Venise 2010 : Potiche de François Ozon fait pleurer de rire le Lido

Posté par MpM, le 5 septembre 2010, dans Avant-premières, Critiques, Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars, Venise.

Beau retour à la comédie pour François Ozon qui a reçu un accueil plus que chaleureux lors de la présentation de Potiche. Le film est d'ores et déjà vendu en Italie et au Japon, ce qui d'après l'édition vénitienne de Variety est le signe d'un succès à l'étranger... Les Etats-Unis, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Espagne sont déjà en négociation pour le distribuer à leur tour. En France, il sortira le 10 novembre sur plus de 500 copies, preuve de la confiance de Mars, le distributeur.

Confiance méritée puisque le film s'annonce comme un beau succès public, à la fois drôle, léger et flamboyant. Adapté d'une pièce de théâtre (Potiche de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy, avec Jacqueline Maillan), il se déroule à la fin des années 70 et cristallise tous les grands enjeux sociaux de l'époque. L'intrigue en elle-même (l'émancipation d'une femme que chacun perçoit comme la parfaite mère au foyer) est relativement simpliste, presque formatée, mais le réalisateur brode autour tout un faisceau de situations qui, jouant sur la connivence avec le spectateur, permettent une double lecture.

Ainsi, Ozon en profite pour définitivement désacraliser Catherine Deneuve, impeccable bourgeoise romantique qui écrit des poèmes sirupeux et court avec entrain dans un horrible survêtement, bigoudis sur la tête. La parfaite "potiche" à qui son mari interdit de penser par elle-même, enfermée dans le carcan strict de l'apparence.

Lutte des classes et satire politique

De la même manière, l'époque sert de prétexte pour parler de lutte des classes et de libération de la femme, tout en donnant à certaines situations une résonance particulièrement contemporaine. Comme ce patron ultra-capitaliste qui prône les vertus du "travailler plus pour gagner plus" et crie "casse-toi pauvre con" à qui veut lui inculquer quelques valeurs humanistes. Les syndicats en prennent eux-aussi pour leur grade, stéréotypés à l'extrême, et finalement plus heureux dans la lutte et l'opposition que dans la conciliation.

Avec ses couleurs acidulées, sa musique guillerette et ses dialogues très écrits, le film ne craint ni l'exagération, ni le maniérisme. On est bien dans la comédie bourgeoise volontairement ultra-légère, où chaque réplique fait mouche. Ce comique de situation se double d'ailleurs d'une complicité tacite avec le spectateur qui a le recul historique pour se moquer de ce que l'on pensait en 1977, voire dresser de savoureux parallèles entre les deux époques. Car à la réflexion, certains combats restent d'actualité... Et même si les rebondissements sont parfois convenus, voire simplistes, on prend plaisir à en admirer le cheminement et la mécanique.

Comme dans une symphonie, chaque acteur interprète sa partition avec virtuosité et inventivité, en harmonie avec les autres. On voit bien qu'ils éprouvent du plaisir à être ensemble et à se laisser diriger par le petit grain de folie de leur réalisateur. Deneuve, Luchini, Depardieu... tous jouent avec leur image autant qu'avec leur personnage. Car exactement comme 8 femmes, auquel il ne manquera pas d'être comparé, Potiche parvient à s'émanciper d'une trame relativement classique pour devenir un hommage au cinéma et à ses étoiles.

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