A un mois de l'ouverture du Festival international des scénaristes, l'ADAMI (société civile pour l'Administration des Droits
des Artistes et Musiciens Interprètes) a soudainement décidé de lui retirer son soutien. C'est non seulement une subvention de 15 000 euros qui s'envole, mais en plus, le festival est contraint de retirer toute mention de l'ADAMI de son matériel de communication, ce qui implique de réimprimer les documents existants.
Une double peine, donc, pour la manifestation qui se voit contrainte d’annuler tout un pan de sa programmation faute de financement suffisant. Parmi les événements sacrifiés, on retrouve notamment l'atelier "tout est langage" qui permet de sensibiliser le jeune public à l’écriture et au langage cinématographique à travers des ateliers d’éducation à l’écriture de l’image, des rencontres et des conférences animés par des professionnels du 7e art. En plus des élèves, ce sont d'ailleurs les jeunes comédiens "Talents Cannes Adami" qui sont ainsi floués, puisqu'ils n'auront pas l'occasion de se produire pendant le festival.
Le Festival de Bourges précise qu'"aucun signe annonciateur de ce choix n’a été exprimé", ce qui rend d'autant plus brutale la décision de l'ADAMI. De son côté, cette dernière ne s'explique pas sur le fond du problème, à savoir les raisons d'une décision si soudaine. Dans un communiqué, elle se contente de réaffirmer sa mission : "apporter son soutien à des projets artistiques
permettant notamment de valoriser l'emploi des artistes-interprètes" et non "financer ad vitam aeternam le fonctionnement des structures artistiques" et évoque le "recul considérable des financements de la culture" mis en parallèle avec l'augmentation constante de manifestations réclamant un soutien. "Pour des raisons d'équilibre, voire même d'équité, nous ne souhaitons pas dire oui chaque année aux mêmes et dire non à tous les autres."
L'instance pointe également la "fragilité" des actions organisées par le festival et tente d'élargir le débat : "qui devrait financer les actions éducatives des festivals : l'Adami ou les pouvoirs publics" ? Elle se dédouane enfin en relativisant l'impact d'une perte de 15000 euros pour un festival "dont le budget avoisine les 300 000 euros".
Autant d'arguments recevables dans le cas d'un non-renouvellement de partenariat mais assez peu convaincants lorsqu'il s'agit de se retirer d'un festival à peine quelques semaines avant son coup d'envoi. Il est naturel, et même sain, de questionner année après année le travail effectué par ses partenaires, de s'interroger sur les décisions prises, ou de diverger sur les axes retenus. Bien sûr l'ADAMI est-elle libre de choisir les manifestations qu'elle soutient, et de changer d'une année sur l'autre. Peut-être même que Bourges peine à être le grand festival consacré au scénario que l'on pourrait souhaiter, ne serait-ce que parce qu'il pêche souvent sur le volet "international" du métier.
Pour autant, il est assez inconcevable de mener ces réflexions à un mois de l'ouverture, et d'en tirer une conclusion aussi violente, aussi immédiate, et au final assez peu motivée. Car quoi qu'elle en pense, en ne laissant pas aux organisateurs le temps de se retourner, l'ADAMI fragilise inutilement l'édition 2011 du festival et le place dans une situation délicate vis-à-vis de ses autres partenaires, de ses invités et surtout du grand public.