Mon premier festival 2013 : Un petit coin de nature, douceur et fantaisie pour les tout-petits

Posté par MpM, le 29 octobre 2013

mon premier festivalAffluence de poussettes au forum des images pour le ciné-concert Un petit coin de nature proposé dans le cadre de "Mon premier festival" qui s'achève ce 29 octobre.

Les bambins, dont certains sont âgés de dix-huit mois à peine, sont tout excités d'aller au cinéma. Surtout que pour un nombre important d'être eux, c'est la première fois.

Dans la salle, la présentatrice de la séance canalise énergie et impatience. Sur un ton détendu mais pédagogique, elle prépare les petits spectateurs à ce qui les attend : la lumière qui s'éteint, les images animées sur l'écran.

Elle en profite pour présenter le groupe La Féline qui va interpréter la bande-son des cinq courts métrages constituant le programme. Et c'est parti.

Le noir se fait dans la salle,  le silence aussi. Après une bande-annonce efficacement assurée par les irrésistibles Wallace et Gromit, le premier film commence.

Dans une animation très stylisée et colorée, Les Belles Plumesdeux oiseaux paradent et jouent avec leurs plumes. La mélodie entraînante de la Féline donne envie de danser, mais les jeunes festivaliers restent coi. Les plus petits semblent hypnotisés.

Les courts métrages se succèdent, mettant en scène un oisillon qui souffre d'un handicap physique, une grand-mère chat qui recueille généreusement un bébé pingouin, une mare où se croisent toutes sortes de personnages...

un petit coin de nature Les histoires sont simples et courtes, adaptées aux capacités d'attention du public. L'habillage musical aide à rendre l'ensemble ludique et même drôle. Les enfants applaudissent chaudement entre chaque film et battent des mains pendant les chansons. On les sent conquis.

Lorsque la lumière se rallume, certains petits spectateurs essayent de prolonger la magie en restant accrochés à leur fauteuil. "Encore, encore".

A défaut d'un autre film, un goûter leur est offert. L'occasion de s'assoir en famille pour échanger sur l'expérience vécue. Pas facile pour les très petits de mettre des mots sur leurs émotions, mais l'essentiel est d'essayer. Car c'est comme cela que se forment le regard et l'esprit critique des futurs cinéphiles.

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A noter que le Forum des images propose toute l'année une programmation destinée aux plus jeunes : les après-midis des enfants se déroulent chaque samedi et mercredi à 15h, pour un public âgé de 18 mois à 11 ans. Au Printemps, le festival "Tout-petits Cinéma" s'adresse quant à lui aux spectateur de 18 mois à 4 ans.

Informations et programmes sur le site du Forum des images

L’instant court : Broken, réalisé par Mathieu Turi

Posté par kristofy, le 29 octobre 2013

BrokenComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Léo réalisé par Estelle Dumas, voici l’instant Court n° 119.

Sur grand écran, Alfonso Cuaron triomphe avec Gravity, non seulement dans l’espace personne ne vous entendra crier, mais personne ne vous verra pleurer non plus…

A l’inverse du vaste espace infini, un petit espace confiné comme un ascenseur bloqué peut aussi provoquer une perte de repères…

Voici donc le court-métrage Broken, avec Ivan Gonzalez et Isabel Jeannin, réalisé par Mathieu Turi :

Américain et sans attache, Michael ne connaît pas un mot de la langue de Molière.

Française et mère d'un nourrisson, Julie ignore tout de celle de Shakespeare.

Mais lorsqu'une panne d'ascenseur survient, les barrières de la langue et de l'indifférence tombent...

Ecran Noir : Après plusieurs courts-métrages qui se passaient en extérieur, quelles autres contraintes de tournage le huis-clos dans un ascenseur fait-il surgir ?
Mathieu Turi :
C'est vrai que mon court précédent fut tourné dans les montagnes et les vallées du sud de la France. Là, avec Broken, on peut dire qu'on a fait l'opposé ! Mais je savais dès le début qu'il faudrait tourner en studio, car je tenais à faire de l'ascenseur un personnage à part entière, et pour cela, je devais pouvoir imposer ma vision à la base. De même que je ne voulais pas être bloqué dans ma mise en scène par le peu d'espace que représente un ascenseur. Je voulais mettre ma caméra partout !

Ecran Noir : Quelles sont les différentes étapes de l’élaboration du décor ?
MT: Le décor de l'ascenseur fut construit par Marc Pacon dans un "studio" : en réalité une salle de répétition pour des groupes de musiciens. Marc m'a fait une maquette, ce qui nous a permis de choisir la taille, la forme, etc. tout cela en lien étroit avec le script et les personnages. De la même façon, le choix des matières a eu un rôle important : je voulais représenter l'opposition et l'isolement des personnages en utilisant une matière chaude (l'acajou) et une matière froide (l'acier brossé), créant ainsi deux espaces bien distincts. La lumière de mon chef opérateur Olivier Tresson est allée naturellement dans ce sens, avec une séparation des espaces et des univers, opposant des teintes bleues/vertes avec celles plus chaudes de la lumière venant du bas de l'ascenseur.

Ecran Noir : Comment avez-vous connu les comédiens Isabel Jeannin  et Ivan Gonzalez ?
Mathieu : Alors encore en phase de réécriture, et avant même de commencer à penser à un casting, j'ai cherché quelques bandes démo de comédiennes sur le net, juste pour voir. Je suis alors tombé sur celle d'Isabel, qui contenait notamment une scène où elle jouait tout en finesse, tout en retenue. J'ai tout de suite voulu travailler avec elle, et je n'ai pas été déçu, elle a littéralement donné vie au personnage ! En ce qui concerne Ivan, un ami commun nous a fait nous rencontrer, et nous avons accroché tout de suite ! Nous sommes tous les deux des geeks passionnés (mais je suis très loin d'avoir sa culture dans ce domaine !). C'est un immense acteur, qui cherche toujours à rendre son personnage meilleur, à lui créer une vie en dehors du scénario pour mieux se fondre dans son rôle. Ce fut un formidable travail de collaboration, j'ai hâte de recommencer !

Ecran Noir : Les dialogues jouent avec des jeux de mots en phonétique entre anglais et français : c’est un pari sur le niveau d’anglais suffisant des spectateurs ?
Mathieu : L'idée, c'était clairement d'avoir plusieurs niveaux de lecture selon la capacité du spectateur à comprendre l'anglais. Si vous comprenez parfaitement cette langue, vous suivez l'histoire en comprenant tout, et vous êtes plutôt du côté de Michael. Si votre anglais n'est pas parfait, vous vous retrouvez alors comme Julie, un peu perdu, et du coup, même si on perd quelques blagues et quelques nuances de dialogues, l'immersion et l'identification au personnage n'en est que plus forte. C'était le but dès le départ, et je suis ravi d'entendre quelque chose comme "Je n'ai pas tout compris, mais j'étais vraiment ému à la fin !"

Ecran Noir : Broken a été financé avec la plateforme Ulule, que penser-vous du crowfunding ?
Mathieu : On ne peut pas vraiment dire que le film fut financé par Ulule. Le budget total est de 15 000 euros, et Ulule nous a, au final, permis d'avoir moins de 3000 euros. Ce qui, certes, n'est pas rien, mais comme d'habitude avec ce genre de choses, ce sont surtout les amis, la famille, etc. qui financent. Je ne vois pas forcément un avenir là-dedans pour les courts-métrages... En ce qui concerne les récents longs-métrages faisant appel au crowfunding comme le film Veronica Mars ou le prochain film de Spike Lee, les sommes sont bien entendu bien plus importantes, mais je ne crois pas que ce soit aux fans de payer les films, surtout qu'ils paieront aussi leur billet pour aller voir le film qu'ils ont financé !

Ecran Noir : Vous travaillez aussi comme assistant-réalisateur sur des films américains dont une partie du tournage a lieu en France (Inglorious Basterds de Quentin Tarantino, Hereafter de Clint Eastwood, Sherlock Holmes A Game Of Shadow de Guy Ritchie…) : comment ça se passe ?
Mathieu :
Mis à part le fait qu'il faut parler en anglais, et du coup, s'habituer à un vocabulaire technique nouveau, ce n'est pas forcément très différent. On ne raconte pas les mêmes histoires, et pas de la même façon, mais l'organisation du tournage est assez similaire. Ensuite, les techniciens des parties françaises de ces films sont souvent presque tous français ! Mis à part les plus importants chefs de postes, on travaille souvent avec les mêmes personnes.

Ecran Noir : Que pouvez-vous dire des tournages des prochains films de Woody Allen (avec Emma Stone et Colin Firth) ou de Luc Besson (avec Scarlett Johansson et Morgan Freeman) sans dévoiler de secret ?
Mathieu : Absolument rien, juste que j'ai signé plusieurs clauses de confidentialité.