Venise 2010 : En el futuro de Mauro Andrizzi, queer lion 2010

Posté par MpM, le 11 septembre 2010

11 films étaient en lice pour la récompense suprême de la culture queer et LGBT à Venise, le queer lion, décerné tous les ans pendant la Mostra depuis 2007. C'est donc Mauro Andrizzi (notre photo) qui succède à Tom Ford (A single man) avec son moyen-métrage En el Futuro (présenté en section Orizzonti), un documentaire qui interroge la sexualité sous toutes ses formes.

Etaient également en compétition Black swan de Darren Aronofsky, Drei de Tom Tykwer, Happy few d'Antony Cordier, La solitude des nombres premiers de Saverio Costanzo, Potiche de François Ozon, The tempest de Julie Taymor, En el futuro de Maruo Andrizzi, Sposero nichi vendola d'Andra Costantino, Et in terra pax de Matteo Botrugno et Daniele Coluccini, Capo dio monte de Pappi Corsicato et Lisetta Carmi de Daniele Segre.

Le jury, lui, était composé d'Ivan Stefanutti (directeur artistique du théâtre de l'opéra à Rome et de l'Opéra Comique de Paris), Roberto Cuzzillo (réalisteur et producteur) et de Daniele Sartori (acteur et réalisateur).

Le sponsor principal du prix, Queer Frame, profite de la Mostra pour lancer le premier site italien entièrement consacré au cinéma LGBT, www.queerframe.tv, afin d'offrir une plate-forme de diffusion aux oeuvres normalement exclues des circuits de distribution traditionnels.

Dans un premier temps, trois titres seront mis gratuitement à disposition des internautes dès le 20 septembre : Looking for cheyenne de Valérie Minetto, La Leon de Santiago Otheguy et Domaine de Patrick Chiha. Par la suite, les nouveaux titres seront disponible en streaming, en téléchargement et en dvd. Queer Frame devrait aussi distribuer LA Zombie de Bruce LaBruce (avec François Sagat) en Italie.

Venise 2010 (vidéo) : jour 8 – 13 Assassins de Takeshi Miike et La solitude des nombres premiers

Posté par kristofy, le 10 septembre 2010

Venise 2010 (vidéo) : jour 7 – Alex de la Iglesia, Ben Affleck, et l’équipe de la Venus noire

Posté par kristofy, le 10 septembre 2010

Venise 2010 : 3 questions à Yahima Torrès pour Venus noire

Posté par MpM, le 9 septembre 2010

Abdellatif Kechiche, fidèle à sa réputation de découvreur de talent, offre à Yahima Torrès le rôle exigeant et complexe de Sarah Baartman, connue sous le nom de "Venus Hottentote". Quasi muette, la jeune femme est un masque de douleur et de dignité pendant les 2h39 éprouvantes que dure le film. Une performance qui mérite amplement le prix de la révélation féminine.

EN : Avez-vous hésité à accepter un rôle aussi délicat et exigeant que celui-là ?
Yahima Torrès : Non. C'est vrai, c'est un rôle qui demande beaucoup. On doit tout donner car c'est un rôle lourd à porter... mais c'est tellement important de raconter cette histoire ! C'est une grande responsabilité parce que c'est une vraie histoire. Il faut être respectueux de chaque détail de ce que l'on va raconter. Quand on en a parlé avec Abdel, quand il m'a dit que j'avais le rôle, pour moi c'était un honneur. Je n'ai pas hésité, au contraire j'ai toujours été positive. On était en confiance tous les deux dès le début. Je n'ai pas eu peur ! Même quand il m'a demandé de prendre du poids, de couper mes cheveux, je n'ai jamais hésité. Au contraire ! Quel comédien ne serait pas content de jouer ce personnage ?

EN : Comment s'est passée la préparation du film ?
YT : D'abord, c'était avec Abdel. Il m'a parlé du projet, m'a raconté l'histoire. Il m'a appris à chercher mes émotions. Et puis pour ma préparation plus spécifique, il y avait aussi beaucoup de gens autour de moi : ma professeur d'afrikaners, un prof de danse, un prof de théâtre pour continuer ma formation. Il y avait aussi la résistance physique de mon corps à travailler, pour ne pas l'abimer. Notamment les muscles. Le fait de connaître son histoire m'a aussi permis de m'approprier le personnage. Même si elle ne parlait pas beaucoup, Sarah était quelqu'un de très mystérieux, d'intelligent. C'était elle, l'humaine, pas ceux qui la regardaient. Je savais qu'il y avait des scènes qui seraient dures à tourner. L'ambiance du tournage était tellement conviviale, il y avait un tel respect entre tous les acteurs, une vraie communication... que cela m'a servi de soutien. Même si c'était mon premier tournage, je me suis sentie familiarisée avec tout le monde. J'ai parlé avec Abdel des scènes de nudité. On a beaucoup travaillé tous les deux. Mon point de vue c'est celui du cinéma, il ne faut pas se sentir blessée. Au contraire, on va faire connaître Sarah. Je lui prête mon corps pour faire connaître son histoire. Sur le tournage, je n'ai jamais été blessée psychologiquement. Même si son histoire me touche, en tant qu'être humain, parce qu'elle est triste. SOn voyage en Europe, le fait qu'elle perde ses enfants... Je me suis beaucoup préparée pour transmettre le mieux possible le message aux spectateurs.

EN : Dans le film, il y a l'idée qu'un artiste doit tout donner pour son art. Etes-vous d'accord ?
YT : Si l'on parle en général, oui. Le métier de comédien, c'est suivre le projet d'un réalisateur. Une histoire, un message, quelque chose qu'il veut transmettre au public. Tout ce qu'on aime en tant qu'acteur (maintenant je peux dire "on" !) dans ce métier, c'est de se vider pour s'approprier une autre personnalité. Il faut être capable de jouer des rôles différents, ou tout ce qu'un réalisateur peut demander. Les comédiens sont les passeurs de l'idée du réalisateur vers le public. Alors, oui, je pense qu'il faut tout donner. Surtout pour ce rôle. Pour moi c'était comme une école. Je me suis laissée aller. J'avais confiance en Abdel. Bien sûr, des fois j'étais fatiguée. On voit bien dans le film que ce sont des scènes dures, ça fatigue à la fin de la journée, mais ça c'est normal, ça arrive ! C'est tout, le reste, ça allait.

Venise 2010 (vidéo) : jour 6 – Noomi Rapace et Vincent Gallo

Posté par kristofy, le 9 septembre 2010

Venise 2010 : succès public et professionel

Posté par MpM, le 8 septembre 2010

Alors que le festival est déjà dans sa dernière partie, les premiers chiffres de fréquentation sont tombés et, Marco Mueller peut avoir le sourire, ils sont bons ! Au sixième jour du festival, plus de 22 500 tickets ont en effet été vendus ce qui représente une augmentation de 17% par rapport à 2009. A noter que plus d'un tiers ont été acheté via internet, dont 15% à l'étranger.

Coté journalistes, s'ils sont seulement 4% de plus que l'an dernier (3 427), ce sont surtout les nouveaux médias qui en profitent avec 33% d'accrédités supplémentaires pour les journaux et magazines en ligne. Les journalistes italiens restent une écrasante majorité (2 088 contre 1 339 du reste du monde).

On peut sans doute expliquer cette augmentation par la bonne tenue de la sélection, toutes sections confondues. Une bonne tenue "a priori" qui se vérifie peu à peu dans les salles. Malgré l'absence de très grandes stars américaines, les séances publiques sont particulièrement fréquentées, et le retour des spectateurs relativement enthousiaste. Chez les professionnels, les échos sont eux-aussi positifs, après l'impression en demi-teinte laissée par Berlin et Cannes. Ça se confirme, cette année, c'est vraiment à la Mostra qu'il fallait être...

Venise 2010 (vidéo) : jour 5 – nuit vénitienne avec Tsui Hark, Andy Lau, Li Bingbing, Carina Lau…

Posté par kristofy, le 7 septembre 2010

Venise 2010 : The ditch de Wang Bing, un film chinois choc

Posté par MpM, le 7 septembre 2010

The Ditch

C'est la tradition à Venise, certains films sont sélectionnés secrètement et apparaissent dans le programme sous le nom de "film surprise". Pour savoir ce dont il s'agit, il faut aller le voir ! Il y a quelques années, c'est Still life de Jia Zhang-ke qui a ainsi bénéficié de cette atmosphère de mystère. Résultat : un lion d'or. Tout le mal que l'on peut souhaiter à The ditch (le fossé) de Wang Bing, c'est bien sur de suivre le meme chemin...

Or le film a une chance de séduire le jury, dans la mesure où il aborde une page révoltante de l'histoire chinoise, celle des camps de rééducation. Basé à la fois sur le roman Goodbye Jiabiangou de Yang Xianhui et sur les témoignages de survivants, il décrit les conditions de vie terribles et inhumaines de milliers de citoyens chinois considérés comme réactionnaires et envoyés dans le camp de travail de Jiabiangou, au coeur du désert de Gobi.

Avec une extrême rigueur, le réalisateur filme le quotidien de ces hommes privés de nourriture et de soins, dont beaucoup souffrent de dysenterie, et qui meurent nuit après nuit. On les voit dans le fossé où a été creusé leur abris, écrivant à leur famille, se disputant pour des raisons politiques et surtout agonisant ou découvrant un autre de leur camarade mort. Plus qu'une intrigue, c'est une succession de scènes éprouvantes, bouleversantes, au-delà de toute humanité, où se lit en filigrane l'indescriptible expérience qu'ont vécu ces hommes. Ne travaillant plus, n'ayant rien à manger ni à faire, ils se contentent de rester couchés là, déjà morts au fond d'eux-même. Et hormis quelques scènes trop démonstratives à la fin, Wang Bing parvient à garder une sécheresse narrative et visuelle qui renforce cette impression.

On s'en doute, le sujet est politiquement sensible (ce qui pourrait expliquer la sélection du film sous une forme "surprise"). Wang Bing a toutefois préféré ne pas s'avancer sur ce terrain glissant. "On pourrait dire que le film est politique, ou non, a-t-il expliqué lors de la conférence de presse. On doit parler de cette histoire du passé. Ce qui est essentiel, c'est d'utiliser ces événements pour réfléchir sur le futur. Commencer une discussion libre et ouverte à partir de cette expérience tragique. Ce film est mon espoir pour nous faire réfléchir aux différents rapports entre les hommes, à un présent et à un futur plus vivables pour tous."

Il faut espérer que le gouvernement chinois partage sa philosophie (et son optimisme), sinon il pourrait rejoindre Jia Zhang-ke dans un autre club, celui des cinéastes qui ont eu affaire à la censure.

Venise 2010 : un festival public ?

Posté par MpM, le 6 septembre 2010

Combien seriez-vous prêt à débourser pour passer deux heures avec Catherine Deneuve ou Natalie Portman ? A Venise, le tarif est de 1400 euros. Mais attention, pour ce prix-là, pas condition de bavarder avec la star ou même de lui être présenté. Il s'agit simplement du prix des abonnements pour assister, durant toute la Mostra, aux présentations officielles des films en compétition, confortablement installé au balcon de la grande salle où prennent également place les équipes de film. AVec de la chance, il y aura moyen de faire quelques jolies photos, voire d'obtenir un autographe. Même si au fond, ça fait quand même cher les 10 ou 12 séances de cinéma.

A Venise, contrairement à Cannes, et plus dans le veine berlinoise, le grand public a en effet accès à la plupart des films présentés. Il est même prioritaire sur les séances de prestige, à savoir celles du soir, avec tapis rouge et présentation officielle. Quand on pense qu'il en coûte 40 € pour une projection à 19h30 et 30 € pour celle de 22h, c'est la moindre des choses. Même si ça fait râler certains professionnels...

Toutefois, au-delà du prix prohibitif des séances les plus prisées (les projections non officielles coûtent elles entre 6 et 18 €, ouf !), cette ouverture à un public non professionnel est évidemment une bonne chose. Elle permet à des films comme Angèle et Tony d'Alix Delaporte, présenté dans le cadre de la Semaine de la Critique, ou à Silent souls du Russe Aleksei Fedorchenko, en compétition, de trouver leur public et de lancer le bouche à oreilles. Dans le cas de ces deux films précis, les séances publiques étaient en effet complètes, et l'accueil s'est révélé extrêmement chaleureux. Pas sur qu'il y ait la même affluence le jour de leur sortie en Italie... s'ils sortent un jour.

Néanmoins, pas d'angélisme ! En donnant une chance à des films plus confidentiels et en proposant au public une offre vraiment diversifiée, la Mostra fait certes oeuvre de transmission, mais elle permet aussi de "tester" en direct les films. C'est-à-dire d'étudier leur impact sur une salle, s'ils fonctionnent, et quelles réactions ils obtiennent. Judicieux pour savoir quoi acheter et distribuer : une comédie devant laquelle les rires fusent pendant deux heures ou un drame qui reçoit une standing ovation, c'est forcément plus séduisant qu'un "actionner" devant lequel tout le monde s'endort, ou s'enfuit.

Comme ça chacun y trouve son compte... y compris les inconditionnel(le)s de Ben Affleck, qui n'ont plus qu'à casser leur tirelire pour respirer le même air que lui l'espace d'une projection (The town, mercredi, 19h30)...

Venise 2010 (vidéo) : le week-end, avec Catherine Deneuve, Andy Lau, Tsui Hark…

Posté par kristofy, le 6 septembre 2010