Bilan Cannes 2013 – notre palmarès (et notre anti-palmarès) : une bonne compétition

Posté par redaction, le 26 mai 2013, dans Cannes, Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars.

steven spielberg par plantu2013 aura été un bon cru pour la compétition du Festival de Cannes. Plusieurs films comblaient notre attente de grandes œuvres cinématographiques, et seulement un tiers nous a vraiment déçu. Par conséquent, établir notre Palmarès n’a pas été chose simple. 11 films pouvaient prétendre à l’un des 7 prix. Et même après cet exercice, il y a une forme d’insatisfaction. Cependant, il y a unanimité : Paolo Sorrentino et Jim Jarmusch ont été les deux cinéastes qui nous ont conquis. A l’inverse notre anti-palmarès a été compliqué par l’absence de prétendants… (voir notre palmarès sur Cannes-fest.com).

Si le Diable s'habille en Prada, cette année le Festival a commencé avec Gatsby en Prada, les filles de Bling Ring fans de Parada et une Jeune & Jolie Marina Vacth détestant la marque. Anecdotique? Pas tant que ça : le Festival souffre de plus en plus de la couverture "people" et "fashion" des médias au détriment de débats cinéphiles : les films détestés rendent au mieux apathiques journalistes ; et quand il y a enthousiasme, du côté français comme du côté international (ce ne sont pas forcément pour les mêmes films), ça se résume en 140 signes sur Twitter ou en nombre d'étoiles. Si le diable se trouve dans les détails, c'est bien dans ce diktat de l'avis binaire - on "like", on "partage", on n'aime pas -, dans cette profusion d'avis peu argumentés ou partisans qu'il se trouve.

De l'action et des rires

Heureusement, l'édition 2013 de cette compétition était passionnante. Alors qu'on l'annonçait modeste, les films nous ont emballés : par la forme, les sujets, mais aussi leur générosité. Les auteurs ont cherché à séduire avec du rire (Payne, Coen, Bruni-Tedeschi, Polanski, Jarmusch, Sorrentino...) et de l'action ou de la violence (Jia Zhang-ke, Escalante, Miike, Winding Refn, Des Pallières...). Peu d'oeuvres étaient finalement "auteurisantes". Cela ne veut pas dire qu'elle manquait de profondeur, loin de là. Mais cette compétition était étonnement divertissante. Peu de films nous ont laissés froids : James Gray, qui aurait pu être un film de clôture, Takeshi Miike, idéal pour une séance de minuit, ou encore Mahamat-Saleh Haroun qu'on aurait bien vu échanger sa place avec Rithy Panh à Un certain regard.

Justice, amour filial, mutations, frustrations

Une fois toute la compétition avalée et digérée, on note cependant un grand soin apporté à l'image et à la musique. Nous avons de très beaux films, envie de télécharger des mélodies autrement plus variées que celles qui passaient dans les soirées sur la plage (Daft Punk en surdose). Si la violence et  l'humour (sous toutes ses formes) nous ont séduits, on a aussi noté quelques thèmes centraux : le désir de justice (y compris individuelle) chez Jia Zhang-ke, Asghar Farhadi, Amat Escalante, Takashi Miike, Nicolas Winding Refn, James Gray, Mahamat Saleh Haroun, Arnaud Des Pallières, et dans une certaine mesure chez Steven Soderbergh ; l'amour filial également chez Kechiche en second plan, Kore-Eda, Ozon, Farhadi, Soderbergh (même s'ils sont amants), Bruni Tedeschi (qui veut un enfant), Winding Refn (plus proche de la haine), Haroun, Des Pallières, ... Il y a surtout ce regard cynique, ironique, caustique, lucide sur une civilisation en mutation, quand elle n'est pas en déclin, avec une vision plutôt pessimiste (de Sorrentino à Jarmusch). Enfin, l'incapacité à vivre ses passions, exprimer ses émotions, assumer ses amours a été le moteur de nombreux films : les Coen, Kechiche, Ozon, Farhadi, Bruni-Tedeschi, Soderbergh, Haroun, Gray, Polanski, Sorrentino.

Le fric pas chic

Et puis il y a le nerf du festival, le nerf de la guerre, celui sur qui repose tous ces sujets : l'argent. Dans les Coen, on en manque. Chez Kechiche, Emma court après. Dans le film de Kore-Eda, on croit qu'il peut tout acheter. Chez Ozon, il monnaye le sexe. Dans le Jia Zhang-ke, il corrompt les riches et rend fou les pauvres. Chez can Warmerdam, il dégoûte les sans abris et culpabilise les riches. Pour Escalante et Haroun, c'est la cause de toute violence (abjecte). Alors que Soderbergh l'exhibe sans complexe. Chez Payne, c'est un mirage qui détruirait n'importe quelle famille. Dans le Gray, il peut acheter n'importe qui,, n'importe quoi, mais pas l'amour. Chez Des Pallières, il est à l'origine de tous les maux du héros. Jarmusch s'en fout : le fric circule à travers le temps. Alors que Sorrentino condamne en creux les nantis qui le dépensent n'importe comment. Voilà, le cash, le flouze, le pèze, le blé était partout, tel un virus qui contamine nos sociétés. Derrière tous ces films, il y a une critique satirique ou à charge, amère ou écoeurée de l'ultra-libéralisme transformant l'homme en monstre.

Un palmarès qui risque de décevoir

Ce regard sur le monde a produit un cinéma éminemment contemporain. Si Kechiche a fait le bonheur unanime des festivaliers, et si Farhadi fait consensus, sans être au niveau d'Une séparation, rien ne rend prévisible le palmarès de ce soir : la presse internationale et la presse française n'ont pas les mêmes chouchous. Ainsi, les Coen, Kore-eda, Jia Zhang-ke, Jarmusch et Sorrentino ont plu aux uns ou déplu aux autres. Certains films divisent complètement adorateurs et opposants tels Borgman, Michael Kohlhaas, Nebraska, The Immigrant, Only God Forgives.

Autant dire que le palmarès risque de décevoir. Mais rien ne dit que le public ne rendra pas justice aux oubliés en préférant la curiosité au marketing.

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