Cannes 2013 : ouverture pluvieuse, festival heureux?

Posté par kristofy, le 15 mai 2013

audrey tautou steven spielberg cannes 2013

Le 66ème Festival de Cannes a débuté officiellement mercredi 15 mai vers 19h avec la première montée des marches du jury présidé par Steven Spielberg pour le film d’ouverture Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann avec Leonardo DiCaprio.

La hantise de passer un festival sous la pluie (à la place du soleil des autres années) jette une ombre sur cette ouverture : montée des marche sous une pluie battante, peut-être un mauvais signe pour Gatsby le magnifique fraîchement accueilli (d’une douche froide) lors de sa présentation à la presse le matin…

Heureusement, à l’intérieur du palais, la température était au réchauffement et la température est montée progressivement. La maîtresse de cérémonie Audrey Tautou était très élégante dans une jolie robe blanche qui dévoilait ses jambes tel un cygne. Après un début de discours un peu figé, la poésie des mots fait mouche et touche. Quand elle raconte sa première fois au cinéma avec un extraterrestre qui veut "téléphone maison", Audrey Audrey Tautou s’anime : le palais du festival est bien LA maison du cinéma.

steven spielberg par plantu"On veut du tweet : si le festival de Cannes c’est la liberté d’expression, c’est aussi la liberté d’opinion." Cette phrase vient en écho aux mots du président Gilles Jacob : "Cannes, terre d’accueil. L’année 2013 illustre au sens propre cette ligne de conduite. Nous avons invité en effet des dessinateurs de presse qui se battent à leur manière pour la liberté. Sous l’égide de Plantu, nous présenterons une exposition de dessins humoristiques autour du cinéma, dessins vifs et talentueux. En programmant un ensemble où vibre un appel à l'indocilité, le festival n'a pas craint de prendre le risque qu'on l'applique à lui-même! "

Cristian Mungiu comparé à un voleur roumain...

Pour la première fois un discours d’ouverture évoque les réseaux sociaux. Le festival est à Cannes mais on en parle partout : c’est aussi un des évènements qui connaît le plus de commentaires au monde (avec les Jeux Olympiques…) sur internet. D’ailleurs la chaîne télé Canal+ qui est partenaire va chaque jour diffuser et commenter des photos ‘trouvées’ sur le web… alors qu’ils ont une équipe très importante sur place.

Canal+ fera d'ailleurs durant cette soirée d’ouverture une double fausse note à propos du réalisateur Cristian Mungiu, déjà palme d’or et cette année membre du jury : il est comparé à un mendiant roumain (dans Les Guignols) puis à un voleur roumain (dans Le Petit Journal). Sans doute sont-ils trop habitués à inviter des "people" sans véritable connexion avec le cinéma... On attend de voir de véritables auteurs se presser sur leurs plateaux. Quoique si c'est pour y entendre ce genre de blagues...

Sur scène, après le président du jury Steven Spielberg très applaudi, c’est la méga-star indienne Amitabh Bachnan (l'Inde est à l'honneur cette année avec la célébration des 100 ans du cinéma indien) et Leonardo Di Caprio (avec qui il partage le générique de Gatsby le magnifique) qui ont prononcé la traditionnelle phrase "je déclare le festival de Cannes ouvert". "Que les lumières s’éteignent…" Et Audrey Tautou de donner rendez-vous pour le palmarès, on a hâte tout comme le jury de découvrir les films en compétition...

Cannes 2013 : Qui est Leslie Mann ?

Posté par MpM, le 15 mai 2013

leslie mannLa carrière de l’actrice américaine Leslie Mann est naturellement associée à celle du réalisateur, scénariste et producteur Judd Apatow dont elle est l’épouse depuis la fin des années 90. Pour autant, la comédienne a su quand il le fallait s'émanciper de son compagnon pour emprunter sa propre voie. Et si c'est lui qui a favorisé son retour sur grand écran au milieu des années 2000, elle semble bien décidée à ne pas se laisser étiqueter "Apatow's production".

Leur première rencontre remonte en 1995, sur le tournage de Disjoncté de Ben Stiller que produit Apatow. La jeune actrice, qui a suivi des cours de théâtre au Joanne Baron/D. W. Brown Studio de Los Angeles, y interprète la petite amie d’un autre débutant nommé Owen Wilson. Le film est un cuisant échec mais propulse malgré tout sa carrière.

On la voit dans la foulée dans quatre autres films dont la comédie romantique d’Isabel Coixet, Des choses que je ne t’ai jamais dites, et Petits mensonges entre frères d’Edward Burns. Mais c’est Disney qui lui offre son vrai premier rôle dans George de la jungle, adaptation décalée du mythe de Tarzan. Enorme succès au box office et début de consécration pour l’actrice qui apparaît ensuit aux côtés d’Adam Sandler dans Big daddy puis dans divers comédies comme Orange county ou Harvard à tout prix. Leslie Mann marque toutefois une pause pour s’occuper de sa famille (deux petites filles nées en 1998 et 2002) et quitte un temps les studios de tournage.

Son grand retour se fait dans le premier long métrage réalisé par Judd Apatow, 40 ans toujours puceau. Elle y tient un rôle modeste mais qui marque les esprits, celui d’une jeune femme ivre au volant. Elle sera ensuite présente au générique de tous les autres films du cinéaste : En cloque mode d’emploi, Funny people et 40 ans : mode d’emploi. La jeune femme y dévoile toute la palette de son jeu, et notamment ses prédispositions pour la comédie et l’autodérision.

En parallèle, elle est l’ex-femme de Matthew Perry dans 17 ans encore et celle de Jim Carrey dans I love you Phillip Morris. Ce dernier film "gay firendly" est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Elle participe également à plusieurs films d’animation, dont Rio et L’étrange pouvoir de Norman.

Quinze ans après ses débuts, sa carrière est en dents de scie, composée de rôles inégaux dans des films de qualité diverse. Pourtant, l’actrice n’a pas dit son dernier mot. Elle qui aurait pu se contenter des productions familiales tente des incursions dans d’autres univers, et essaye de se mettre en danger. On la verra ainsi prochainement chez Nick Cassavetes (The other woman), chez Shawn Levy (This is where I leave you) et surtout dans le nouveau Sofia Coppola, The bling ring. Le film fait l'ouverture d'Un certain regard cette année et lui donnera l'occasion de monter les marches.

A à peine quarante ans, l’actrice est peut-être en train de prouver qu’elle a encore plus d’une corde à son arc et suffisamment de talent et de volonté pour s’offrir une carrière à la hauteur de ses ambitions, loin de la zone de confort des productions de son mari.

Cannes 2013 / Un film, une ville : New York

Posté par vincy, le 15 mai 2013

New York dans Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann

New York est cinégénique par définition. Woody Allen (avec son générique mémorable de Manhattan sur une musique de Gershwin), Martin Scorsese (du Temps de l'innocence aux Affranchis, de Taxi Driver à Gangs of New York, en passant par New York New York et ce refrain qui devint son hymne) et tant de cinéastes américains et étrangers ont voulu la filmer : verticale ou romantique, frénétique ou nocturne, envahie par des aliens ou saccagée par un gorille géant, refuge d'animaux vedettes dans son zoo ou lieu de jogging à haute tension... la fascinante métropole qui s'est inventée un destin de star du 7e art.

Gatsby le magnifique, en ouverture du Festival de Cannes ce soir, n'échappe pas à cet amour passionné. A l'instar de Peter Jackson qui ressuscitait numériquement Big Apple au début des années 30 dans King Kong, Baz Luhrmann reprend la même charte artistique pour reconstituer la ville : Times Square la nuit, le Plaza et Central Park, les plages nantis de Long Island... La New York de Luhrmann passe ainsi de villas luxueuses aux rues animées des faubourgs, des commerces avec pignons sur rue aux boîtes clandestines... C'est définitivement une ville qui ne dort jamais.

Le Prix Jean-Vigo honore Leos Carax et récompense un court de la Quinzaine des réalisateurs

Posté par vincy, le 15 mai 2013

Les prix Jean-Vigo ont décerné un prix d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre à Leos Carax, dont le dernier film Holy Motors a cumulé louanges critiques et prix de par le monde.

Deux autres prix ont été remis : Jean-Charles Fitoussi, Prix Jean-Vigo du long métrage 2013 pour L'enclos du temps (67 minutes), avec Bernard Blancan. Le jury a précisé que le film était "poétique et lumineux, l'art cinématographique dans toute sa pureté". C'est l'histoire de Théophile qui passe ses vacances d’été en Italie et goûte la liberté chez son grand-père qui vit retiré du monde. Trouvant l’état de santé de ce dernier très dégradé, l’enfant fait appel au docteur William Stein qui, il y a sept ans, avait déjà redonné vie au vieil homme. Stein envoie sur place sa meilleure infirmière… à qui tout est permis.

Yann Le Quellec a reçu le Prix Jean-Vigo du court métrage 2013 pour Le Quepa sur la Vilni ! (37 minutes). Un film "dont la liberté de ton et le goût du burlesque font penser à la fois à Jacques Tati, Luc Moullet et Jacques Rozier" selon les jurés. Le film suit André, qui sort de sa paisible retraite car sur ordre du maire, il doit mener à travers monts une troupe d’hommes-sandwichs à vélos pour attirer les spectateurs à l’inauguration du cinéma local. Malgré sa détermination, l’ancien facteur a bien du mal à dompter ses jeunes et impétueux coéquipiers. Le court métrage est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Il sera présenté dans le programme du mercredi 22 mai.

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 1

Posté par MpM, le 15 mai 2013

jafar panahiCher Jafar,

Ca y est, la 66e édition du Festival de Cannes va commencer. Comme chaque année, journalistes, producteurs, cinéastes et distributeurs venus du monde entier vont s’y presser, dans l’espoir de découvrir la pépite ultime. Tout le monde sera là, comme on dit. Tout le monde, sauf toi. Pourtant, comme le soulignaient les militants des droits de l’homme à Berlin en février dernier, tu devrais y être. Définitivement.

D’autant que tu as une longue histoire avec Cannes, qui t’a offert la consécration internationale en 1995 pour ton premier long métrage, Le ballon blanc. Tu as ensuite gagné bien des prix (dont un léopard, un ours et un lion), mais c’est Cannes qui t’a offert le premier : la Caméra d’or. Tout un symbole…

Cannes t’a aussi soutenu dans le conflit qui t’oppose au régime iranien : en 2010, tu es officiellement invité à faire partie du jury. En 2011, Ceci n’est pas un film est présenté hors compétition. Dans les salles, une place reste symboliquement vide, avec ton nom dessus. Et puis le silence… En 2012, un panneau interroge même : "où est Jafar Panahi ?"

Cette année, nous t'avons retrouvé. A Berlin, ton film est en compétition. Toi, tu restes à Téhéran. Interdiction de sortir du territoire...

Alors, c’est décidé, nous t'emmenons à Cannes. Puisque tu ne peux pas faire le déplacement, nous te raconterons chaque jour le festival tel que tu aurais dû le vivre. A travers les films qui, comme les tiens, parlent du monde dans lequel nous vivons. Qui sait, peut-être y trouveras-tu des échos à ta propre vie, à ton propre combat. Une manière comme une autre de te souvenir que tout cela n’est pas complètement vain.

Cannes 2013 : quand les livres se font films

Posté par vincy, le 15 mai 2013

Adaptation livre au cinéma Si Cannes a toujours été littérature (jusqu'à des présidents et membres de jury écrivains) et si son Président a un amour immodéré pour la lecture, les sélections ont souvent flirté avec l'écrit, grâce aux multiples adaptations : le livre demeure un matériau de choix pour l'inspiration des cinéastes.

Cette année, dès l'ouverture, le ton est donné avec Gatsby le Magnifique, quatrième version du roman de Francis Scott Fitzgerald (incarné par Tom Hiddleston dans Minuit à Paris), à qui l'on doit déjà Benjamin Button. A noter : Fitzgerald écrivit les passages les plus bouleversants du roman à Saint-Raphaël, à quelques brasses de Cannes.

Cependant ce n'est pas le seul grand écrivain qui sera présent sur les écrans. Ainsi, James Franco, après avoir interprété Alain Ginsberg dans Howl, le voici à Un certain regard avec As I Lay Dying, transposition du roman de William Faulkner, autre grand fantôme de l'entre deux guerres. Faulkner, scénariste de Ford et Hawks, a souvent été adapté (Sirk, Ritt), y compris par Franco (Red Leaves en 2009).

Lucia Puenzo quant à elle a opté pour son propre roman, Wakolda, qui vient de paraître chez Stock. Elle avait déjà adapté son livre El Nino Pez. Et toujours à Un certain regard, Valeria Golino, pour son premier film en tant que réalisatrice, a choisi de mettre en images le roman d'Angela del Fabbro, Vi Perdono, pour en faire Miele.

Arnaud des Pallières a choisi un livre allemand d'Heinrich von Kleist pour Michael Kolhaas, déjà adapté par Volker Schlöndorff en 1969. Et Jérôme Salle, qui avait déjà adapté des Largo Winch, s'est plongé dans le roman Zulu de Caryl Férey.

Côté Quinzaine, l'événement est bien entendu du côté du film d'ouverture, The Congress, d'Ari Folman, d'après le roman culte Le Congrès de futurologie (lire notre actualité) de Stanislas Lem (Solaris).

Mais il n'y a pas que la littérature puisque Roman Polanski a préféré adapté la pièce La Vénus à la fourrure de David Ives, qui est adaptée du roman éponyme de Leopold Sacher-Masoch (comme masochisme). Arnaud Desplechin s'est basé sur un essai de l'ethnopsychanalyste Georges Devereux, Psychothérapie d'un Indien des plaines pour Jimmy P. ; avec Blood Ties, Guillaume Canet a réalisé le remake des Liens du sang de Jacques Maillot, qui est à l'origine une biographie, Les liens du sang : deux frères flic et truand.

Et encore plus surprenant, Abdellatif Kechiche a trouvé l'inspiration dans une BD de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude, devenue un film en deux parties (3 heures au total pour un album de 160 pages), La Vie d'Adèle (lire notre actualité). Ce n'est pas le seul à avoir été séduit par le 9e art puisque Takashi Miike a transposé Be-Bop High School du mangaka Kazuhiro Kiuchi pour son film Wara No Tate.