David Lynch, Geena Davis, Wes Studi et Lina Wertmüller honorés par les Oscars

Posté par vincy, le 3 juin 2019

L'Académie des Oscars avance toutes ses dates pour la saison 2019/2020, y compris celle du conseil des Governors Awards, entité qui se charge depuis 11 ans de décerner les Oscars d'honneur. Ce conseil des gouverneurs a choisi quatre personnalités - deux hommes, deux femmes - pour l'éidtion 2019: les comédiens Wes Studi et Geena Davis et les cinéastes David Lynch et Lina Wertmüller.

On comprend à la lecture de ces quatre noms que les conseil a été soucieux d'une ouverture aux minorités mais aussi à des formes de cinéma rarement oscarisés. Studi, Lynch et Wertmuller recevront un Oscar d'honneur pour l'ensemble de leur carrière tandis que Davis, seule oscarisée des autres (meilleur second-rôle féminin dans Voyageur malgré lui en 1988) sera distinguée par le Jean Hersholt Humanitarian Award.

La cérémonie, habituellement à la mi novembre, se déroulera cette année le 27 octobre.

Wes Studi, acteur amérindien de 71 ans, a été remarqué dans des films comme Danse avec les Loups, Le dernier des Mohicans, Heat, Avatar, ou le récent Hostiles. C'est le premier comédien d'origine amérindienne à recevoir une statuette. Jusque là, seuls Graham Greene et Chef Dan George avaient été les seuls amérindiens nommés à un Oscar d'interprétation.

L'italienne Lina Wertmüller, 90 ans, a été la première réalisatrice nommée à l'Osacr dans la catégorie réalisateur, en 1975 avec Pasqualino (elle était également nommée dans la catégorie meilleur film en langue étrangère et meilleur scénario original), présenté à Cannes Classics cette année.. Deux fois en compétition à Cannes comme à Berlin, une fois à Venise, la cinéaste a été l'une des figures du nouveau cinéma italien dans les années 1970, tournant avec Giancarlo Giannini, Sophia Loren et Marcelo Mastroianni.

David Lynch est culte, indéniablement. Palme d'or en 1990 avec Sailor et Lula (l'un de ses quatre films en compétition à Cannes), le cinéaste a été trois fois nommé à l'Oscar en tant que réalisateur (Elephant Man, Blue Velvet, Mulholland Drive) et une fois en tant que scénariste (Elephant Man). Lynch c'est évidemment, aussi, Twin Peaks pour le petit écran et un cinéma de plus en plus expérimental et formaliste depuis 20 ans. Producteur, scénariste, comédien, musicien, chef opérateur, il est l'un des auteurs les plus singuliers du cinéma américain.

Enfin, Geena Davis sera distinguée en tant que fondatrice du Geena Davis Institute on Gender in Media, une ONG qui cherche à améliorer la représentation des femmes et des minorités sexuelles au cinéma et à la télévision, notamment dans les programmes jeunesse. Elle a aussi lancé le Bentonville Film Festival pour soutenir les femmes et la diversité dans l'industrie. En tant que comédienne, elle a connu une belle période entre 1986 et 1992 (La mouche, Beetlejuice, Thelma et Louise, Héros malgré lui) avant de glisser progressivement vers la production et la télévision.

La cinéaste engagée Yannick Bellon est morte (1924-2019)

Posté par vincy, le 3 juin 2019

La cinéaste et productrice Yannick Bellon est morte dimanche 2 juin à l'âge de 95 ans.

Auteure de huit longs métrages et d’une dizaine de courts, cette pionnière du cinéma au féminin était aussi considérée comme une réalisatrice féministe, abordant des sujets sociétaux, du cancer du sein à la bisexualité à travers des personnages féminins qui renaissent et retrouvent toujours le goût à la vie.

Née à Biarritz le 6 avril 1924, après un passage par l'Idhec (devenu la Femis), dans la même promotion qu'Alain Resnais, elle réalise son premier film en 1948, Goémons, documentaire censuré en France pour cause « d’image négative du pays », mais qui obtient le grand prix du documentaire à Venise.

Elle tourne ensuite plusieurs autres documentaires et courts-métrages, comme Colette, sur la vie de l'écrivaine, avec la participation de celle-ci, Varsovie quand même, sur la renaissance de la ville après la guerre, Un matin comme les autres avec Simone Signoret et Yves Montand, Le bureau des mariages avec Michael Lonsdale et Pascale de Boysson.

Ce n’est qu’en 1972 qu’elle réalise son premier long-métrage, Quelque part quelqu'un, avec Roland Dubillard et sa soeur Loleh Bellon, drame romantique sur le désenchantement et la désillusion, suivi de La femme de Jean, primé à San Sebastian, avec Claude Rich et le tout jeune Hippolyte Girardot, portrait d’une mère monoparentale qui reprend sa vie en main, et de Jamais plus toujours, avec Bulle Ogier, Loleh Bellon et Bernard Giraudeau.

En 1978, Yannick Bellon créé un choc avec L’amour violé, histoire filmée crument d’un viol collectif avec Nathalie Nell, Daniel Auteuil et Pierre Arditi. Une fois de plus la femme est la victime, et, en portant plainte, trouve la clef pour sa renaissance. Ce sera son plus grand succès (1,9 million d’entrées), porté par les passions qui se déchainent autour de ce film qui choque et malgré une interdiction aux moins de 13 ans à l’époque.

Dans L’amour nu, trois ans plus tard, avec Marlène Jobert, elle aborde le cancer du sein. La cinéaste se penche sur le masculin avec La triche en 1984, où Victor Lanoux, inspecteur et père de famille tombe amoureux de Xavier Leduc (nommé aux César pour ce film), jeune musicien. Un polar homosexuel où l’on croise aussi Anny Duperey, Michel Galabru, Roland Blanche, et Valérie Mairesse. En 1989, elle s’attaque à la drogue et à la délinquance dans Les enfants du désordre, avec Emmanuelle Béart (nommée aux César) dans le rôle principal, une jeune toxico qui se détache de ses addictions à sa sortie de prison en rejoignant une troupe théâtrale.

Trois ans plus tard, elle signe son dernier film, L'affût, avec Tchéky Karyo en instituteur écolo qui veut créer une réserve ornithologique.

Depuis, elle n’a plus rien filmé. Son empathie pour les exclus ou les marginaux, son humanisme qui transpire dans chacun de ses personnages s’est effacé. Son cinéma de combat, engagé et toujours sensible, a disparu.