Il n’y a pas que le Méliès…

Posté par vincy, le 12 mars 2008

Jusqu'à la fin du mois, le cinéma de Mons-en-Montois (Seine-et-Marne), alias le plus petit cinoche de la région Ile de France, est fermé. Baisse de fréquentation à l'automne, coîts de chauffage en forte hausse, faiblesse des subventions (à peine 1 000 euros par mois) : la trésorerie est à sec. La salle de 50 places doit donc ferme plutôt que de perdre de l'argent. Bien sûr, cela ne concerne que 424 habitants et un peu plus avec la zone d'achalandise.

A l'autre bout du spectre, l'UGC Triomphe, l'une des salles les plus connues des Champs Elysées. Une salle appartenant au plus grand des réseaux sur l'avenue la plus prestigieuse de la capitale. La pression immobilière (qui a touché aussi le bureau de poste et la pharmacie) a conduit à la fermeture définitive. Au delà des coûts, la concurrence de l'UGC Cité Ciné de La Défense a porté un coup terrible à la fréquentation du site. Les salles des Champs ont toutes menacées, sans exception. Même le Planet Hollywood (et sa salle privée) ont du renoncer à cette adresse. A terme, l'UGC Normandie et le Balzac pourraient fermer.

Tout cela se fait discrètement. Le cinéma du monde sur les Grands boulevards devrait être transformé en salle de théâtre pour Jamel. Le Gaumont Gobelins devrait accueillir la Fondation Pathé. L'UGC convention est désormais un souvenir lointain, détruit. Et n'oublions pas les grands écrans : le Kinopanorama ou plus récemment, le Grand écran Italie. Que de salles qui disparaissent.

Le mètre carré trop cher ou le nombre d'entrées en baisse n'expliquent pas tout. Les habitudes des cinéphiles ont changé, et surtout leurs lieux de sortie. Montparnasse, les Champs et Opéra, à Paris, ont fait place à l'Est parisien (de Stalingrad à Bercy/Bibliothèque nationale). De nombreux multiplexes ont émergé en très proche banlieue. La capitale n'est plus au coeur des sorties des franciliens. Manque de transports le soir et la nuit, coût astronomique des restaurants, ... de nombreux facteurs expliquent la désertion de certaines zones.

Les salles art et essai sont sans doute les plus vulnérables en terme de coûts. Mais devant l'opacité des recettes (en France on ne donne que les chiffres d'entrée), impossible de savoir quelles sont les plus fragiles. Cependant, il est évident que la présence d'un cinéma dans un quartier, une ville, une zone rurale est primordiale en terme d'action culturelle ; que cela impacte sur les autres commerces qui peuvent en tirer une dynamique économique ; que des aides publiques ne sont pas forcément de la distorsion de concurrence ; qu'il va bien falloir réguler les prix du marché de l'immobilier ou fixer un tarif fixe pour les baux à usage culturel.   

Il y a une injustice à voir des salles respectées pour leur programmation ne pouvant pas développer leur "business" (le Méliès à Montreuil, le Rex à Paris, Utopia à Bordeaux) à cause de décisions parfois plus politiques que fondées. Mais il va surtout falloir démontrer que le modèle économique des grands réseaux et celui des indépendants peut coexister sainement. De par leur mission, ils diffèrent. L'un doit remplir ses salles en réduisant la tarif du billet et faire des bénéfices avec le pop corn quand l'autre cherche à fidéliser en proposant festivals, expositions, débats, concerts...  Là encore personne n'a à craindre l'autre. C'est la pluralité qui permettra au cinéma d'être toujours varié, généreux, et créatif.

Le plus bel exmple vient d'ailleurs de MK2. En plein quartier latin, il y a deux MK2 face à deux UGC. Un monopole complet pour ceux qui ont des cartes "illimitées". Le MK2 Odéon est situé sur le boulevard Saint-Germain, visible de tous. Programmation art et essai et grand public, de Dany Boon à Sean Penn. Le MK2 Hautefeuille, à quelques pas, dans une rue cachée, propose plutôt des reprises, des films qui sont sortis il y a longtemps, des exclusivités confidentielles, des cycles, des cartes blanches aux artistes. C'est bien cette dualité sur laquelle repose toute l'industrie du cinéma, du Festival de Cannes aux Oscars, du Box Office aux cinéphiles et critiques pointues.

Plutôt que de faire la guerre aux cinémas, petits ou gros, prestigieux ou isolés, aidons-les. C'est à la fois la vitalité d'un quartier qui est en jeu mais aussi la diversité des films.

8 millions de ch’tis, émoi, et pas moi?

Posté par vincy, le 10 mars 2008

J'avoue : je ne l'ai toujours pas vu. Je ne suis pas certain de vouloir voir Bienvenue chez les Ch'tis. Dans sa critique sur Ecran Noir, Karine, qui a si bon goût, a trouvé le temps long avec ce sketche étiré. Sur Facebook, notre cher illustrateur Petsss n'a pas perdu de son mordant : " Comedie pitoyable que meme Francis Veber aurait du mal a s'autoriser a ecrire. Ce film semble sortir tout droit de la vieille France des annees 60. Peu valorisant pour vendre une région qui vaut certainement mieux que ce naufrage. Qui peut croire encore que Lille est une ville d'arrierés? De qui se moque t-on? Convenu (bien que voulant donner des leçons), lourd et naif. "

Toujours est-il que de Monaco à Bondy, de Lille aux MK 2 parisiens, la comédie de Dany Boon a déjà attiré 8,2 millions de spectateurs en 20 jours. Assuré de passer le cap des 10, le score final pourrait frôler celui de La grande vadrouille et ses 17 millions d'entrée. Le phénomène de cette petite vadrouille entre corniauds (Merad/De Funès, Boon/Bourvil) est désormais bien ancré : visites touristiques du village, expressions ch'tis dans les journaux...

Ne nous plaignons pas : si Astérix avait fait ce carton, on serait peut-être obligé de se mettre au grec ancien.

La Cité Ciné de Besson made in 9-3

Posté par geoffroy, le 10 mars 2008

Fidèle à sa réputation, Luc Besson a présenté le 7 février dernier sa future Cité du Cinéma aux riverains de Seine Saint-Denis. Ce n’est que le 29 février, soit trois semaines plus tard, qu’il a montré à une quinzaine de journalistes l’état d’avancement du chantier de cette cité européenne installée sur le site de l’ancienne centrale thermique d’EDF dans le quartier Pleyel à Saint-Denis.

Patrimoine industriel précieux laissé à l’abandon depuis de nombreuses années, la reconversion du site en un vaste projet économique consacré à la fabrication de films, s’il inquiète légitimement les riverains, ne fait que prolonger l’aspect dynamique d’une commune qui investit sur l’avenir. Entièrement réaménagé, les travaux pilotés par l’architecte Philippe Robert qui ont pris du retard pour cause de dépollution du sol, s’attacheront à conserver le patrimoine industriel Art Déco en réhabilitant la centrale de 1933. Situé à quelques minutes de paris, le site offre donc une proximité de tournage très rentable, une valorisation du territoire et des retombées économiques locales substantielles.

Projet ambitieux de 130 millions d’euros, le site s’étend sur 6,5 hectares et doit réunir en un lieu unique tous les intervenants dans la fabrication d’un film, de l’écriture au montage. Neuf plateaux de tournage répartis sur 13 000 m² sont prévus, ainsi que des ateliers de fabrication des décors, de stockage du matériel, des locaux d’activité, 30 000 m² de bureaux, des boutiques et même des restaurants. Complexe entièrement autonome, pratique et technologiquement avancé, il sera financé exclusivement par des investisseurs privés. La Cité du Cinéma qui n’appartiendra pas à EuropaCorp (seulement locataire des bureaux) prendra, « peut être », une participation dans les studios.

Drainant des milliers d’emplois, l’industrie cinématographique française est le premier producteur de films en Europe avec plus de 200 films produits par an. Deuxième investisseur au monde derrière les américains, la France contrairement à la Grande-Bretagne (Pinewood), l’Italie (Cinecittà), l’Allemagne (Babelsberg) et la République Tchèque (Barrandov), ne possède plus de studios depuis les années 60. Le but avoué de Luc Besson est de dynamiser un secteur pour le rendre plus autonome et permettre ainsi une relocalisation de l’activité tout en attirant des productions étrangères.

Le pari est risqué car la concurrence entre les différents grands studios européens fait rage. Signe de cette réalité économique, seuls deux studios en Europe feraient des profits depuis une dizaine d’années (Pinewood en Angleterre et Barrandov à Prague). Comme l’explique Thierry Potok, patron de Vivendi Allemagne, qui dirige également les studios Babelsberg « Il y a 3 à 4 fois trop de plateaux de tournage en Allemagne, et plus généralement en Europe, ce qui conduit à une concurrence sauvage et explique que la quasi-totalité des exploitants de studios génèrent des pertes. Autre fait qui a son importance. Il est toujours plus rentable de tourner à Prague qu’en France, en Grande Bretagne ou en Allemagne, en particulier lorsqu’il s’agit de films épiques. En somme, plus on va à l’est, plus les prix baissent.

Conscient des difficultés à venir, Besson, pourtant peu amène en ce qui concerne les questions de politiques publiques, n’est pas contre l’instauration d’un crédit d’impôt international – mesure fiscale attractive pour les producteurs étrangers – comme il en existe presque partout en Europe. Claironnant que ce « qu’il aime, c’est faire », sa société EuropaCorp tournera vraisemblablement le tout premier film courant 2010 (année d’ouverture si les travaux ne prennent aucun retard)) afin d’y « essuyer les premiers plâtres ».

Comment passer à côté du hit de la décennie?

Posté par vincy, le 8 mars 2008

Zoé Félix, rôle principal féminin de Bienvenue chez les ch'tis (estimation : plus de 12 millions de spectateurs), a fallit passer à côté du film. Son ancien agent ne lui avait pas proposé le personnage. C'est une assistante qui l'a repêchée. A deux jours près, elle n'était pas dans le "cast". Ca tient à peu de choses une carrière...

Deux jours à tuer ?

Posté par vincy, le 7 mars 2008

Monaco. La principauté accueille chaque année, avec un peu d'avance en 2008, le Forum Cinéma & Litterature. On y croise producteurs et éditeurs, cinéastes et écrivains, mais aussi des représentants de commissions de films. Très pro sous le glam.
Sir Alan Parker a ouvert le Forum. Petit tonneau anglais au sourire toujours prêt à jaillir, il lui a été rendu hommage : le cinéaste de The Wall, Fame, Evita, Midnight Express méritait bien ça. Mais heureusement Régis Wargnier, Président du jury, a rajouté plus tard Birdy et Angel Heart à la liste des films qui comptent. Il fut un grand, un de ceux pour qui on allait en salle, sans se soucier des critiques. Qui peut citer de tête, spontanément, le dernier film de ParKer? Désormais il doit cohabiter avec le créateur de Final Fantasy. Car l'adaptation n'est plus seulement littéraire. La BD (Enki Bilal sera en charge du jury du 9e Art) et le jeu vidéo font leur intrusion. De nombreuses adaptations sont en cours. Qui fera Rainman un jour?
Après une ouverture princière (Albert a mincit, disons-le; il devrait même annoncer ses fiançailles prochainement : il faut bien reconquérir les couvertures de magazines people envahies par le Président des Gaulois), nous avons découvert le nouveau film de Jean Becker, Deux jours à tuer. Un becker étonnant, très loin de ses récentes oeuvres "provincialistes". Caméra à l'épaule, ancré dans la vie moderne, cet hymne à la vie et ce désarroi devant nos vies devrait séduire un public qui jusqu'ici l'ignorait (voire le méprisait).

Vas-y, Johnnie, fais-nous des films !

Posté par MpM, le 5 mars 2008

Johnnie ToLors de l’avant-première de son film Mad detective, qui donnait le coup d’envoi à la rétrospective que lui consacre la Cinémathèque française, le réalisateur hongkongais Johnnie To a été accueilli par des tonnerres d’applaudissement, preuve s’il en était besoin de la réputation qu’il s’est taillée auprès des cinéphiles français. On est bien loin de l’époque où le polar made in Hong Kong était traité comme du cinéma de seconde zone, à peine bon pour des sorties vidéo réservées à un public pas spécialement réputé pour son bon goût...

Aujourd'hui, la virtuosité, l'esthétique et le goût de l'artisanat propres à une certaine branche du cinéma hongkongais sont même à la mode, copiés partout et par tout le monde. A Hollywood, bien sûr, qui s'est adjoint les services de John Woo avant de s'offrir le remake d'Infernal affairs par Scorsese, mais également en France, où Alain Corneau a donné à son remake du Deuxième souffle des accents purement hongkongais. Sans oublier le plus célèbre recycleur du monde, Tarantino, qui s’est nourri de ce type de films pour réaliser Kill Bill ou Reservoir dogs...

D’où l’importance que revêt le travail de Johnnie To, principalementt depuis le milieu des années 90 et la création avec son complice Wa Ka Fai de sa propre maison de production, la MilkyWay Image Ltd. Depuis plus de dix ans, il donne en effet une véritable impulsion à la production de la région, réalisant des films toujours plus personnels, et produisant dans le même temps les œuvres de jeunes cinéastes. "Le premier film produit par la MilkyWay image s’appelait Too many ways to be number one, de Wa Ka fai, avec Lau Ching-Wan", a ainsi rappelé le réalisateur lors de son intervention devant une salle comble. "Dix ans plus tard, nous sous sommes retrouvés tous les trois pour réaliser Mad detective, le film du 10e anniversaire de la société. Ce film symbolise donc une nouvelle étape dans notre travail."

Si les dix prochaines années sont aussi prolifiques et talentueuses que les précédentes, la Cinémathèque peut d’ores et déjà préparer un deuxième hommage aux alentours de 2018. Partis comme ils sont, Johnnie To et sa bande auront bien une trentaine de films supplémentaires à présenter…

Cinéma du réel fête ses 30 ans

Posté par geoffroy, le 5 mars 2008

Créé en 1978 par la Bibliothèque publique d’Information au Centre Pompidou, Cinéma du réel, festival international de films ethnographiques et sociologiques, fête du 7 au 18 mars prochain sa 30ème édition.

Avec sa programmation d’une centaine de films d’auteurs confirmés ou de nouveaux talents projetés sur les écrans du Centre Pompidou, du Centre Wallonie-Bruxelles, du cinéma MK2 Beaubourg, de l’Hôtel de Ville de Paris ainsi que dans plusieurs salles de la région Ile-de-France, Cinéma du Réel est un rendez-vous de référence, où se côtoie histoire du cinéma documentaire et films contemporains.

Outre la compétition internationale et la sélection française, cette 30ème édition proposera grâce à ses nombreuses rétrospectives et programmes spéciaux des escales en Asie du Sud Est, dans l’Amérique des années 60 et en Europe.

Enfin les sections Figures du tourisme : pour une histoire de la « vue » et Image / Prison : visions intérieures, permettrons de lutter contre les clichés et d’accompagner le spectateur vers de nouvelles frontières dans une mise en représentation d’un monde à la fois ouvert et fermé.

Pour plus d’informations :

Site officiel Cinéma du réel

Fusion annoncée entre Warner Bros et New Line Cinema

Posté par geoffroy, le 4 mars 2008

Le géant des médias américains Time Warner a annoncé fin février que le studio New Line, fondé en 1967 par Bob Shaye, va devenir une sous-filiale de la Warner Bros. Appartenant déjà au groupe Time Warner depuis les années 90, le studio a produit de nombreux films comme Boogie Nights, Austin Powers, Le Masque et surtout la trilogie du Seigneur des anneaux.

Dans un contexte économique certes fragile, les mauvais résultats du studio ont sans doute accéléré cette fusion qui, selon le magazine Variety, risque d'entraîner le licenciement des 600 employés que compte le studio.

Le nouveau PDG de Time Warner, Jeffrey Bewkes, a indiqué que les compressions budgétaires sont indispensables tout comme la restructuration de l’activité cinéma afin que New Line et Warner Bros. proposent à l’avenir « un programme de sorties plus complémentaires. » Insuffisant semble-t-il pour les pères fondateurs du studio New Line Cinema qui ont annoncé leur départ du nouveau groupe.

Il s'agit surtout d'un mouvement de fond qui a commencé il y a quelques années lorsque Disney, pour des raisons similaires, avait repris sa filiale Miramax aux flamboyants fondateurs Weinstein. Il reste à savoir ce que Warner fera de New Line en terme de positionnement puisque le studio a déjà sa propre filiale art & essai (Warner Independant Pictures).