800 artistes et personnalités lancent l’appel de Calais

Posté par redaction, le 21 octobre 2015

Ils sont 800. Cinéastes, chef op, comédiens, producteurs, mais aussi écrivains, intellectuels, éditeurs, musiciens... De Romain Duris à Omar Sy, de Riad Sattouf à Jeanne Moreau, de Valérie Donzelli à Agnès Jaoui. Ils se sont tous mobilisés avec un appel, doublé d'une pétition sur Change.org, pour alerter une opinion publique de plus en plus apeurée par les migrations mondiales. En jeu, les immigrants installés à Calais, attendant de pouvoir passer au Royaume Uni. Philippe Lioret en avait fait un film, Welcome (photo).

Les conditions de vie à Calais sont si épouvantables que ce bidonville géant est surnommé la Jungle. Une tache noire sur le continent européen qui s'est ancrée ici depuis la fermeture du centre de Sangatte en 2002 et qui a explosé démographiquement à partir de 2010.

Epidémie, viols, famine...

"Cinq à six mille femmes, hommes et enfants, épuisés par un terrible voyage, laissés à eux-mêmes dans des bidonvilles, avec un maigre repas par jour, un accès quasi impossible à une douche ou à des toilettes, une épidémie de gale dévastatrice, des blessures douloureuses, des abcès dentaires non soignés. Et les viols des femmes. Les enfants laissés à eux-mêmes dans les détritus. Les violences policières presque routinières. Les ratonnades organisée par des militants d’extrême droite" rappelle le texte, qui s'interroge: " Jusqu’à quand allons-nous nous taire ?"

"Au prétexte que des conditions de vie moins inhumaines pourraient produire «un appel d’air» envers d’autres réfugiés, le gouvernement de notre pays a décidé de se défausser sur les associations et les bonnes volontés. Celles-ci sont admirables mais ne peuvent pas tout. Ce désengagement de la puissance publique est une honte dans un pays qui même en période de crise, reste la sixième puissance économique mondiale."

Pauvres contre pauvres

Un appel de 800 intellectuels et artistes, relayer en une d'un quotidien national, Libération, peut frapper les esprits. On ne regrettera jamais cette mobilisation, ce sursaut citoyen face aux "discours réactionnaires ou fascisants [qui] ne cessent depuis des années de diviser les gens, d’opposer des catégories toujours plus fragmentées, pour mieux propager leur idéologie haineuse. Aujourd’hui leur propagande avance l’argument qu’il n’y aurait plus de place pour les exilés d’où qu’ils viennent, soi-disant au nom de la défense des plus pauvres des Français". Cela rappelle cette scène dans Pan où les esclaves votent avec ferveur pour la mort de trois d'entre eux sous prétexte que leur tyran en a décidé ainsi....

Il n'y a pas de gens plus misérables ou miséreux que d'autres et cela détruit l'idée même de la République. En prenant la parole, tous ensemble, ces 800 signataires veulent croire que des valeurs universalites et humanistes peuvent contrer la parole incendiaire de certains politiques, les injustices causées par les politiques européennes et nationales et l'opinion de plus en plus répandue que ces exilés de Calais sont des persona non grata au prétexte qu'ils sont clandestins avant d'être des humains.

L'appel demande "solennellement au gouvernement un large plan d’urgence pour sortir la jungle de Calais de l’indignité dans laquelle elle se trouve."

Un appel à l'ancienne

Cependant, comme l'expliquait très bien Céline Sciamma, signataire de l'appel, dans une tribune parue dans le même Libération, samedi dernier, "Il ne fait aujourd’hui plus de doute que nous avons du retard sur nos adversaires intellectuels de droite. Ce sont des athlètes de leur idéologie et, face à eux, nous devons lutter contre un sentiment d’impuissance et d’accablement aussi bien intime que collectif." Sa réflexion visait juste quand elle y écrit: "L’argumentaire est abandonné au profit d’une invocation sentimentale, là où nos adversaires font exactement l’inverse : ils déguisent leurs sentiments, de peur, de haine, en système argumenté. La riposte ne passe plus par la télévision, vieux média peuplé de vieilles personnes s’adressant à leurs semblables. La véritable offensive médiatique de la fachosphère est sur le Web, et c’est cet endroit qu’il faut investir avec force."

Or cet Appel, juste et salvateur, semble davantage une "invocation sentimentale" qu'un "système argumenté". Pire, la riposte proposée se fait dans un quotidien certes encore un peu influent mais diffusé à moins 95000 exemplaires (source OJD), soit à peine plus que La Croix, et qui n'est que le 10e site d'information le plus fréquenté sur Internet et mobile. C'est pour cela, notamment, que nous décidons de relayer cet appel, à notre modeste niveau. Si on veut interpeller les citoyens, c'est bien sur les réseaux sociaux qu'il faut désormais le faire. Et il faudrait que tous les signataires relaient cet appel avec mot-dièse compris sur leurs comptes twitter et pages facebook. Ce qui est loin d'être le cas.

Le cinéma s'engage

Parmi les 800 signataires: Anne Alvaro, Marie Amachoukeli , Mathieu Amalric , Jean-Pierre Améris, Ariane Ascaride , Antoine de Baecque, Josianne Balasko, Jeanne Balibar, Emmanuelle Béart, Alex Beaupain , Xavier Beauvois , Bérénice Bejo, Lucas Belvaux , Emmanuelle Bercot, Enki Bilal, Benjamin Biolay , Jacques Bonnaffé, Rachida Brakni, Thomas Cailley, Robin Campillo, Laurent Cantet, Marilyne Canto, Eric Cantona, Philippe Caubère, Clémentine Célarié, Caroline Champetier , Jean-Louis Comolli, Catherine Corsini, Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Jean-Pierre Darroussin, Anaïs Demoustier, Claire Denis , Alex Descas , Arnaud Desplechin , Vincent Dieutre , Marcial Di Fonzo Bo , Valérie Donzelli , Jean Douchet, Valérie Dréville, Romain Duris, Jérémie Elkaïm , Abbas Fahdel, Philippe Faucon, Pascale Ferran, Laurence Ferreira Barbosa, Jean-Michel Frodon, Valéry Gaillard, Nicole Garcia, Louis Garrel, Philippe Garrel, Gilles Gaston-Dreyfus, Costa-Gavras, Sylvain George, Hyppolite Girardot, Agnès Godard, Jean-Luc Godard, Fabienne Godet, Yann Gonzalez, Romain Goupil, Pascal Greggory , Anouk Grinberg, Robert Guédiguian, Tran Han Hung , Michel Hazavanicius, Agnès Jaoui, Yves Jeuland, Reda Kateb, Cédric Klapisch, Helena Klotz, Nicolas Klotz, Claude Lanzmann, Pascal Légitimus, Louis-Do de Lencquesaing, Anne Le Ny, Serge Le Péron, Pierre Lescure, Sébastien Lifshitz, Thomas Lilti, Virginie Linhart, Jean-Louis Livi, Noémie Lvovsky, Haroun Mahamat Saleh, Abd al Malik, Tonie Marshall, Gilles Marchand, Jean-Louis Martinelli, Corinne Masiero, Laetitia Masson, Antoine Mathieu, Claire Mathon, Macha Méril, Radu Mihaileanu, Patrick Mille, Nadir Mokneche, Dominik Moll, Gérard Mordillat, Jeanne Moreau , Yolande Moreau, Gaspar Noë, Valérie Osouf,, François Ozon, Rithy Panh, Elisabeth Perceval, Thierry de Peretti, Nicolas Philibert, Sylvie Pialat, Bruno Podalydès, Denis Podalydès, Clémence Poésy, Joana Preiss, Katell Quillévéré, Jacques-Remy Girerd, Vincent Rottiers, Jean Rousseau, Christophe Ruggia, Agnès de Sacy , Céline Sallette, Pierre Salvadori, Riad Sattouf, Céline Sciamma, Joann Sfar, Abderrahmane Sissako, Omar Sy, Bertrand Tavernier, Jenny Teng, Danièle Thompson, Serge Toubiana, Gaspard Ulliel, Dominique Valadié, Karin Viard, Hélène Vincent , Régis Wargnier, Bruno Wolkowitch, Paule Zadjermann , Malik Zidi et Rebecca Zlotowski.

Ecran Noir décerne « ses » Césars 2010

Posté par vincy, le 27 février 2010

Nous serons à coups sûrs déçus par les vainqueurs des Césars, comme souvent. On reste surpris de certaines nominations (La journée de la jupe, un téléfilm à l'origine), de certains oublis (Chiara Mastroianni) et de quelques obstinations (l'absence persévérante d'un César du meilleur film d'animation).

Si on voit mal le treize fois nommé Un prophète repartir bredouille, et s'il mérite le César du meilleur film et du meilleur réalisateur, il reste qu'on peut s'attendre à une surprise dans la catégorie reine. Welcome, avec son sujet politique et l'actualité récente sur l'identité nationale, peut s'avérer un outsider redoutable.
La catégorie meilleur acteur est l'une des plus ovuertes. Cluzet part en tête, si l'on prend en compte les récents prix distribués par différents corps de la profession. Mais, deux fois nommé, il peut aussi voir ses soutiens se dilluer. Un César pour Attal et surtout Lindon aurait plus de caractère : ils ne l'ont jamais eu, et les films qu'ils représentent sont clairement meilleurs.

Côté actrice, tout le monde souhaite la résurrection d'Isabelle Adjani. Ce serait un choix facile et injuste pour Kristin Scott-Thomas, qui signe clairement la meilleure performance de l'année, avec Dominique Blanc dans L'autre. Là encore Scott-Thomas n'a jamais été césarisée.
Les seconds rôles sont très ouverts; on miserait volontiers sur Niels Arestrup et Noémie Lvovsky; même si un César pour Anglade aurait de la gueule après sa traversée du désert, et pour Atika, par pure amitié. Enfin, on voit mal Tahir Rahim ne pas être sacré espoir masculin.

Dans les catégories techniques, les Césars auront le choix de prolonger la razzia attendue du Prophète. Mais c'est aussi avec ce prix que Welcome a le plus de chance. Dans les deux cas, ce serait un bon choix.  Trois adaptations parmi les cinq sont particulièrement réussies : Coco avant Chanel, Mademoiselle Chambon et Les herbes folles.

La meilleure première oeuvre devrait revenir, logiquement, aux Beaux Gosses, tout comme le meilleur documentaire aurait de la classe avec L'enfer de HG Clouzot. On ne se fait pas d'illusions : Le Ruban Blanc devrait recevoir son énième prix ce soir.

Pour le court-métrage soyons subjectif : nous votons pour nos amies Claire Burger et Marie Amachoukeli (C'est gratuit pour les filles). Et pour la musique, Le concert a toutes ses chances, vu son sujet. Ce qui nous ferait plaisir pour Camille Adrien qui a supervisé les orchestrations et les compositions d'Armand Amar.

Enfin deux Césars qui ne nous décevront pas : Eric Rohmer et Harrison Ford. Un grand écart qui souligne à quel point le 7e Art est riche de ses contrastes. Ce que souvent les Césars oublient dans leurs nominations.

Jacques Audiard, Trophée de la personnalité de l’année

Posté par vincy, le 2 février 2010

Le Film Français a remis ses 17e Trophées annuels. Ils récompensent les champions du box office mais aussi, après vote du jury, des équipes et des personnalités de l'audiovisuel. Enfin les lecteurs du magazine professionnel élisent la personnalité de l'année, tous secteurs et métiers confondus.

Cette année, le Grand prix du jury du Festival de Cannes et favori des César, Jacques Audiard, l'a emporté. Depuis mai, Un prophète a conquis professionnels, public (1,2 millions de spectateurs), critiques. le film a très bien démarré au Royaume Uni et il vient d'être cité à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Il devance Stéphane Célérier (Mars distribution) et Marie-Christine Desandré (exploitante de salles de cinéma).

Sinon on retrouve dans la liste le Trophée des trophées (Avatar), le Trophée du Film français (Le petit Nicolas), le Trophée du premier film (Coco) et le Trophée de l'oeuvre européenne (Slumdog Millionaire).

Les jurys ont élu Mario Tommasini pour le Trophée de l'exploitant (Pathé et Gaumont à Rouen), préféré à Sylvain Pichon (Méliès Saint-Etienne) et Guillaume Dufour (MK2 Bibliothèque).

Philippe Lioret et Christophe Rossignon ont reçu le Trophée du duo cinéma (Welcome) et Riad Sattouf et Anne-Dominique Toussaint le Trophée du duo révélation (Les beaux gosses).

César 2010 : les espoirs possibles…

Posté par vincy, le 19 décembre 2009

Les coffrets César arrivent avant le Père Noël chez les professionnels de la profession. Un prophète semble imbattable cette année, devant l'outsider Welcome. Mais dans deux catégories, les espoirs masculins et féminins, les votants auront un peu moins de choix. une pré-sélection a été livrée en novembre  par le comité Révélation de l'Académie des César. 32 comédiens sont en lice. Les jeunes hommes sont, à deux exceptions près, des quasi inconnus. La plupart symbolise une France métissée et migrante.Du côté des filles, on mise davantage sur des valeurs sûres ou des actrices déjà nommées.

Masculin : Tahar Rahim et Adel Bencherich (Un prophète) ; Reda Kateb  et Julien Lucas (Qu'un seul tienne et les autres suivront) ; Vincent Lacoste et Anthony Sonigo  (Les beaux gosses) ; Mhamed Arezki (Adieu Gary) ; Firat Ayverdi (Welcome) ; Abraham Belaga (Cendres et sang) ; Mehdi Dehbi (La folle histoire d'amour de Simon Eskenazy) ; Yann Ebongé (La journée de la jupe) ; Cyril Guei (L'autre) ; Jérémy Kapone (LOL) ; Alex Lutz (OSS 117, Rio ne répond plus) ; Vincent Rottiers (Je suis heureux que ma mère soit vivante) ; Samy Seghir (Neuilly sa mère !).

Féminin : Anaïs Demoustier (Sois sage) ; Lola Naymark (L'armée du crime) ; Florence Loiret-Caille (Je l'aimais) ; Mélanie Thierry (Le dernier pour la route) ; Marie-Julie Baup (Micmacs à tire-larigot) ; Astrid Berge-Frisbey (Un barrage contre le Pacifique) ; Agathe Bonitzer (Un chat un chat) ; Sophie Cattani (Je suis heureux que ma mère soit vivante) ; Judith David (Je te mangerais) ; Mati Diop (35 Rhums) ; Pauline Etienne (Qu'un seul tienne et les autres suivront) ; Alice de Lencquesaing (Le père de mes enfants) ; Sara Martins (Mensch) ; Vimala Pons (La Sainte Victoire) ; Soko (A l'origine) ; Christa Theret (LOL).

Le Parlement européen plébiscite Welcome

Posté par MpM, le 29 novembre 2009

WelcomePour la troisième année consécutive, le Parlement européen a décerné le prix Lux qui a pour objectif de promouvoir la diversité des cultures et de faciliter la circulation des films européens. Face à Sturm (La révélation) de Hans-Christian Schmid et Eastern Plays de Kamen Kalev, c'est Welcome de Philippe Lioret qui succède au Silence de Lorna des frères Dardenne (2008) et à De l'autre côté de Fatih Akin (2007).

Cette récompense, qui consiste en une aide d'environ 87 000 euros, financera le sous-titrage du film dans les 23 langues officielles de l'Union européenne ainsi que l'adaptation de la version originale pour les spectateurs atteints d'un handicap visuel ou auditif.

Welcome, qui a beaucoup fait parler de lui en France en abordant la question sensible de l'aide aux réfugiés en situation irrégulière, est donc loin d'avoir terminé sa carrière... et continuera même peut-être d'alimenter la polémique. Plus important, c'est une chance formidable pour ce très beau film de se confronter à un public extrêmement large et divers qui devrait en percevoir toute l'universalité.

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Pour le public d'Ile-de-France, Welcome sera projeté lundi 30 novembre au Forum des Images, en présence du réalisateur et du scénariste. La séance (entrée libre) sera suivie d'un débat.

Futurs talents romantiques à Cabourg

Posté par kristofy, le 22 juin 2009

C’est court mais c'est bon, et même parfois très bon. Le Festival de Cabourg fait une place importante aux courts-métrages avec plusieurs séances et une sélection de courts de haute volée en compétition. Robin Renucci présidait le jury, entouré de Cécile Cassel, François Vincentelli, Nick Rollinger, Bouraouïa Marzouk, Jeanne Cherhal (la chanteuse était ici l’année dernière en faisant l'actrice dans La copie de Coralie) et de cinéphiles.

Phone Story de Binevsa Berivan raconte une envie d’histoire d’amour d’un immigré kurde dans un Bruxelles en noir et blanc.

Clément Michel qui découvre la paternité dans Bébé (avec Marie Denarnaud) est certainement le plus drôle de tous.

C’est gratuit pour les filles déjà découvert à Cannes dans lequel on voit les dégâts que provoque une vidéo compromettante mise sur internet est une bouffée de fraîcheur. Vingt minutes après, on voudrait voir le long métrage...

Le réalisateur Nicolas Miard avait déjà eu son premier court remarqué à Cabourg avec le prix d’interprétation pour Adrien De Van, l’acteur est encore le personnage principal de son nouveau court Le chant des sirènes (avec aussi Pauline Acquart). C’est d’ailleurs un peu le point de départ d’une histoire que Nicolas Miard compte bien réaliser en long-métrage.

Nous aurions bien élu meilleur acteur le belge Thomas Roland pour La balançoire où il joue un père divorcé qui voudrait rester le plus longtemps possibles avec son fils avant que sa femme ne le récupère. La meilleure actrice aurait été Camille Claris pour En douce où elle est une adolescente qui fantasme sur son voisin.

Et j'aurai décerné le prix du meilleur court pour Les moineaux de Runar Runarsson où deux jeunes à peine ados vont basculer de manière dramatique dans le monde des adultes.

Autant de courts-métrages où l’originalité est une bonne surprise. Le Festival de Cabourg veut soutenir les jeunes talents du cinéma avec le Prix du Premier Rendez-vous qui récompense la première apparition à l’écran d’un acteur et d’une actrice.  Ce prix a été remis à Firat Ayverdi. Il a crevé l’écran en jeune clandestin dans Welcome de Philippe Lioret. C’est d'ailleurs son partenaire Vincent Lindon qui lui a donné son trophée : "ce prix est un encouragement à continuer mais pas n’importe comment."

Sandrine Bonnaire a même insisté : "pour continuer ce métier ce qui est important c’est aussi avec qui on commence." Elle a transmios le prix féminin à l’actrice Astrid Berges-Frisbey découverte dans Un barrage contre le Pacifique de Rithy Pan.

Agnès Varda, Grand prix de la SACD

Posté par vincy, le 5 juin 2009

Le Grand prix 2009 de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a été attribué pour à la cinéaste Agnès Varda, pour l'ensemble de sa carrière. La documentariste, récemment césarisée, connaît tous les honneurs depuis la sortie des Plages d'Agnès. Après Costa-Gavras, Colline Serreau et Patrice Chéreau (l'an dernier), c'est la quatrième fois durant ces quinze dernières années qu'une personnalité du cinéma reçoit cette récompense.

Les prix seront remis le 15 juin. Parmi les autres lauréats notons la présence de Philippe Lioret, le réalisateur de Welcome, dans la catégorie cinéma.

Nulle part, terre promise : terres d’écueils

Posté par Morgane, le 31 mars 2009

nullepart.jpgL’Histoire : Trois personnages sillonnent l'Europe d'aujourd'hui. Un jeune cadre. Une étudiante. Un kurde et son fils. Vers l'est ou vers l'ouest, en camion, en business class, en stop, en train, avec ou sans papier, à travers l'Europe contemporaine, chacun en quête de sa terre promise.

Notre avis : Nulle part terre promise. Le titre sonne comme un appel à l’exil, au voyage vers un ailleurs, une terre d’accueil, une terre promise. Mais le propos à l’écran semble bien différent. Chacun des personnages est effectivement sur la route mais le but et les raisons de ces errances sont loin d’être les mêmes. Seuls le père et son fils (kurdes), fuyant leur pays, parcourent les routes à la recherche d’une nouvelle terre où vivre (ici encore, à l’instar du film Welcome, l’Angleterre tient lieu de terre promise).

Les deux autres personnages (l’étudiante et le cadre) sont aussi en quête, mais pas d’une terre promise. Perdus, ils se cherchent eux-mêmes. Elle, est étudiante et se promène caméra à la main, à travers l’Europe de l’Est avant e rentrer dans son propre pays. Quant à lui, il s’occupe de la délocalisation d’une entreprise française et est chargé d’envoyer les machines en Hongrie.

Leurs destins ne se croisent que l’espace d’un court instant. Ils se frôlent puis repartent chacun dans leur direction. Ces personnages n’ont finalement en commun que leurs propres solitudes, qui ne se rejoignent jamais.

Les thèmes de l’exil, du départ, de la recherche d’un ailleurs sont, certes, récurrents mais très intéressants. Néanmoins, la manière dont Emmanuel Finkiel (qui après Voyages réalise ici sont deuxième long métrage) aborde ces sujets sonne faux. La mise en scène et la façon de filmer paraissent prétentieuses. Les visages sont filmés très souvent en gros plan, coupés. La caméra les scrute de près et ne s’en éloigne que pour s’attarder sur une roue de camion ou une goutte d’eau. La quasi absence de dialogues renforce ce sentiment d’être face à un film prétentieux dont on attend, jusqu’à la fin, que l’histoire veuille bien se mettre en place.

Welcome, le film qui voudrait mettre fin à l’article 622.1

Posté par vincy, le 11 mars 2009

welcome_lioret-lindon.jpgRien ne vaut une polémique politique pour faire parler d'un film. Welcome, de Philippe Lioret, aura bénéficié des réactions du ministre de l'Immigration, Eric Besson. Quoi de mieux ? En effet, non seulement ce ministère est contesté depuis sa création et son titulaire a l'image du traître idéal (passé du Parti Socialiste à l'UMP).

Le cinéaste de Welcome, Philippe Lioret avait exprimé sa colère lors d'une avant-première à Douai, relayée par La Voix du Nord. "Je ne suis pas un politicien, moi. Et c'est quoi la solution ? Ça m'a tellement scié de voir ça. De voir qu'un brave mec, d'un seul coup, se retrouve mis en examen, et qu'il peut aller en taule. C'est dingue. J'ai l'impression qu'on est en 1943 et qu'on a planqué un Juif dans la cave."

Eric Besson a réagit une première fois sur RTL, le 7 mars. "Philippe Lioret a plus que franchi la ligne jaune. Suggérer que la police française, c'est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu'ils sont l'objet de rafles, etc., c'est insupportable."

Dans une lettre adressée au journal Le Monde, Philippe Lioret lui répond : "Sachez qu'en l'occurrence, je ne mets pas en parallèle la traque des juifs et la Shoah, avec les persécutions dont sont victimes les migrants du Calaisis et les bénévoles qui tentent de leur venir en aide, mais les mécanismes répressifs qui y ressemblent étrangement ainsi que les comportements d'hommes et de femmes face à cette répression."

"Il y a quelques jours encore, près de Béthune, une femme a été mise en garde à vue pour avoir simplement rechargé des téléphones portables de migrants. Welcome ne fait qu'illustrer ce genre de fait divers", ajoute-t-il.  "La réalité, dit-on, dépasse souvent la fiction. Votre réalité, Monsieur Besson, se contente de l'égaler et c'est déjà suffisant pour être affligeant, pour confirmer qu'aujourd'hui, dans notre pays, de simples valeurs humaines ne sont pas respectées. C'est cela que vous devriez trouver "inacceptable.""

Après ce ping-pong, la polémique s'est enflammée. L'avocat général à la cour d'appel de Paris, Philippe Bilger, estime sur son blog que le parallèle avec la répression des juifs en France en 1943 relève de la "provocation". Mercredi 11 mars, Eric Besson, dépassé par ses propos, et voyant la publicité indirecte qu'il faisait au film, remet une couche. Sur Canal +, il estime que "le film lui même est émouvant, Vincent Lindon joue bien et c'est un très bon film, ce que je regrette, c'est l'avant-vente ou l'après-vente du film, il y a eu un dérapage qui est lourd, grave et inacceptable de Philippe Lioret qui tente maintenant de l'atténuer".  "Le vocabulaire qui est issu de la deuxième guerre mondiale, traque, rafle, assimilation aux Juifs en 43, est un vocabulaire grave inacceptable et que, selon moi, on ne devrait jamais utiliser dans le débat politique".

 "Je pense que c'est par le cinéma que les choses peuvent encore évoluer"

Or selon la CIMADE, une rafle "est une arrestation en masse d'une partie ciblée d'une population, faite à l'improviste et organisée par la police." Et il y a en régulièrement en France ces derniers temps. Des élus ont même été gardés à vue récemment pour avoir hébergé des immigrés en situation irrégulière. N'importe quel réfugié, même demandant le droit d'asile, peut se retrouver dans un centre où ses libertés seront inexistantes durant 18 mois...

Besson précise quand même son interprétation : "La situation de Calais est difficile parce que ces personnes ne veulent pas rester en France, qu'il s'agisse des Afghans, des Somaliens, des Erythréens ... coûte que coûte, ils veulent aller en Angleterre, il ne veulent pas demander l'asile à la France, ils pourraient le faire, nous les aidons et mon ministère met à leur disposition des places d'hébergement qu'ils ne veulent pas utiliser". "Donc, je n'accepte pas qu'on dise que ces personnes sont maltraitées alors qu'elles veulent passer clandestinement en Angleterre, ce que l'Etat français ne peut pas faciliter, ce sont les passeurs que nous essayons de traquer et je ne vois pas quel républicain, quel humaniste pourrait avoir le moindre état d'âme à ce que la police traque les filières d'immigration clandestine", a t-il dit.

Dès lors, fort d'un très bon démarrage mercredi, Welcome est devenu le sujet de débat du moment. Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam, qui vient en aide aux migrants à Calais affirme que "Welcome ne sombre jamais ni dans le voyeurisme ni dans l'affectif, c'est ce qui fait sa valeur. Il montre la triste réalité que vivent à la fois les migrants et les bénévoles calaisiens, même si le quotidien est souvent bien pire. Il ne se passe pas une seule journée sans que des gens soient matraqués ou gazés. Mais il ne faudrait pas que le film devienne trop polémique, il doit rester un film citoyen qui fasse réfléchir. Je pense que c'est par le cinéma que les choses peuvent encore évoluer. C'est un lieu de culture et d'échange privilégié". Cependant il reproche à Besson d'entretenir cette polémique. "Quand on ne s'attaque pas au fond et qu'on polémique sur les petites phrases, c'est tragique et inacceptable. Besson est très fort, il polémique pour détourner l'attention. Il a voulu salir le film en déformant les mots de Philippe Lioret."

Homme en colère, Vincent Lindon, le 6 mars, avait mis les pieds dans le plat dans Le Parisien : "Je n’ai pas la prétention de réguler le flux migratoire en France ! Mais, comme beaucoup de Français, j’estime qu’il faut qu’on respecte les êtres humains. Les gens à Calais sont parfois traités plus mal que des chiens. Et ça, ça ne me va pas. Je ne comprends pas qu’il existe un article du Code de l’entrée, du séjour ou du droit d’asile aux étrangers qui dit : Toute personne qui vient en aide à une personne en situation irrégulière est passible de cinq ans de prison."

Berlin : Chabrol,Tavernier, Lioret… les Français en force

Posté par MpM, le 8 février 2009

tarvernier berlinale 2009Après la présentation du nouveau film de François Ozon (Ricky), c’était samedi au tour de Bertrand Tavernier de faire son entrée dans la course à l’Ours d’or avec l’adaptation du roman Dans la brume électrique avec les morts confédérés de James Lee Burke. Le film, qui aura finalement mis plus d’un an à sortir (apparemment suite à des problèmes de production), est un polar poisseux et envoûtant situé en Louisiane. Tommy Lee Jones y incarne un policier enquêtant sur des meurtres sadiques de jeunes femmes marginales tout en essayant de résoudre une autre affaire vieille de plus de quarante ans… L’acteur, absolument formidable en vieux dur à cuire à qui on ne la fait pas, manie avec autant de talent humour et violence rageuse. Il est parfaitement mis en valeur par un Tavernier en pleine forme qui excelle à recréer l’ambiance des polars d’autrefois tout en donnant une résonance actuelle à l’intrigue qui vient nous rappeler qu’aucun combat n’est jamais définitivement gagné, ni perdu.

Deux autres cinéastes français, et non des moindres, étaient également représentés dans les sections parallèles. Claude Chabrol, honoré par le prix "Berlinale caméra", a montré en avant-première son Bellamy, comédie sociale à prétexte policier qui réunit entre autres Gérard Depardieu, Jacques Gamblin, Clovis Cornillac et Marie Bunel (Les Choristes, "La crim'", La fille coupée en deux). Une sorte d’hommage nonchalant et enlevé aux enquêtes policières de Miss Marple ou du Commissaire Maigret (le film est d’ailleurs dédié aux "deux George", Simenon et Brassens) doublé d’une réflexion sur la famille et les apparences qui là, plus que jamais, s’avèrent trompeuses…

Dans un registre plus dramatique, l’impeccable adaptation du roman d’Olivier Adam par le réalisateur de Je vais bien ne t'en fais pas (autre livre d'Olivier Adam), Philippe Lioret. A l’abri de rien en librarie est devenu Welcome pour le cinéma et a fait sensation en section panorama. Comme presque toujours chez le cinéaste, la mise en scène (classique et discrète) est tout entière dévouée à l’intrigue et à la meilleure manière de rendre hommage aux personnages. Comme il s’est saisi d’une histoire en elle-même extrêmement forte (la lutte acharnée d’un jeune Iraquien pour quitter le no man’s land de la zone des réfugiés de Calais et rejoindre l’Angleterre), le résultat est bouleversant. Mais pas de sensationnalisme : les émotions faciles sont pudiquement transformées en une énergie brute de révolte et de colère. Magasins interdits aux réfugiés, harcèlement des bénévoles qui tentent de les secourir, intrusion policière dans la vie privée de ceux qui refusent de s’écraser… le portrait que le film dresse de la France, patrie des Droits de l’Homme, donne tout simplement envie de vomir. Dominent également des sentiments mêlés de honte, de gâchis et d’incommensurable tristesse. Une nouvelle voix, audible et intelligente, dans le chœur de plus en plus nombreux de ceux qui protestent contre ce qui est perpétré sur le territoire français (et en leur nom). Dans une ville au passé historique tel que celui de Berlin, le message résonne avec force et génère d’autant plus d’inquiétude envers l’avenir...