Jafar Panahi condamné à six ans de prison

Posté par MpM, le 20 décembre 2010, dans Actualité, société, Berlin, Cannes, Festivals, Personnalités, célébrités, stars.

Jafar Panahi ne sera probablement pas au Festival de Berlin, où il avait été invité à être membre du jury, en février prochain. De la même manière, on ne le verra sans doute ni à Cannes, ni à Venise, ni dans aucun de ces nombreux festivals internationaux qui avaient pris sa défense l'an dernier après son arrestation par le régime iranien.

Le réalisateur iranien vient en effet d'être condamné à six années de prison "pour participation à des rassemblements et pour propagande contre le régime". Par ailleurs, son avocate Farideh Gheirat a ajouté qu'il est également "frappé d'une interdiction de réaliser des films, d'écrire des scénarios, de voyager à l'étranger ou de donner des interviews à des médias locaux ou étrangers durant les 20 prochaines années", avant de préciser qu'elle allait faire appel de cette décision.

Mohammad Rasoulof, un autre réalisateur iranien qui travaillait avec Jafar Panahi avant son arrestation, a lui aussi été condamné à six ans de prison pour des faits similaires.

Avec ce jugement, le pouvoir iranien poursuit donc la stratégie consistant à isoler le réalisateur, aussi bien humainement que professionnellement, en le privant de toute possibilité de s'exprimer à l'intérieur comme à l'extérieur de son pays. Une fois qu'il sera emmuré dans ce silence forcé, qu'il effectue ou non les six années de détention fait presque l'impression d'un détail, puisque son esprit, ses idées et son désir de créer seront prisonniers à l'intérieur de la pire prison qui soit, celle du corps. A ce compte-là, sur l'échelle de la privation de liberté, seules les potentielles tortures physiques et les privations font une réelle différence. Il semble donc clair que Jafar Panahi est destiné à servir d'exemple aux yeux de tous ceux qui, en Iran, pourraient être tentés de suivre ses pas sur le chemin de l'opposition ouverte au régime.

Quelle que soit l'issue de l'inégal bras de fer qui oppose le cinéaste aux autorités d'un pays bien décidé à maintenir une chape de plomb sur ses citoyens, on peut compter sur la mobilisation des milieux culturels et cinématographiques du monde entier. Mais cette fois, un soutien politique, diplomatique et économique ne serait pas de trop : il ne s'agit plus tant d'injustice que de meurtre à petit feu.

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