Cannes 2011 : Orange mécanique en copie restaurée et Malcom MacDowell en Master Class

Posté par vincy, le 21 mars 2011

Alors que Stanley Kubrick est la star d'une exposition impressionnante à la Cinémathèque française à partir de mercredi prochain, le Festival de Cannes s'offre une projection exceptionnelle de la copie restaurée d'Orange mécanique.

Film culte. Succès populaire (7,6 millions de spectateurs en France en 1972, le plus gros hit de cette année là). Sujet toujours d'actualité.

Malcom MacDowell sera présent pour la projection, qui devrait avoir lieu en deuxième partie de festival, et donnera une Master Class.

Water makes money : un documentaire qui coule de source

Posté par MpM, le 21 mars 2011

water  makes money"Tout fonctionne avec des crédits dont les usagers sont les garants."

L'histoire : Leslie Franke et Herdolor Lorenz, qui s'étaient penchés sur la privatisation de l'eau en Grande-Bretagne et en Allemagne dans Eau publique à vendre, se sont intéressés à la situation française où domine le modèle "partenariat public-privé" et où Veolia et Suez se partagent 80% de l'approvisionnement en eau courante. Pour ce faire, ils ont rencontré de nombreux élus et membres d'association qui décortiquent les rouages des marchés d'attribution : "droits d'entrée" exorbitants supportés par les seuls usagers, corruption massive, manque d'entretien des infrastructures... Une analyse captivante et édifiante.

Notre avis : Il ne faut surtout pas se laisser décourager par le début de Water makes money qui tente de démonter les manoeuvres financières abusives et les montages financiers complexes qui ont souvent accompagné la création des fameux "partenariats public-privé" chargés de l'approvisionnement de l'eau. C'est de loin la partie la plus ardue du documentaire, mais si elle peut sembler rebutante, elle s'avère indispensable pour comprendre les mécanismes lucratifs qui se cachent derrière le marché de l'eau courante. Les réalisateurs Leslie Franke et Herdolor Lorenz donnent en effet la parole à des élus, des associations et des spécialistes qui expliquent, chiffres et faits à l'appui, comment un astucieux système de pots de vin a permis aux deux grands leaders du marché de l'eau privatisée, Veolia et Suez, de s'imposer dans de nombreuses grandes villes de France.

Toujours sur le même mode (témoignages et commentaires en voix-off), le film s'intéresse ensuite aux conséquences pratiques d'une gestion privée de l'eau. D'un point de vue économique, d'abord, avec l'augmentation exponentielle (et planifiée) des factures, puis d'un point de vue plus large qui englobe réflexions sanitaires, écologiques et humanistes. On apprend ainsi qu'en France, un litre d'eau potable sur quatre n'arrive jamais au consommateur, du fait de nombreuses fuites présentes sur le circuit d'acheminement. Soit des millions de litres gaspillés par négligence, et qui sont bien évidemment facturés aux usagers finaux. Dans le même esprit, le film démontre qu'il est plus rentable de mettre au point des techniques de filtrage toujours plus pointues (et de noyer l'eau dans le chlore) que de veiller au bon entretien des canalisations, ou à la protection des zones de captage...

Exemples d'actions concrètes

Heureusement, Water makes money ne se contente pas d'aligner les constats pessimistes. Les interventions de la directrice du développement durable de Suez apportent une bonne touche d'humour, tant elles sont creuses et vides. La malheureuse est incapable de défendre les agissements de sa société, et cela se voit. Plus sérieusement, le documentaire met un point d'honneur à présenter des exemples concrets d'initiatives permettant justement de lutter contre le gaspillage et la pollution. S'il est possible de boire de l'eau sans chlore ni additifs chimiques dans la ville de Munich, cela doit être possible de la même manière dans de nombreuses communes de France ! Le film montre d'ailleurs que la tendance générale est plutôt à la "recommunalisation" du marché de l'eau, ce qui permet des prises de décision sur le long terme, libérées de la nécessité d'un profit immédiat. Un "retour en arrière" qui pourrait se généraliser dans la mesure où de nombreux "partenariats public-privé" arrivent à échéance en 2012.

Toutefois, le problème est loin d'être typiquement français ou même européen. water makes money Partout, des mouvements citoyens se sont mobilisés pour protester contre les hausses exorbitantes du prix de l'eau opérées par des compagnies privées. Comme le montre Même la pluie d'Iciar Bollain, des heurts violents ont éclaté en Bolivie. Le Kenya, le Guatemala ou encore l'Uruguay ont été confrontés au même problème. Water makes money touche ainsi à une  question de société actuelle qui va au-delà de la simple tentation militante. Ce sont d'ailleurs des municipalités et des citoyens sensibilisés aux enjeux de la gestion de l'eau qui ont financé le tournage à hauteur de 120 000 euros. C'est pourquoi il serait vraiment dommage de passer à côté. Dommage et inexcusable, dans la mesure où le film est disponible sur plusieurs supports : il est diffusé ce mardi soir sur Arte puis disponible dès le lendemain en DVD. Par ailleurs, le cinéma La Clef en propose en exclusivité à Paris une version longue accompagnée chaque jour d'un débat différent.

_______________________

Water makes money de Leslie Franke et Herdolor Lorenz
Avec : Jean-Luc Touly, Marc Laimé...

Sur Arte le 22 mars à 20h40.
En DVD et en exclusivité au cinéma La Clef à Paris dès le 23 mars.
Horaires et détail des débats sur le site du Cinéma La Clef

SXSW Festival : bilan et palmarès

Posté par Sarah, le 21 mars 2011

attack the blockLe 25e festival SXSW referme ses portes sur une ambiance survoltée et quelque peu dramatique. En effet, lors du concert donné par Kanye West samedi soir, des spectateurs se sont invités à la fête et 4 personnes ont fini à l'hôpital lors d'un autre concert, heurtées par une caméra.

Cependant la programmation cinéma du festival est à détacher du reste. La sélection inclut chaque année des réalisateurs et des acteurs de plus en plus connus et cherche toujours à proposer une grande variété de films, courts, moyens métrages et documentaires. Le festival SXSW est donc résolument jeune, indépendant et l'un des plus décontractés des Etats-Unis.

La cérémonie de clôture a vu le triomphe du film de Robbie Pickering, Natural Selection, récompensé en tant que meilleur long-métrage, tandis qu'Attack the block de Joe Carnish (photo ci-dessus), Building Hope de Turk Pipkins et le documentaire Love Shines de Ron Sexsmiths ont remporté les trois meilleurs prix décernés par le public. Pour conclure cette semaine de projections intenses, voici la liste des 5 films qui nous ont le plus marqués et les réalisateurs qui semblent à suivre.

- La plus jeune des réalisatrice, Emily Hagins (18 ans) nous a étonné avec son troisième film My sucky teen romance, une parodie de films de vampire avec des jeunes acteurs. Un long métrage inégal, mais une réalisatrice prometteuse.

- Le film "mumblecore" du festival reste sans contestation, The dish and the spoon d'Alison Bagnal (voir notre interview), même si Silver Bullets de Joe Swanberg nous a aussi marqués par son caractère sensuel et mystérieux.

- Un des meilleurs films décalés de la sélection est The FP de Brandon et Jason Trost. Le film se situe entre le jeu vidéo, une annonce apocalyptique du future, l'affrontement de deux gangs à travers la danse et un langage totalement inventé par eux.

- L'histoire d'amour qui nous a le plus touchés reste celle de deux gays qui vont passer quelques jours ensemble et parler de l'amour, du couple et de sexe sans tabou et de façon très intime dans Weekend d'Andrew Haigh.

-Pour finir, la meilleure surprise, qui est aussi un premier film, est A bag of hammers de Brian Crano, histoire touchante et fantasque de deux adultes-enfants, qui volent des voitures lors des cérémonie d'enterrement et qui se lient d'amitié avec le fils de leur voisine.

L'édition SXSW 2011 était définitivement passionnante, espérons qu'il en sera de même pour les autres festivals à venir cette année !