Le coup de gueule de Sophie Marceau

Posté par vincy, le 14 août 2016

D'habitude, Sophie Marceau tweete sur les paparazzis. Elle les filme, s'en moque, et nous amuse par la même occasion.

Mais le 13 août, l'actrice préférée des Français a décidé de pousser un coup de gueule sur l'affaire Jacqueline Sauvage.

Le 3 décembre 2015, Jacqueline Sauvage avait été condamnée en appel à 10 ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent qui la battait et abusait sexuellement d'elle et de ses enfants. Elle a déjà effectué trois ans de sa peine et avait obtenu une grâce partielle du Président de la République.

Or, malgré cette grâce, le tribunal d’application des peines (TAP) de Melun a refusé il y a deux jours sa libération conditionnelle. Depuis les voix s'élèvent et le parquet comme les avocates de Jacqueline Sauvage ont décidé de faire appel de cette décision.

Parmi celles qui ont eu un coup de sang, il y a donc Sophie Marceau, révoltée face à tant d'injustice. Cela donne forcément un écho particulier : 1200 "j'aime", près de 1000 retweet et sur Facebook 10000 réactions et 1800 partages.

"Depuis quand la prison est elle devenue un lieu propice à la "réflexion"" écrit-elle. "Encore une fois, le sort des femmes victimes de violence, est non reconnu par la justice ! 10 ans de "réflexion "en cellule pour arriver à quelle conclusion ? Qu'elle méritait ce que son mari lui infligeait ? Finalement c'est ce que la sentence de la justice laisse entendre. Le jour où notre société respectera le droit des femmes autant que celui des hommes est encore bien loin..." ajoute-t-elle.

Evidemment, la star est maligne. A l'affiche de La taularde, qui sort le 14 décembre, elle en profite pour balancer sur les réseaux la bande annonce avec ce commentaire "Un petit aperçu de la prison comme modèle de réflexion..."

Le film d'Audrey Estougo suit Mathilde, qui, pour sauver l’homme qu’elle aime de la prison,prend sa place en lui permettant de s’évader. Alors que sa survie en milieu carcéral ne dépend que de lui, Mathilde n’en reçoit plus aucune nouvelle. Isolée, soutenue uniquement par son fils, elle répond désormais au numéro d’écrou 383205-B.

7 janvier 2015 : tous Charlie

Posté par MpM, le 7 janvier 2015

charlieQuand la fiction traverse l'écran, ce n'est pas toujours pour le meilleur. Depuis plusieurs semaines, le film Timbuktu d'Abderhamane Sissako livre un regard cru et profond sur les exactions des djihadistes au Mali : limitation des libertés individuelles, lapidations, mariages forcés... Au nom d'une religion qu'ils se sont arbitrairement accaparé, les soldats pensent avoir droit de vie et de mort sur leurs concitoyens.

Une réalité lointaine ? L'attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo rappelle que ces exactions nous concernent tous. Aujourd'hui, en France, dessiner et faire rire sont devenus des crimes punis de mort. Aujourd'hui, en France, des hommes sont morts parce qu'ils croyaient en un idéal, celui de la liberté d'expression, mais aussi en une force : celle du rire, pour adoucir les oppositions et faire voler en éclats les barrières et les malentendus, et surtout les haines et les peurs. Il n'existe pas de terme assez fort pour dire l'horreur d'une telle pensée. Il n'existe pas de mot assez virulent pour condamner de tels actes.

Mais attention aux amalgames et aux raccourcis. Les seules personnes à blâmer pour ces assassinats abjects, ce sont leurs auteurs, et ceux qui les ont conditionnés à agir ainsi. Ne prenons pas prétexte de l'attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo pour chercher des boucs émissaires ou stigmatiser une religion ou un groupe d'individus.

Au contraire, prenons exemple sur un autre film, Iranien de Mehran Tamadon (sorti début décembre), pour combattre nos propres angoisses, nos propres fantasmes. Dans ce documentaire étonnant, un rapprochement fugace s'opère entre des hommes que tout semble (à tort) opposer : des mollahs affiliés au régime en place et un cinéaste athé convaincu. Si eux peuvent le temps d'un week-end oublier leurs dissensions pour apprendre à se connaître, pourquoi ne pourrions-nous pas abandonner nous aussi nos préjugés ?

L'art, le dialogue, et souvent l'humour sont les meilleures armes pour repousser l'obscurantisme et mettre en lumière les points communs entre les êtres, plutôt que leurs différences. Parce qu'aujourd'hui, nous sommes tous Charlie, défendons la liberté d'expression, mais aussi le vivre ensemble, la bienveillance et le partage. C'est la seule solution pour résister à la barbarie, la haine et l'obscurantisme qui viennent de s'abattre sur nous.

Cannes 2011 (bilan) : le réel dépasse la fiction

Posté par vincy, le 23 mai 2011

Le Festival de Cannes n'a pas été avare en divisions, en grandes émotions et en petits scandales : Malick et Ceylan ont scindé les critiques en deux camps, les photographes ont posé leurs appareils devant Belmondo, Lars Von Trier a été exclu du Festival après des propos idiots et provocateurs. La qualité globale des films, un marché en forme, le retour du champagne dans les soirées, l'envie, tout simplement, de discuter de cinéma contrastaient avec l'année passée, où les festivaliers, entre neurasthénie et anesthésie, subissaient les contre-coups de la crise.

Mais la reprise n'aura pas suffit. Parfois, dans cette bulle cannoise, coupée du monde et remplie de monde, l'actualité envahit les écrans de télévision du Palais et les conversations des accrédités, devenant ainsi LE film qu'il ne faut pas manquer.

Un centre du monde délocalisé à New York

C'est rare que Cannes ne parvienne pas à faire l'événement durant 10 jours (en même dix jours pour un festival culturel c'est une durée interminable pour un média généraliste). Comme les J.O. ou la Coupe du monde, le Festival attire des milliers du journalistes venus des quatre coins de la Planète : la Croisette devient un centre du monde.

Mais cette année, dès la 4e nuit de la manifestation, l'actualité s'est déplacée à New York. L'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, DG du FMI et favori pour la prochaine élection présidentielle française, pour une affaire de moeurs, a dévasté tous les autres sujets, de Fukishima à la Lybie, de la Syrie au futur bébé de Carla Bruni. D'habitude, même l'investiture d'un Président de la République ou une catastrophe naturelle (séisme en Algérie) sont regardées de très loin....

Les policiers, les spectateurs, les journalistes, ... tout le monde ne parlait que de cette foudre qui s'est abattue sur le paysage politique français. La star c'était lui. Le scénario le plus incroyable c'était encore lui. Le metteur en scène du film le plus captivant c'était toujours lui. La réalité dépassait la fiction, de très loin. Même si, avec Pater, La conquête et surtout L'exercice de l'Etat, Cannes ne manquait pas de fictions sur le sujet de la politique française.

Une ouverture de 1981 parasitée par une tentative d'assassinat.

Là, tout allait au delà. La bulle était percée, un autre air viciait le Festival, parasitant la couverture médiatique. Les rendez-vous s'annulaient, les antennes de Paris et d'ailleurs reprenaient la main, les films n'étaient plus jugés que pour eux-mêmes et par la profession, en vase-clos. De Dimanche à mercredi (jour des propos polémiques de Lars Von Trier), les festivaliers avaient le corps et les yeux à Cannes, la tête et la bouche à New York.

Ce n'est pas la première fois que Cannes voit sa communication brouiller. le phénomène Loft Story, les chars sur la place Tian'anmen, la tentative d'assassinat de Jean-Paul II le jour de l'ouverture, et bien entendu mai 1968, où les révoltes parisiennes ont conduit les cinéastes, par solidarité, à faire interrompre le Festival.

Mais, avec les téléphones portables, Twitter et les nouvelles politiques éditoriales misant sur l'instantanéité, couvrir un festival durant 10 jours devient un exploit. Le placer en tête des informations sera de plus en plus une exception. Cannes l'a bien compris en étalant ses films événements tout au long du Festival. Il faudra voir jusqu'où les rédactions résisteront à l'appel du sensationnalisme, privilégiant, même sur la Croisette, les petites phrases et pseudo-scandales aux avis critiques de films qui n'ont souvent que leurs deux ou trois projections pour créer un intérêt mondial.

Capitalism : A Love Story, titre ironique du nouveau Michael Moore

Posté par vincy, le 11 juillet 2009

Deux ans après le mitigé Sicko, le documentariste Michael Moore va essayer de nous faire réfléchir en nous faisant rire avec Capitalism : A Love Story. Titre évidemment très ironique. Les Américains le découvriront le 2 octobre 2009 en salles. Soit un an jour pour jour après le vote du Sénat américain en faveur du prêt de 700 milliards de $ pour sauver Wall Street.

Moore axe toute sa communication sur l'aspect romantique de son film : "il y a tout : de la luxure, de la passion, de la romance et 14 000 jobs en moins chaque jour. C'est un amour interdit, de ceux qui n'osent pas dire son nom." C'est ainsi qu'il définit notre relation au capitalisme. Capitalismessaiera de mettre en rapport la domination des entreprises - et leur motivation à ne plus se cntrôler dès qu'on leur parle de profit - sur la vie des citoyens ordinaires du monde entier. Au fur et à mesure des événements, Moore a préféré à se concentrer sur l'impact de la crise financière.

Paramount a les droits de distribution internationaux mais n'a pas encore confirmé une date de sortie en France.

Welcome, le film qui voudrait mettre fin à l’article 622.1

Posté par vincy, le 11 mars 2009

welcome_lioret-lindon.jpgRien ne vaut une polémique politique pour faire parler d'un film. Welcome, de Philippe Lioret, aura bénéficié des réactions du ministre de l'Immigration, Eric Besson. Quoi de mieux ? En effet, non seulement ce ministère est contesté depuis sa création et son titulaire a l'image du traître idéal (passé du Parti Socialiste à l'UMP).

Le cinéaste de Welcome, Philippe Lioret avait exprimé sa colère lors d'une avant-première à Douai, relayée par La Voix du Nord. "Je ne suis pas un politicien, moi. Et c'est quoi la solution ? Ça m'a tellement scié de voir ça. De voir qu'un brave mec, d'un seul coup, se retrouve mis en examen, et qu'il peut aller en taule. C'est dingue. J'ai l'impression qu'on est en 1943 et qu'on a planqué un Juif dans la cave."

Eric Besson a réagit une première fois sur RTL, le 7 mars. "Philippe Lioret a plus que franchi la ligne jaune. Suggérer que la police française, c'est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu'ils sont l'objet de rafles, etc., c'est insupportable."

Dans une lettre adressée au journal Le Monde, Philippe Lioret lui répond : "Sachez qu'en l'occurrence, je ne mets pas en parallèle la traque des juifs et la Shoah, avec les persécutions dont sont victimes les migrants du Calaisis et les bénévoles qui tentent de leur venir en aide, mais les mécanismes répressifs qui y ressemblent étrangement ainsi que les comportements d'hommes et de femmes face à cette répression."

"Il y a quelques jours encore, près de Béthune, une femme a été mise en garde à vue pour avoir simplement rechargé des téléphones portables de migrants. Welcome ne fait qu'illustrer ce genre de fait divers", ajoute-t-il.  "La réalité, dit-on, dépasse souvent la fiction. Votre réalité, Monsieur Besson, se contente de l'égaler et c'est déjà suffisant pour être affligeant, pour confirmer qu'aujourd'hui, dans notre pays, de simples valeurs humaines ne sont pas respectées. C'est cela que vous devriez trouver "inacceptable.""

Après ce ping-pong, la polémique s'est enflammée. L'avocat général à la cour d'appel de Paris, Philippe Bilger, estime sur son blog que le parallèle avec la répression des juifs en France en 1943 relève de la "provocation". Mercredi 11 mars, Eric Besson, dépassé par ses propos, et voyant la publicité indirecte qu'il faisait au film, remet une couche. Sur Canal +, il estime que "le film lui même est émouvant, Vincent Lindon joue bien et c'est un très bon film, ce que je regrette, c'est l'avant-vente ou l'après-vente du film, il y a eu un dérapage qui est lourd, grave et inacceptable de Philippe Lioret qui tente maintenant de l'atténuer".  "Le vocabulaire qui est issu de la deuxième guerre mondiale, traque, rafle, assimilation aux Juifs en 43, est un vocabulaire grave inacceptable et que, selon moi, on ne devrait jamais utiliser dans le débat politique".

 "Je pense que c'est par le cinéma que les choses peuvent encore évoluer"

Or selon la CIMADE, une rafle "est une arrestation en masse d'une partie ciblée d'une population, faite à l'improviste et organisée par la police." Et il y a en régulièrement en France ces derniers temps. Des élus ont même été gardés à vue récemment pour avoir hébergé des immigrés en situation irrégulière. N'importe quel réfugié, même demandant le droit d'asile, peut se retrouver dans un centre où ses libertés seront inexistantes durant 18 mois...

Besson précise quand même son interprétation : "La situation de Calais est difficile parce que ces personnes ne veulent pas rester en France, qu'il s'agisse des Afghans, des Somaliens, des Erythréens ... coûte que coûte, ils veulent aller en Angleterre, il ne veulent pas demander l'asile à la France, ils pourraient le faire, nous les aidons et mon ministère met à leur disposition des places d'hébergement qu'ils ne veulent pas utiliser". "Donc, je n'accepte pas qu'on dise que ces personnes sont maltraitées alors qu'elles veulent passer clandestinement en Angleterre, ce que l'Etat français ne peut pas faciliter, ce sont les passeurs que nous essayons de traquer et je ne vois pas quel républicain, quel humaniste pourrait avoir le moindre état d'âme à ce que la police traque les filières d'immigration clandestine", a t-il dit.

Dès lors, fort d'un très bon démarrage mercredi, Welcome est devenu le sujet de débat du moment. Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam, qui vient en aide aux migrants à Calais affirme que "Welcome ne sombre jamais ni dans le voyeurisme ni dans l'affectif, c'est ce qui fait sa valeur. Il montre la triste réalité que vivent à la fois les migrants et les bénévoles calaisiens, même si le quotidien est souvent bien pire. Il ne se passe pas une seule journée sans que des gens soient matraqués ou gazés. Mais il ne faudrait pas que le film devienne trop polémique, il doit rester un film citoyen qui fasse réfléchir. Je pense que c'est par le cinéma que les choses peuvent encore évoluer. C'est un lieu de culture et d'échange privilégié". Cependant il reproche à Besson d'entretenir cette polémique. "Quand on ne s'attaque pas au fond et qu'on polémique sur les petites phrases, c'est tragique et inacceptable. Besson est très fort, il polémique pour détourner l'attention. Il a voulu salir le film en déformant les mots de Philippe Lioret."

Homme en colère, Vincent Lindon, le 6 mars, avait mis les pieds dans le plat dans Le Parisien : "Je n’ai pas la prétention de réguler le flux migratoire en France ! Mais, comme beaucoup de Français, j’estime qu’il faut qu’on respecte les êtres humains. Les gens à Calais sont parfois traités plus mal que des chiens. Et ça, ça ne me va pas. Je ne comprends pas qu’il existe un article du Code de l’entrée, du séjour ou du droit d’asile aux étrangers qui dit : Toute personne qui vient en aide à une personne en situation irrégulière est passible de cinq ans de prison."

From Montfermeil with love…

Posté par vincy, le 16 octobre 2008

Du côté de Montfermeil, bourgade de la "banlieue" parisienne, ça chauffe. Luc Besson a affirmé mercredi que "si la sécurité n'est pas assurée", il repoussera ou annulera le tournage du film From Paris with love produit par sa société Europacorp, après l'incendie volontaire lundi de dix voitures de la production.

Pourtant ce thriller semblait déjà être le parfait modèle d'intégration. Besson, qui ne ménage pas ses efforts pour sortir les cités de leur destin fatal de zones oubliées, avait lancé une grande campagne auprès de la presse : John Travolta (et Jonathan Rhys Meyers) vont tourner dans la cité des Bosquets. Mais Besson, producteur du film de Pierre Morel (Banlieue 13, Taken) est venu annoncer aux figurants recrutés parmi les habitants qu'il annulait le tournage, considérant que les conditions de sécurité n'étaient pas réunies.

Le maire (UMP), Xavier Lemoine, a souhaité que cette décision soit réversible, et affirmé que cette situation le mettait "dans une situation difficile à gérer" en générant une énorme frustration parmi les habitants, et des tensions. Un rédacteur de France 2 a été roué de coups mardi à la mi-journée par trois personnes près des lieux de l'incendie des voitures, et son caméraman s'est fait dérober sa caméra.

Europacorp a officiellement suspendu le tournage et avoue rechercher un autre site. Le plan de travail a été changé pour s'adapter à l'agenda, serré, de Travolta. Pourtant l'idée était belle. Une centaine de personnes (figurants et jeunes chargés de la sécurité) avaient été recrutés. Certes, le maire peut invoquer la colère des habitants, mais qui a incendié les voitures ? Une dizaine de gamins selon le producteur.

Besson, sur Europe 1, a déclaré : "Les équipes travaillent avec les gens de Montfermeil depuis deux mois. On essaie de faire de l'emploi au maximum, mais je ne suis pas l'Etat . Je suis un chef d'entreprise. Il y a 80 techniciens qui travaillent sur le film. Une maquilleuse, quand elle vient le matin, ce n'est pas pour se prendre une pierre. Imaginez que quelque chose se passe et que quelqu'un se prenne une pierre...".

Selon The Independent, la police enquête sur un gang local qui essayait d'extorquer Europacorp afin d'assurer la protection des lieux. Un film dans le film.