Animation: Illumination entre en guerre contre Disney

Posté par vincy, le 4 février 2017

Illumination Entertainment et Universal Pictures ont décidé de mettre les bouchées doubles. On les comprend. Tous en scène, leur dernier né, vient de passer le cap du million de spectateurs en 10 jours en France. Il s'approche des 500 millions de $ de recettes dans le monde. En 7 films, le duo a accumulé 4,6 milliards de recettes mondiales avec un champion, Les Minions (1,16 milliard de $). Suivent Moi Moche et Méchant 2 (971M$), Comme des bêtes, sorti l'an dernier (876M$), Moi Moche et Méchant (543M$), Tous en scène donc, Le Lorax (349M$) et Hop (184M$), seul flop en 2011.

Illumination a réussi à détrôner DreamWorks Animation pour devenir le seul rival sérieux de Disney, aux Etats-Unis comme ailleurs. Pour l'instant depuis le début des années 2000, Disney a classé 11 des 20 plus gros succès en Amérique du nord, Illumination 5, Dreamworks 3 et Warner Bros un seul.

Avec Universal, ils viennent de confirmer leurs projets. Et c'est une guerre déclarée à Disney qui se profile, en misant sur l'été et les fêtes de fin d'année durant les six prochaines années.

Le 30 juin 2017, Moi Moche et Méchant 3 sortira sur les écrans, deux semaines après Cars 3 de Disney/Pixar. Le 9 novembre 2018, c'est une nouvelle version du Grinch du Dr Seuss qui est prévue, deux semaines là encore avant le Disney de Noël, Gigantic. La suite de Comme des bêtes est prévue pour le 3 juillet 2019 (un an plus tard que la date initiale), soit dix jours après Toy Story 4. Celle des Minions est calée pour le 3 juillet 2020 (une semaine avant que la date déjà annoncée), alors que Pixar a "booké" une sortie inconnue pour le 19 juin de la même année. Enfin Tous en scène 2, qui vient d'être confirmé, est programmé pour le 25 décembre 2020, un mois après un Disney sans titre.

Mais au-delà de ces "marques" déjà connues, Illumination a également réservé des créneaux pour le 2 juillet 2021, le 1er juillet 2022, le 21 décembre 2022 et le 30 juin 2023 sans qu'on sache si ces dates de sorties soient bloquées pour d'autres suites ou des films originaux. De quoi rassurer les actionnaires de Universal.

Le cinéma d’animation dans tous ses états à la Cinémathèque

Posté par MpM, le 13 janvier 2017

Pour la 4e année consécutive, la Cinémathèque française proposait lundi 9 janvier "Le cinéma d'animation dans tous ses états", une carte blanche offerte au spécialiste d'animation Francis Gavelle (réalisateur, présentateur de l'émission "Longtemps je me suis couché de bonne heure" sur Radio Libertaire et ancien sélectionneur pour la Semaine de la Critique). L'occasion de découvrir un panorama de la création contemporaine mêlant une dizaine de courts métrages et un long, le très beau Tout en haut du monde de Rémi Chayé, sorti de manière bien trop confidentielle début 2016.

Côté courts, toutes les techniques et tous les styles étaient représentés, permettant de passer (avec bonheur) d'un documentaire sur la sexualité masculine composé de dessins à l'encre (Petite mort d'Antoine Bieber) à un drame familial en volume - marionnettes et stop motion - (Wellington jr de Cécile Paysant), en passant par une évocation aux dessins presque enfantins d'un poème de Guillaume Apollinaire (Le Pont Mirabeau de Marjorie Caup), un documentaire mêlant animation 3D et images documentaires peintes (Lupus de Carlos Gómez Salamanca) ou encore un film anxiogène sur la solitude et la peur en 2D noir et blanc (Colocataires de Delphine Priet-Mahéo).

Une sélection réjouissante et qui présage d'autant mieux de l'avenir de l'animation (notamment française) que plusieurs courts métrages sont des films de fin d'études, ou l'oeuvre de très jeunes réalisateurs. Parmi eux, retour sur cinq films qui ont plus particulièrement retenus notre attention.

*** Colocataires de Delphine Priet-Mahéo ***

Le trait, en noir et blanc, semble fondre décors et personnages dans un flou qui matérialise la vie de son héroïne, coincée dans un quotidien morne et répétitif. Entre son travail de caissière rythmé par le "bip" incessant des articles qui défilent et la solitude de sa maison, où seul son chat l'attend, les jours se suivent, se ressemblent et se confondent. La presse attise cette solitude en générant peur et haine vis-à-vis des "errants" qui hantent la ville. Une rencontre est pourtant possible entre cette femme désabusée et l'homme qui investit sa maison en son absence. Une rencontre ténue, sans réel face à face, mais qui passe par l'appropriation de l'espace, le langage des objets et le partage de nourriture. Car rien n'est simple ou angélique dans ce conte anxiogène sur l'isolement, le repli sur soi et le découragement.

*** Journal animé de Donato Sansone ***

Journal animé est une improvisation artistique sur l'actualité à travers le détournement des pages du quotidien Libération entre le 15 septembre et le 15 novembre 2015. Le réalisateur dessine sur les photos, les anime, les transforme dans une farandole d'abord potache (des moustaches ajoutées à une personnalité publique, un ballon de foot qui rebondit d'une page à l'autre...) puis plus grave (des coups de feu, une mer de cadavres...). Tout va très vite, le crayon virevolte, le temps aussi, il est parfois malaisé de saisir les détails de l'animation ou le sujet de l'article, mais le résultat est indéniablement fort, puissant, comme une rétrospective hypnotique de ce qui constitue notre monde au jour le jour.

*** Love de Reka Bucsi ***

Réjouissante allégorie de l'amour, ses manifestations et ses conséquences, qui se décline dans un univers onirique à la fois charmant et inquiétant. Entre ironie et poésie, humour et recherche esthétique, Love met ainsi en scène des individus littéralement pris au piège du sentiment amoureux, une nature luxuriante dont le cœur s'emballe ou encore des planètes qui ont un petit grain de folie. Une vraie ambition narrative et esthétique anime ce récit foisonnant qui a quelque chose d'un feel good movie un peu cruel. Ambivalent, certes, mais tellement réjouissant.

*** Petite mort d'Antoine Bieber ***

Ce documentaire cru ose la parole masculine sur la sexualité et l'orgasme sans jamais déraper vers le voyeurisme ou l'illustration littérale. Les témoignages, sincères et spontanés, sont aussi captivants que l'animation fluide et délicate (composée de dessins à l'encre) qui recrée avec un certain minimalisme la valse (aérienne) des corps et le ballet (complexe) du désir. Le seul défaut du film est d'être trop court, tant on aurait aimé en voir (et en entendre) plus !

*** Ragoût d'Inès Bernard-Espina ***

Énigmatique film qui mêle habilement une nouvelle de Richard Brautigan, dans laquelle des hommes essayent désespérément d'enterrer un lion (vivant) dans un trou trop petit, et l'histoire tout aussi curieuse d'une femme obligée de manger ce que son visiteur lui a cuisiné. Plusieurs styles cohabitent en fonction des variations du récit : gammes chromatiques et techniques distinctes d'un lieu et d'un moment à un autre, traits larges pour les silhouettes noires massives des hommes qui creusent, trait fin pour le corps gracile et délicat de la jeune femme, etc. On est à la fois dérouté, intrigué et terriblement séduit.

2016: Un cinéma d’animation riche et varié en 14 films

Posté par cynthia, le 3 janvier 2017

L'année 2016 se termine et à l'aube de 2017, il est l'heure du bilan. Mais alors que vous vous faites la liste des personnes avec qui vous n'auriez pas dû coucher, des soirées où vous n'auriez pas dû aller, les séances de sport que vous n'auriez pas dû manquer etc...nous vous proposons avec douceur et pertinence une sélection (sans ordre particulier) de films d'animation qu'il ne fallait pas manquer en 2016 mais que vous pourrez toujours rattraper en 2017 (en dvd, vàd, etc). Hommes seuls, femmes aventureuses, alliances de la carpe et du lapin: les grandes tendances sont montrent que le cinéma d'animation n'est plus une affaire de princesses patientes et de princes charmants.

Ma vie de Courgette de Claude Barras

En tête, le film le plus top. Un film d'animation qui débute par un meurtre non prémédité et qui se poursuit dans un orphelinat pourrait faire peur. Nous préparons les mouchoirs tout en s'attendant à être choqué et pourtant...

Dans Ma vie de Courgette nous passons de rire aux larmes en quelques minutes tout en restant envahi par ce sentiment enfantin offert avec amour par l'animation. Lorsque le film se termine nous avons du mal à quitter le siège tant le film nous a fait traversé toutes les émotions possibles. Si nous rigolons en entendant la description d'un acte sexuel par les enfants ("et puis le zizi explose") Ma vie de Courgette fait autant rire que réfléchir en abhorrant des sujets épineux tels que le viol, la drogue et bien évidemment l'abandon. Le film de Claude Barras est une œuvre qui ne laisse pas de marbre. Tout le monde est séduit... petits et grands. Son palmarès est déjà impressionnant depuis sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs.

Zootopie de Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush

Lorsqu'un Disney sort au cinéma c'est un événement, surtout depuis que l'industrie de Mickey a mis les clichés à la poubelle. Avec Zootopie il n'y a pas de princesses ou d'amour mais de l'amitié, un message d'acceptation et un personnage homosexuel, certes pas flagrant mais tout de même! Ce buddy-movie animalier procure un véritable plaisir avec ses prouesses techniques et son scénario original de polar style L'arme fatale. Nous saluons la scène du centre de naturistes mais aussi la morale de l'histoire qui rappelle la peur constante face à la différence dont notre société souffre un peu plus chaque jour. Le film a terminé leader de l'année (même si au final, il se fera dépasser par le Disney de Noël).

Sausage Party de Conrad Vernon et Greg Tiernan

Non ce n'est pas pour les enfants: inutile de faire un procès pour ça non plus. Mais Sausage Party est un délire entre adultes pour les adultes. Même si la fin laisse de marbre, le film se déroule de manière divertissante et drôle (le papier toilette est sans conteste le meilleur personnage du film). Nous rigolons, nous ouvrons les yeux comme des soucoupes puis nous rigolons encore, car Sausage Party ressemble aux soirées entre potes: nous nous éclatons mais plus nous buvons de l'alcool, plus la soirée part en cacahuètes. Du coup restez sobre puis bourrez-vous pour LA scène (plus que) fantasque de Sausage Party.

La tortue rouge de Michael Dudok de Wit

Rescapé d'un naufrage, un homme se retrouve seul sur une île tropicale et tente de survivre. Épié par les crabes, l'homme apprivoise l'endroit et se met à construire un radeau en vain à cause d'une force sous-marine qui s'en prend à son embarcation. L'homme découvre bientôt que l'animal qui a détruit son moyen de fuite est une tortue rouge. Entre Robinson Crusoé et Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway, La tortue Rouge (fable sans dialogue) plonge le spectateur dans un songe marin qui s'enivre de la beauté des éléments avec un scénario qui ne manque pas de poésie et de la magie des studios Ghibli. Après avoir séduit les spectateurs cannois (Un certain regard), l'oeuvre de Michael Dudok de Witt n'attend plus que d'être découverte.

La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach

Conte angoissant des Frères Grimm, La jeune fille sans mains est illustré à la perfection par son dessinateur/réalisateur. Telle une estampe japonaise qui prend vie sous nos yeux, ce film pénètre chaque parcelle de votre corps avec fougue et frappera les esprits les plus innocents. Ajoutons à cela une profondeur psychanalytique et une noirceur propre aux contes tel Peau d'âne qui donnent à ce film une dimension particulière et qui en fait une œuvre singulière. Sans morale gnangnan La jeune fille sans les mains est un cadeau à faire aux petits et aux grands.

Louise en hiver de Jean-François Laguionie

Tout comme avec La tortue rouge, nous suivons l'aventure d'une rescapée mais sur une plage moins exotique cette fois. Autre grosse différence, Louise est une petite vieille attachante qui représente la métaphore de la vieillesse et de l'abandon par les jeunes. "Ah, maintenant je comprends pourquoi tout le monde me fuit...les gens pensent que je suis contagieuse?!" dit-elle devant un miroir abandonné sur la plage. Durant toute cette fresque, Louise va survivre à la vie mais surtout à elle-même, offrant ainsi un hymne existentiel et un hommage au temps qui passe: un portrait de la solitude et une douce claque visuelle qui donne des palpitations au cœur et à l'âme.

Kubo et l'armure magique de Travis Knight

Véritable pépite de l'animation, Kubo et l'armure magique est poétique, fantastique, émouvant. Dans cette histoire aux sonorités japonaises.,Kubo, jeune garçon vif et généreux voit son quotidien doux et tranquille bouleversé lorsqu'il invoque malencontreusement un esprit de son passé. Produisant un chaos extraordinaire, Kubo va devoir survivre face à des forces qui le dépassent. Produit en stop-motion, Kubo et l'armure magique ne laisse guère de doutes: c'est un des meilleurs films américains dans le genre, entre subtilité et pur ludisme.

Comme des bêtes de Chris Renaud et Yarrow Cheney

Comme des bêtes, notre plaisir coupable de l'animation 2016, est un véritable produit du divertissement qui fait agiter autant votre âme d'enfant que votre cœur de cinéphile. Plongeant littéralement dans le quotidien de nos petits poilus, nous suivons avec amour les aventures de ces bêtes drôles et intelligentes. Avec les fêtes entre poilus, les délires de la gamelle et des "va chercher baballe"Comme des bêtes n'est pas seulement un film d'animation pour enfants (d'ailleurs est-il vraiment pour les enfants?), il est aussi une dédicace à nos amis à quatre pattes, à écailles et à carapace. Grand plaisir à voir ce film pour le personnage Pompom incarné avec brio par Kevin Hart (à mourir de rire). Et avant l'arrivée de Tous en scène, la preuve qu'Illumination n'est pas qu'une success-story de "minions".

Vaiana, la légende du bout du monde de John Musker et Ron Clements et Le Monde de Dory d'Andrew Stanton et Angus MacLane

Vaiana, le dernier Disney est un véritable cadeau de Noël pour les enfants et les grands. Fable écologiste et ode à l'audace, il n'y a pas de prince ici (à l'instar de Rebelle) ni d'histoire d'amour mais son récit ne manque pas de piquant ou de chansons ("How Far I'll Go" – "Le bleu lumière" ou le nouveau "Libéré, Délivré"). Vaiana emporte avec douceur les spectateurs tel un raz-de-marée. Ce sera le film le plus vu sorti en 2016 en France. Aux Etats-Unis, la médaille d'or est revenue à un autre Disney (côté Pixar), un autre film "océanique" sans prince charmant (quoique ce poulpe à sept tentacules, on en parle?). La suite du Monde de Nemo, Le Monde de Dory remplit son contrat: drôle, enlevé, coloré. Vaiana et Dory, deux héroïnes pas comme les autres, audacieuses et assumant leurs failles, sont des aventurières des temps modernes prêtes à traverser le Pacifique pour préserver leur culture/liberté et pour sauver leur foyer. Mention à Dory qui assume toutes les formes de familles, recomposées comme adoptées.

Les Trolls de Mike Mitchell et Walt Dohrn

Bien que l'histoire n'ait rien de captivant ou d'innovant (les héros quittent leur monde d'arcs-en-ciel et de cupcakes pour une opération sauvetage) les personnages sont terriblement attachants. Visant clairement les plus jeunes spectateurs, Trolls s’offre une bande-son (nommée aux Golden Globes) explosive et une vision plus simple (et plus droguée) du déroulement du cerveau que le Vice-Versa de Pixar. Le succès du film sauve DreamWorks de son déclin, notamment face à Illumination qui, avec Tous en scène, réussit bien mieux l'animation-musical.

Your Name de Makoto Shinkai

Fresque romantique et surnaturelle, Your name est l'ovni animé de 2016 qui hypnotise et attrape les cœurs jusqu'à l'explosion. Un garçon qui rêve de nature et une fille qui souhaite vivre dans une ville, échange de corps sans crier gare (un souhait inavoué qui se réalise sans doute). Métaphore du genre, fantasmagorie romanesque, distorsion du temps et phénomène fantastique, l'oeuvre de Makoto Shinkai est une fresque contemporaine, romanesque et romantique, intime et spectaculaire, où la vie de chacun est à la croisée du hasard et du déterminisme, de ses rêves et de sa volonté. Un doux songe animé. Et un triomphe au Japon qui cherche son nouveau Myiazaki.

Cigognes et compagnie de Nicholas Stoller et Doug Sweetland

Cigognes et compagnie fut la bonne surprise de 2016, injustement boudée. Conter une histoire sur l'arrivée des bébés dans les familles aurait pu être un énième animé un peu niais et pourtant la Warner Bros. signe un conte des temps modernes où la famille, une fois de plus, s'offre un visage recomposé (il suffit de voir la meute de loups). Papa, maman sont ensemble pour avoir des bébés: non ils peuvent prendre leur temps et il peut même avoir deux papas (prends ça la manif pour tous). Véritable comédie animalière qui ne laisse pas de marbre (la séquence des pingouins est un must), ces cigognes savent séduire et faire rire.

Tout en haut du monde de Rémi Chayé

Voyage glacial et inquiétant, Tout en haut du monde, est un récit plus dur qu'on aurait pu imaginer allant parfois dans la noirceur, parfaitement illustrée par un dessin épuré à l'extrême et sans contours. De plus, tout comme La jeune fille sans mains, le film conte une histoire de femme courage, une héroïne épique et aventureuse (coucou Vaiana) qui séduit par sa prestance et sa liberté.

Il ne reste plus qu'à vous, cinéphiles, à rattraper votre retard et à attendre impatiemment l'arrivée du cru 2017.

Wes Anderson revient à l’animation avec une histoire de chiens

Posté par vincy, le 22 décembre 2016

Il y a un mois on le voyait s'amuser avec Adrien Brody pour faire la pub d'une grande enseigne de fringues. Wes Anderson a annoncé lundi, pour Noël, comme un cadeau à ses fans, son prochain film: Isle of Dogs. Il a utilisé son canal télé sur Vimeo pour préciser quelques détails.

Il s'agit d'un film d'animation, son deuxième après l'excellent Fantastic Mr Fox il y a sept ans. Il utilisera d'ailleurs la même technique du stop-motion.

Et une fois de plus, il s'offre un casting royal, entre habitués et invités surprises: Scarlett Johansson, Bill Murray, Edward Norton, Bob Balaban, Tilda Swinton, Frances McDormand, Bryan Cranston, Jeff Goldblum, F. Murray Abraham, Harvey Keitel, Akira Ito, Akira Takayama, Koyu Rankin, Courtney B. Vance, Liev Schreiber et même Yoko Ono!

Ce sera le premier film du cinéaste depuis The Grand Budapest Hotel (2014).

On ne sait rien du script. Selon Edward Norton, qui tiendra le rôle principal en prêtant sa voix au chien Rex, le scénario est "terrible". Le studio Fox Searchlight a confirmé ce jeudi 22 décembre qu'il avait acquis les droits mondiaux du film pour une sortie prévue en 2018.

Oscars 2017: « Elle » recalé, « Ma vie de Courgette » et « Juste la fin du monde » dans la course

Posté par vincy, le 16 décembre 2016

Ils ne sont plus que neuf. La longue liste des 85 films soumis à l'Académie des Oscars ont été réduits à une courte liste de neuf films. Les cinq nommés définitifs seront révélés le 24 janvier. Le système est toujours opaque.

Six des neuf films ont été choisis par un vote de votants basés à Los Angeles. Trois titres ont été choisis par le comité en charge des films en langue étrangère au sein de l'Académie.

Surprise, Elle de Paul Verhoeven n'a pas atteint la demi-finale. C'est d'autant plus une surprise qu'il a été sélectionné aux Golden Globes. C'est la deuxième mauvaise nouvelle cette semaine pour le film français, après l'absence d'Isabelle Huppert aux nominations des Screen Actors Guild Awards il y a deux jours. De grands noms comme Pedro Almodovar, Pablo Larrain, Andrzej Wajda ont aussi été snobés.

Le Festival de Cannes est en force avec quatre films, dont trois en provenance de la compétition, dans cette liste. Mais surtout, c'est le cinéma nordique (avec trois pays scandinaves!) qui est en force, et plus généralement le cinéma européen (six sur neuf). On peut toujours consoler le cinéma français, très présent quand même dans cette liste à travers les coproductions.

Enfin, notons que Ma vie de courgette concoure aussi dans la catégorie animation.

Tanna de Bentley Dean et Martin Butler (Australie)
Juste la fin du monde de Xavier Dolan (Canada)
Land of Mine de Martin Zandvliet (Danemark)
Toni Erdmann de Maren Ade (Allemagne)
Le client d'Asghar Farhadi (Iran)
The King’s Choice d’Erik Poppe (Norvège)
Paradise d’Andrei Konchalovsky (Russie)
Mr Ove de Hannes Holm (Suède)
Ma vie de Courgette de Claude Barras (Suisse)

Sausage Party gagne une manche contre ses attaquants

Posté par vincy, le 14 décembre 2016

Le film d'animation Sausage Party, jugé pornographique par des activistes religieux, restera interdit aux moins de 12 ans. Les plaignants souhaitaient qu'il soit interdit aux moins de 16 ans: C'est rapé. Le film ne sera pas retiré de l'affiche.

Le tribunal a estimé que "le film ne diffusait pas un message à caractère violent et que les scènes à caractère sexuel ne visaient pas à corrompre les mineurs". Dans l'ordonnance, il est affirmé que "la protection de l'enfance et de la jeunesse" n'est pas négligée, puisque "compte tenu notamment de la dimension humoristique du film, l’absence d’interdiction aux jeunes adolescents ne méconnaissait pas l’exigence de protection de l’enfance et de la jeunesse." "L'interdiction de la diffusion aux moins de douze ans, le titre, l’affiche et la bande annonce du film mettent suffisamment en relief son caractère subversif et l'omniprésence des connotations sexuelles", est-il indiqué, confirmant ainsi que "les visas accordés n’avaient pas à être complétés par un avertissement."

L'affaire étant en référé, la requête n'a pas été jugée sur le fond et peut faire l'objet d'une suite dans le cadre d'une procédure judiciaire.

L'audience au tribunal hier avait quand même quelque chose de comique. L'AFP en a fait un florilège hilarant:
"- Maître, sauf erreur, la bande-annonce contient la scène très violente d'épluchage de légumes que vous venez d'évoquer.
- Oui, mais pas celle de la partouze finale
".

Déjà pris en grippe par La Manif pour Tous, le film d'animation, très cru reconnaissons-le, a provoqué la colère outrancière et bien calculée de l'association proche des catholiques traditionalistes Promouvoir (qui adore attaquer le cinéma, avec souvent quelques victoires en faveur d'une censure plus stricte) et d'Action pour la dignité humaine. Les deux associations considéraient que ce film (à peine 60000 spectateurs à date), était "susceptible de créer un trouble chez le jeune public".

"La poire vaginale cherche à tout prix un cul"

Le ridicule ne tue pas si on lit les arguments de leur avocat, Me Bonnet: "Il s'agit d'une entreprise délibérée de toucher les plus jeunes, avec des images et des concepts qui ne sont pas adaptés à eux", allant jusqu'à parler d'une "question de civilisation et de protection de l'ensemble de la société". Il n'a sans doute jamais joué au docteur ou à la poupée.

S'enfonçant un peu plus il ose: "Oui, vous mettez en scène des légumes. Que peut-on reprocher à des légumes? Et après,vous aurez très vite des films d'animation avec des scènes pornographiques". Ça existe déjà, il faut le prévenir. Mais apparemment, il n'a pas supporté la scène finale d'orgie: "une orgie sidérante entre scènes de fellation, de sodomisation (...) où l'on voit un paquet de corn-flakes - un objet assez corpulent - assénant des mouvements de va-et-vient brutaux et demandant tu aimes ça salope?" .

Et de citer d'autres extraits qui donnent envie de voir le film: "La poire vaginale cherche à tout prix un cul, car, nous dit-on, elle est faite pour ça", "Qu'est-ce que ça doit être bon de glisser la saucisse dans le pain!". Avec ou sans moutarde, oignons, cornichons?

La défense, assurée par Me Molinié, évoque "la volonté de censure" de ses contradicteurs "à l'égard d'un film qui est un peu libertaire": "L'un des buts du film est de critiquer sur un mode humoristique la société de consommation, la religion aussi en prend pour son grade, mais il ne s'agit pas d'inciter à la violence".

Il précise qu'il "n'y a pas de représentation de sexe, juste une activité sexuelle" sur le ton "du grotesque" : "tout ce qui est montré n'est pas réaliste".

Sausage Party: La manif pour tous phobique des saucisses

Posté par cynthia, le 1 décembre 2016

En salles depuis hier, le délire animé Sausage Party s'est invité dans les réseaux et le débat idéologique sur les bonnes mœurs. La raison: le film est considéré comme pornographique alors qu'il n'est interdit qu'au moins de 12 ans en France. Bien évidemment derrière cette assaut médiatique, il y a La manif pour tous! En effet le collectif qui se dit défenseur des droits de la famille vient de s'attaquer au film de Conrad Vernon et Greg Tiernan, en le qualifiant "partouze géante à voir en famille"! Alors tout cela mérite réflexion.

Gare aux SPOILERS

Tout d'abord il faut savoir que la scène de fin est effectivement une partouze entre aliments (je ne pensais pas dire ça un jour): on y voit une tomate faire une fellation à un radis (j'ai envie de rigoler en écrivant ça), des crackers se faire violer par une brioche, un bagel se faire sodomiser par une crêpe. Bref, ce n'est pas pour les enfants. Du coup le collectif La manif pour tous que l'on pourrait comparer au personnage d'Eleonor Lovejoy dans Les Simpsons (constamment à juger les autres et à hurler "pensez à nos enfants!!!!!") s'est empressé de noyer leur page Twitter en instaurant le Sausage Party bashing avec le hashtag SOS tout en faisant un lien entre la sortie du film et les campagnes anti-VIH menées par le gouvernement. Il faut savoir aussi que ce tweet a été vite effacé par la suite (rire jaune).

Donc concrètement La manif pour tous pense à quoi exactement? Qu'un père va emmener son fils de 5 ans voir Sausage Party à l'heure du goûter (alors que la jolie Vaiana lui tend les bras)? "Allez Timmy on va voir une saucisse défoncer du pain, tu vas voir tu vas kiffer et après on ira manger un hot dog dans un bar à pute!" Pense-t-il qu'après la vue du film, les spectateurs vont s'empresser de faire une soirée échangiste chez eux? Ou que les enfants de moins de 16 ans vont tenter de "pécho" une carotte? Il est vrai que le cinéma peut influencer les plus sensibles... Après Cinquante Nuances de Grey, toutes les femmes ont sans doute exigé de se faire battre par leurs compagnons et de se prendre un bout de gingembre dans le c.. (c'est du sarcasme hein). Bien sûr enfants, nous avons tous essayé de voler sur un balai en direction de Poudlard tout en fonçant dans le mur de la garde du Nord (double sarcasme).

Pourtant le plus dingue n'est pas l’engouement de l'affaire ou le coup de pub incroyable que cela a engendré pour le film animé imaginé par Seth Rogen. Non, le plus incroyable est de comparer une "partouze" alimentaire à une affiche de campagne contre le VIH où (on vous le rappelle) on y voit deux hommes enlacés (ils ont leurs vêtements hein!)  et un message de prévention contre la maladie. Rappel: nous sommes le 1er décembre, journée internationale de la lutte contre le SIDA (protégez-vous!). Une affiche préventive d'une maladie qui touche de nombreuses personnes serait-elle une incitation à la débauche? Un film déluré serait-il une incitation à la débauche?

Le VIH existe et que l'on enlève les affiches ou non il existera toujours et fera toujours des victimes (peut-être moins si nous laissons les affiches). Les films X existent, et avec Internet il est plus facile de s'en procurer que de commander une pizza, alors est-ce vraiment ça le problème? N'est-ce pas plutôt un problème de communication ou une simple explication rationnelle entre les enfants et leurs parents comme par exemple: "je ne préfère pas que tu ailles voir ce film il pourrait te mettre mal à l'aise!" ?

Oui Sausage Party n'est pas pour les enfants mais en faire un bashing n'est-ce pas une forme de "on doit réagir cela nous fera un coup de pub"? Manque de pot (de moutarde) vous avez fait un coup de pub au film alors qu'en expliquant aux enfants que les parents peuvent voir Sausage Party et qu'eux peuvent voir Vaiana à la place, ça aurait été plus simple, non? Hormis une volonté claire et nette d'imposer votre vision de la vie aux citoyens (le principe même de l'intégrisme), il n'y a aucune raison sensée de s'en prendre à un film animé ouvertement "pour adultes".

Disney mais aussi La Tortue rouge et Ma vie de courgette cartonnent aux Annie Awards

Posté par vincy, le 28 novembre 2016

Zootopie part favori des 44e Annie Awards et donc des Oscars. Le film de Disney a récolté 11 nomination aux "Oscars de l'animation" reflétant une domination sans partage pour les studios Disney qui totalisent 38 citations toutes catégories confondues (DreamWorks offre encore un peu de résistance avec 18 nominations, cinéma et télévision confondus). Rien que dans la catégorie du meilleur film, Disney et Pixar placent Zootopie, Vaiana et Le monde de Dory. Les deux autres films en course sont Kung Fu Panda 3 de DreamWorks et, surprise, Kubo et l'Armure magique de Laika. Kubo est d'ailleurs le 2e film le plus nommé avec 10 nominations!

Autrement dit les très bon Sausage Party et Cigognes & Cie, le carton Comme des bêtes, ou même le divertissant Tous en scène ont été snobés dans la catégorie reine et, globalement de l'ensemble de la liste hormis, parois, quelques nominations "techniques".

12 nominations pour les productions françaises

La surprise provient sans doute des productions et coproductions françaises. Dans la catégorie du meilleur film indépendant, on retrouve ainsi deux films francophones - Tout en haut du monde, Ma vie de Courgette -, deux films japonais - Miss Hokusai et le carton Your Name - et un film franco-japonais - La Tortue rouge du néerlandais Michael Dudok de Wit.

La Tortue rouge a en plus récolté quatre autres nominations (effets animés, réalisation, musique, scénario). Ma Vie de Courgette se distingue aussi avec deux autres citations (réalisation, scénario). Et avec la nomination de Your Name dans la catégorie réalisation, ce sont trois films étrangers qui font face à Zootopie et Kubo. Un exploit en soi.

A cela on peut ajouter que Le Petit Prince est mentionné pour sa musique et sa direction artistique. Et un autre film français, Avril et le monde truqué, est nommé pour son montage.

Les indétrônables Wallace et Gromit au cinéma, en attendant la suite de Shaun le mouton

Posté par cynthia, le 23 novembre 2016

"Il n'y a plus de fromage, Gromit !"

En ce mercredi 23 novembre et parmi toutes les sorties, notre attention s'est arrêtée sur la (re)sortie de nos héros en pâte à modeler préférés: Wallace et Gromit en version remastérisée dans un programme réunissant les trois courts métrages Morph: Selfie, Une grande excusion, Une grand excursion et Un mauvais pantalon. Sortie de la tête de Nick Park et des studios Aardman, la série Wallace et Gromit est apparue en 1989 avec l'épisode Une grande excursion, avant de devenir culte en 1993 avec Un Mauvais pantalon.


Fromage lunaire

Le premier épisode de Wallace & Gromit (et d'une durée de 23 minutes) introduit les personnages principaux dans une aventure loufoque sur la lune. Wallace, inventeur fou de fromage, décide de partir sur la lune avec son assistant Gromit (un chien plus intelligent que lui) car selon la légende la lune est en fromage...lequel? Ils vont le découvrir. Littéralement une dédicace à l'épisode de Tintin sur la lune (la fusée est d'ailleurs un clin d’œil à l’œuvre d'Hergé), cet épisode moins connu du grand public mais adoré des fans, a été remastérisé pour le plaisir des grands et des tous petits.

Nommé à l'Oscar, Une grande excursion aurait pu être bien différent. En effet, Nick Park voulait faire de Gromit un chien doué de parole, mais en voyant que ce joli toutou dit plus de choses en gardant le silence, il abandonne le projet.

Dangerous Pingouin

1993, Wallace et Gromit sont de retour avec un nouvel épisode, Un mauvais pantalon. Drôle, captivant et rangé dans la catégorie chef-d’œuvre de l'animation, Un mauvais pantalon met en scène Wallace, Gromit et un nouveau colocataire, un pingouin lunatique et braqueur de banques (il en a traumatisé plus d'un). Remportant plus de quarante prix internationaux dont un Oscar, cet épisode de 29 minutes est toujours considéré comme le meilleur court-métrage de l'animation britannique. L'épisode se passant pendant l'anniversaire de Gromit, Nick Park le sort le 12 février 1993 date de l'anniversaire de notre toutou favori (désolé Milou). Le journal Daily Telegraph a d'ailleurs rendu célèbre cette date en souhaitant publiquement dans leur journal un bon anniversaire à Gromit, propulsant ces deux héros plus loin que ce que Aardman pouvait imaginer.

Aujourd'hui ces deux chefs-d’œuvre de l'animation regagnent les salles obscures en version remastérisé, de quoi nous émerveiller encore et de patienter avant la suite de Shaun, le mouton, prévue pour très bientôt selon le producteur Peter Lord: "Le public a répondu si favorablement que nous préparons actuellement la suite de Shaun qui sera aussi délirante."

Wallace et Gromit n'attendent plus que vous, alors courez-y et n'oubliez pas vos crackers, votre fromage et votre tasse de thé!

Hayao Miyazaki pourrait transformer « Boro la chenille » en long métrage

Posté par vincy, le 14 novembre 2016

Allez commençons la semaine avec un peu d'espoir: le cinéaste japonais Hayao Miyazaki pourrait sortir de sa retraite. Lors d'un documentaire diffusé dimanche 13 novembre sur la NHK ("L'Homme qui n'a pas tout dit"), le réalisateur, qui s'avouait trop vieux et trop fatigué pour faire un long métrage après Le vent se lève en 2013, a confié qu'il était prêt à refaire un nouveau film.

Ce film serait une version longue du court métrage Boro la chenille (Kemushi no Boro), qu'il finalise pour le Musée Ghibli (où il sera montré en 2018). Le projet pourrait se faire d'ici 2020, à l'occasion des J.O. de Tokyo. Miyazaki aurait près de 80 ans. D'ailleurs, le cinéaste ajoute, lucide ou ironique, qu'il ne faut pas qu'il meurt d'ici là. Miyazaki a déjà évoqué le projet avec le producteur historique de Ghibli, Toshio Suzuki.

La révolution est ailleurs, et le déclic y est sans doute lié pour le vénérable Miyazaki. Pour la première fois, avec Boro la chenille, le réalisateur a utilisé une animation assistée par ordinateur pour faire son premier dessin animé en 3D.

Le documentaire de la NHK a suivi Hayao Miyazaki durant deux ans, s'offrant quelques entretiens exclusifs et le montrant travaillant sur sa "chenille".