Chaplin, Lynch, Kieslowski, Dolan et Demy en mai sur Netflix

Posté par vincy, le 28 avril 2020

En attendant Resnais, Haneke et Kusturica, et après avoir mis sur sa plateforme 12 films de François Truffaut, Netflix vient d'annoncer le programme des classiques du catalogue MK2 qui arriveront en mai. Une salve de film où l'on retrouve les plus grands Chaplin, la merveilleuse trilogie de Kieslowski, trois films cultes de Xavier Dolan, quatre films mythique de David Lynch et l'intégrale de Jacques Demy.

Collection Charlie Chaplin
Sur Netflix le 1er mai

L'Opinion Publique (1923) - A Woman in Paris
Le Cirque (1928) - The Circus
Les Lumières de la Ville (1931) - City Lights
Les Temps Modernes (1936) - Modern Times
Le Dictateur (1940) - The Great Dictator
La Ruée vers l'Or (1942) - The Great Rush
Monsieur Verdoux (1947)
Le Feux de la Rampe (1952) - Limelight
Un Roi à New-York (1957) - A King in New York

Sélection David Lynch
Sur Netflix le 1er mai
Dune (1984)

Sur Netflix le 8 mai
Eraserhead (1977)
Twin Peaks : Firewalks with me (1992)
Lost Highway (1996)

Sélection Xavier Dolan
Sur Netflix le 8 mai

Les Amours Imaginaires (2010)
Laurence Anyways (2012)
Tom à la Ferme (2013)

Sélection Krzysztof Kieslowski
Sur Netflix le 8 mai

Trois couleurs : Bleu (1993)
Trois couleurs : Rouge (1994)
Trois couleurs : Blanc (1994)

Collection Demy
Sur Netflix le 15 mai

Lola (1961)
La Baie des Anges (1963)
Les Parapluies de Cherbourg (1964)
Les demoiselles de Rochefort (1966)
Peau d'âne (1970)
Le Joueur de flûte (1972)
L'évènement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune (1973)
Une chambre en ville (1982)
Parking (1985)

Et si on binge-watchait… The Circle Game (France) sur Netflix

Posté par wyzman, le 28 avril 2020

En attendant la fin du confinement, la rédaction d’Ecran Noir vous recommande toutes les semaines dans L'Instant Zappette un programme à visionner en streaming. Aujourd’hui, retour sur le phénomène que personne n’avait vu venir : la version française du jeu The Circle !

C’est de la bonne télé-réalité. Adaptée d’un format britannique lancé en 2018 sur Channel 4, The Circle Game repose sur un concept simple : des “joueurs” emménagent dans un immeuble et communiquent via une application de réseau social qui leur permet d’être qui ils souhaitent. Ils ne se rencontre jamais en face-à-face. Tout au long de l’émission, ils se notent entre eux. Les deux joueurs les mieux placés ont la lourde tâche d’éliminer l’un des autres, se rapprochant ainsi du chèque de 100.000 euros offerts au candidat le plus populaire.

Bien que le concept puisse faire grincer les dents de certains (pourquoi regarder une télé-réalité avec des candidats confinés ?), la présence de fake (de faux profils) parmi les joueurs multiplie considérablement les rebondissements. Plus encore, il faut reconnaître que Netflix a mis les petits plats dans les grands côté casting. The Circle Game s’éloigne considérablement des autres télé-réalités du PAF par la seule légitimité de ses joueurs.

La production n’a pas choisi de jeunes hommes et femmes rodés à l’entertainment et juste désireux de devenir célèbres mais bien des candidats crédibles, éduqués et sympathiques. D’un boxeur 9 fois champion du monde à un étudiante bi-nationale en passant par un duo d’amies sexagénaires, un faux père ou encore une fausse gynécologue, la distribution de The Circle Game ravit. Voilà enfin des candidats auxquels on peut s’identifier, qui ont (presque) tout de voisins potentiels.

C’est une enquête sociologique en soi. Les candidats ne sortant pas de leur appartement sans en être autorisés par le Cercle (le fameux réseau social) et ne pouvant rencontrer un autre candidat qu’en cas d’élimination, leur parcours dans l’aventure a tout d’un confinement. Et c’est précisément pour cela que The Circle Game mérite toute notre attention.

Après un mois et demi enfermé chez soi, l’émission du Studio Lambert disponible sur Netflix depuis le 9 avril est un miroir magnifiquement drôle de nos propres déboires. Si les Alerte (les activités proposées par le Cercle) sont nombreuses et toujours stressantes pour les joueurs, le public ne peut que se délecter de cette version améliorée du confinement. Lou, Romain, Inès, Gabriel, Eléa et tous les autres sont intelligents, drôles voire touchants et font n’importe quoi pour s’occuper toute la journée... Pour les logiques de la narration, la production leur a demandé d’exprimer à voix haute ce qu’ils pensent, donnant lieu à des “conversations” montées absolument passionnantes !

Bien évidemment, tous ne manquent pas d’utiliser le Cercle pour échanger, créer des liens voire des alliances. Et le bal des manipulations et des trahisons est vraiment incessant ! Mais parce que tout l'intérêt du jeu est lié à la non-connaissance physique des adversaires, tous sont sujets à des crises de paranoïa des plus hilarantes. Cédric, Valéria et Nélia sont autant de candidats qui fascinent par leur capacité à rester lucides quand les autres craquent sous la pression.

C’est un début extrêmement prometteur. On ne pensait pas le dire mais The Circle Game est une émission de télé-réalité qui nous a pleinement conquis — nous qui n’en avons jamais été fans. Comme quoi, tout est possible pendant un confinement ! Parce que la version française ne dispose à l’heure actuelle que d’une saison, on ne peut qu’apprécier la fraîcheur de candidats qui découvrent en même temps que le spectateur les ressorts scénaristiques imaginés par la production. Des ressorts qui n’ont de cesse de redistribuer les cartes du jeu et de mettre en danger des candidats appréciés pour mieux les faire rester dans le Cercle.

Vous l’aurez compris, le concept, le choix judicieux des candidats et la naissance de liens sincères font de cette émission une réussite à presque tous les niveaux. Si les trois premiers épisodes peuvent sembler complexes, les neuf suivants sont un véritable shoot d’adrénaline que l’on ne saurait que trop vous recommander. Tenez bon donc. Et en cas d’adhésion totale au jeu, notez que les premières saisons des versions américaine et brésilienne sont également sur Netflix !

The Circle Game (France), première saison disponible ici.

7 films pour survivre au confinement (partie 4)

Posté par wyzman, le 27 avril 2020

Pour ne pas sombrer dans l’ennui pendant ce confinement, la rédaction d’Ecran Noir vous propose toutes les semaines une sélection de 7 films disponibles en VOD. L’occasion de redécouvrir des pépites oubliées ou de prendre de belles claques !

Forrest Gump de Robert Zemeckis (Netflix)

Atteint du coronavirus et contributeur VIP du futur vaccin, Tom Hanks est devenu malgré lui l’un des visages phares de la crise sanitaire que nous vivons actuellement. Dans Forrest Gump, portrait anormalement comique des Etats-Unis de la deuxième moitié du 20ème siècle, l’acteur désormais âgé de 63 ans se donne à fond quitte à nous faire fondre. Un must-see !

Love, Rosie de Christian Ditter (Netflix)

Rencontrés à l’âge de 5 ans, Rosie et Alex sont les meilleurs amis du monde. Mais au moment où leurs études doivent les emmener loin, un moment d’égarement et des non-dits vont bouleverser toute leur relation. Un très beau film sur l’amour, le grand, celui qui ne s’éteint jamais.

Monsieur Smith au Sénat de Frank Capra (La Cinetek)

Alors qu’on débat des libertés individuelles, menacées, revoyons ce bijou de la comédie politique américaine avec James Stewart et Jean Arthur. De quoi bien comprendre le poids des lobbys, des médias et retrouver un peu de candeur dans ce monde pourri, entre blasés et hystériques. Garanti sans chloroquine mais de la bonne vitamine.

La chambre interdite de Guy Maddin (Universciné)

Avec La Chambre interdite, Guy Maddin ne nous offre pas une histoire, mais des dizaines, imbriquées les unes dans les autres dans un mélange de cadavre exquis, d'associations d'idées et de variations autour d'un même thème. C'est à la fois follement romanesque, et d'une beauté visuelle à couper le souffle, comme un voyage initiatique dans les recoins les plus reculés de l'histoire du cinéma.

Le monocle rit jaune de Georges Lautner (6play)

Incontournable, quoiqu'injustement méconnue,  voilà une comédie qui parodie avec délice les films d'espionnage à la James Bond. Paul Meurisse est merveilleux en agent spécial sûr de lui qui sème les cadavres dans les rues de Hong Kong et de Macau, tout en multipliant les répliques cultes et les faits d'armes improbables. Peu importent le réalisme et l'intrigue, on se laisse emporter par cette large vague burlesque et irrévérencieuse.

Panic Room de David Fincher (Universciné)

A priori c’était le rêve : une chambre forte dans son appart en cas d’agression. Finalement on comprend que c’est un cauchemar d’être entre quatre murs avec un monde extérieur hostile. Ce thriller virtuose où Jodie Foster s’échappe furtivement sans attestation de son bunker nous interroge finalement sur notre aspiration à être safe dans une vie imprévisible.

The Descent de Neil Marshall (Universciné)

Partir entre copines faire un peu de spéléologie sous terre ça pourrait être sympa sauf quand on y reste coincé, et pour revoir la lumière du jour il faudra se confronter à bien des dangers d'autant plus qu'elles ne seront pas seules à être confinées dans ce gouffre... Si vous avez peur du noir et  si vous être claustrophobe dans l'espace de vos quatre murs vos voisins vont vous entendre hurler.

BONUS : The Hole de Tasai Ming-liang (Universciné)

Une mystérieuse épidémie à Taïwan oblige les habitants à fuir cette pluie contagieuse. Un homme et une femme décident de rester chez eux et communiquent par un trou dans le plafond (ou le plancher, selon). Rien de mieux pour comprendre comment l’homme redevient animal en étant enfermé : la bouffe, le sexe, la slow life, et what else finalement ?

Cannes 2020 : à quoi aurait ressemblé la sélection officielle ?

Posté par kristofy, le 26 avril 2020

Le Festival de Cannes 2020 n'existera pas, du moins pas sous sa forme initiale comme l'indique leur annonce officielle du 14 avril et les différentes déclarations de Thierry Frémaux qui ont suivi. On ne peut pas s'empêcher d'imaginer à quoi il aurait ressembler... Deux personnalités étaient déjà officiellement attendues: d'abord Spike Lee avec une casquette de président du Jury, mais aussi Wong Kar-Wai pour revenir présenter 20 ans plus tard son film In the Mood for Love (qui, en 2000, avait reçu prix d'interprétation masculine pour Tony Leung) en section Cannes Classics. Officieusement d'autres noms noms circulaient comme la venue de Tom Cruise pour la première de Top Gun: Maverick hors-compétition, le nouveau Pixar, Soul, un ouverture de festival, probablement The French Dispatch de Wes Anderson et l'ensemble de son énorme casting qui aurait occupé trois rangées de sièges.

A chaque édition du Festival de nombreux cinéastes sont revenus, par exemple ceux qui y avaient été découverts ou qui y ont déjà reçu un prix, sans oublié  les réalisateurs les plus attendus, souvent considérés comme 'les abonnés de Cannes'. A leurs côtés, sont sélectionnés aussi des premiers films inconnus mais particulièrement maitrisés, et certains cinéastes ayant déjà pu briller dans une autre section parallèle (La Semaine de la Critique ou La Quinzaine des Réalisateurs). Les films de la Sélection Officielle (Compétition, Un Certain Regard, Hors-compétition, Séances spéciales, Séances de minuit...) font l'objet chaque année de pronostics avant leur annonce.

Il n'y aura donc pas de films en Sélection Officielle Cannes 2020 en mai, ni même en juin, sur la Croisette, mais on peut quand-même deviner (et verser une larme sur le report du Festival) quels films on y aurait vu en haut des marches : 3 réalisateurs déjà Palme d'or, et 5 femmes réalisatrices (un record!)... On peut encore rêver d'un accord d'union sacrée avec Venise, d'un label "Cannes 2020" avec projections à Lumière à Lyon ou dans différents festivals prestigieux, s'ils ont lieu.

Nul ne doute que ces films seront à Locarno, Venise, Angoulême, New York ou Londres. Et surtout, on l'espère, sur les grands écrans, une fois qu'ils auront rouverts.

Ce ne sont que des pronostics, subjectifs.

Compétition officielle

THE FRENCH DISPATCH, de Wes Anderson (Etats-Unis) - film d'ouverture, déjà en compétition en 2012
THREE MOTHERS, de Naomi Kawase (Japon) - femme réalisatrice, déjà Caméra d’or à Cannes en 1989
L’HISTOIRE DE MA FEMME, de Ildiko Enyedi (Hongrie) - femme réalisatrice, déjà 6 fois à Cannes
avec Léa Seydoux, Louis Garrel, Jasmine Trinca, Gijs Naber
MAINSTREAM, de Gia Coppola (Etats-Unis) - femme réalisatrice, avec Andrew Garfield, Maya Hawke, Chris Messina
ALI & AVA, de Clio Barnard (Angleterre) - femme réalisatrice
ADN, de Maïwenn (France) - femme réalisatricedéjà 2 fois à Cannes, avec Marine Vacth, Fanny Ardant, Louis Garrel, Dylan Robert, Samir Guesmi
LINGUI, de Mahamat-Saleh Haroun (Tchad) - déjà 3 fois à Cannes
MEMORIA, de Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande) - déjà 6 fois à Cannes dont Palme d'or en 2010, avec Tilda Swinton, Jeanne Balibar, Elkin Diaz
BENEDETTA, de Paul Verhoeven (Pays-Bas) - déjà 2 fois à Cannes, avec Virginie Efira, Charlotte Rampling, Lambert Wilson, Clotilde Courau, Daphné Patakia, Louise Chevillotte, Jonathan Couzinié
ANNETTE, de Leos Carax (France) - (déjà 3 fois à Cannes) avec Adam Driver et Marion Cotillard
MEKTOUB MY LOVE: CANTO DUE, de Abdellatif Kechiche (France) - déjà 2 fois à Cannes dont Palme d'or en 2013
TROIS ÉTAGES, de Nanni Moretti (Italie) - déjà 10 fois à Cannes dont Palme d'or en 2001
ÉTÉ 85, de François Ozon (France) - déjà 4 fois à Cannes
THE LAND OF HAPPINESS, de Im Sang-soo (Corée du Sud) - déjà 2 fois à Cannes
DRUNK, de Thomas Vinterberg (Danemark) - déjà 2 fois à Cannes, avec Mads Mikkelsen
LO QUE ALGUNOS SONARON, de Michel Franco (Mexique) - déjà 4 fois à Cannes
GOODNIGHT, SOLDIER, de Hiner Saleem (Irak) - déjà 2 fois à Cannes
WIFE OF A SPY, de Kiyoshi Kurosawa (Japon) - déjà 5 fois à Cannes
DEAD & BEAUTIFUL, de David Verbeek (Pays-Bas) - déjà 1 fois à Cannes
LAST NIGHT IN SOHO, de Edgar Wright (Angleterre), avec Anya Taylor-Joy, Thomasin McKenzie, Matt Smith, Terence Stamp, Diana Rigg

Hors compétition / Séance de Minuit

PENINSULA, de Yeon Sang-ho (Corée du sud)
PRISONERS OF THE GHOSTLAND, de Sono Sion (Japon), avec Nicolas Cage, Imogen Poots
RESPECT, de Liesl Tommy (Etats-Unis), avec Jennifer Hudson, Forest Whitaker, Marlon Wayans, Queen Latifah, Mary J. Blige

Hors compétition / Séance Spéciale

TOP GUN: MAVERICK, de Joseph Kosinski (Etats-Unis), avec Tom Cruise
SOUL, de Pete Docter & Kemp Powers (Etats-Unis), film d'anmation du studio Pixar
POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE, de Stéphane Brizé (France), avec Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain, Anthony Bajon PAR CE DEMI-CLAIR MATIN, de Bruno Dumont (France), avec Léa Seydoux, Blanche Gardin et Benoît Magimel
ARTHUR RAMBO de Laurent Cantet (France), avec Rabah Naït Oufella

Film de clôture : COMEDIE HUMAINE, de Xavier Giannoli (France), avec Gérard Depardieu, Cécile de France, Xavier Dolan, Vincent Lacoste, Jeanne Balibar

La section Un Certain Regard aurait pu accueillir par exemple d'autres films au 'profil cannois' comme THE NEST de Sean Durkin (Etats-Unis) ; LACCI de Daniele Luchetti (Italie, avec Alba Rohrwacher, Laura Morante, Giovanna Mezzogiorno) ; UNCLENCHING THE FISTS, de Kira Kovalenko (Russie) ; ALGÉRIEN PAR ACCIDENT, de Karim Aïnouz (Brésil) ; L’ENNEMI de Stephan Strecker (Belgique, avec Jérémie Renier, Alma Jodorowsky, Emmanuelle Bercot, Félix Maritaud) ; L’HOMME QUI AVAIT VENDU SA PEAU, de Kaouther Ben Hania (Tunisie, avec Monica Bellucci) ; SHORTA de Frederick Louis Hviid et Anders Ølholm (Danemark) ; ainsi que quantité de films français qui souhaiteraient être présentés à Cannes comme MANDIBULES de Quentin Dupieux (avec Grégoire Ludig, David Marsais, Adèle Exarchopoulos, India Hair, Coralie Russier, Bruno Lochet, Roméo Elvis) ; PETITE NATURE, de Samuel Theis (avec Aliocha Reinert, Izia Higelin, Antoine Reinartz) ; SERRE MOINS FORT, de Mathieu Amalric ; LE QUAI DE OUISTREHAM, de Emmanuel Carrère (avec Juliette Binoche) ; MON LÉGIONNAIRE de Rachel Lang (avec Louis Garrel)

Et si on regardait… Opérations Jupons

Posté par vincy, le 25 avril 2020

Lundi 27 avril sur Arte, à 20h55, on vous recommande très vivement Opérations jupons, film de guerre pas comme les autres, mixant dans un même pot de peinture, le romantique, l'action, le queer, le féminisme (et son inverse, le sexisme), le grivois et le burlesque.

Blake Edwards était un prodige dans le genre. Avec ce scénario hybride et réjouissant, nommé aux oscars, il va enfin se faire une belle place à Hollywood. jusqu'ici, les commandes avaient été diverses et variées: des séries tv, des films de genre, de la comédie. Rien de marquant. Opérations Jupons va être son premier carton, deux ans avant Breakfast at Tiffany's (Diamants sur canapé). Ici il s'agit de gagner une guerre avec les moyens du bord: des avaries, des femmes (ça porte malheur) à bord, des marins en chaleur, des vivres et des outils en pénurie, ... C'est une double cohabitation qui s'annonce: celle d'un commandant aguerri avec un lieutenant novice et peu conformiste, et celle de sous-mariniers avec cinq superbes femmes-infirmières devant être rescapées. Et de temps en temps les Japonais lâchent des bombes.

Opération Jupons est typiquement le film hollywoodien qui repose sur ses deux stars masculines, antagonistes par l(âge et le style de séduction, mais surtout les plus ambivalentes du cinéma hollywoodien de l'époque.

En daddy, le bisexuel Cary Grant (nommé aux Golden Globes pour sa performance), toujours un peu factieux, sûr de son statut de tête d'affiche, cabotinant légèrement avec ce personnage de vieux loup de mer , amusé par les prouesses de son jeune lieutenant, très sérieux quand il s'agit de lancer des missiles, fussent-ils un leurre à base de soutiens-gorges. Cary Grant est au top de son charme et de sa carrière. Il ne tournera que cinq films après celui-là (dont le délicieux Charade), mais en cette année 1959, il est aussi la vedette de La mort aux trousses d'Alfred Hitchcock, assurément son film le plus iconique de sa longue carrière débutée en 1932. Les temps qui grisonnent, il a enchaîné des succès aussi différents qu'Indiscret et Elle et lui. Grant avait d'ailleurs refusé le rôle dans un premier temps, considérant qu'il était trop âgé pour dirigé un sous-marin, fut-il peint en rose par un hasard de circonstances, rôle qu'il avait déjà endossé 16 ans auparavant dans Destination Tokyo (un tout autre registre).

"Lt. Cmdr. Matt T. Sherman: Ditess-moi quelque chose. Pourquoi avez-vous rejoint la Navy?
Lt. Nicholas Holden: Parce que j'avais besoin d'un uniforme d'officier."

En doublure plus jeune, le non moins séduisant Tony Curtis, fidèle d'Edwards, métrosexuel avant l'heure, malin comme un singe, débrouillard sans scrupule (ce qui lui coûtera quelques affaires), snob un peu pédant, capable de tous les compromis, et pas forcément promis à une carrière de capitaine. Ça pourrait être une affaire père fils ou maître élève. Niveau jeu, la partition est très différente, si bien que les deux acteurs peuvent être dans leur zone de confort sans faire de l'ombre à l'autre, ce qui créé une belle alchimie virile. Tony Curtis est alors en pleine ascension. Il tourne depuis dix ans à peine, mais a déjà à son actif des films forts et populaires comme Les vikings, la Chaîne, Le grand chantage et Trapèze. Surtout, en cette année 1959, il se travestit dans Certains l'aiment chaud, comédie culte de Billy Wilder, avec Marilyn Monroe et Jack Lemmon. D'ailleurs pour la comédie de Wilder, Tony Curtis, grand fan de Cary Grant depuis son adolescence, avait calquer sa voix sur celle de son aîné.

De la taille des bonnets au phallique submersible, tout est évidemment un peu érotique dans le sous-texte. Les marins ne sont pas réputés très subtils dans l'art de la drague: et de voir débarquer un escadron féminin alimente les réflexions un brin misogynes. cependant, le mélange des deux sexes va s'avérer plutôt salvateur dans cette guerre en plein Pacifique. C'est une ode à la féminité: la femme est non seulement l'égale de l'homme (même en mécanique) mais elle l'améliore (jusqu'aux plus endurcis). Hommes ou femmes sur le front, tout le monde est finalement à la même enseigne, à chanter "Ce n'est qu'un au revoir " en guise de communion de nouvel an.

"Vous voyez, quand une fille a moins de 21 ans, elle est protégée par la loi. Quand elle a plus de 65 ans, elle est protégée par la nature. N'importe où entre les deux, elle est un jeu équitable!"

Derrière cette "potacherie" brillamment menée, aux couleurs vives du climat floridien, il y a quelques anecdotes véridiques: le manque de papier toilettes (déjà) est réellement survenu et a fait l'objet d'un courrier officiel au sein de la marine, un sous-marin, le Sealion, a bien été coulé alors qu'il était à quai aux Philippines et, last but not least, le Seadragon fut peint en rouge après avoir vu sa couleur noire sérieusement abimée par un raid aérien.

Désormais classé parmi les sous-marins les plus célèbres du cinéma (et parmi les rares dans la comédie), le Tigre des mers rugira une dernière fois (un immonde rot de pétroleuse). On soulignera qu'un remake a été réalisé en 1977 avec Jamie Lee Curtis, fille de Tony et de Janet Leigh, dans le rôle de Barbara, celle qui tombe amoureuse du beau lieutenant.

4e hit de 1959, Opérations Jupons fut un énorme succès aux Etats-Unis, bien plus important que Certains l'aiment chaud (6e) et La mort aux trousses (8e). Cary Grant, grâce à ses deux films, fut l'acteur le plus bankable de l'année après Rock Hudson. En France, ce fut l'ordre inverse: Certains l'aiment chaud (4 millions d'entrées), La mort aux trousses (3,5 millions) et Opérations Jupons (1,3 million). A vous de vous rattraper.

Le CNC a autorisé 52 films à s’affranchir de la chronologie des médias

Posté par vincy, le 24 avril 2020

31 au départ, 52 trois semaines plus tars. Avec cinq nouveaux films ayant reçu cette semaine l’accord du CNC pour une sortie anticipée en vidéo, possible grâce à l’article 17 de la loi d’urgence du 23 mars 2020, Judy de Rupert Goold (26 février), Dark Waters de Todd Haynes (26 févriero), Radioactive de Marjane Satrapi (11 mars), Jeanne de Bruno Dumont (11 septembre 2019) , l'occasion de revoir Christophe et d'entendre sa musique, et Un jour si blanc d’Hlynur Palmason (29 janvier) pourront sortir en vidéo à la demande, dvd et blu-ray avant la date prévue par la chronologie des médias.

Depuis la liste initiale de 31 films début avril, le CNC a donné son accord pour des sorties anticipées à La dernière vie de Simon de Léo Karmann, Soumaya de Waheed Khan et Ubaydah Abu-Usayd, En avant de Dan Scanlon, L'appel de la forêt de Chris Sanders, Un vrai bonhomme de Benjamin Parent, Mission Yeti de Pierre Gréco et Nancy Florence Savard, Les traducteurs de Régis Roinsard, L'état sauvage de David Perrault, 10 jours sans maman de Ludovic Bernard, La danse du serpent de Sofia Quiros Ubeda, Le prince oublié de Michel Hazanavicius , Sortilège d'Ala Eddine Slim, Deux de Filippo Meneghetti, The gentlemen de Guy Ritchie, Chut... ! d'Alain Guillon et Philippe Worms, et Oskar & Lily d'Arash T. Riahi.

Cette mesure continue d'être d'actualité puisque les salles de cinéma ne sont toujours pas rouvertes. La réouverture n'aura pas lieu avant fin juin, et certains plaident même pour un report vers la fin de l'été.

Le Festival Format Court revient sur sa première édition… en attendant la prochaine !

Posté par MpM, le 23 avril 2020

Alors qu'aurait dû se tenir la deuxième édition de son festival, décalée à l'automne, le site Format Court, dédié à l'actualité du court métrage depuis plus d'une décennie, propose depuis le 22 avril un retour en films et en images sur son édition 2019.

On peut ainsi découvrir chaque jour jusqu'à dimanche une douzaine de courts métrages sélectionnés l'an passé, articulés autour de plusieurs thématiques telles que les réalisateurs passés au long-métrage, les films interrogeant la marge, des courts primés aux César ou encore des films d'étudiants à l'ESRA.

Parmi les oeuvres mises en avant pour l'occasion, on vous recommande chaudement La Queue de la souris, film d'école de Benjamin Renner ; Foutaises de Jean-Pierre Jeunet, César du meilleur court métrage en 1991 ; Le Repas dominical de Céline Devaux, sélectionné à Cannes en 2015, puis César du meilleur court métrage d'animation, que l'on peut d'ores et déjà retrouver sur le site de Format Court, mais aussi Sassy-boy Slap-Party de Guy Maddin ou Longueur, fréquence, intensité, émotion de Xavier Séron et Méryl Fortunat-Rossi, qui seront ajoutées au fil des jours.

A noter que la sélection du 2e festival Format Court est déjà connue, et qu'elle réunit notamment Sapphire Crystal de Virgil Vernier, Genius Loci de Adrien Merigeau, Love he said de Inès Sedan, L’Aventure Atomique de Loïc Barché ou encore Sole Mio de Maxime Roy.

Et si on binge-watchait… Atypical sur Netflix

Posté par wyzman, le 23 avril 2020

En attendant l’éventuelle libération du 11 mai, Écran Noir continue de vous accompagner durant ce confinement. En plus des films, la rédaction est mobilisée pour vous faire découvrir de nouvelles séries. Aujourd’hui, parlons un peu de notre coup de coeur pour Atypical !

C’est une série profondément humaine. A 18 ans, Sam Gardner est un adolescent atteint d’un trouble autistique qui vit avec sa famille dans le Connecticut. Tout semble aller pour le mieux jusqu’au jour où il déclare à ses proches qu’il aimerait bien rencontrer des filles et avoir une petite amie. L’annonce fait l’effet d’une bombe et rapidement, sa mère Elsa, son père Doug et sa soeur Casey doivent se faire à l’évidence : Sam grandit et devient un homme.

Principalement centrée sur la quête d’indépendance de Sam, Atypical vaut le détour pour la représentation juste et poussée d’une jeunesse autistique loin d’être aussi fragile qu’on ne le pense. Au cours des 28 épisodes de 30 minutes que comptent les trois premières saisons d’Atypical, nous suivons ainsi Sam dans sa découverte des interactions sociales, physiques et émotionnelles.

Extrêmement proche de sa mère depuis sa naissance, il se rapproche de son père dès lors qu’il est questions des filles/femmes. L’occasion pour la créatrice Robia Rashid de permettre des discussions particulièrement pertinentes sur la place de l’homme et du sexe dans notre société.

Le casting d’Atypical est parfait. A l’instar de The Good Doctor, Atypical s’intéresse à un personnage principal autiste incarné par un acteur non-autiste. Et tout comme Freddie Highmore, Keir Gilchrist (27 ans) fait un travail remarquable pour apporter consistance, cohérence et sensibilité au personnage de Sam. Une véritable réussite tant son interprétation est touchante et ne cesse de questionner le spectateur sur son propre rapport aux différences des autres.

Pour jouer ses parents, la production a choisi Jennifer Jason Leigh (Les Huit Salopards) et Michael Rapaport (Boston Public). Mais c’est bien évidemment l’actrice qui joue la soeur de Sam qui retient une grande partie de l’attention : Brigette Lundy-Paine. Au fil des épisodes, le personnage de Casey passe du stéréotype du jeune garçon manqué à celui d’adolescente qui explore pleinement sa personnalité. A eux deux, Keir Gilchrist et Brigette Lundy-Paine inspirent toute une génération d’adolescents toujours plus à même d'écouter les besoins de leur corps.

Autour d’eux gravite en outre une belle brochette d’acteurs remarquables : Nik Dodani excelle dans le rôle du meilleur ami stupide de Sam, Graham Rogers trouve une nouvelle jeunesse grâce au personnage du petit ami de Casey. Et quand ce n’est pas Raul Castillo de Looking qui joue les barmans anormalement sexy dans les deux premières saisons, c’est Eric McCormack de Will & Grace qui s’improvise enseignant d’art à l’Université dans la troisième salve d’épisodes.

C’est un programme pour les adolescents et les adultes. Parce qu’Atypical s’intéresse avec beaucoup de sincérité aux changements que peuvent connaître les familles dont l’un des membres est autiste, son propos s’avère destiné au plus grand nombre. Car lorsque l’on ne suit pas les aventures de Sam dans sa vie amoureuse ou estudiantine, Atypical nous dévoile les failles d’un couple qui a cessé d’être un couple à la naissance de leur fils et les multiples questionnements d’une adolescente qui découvre sa sexualité.

Avec humour et tendresse, le programme de Netflix — dont la quatrième et dernière saison est attendue pour 2021 — a de quoi vous régaler. On n’y rit pas des autistes mais bien avec eux. Leurs moments de doute, de joie, d’incompréhension ou de rejet… Atypical montre tout sans jamais être moralisatrice. Une sacrée réussite !

Atypical, les trois premières saisons disponibles sur Netflix ici.

Et si on regardait… des courts fantastiques du BIFFF

Posté par kristofy, le 22 avril 2020

Le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles, le BIFFF, qui devait se tenir ce mois d'avril a été annulé comme tant d'autres événements à cause du coronavirus. Rendez-vous est prix pour une prochaine édition l'année prochaine en 2021...

En attendant durant cette période de confinement les équipe du BIFFF ont régulièrement proposé diverses suggestions de films à regarder chez soi, dont aussi des courts-métrages. Eteignez les lumières, et découvrez par exemple cette sélection :

Synthia : pour ne pas se sentir seul ça serait sympa de parler à un robot, mais une intelligence artificielle ça peut répondre à sa façon...

Occupant : que faire quand on est chez soi et qu'on entend des bruits bizarres dehors ?

Flotando : un astronaute confiné seul reçoit une étrange visite...

Et si on binge-watchait… Mrs. America sur Canal +

Posté par vincy, le 21 avril 2020

Pendant le confinement, Ecran Noir s’occupe de votre listes de séries à découvrir ou rattraper. Aujourd’hui, une série qui vient de débuter, le 15 avril, sur Hulu aux Etats-Unis, sur Canal + en France: Mrs. America.

Trois épisodes, c'est court. Six autres sont attendus, comme des micro-saisons. Mais trois épisodes avec Cate Blanchett, c'est évidemment inoubliable tant elle est formidable. Eblouissante même. En incarnant l'ultra-conservatrice Phyllis Stewart Schlafly, activiste, écrivaine très vendue, opposée à l'avortement et à l'égalité des sexes, obsédée par la menace nucléaire soviétique et contre tout traité de désarmement, elle brille à chaque plan. Qu'elle encaisse une humiliation masculine ou qu'elle manipule les mères de famille pour sa propre gloire, qu'elle force son sourire face caméra, capable d'assumer des fausses-vérités pour avoir raison, ou qu'elle s'allonge en étoile de mer pour assurer le devoir conjugal, Cate Blanchett, avec son élégance naturelle, ses nuances infimes qui trahissent sa pensée, et sa maîtrise parfaite du rôle, épate.

Mais elle n'est pas seule. Car, Mrs. America est une fresque historique qui s'amorce au début des années 1970 pour s'achever sous l'ère Reagan. Au troisième épisode, Nixon n'est pas encore réélu. Réalisée par Anna Boden & Ryan Fleck, Amma Asante, Laure de Clermont-Tonnerre et Janicza Bravo, la série est le récit du grand combat féministe, du vote incertain de l'Equal Rights Amendment à la première candidature d'une femme noire pour l'élection présidentielle, du droit des femmes à avorter comme du choix des épouses à rester au foyer.

Selon ses opinions, on sera plutôt d'un côté que de l'autre, même si le scénario évite tout manichéisme (Phyllis, après tout, est une femme puissante, pas une épouse soumise). Car, Mrs America se découpe par personnages. Si Phyllis Schlafly est au centre de l'intrigue (Blanchett est productrice tout de même), on découvre les différents visages du mouvement féministe de l'époque: Gloria Steinem (Rose Byrne), en attendant les biopics prévus sur elle, Shirley Chisholm (Uzo Aduba), Bella Abzug (Margo Martindale), Betty Friedan (Tracey Ullman)... Autant d'égos et de batailles persos qui dramatisent les enjeux tout en amenant les fondations aux débats. L'impuissance du politique et l'immobilisme idéologique se fracassent dans un chaos où chacun a ses arguments.

Côté casting, mentionnons aussi Elizabeth Banks, Ary Graynor, Jeanne Tripplehorn, Sarah Paulson, John Slattery, ou encore James Marsden. C'est de la haute société hollywoodienne.

Pas si loin de nous

Derrière cette série d'époque, on saisit aussi comment les conservateurs vont l'emporter sur les libéraux. Si le combat de l'égalité semble juste, c'est bien l'Amérique morale, religieuse, traditionnelle, qui va insidieusement placer ses pions pour balayer "les hippies, les gauchistes et les lesbiennes" avec l'arrivée de Reagan en 1980, rendant l'Amérique plus puritaine et communautariste que jamais. Mrs. America c'est d'ailleurs une saga sur les droits des femmes, mais aussi des noir(e)s et des LGBT. Si des conquêtes ont réussi au fil des décennies, on verra que rien n'est acquis et qu'il faut se battre parfois, convaincre souvent, jusqu'à la parfaite cuisinière de gâteau à la banane.

L'histoire non binaire est à savourer délicieusement. La réalisation pop, que Todd Haynes n'aurait pas reniée, les personnages à fort caractère et les dialogues piquants enrichissent le conflit d'idées dans une sorte de mix entre Desperate Housewives et House of Cards. La série est à l'image de ce générique fabuleux, sur l'air de "A Fifth of Beethoven" de Walter Murphy, remix disco de la mythique partition classique, aussi enjouée que rythmée.

Bref, on a hâte de voir la suite...