Du Portugal on connaît le regretté et vénéré Manoel de Oliveira, le transgressif Joao Pedro Rodrigues, le poétique Joao César Monteiro, le réaliste Pedro Costa et l'audacieux Miguel Gomes. Entre les vétérans et la jeune garde montant, une femme s'est imposée, devenant par ailleurs l'une des réalisatrices les plus respectées en Europe: Teresa Villaverde.
En 7 longs métrages et trois documentaires depuis 2011, elle a brillé dans les festivals, dès le début de sa carrière: A Idade Maior, son premier film, sélectionné à la Berlinale, Três Irmaos, son deuxième long, qui a valu un prix d'interprétation féminine à Maria de Medeiros à Venise, le suivant, Os Mutantes, sélectionné à Un certain regard à Cannes, Transe présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes... Venise, c'est un peu son festival d'ailleurs, puisqu'elle y a présenté Eau et sel et Cisne, en plus de lui consacrer un documentaire. Son dernier film, Contre ton cœur, qui sortira le 19 juin en France, était en compétition à Berlin en 2017 et a été présenté à l'Acid à Cannes.
Du 14 au 30 juin, le Centre Pompidou va présenter l'ensemble de son œuvre. A 53 ans, la cinéaste continue d'explorer la difficulté du vivre ensemble et la précarité des peuples. "Autodidacte de formation, ses premières œuvres content des personnages, des lieux et des thèmes sociaux présentant des affinités avec le travail développés au même moment par d’autres cinéastes de sa génération comme Pedro Costa ou João Canijo – la mélancolie et la révolte, le sentiment d’être orphelin, l’interrogation sur la jeunesse inadaptée, l’hostilité de l’espace urbain" explique Pompidou, qui rappelle que son cinéma est "rageur, engagé et irrémédiablement féminin."
Teresa Villaverde aime filmer des survivants à un monde naturellement hostile. La notion de solidarité traverse son œuvre, énergique et combattive. "En Europe on ressent de plus en plus l’imposition d’un cinéma narratif. L’auteur écrit un scénario qu’il envoie aux bureaucrates de la télévision. Avant de naître il est déjà chez le médecin ! Mais le cinéma est bien plus qu’un fil narratif. C’est le temps, le silence, l’image, le son, le cinéma est plus proche de la poésie, du moins il devrait" explique-t-elle. Sa masterclass aura lieu le 22 juin à 17h.
La rétrospective, qui comprend 8 longs et 5 formats courts, montrera aussi Le Thermomètre de Galilée, son documentaire inédit réalisé l'an dernier, où pendant tout un été, la réalisatrice est restée avec le cinéaste culte italien Tonino De Bernardi.