Le rare Béla Tarr sur les écrans, au Centre Pompidou et en librairie
Le Cheval de Turin, dernier opus cinématographique du réalisateur hongrois récompensé par l’Ours d’argent et le Prix de la Critique internationale au dernier festival de Berlin, est actuellement en salles. Il a séduit 800 spectateurs dans seulement 12 salles lors de son premier jour d'exploitation, soit la meilleure moyenne par copie pour une nouveauté du 30 novembre pour un film exploité dans moins de 200 salles.
Selon les dires du cinéaste, il n’y en aura pas d’autre. A 56 ans, Béla Tarr a décidé d’arrêter le cinéma, de clore une œuvre magistrale commencée il y a un peu plus de trente ans. En septembre 2008, pour la sortie de L’Homme de Londres, il déclarait déjà aux Cahiers du Cinéma : « Quand vous le verrez, vous comprendrez pourquoi ce ne peut être que mon dernier film ».
Béla Tarr, né en 1955 à Pecs en pleine Hongrie communiste, est un artiste pour le moins atypique et qui aura construit sans l’ombre d’une déviation un cinéma exigeant traversé par la condition humaine. En alliant pureté esthétique et force émotionnelle brute, il a su rendre captivant sa vision d’une humanité enchaînée ou l’espoir ne serait qu’un leurre. Son cinéma s’est déplacé avec le temps, passant de la ville aux champs et de l’intime des corps à ceux, plus lointains, des labeurs au cœur d’un paysage froid, pauvre et avilissant. Le désespoir est de mise, ses influences sont les cinémas de Tarkosky et de Cassavetes. Pas étonnant, alors, de retrouver l’utilisation d’un noir et blanc sublime transcendé par des plans-séquence inoubliables.
- Pour ceux qui voudraient (re)découvrir l’œuvre de Béla Tarr, le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective intégrale du 3 décembre 2011 au 2 janvier 2012. Tout le programme
- A l’occasion de la sortie en salle du Cheval de Turin, la maison d’Editions Capricci a sorti le 29 novembre un essai critique, Béla Tarr, le temps d’après, par le philosophe français et professeur Jacques Rancière. Une autre façon d’appréhender le maître hongrois au-delà de la simple vision de ces films. Pour l’auteur, le temps d’après est « notre temps et Béla Tarr est l’un de ses artistes majeurs ». Rancière a aussi publié Scènes du régime esthétique de l'art aux éditions Galilée en octobre. (Béla Tarr, Le temps d’après, de Jacques Rancière, Editions Capricci, collection "Actualité critique" 96 pages. 7,50€)
Le livre se conclut sur un espoir. Celui de voir un autre film de Béla Tarr : "Le dernier film est encore un matin d'avant et le dernier film est encore un film de plus? Le cercle fermé est toujours ouvert."
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