Posté par MpM, le 24 mai 2013
Pour ce qui est annoncé comme son dernier film, Steven Soderbergh ne repartira pas les mains vides. Quoi qu'il arrive, le cinéaste pourra en effet s’enorgueillir d'avoir au moins reçu l'un des prix les plus exigeants du Festival de Cannes : la Palm dog. Pour obtenir ce prix, la condition sine qua non est en effet... de compter un personnage canin dans son casting, ce qui n'est pas donné à tout le monde.
Behind the candelabra, lui, met en scène un caniche du nom de Baby Boy souffrant de graves problèmes oculaires et qui favorise (bien malgré lui) l'histoire d'amour compliquée entre son maître, le pianiste Liberace (Michael Douglas), et un jeune soigneur d'animaux interprété par Matt Damon.
Cette récompense pourrait être la première d'une longue série, puisque le film est régulièrement pressenti pour un double prix d'interprétation masculine.
Un prix spécial a par ailleurs été accordé aux chiens très toilettés de The Bling Ring de Sofia Coppola.
Toutefois, cette année, c'est un chat qui vole la vedette à tous les animaux acteurs du festival. Il faudrait en effet inventer une "Palm Cat" pour récompenser l'interprétation tout en retenue d'Ulysse, très joli félin roux, qui est l'hilarant fil conducteur d'Inside Llewin Davis des frères Coen.
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Posté par MpM, le 24 mai 2013
Cher Jafar,
Les manuscrits ne brûlent pas. Tu connais cette phrase de Mikhaïl Boulgakov ? Dans Le maître et Marguerite, elle est prononcée par le Diable, mais peut être interprétée comme l'affirmation de la liberté d'expression face à l'autorité totalitaire.
Ton compatriote Mohammad Rasoulof, en choisissant cette citation comme titre de son nouveau long métrage, annonce donc la couleur avant même le générique de début.
Et de fait, le film est un brûlant pamphlet sur les atteintes à la liberté d'expression commises par le gouvernement iranien. Le coeur du film est une histoire vraie : en 1995, Téhéran avait ordonné au chauffeur du bus conduisant 21 poètes à un festival en Arménie de précipiter le véhicule dans le vide. Les artistes avaient été sauvés par les hasards du destin, et s'étaient vus ordonner de ne rien révéler. Le cinéaste Mohammad Rasoulof imagine que l'un de ces artistes décide de raconter la tentative de meurtre dans un roman.
S'ensuit un film construit comme un thriller qui raconte comment l'émissaire du pouvoir met tout en oeuvre pour retrouver les différentes versions du manuscrit et empêcher la fuite de l'information. On y assiste tour à tout à des scènes d'intimidation, de menace, de torture et de meurtre, le tout avec l'aval de l'état.
Tu l'auras compris, Les manuscrits ne brûlent pas est un film choc et révoltant qui dénonce sans fard les exactions commises à l'encontre des artistes et de tous ceux qui, plus généralement, veulent exprimer une opinion critique à l'égard de leur gouvernement. Par peur d'éventuelles représailles, aucun membre de l'équipe de tournage n'est crédité au générique. Mohammad Rasoulof assume seul la paternité du film et se dresse tel David contre Goliath face aux autorités de son pays.
Bien sûr, le cinéaste a tourné dans la plus parfaite clandestinité et sans la moindre autorisation. C'est aussi en secret que le film a été envoyé au festival de Cannes qui a décidé de le montrer dans sa section Un certain regard.
Plus frontalement que tu ne le faisais dans Closed curtain, mais avec la même force narrative, Mohammad Rasoulof porte un regard ultra critique sur les méthodes iniques des représentants de la loi en Iran et notamment sur le "programme de répression des intellectuels" qui justifie toutes les exactions.
Il garde malgré tout une petite note d'espoir : il n'est jamais possible pour un gouvernement de verrouiller à 100% les informations qui le dérangent. Dans le film, l'un des meurtres se fait ainsi sous le regard d'un témoin anonyme qui pourra à son tour raconter ce qu'il a vu. Dans la réalité, chaque spectateur ayant regardé Les manuscrits ne brûlent pas peut témoigner de l'absence de liberté d'expression en Iran et de la volonté secrète de l'état de bâillonner, si ce n'est d'éliminer, les artistes qui lui déplaisent.
Tu es mieux placé que quiconque pour le savoir, mais lorsque le cinéma permet de dénoncer les injustices et de porter à la connaissance du public les dysfonctionnements d'une société, contrecarrant de fait la volonté d'opacité et de secret de l'état, il ne fait au fond rien d'autre que ce pour quoi il a été créé : témoigner, partager et faire réfléchir.
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Posté par redaction, le 24 mai 2013
La Quinzaine vue par Kak dans Le film français
Si quelques films de la Quinzaine des réalisateurs ont fait parler d'eux cette année à Cannes, on a surtout évoqué, festivaliers comme professionnels, la désastreuse organisation de cette éminente sélection parallèle. Une heure trente d'attente en moyenne (parfois deux heures donc) sous la pluie parfois, pour aller voir des films qui débutaient en retard. Quand ce n'était pas un réalisateur qui faisait des caprices sur la technique, c'était la copie qui s'arrêtait à 5 minutes de la fin (Henri, ce midi, le film de Yolande Moreau, qui a constaté le carnage). Les longues files d'attente ne se désengorgeaient parfois qu'à 5 minutes du début de la séance ; arbitrairement, la Quinzaine ne laissait plus rentrer personne (journalistes, acheteurs, cinéphiles) même s'il restait dix, vingt, trente places dans la salle (c'était le cas avec la soirée d'ouverture comme avec la projection du soir du film de Gallienne). On imagine la frustration de festivaliers qui patientaient pour voir un film et se retrouvaient face à des barrières alors que le distributeur tentait de les faire rentrer...
Tout cela ne donnait pas vraiment envie de traverser la foule de la Croisette pour aller perdre son précieux temps à attendre, avec le risque d'être refoulé. On a vu mieux comme façon de "promouvoir" et faire découvrir des films. On pourrait ajouter enfin que cette Quinzaine des réalisateurs a un sérieux problème de sécurité. Si le Palais est devenu un bunker, au règlement variable selon les jours, le Marriott qui héberge la sélection parallèle ne prend aucune précaution (comment le pourrait-on en faisant rentrer au dernier moment des centaines de spectateurs?). De manière surréaliste, on a ainsi vu chaque soir les badauds de la Croisette marcher sur la rue, où circulaient des voitures, faute de pouvoir utiliser le trottoir, bondé par la queue qui s'étendait devant l'entrée d'un palace accueillant des artistes de la compétition : les limousines manquaient à chaque fois d'écraser des pieds ou de heurter des popotins pour aller chercher les vedettes...
Non, franchement cela montre un amateurisme qui donne plutôt envie de voir les films au Forum des images à Paris... On suggère que les organisateurs prévoient désormais des projections séparées pour les professionnels et les cinéphiles (qui sont les premières victimes) et revoient leur façon d'occuper l'espace public (ou de réguler les flux, par exemple en utilisant les grands vestibules à l'entrée de la salle).
En attendant, la Quinzaine des réalisateurs a révélé son palmarès ce soir. Les films primés seront projetés demain (on vous conseille un gros pavé à lire et un litre d'eau pour patienter). Cette année, c'est la comédie française du moment qui a raflé les deux prix principaux. Les garçons et Guillaume, à table!, premier film de l'hétérosexuel le plus gay, Guillaume Gallienne, a reçu le prix Art Cinema Award de la Confédération Internationale des Cinémas d'Art et d'Essai (CICAE) et le prix SACD. Pas de prise de risque formelle, ni même de volonté d'explorer un cinéma plus aventureux. Ce qui ne retire rien aux qualités du film qui, selon la Gaumont, pourrait être l'un des gros succès de fin d'année.
Notons que le loufoque Tip Top de Serge Bozon, plus audacieux mais plus bancal également, a reçu une mention spéciale dans le cadre du prix SACD.
Par ailleurs, le film britannique Le géant égoïste (The Selfish Giant), une histoire tendue entre deux ados signée Clio Barnard, s'est vu honoré du prix Label Europa Cinemas.
Côté courts métrages, le prix Illy a été attribué à Gambozinos de João Nicolau et une mention spéciale a été décernée à Un peu plus d'un mois de André Novais Oliveira.
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Posté par MpM, le 24 mai 2013
Hiner Saleem est un grand cinéaste féministe. On a pu le deviner avec ses films précédents, et notamment Si tu meurs, je te tue, où son héroïne interprétée par Golshifteh Farahani devait s'émanciper par elle-même, sans l'aide d'un homme, aussi aimant soit-il.
Dans My sweet pepper land, l'actrice incarne une jeune institutrice confrontée à la méfiance et à l'intolérance des habitants du village où elle est mutée. Elle ne demande rien d'autre que le droit d'exercer sa profession en toute quiétude, sans être systématiquement infantilisée et surveillée. Mais le seigneur local, bien décidé à la faire renoncer à son poste, lance la rumeur selon laquelle elle a une aventure avant le nouveau commandant.
Les deux calomniés gardent la tête haute et, au lieu de nier et chercher à prouver leur bonne foi, ils répondent immanquablement que cela ne regarde pas leur interlocuteur. Jusqu'au bout, ils garderont cette ligne qui redonne à l'héroïne un statut de sujet n'ayant à répondre de ses actes auprès de personne, pas plus les potentats locaux qu'à sa famille. "Je m'occupe de mon honneur, occupe-toi du tien" lance-t-elle à celui de ses frères qui veut la "punir" pour avoir porté atteinte à la réputation de la famille.
On sent dans ces quelques scènes toutes simples que pour Hiner Saleem, l'absolue liberté des êtres n'est pas négociable, quelles que soient les coutumes ou la tradition. Dans le Kurdistan fraîchement indépendant, tout reste à construire et réinventer, à commencer par une vraie égalité des sexes. Le cinéaste prouve avec My sweet pepper land que bien du chemin reste à accomplir, mais il montre en même temps les premières lueurs d'espoir, à travers le personnage de Goven, parfaitement émancipée, mais aussi des combattantes ayant pris le maquis ou encore de certains hommes (le commandant, l'un des frères de Goven) qui la traitent rigoureusement comme une égale. Dans une société encore profondément patriarcale, affirmer que l'on peut avoir du respect pour sa famille tout en vivant sa vie comme on l'entend est à la fois un acte courageux, militant et éminemment humaniste.
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Posté par vincy, le 24 mai 2013
Milla Jovovich, Sharon Stone et Jessica Chastain
19,3 millions d'euros (soit 8,3 de plus que l'an dernier) : c'est le montant total des enchères récoltées à l'amfAR, la fondation américaine contre le sida hier soir à Cannes. En présence de Nicole Kidman, membre du jury, Leonardo DiCaprio, Janet Jackson, Milla Jovovich, Jessica Chastain, Kristin Scott Thomas, Harvey Weinstein, Adrien Brody, Guillaume Canet, Mélanie Laurent, Ludivine Sagnier, Audrey Tautou, Paris Hilton, Zhang Ziyi, Dita Von Teese, Aishwarya Rai, les Duran Duran et Kylie Minogue ont participé à l'Eden Roc à l'événement de bienfaisance qui fêtait sa 20e édition en France.
Pour 1,5 M€, un des 900 invités pourra être le figurant dans quatre prochains films de la Weinstein Company, dont un long métrage avec DiCaprio. Globalement c'est le salaire d'une star en France sur une super-production. Cher payé.
Plus fascinant : pour 1,2 M€, un convive partira dans l'espace à bord du Virgin Galactic en compagnie de Leonardo DiCaprio. Pour la même somme, une garde-robe d'une quarantaine de modèles signés des plus grands stylistes, a été vendue
Le juré du Festival de Cannes Christoph Valtz et Mélanie Laurent ont obtenu 140 000 € pour deux places VIP aux prochains Oscars à Hollywood. Et un stage de football avec Zinédine Zidane au Réal de Madrid a été adjugé 380 000 €.
Pour financer cette soirée de sensibilisation à la recherche de studios, il fallait débourser 120 000 € pour une table de dix couverts.
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Posté par vincy, le 24 mai 2013
Jane Campion et son jury ont annoncé cet après-midi le palmarès de la Cinéfondation. Le communiqué indique que « le Jury a décerné les prix à l’unanimité et souhaite féliciter les réalisateurs et réalisatrices pour l’excellence et la maturité de leur expression cinématographique. »
Premier Prix : Needle, de l'iranienne Anahita Ghazvinizadeh (The School of the Art Institute of Chicago). Le film raconte l'histoire de a jeune Lilly qui va se percer les oreilles. Une dispute entre ses parents envenime la situation qui prend une tout autre tournure...
Deuxième Prix : En attendant le dégel, de Sarah Hirtt (INSAS, Bruxelles)
Troisième Prix ex aequo : În acvariu (In the Fishbowl), de Tudor Cristian Jurgiu (UNATC, Bucarest) et Pandy (Pandas), de Matúš Vizar (FAMU, Prague)
Les prix sont accompagnés d’une dotation de 15 000 € pour le premier, 11 250 € pour le deuxième et 7 500 € pour le troisième.
Le lauréat du premier prix a également l’assurance que son premier long-métrage sera présenté au Festival de Cannes.
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Posté par MpM, le 24 mai 2013
De son propre aveu, Adèle Exarchopoulos "ne [rêvait] pas" de cinéma… Heureusement, le cinéma, lui, rêvait d’elle. La toute jeune fille, inscrite dans un cours de théâtre, passe sa première audition par hasard, après avoir été repérée par une directrice de casting. Elle n’est pas retenue pour le rôle (dans Le cou de la girafe de Safy Nebbou) mais a la satisfaction d’avoir passé plusieurs tours qualificatifs… et surtout d’avoir essayé.
Très vite, une autre opportunité se présente, et cette fois ce sera la bonne. Elle est la "Martha" du moyen métrage éponyme de Jean-Charles Hue, puis enchaîne avec Boxes de Jane Birkin. Elle a 11 ans et le cinéma devient une évidence dans sa vie.
En 2007, elle est à l’affiche des Enfants de Timpelbach de Nicolas Bary, où elle incarne l’une des "meneuses" du groupe d’enfants qui dispute le contrôle du village à un autre clan. Joli succès public.
Suivent Tête de turc de Pascal Elbé (qui lui vaut une pré- nomination au César du meilleur espoir féminin), Chez Gino de Samuel Benchetrit (où elle joue la fille de José Garcia et Anna Mouglalis) et Carré blanc de Jean-Baptiste Leonetti (dans lequel elle interprète le personnage de Julie Gayet jeune).
Mais c’est surtout sa prestation dans La rafle de Roselyne Bosch qui marque les esprits, puisqu’elle y est la petite Anna Traube, l’une des rares survivantes du Vel d’Hiv.
Peu à peu, elle multiplie les rôles et les expériences. Cette année, on l’a ainsi découverte en ado caméra au poing dans Des morceaux de moi de Nolwenn Lemesle avant de la retrouver dans I used to be Darker de Matthew Porterfield (sélectionné à Berlin) et surtout dans La vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche, l’adaptation de la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. La voici plongée dans la compétition cannoise avec un des cinéastes les plus réputés du cinéma français.
La jeune actrice y incarne une adolescente d’une quinzaine d’années qui ressent une attirance violente pour une jeune femme aux cheveux bleus interprétée par… Léa Seydoux. Vu le talent de Kechiche pour révéler et lancer les jeunes comédiennes avec lesquelles il travaille (Sara Forestier, Hafsia Herzi), il y a fort à parier que 2013 soit définitivement l’année d’Adèle Exarchopoulos. Avec une pluie de prix d’interprétation à la clef ?
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