre En fuera de juego de David Marqués, une comédie sur le milieu du foot, jouant plus ou moins finement des dissensions entre Espagnols et Argentins, et Estrellas que alcanzar de Mikel Rueda Sasieta, un drame historique sur le destin de femmes de républicains internées dans un camp de prisonnières politiques pendant la guerre civile !

Toutefois, les œuvres présentées dans la compétition principale ont globalement en commun un aspect intimiste, mis au service d’histoires qui privilégient l’humain. Si les relations familiales sont souvent conflictuelles (La mitad de Oscar de Manuel Martin Cuenca  met en scène un frère et une sœur se retrouvant après une longue séparation, et peinant à renouer des liens ; Open 24h de Carles Torras  montre un père indigne qui tyrannise et maltraite son fils handicapé), l’amitié se manifeste sous des formes atypiques : une jeune immigrée et un vieil homme mourant (Amador de Fernando Leon de Aranoa), une retraitée un peu coincée et son ancienne camarade de classe bohème et survoltée (80 egunean de José Mari Goenaga et Jon Garano )… Même les stéréotypes de Carne de neon de Paco Cabezas, bras cassés qui se rêvent gangsters, cultivent une amitié sincère soigneusement masquée par un excès de virilité fanfaronne.

Les milieux divergent (de la bourgeoisie à l’indigence), mais les enjeux restent les mêmes : se recréer une famille d’adoption, un petit monde où il fait bon vivre. C’est flagrant avec les personnages de Crebinsky de Enrique Otero qui vivent comme des naufragés dans un univers qu’ils ont entièrement modelé, mais aussi avec l’appartement protecteur où se réfugie l’héroïne d’Amador, la chambre d’hôpital où se retrouvent les deux amies de 80 egunean, ou encore le club "Hiroshima" que le jeune Ricky offre à sa mère dans Carne de neon

Esthétique dépouillée, survoltée ou classique : tous les styles sont en compétition !

Formellement, les différences sont plus tranchées. La recherche esthétique de Open 24h contraste avec la trivialité de son sujet: un homme confronté à une succession d’injustices et d’humiliations. Les plans relativement dépouillés, le clair obscur qui se veut expressionniste, les partis pris de mise en scène, entre élégance et anxiété, ajoutent une tension psychologique à une intrigue par ailleurs minimaliste. Incontestablement, Carles Torras sait se servir d’une caméra. Dommage qu’il n’ait pas plus soigné le scénario, dont le crescendo final est raté et prévisible.

De son côté, Carne de neon se distingue avec une esthétique résolument moderne, ultra-découpée, servie par une narration survoltée et ne se refusant aucun effet de mise en scène, même les plus maniérés.  Entre ultra violence et humour noir, Paco Cabezas lorgne visiblement du côté d’Alex de la Iglesia, à qui il emprunte un univers sordide et bigarré où les valeurs morales les plus élémentaires n’ont plus cours. Derrière l’outrance, le sexisme apparent et la bêtise crasse se profile une vision au vitriol d’une société espagnole détraquée.

Dans un genre totalement différent, Crebinsky de Enrique Otero touche par sa poésie et sa fantaisie burlesque. Tel un Kusturica ibérique, le réalisateur invente à partir de trois fois rien un univers baroque et décalé où se croisent des êtres aussi variés qu’une vache nommée Mushka, deux frères naufragés, des soldats américains, un parachutiste nazi et une chanteuse de cabaret. Un conte tendre et léger sur le destin, le hasard et l’ironie du sort.

Toutefois, le jury pourrait bien avoir privilégié des œuvres plus classiques mais à la thématique plus engagée. Cinématographiquement, 80 egunean et Amador souffrent des mêmes défauts : un scénario déséquilibré, une surenchère de bons sentiments, un manque de rythme… Mais sur le fond, ils ont tous les deux le mérite d’aborder avec pudeur un sujet qui reste sensible. 80 egunean à travers une amitié amoureuse entre deux femmes âgées, Amador en touchant au tabou de la mort et à la difficulté de l’exil.

C’est donc une lourde tâche qui attend le jury présidé par Anne Alvaro. Car en composant le palmarès, ce n'est pas seulement un certain type de cinématographie qu’il choisira de privilégier, mais bien une vision spécifique de notre monde, engagée à la fois socialement et politiquement.

Cinespana 2011 : la part belle au documentaire

Posté par MpM, le 3 octobre 2011

mémoireLa 16e édition du festival Cinespana, qui s'est ouvert vendredi 1er octobre, consacre une partie importante de sa  programmation au style documentaire. Celui-ci possède sa propre compétition, mais est également présent dans la sélection court métrage ainsi que dans la section spéciale "Mémoire", consacrée à la période douloureuse de la guerre civile et du Franquisme. Tout un pan du cinéma espagnol se penche en effet année après année sur la plaie béante de la dictature et de la transition qui, avec sa loi d'amnistie, a laissé un goût d'inachevé et d'injustice à une partie de la population espagnole.

Les ombres de la mémoire de Dominique Gauthier et Jean Ortiz s'attaque ainsi à ce que ses auteurs appellent "l'amnésie organisée" en revenant sur plusieurs traumatismes du passé comme l'esclavage des prisonniers politiques, les milliers de morts jetés dans des fosses communes, les enfants arrachés à leur famille et les opposants arbitrairement emprisonnés parfois pendant plus de vingt ans.

Mêlant témoignages et images d'archives, le film fait à la fois acte de pédagogie et de dénonciation, tout en rappelant l'immense solidarité qui a permis aux prisonniers politiques d'organiser la résistance au fascisme depuis leur lieux de captivité. Son format résolument pensé pour la télévision l'oblige à aller droit au but sans se perdre dans des circonvolutions mélodramatiques ou grandiloquentes. On est parfois ému au détour d'un témoignage (notamment celui du poète Marcos Ana, emprisonné pendant plus de 20 ans), mais on est surtout révolté par le fait que tant d'injustices et d'exactions n'aient au final jamais été officiellement punies.

"Le travail de mémoire est difficile en Espagne, confirme Jean Ortiz, l'un des deux réalisateurs. Il y a un consensus général autour de la transition et la loi d'amnistie verrouille tout." Le cinéma, heureusement, est là pour inlassablement ouvrir ces portes que tout le monde préférerait voir fermées à jamais.

La mujer sin piano : c’est beau, une femme, la nuit

Posté par Sarah, le 13 juillet 2011

mujer sin piano« J'aime réparer les choses, après elles fonctionnent. »

L'histoire : Un soir, Rosa décide de s'en aller. Elle laisse son mari endormi et échoue à la gare, parmi d'autres voyageurs eux-aussi en transit.

Notre avis : Rosa vit une vie plutôt banale et tranquille à Madrid, avec son mari. Il est chauffeur de taxi, elle est esthéticienne à domicile. Leur quotidien, rythmé par le travail, l'organisation de la maison et les repas, est illustré en quelques plans. La vie semble couler sur eux sans réel intérêt ni aucune passion. Rosa, très justement interprétée par Carmen Machi, répète les gestes du quotidien avec une lassitude et un manque d'entrain tels qu'on devine qu'elle a dû les répéter inlassablement depuis des décennies. Le volume de la télévision et de la radio, tournées au maximum, pour qu'elle ne puisse pas entendre le sifflement permanent qui règne dans ses oreilles, sont les seuls bruits vifs de la maison.

Cependant, le temps d'une nuit, Rosa va décider de fuir son quotidien. On la voit faire sa valise, se parer comme elle n'a pas dû le faire depuis longtemps et partir dans la nuit noire. Les rencontres qu'elle va faire, les lieux qu'elle va traverser peuvent apparaître aussi grotesques que son quotidien est mou, mais elle semble évoluer dans ce nouveau monde avec intérêt et même, parfois, de l'aisance. Elle va être confrontée aux petites absurdités du monde contemporain, rencontrer des personnalités fantasques et passer une nuit que l'on peut qualifier de surréaliste.

Cette échappée permettra au personnage de Rosa de se poser dans sa vie, comme si elle ne cherchait qu'une raison pour ne pas sombrer. Elle va côtoyer des personnes qu'elle n'a certainement pas l'habitude de fréquenter, se perdre dans les rues de la capitale... mais on ne la sentira jamais autant éveillée que lors de cette nuit-là. Ce film assez lunaire et à forte tendance surréaliste, nous montre à quel point une échappée belle peut faire du bien. Le réalisateur ne juge jamais Rosa, que ce soit dans son quotidien ou dans sa virée nocturne.

De même, il n'y aura pas de morale. La caméra semble se laisser guider par le bruit de pas de Rosa, au gré de ses envies. En effet, ses talons claquent sur les pavés des rues sombres de Madrid et c'est parfois tout ce que l'on perçoit à l'écran. La beauté de ce portrait de femme réside dans cette distance que le réalisateur a réussi à instaurer entre la caméra et le personnage, tout en la dévoilant tout en pudeur au spectateur. Un beau film intimiste qui permet de s'évader pour quelques temps du train-train quotidien.

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La mujer sin piano de Javier Rebollo
Violette d'Or du Meilleur Film au Festival Cinespana à Toulouse et Concha de Plata pour le Meilleur Réalisateur au Festival de San Sebastian.

Un studio hollywoodien veut s’installer près de Toulouse

Posté par vincy, le 20 juin 2011

Un grand nom anonyme d'Hollywood. Une base militaire désaffectée près de Toulouse. Un futur studio de cinéma?

Depuis quelques jours, l'information (assez floue) agite élus locaux, professionnels de la profession et médias. Une compagnie américaine à proposer de reconvertir les 200 hectares de la base aérienne de Francazal pour en faire un studio de production audiovisuelle. Une piste pour les avions amenant les stars, des hangars idéaux pour en faire des plateaux, à mi chemin du Massif Central, des Pyrénées, de la mer Méditerranée et de l'Océan Atlantique. 80 millions d'euros d'investissement, 6 000 emplois à la clé.

On ne sait pas grand chose du nom hollywoodien. Tout juste qu'il possède des studios en Hongrie. Raleigh studios vient d'y ouvrir un lieu de production sur un terrain de 18 hectares (600 millions d'euros). Cette société basée à Los Angeles et possède des studios à Hollywood, Manhattan beach, Playa Vista (tous trois dans les environs de Los Angeles), à Baton-Rouge (Louisiane), Atlanta et Detroit (voir leur site internet).

La décision finale appartient à présent à l'Etat,  propriétaire de la base désaffectée depuis août 2010. La base de Francazal a été inaugurée en 1923, et elle était l'aéroport de Toulouse jusqu'à la seconde guerre-mondiale. La préfecture du département et la communauté urbaine de Toulouse (la base s'étend sur trois communes) confirment l'existence du projet. Il y aurait d'autres offres pour la reconversion de la base et le studio lui-même avoue qu'il a un plan B (à Singapour) s'il ne l'emporte pas. Les Américains ne cachent pas que la notion de réactivité est différente entre leurs besoins et le rythme français. Les premiers veulent commencer les tournages en 2013. Les seconds ne pensent pas prendre de décisions avant 2012.

La base de Francazal est, par ailleurs, au coeur d'une polémique locale : la transformation de la base en aéroport d'affaires, voire en aéroport bis de Toulouse (l'actuel commence à saturer). La situation est délicate, d'autant que des engagements avec des sociétés aéronautiques ont déjà été prises. Mais l'arrivée d'un projet alternatif qui n'a rien à voir avec le secteur aéronautique permettrait de calmer les riverains, hostiles aux va-et-viens d'avions.

L'attrait d'un studio n'est pas négligeable : diversification économique, retombées financières et sociales, impact médiatique et touristique...

Francazal future Babelsberg? Cinecitta en Midi-Pyrénnées? Pinewood sur Garonne? Le studio américain qui se lance dans ce pari fou qui inclut également une école du cinéma et une base de travail et de diffusion du célèbre Cirque du Soleil, selon les mandataires français.

L'idée a vite remportée de nombreux suffrages, au niveau de l'Etat comme au niveau local. Un bémol et de taille : "La présence d'une piste dédiée à l'aviation d'affaires va très bien avec le cinéma: je suis sûr qu'il n'y aura pas d'implantation de cinéma de façon importante, si ce n'est à côté d'une piste. L'industrie cinématographique est grosse utilisatrice d'avions taxi et d'avions d'affaires", a déclaré M. Gandil, directeur général de l'aviation civile (DGAC) à l'AFP. La préfecture de Haute-Garonne a souligné que les Américains ne pourraient de toute façon pas occuper la totalité des 300 hectares de la base, sa piste et ses hangars, mais devraient se contenter des 45 hectares où vivaient les militaires et cohabiter avec l'aviation d'affaires. Les riverains et écologistes de la région considèrent que le maintien de l'activité aéronautique est un non sens alors que Toulouse sera à 3 heures de TGV de Paris en 2020.

L’homme d’à côté : mon voisin, ce tyran

Posté par Sarah, le 2 mai 2011

"J'ai juste besoin d'un petit rayon de soleil, que tu n'utiliseras même pas !"

L'histoire : Leonardo est un architecte qui vit avec sa famille dans l'unique bâtiment construit par Le Corbusier en Amérique Latine : la maison Curutchet à Buenos Aires. Un matin, il est réveillé par un bruit obsédant, comme si on perçait un mur ... Le film a reçu le prix du meilleur film au Festival de Mar Del plata, celui de la meilleure photographie à Sundance, le prix du public aux Rencontres des Cinémas d'Amérique Latine de Toulouse et cinq prix aux Premios Sur 2010.l Hombre de al Lado

Notre avis : Le film commence par des bruits de perceuse. On entend, puis on voit quelqu'un trouer un  mur blanc. C'est autour de cet orifice que toute l'intrigue va tourner. On ne verra pas la vie de Leonardo avant l'incident qui va changer le cours de sa vie. En effet, son voisin Victor a décidé de construire une fenêtre qui donnera directement dans la maison de Leonardo, de sa femme Anna et sa fille Lola. Dès ce moment-là, une relation particulière va se nouer entre les deux personnages, entre rapport de force, attraction et répulsion.

Les deux acteurs principaux, Rafael Spregelburg (Leonardo) et Daniel Aráoz (Victor), tous deux issus de deux milieux différents (respectivement le théâtre et la télévision) ont réussi à créer à l'écran une alchimie d'un genre spécial entre leurs personnages. Dès le début, on comprend la fracture entre le monde de l'intellectuel, imbu de lui-même, mais faible, et le voisin issu de souche populaire, macho et manipulateur. Leonardo est peut-être célèbre et demandé dans son travail, mais chez lui, c'est sa femme qui porte la culotte, et sa fille ne lui adresse jamais la parole. De fait, c'est Anna qui veut absolument que la fenêtre soit rebouchée. Leonardo admettra lui-même à son voisin de cour qu'il ne voit pas réellement le problème. Cependant dès que les travaux commencent, une danse incessante va se jouer entre eux, mêlant manipulation, tactique de persuasion et menaces.

Le film des deux réalisateurs argentins Mariano Cohn et Gastón Duprat, est à lire sur plusieurs niveaux. L'univers qui entoure Leonardo est très bien décrit. Sa femme le mène par le bout du nez et il est ridicule de lâcheté, tant devant ses amis que devant son voisin. Ce dernier est décrit comme un bourrin, accro au maté et qui n'a aucune culture. Pourtant il va offrir de nombreux cadeaux à son voisin, qu'il va considérer de façon inquiétante comme son grand ami. Il est aussi le seul qui arrive à arracher un sourire à la fille de Leonardo en improvisant des spectacles décalés qu'elle observe depuis sa maison.

Autour d'un banal conflit entre voisin, les réalisateurs ont réussi à faire un film drôle, satirique et inquiétant sur la violence. En effet celle-ci est partout : dans le bruit de la perceuse, dans les paroles agressives que s'échangent Anna et Leonardo, dans les silences pesants de Lola ou encore dans la relation entre Leonardo et Victor qui relève tantôt de la séduction tantôt de la manipulation. C'est aussi toute une partie de la société argentine qui passe au vitriol. Les amis snobinards de Leonardo sont moqués, la bonne est remerciée de ses services par des cadeaux dont personne ne veut et Victor est dépeint comme un über mâle qui chasse, boit et couche avec des jeunes femmes. L'autre pendant de la violence est la peur. En effet, les habitants de la maison Curutchet ont peur d'être envahi par leur voisin à cause d'une fenêtre, alors qu'en fait il va réussir à s'immiscer dans leur vie et à changer l'équilibre qui était le leur par d'autres moyens. Un film intelligent, inattendu et quelque peu anxiogène.

Les 23e Rencontres Cinémas d’Amérique Latine de Toulouse sous le signe du Mexique

Posté par MpM, le 18 mars 2011

rencontres de cinéma d'Amérique latineLes 23e Rencontres Cinémas d'Amérique Latine se transformeraient-elles, le temps d'une édition, en Rencontres du cinéma mexicain ? Non, bien sûr, tant les cinématographies du continent sud-américain ont toutes leur place à Toulouse.

Toutefois, cette année, le Mexique sera particulièrement mis à l'honneur au travers de plusieurs hommages (le réalisateur Carlos Carrera, les comédiens Damián Alcázar et Gabino Rodríguez), d'un véritable tour d'horizon du cinéma local (fantastique, animation et films mettant en scène un "Mexico customisé") et de la présentation en compétition officielle de cinq longs métrages mexicains (sur les quinze sélectionnés).

Enfin, la production cinématographique mexicaine sera également très présente dans les autres sections du festival, comme le Panorama, la sélection documentaires, celle de courts métrages et la programmation jeune public. Même le ciné-concert propose un classique mexicain, El automóvil gris (1919), qui sera revisité par le DJ-producteur Maria y José !

Après la polémique sur l'année du Mexique en France, Toulouse a choisi son camp et emboîte le pas du Festival travelling de Rennes qui a très clairement pris position contre la position officielle française et notamment la décision de dédier cette année du Mexique à la Française Florence Cassez. La bonne nouvelle pour les festivaliers, c'est que la programmation a ainsi pu être maintenue. La jeune femme, elle, est toujours en prison, mais son dossier pourrait être réexaminé suite à un rebondissement judiciaire.

Mais concrètement, que verra-t-on pendant ce festival ? Des films, bien sur : environ 200, courts, longs, documentaires, fiction et animation confondus. On vous recommande par exemple le touchant et subtil Puzzle de Natalia Smirnoff, La barra d'Oscar Ruiz Navia, parenthèse contemplative et ténue dans un monde en train de disparaître , et surtout Santiago 73 post mortem de Pablo Larrain, formidable observation de la société chilienne au moment du coup d'état contre Salvator Allende en 1973, injustement passé inaperçu lors de sa sortie il y a plusieurs semaines. Et puis bien sûr il y a les inédits de la compétition, parmi lesquels beaucoup de premiers films qui réservent surprises, découvertes stylistiques et coups de coeur !

Ces dix jours sous le signe du cinéma sud-américain seront également l'occasion de rencontrer de nombreux invités comme Carlos César Arbelaéz qui ouvre la manifestation avec Les couleurs de la Montagne et Carlos Sorin à qui le festival consacre une soirée spéciale lors de laquelle sera projeté l'un de ses films les plus emblématique, Bonbon el perro.

Heureux Toulousains à qui le meilleur du cinéma d'Amérique latine tend les bras : surtout, ne le repoussez pas !

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23e Rencontres Cinémas d'Amérique Latine de Toulouse
Du 18 au 27 mars
Programme et informations sur le site de la manifestation

1er Festival du Cinéma Chinois en France sous le signe du Lapin

Posté par Claire Fayau, le 22 janvier 2011

Le premier Festival du Cinéma Chinois en France se  déroulera sur quatre villes (Paris, Toulouse, Lyon et Versailles), du 26 janvier au 8 février 2011. Il complète l'incroyable foison de festivals autour du cinéma chinois et asiatique qui existe déjà dans le pays. Mais celui-ci a quelque chose de spécifique.

D'abord il se déroule au moment du Nouvel An chinois (chunjie, la fête du printemps), l'année du  Lapin (ou du Chat) de Métal débutant  le 3 Février 2011, pour se terminer le 22 Janvier 2012 .

Mais surtout l'objectif  du festival est double : montrer des films chinois inédits en France et créer des liens entre professionnels du cinéma des deux pays.

Voici quelques films Inédits programmés :

  • Tremblement de terre à Tangshan de Feng Xiaogang ("Aftershock", un succès au box office chinois,  en lice pour l'Oscar du Meilleur Film en langue étrangère)
  • Bienvenue à Shama city de Li Wei Ran
  • Océan paradis de Xue Xiaolu
  • Voyage d’enfer de Ye Weimin
  • Sans pilote de Zhang Yang
  • La vengeance de Sophie de Yi Meng
  • Confucius de Hu Mei
  • Génération 80 de Li Fangfang
  • Le message de Gao qunshu, Chen Guofu
  • Les rêves de Jinsha de Chen Deming (film d’animation)
  • Retrouvailles de Wang Quan An
  • Parmi les temps forts du festivals, la soirée d'ouverture le 25 janvier 2011 à 19h 30 au Gaumont Marignan en présence des parrains du festival Jean RENO et JIANG Wen et de l'actrice ZHOU Yun,  avec la projection du film: Gardes du corps et assassins.

    Deux jours  plus tard, toujours au Gaumont Marignan, une soirée Hommage à JIANG Wen, parrain de la manifestation aux c^tés de Jean Réno (adulé dans l'Empire du Milieu) sera organisée avec la projection du film Le Soleil se lève aussi.

    Les Lyonnais pourront aussi découvrir La basketteuse numéro 5 (1957) de XIE JIN , film programmé l'Institut Lumière.

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    Plus d'informations sur le site internet de la manifestation