Berlin 2012 : avec 10+10, le cinéma taïwanais en pleine forme

Posté par MpM, le 15 février 2012

Traditionnellement, la soirée Taïwan de Berlin est l'occasion de constater le dynamisme et la vitalité de l'une des cinématographies les plus riches du continent asiatique. On y fait le point sur les projets en cours (une grosse vingtaine, sans compter les films déjà en production), les succès au box-office, et l'émergence d'une nouvelle génération de cinéastes.

On y croise également quelques réalisateurs : Hou Hsiao-Hsien (Les fleurs de Shanghai, Millenium mambo...), Chu Yen-ping (Just call me nobody, The funny couple...), Wei Te-sheng (Cape n°7, Seediq Bale), Sylvia Chang (20 : 30 : 40, Tempting heart...)... Le tout dans une ambiance conviviale et même légèrement euphorique.

Il faut dire que la commission du film de Taipei a tout pour se réjouir. Cette année, quatre longs métrages taïwanais sont officiellement sélectionnés par la Berlinale, ce qui leur offre une visibilité significative, renforcée par la présence d'une quinzaine de compagnies taïwanaises au Marché du film.

Sans oublier l'événement de la quinzaine, la présentation en section Panorama du film 10+10 qui réunit vingts cinéastes taïwanais. Cette oeuvre collective sur l'identité du pays aborde les multiples facettes de Taïwan, de sa belle époque à ses problèmes actuels d'immigration ou de violence, en passant par un certain art de vivre et un humour véritablement à part. Comme le souligne Hou Hsiao-Hsien, initiateur du projet, et auteur de l'une des plus belles séquences, "tout le monde a sa propre originalité et ses propres pensées sur Taïwan, ce que le film reflète. Les différents films qui le composent montrent les éléments qui sont à l'origine de la naissance et de la vitalité du pays."

On perçoit notamment l'un des grands défis de Taïwan, la pression exercée par la Chine voisine. "Il y a beaucoup de pression et tout le monde la sent", confirme Wang Shau-di (Fantôme où es-tu ?). "Mais après avoir vu le film, j'étais fier de constater que nous avons réussi à travailler ensemble dans un environnement libre."

L'ombre de la Chine, bien sûr, plane sur le film et sur le cinéma taïwanais en général. Mais Sylvia Chang et Cheng Wen-tang (The passage, Summer's tail...) en tempèrent la portée : "La pression de la Chine est importante et c'est un grand marché. Mais certains réalisateurs s'en moquent et font avant tout ce qu'ils veulent", assure le réalisateur. "Je dirais que l'influence s'exerce dans les deux sens" renchérit l'actrice-réalisatrice.

D'ailleurs, la plupart des segments de 10+10 laissent de côté l'encombrant voisin chinois, préférant vanter la liberté et la créativité du pays, s'inspirer de sources plus anciennes ou au contraire de l'actualité.  Comme souvent dans ce type de projet, tout n'est pas inoubliable, et certaines références sont difficiles à comprendre pour un spectateur occidental non rompu aux subtilités du pays, mais la juxtaposition de ces points de vue variés et complémentaires donne une œuvre hétéroclite et contrastée, riche en détails et en sensations, que l'on imagine à la fois à l'image du pays, et de son cinéma.

Deauville Asia 2011 : rencontre avec Kim Jee-Woon

Posté par kristofy, le 13 mars 2011

I saw the devilKim Jee-Woon était déjà venu à Deauville pour A Bittersweet Life, il avait d’ailleurs remporté le prix Action Asia. Son nouveau film I saw the devil a gagné la plupart des prix du dernier festival fantastique de Gérardmer, il sortira en salles sous le titre J’ai rencontré le diable (photo de gauche).

Le 13ème Festival du Film Asiatique de Deauville organise un regard sur le travail de Kim Jee-woon en proposant l’intégralité de ses six films  ainsi qu'une master-class avec le public.

Les festivaliers ont été ravis de l’avant-première de J’ai rencontré le diable. En un mot : de l’ultra-violence, certes, mais qui passe car filmée avec une pointe d’exagération, ajoutée au retour de l’acteur Choi Min-Sik dans peut-être son rôle le plus impressionnant, ce qui donne un nouveau chef d’œuvre de film noir. Comme dans la plupart de ses films, Kim Jee-woon se saisit d’un genre pour en détourner les règles ou pour les dépasser.

Moments choisis de la rencontre avec le réalisateur coréen (photo de droite) :

Un réalisateur par accident

A un moment de ma vie je n’avais aucun emploi depuis longtemps, je me suis séparé de ma petite copine, j’ai eu un accident de Kim Jee wonvoiture et je devais donc trouver de l’argent. J’ai écrit un scénario que j’ai envoyé à un concours, et il a été choisi et primé. Je ne l’avais pas écrit pour devenir réalisateur de film mais pour gagner un peu d’argent pour l’accident que j’ai causé. Ce scénario était tellement particulier qu’on m’a proposé de le réaliser, et c’est devenu The Quiet family. C’est après que le cinéma m’est devenu aussi indispensable que l’air que je respire, ça m’empêche de me suicider et de manger seul tous les jours.

Un esthète de l’image…

Quand j’étais petit j’aimais dessiner des bandes-dessinées, ce qui n’est pas considéré comme un métier. Mon père avait déchiré mes dessins et je recomposais tout comme du montage. A la place d’une toile, je dessine en quelque sorte sur des écrans. Quand je fais des films, j’ai quelques références photographiques. Pour Deux sœurs par exemple, c’était une photo de deux filles de dos, main dans la main dans une prairie. Ce qui m’intéressait, c’était avant et après cette image fixe. Dans la photo, rien ne se dégageait de sombre ni de triste, mais c’est ce j’ai imaginé. Pour A Bittersweet life, c’était un tableau de Edgar Hopper où il y avait un homme de dos seul, et c’est presque un film sur le dos d’un homme…

Un univers esthétique et sensoriel…

Deux soeursLe storyboard, pour moi, est une base, une route pour que les voitures roulent. Mais je m’imprègne de tous les éléments du décor et de la lumière, accessoires et costumes,  pour organiser sur le moment mes cadres. Ce qui relie comédie et horreur, ce sont des choses imprévisibles qui arrivent. Finalement c’est assez sain. Dans le thriller comme dans l’horreur, l’important c’est de préparer le spectateur avec quelques bases, j’amène le suspense, on sait que quelque chose va arriver, le battement de cœur se fait de plus en plus vite. La vitesse est intimement liée à l’arrivée du suspense, que ce soit la vitesse d’un mouvement de caméra ou la durée d’un plan. Pour Deux sœurs (photo de gauche), le suspense ne vient pas de la petite fille qui tremble de peur mais de ce qui se passe hors cadre qu’on ne voit pas. Le mise en scène, c’est surtout ce qui ce passe dans le cadre et hors cadre. Pour A Bittersweet life, c’est comment utiliser l’espace en apportant quelque chose de nouveau. Au lieu de se battre avec une matraque, c’est plutôt un bâton en feu. La caméra qui est fixée dans une scène au personnage ou à la voiture en mouvement ça apporte quelque chose de nouveau et d’inhabituel. Darren Aronofsky l’a fait dans Requiem for a dream. Un bon réalisateur est quelqu’un qui cherche toujours les problèmes, à résoudre avec son équipe et ses acteurs.

Des influences occidentales et orientales…

Pour A Bittersweet life, c’est Jean-Pierre Melville et un peu Kill Bill, pour Le Bon la brute le cinglé (photo de droite), ce sont les western de Sergio Leone et les arts martiaux asiatiques (nda : une adaptation non-avouée du film Shanghai Express de Sammo Hung ?). Les westerns, c’est des actions lentes, un genre de plus en plus distant avec le public d’aujourd’hui, ma version avec Le Bon la brute le cinglé est un western "kimchi" qui redynamise ce genre. On voulait des scènes d’action très spectaculaires mais on n’avait pas le matériel hollywoodien, pas de flying-caméra alors la caméra était portée par le caméraman qui suivait les acteurs dans leurs cascades dans les airs. Ce n’est pas un visuel lisse comme Spiderman, c’est plus brut et en même temps plus intéressant.

Un projet de film américain…

Mon prochain film devrait être The Last stand, le projet est lancé avec un studio américain et avec l’acteur Liam Neeson, son agenda est très chargé alors ce n’est pas sûr. J’imagine que si les Américains m’ont appelé c’est pour mon style. J’ignore si je devrais me battre pour imposer ce que je veux, on verra comment ça évolue. Je change de genre parce que je m’ennuie et pour explorer un bittersweet lifeautre genre, en fait j’ai soif de me débarrasser du film que je fais pour aller vers un autre. Quand je tournais Deux sœurs je voulais faire un film d’homme alors j’ai réalisé A Bittersweet life (photo de droite), c’est un film avec beaucoup de choses intériorisées et j’ai eu envie d’extérioriser et j’ai fait Le Bon la brute le cinglé, après je voulais revenir à une explorations de tourments intérieurs et voila J’ai rencontré le diable.

I saw the devil…

A propos des scènes de violence, j’essaie de faire en sorte que le spectateur ne se détourne pas une seconde, le secret réside dans ce qui lie une séquence à une autre. En Corée, j’ai eu quelques problèmes de restrictions pour l’exploitation du film à propos de la violence de certaines scènes et la sortie du film a dû être repoussée. J’ai rencontré le diable c’est aussi ma réaction aux autres films de vengeance où ça ne va pas jusqu’au bout, avec un côté moral du personnage qui réalise la vanité de sa vengeance ou qui sauve son âme… Dans mon film, au contraire, on voit qu’il devient un monstre en chassant un autre monstre.

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J’ai rencontré le diable de Kim Jee-Woon
avec Choi Min-Sik et Lee Byung-Hun
sortie française prévue le 6 juillet

Crédit photo : Christophe Maulavé

Deauville Asia 2011 : Hommage à Hong Sang-Soo

Posté par kristofy, le 11 mars 2011

Hong Sang-soo et Amos GitaiLe Festival asiatique de Deauville a rendu hommage au réalisateur coréen Hong Sang-Soo (notre photo, avec Amos Gitai), dont l’intégralité des films sont projetés ici. Celui dont on dit que les films ont des parfums proches de Eric Rohmer a même tourné un des ses films à Paris, et presque chaque année il se remet derrière la caméra pour raconter une nouvelle variation d’histoire d’amour impossible où d’ailleurs l’univers du cinéma est presque toujours présent.

Le jour où le cochon est tombé dans le puits (1996) : une jeune ouvreuse de cinéma est amoureuse d’un écrivain qui a pour maîtresse une femme mariée.

Le pouvoir de la province de Kangwon (1998) : une jeune femme part en vacances au lendemain d’une histoire d’amour avec un professeur d’université marié.

La vierge mise à nu par ses prétendants (2000) : une jeune productrice entretient une relation amoureuse complexe et bercée d’illusions avec un galeriste.

Turning gate (2002) : un comédien dont la carrière ne décolle pas décide d’aller rendre visite à un vieil ami qui lui présente une jeune femme qui tombe immédiatement amoureuse de lui.

La femme est l’avenir de l’homme (2004) : un jeune professeur d'art plastique retrouve un ami cinéaste sans le sou qui revient des Etats-Unis, ils partent sur les traces du souvenir d’une jeune fille dont ils étaient amoureux quelques années auparavant.

Conte de cinéma (2005) : les trajectoires de deux hommes et d’une femme se croisent et s'éloignent en un jeu de miroirs dont le cinéma est le pivot.

Woman on the beach (2006) : un réalisateur prépare son nouveau film, comme il n’arrive pas à en terminer le scénario il demande à un ami de partir en voyage avec lui.

Night and day (2008) : un peintre coréen à succès doit fuir son pays pour échapper à une arrestation et s’envole pour Paris, il erre perdu sans but dans les rues jusqu’au jour où il rencontre une jeune coréenne étudiante en art.

Les femmes de mes amis (2009) : un réalisateur de films art et essai est invité comme membre du jury d’un festival, il s’endort tous les jours devant les films et passe ses nuits à boire.

Hahaha (2010) : un réalisateur revoit un ami et ils découvrent qu’ils se sont rendus récemment dans la même petite ville en bord de mer.

Oki’s movie (2010) : quatre histoires courtes sur l’évolution de deux relations liées à la même femme mais aussi sur la nature du cinéma, les complications de l’amour et la difficulté de communiquer sincèrement.

« Je pense que notre travail à nous cinéastes est de raconter des histoires universelles à travers le prisme de microcosmes ». C’est avec ces mots que le président du jury Amos Gitaï a remis un lotus d'honneur à Hong Sang-Soo.

A noter : juste après Deauville, le réalisateur sera à Paris pour la rétrospective qui se tient à la Cinémathèque Française du 14 au 28 mars. Il y aura également une leçon de cinéma en sa présence.

Crédit photo : Christophe  Maulavé

Jeu concours Genghis Khan : dix DVD à gagner

Posté par MpM, le 1 mars 2011

Genghis KhanGenghis Khan est l'un des plus grands conquérants du monde, dont la légende dépasse très largement les frontières du continent asiatique. Jusqu'à sa mort en 1227, il eut pour objectif l'unification des différentes tribus de la région, puis des régions environnantes, au point de se retrouver à la tête d'un empire plus vaste que l'empire chinois.

Le film Gengis Khan, à la conquête du monde, nous fait découvrir ce destin hors du commun, montrant Genghis Khan tour à tour fils, époux, père, chef charismatique et surtout insatiable conquérant à la devise fièrement revendiquée : « Où je vais, je conquiers... Les frontières disparaissent. » Une œuvre spectaculaire et impressionnante qui immerge le spectateur au cœur de scènes de bataille démesurées.

A l'occasion de sa sortie en DVD et BluRay, Ecran Noir met en jeu dix exemplaires du DVD.dvd bluray

Pour participer au tirage au sort, il suffit de répondre à la question suivante :

Genghis Khan est considéré comme le fondateur d'une nation qui lui survécut jusqu'à aujourd'hui.
De quelle nation s'agit-il ?

Votre réponse et vos coordonnées postales sont à envoyer par courriel avant le 9 mars 2011.

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Genghis Khan, à la conquête du monde
de Shinichiro Sawai
Avec Takashi Sorimachi, Rei Kikukawa, Mayumi Wakamura...
Sortie BluRay et DVD le 1er mars
© Metropolitan

Berlin 2011: Taïwan et la Chine continentale en pleine mutation cinématographique

Posté par MpM, le 15 février 2011

L'absence de films taïwanais sélectionnés à Berlin cette année n'empêche pas le pays d'être bien présent sur Potsdamer Platz, et notamment au marché. C'est que Taipei a des films à vendre ! En 2010, 45 longs métrages ont été tournés dans l'ile. En tout, 278 films (incluant les téléfilms et courts métrages) ont été soutenus par la commission du film de Taipei. Les co-productions sont également nombreuses et concernent principalement Hong Kong et la Chine continentale. Cette dernière représente notamment un marché considérable, à condition de jouer le jeu et de ne pas aborder de questions taboues.

De son côté, la Chine continentale est confrontée elle aussi à de nouveaux enjeux. En dépassant les 1,5 milliards de dollars en 2010, le box-office chinois a gagné 64% par rapport à 2009. Il est aussi bien parti pour devenir le deuxième marché le plus important du monde.

Par ailleurs, de plus en plus de films sont produits en Chine (520 en 2010) mais peu d'entre eux bénéficient d'une sortie en salles. Paradoxalement, près de 1000 nouveaux écrans verront le jour en 2011, portant le total à plus de 7000, et il faut bien les alimenter.

Le quota de films étrangers (limités à 20 chaque année) pourrait ainsi être remis en question, d'autant que la demande pour les films étrangers est de plus en plus forte. En 2010, Avatar a rapporté 210 millions de dollars contre 100 millions pour le meilleur film chinois, Aftershock de Feng Xiaogang. En tout, les films locaux ne représentent que 56% du box-office chinois.

Si les quotas sont modifiés, la marge de progression du box-office pourrait atteindre des sommets, dans la mesure où avec un écran pour 200 000 personnes, la Chine a encore un gigantesque potentiel de croissance. De quoi inciter ses voisins les plus proches, comme Taïwan ou Hong Kong, à la fournir en films, mais également Hollywood ou le marché européen. Et parmi eux, la France, qui occupe actuellement six des vingt places disponibles pour des films étrangers, a indéniablement une carte à jouer.

Vesoul 2011 : Girish Kasaravalli face au public

Posté par kristofy, le 11 février 2011

garasavalliGirish Kasaravalli est un réalisateur indien qui est connu des festivaliers de Vesoul car son précédent film Gulabi Talkies avait été primé ici en 2009. Il compte déjà plus d’une dizaine de longs-métrages, et c’est son dernier film qui est montré en avant-première au FICA, dans le cadre de la compétition.

Riding with dreams est à l’opposé du folklore de Bollywood, puisqu' il évoque plutôt une région de l’Inde et le système des castes de population et nous fait vivre la mort avec deux points de vue différents sur un même évènement. Il commence d’ailleurs avec dans le générique une citation de Jean-Luc Godard : "une histoire doit avoir un début, un milieu et une fin ; mais pas nécessairement dans cet ordre".

Irya le fossoyeur du village a en rêve une vison de la divinité Siddha, ce qui est le signe d’un décès pour lequel il lui faut creuser une tombe qui lui rapportera un peu d’argent ; tandis que les proches du respectable Gowda dissimulent sa mort le temps de conclure une vente de terres à une usine. Le serviteur et la famille riche sont pris au piège de leur mensonge et risquent de devoir affronter l’opprobre de la communauté tandis que le pauvre Irya et sa femme vont douter de leur foi…

Suite à la projection, le public a eu l’occasion d’interroger le réalisateur Girish Kasaravalli. Voici un extrait de la discussion en attendant une possible sortie en salles de Riding with dreams.

- Quel est le point de départ du film ?

- Girish Kasaravalli : C’est une histoire tirée d’une nouvelle d’un jeune auteur, j’ai toujours voulu faire un film sur ce thème : la place des mythes dans notre vie contemporaine. L’Inde a subit la colonisation britannique pendant deux siècles, Anglais qui ont fait en sorte que nos mythes et traditions disparaissent progressivement.  Mais le fait est qu'aujourd’hui, au nom du progrès, l’Inde agit un peu de la même manière envers les populations tribales marginalisées. Les Britanniques plaçaient leurs traditions au-dessus des nôtres, avec une hiérarchie qui les rendait inférieures. Malheureusement, cette hiérarchisation continue aujourd’hui pour les rites de certaines régions.

- Que représente la figure de Siddha ?

- GK : La religion hindoue est immense et compte plusieurs courants, par rapport à un mort on pratique soit une crémation soit ailleurs un enterrement, comme c’est le cas ici dans la région du nord du Karnataka. Dans cet endroit particulièrement aride avec des sécheresses, il y a la croyance en Siddha. Ce n’est pas un dieu mais plutôt comme un saint pour faire un parallèle avec un contexte chrétien. Pour simplifier, l’hindouisme compte trois dieux qui sont Brahma, Vishnu et Shiva, et ceux qui ont foi en Shiva croient en Siddha qui est lié à l’idée de destruction avant une renaissance.

- La déconstruction du récit interpelle…

- GK : Le nouvelle originale commence avec un petit flash-back, où le personnage se demande si son rêve ne se réalisait pas. J’ai choisi d’aller beaucoup plus loin avec quelques allers-retours dans la chronologie du récit, c’est plus intéressant ainsi. C’est aussi en relation avec une tradition orale que l’on a de raconter une histoire qui compte plusieurs narrations.

Crédits photos : Michel Mollaret

Vesoul 2011 : interview de Kim Dong-ho, créateur du festival de Pusan

Posté par kristofy, le 10 février 2011

Kim Dong-hoKim Dong-ho (à gauche, et ci-dessous avec Jean-Marc Thérouanne, délégué général du Festival)  a reçu du 17ème FICA de Vesoul un Cyclo d’Or d’honneur pour ses actions pour la promotion du cinéma. Il est notamment l'un des membres fondateur du NETPAC (Network for the Promotion of Asian Cinema) en 1990. D’ailleurs, chaque année à Vesoul, il y a un jury du NETPAC (cette année le président est Dharmasena Pathiraja).

Kim Dong-ho est aussi et surtout le Directeur honoraire du Festival International du film de Pusan en Corée du Sud. Ce festival né de son initiative est devenu le plus important festival de cinéma en Asie à la fois en tant que marché du film et en tant qu’espace de découverte de nouveaux talents. L’occasion d’une interview pour évoquer près de 60 ans d’histoire du cinéma coréen.

Ecran Noir : Présentez-nous le festival de Pusan…

Kim Dong-ho : Le festival de Pusan a été créé en 1996, c’est un festival international qui présente des films du monde entier, et en particulier qui fait découvrir aussi un très large panorama de films asiatiques. L’année dernière, nous avons montré à Pusan 304 films. Ce festival a aussi mis en place un système de soutien aux jeunes cinéastes et jeunes producteurs.

EN : Dans les années 1960, il y a eu un mouvement de renaissance du cinéma coréen, puis une tendance inverse dans les années 1970, que s’est-il passé ?

Kim Dong-ho : Il est vrai qu’entre 1956 et la décennie des années 60, il y a eu un âge d’or du cinéma coréen avec des cinéastes très talentueux, comme Kim Su-yong. A partir des années 70, on peut dire en effet qu'on a connu une régression de notre cinéma à cause de plusieurs facteurs. Tout d’abord avec l’apparition de la télévision, le cinéma coréen a perdu beaucoup de spectateurs, une tendance dans le monde entier d’ailleurs. Ensuite, on peut penser évidement aux censures exercées par le gouvernement de l’époque, la censure était particulièrement sévère pendant les années 70 et aussi les années 80. Cette censure avait pour effet une non-liberté dans le choix des sujets, de plus la liberté d’expression en général était réduite.

EN : Comment le cinéma coréen est devenu ces Kim-Dong-ho
dernières années non seulement un géant du cinéma asiatique mais aussi mondial ? avec Park Chan-wook, Bong Joon-ho, Kim Ki-duk, Lee Chang-dong, Kim Jee-woon…

Kim Dong-ho : A partir de 1995, on peut parler de la deuxième renaissance du cinéma coréen, avec la combinaison de plusieurs facteurs qui ont été bénéfiques. Déjà, il y a eu une abolition de la censure, les cinéastes ont eu la liberté de choisir de traiter le sujet qu’ils voulaient. Ensuite, il y a eu aussi un système d’aides de l’état avec des subventions pour la production des films. Et surtout ces conditions ont encouragé des jeunes cinéastes à prendre la relève et à participer à faire du cinéma coréen leur cinéma. Vers la fin des années 90, diverses insitutions se sont engagées pour la promotion et la diffusion du cinéma coréen, bien entendu il y a le festival de Pusan mais aussi le KOFIC (Korean Film Council, équivalent à notre CNC). Une chose intéressante est que notre patrimoine cinématographique n’est pas oublié avec par exemple l’organisation de rétrospective des films des années 60. Le film La Servante de Kim Ki-young qui date justement de 1960 a été restauré et a de nouveau été un succès en salles (d’ailleurs en sélection Cannes Classics en 2008). C’est un classique qui a aussi fait l’objet d’une nouvelle version par Im Sang-soo : The Housemaid était à Cannes en 2010.

EN : Les screen quotas en Corée ont connu quelle évolution ?

Kim Dong-ho : Le système de screen quotas a en fait commencé durant les années 70, ce système a été créé pour protéger la part de marché du cinéma coréen face aux films occidentaux et notamment américains. En 1984, les distributeurs américains ont obtenus plus de liberté en pouvant distribuer eux-mêmes leurs films en Corée sans passer par l’intermédiaire d’un distributeur coréen, à partir de ce moment-là le gouvernement a renforcé le système de screen quotas. Il s’agissait d’imposer un nombre de films coréens dans les salles de cinéma pour éviter trop de films étrangers et ainsi soutenir notre production. Ce quota était de 146 jours par an. Mais en 2004, un nouveau gouvernement en Corée a cédé à la pression des Etats-Unis qui veulent que leurs films américains occupent le maximum d’écrans, le screen-quota a donc été réduit à la moitié, soit 73 jours par an. Cette réduction a provoqué des inquiétudes pour le cinéma coréen… Cependant, en même temps, notre cinéma a gagné en compétences et en talents, alors cet assouplissement des screen quotas a eu peu d’influence car les films coréens rencontrent par leurs qualités des grands succès en salles et en même temps aussi à l’international.

 Merci à Cho Myoug-jin pour la traduction.

Crédits photos Christophe Maulavé & Michel Mollaret

Vesoul 2011 : le jury international

Posté par MpM, le 9 février 2011

jury

Le jury international est arrivée à Vesoul, prêt à découvrir les neuf longs métrages qui sont en compétition pour le Cyclo d'or 2011. De gauche à droite sur notre photo, on reconnaît Darina Al Joundi (réalisatrice, actrice et scénariste libanaise), Lee Myung-se (réalisateur coréen et président du jury), Roshane Saidnattar (réalisatrice cambodgienne) et Mojtaba Mirtahmasb (réalisateur iranien).

C'est le long métrage Wang Liang’s Ideal du Chinois Gao Xiongjie qui ouvrira les hostilités lors de la séance officielle de ce soir. Le palmarès sera annoncé lors de la soirée de clôture le 15 février prochain.

Crédit photo : Michel Mollaret

Vesoul 2011 : liaison sans escale avec Pusan, Corée du sud

Posté par kristofy, le 9 février 2011

Kim Dong-hoOuverture aux couleurs de la Corée du Sud pour cette 17e édition du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul qui a débuté mardi soir avec la remise d'un Cyclo d'or d'honneur à Kim Dong-ho (notre photo), créateur et directeur honoraire du Festival de Pusan.

Créé en 1996 suite à une volonté politique, le Festival de Pusan s'est imposé au fil des ans comme le plus important festival international du film en Asie, grâce notamment à la qualité du cinéma coréen et l'appui des studios hollywoodiens. En plus de promouvoir un cinéma novateur et clairement "d'auteur", il propose un marché du film extrêmement important. Tous les grands noms du continent asiatique contemporain ont fait leurs débuts à Pusan, qu'il s'agisse de Jia Zhangke, Hong Sang-soo, Kim Ki-duk ou encore Im Sang-soo. C'est donc assez logiquement que Vesoul rendait hommage à son créateur Kim Dong-ho, celui que Jean-Marc Thérouanne, délégué général du festival,  appelle "le Gilles Jacob de Corée".

Les deux autres temps forts de cette ouverture ont été l'ovation faite Aktan Arym Kubatà Jafar Panahi lors de son apparition dans le diaporama présenté en début de soirée (rappelant que le cinéaste iranien, président du jury en 2004, demeure dans les esprits vézuliens) ainsi que la projection du Voleur de lumière du Kirgiz Aktan Arym Kubat (photo de droite). Le film raconte l'histoire d'un homme simple et gentil qui rend des services à tout le monde, souvent à son propre détriment. Cet "être pur" est joué par le réalisateur lui-même, qui a parsemé son film de références politiques et d'une certaine dose de satire sociale.

Un joli coup d'envoi pour ce 17e FICA, à découvrir en salles le 2 mars prochain. En attendant, c'est parti pour sept jours de cinéphilie asiatique durant lesquels plus de 26 000 spectateurs venus de toute la France sont attendus.

Coécrit par MpM
Crédits photos : Michel Mollaret

Le 17e festival de Vesoul met le Cambodge et la Corée à l’honneur

Posté par MpM, le 22 décembre 2010

Parmi les rendez-vous que l'on retrouvera avec plaisir en 2011, il y a le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul (FICA) dont Ecran Noir est partenaire depuis 2008.

Pour sa 17e édition, le plus ancien festival de cinéma asiatique d'Europe nous a concocté un programme qui répond parfaitement à sa devise : "piquer la curiosité du plus grand nombre, pour votre plus grand plaisir, et en mettant la qualité à la portée de tous". Ce sont ainsi 90 films, parmi lesquels une vingtaine d'oeuvres inédites, qui seront présentés aux festivaliers entre le 8 et le 15 février 2011.

Outre la compétition, qui oppose longs métrages et documentaires du Proche à l'Extrême-Orient, on retrouvera un "Regard sur le cinéma coréen" (65 ans de cinéma coréen en 25 films clés, en présence de Kim Dong-ho, le directeur honoraire du Festival de Pusan) ; une sélection thématique autour des "Familles d'Asie" ; une section Francophonie d'Asie : "Cambodge : Rithy Panh et Bophana, la mémoire retrouvée (1950-2010)" ; sans oublier un hommage à Satochi Kon et une programmation jeune public.

En parallèle sont organisées des journées professionnelles et des actions pédagogiques qui impliquent le tissu local et régional. Et puis bien sûr,  fidèle à ses habitudes festives, le FICA proposera de nombreuses rencontres, des temps de partage et des soirées ouvertes à tous. Pourtant, au milieu de cette bonne humeur et de cette passion cinéphile partagée, on peut être sûr qu'organisateurs et festivaliers trouveront le temps de penser à Jafar Panahi, invité d'honneur du festival en 2010, et qui, déjà, n'avait pu quitter le territoire iranien pour venir recevoir son Cyclo d'honneur.