Deauville 2020-Cannes 2020 : Que vaut A Good Man, avec Noémie Merlant ?

Posté par kristofy, le 7 septembre 2020

Parmi les films français ayant reçu le label "Cannes 2020" qui sont invités à Deauville, deux titres étaient très attendus : Teddy de Ludovic & Zoran Boukherma avec Anthony Bajon. Une histoire de loup-garou qui est d'ailleurs très réussie (en salles le 13 janvier 2021), et A Good Man de Marie-Castille Mention-Schaar avec Noémie Merlant et SoKo, où un homme envisage d'enfanter... Il ne sortira qu'en mars 2021. Le pitch est singulier: Aude et Benjamin, infirmier,  s’aiment et vivent ensemble depuis 6 ans. Aude souffre de ne pas pouvoir avoir d’enfant alors Benjamin décide que c’est lui qui le portera...

C'est l'importance de son sujet et les questions soulevées qui font de A Good Man un film à la fois risqué, osé, espéré, voir même redouté. Sans rien divulgâcher, puisque le synopsis le suggère et que la révélation se fait très tôt dans le récit : dans cette histoire Benjamin s'appelait avant Sarah, Benjamin est un homme trans qui pourrait enfanter... Le visage androgyne de Noémie Merlant sur l'affiche intrigue mais le film est avant tout une grande et belle histoire d'amour.

Marie-Castille Mention-Schaar a déjà initié de nombreux films en tant que productrice (pour Antoine de Caunes, Pierre Jolivet...) et  comme scénariste (La Première Étoile avait eu le César du meilleur premier film). Comme réalisatrice, ses comédies ont été décevantes (Bowling, La fête des mères), alors qu'elle est bien plus à l'aise avec des drames basés sur des histoires vraies (Les héritiers, Le ciel attendra qui avait contribué à révéler Noémie Merlant). Et c'est justement dans cette veine de ses films 'inspirés d'une histoire vraie' qu'elle réalise A Good Man.

Aux Etats-Unis, plusieurs centaines d'hommes ont donné naissance à un bébé. Avec son coscénariste, Chris­tian Son­de­reg­gerelle, elle avait déjà participé à la production du documentaire Coby à propos de quelqu'un né fille et qui après 20 ans, était devenu un homme, ambulancier de métier. C'est en fait ce documentaire qui a influencé la préparation de  A Good Man.

« Je ne veux pas tout, je veux les mêmes choses que toi, ni plus ni moins. »

A Good Man est donc une fiction tout autant inventée que documentée. De nombreuses questions à propos du changement de sexe y sont abordées. Cette séance de Deauville, la première du film en présence de l'équipe (Marie-Castille Mention-Schaar, Noémie Merlant, Vincent Dedienne, Jonas Ben Ahmed, Anne Loiret, Alysson Paradis) a été bien accueillie avec plusieurs minutes de standing-ovation à la fin. Certaines voix après la projection ont été moins flatteuses, regrettant les trop nombreux poncifs sur le thème de la transition d'identité. De fait, il accumule certains passages obligés (la mère qui ne parle plus à Benjamin avec qui elle va renouer, la douche avec la lumière éteinte, le meilleur ami qui se sent trahi...), parfois de manière maladroite.

Une autre faiblesse tient à la présentation du personnage de Benjamin aux spectateurs. De quoi désarçonner : on y voit moins un homme qu'une Noémie Merlant déguisée, avec une voix grave pas naturelle. Heureusement cette impression s'estompe en cours de film où progressivement on oublie l'actrice pour ne plus voir que le personnage masculin (sans compter que Benjamin devenu homme est - cliché - accro aux jeux-vidéo et aux hamburgers...). Il ne serait pas étonnant qu'une polémique naisse: pourquoi ne pas avoir pris un acteur trans pour le rôle?

Sans doute Marie-Castille Mention-Schaar a voulu mettre dans son film trop de choses. Cependant, c'est contrebalancé par une certaine subtilité de l'ensemble : une transition femme-homme se fait sur une longue période et en plusieurs étapes qui mêlent l'intime, l'administration, le regard des autres et maintes épreuves. Et avouons-le, Noémie Merlant s'impose encore plus comme interprète audacieuse et stupéfiante.

Marie-Castille Mention-Schaar a déclaré sur scène: « faire un film pour moi c'est échanger, dialoguer, ouvrir le dialogue, essayer toujours de faire en sorte qu'on vive mieux ensemble », et c'est justement ce à quoi va inviter A Good Man.

Cabourg 2016 : La Danseuse, premier film ambitieux et miraculeux

Posté par kristofy, le 12 juin 2016

la réalisatrice Stéphanie di Giusto venue avec l’actrice Mélanie Thierry

La danseuse premier long-métrage épatant de Stéphanie di Giusto était en compétition à Un Certain regard au dernier festival de Cannes. Le film est également en compétition internationale donc au Festival de Cabourg, avant, on l'espère, un joli succès pour sa sortie en salles programmée au 28 septembre.

Il s’agit de l’adaptation en images d’un récit de la vie de Loïe Fuller, à l’orée des années 1900. La chorégraphe se met en scène dans des numéros de danse avec grande robe en voile et jeux de lumières, dont la ‘danse serpentine’, passée à la postérité. Le film évite le piège du biopic balisé mais raconte quand-même un parcours fait d’élévation vers le succès puis de chute, et surtout, il montre la passion presque folle d’une danseuse pour son art. Elle est parfois naïve, entêtée, souffrante, renfermée sur elle-même tout en brulant de l’intérieur : Soko est devenue Loïe Fuller, jusqu’à reproduire les mêmes danses à l’image. Autour d’elle un casting 4étoiles : Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry, Lily-Rose Depp, François Damiens, et la participation de Louis-Do de Lencquesaing, Denis Ménochet et même Amanda Plummer, sans oublier Benoît Debie à la direction de la photographie et Carlos Ponti pour la direction artistique des décors.

"Des gestes comme la disposition des mains ou comme des regards c’était écrit."

Stéphanie di Giusto est venue, avec l’actrice Mélanie Thierry, à Cabourg pour présenter La danseuse, et aussi évoquer un long parcours :

« Ce film est un miracle, il représente 6 années de vie. Faire un premier long-métrage, un film d’époque en costume, avec en premier rôle quelqu’un comme Soko qui n’est pas une star populaire du cinéma, un projet qui coûte cher : tout ça explique 6 ans de préparation. Le projet s’est arrêté car des financiers ont eu peur, pour simplifier ça représente 3 ans d’écriture et 3 ans de production. Le scénario suit la véritable histoire de Loïe Fuller, plutôt une partie de son histoire même si j’ai pris quelques libertés parfois avec certains personnages comme pour son père et sa mère. J’ai eu 45 jours de tournage, et quand on a commencé à tourner il manquait un peu d’argent, et mis à part une semaine en Tchéquie pour le décor reconstitué des Folies Bergères comme à l’époque en fait tout a été tourné en France, même la séquence dans l’ouest américain ça a été tourné en France dans la région du Vercors. Je voulais Soko absolument pour ce rôle, je voulais aussi ces autres acteurs et actrices comme Mélanie Thierry, et je me suis battu pour les avoir. Le scénario était très très écrit, des gestes comme la disposition des mains ou comme des regards c’était écrit. Et Mélanie Thierry est une des meilleures actrices pour faire passer beaucoup de choses avec ses yeux et des regards. Il n’y a aucun effet spécial numérique, et je suis fière de ça. Pour les performances de danse avec la lumière projetée on a tourné ça en essayant de retranscrire la magie de 1900, et c’est vraiment Soko qui danse. »

Ce premier long-métrage de la réalisatrice montre une ambition et un rendu qui surclasse beaucoup d’autres films français… On peut déjà espérer à La danseuse des nominations pour la prochaine cérémonie des César.

[L'instant Glam'] Cannes 2016 – Jour 3: Juliette oh ma Juliette…

Posté par cynthia, le 13 mai 2016

Oyé oyé cinéphiles, orages, cheveux ébouriffés et glamour ont été les maîtres mots de cette troisième journée à Cannes. Le vent a soufflé à en exhiber les culottes de ces dames.

Le film Ma Loute a été à l'honneur sur le tapis rouge. Et question honneur Juliette Binoche le représente avec une classe indéfinissable! La belle brune incendiaire a montré qu'elle ne comptait pas pour des prunes en affichant sa beauté quinquagénaire dans une robe noire drapée et illustrée par un maquillage assorti à sa tenue. Bon Cristina Cordula n'aurait pas aimé, mais nous on s'en foutn c'est Juliette Binoche, et Juliette Binoche est radieuse! On ne peut pas en dire autant de Valeria Bruni-Tedeschi qui a confondu ses dessous avec sa robe. Couverte de dentelle transparente, on s'est même demandé comment Fabrice Luchini a gardé son sang-froid à ses côtés. Parlons-en de Fabrice Luchini justement. Il était tout en élégance sur le tapis rouge tout comme Blake Lively (toujours) qui squatte la Croisette et envoie des photos sur Facebook toutes les 15 minutes... Quelque chose nous dit qu'elle est ravie d'être là.

Celle qui doit être moins ravie c'est Soko, venue présenter le film La Danseuse elle va devoir se farcir son ex (aka Kristen Stewart pour les incultes) dans les soirées pendant la durée du festival... Franchement, ça la met mal. Déjà qu'un apéro avec son ex, ce n'est généralement pas la joie mais alors un festival...
Aux côtés de la chanteuse/actrice/trash, on a aperçu le fruit de l'amour (car il y en avait avant Amber Heard) entre Johnny Depp et Vanessa Paradis: Lily Rose Depp. Toute de noire vêtue elle a embrasé le red carpet tandis que Melanie Thierry faisait la gueule aux côtés de Gaspard Ulliel. Comment peut-on faire la tranche à côté de cette bombe sexuelle aux yeux de braise? Qu'on arrache notre robe, qu'on lui arrache son costume, qu'on se caresse les tétons je peux comprendre mais qu'on fasse la gueule?

Ce qui faisait également la gueule sur le tapis rouge c'était la coiffure de Sabine Azema. L'humidité a dominé son opulente chevelure de feu au point qu'on voulait déposer un 49.3 dans la face de son coiffeur...!

En attendant le rêve, espérons que nos stars du grand écran continuent de nous faire rire durant le festival! Mais il ne faudrait pas qu'elles oublient que ce 69e festival a le climat changeant.

Cannes 2016 : Qui est Soko ?

Posté par MpM, le 11 mai 2016

Soko aurait-elle tous les talents ? Cette trentenaire singulière, de son vrai nom Stéphanie Sokolinski, mène depuis le milieu des années 2000 une carrière parallèle de chanteuse et d’actrice, alternant albums, concerts, contributions et incursions sur grand écran avec une jolie régularité.

Côté musique, on l’a découverte en 2007 avec Not SoKute, un EP comprenant cinq titres, dont le tube I’ll kill her, qu’elle a produit avec Thomas Semence, guitariste de Jean-Louis Aubert.
Côté cinéma, elle apparaît d’abord dans des téléfilms (Clara, cet été-là), plusieurs courts métrages (L’escalier, Ben et Thomas), et des comédies comme Au secours j’ai 30 ans de Marie-Anne Chazel et Madame Irma de Didier Bourdon. En 2006, on commence à la remarquer aux côtés de Léa Seydoux dans Mes copines de Sylvie Ayme, puis dans Dans les cordes de Magaly Richard-Serrano.

C’est finalement grâce à Xavier Giannoli, qui lui confie un rôle secondaire dans A l’origine (2008) aux côtés de François Cluzet et Emmanuelle Devos, qu’elle obtient la reconnaissance de la profession à travers une nomination au César du meilleur espoir féminin. Il faudra toutefois attendre 2012 pour la voir exploser coup sur coup dans deux rôles excessifs et habités, celui d’une adolescente internée en hôpital psychiatrique dans Bye-Bye Blondie de Virginie Despentes (elle y incarne Béatrice Dalle jeune, en toute simplicité) puis d’une jeune fille atteinte d’hystérie dans Augustine d’Alice Winocour, face à Vincent Lindon en professeur Charcot. La légende veut qu’elle ait harcelé la production du film pendant des mois pour obtenir le rôle. Chez elle, le goût du challenge est un moteur irrésistible.

Résultat : une moisson de prix, du Swan d’or de la révélation féminine à Cabourg pour Bye-Bye Blondie au prix Romy Schneider, en passant par le prix d’interprétation féminine à Mar del Plata et le Lumière du meilleur espoir féminin pour Augustine. Pourtant, la musique la happe à nouveau (I Thought I Was an Alien en 2012, My Dreams Dictate My Reality en 2015) et le cinéma ne lui offre que le rôle un peu stéréotypé d’une jeune femme libre, insouciante et engagée dans Les interdits d’Anne Weil (2013).

Heureusement, 2016 est clairement l’année de son retour sur grand écran, avec deux films sélectionnés à Cannes, tous deux en section Un certain Regard : Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin et La danseuse de Stéphanie di Giusto. Dans le premier, elle est une soldate de retour d’Afghanistan qui essaye d’"oublier la guerre" avant de rentrer chez elle. Dans le second, où elle partage l’affiche avec Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel et Lily-Rose Depp, elle est Loïe Fuller, danseuse américaine pionnière de la danse moderne. Deux rôles en apparence aux antipodes qui ont en commun de placer la jeune femme dans sa situation favorite : en position de relever quelques défis.

L’instant Court : I thought I was an Alien, réalisé par Soko avec Spike Jonze

Posté par kristofy, le 22 décembre 2011

Le 21 décembre, c'était le Jour le plus court ! Ecran Noir s'est associé à cet événement national et vous propose une semaine de courts métrages, dont certains exceptionnellement visibles seulement jusqu’à cette date.

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, après cette première fête du court-métrage, voici l’instant Court n° 59.

Il était une fois une jeune actrice qui fut repérée dans le court-métrage L'escalier de Frédéric Mermoud, puis révélée dans la comédie Mes copines (comme Léa Seydoux). Elle tourna ensuite dans d’autres films plus sérieux comme A l’origine de Xavier Giannoli en compétition officielle à Cannes, ce qui lui valut une nomination pour le César du meilleur espoir féminin.

Cependant, c’est par la musique que la jeune femme veut s’exprimer. Elle compose et chante jusqu’à enregistrer un disque... qu’elle préfère finalement ne pas sortir pour en refaire un autre, meilleur. Elle continue de donner des concerts un peu partout dans le monde en parallèle avec ses tournages en tant que comédienne. Elle interprète le premier rôle face à Vincent Lindon dans le film Augustine que tourne en ce moment Alice Winocour, et on la verra au printemps dans le film Bye Bye Blondie de Virginie Despentes. Pour son parcours de musicienne, elle s’est choisi comme nom le diminutif  "Soko", et son album sera enfin disponible le 20 février.

Voila donc le clip I thought I was an Alien, réalisé par Soko elle-même. Celui-ci a été tourné à Echo Park en Californie durant le mois d’août, certains plans additionnels ayant été tournés par le célèbre Spike Jonze ! En fait, Spike Jonze avait déjà proposé à Soko de jouer dans son court-métrage de robots I’m here mais ça ne s’était pas fait, et ensuite ils ont travaillé ensemble sur le court Mourir auprès de toi (co-réalisé par Jonze et Simon Cahn) présenté à Cannes.

Ce clip de Soko a été filmé avec un téléphone portable, c’est l’occasion de vous rappeler que vous pouvez participer au prochain Mobile Film Festival (1 minute, 1 mobile, 1 film).

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film I thought I was an Alien.

Vincent Lindon incarne le docteur Charcot dans un premier film

Posté par vincy, le 20 novembre 2011

Demain débutera le tournage du premier film d'Alice Winocour (38 ans), Augustine. Le film de cette diplômée de la Fémis (scénario) avait été sélectionné par le programme Emergence en 2010, ce qui lui avait permis de tourner quelques séquences de son futur film (voir le site d'Emergence). Il a été retenu cette année à l'Atelier du Festival de Cannes, dans le cadre de la Cinéfondation, pour boucler son financement d'un peu poins de 5 millions d'euros.

Vincent Lindon, actuellement à l'affiche de Toutes nos envies, interprétera le docteur Charcot, et Soko, nominée au César 2010 de meilleur espoir féminin pour A l'origine, l'une de ses patientes, Augustine. Nous sommes en 1885. Augustine est une jeune bonne qui est internée à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris. Dans cette cité des femmes, le professeur Charcot, neurologue et clinicien de génie essaye de comprendre une maladie encore inconnue : l’hystérie. Augustine, qui présente tous les symptômes de la maladie, ne tarde pas à attirer l’attention du Maître. D’objet d’étude, Augustine devient vite objet de désir. Le professeur est chaque jour plus troublé par ce corps débordant de sexualité, qui échappe à la règle. Elle devient son cobaye favori, le sujet exclusif de ses recherches, son obsession… Au  fil des examens, une intimité commence à se créer entre eux. Mais plus Charcot s’approche d’?Augustine, plus il la désire. Et plus il la regarde, plus il la rend malade.

Le film, produit par Dharamsala, aux côtés d'ARP sélection, qui sera le distributeur, et France 3 cinéma, a bénéficié de l'avance sur recettes du CNC, du soutien de la région Île-de-France et d'aides de la Fondation Gan, partenaire financier d'Emergence.

Alice Winocour a déjà réalisé les courts métrages Kitchen, déjà produit par Dharamsala, en compétition à Cannes en 2005, Magic Paris et Pina Colada. Elle collaboré aux scénarios de Ordinary People, de Vladimir Perisic, sélectionné à la semaine de la Critique en 2009, primé à Miami, Sarajevo et Trieste, et Home, film remarqué à la Semaine de la Critique à Cannes en 2008, d'Urusula Meier. Le film, trois fois nommé aux Césars, avait été primé à Angoulême et Reykjavik, et avait reçu trois prix aux Césars suisses, dont celui du meilleur scénario.

Augustine devrait logiquement être sur la Croisette en 2012 ou 2013...

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L'illustration représente le Docteur Charcot en pleine démonstration. Elle est issue de l'encyclopédie Larousse.