Et si on binge-watchait… Devs sur Canal+

Posté par kristofy, le 27 mai 2020

En attendant la fin de cette crise sanitaire, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées mais encore sur vos écrans. Et parce que cette période de confinement-déconfinement, qui semble sans fin, est propice à diverses réflexions sur l'ancien monde et un possible nouveau monde, alors on vous recommande la mini-série (8 épisodes), Devs, dispo sur Canal +.

Alex Garland et son univers
Avant de s'être fait un nom avec des images d'un futur imaginaire, Alex Garland était scénariste d'anticipation prémonitoire après avoir été auteur de romans de dimension parallèle : ses histoires sont liées à la science-fiction mais il s'agit surtout de sciences humaines. Il s'intéresse à nos rapports (à soi, aux autres) dans une société un peu différente de celle qu'on connaît... C'est son roman La Plage qui sera adapté au cinéma par Danny Boyle avec Leonardo DiCaprio (entouré de Guillaume Canet, Virginie Ledoyen, et Tilda Swinton!) qui attire l'attention. Son roman suivant - Tesseract - devient un film de Oxide Pang avec Jonathan Rhys Meyers (et toujours la Thaïlande comme décor). C'est le réalisateur Danny Boyle qui va le conduire au scénario de cinéma pour les films 28 jours plus tard plein de zombies et Sunshine dans l'espace. Les 3 films qu'ils ont en commun explorent le même thème: celui de redéfinir des règles de vivre ensemble dans un contexte de survie et dans un microcosme de société voué à disparaître (une île, une épidémie, un vaisseau spatial). Alex Garland est aussi scénariste de Never let me go réalisé par Mark Romanek avec Keira Kinightley, Andrew Garfield et Carey Mulligan, un récit à propos de clonage humain, qui a, encore, le thème d'une fin de l'humanité... Désormais, Alex Garland veut devenir réalisateur et mettre en image lui-même ses interrogations futuristes : Ex Machina avec Alicia Vikander en robot développant une intelligence artificielle, et Annihilation (en adaptant cette fois lui le roman d'un autre) avec Natalie Portman et un mystérieux phénomène de mutation.
C'est ce même Alex Garland qui a fait la série Devs, ce qui donne une bonne raison de la regarder !

Une ambiance de complot sophistiquée
Le futur est l'univers dans lequel baigne Alex Garland. Dans Devs, cela ne fait pas exception. Une grosse entreprise informatique, qui génère beaucoup d'argent, développe en secret un futur projet appelé "Devs". Personne ne sait vraiment ce dont il s'agît mais les meilleurs programmateurs sont repérés pour rejoindre ce projet comme Sergueï. Retrouvé 'suicidé', sa compagne et collègue Lily cherche à savoir pourquoi il est mort et ce qui se cache derrière ce Devs... Dès le début, le spectateur sait qu'il ne s'agit pas d'un suicide. On découvrira les faits en même temps que l'héroïne de la série. Une autre originalité de cette série est son casting  hétéroclite : le personnage principal est une femme asiatique Sonoya Mizuno (une fidèle de Alex Garland), entourée de Karl Glusman (révélé surtout par Gaspar Noé), Alison Pill (trop discrète au cinéma), Cailee Spaeny (qui a changé d'apparence), et la jeune Linnea Berthelsen (de la série Stranger Things).

Le pouvoir de l'esprit
Une nouvelle fois Alex Garland convoque un décorum SF pour y étudier des comportements humains parfois excessifs. Cette quête a pour décor une entreprise high-tech futuriste au milieu d'une forêt et surtout une construction en forme de cube et s'imprègne d'une musique aux notes dissonantes : à chaque séquence un élément visuel ou sonore renforce le sentiment d'étrangeté. Le secret de Devs est dévoilé progressivement et révélé à la fin de la série. Les épisodes racontent aussi de l'espionnage, une dépendance au numérique, un drame intime... Beaucoup de dialogues seront familiers aux fans de la trilogie informatique Matrix comme cette réflexion sur la relation de cause à effet, le libre arbitre, la prédiction d'évenements, le déterminisme. L'intrigue de Devs qui est de résoudre un mystère est en effet accompagnée de métaphysique quantique, mais tout cela reste centré sur l'Humain qui cherche à...
se réinventer ?

Devs disponible sur Canal+ ici.

Et si on binge-watchait… Mrs. America sur Canal +

Posté par vincy, le 21 avril 2020

Pendant le confinement, Ecran Noir s’occupe de votre listes de séries à découvrir ou rattraper. Aujourd’hui, une série qui vient de débuter, le 15 avril, sur Hulu aux Etats-Unis, sur Canal + en France: Mrs. America.

Trois épisodes, c'est court. Six autres sont attendus, comme des micro-saisons. Mais trois épisodes avec Cate Blanchett, c'est évidemment inoubliable tant elle est formidable. Eblouissante même. En incarnant l'ultra-conservatrice Phyllis Stewart Schlafly, activiste, écrivaine très vendue, opposée à l'avortement et à l'égalité des sexes, obsédée par la menace nucléaire soviétique et contre tout traité de désarmement, elle brille à chaque plan. Qu'elle encaisse une humiliation masculine ou qu'elle manipule les mères de famille pour sa propre gloire, qu'elle force son sourire face caméra, capable d'assumer des fausses-vérités pour avoir raison, ou qu'elle s'allonge en étoile de mer pour assurer le devoir conjugal, Cate Blanchett, avec son élégance naturelle, ses nuances infimes qui trahissent sa pensée, et sa maîtrise parfaite du rôle, épate.

Mais elle n'est pas seule. Car, Mrs. America est une fresque historique qui s'amorce au début des années 1970 pour s'achever sous l'ère Reagan. Au troisième épisode, Nixon n'est pas encore réélu. Réalisée par Anna Boden & Ryan Fleck, Amma Asante, Laure de Clermont-Tonnerre et Janicza Bravo, la série est le récit du grand combat féministe, du vote incertain de l'Equal Rights Amendment à la première candidature d'une femme noire pour l'élection présidentielle, du droit des femmes à avorter comme du choix des épouses à rester au foyer.

Selon ses opinions, on sera plutôt d'un côté que de l'autre, même si le scénario évite tout manichéisme (Phyllis, après tout, est une femme puissante, pas une épouse soumise). Car, Mrs America se découpe par personnages. Si Phyllis Schlafly est au centre de l'intrigue (Blanchett est productrice tout de même), on découvre les différents visages du mouvement féministe de l'époque: Gloria Steinem (Rose Byrne), en attendant les biopics prévus sur elle, Shirley Chisholm (Uzo Aduba), Bella Abzug (Margo Martindale), Betty Friedan (Tracey Ullman)... Autant d'égos et de batailles persos qui dramatisent les enjeux tout en amenant les fondations aux débats. L'impuissance du politique et l'immobilisme idéologique se fracassent dans un chaos où chacun a ses arguments.

Côté casting, mentionnons aussi Elizabeth Banks, Ary Graynor, Jeanne Tripplehorn, Sarah Paulson, John Slattery, ou encore James Marsden. C'est de la haute société hollywoodienne.

Pas si loin de nous

Derrière cette série d'époque, on saisit aussi comment les conservateurs vont l'emporter sur les libéraux. Si le combat de l'égalité semble juste, c'est bien l'Amérique morale, religieuse, traditionnelle, qui va insidieusement placer ses pions pour balayer "les hippies, les gauchistes et les lesbiennes" avec l'arrivée de Reagan en 1980, rendant l'Amérique plus puritaine et communautariste que jamais. Mrs. America c'est d'ailleurs une saga sur les droits des femmes, mais aussi des noir(e)s et des LGBT. Si des conquêtes ont réussi au fil des décennies, on verra que rien n'est acquis et qu'il faut se battre parfois, convaincre souvent, jusqu'à la parfaite cuisinière de gâteau à la banane.

L'histoire non binaire est à savourer délicieusement. La réalisation pop, que Todd Haynes n'aurait pas reniée, les personnages à fort caractère et les dialogues piquants enrichissent le conflit d'idées dans une sorte de mix entre Desperate Housewives et House of Cards. La série est à l'image de ce générique fabuleux, sur l'air de "A Fifth of Beethoven" de Walter Murphy, remix disco de la mythique partition classique, aussi enjouée que rythmée.

Bref, on a hâte de voir la suite...

Confinement: le streaming en pleine forme, la chronologie des médias obsolète

Posté par vincy, le 2 avril 2020

Les confinés que nous sommes passent de plus en plus de temps sur les écrans (4h29 quotidiennement en mars de consommation télévisuelle, soit 44 minutes de plus qu'en mars 2019). La SVod explose.

La dernière semaine de mars, en France, 5 millions de confinés étaient branchés sur une plateforme, contre 2,7 millions il y a un an. En une semaine, le nombre de programmes regardés est passé de 14,8 millions à 18 millions, avec, en tête, la 3e saison (plutôt réussie) d'Elite sur Netflix et la dernière saison de The Walking Dead sur OCS. Netflix est le grand vainqueur de cette période : l'application a été téléchargée deux fois plus dans le monde, ses séries occupent toutes les places du Top 10 des consultations, les souscriptions ont doublé au minimum, s'accaparant les deux tiers de la consommation de Svod. Des séries comme Peaky Blinders, Stranger Things, Messiah, Riverdale occupent le terrain jusque dans les recherches Google. Et l'arrivée de la 4e saison de La Casa de Papel cette semaine va dynamiter les compteurs.

Dans le contexte, et en l'absence de salles de cinéma, il était urgent que la chronologie des médias s'adapte en France. Car, on le voit bien, hormis les feuilletons quotidiens sur les grandes chaînes nationales, les créations françaises sont inexistantes. Alors même que la vidéo à la demande profite elle aussi d'une forte croissance grâce à des initiatives comme La Toile ou des plateformes de niche comme La Cinetek, Queerscreen, Tënk ou Bref cinéma. D'autant que Canal + a du arrêter la gratuité mardi : on n'évite aucune guéguerre en France. Les chaînes concurrentes (TF1, M6) et des ayant-droits se sont plaints de cette opération destinée à valoriser les contenus de Canal (dont d'excellentes séries françaises comme Baron noir, Hippocrate, Le bureau des légendes ou la deuxième saison de L'amie prodigieuse qui commence se soir) en période de confinement au détriment de leurs intérêts (fortement fragilisés depuis le début de la crise sanitaire qui touche le pays).

Sorties anticipées en vod

Hier soir, le Conseil d’administration du CNC a finalement décidé la mise en place de nouvelles mesures pour faire face à cette période exceptionnelle.

La loi d'urgence sanitaire du 23 mars a donné la possibilité au président du CNC, Dominique Boutonnat, d’accorder des dérogations aux films encore en salles le 14 mars pour des sorties anticipées en vidéo à la demande. 25 demandes ont été déposées dans ce sens selon le Film Français, 11 selon Le Monde. Aux Etats-Unis, où il n'y a pas de chronologie des médias, les poids lours de l'hiver ont déjà été mis en ligne. Dernier en date, La Reine des neige 2 qui a avancé sa diffusion en vod de trois semaines.

Restait à savoir ce qu'il advenait des films qui devaient sortir après la date de confinement (18 mars, 25 mars, ...). Le CNC a officialisé la dispense de remboursement des aides du CNC, conditionnés à leur sortie en salles. Autrement dit, si tous les ayant-droits sont d'accord pour diffuser le film en vidéo à la demande, et non pas en salles de cinéma, les producteurs et distributeurs pourront toucher ces aides tout en évitant une exploitation au cinéma. C'est un premier pas en avant, qui montre que la chronologie des médias n'est plus si sacrée.

Souveraineté, exception culturelle et soft power

Alors que Disney + débarque le 7 avril et que le gouvernement parle de souveraineté nationale à tout bout de champs, il serait temps de faire prévaloir l'exception culturelle française, notion un peu oubliée, pour que les confinés, prisonniers chez eux, aient un accès simple et efficace, ôté de toute logique dogmatique à un contenu le plus varié possible. Mettre à disposition dans les foyers dès maintenant des films récents n'est pas à l'ordre du jour pour l'instant. On peut au moins sauver certains films prévus en début de printemps dans les salles, qui ont peu de chance de pouvoir lutter contre l'inflation de sorties lors du déconfinement, en les proposant à un public naturellement captif. Il s'agit de montrer les œuvres et d'assurer des recettes pour des productions qui risquent de n'avoir ni l'un ni l'autre quand les cinémas seront rouverts.

Et c'est toujours mieux que de laisser les Français face à une offre principalement américaine.

Ce n'est pas une question de souveraineté, mais de soft power. Les références culturelles et les habitudes de la demande se forgent d'abord dans l'offre. Pourquoi pas les sagas de Pagnol, les comédies avec Louis De Funès ou les Tontons flingueurs. Mais le cinéma et la télévision française peuvent aussi montrer qu'ils peuvent rivaliser avec des productions étrangères. Même si personne n'oserait ici Sex Education (Netflix), Game of Thrones (OCS) ou les Vikings (Amazon).

On en revient à l'audace et à l'écriture, mais c'est un autre débat.

#jerestechezmoi et je regarde quoi?

Posté par vincy, le 18 mars 2020

Attention. Le temps d'écran doit être limité. On vous recommande de bouger (il y a de bons cours de gym en ligne), de lire (même des livres numériques), de cuisiner (pas que des spaghettis). Mais il faut bien occuper les journées.

France 2 proposera tous les jours après le journal de 13H un film patrimonial français avec dès lundi Jean de Florette suivi mardi de Manon des sources. Et chaque lundi soir, France 5 reprend sa case "Place au cinéma" avec pour commencer Tchao Pantin le 16 mars dernier, suivi de Tootsie le 23 mars. Le groupe maintient ses rendez-vous cinéma du dimanche soir (sur France 2 et France 4), le film pour toute la famille du mercredi soir sur France 4 et le film du jeudi soir sur France 3.

Canal + a annoncé le passage en clair (gratuit) de la chaîne cryptée sur toutes les box. En bonus, les chaînes thématiques sont accessibles sans contrepartie pour ses abonnés. De quoi récupérer des films (récents tels Parasite) et séries (originales) tels Sauvages, Hippocrate, Baron Noir, Le bureau des légendes....

L'Institut national de l'audiovisuel offrira dès mercredi et pendant trois mois, un accès gratuit à sa nouvelle plateforme de streaming Madelen, soit 13000 contenus patrimoniaux (séries, fictions, documentaires, concerts mais aussi courts métrages...). L'abonnement sera de 2,99€.

Orange offre à ses abonnés jusqu'au 31 mars l'accès aux quatre chaînes OCS (OCS Max, OCS City, OCS Choc et OCS Géants) et à Boomerang, Tiji, Boing, Toonami et Canal J (mais pas à leurs services à la demande). Pour les non abonnés, l'offre OCS (qui comprend le catalogue HBO pour le moment, mais aussi de grands classiques du cinéma et des séries comme La servante écarlate) peuvent profiter d'une offre spéciale à 4,99 euros par mois pendant quatre mois, au lieu de 11,99 euros.

N'oublions pas Open Culture et ses 1150 films disponibles: Classiques, westerns, films muets, films rares… Et c'est gratuit!

Enfin, on vous recommande évidemment La Cinetek et ses bijoux cinéphiliques. Plusieurs offres : 2,99€ par mois sans engagement, 30€ pour 12 mois, 59€ pour 12 mois et 12 films, ou à la carte avec chaque film à 2,99€.

Et sinon il y a Netflix, bien entendu. La plateforme vient de lancer les nouvelles saisons d'Elite et de Ozark. La Casa de Papel arrive d'ici deux semaines. Et d'ici fin avril, on attend Extraction, le nouveau blockbuster avec avec Chris Hemsworth.

Edito: Combat épique

Posté par redaction, le 20 juillet 2017

C'est finalement le grand conflit de l'année: Netflix face au cinéma. Christopher Nolan, dont le film Dunkerque semble être un chant du cygne pour le 70mm, a donné son avis sur le sujet lors d'une interview à Indiewire.

"Netflix a une étrange répugnance à soutenir la sortie de films au cinéma. Ils ont cette politique insensée de rendre tout simultanément disponible en ligne lors de la sortie, ce qui est un modèle évidemment intenable pour des sorties au cinéma. Du coup, ils ne sont même pas dans le jeu, et je pense qu’ils ratent une énorme opportunité." Il prend l'exemple d'Amazon: "On peut remarquer qu’Amazon est très satisfait de ne pas faire la même erreur:lLes cinémas ont une fenêtre de tir de 90 jours avant de passer en streaming . C'est un modèle parfaitement viable." Pour lui, "l'investissement que Netflix met dans des réalisateurs et des projets intéressants serait plus admirable si ce n'était pas utilisé comme un étrange moyen d'influence pour écarter les salles de cinéma. C'est vain."

Pourtant Netflix continue de grandir avec son modèle. Le cap des 100 millions d'abonnés dans le monde a été dépassé. Martin Scorsese est l'une de leurs dernières grosses prises, avec The Irishman qui réunit Al Pacino, Robert de Niro, Harvey Keitel et Joe Pesci. Dernière gros coup qui date d'hier: Sandra Bullock avec son projet Bird Box, réalisé par Susanne Bier. Deux projets auxquels s'ajoutent Bright avec Will Smith, Outlaw King avec Chris Pine et le prochain Dan Gilroy avec Jake Gyllenhaal.

La technique de carnet de chèque semble fonctionner. Même sans l'attrait des salles de cinéma (et donc des Oscars, du box office, etc...).

En France, face à un Canal + affaiblit, Orange a décidé de passer à la vitesse supérieure. En créant la semaine dernière Orange Content, qui rassemble Orange Studio et les chaînes OCS, le groupe cherche à investir davantage dans le cinéma et les séries (100 millions d'euros sur 5 ans pour les séries tout de même), que ce soit en coproduisant ou en acquérant les droits de distribution. Pour ça Orange va renforcer son partenariat avec Canal +, mais aussi signer un accord exclusif avec UGC Images. Par ailleurs, Orange Studio ouvrira à la rentrée 2017 un nouveau département de ventes internationales et UGC Images lui confiera la commercialisation internationale de l’ensemble de ses films dès l’an prochain.

Cela suffira-t-il? Tout est question d'offre. Si les films et les séries sont à la hauteur, le consommateur aura le choix entre une offre européenne et la plateforme Netflix plutôt américaine. Netflix a juste une longueur d'avance (mais un cash-flow en berne). Et avec tous ces concurrents, le téléspectateurs s'y perd (et ne peut pas forcément payer plusieurs abonnements). Ce qui séduit chez Netflix, malgré son obsession de l'exclusivité qui sort les films du circuit classique, c'est bien de choisir les plus grands auteurs, les plus grandes stars. Et ça fonctionne: Netflix comme l'un de ses films, Okja, étaient parmi les 10 films et sujets les plus mentionnés sur les réseaux sociaux durant le Festival de Cannes.

Edito: Canal confidentiel

Posté par redaction, le 6 juillet 2017

C'est paradoxal l'information. Enfin la communication. Canal Plus essaye de survivre. Non pas que le groupe soit menacé d'extinction mais les affaires ne vont plus aussi bien. Entre l'arrivée de Netflix, qui séduit par son bas tarif, l'excécrable saison télévisuelle de ses émissions en clair, les sanctions à répétition contre son produit phare sur C8, la désastreuse image véhiculée par son patron et qui a terni trente ans de gloire cathodique, Canal Plus n'a plus l'esprit cool, hype, glam d'avant.

Les projets ne manquent pas pour revitaliser l'ancienne star que le monde nous enviait. A commencer par un lifting de Dailymotion, une nouvelle politique tarifaire, des partenariats stratégiques pour être mieux diffusé. Et puis, Maxime Saada, directeur général du groupe, demande à travers une interview que la chronologie des médias soit adaptée à l'époque.

"Notre demande principale, c'est que l'on ramène le délai actuel de diffusion des films sur Canal+ de dix mois à six mois après la sortie en salles. Au moment où les Netflix et Amazon prennent des positions dominantes, cette mesure nous paraitraît un geste fort. Nous voudrions également que les acteurs vertueux du PAF, qui payent leurs impôts en France, qui respectent les quotas, bénéficient d'avancées notables. Et que les moins vertueux (c'est-à-dire les Netflix, iTunes, SFR…) en soient écartés. Au nom de l'équité. Il y a enfin un autre dossier que nous allons mettre sur la table du nouveau gouvernement, c'est celui du piratage. La France est championne du monde dans le domaine. La perte pour le seul groupe Canal+ est de 500.000 abonnés! Il existe pourtant des parades efficaces, qui ont fait leur preuve en Allemagne et au Portugal, où chaque fraudeur identifié est mis à l'amende. Nous réclamons un dispositif législatif à l'identique. Sachez qu'un grand succès comme Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu a été piraté 4,2 millions de fois avant d'être diffusé sur notre antenne. C'est inadmissible" explique-t-il dans le JDD.

Canal Plus a des atouts pour faire pression: sa part dans le financement du cinéma français et dans la création de fictions.

Malheureusement, le message est brouillé depuis deux jours. Canal Plus voulait frapper les esprits (du PAF). C'est surtout l'esprit Canal qui a frappé en plein pif.  Neuf sociétés de gestion de droits d'auteur ont décidé de poursuivre le groupe pour "défaut de paiement des auteurs", une décision unilatérale prise par le big boss Vincent Bolloré. Canal+ a cessé tous paiements de droits d’auteurs depuis le 4e trimestre 2016, afin de faire des économies.

La ministre de la Culture a rappelé que Canal - premier financeur du cinéma et l’un des principaux financeurs de la production audiovisuelle - joue "un rôle particulier dans l’écosystème de la création française". Soulignant: "En conséquence, aucune stratégie de réduction des coûts, fût-elle justifiée par la volonté d’améliorer la situation financière, ne saurait exonérer une entreprise des obligations qui découlent de ses contrats avec les sociétés d’auteurs".

Cette politique qui touche les auteurs, toujours les moins bien lotis dans les devis ou le paiement des factures, est incompréhensible. Surtout quand le groupe cherche à vouloir modifier la chronologie des médias ou vouloir faire pression sur le gouvernement pour la lutte contre le piratage. Ainsi, le message de Maxime Saada s'est perdu dans le brouillard crypté des déclarations sans portée car l'urgence est ailleurs, et en clair: Canal Plus risque gros à ne pas rémunérer les centaines d'auteurs qui nourrissent son antenne. On peut toujours se plaindre qu'un Apple, Netflix ou Amazon ne soient pas "vertueux". Encore faut-il être vraiment vertueux soi-même.

Cannes 2016 sera beaucoup moins Canal Plus

Posté par vincy, le 12 mars 2016


Depuis hier soir, la rumeur circulait sur les réseaux sociaux. Le site Puremedias.com a crevé l'abcès qui enflait: Canal Plus à Cannes, ce sera Canal Moins.

Grosses pertes financières

Contrairement à ce qu'avait annoncé le directeur de la chaîne il y a quelques temps, Maxime Saada, la chaîne partenaire du Festival de Cannes va fortement réduire la voilure. Objectif: réduire au maximum les coûts. Le Conseil de surveillance de Vivendi avait alerté le 19 février dernier que le groupe "n’avait pas les moyens de supporter indéfiniment les pertes des chaînes Canal+ en France" qui se sont aggravées cette année pour atteindre 265 millions d'euros.

Service minimum à Cannes

A l'écran, il n'y aura finalement ni l'émission cinéma Le Cercle, dont deux numéros étaient prévus, ni Ali Baddou en seconde partie de soirée (on savait déjà que Le Grand Journal n'y serait pas, et avec le changement d'horaires des Guignols, il était évident que les marionnettes n'en seraient pas).

Aussi Canal Plus ne diffusera que les deux cérémonies (ouverture et clôture) animées par Laurent Lafitte, fortement remaniées et disposant d'un budget plus important, et des duplex avec Le Grand Journal pour la montée des marches quotidiennes.

Sur la Croisette, le régime est aussi sec. Terminée la fameuse soirée Canal sur les hauteurs du vieux Cannes. L'un des plus importants rendez-vous mondains du Festival n'aura donc pas lieu. Mais c'est la fermeture du Patio Canal +, espace privé et "oasis" sur le port à deux pas du Palais, qui inquiète le plus. Ce lieu privatif était le QG des professionnels et artistes (et pas seulement français) pour échanger ou monter des projets. C'est aussi là que la rentrée télévisuelle de Canal Plus se négociait. La décision est symbolique quand il s'agit du premier partenaire du cinéma français.

Canal+ et les chaînes du bouquet Ciné+ représentent ensemble 20 % du financement global des films français, en préachetant une centaine de films chaque année pour les œuvres d’expression originale française. Mais le nombre de films préachetés et le volume global de préachats stagnent. En 2005, Canal+ préachetait 120 films (pour 126 millions d’euros) contre 103 films en 2014 pour 135,88 millions d’euros. Idem pour sa filiale Ciné+ dont l’investissement décroit depuis cinq ans (83 films pour 15 millions d’euros en 2014).

Faut-il que les professionnels du cinéma s'inquiètent?

Depuis la reprise en main ferme de la chaîne par Vincent Bolloré, les mauvais signaux s'enchaînent pour le cinéma français, qui craint un désengagement de Canal Plus dans la production des films d'auteurs, très dépendants de ses finances. D'autant que la chaîne a peu de marge par rapport à ses obligations: elle doit consacrer à l'acquisition de droits de diffusion d'œuvres cinématographiques européennes et d'expression originale française respectivement au moins 12 % et 9 % de leurs ressources totales. La fermeture du Patio, c'est une manière de dire que Canal Plus ne veut plus être au centre du jeu du 7e art français. Ce n'est pas juste une question d'austérité budgétaire, mais bien un effet d'affichage majeur durant le plus grand festival (et marché) du film de la planète. C'est une manière de dire que le cinéma n'est plus une priorité pour Canal, qui préfère mettre son argent ailleurs.

Car le cinéma n'est plus le motif principal pour s'abonner. Les séries (où la concurrence est très vive avec l'arrivée de Netflix, entre autres) et le sport (où Canal Plus a perdu quelques gros appels d'offres récemment) sont bien plus porteurs. Alors que les recettes déclinent, que le modèle économique est égratigné, Vincent Bolloré cherche à investir dans des contenus déclinables sur plusieurs supports et permettant une diffusion plus globale (y compris internationale). Ces derniers temps, le groupe Vivendi, qui possède 100% de Canal Plus mais aussi Dailymotion, opte plutôt pour le secteur des jeux vidéos et chercherait à se désengager de Universal Music.

Certes, en perdant de gros paquets d'abonnés (plus de 400 000 l'an dernier selon la presse) et avec des audiences moribondes sur certaines tranches en clair, la chaîne doit se réinventer. L'esprit Canal est dépassé.

Le partenariat avec le Festival de Cannes était-il nécessaire?

Ça n'a pas empêché Canal Plus de reconduite son partenariat avec le Festival de Cannes pour cinq ans, surenchérant sur l'offre de France Télévisions. Mais était-ce finalement si stratégique de le conserver dans ces conditions? Le Festival savait-il que Canal Plus allait se désengager du Festival aussi bien sur le petit écran que sur la Croisette? Selon Puremedias.com, le Festival aurait exigé de la chaîne cryptée  un dispositif différent cette saison, en raison de la faiblesse des audiences du Grand Journal qui porte habituellement la manifestation. C'est sur cette base que Maxime Saada avait annoncé un dispositif plus "cinéma" et assez ambitieux. Complètement mis à terre, ce dispositif conduira-t-il le Festival à renégocier le partenariat et pourquoi pas le dénoncer? Difficile de le dire puisqu'on ignore les obligations réelles qui lient la chaîne au Festival. Il n'est pas interdit d'imaginer que la chaîne misera plutôt sur le site web dédié au Festival afin de donner plus de force à ses contenus sur les réseaux.

Une présence toute relative

Ironie du sort, tandis que Canal Plus a préféré tout supprimé, France Télévisions risque de proposer plus de temps d'antenne sur le Festival que la chaîne "officielle". Cependant, relativisons tout ça. La présence médiatique à Cannes ne subira que peu d'impact avec 4000 journalistes du monde entier présents sur la Croisette. La soirée Canal ne manquera pas plus que ça quand une une demi douzaine d'évènements ont lieu ce même soir, sans compter les bars et lieux privés qui accueillent festivaliers et "people". Quant au Patio, aussi impressionnant soit-il, il n'était qu'un des lieux privilégiés des professionnels qui ont le choix entre les suites de Palace réservées par les vendeurs, agents et distributeurs ou les espaces (notamment sur certaines places) où l'on peut tranquillement déjeuner en plus de rencontrer ses confrères ou futurs partenaires.

Un choix de raison salutaire

Pour le public, l'absence du Grand Journal en face du Martinez manquera certainement. Mais ce Grand Journal était aussi très critiqué par le choix de ses invités, plus souvent des personnalités "people" que des artistes de cinéma venus présenter un film. Pour la profession, cela ne changera pas grand chose. Aucun journaliste n'utilisait Canal Plus comme source d'information par exemple. Et nul ne doute que les cadres de la chaîne en charge du cinéma ou la filiale StudioCanal seront au rendez-vous.

On pourrait même affirmer que Canal Plus a sans doute eu raison de prendre ces décisions. Depuis quelques années, les grands sponsors du Festival avaient déjà été conduits à être moins présents en terme d'affichage (qui, à une époque, défigurait la Croisette). Canal Plus ne fait que suivre le mouvement, avec quelques années de décalage.

Laurent Lafitte, MC du Festival de Cannes 2016

Posté par vincy, le 10 mars 2016

Le pensionnaire de la Comédie Française Laurent Lafitte sera le Maître de Cérémonie de la 69ème édition du Festival de Cannes. L'annonce a été faite sur la chaîne du groupe Vivendi qui diffuse les deux cérémonies.

Espérons pour les producteurs qu'ils n'ont pas vu son One-Man-Show où il faisait un sketch fou autour d'un fist-fucking... A moins qu'il aient apprécié son humour grinçant façon À votre écoute, coûte que coûte sur France Inter.

Lafitte succède à Lambert Wilson, qui a animé les deux cérémonies précédentes. Parmi les autres hommes ayant eu cet honneur, il y a eu Vincent Cassel et Edouard Baer. Les deux cérémonies d'ouverture et de clôture sont plutôt présentées par des femmes: Jeanne Moreau (trois fois, un record), Carole Bouquet, Sabine Azéma, Isabelle Huppert, Kristin Scott Thomas, Virginie Ledoyen, Charlotte Rampling, Monica Bellucci, Laura Morante, Cécile de France, Diane Kruger, Mélanie Laurent, Bérénice Bejo et Audrey Tautou.

Laurent Lafitte a été récemment à l'affiche de Papa ou maman, gros succès public, L'Art de la fugue et Boomerang. Il sera sur les écrans cette année dans Elle de Paul Verhoeven, pressenti pour être sur la Croisette. Il va tourner L'Extraordinaire Voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea de Marjane Satrapi.

11 chiffres à retenir sur le Cinéma à la télévision

Posté par vincy, le 4 novembre 2014

publicité canal +plus avatarSelon le CNC, l’offre de cinéma progresse à la télévision. Alors que Canal +, partenaire incontournable du cinéma célèbre ses 30 ans aujourd'hui, le CNC a publié les chiffres de 2013 (Le document dans son intégralité) concernant l’offre de films sur les chaînes nationales françaises gratuites.

Grâce à la TNT, le 7ème art a connu une renaissance sur le petit écran.

3,7 millions de spectateurs en moyenne sur les chaînes nationales (France 2, France 3, TF1, M6). Cette diminution par rapport à 2012 (231 000 spectateurs perdus) touche avant tout les films français. On est surtout très loin de la moyenne des années 2004-2007 (4,8 millions de téléspectateurs). Mais n'empêche pas le cinéma de redevenir une valeur sûre dans un PAF très fragmenté. De plus, les films inédits enregistrent une audience moyenne supérieure aux autres (4,2 millions de téléspectateurs), même si, là aussi, on constate un déclin par rapport aux années 2004-2007 (5,4 millions de téléspectateurs). Quatre films ont dépassé les 8 millions de téléspectateurs en 2013 (tous sur TF1, lire notre actualité du 30 décembre 2013).

+ 15,9%: 2 129 œuvres cinématographiques différentes ont été diffusées contre 1 837 en 2012. Dont 44,6% sur les chaînes nationales publiques (France Télévisions, Arte et LCP-AN) qui ont diffusé 950 œuvres, soit 65 films de plus qu’en 2012. France 3 et France 4 ont cependant réduit leur offre (respectivement de 26 et 9 films). Les chaînes nationales privées gratuites (TF1, qui revient au niveau de 2010 avec 13 films de plus mais reste très loin de 2005 avec 43 films de moins, M6, stable mais très en dessous de son record de 2005 avec une perte de 68 films, et les chaînes privées gratuites de la TNT) ont programmé 1 219 films en 2013 (+227 films par rapport à 2012).

429 films diffusés sur Arte, la fenêtre la plus cinéphile du PAF (et un record historique pour la chaîne). 51 titres de plus en 2013. Double exploit: Arte diffuse des films art et essai et des films du patrimoine, tout en réussissant à fédérer des audiences qui dépassent souvent le million de téléspectateurs. Arte se distingue en diffusant avant tout des films européens (179) et français (123), loin devant des films américains (101). Et contrairement aux préjugés, Arte diffuse majoritairement des films de moins de 10 ans (58,5%) et une grosse partie d'inédits (46,9%).

1 061 œuvres cinématographiques différentes (dont seulement 96 inédits) pour un total de 2 007 diffusions ont trouvé leur place sur les chaînes de la TNT privée gratuite. C'est une hausse de 243 films (+29,7%). En 2008, l'offre ne représentait que 630 films. Notons que certaines de ses chaînes diffusent davantage de films que des chaînes comme France 3 ou M6. D8 (154 films), TMC (153 films), NT1 (151 films, dont 45,7% déjà diffusés en 2012), HD1 (141 films) et W9 (131 films dont 51,1% de films déjà diffusés en 2012) sont ainsi de gros pourvoyeurs de films sur le petit écran, et souvent avec succès . Le cinéma américain est dominant avec 46,1% des films diffusés. Par ailleurs, Gulli, HD1 et NT1 sont celles qui ont proposé le plus de films inédits.

377 films et 1936 diffusions pour Canal +. Une légère hausse (+6 titres) mais elle est trompeuse. En 2006, la chaîne cryptée proposait 462 films! et 2079 diffusions. Parmi les films diffusés 50,9% sont français, 36,1% sont américains, un écart qui s'est réduit de près de 9 points! Autre particularité, Canal + diffuse 97,9% de films de moins de 10 ans et 89,7% d'inédits.

34,7% des films programmés par les chaînes nationales gratuites en 2013 ont déjà diffusés en 2012. En 2006, cette proportion n'était que de 9,6%!

11,4% des films ont été diffusés sur deux ou trois chaînes différentes à quelques mois d’intervalle en 2013. Cette pratique est également en hausse.

12,1% . C'est la part de films inédits programmés sur les chaînes nationales gratuites, soit un total 483 films, le niveau le plus haut de la décennie.

1 963 diffusions en première partie de soirée. Merci la TNT privée gratuite et les chaînes HD.

412. C'est le nombre de films européens diffusés en 2013. C'est un record depuis 2005! 59 films n'étaient ni français, ni européens, ni américains (loin du record de 2010 avec 75 films). Le cinéma français continue de dominer légèrement le cinéma américain avec 845 oeuvres cinématographiques nationales contre 813 venues des USA. L'écart se réduit au fil des années cependant. En 2005, les films français représentaient 49,1% de l'offre (31,2% étaient américains, 16,7% européens). En 2013, les films français n'occupaient que 39,7% des diffusions (38,2% de films américains, 19,4% européens).

58% des films diffusés l'an dernier étaient vieux de plus de 10 ans. Ainsi les films datant de la période 1983-2003 étaient quasiment aussi nombreux que ceux de la période 2003-2003.

Les petites ambitions cinématographiques de Netflix

Posté par vincy, le 2 octobre 2014

michelle yeoh tigre et dragon

Netflix s'est fait connaître avec les séries (House of Cards). Mais la société américaine a aussi des ambitions dans le cinéma. En annonçant à deux jours d'intervalle deux partenariats exlcusifs de production cinématographique, le "leader mondial de la TV en streaming" (50 millions d'utilisateurs selon ses propres chiffres) affiche ses velléités.

Netflix proposera ainsi le 28 août 2015 la suite de Tigre et Dragon ( Crouching Tiger Hidden Dragon 2: The Green Destiny). Le film sortira en simultané dans les salles IMAX et sur le petit écran, dans tous les pays où le service est présent. Modérons le coup d'éclat : en France, avec la règlementation sur la chronologie des médias, une sortie simultanée en SVàD et sur grand écran est impossible - il ne sera donc disponible qu'en SVàD; et aux Etats-Unis, deux grands circuits de salles (Regal et Cinemark) ont déjà refusé de sortir le film dans leurs salles Imax s'il sort en même temps en SVàD.

Le film, produit par Miramax, est réalisé par Yuen Wo-ping et seule Michelle Yeoh reprend du service dans un casting où l'on retrouve Harry Shum Jr. et Donnie Yen.

Ensuite, ce matin, Netflix a envoyé un communiqué indiquant qu'elle diffusera quatre films produits et interprétés par Adam Sandler, l'un des comédiens les plus populaires aux Etats-Unis (même si son étoile pâlit au box office ces dernières années). Ils seront destinés exclusivement aux utilisateurs de Netflix. "Quand on m'a proposé de faire quatre films, j'ai tout de suite dit oui parce que Netflix c'est trop de la balle! En avant le streaming!" a lancé Adam Sandler. En dehors de Copains pour toujours et de sa suite, Sandler a surtout connu d'importantes déconvenues au box office. Son dernier film Blended n'ayant rapporté que 46M$ et Crazy Dad à peine 37M$. Pour Sandler, c'est une manière de reconquérir son public, plus apte à s'amuser de ses frasques en vidéo le samedi soir. Pour Netflix, c'est l'assurance de proposer des comédies populaires.

Mais pas de quoi faire bondir les utilisateurs français, public ingrat qui n'a jamais vraiment été séduit par l'humour de Sandler.

Loin d'être encore une menace pour ses concurrents français

Ce n'est pas encore avec ces deux premières annonces que Netflix va jouer les perturbateurs dans l'industrie du cinéma - tout comme il n'a pas encore révolutionné l'industrie des programmes pour la télé et internet. Pas de quoi faire peur non plus, en France, au contributeur historique du cinéma français, Canal +. Et quand bien même, Netflix France annoncerait de telles ambitions, il faudrait que la société se plie aux règles de la concurrence et interviennent sur plusieurs films locaux par an.

En s'installant au Luxembourg, comme Apple et Amazon, Netflix y gagne fiscalement et financièrement, c'est certain, et s'enlève de nombreuses contraintes juridiques, c'est évident. Mais le groupe doit contribuer au financement de la production audiovisuelle française en devant verser 2% de son chiffre d'affaires en France au Centre national du cinéma et de l'image. Et Netflix devra payer la TVA à partir du 1er janvier sur ses recettes françaises. En revanche, il ne peut solliciter aucune aide à la production.

Pour l'instant Netflix échappe à l'impôt français sur les sociétés, à l'obligation de signalétique d'âge et aux quotas (60% de contenus européens et 40% de contenus français dans son catalogue). Il ne doit pas non plus s'assurer que 12% de ses recettes proviennent de visionnage de programmes français.

La solution pour remédier à cette distorsion de concurrence ne peut venir que de la nouvelle Commission européenne, qui doit poursuivre le travail de la précédente en obligeant tout diffuseur à respecter les règles du pays auxquels sont destinés les contenus. Si un contenu est diffusé ou consommé en France, le groupe devra respecter les lois françaises.

Même la nouvelle ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, s'est résolue à ce principe. Jusque là, cette spécialiste du numérique avait, diplomatiquement, chercher à ne pas de fâcher avec les multinationales du Net.

"C'est une situation qui ne doit pas se régler en vilipendant les sociétés qui font ce choix, puisque c'est un choix de rationalité économique", mais en "faisant en sorte qu'on harmonise les conditions fiscales au niveau européen", avait-elle déclaré il y a un mois. Elle va désormais plus loin : "L'avantage concurrentiel qu'ils en retirent doit par conséquent être neutralisé", désignant Netflix, débarqué en France le 15 septembre, sans jamais le citer.

En deux semaines, le réseau français compterait plus de 100 000 utilisateurs en France (Canal + en revendique près de 10 millions et son service de SVàD CanalPlay environ 500 000). Le chiffre peut paraître impressionnant : mais n'oublions pas que l'offre est gratuite pour le premier mois d'abonnement. Reste à savoir combien de téléphages paieront entre 8 et 12 euros par mois pour voir les films et séries de Netflix.