Les Prix Henri-Jeanson, Prix Jacques Prévert et Prix Henri Langlois révélés

Posté par vincy, le 4 février 2014

albert dupontel neuf mois ferme

La SACD a sacré Albert Dupontel, réalisateur, scénariste et comédien en lui remttant le prix Henri-Jeanson 2014. Ce prix distingue un auteur dont "l'insolence, l'humour, la puissance dramatique perpétuent la mémoire de l'un des plus célèbres scénaristes et dialoguistes du cinéma français." Son dernier film, Neuf mois ferme, a séduit plus de 2 millions de téléspectateurs en France.

De son côté, la Guilde française des scénaristes a décerné ses prix Jacques Prévert 2014 : Asghar Farhadi avec Le passé obtient le prix du meilleur scénario original tandis que le prix de la meilleure adaptation revient à Bertrand Tavernier, Christophe Blain et Antonin Baudry pour Quai d'Orsay.

Enfin, les (très nombreux) prix Henri Langlois ont été remis hier.
- Prix Henri Langlois d’honneur Comédien : Robert Hossein pour l’ensemble de sa carrière
- Prix Henri Langlois d’Honneur Comédienne : Anna Karina pour l’ensemble de sa carrière
- Prix Henri Langlois d’Honneur Réalisateur : Alexandre Arcady pour l’ensemble de sa carrière
- Prix Henri Langlois d’Honneur Scénario & Ecriture pour l’image : Jean-Claude Carrière
- Prix Henri Langlois d’Honneur - Promotion et défense du cinéma : la productrice Agnès B.
- Prix Henri Langlois 2014 - Arts & Techniques du Cinéma : Jean-Marie Lavalou et Alain Masseron, oscarisés en 2005 et co-créateurs de la Louma
- Prix Henri langlois 2014 – Arts & Techniques de la cascade : Rémy Julienne
- Prix Henri Langlois 2014 - Arts & Techniques du Cinéma – Direction de la Photo : Ricardo Aronovich

- Prix Henri Langlois - réalisateur 2014 : Olivier Marchal
- Prix Henri Langlois - comédien 2014 : Tcheky Karyo
- Prix Henri Langlois - compositeur de Musique pour l’image 2014 : Eric Serra
- Prix Henri Langlois Humanisme & Engagement 2014 : Yves Boisset pour l’ensemble de sa carrière
- Prix Henri Langlois- Film d’animation 2014 : Laurent Witz
- Prix Henri Langlois Trophée du Cinéma Francophone 2014 : Férid Boughedir
- Prix Henri Langlois - Film Documentaire 2014 : Pascal Plisson (Sur le chemin de l’école)
- Prix Henri Langlois - Promotion et défense du cinéma - Affiche : Benjamin Baltimore
- Prix Henri Langlois « cinémathèque et restaurations » 2014 : Centre National de l’Audiovisuel et la Cinémathèque du Luxembourg
- Prix Henri Langlois – Révélation 2014 réalisateur : Serge Avedikian
- Prix de l’Association des amis d’Henri Langlois : François Dupeyron

- Trophée Coup de Cœur de la Presse Etrangère: Only in New-York
- Trophée Coup de Cœur des étudiants de cinéma: Un p’tit gars de Ménilmontant
- Prix du public : Ceci est mon corps

Les Magritte 2014 : Ernest et Célestine, meilleur film belge de l’année

Posté par kristofy, le 3 février 2014

ernest et célestineC’est le film d’animation Ernest et Célestine (découvert à Cannes) qui durant la cérémonie des Magritte belges été sacré dans les deux catégories reines : meilleur film et meilleur réalisateur, avec, en bonus, un prix pour meilleur son. Ce film est également nominé aux Oscars dans la catégorie meilleur film d'animation, catégorie où il avait déjà gagné un César l'année dernière. La religieuse (Berlin 2013), Le passé et La vie d'Adèle (Cannes 2013) sont aussi cités au palmarès. Poelvoorde est couronné par le prix du meilleur acteur.

Un Magritte d’Honneur a été décerné également au réalisateur Emir Kusturica.

Voici le palmarès pour les principales catégories :

meilleur film : Ernest et Célestine de Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner.
meilleur réalisateur : Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner,  pour Ernest et Célestine
meilleur acteur : Benoit Poelvoorde dans Une place sur la terre
meilleure actrice : Pauline Etienne dans La religieuse (elle avait déjà été meilleur espoir féminin en 2011 pour Élève libre)
meilleur acteur dans un second rôle : Laurent Capelluto dans Le temps de l’aventure
meilleure actrice dans un second rôle : Catherine Salée dans La vie d’Adèle
meilleur espoir féminin : Pauline Burlet dans Le passé
meilleur espoir masculin : Achille Ridolfi dans Au nom du fils
meilleur scenario original ou adaptation : Philippe Blasband et Anne Paulicevich pour Tango Libre
meilleur premier film : Une Chanson pour ma mère de Joel Franka
meilleur film étranger en coproduction : La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche
meilleur film flamand en coproduction : Kid de Fien Troch
meilleur court-métrage : Welkom de Pablo Munoz Gomez. A noter que ce court-métrage, avec l’acteur Jean-Jacques Rausin, est visible (gratuitement) pendant quelques jours sur internet ici.

Voici donc le court-métrage La veille du premier jour de tournage qui a été diffusé durant cette 4ème cérémonie des Magritte, avec Laurent Capelluto (d’ailleurs récompensé meilleur acteur dans un second rôle dans Le temps de l’aventure) qui joue ici avec humour (belge) une quinzaine de rôles qui sont différents professionnels qui préparent un film :

Les Magritte 2014 : Tango Libre et Au Nom du fils en tête

Posté par kristofy, le 12 janvier 2014

tango libreBruxelles organise sa 4ème cérémonie des Magritte du cinéma qui aura lieu le 1er février prochain, la récompense belge équivalente aux Césars français. La soirée se déroulera sous la présidence de Emilie Dequenne qui avait eu l’année dernière le Magritte de la meilleure actrice.

La liste des nominations est maintenant dévoilée, on y retrouve bien entendu majoritairement des films belges francophones mais aussi des coproductions aussi plusieurs films français (La religieuse de Guillaume Nicloux, La vie d'Adèle de Abdellatif Kechiche, L’écume des jours de Michel Gondry…) et d’autres coproductions avec les voisins flamands.

Deux films déjà primés au Festival de Venise 2012 (et sortis en salles en 2013) sont remarqués : Tango Libre avait reçu le Prix Spécial du jury Orizzonti et La Cinquième Saison. Tango Libre est le grand favori avec 10 nominations (meilleur film, réalisateur, scénario, acteurs…). Ce film de Frédéric Fonteyne est déjà sorti en France en novembre 2012. La cinquième saison est sorti l'été dernier dans les salles françaises

L’autre grand favori est Au Nom du Fils, ce qui est une belle surprise puisque le film est sorti dans peu de salles (c’est une féroce comédie anti-cléricale), a été aussi récompensé du Méliès d’or au festival fantastique de Sitgès. Son réalisateur Vincent Lannoo est l’un des cinéastes belges injustement méconnu en France faute de distributeur dans l'Hexagone :ses films Ordinary Man et Little Glory ne sont jamais sorti et son dernier film en date, Les âmes de papier (avec Julie Gayet, Stéphane Guillon et Pierre Richard), plus conventionnel, est en salles depuis le 25 décembre. Au Nom du Fils va finalement sortir en France avec un an de retard le 7 mai 2014, la comédienne Astrid Whettnall est favorite dans la catégorie de la meilleure actrice.

A noter également 3 nominations pour le film d’animation Ernest et Célestine (dont une nomination dans la catégorie du meilleur film) et pour Une Place sur la Terre avec Benoit Poelvoorde, 2 nominations pour Landes. La présence du film de Sam Garbarski Vijay & I réalisé en anglais avec Patricia Arquette, Moritz Bleibtreu et Danny Pudi semble plus curieuse.

Pour ce qui est des principales catégories les nominés sont :

Meilleur film : Au nom du fils, Ernest et Célestine, Kinshasa kids, Le monde nous appartient, Tango libre

Meilleure réalisation : Vincent Lannoo (Au nom du fils), Stéphane Aubier et Vincent Patar (Ernest et Célestine), Frédéric Fonteyne (Tango libre), Sam Garbarski (Vijay and I)

Meilleur scénario : Kid, La cinquième saison, Tango libre, Vijay and I

Meilleure actrice : Astrid Whettnall (Au nom du fils), Lubna Azabal (Goodbye Morocco), Pauline Etienne (La religieuse), Déborah François (Populaire)

Meilleur acteur ::Sam Louwyck (La cinquième saison), François Damiens (Tango libre), Jan Hammenecker (Tango libre), Benoît Poelvoorde (Une place sur la terre)

Meilleure actrice dans un second rôle : Dominique Baeyens (Au nom du fils), Nicole Shirer (BXL - USA), Catherine Salée (La vie d'Adèle), Christelle Cornil (Landes)

Meilleur acteur dans un second rôle : Bouli Lanners (11.6), Olivier Gourmet (Grand Central), David Murgia (Je suis supporter du Standard), Laurent Capelluto (Le temps de l'aventure), Renaud Rutten (Une chanson pour ma mère)

Meilleur espoir féminin : Mona Walravens (La vie d'Adèle), Pauline Burlet (Le passé), Rania Mellouli (Le sac de farine), Anne Paulicevich (Tango libre)

Meilleur espoir masculin : Achille Ridolfi (Au nom du fils), Bent Simons (Kid), Steve Driesen (Landes), Mehdi Dehbi (Le sac de farine)

Meilleur court métrage : Bowling killers de Sébastien Petit, Le conseiller de Elisabet Lladó, Partouze de Matthieu Donck, Welkom de Pablo Munoz Gomez (celui-là avec Jean-Jacques Rausin)

8 films sélectionnés pour le Prix Louis Delluc 2013

Posté par vincy, le 28 octobre 2013

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydoux

Qui pour succéder aux Adieux à la Reine de Benoît Jacquot? 8 films sont en lice pour le prix Louis Delluc 2013. Le lauréat sera connu le 17 décembre prochain.

A priori, l'Abdellatif Kechiche semble incontournable. Mais peu de réalisateurs ont obtenu plusieurs fois le Delluc hormis Alain Resnais (trois fois), Michel Deville, Louis Malle et Claude Sautet (deux fois chacun). Kechiche a déjà reçu ce prix en 2007 pour La Graine et le mulet. Autre sélectionné cette année, Desplechin l'a également obtenu pour Rois et reine en 2004.

Finalement, le favori pourrait être L'inconnu du lac, couronnant ainsi la jeune oeuvre audacieuse d'Alain Guiraudie. A moins que le jury ne préfère guérir Dupeyron des plaies laissées par la difficulté à financer son film ou Dumont pour l'ensemble de sa carrière.

Très éclectique, le Delluc a sélectionné 8 films très différents dans la forme comme dans le fond, incluant la comédie féroce d'Albert Dupontel, succès populaire. On peut regretter l'avantage donné à des "habitués" des palmarès malgré des oeuvres plus mineures, au détriment de jeunes cinéastes plus ambitieux. Mais cela reste un joli panorama du cinéma d'auteur français, et de son ouverture sur le monde : un réalisateur iranien, un film tourné aux Etats-Unis, une comédie, un drame historique, une production très indépendante, une Palme d'or, un film ouvertement gay et un road-movie grave et lumineux...

Prémices aux Césars, cette liste du Delluc laisse présager que la course aux statuettes, même si elle est largement et logiquement dominée par La Vie d'Adèle, sera très ouverte.

Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot, en compétition à Berlin
Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines) d'Arnaud Desplechin, en compétition à Cannes
Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont, en compétition à Berlin
Mon âme par toi guérie de François Dupeyron, en compétition à San Sebastian
9 mois ferme d'Albert Dupontel
Le Passé d'Asghar Farhadi, prix d'interprétation féminine à Cannes
L'inconnu du lac d'Alain Guiraudie, Prix de la mise en scène Un certain regard et Queer Palm à Cannes
La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, Palme d'or à Cannes

Renoir de Gilles Bourdos, candidat pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par kristofy, le 16 septembre 2013

renoir de gilles bourdos

Dans la catégorie Oscar du meilleur film étranger, il y a 5 films nominés, choisis après un vote des membres de l'Academie, parmi les nombreux films ayant été proposés par différents pays, du Pakistan à l'Arabie Saoudite en passant par le Japon ou le Chili.  La France a été sélectionnée 36 fois dans cette catégorie - un record - et a reçu 12 fois la statuette (juste une de moins que l'Italie).

Pour les Oscars 2014 le comité de sélection français a choisi de proposer le film Renoir de Gilles Bourdos. Depuis Un prophète en 2009, aucun film français n'a été nommé, et depuis Indochine en 1992, aucun film français n'a été oscarisé dans cette catégorie.

Chaque année, une commission de sélection de divers professionnels désignés par le Ministère de la Culture fait le choix du film à envoyer aux Oscars. Cette année autour de Thierry Frémaux (directeur général du Festival de Cannes) et de Paul Otchakovsky-Laurens (président de la commission avance sur recettes du CNC, éditeur) il y avait Laurent Cantet  (Palme d’or et nominé à l’Oscar pour Entre les murs), Estelle Fialon (productrice ayant eu une nomination à l’Oscar du meilleur documentaire l’année dernière pour The Gatekeepers), la célèbre scripte Sylvette Beaudrot, Alain Terzian (président de l’académie des Césars) et la comédienne Isabelle Adjani (qui a été nominée deux fois à un Oscar pour L'Histoire d'Adèle H. et Camille Claudel).

Cette année était particulière puisque La Vie d'Adèle - Chapitres 1&2 de Abdelatif Kéchiche - Palme d’Or et donc logique compétiteur - ne pouvait pas être sélectionnable en raison de sa date de sortie en salles (avant le 30 septembre). de même la commission ne pouvait pas choisir parmi les films les plus populaires à l'instar d'Intouchables l'an dernier : Les profs (3 944 000), Boule et Bill (1 994 000), Jappeloup (1 815 000), Les Gamins (1 639 000), La cage dorée (1 219 000), Paulette (1 020 000)… Et deux autres prétendants - L’écume des jours de Michel Gondry et Grand central de Rebecca Zlotowski - ne faisaient pas l’unanimité.

Un consensus sous le signe du bon sens

Il restait à chercher parmi les films français qui ont le plus de succès à l’international (comme La cage dorée). La liste est restreinte. On pouvait s'attendre au Passé, ce fut Renoir, qui a séduit plus de 3 millions de spectateurs à l’international ; au Box office nord américain, il a cumulé 2,24 millions de dollars de recettes : c’est le troisième film en langue étrangère à dépasser ce chiffre cette année aux USA, et de loin le plus gros succès français sur le territoire. Le film avait fait son avant-première mondiale au Festival de Cannes, dans la sélection Un certain regard, en 2012. Le sujet en lui-même a tout pour séduire une Académie assez frileuse et adepte en drames historiques.

Renoir a encore un long chemin à parcourir : de nombreux pays ont déjà sorti l'artillerie lourde pour être dans les cinq finalistes, comme, par exemple, Le grand passage de Ishii Yuya (Japon), Borgman d'Alex Van Warmerdam (Pays Bas), Wadjda d'Haifaa Al Mansour (Arabie Saoudite), Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch (Maroc), The Rocket de Kim Mordaunt (Australie), Gloria de Sebastian Leilo (Chili), Deux vies de Georg Maas (Allemagne), Child's Pose de Calin Peter Netzer (Roumanie), Ilo Ilo d'Anthony Chen (Singapour), ...

Et on attend les choix espagnol, iranien, danois, argentin, ou encore chinois...

Le passé a encore de l'avenir

L’année dernière l’Oscar du meilleur film étranger à été décerné à Amour de Michael Haneke, mais sous drapeau de l’Autriche. Outre Indochine de Régis Wargnier, Jacques Tati avec Mon Oncle, Claude Lelouch avec Un homme et une femme, François Truffaut avec La nuit américaine, Bertrand Blier avec Préparez vos mouchoirs… ont remporté cet Oscar.

Parmi les films qui ont été nominés, on note Entre les murs de Laurent Cantet, Joyeux Noël de Christian Carion, Les choristes de Christophe Baratier, Le fabuleux destin de Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, Le goût des autres de Agnès Jaoui, Est-Ouest de Régis Garnier, Ridicule de Patrice Leconte… Ce sont tous des films qui ont connu un succès public et critique, la plupart ayant été distingués à Cannes et/ou aux Césars. Cependant comme beaucoup de pays font concourir aussi leur film le plus populaire il arrive souvent le candidat français ne soit pas retenu dans la liste finale, ça a été le cas pour La guerre est déclarée, Des hommes et des dieux, Persépolis, 8 femmes, La vie rêvée des anges, Les roseaux sauvages, Germinal

A noter que ne pas figurer dans cette catégorie n’empêche pas un film français de concourir dans d’autres catégories par le biais de son distributeur américain comme ça a été le cas pour Z de Costa-Gavras, La Môme de Olivier Dahan pour lequel Marion Cotillard a été oscarisée, Tess et Le pianiste de Roman Polanski, et bien entendu The Artist qui a remporté 5 Oscars (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure bande originale et meilleurs costumes). Il est probable que cette année Le Passé de Ashgar Farhadi (Oscar du meilleur film étranger en 2012 avec Une Séparation) avec Bérénice Béjo (nominée avec The Artist) soit promu de cette manière vers les Oscars tout comme La Vie d'Adèle - Chapitres 1&2 de Abdelatif Kéchiche et ses comédiennes...

Cannes 2013 : premiers succès dans leurs pays pour Bombay Talkies, La Grande Bellezza et Shield of Straw

Posté par vincy, le 2 juin 2013

Saqib Saleem Randeep Hooda Bombay Talkies

La deuxième vie des films cannois a déjà commencé : quelques films de la sélection officielle sont déjà dans les salles de leurs pays respectifs.

En Inde, Bombay Talkies (hors-compétition), a davantage fait parler de lui pour son baiser homosexuel que pour sa sélection cannoise. A peine une dizaine de films bollywoodiens l'ont osé jusqu'à présent. Souvent les gays y sont stéréotypés, efféminés. L'homosexualité, considérée comme un crime juridiquement jusqu'en 2009, reste un sujet tabou en Inde. Dans Bombay Talkies, un jeune homme (Randeep Hooda, sex symbol local, en photo) embrasse le mari de sa meilleure amie. Selon les observateurs, le public, qui aime commenter avec véhémence, a applaudit la scène. Au box office, Bombay Talkies connaît une jolie carrière pour un film d'auteur : 4e lors de sa première semaine d'exploitation il y a un mois, il est toujours dans le top 15 national et cumule 8,5 millions de roupies.

Au Japon, c'est le Takashi Miike qui est sorti en mai. Shield of Straw a déjà cumulé 13 millions de $ au box office national en 4 semaines. Il est toujours dans le Top 10 malgré ce résultat a priori modeste. Sa constance (il perd peu d'entrées d'une semaine à l'autre) en fait le 14e succès de l'année toutes nationalités confondues (et le 8e pour un film nippon).

En Italie, La Grande Bellezza a pu compter sur l'effet Cannes pour se placer 2e du box office local dès son premier week-end la semaine dernière, malgré la concurrence de Fast & Furious 6. Le film a déjà récolté 2,26 millions d'euros, ce qui le place en quatre jours à la 6e place des films italiens de l'année.

En France, Le passé, Only Gods forgive et La grande bellezza connaissent des parcours divers. Le film d'Asghar Farhadi a passé le cap des 500 000 entrées (ce qui reste exceptionnel pour un film asiatique et le plus gros succès iranien après Une séparation du même Farhadi) ; le polar de Nicolas Winding Refn a séduit plus de 300 000 spectateurs (il ne rééditera pas le carton de Drive, mais ce n'est pas déshonorant non plus) ; enfin le Sorrentino, plus long et moins bien distribué, a déjà dépassé les 70 000 curieux. Le film devrait finir sa carrière avec un résultat proche des deux précédentes oeuvres du réalisateur, This must be the place et Il divo, entre 130 000 et 160 000 spectateurs.

Mais pour l'instant, c'est bien Gatsby le magnifique qui triomphe mondialement. Le film d'ouverture du 66e Festival de Cannes a amassé 210 millions de $ dans le monde!

Cannes 2013 : Steven Spielberg et son jury succombent aux désirs d’Adèle et d’Emma

Posté par vincy, le 26 mai 2013

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydoux

Le palmarès cannois aurait pu être pire. Même si, pour nous, il manque des films dont l'esthétisme (voire le formalisme) et le propos nous ont davantage séduits, reconnaissons à Steven Spielberg et son jury d'avoir eu du cran : Une Palme pour Adèle, fallait oser. Lui Président a décidé de provoquer un acte culturel (et donc politique) majeur en remettant l'un des plus grands prix du 7e art à un film dont certaines séquences (sexualité frontale, nudité, homosexualité)  l'empêcheront d'être vu dans de nombreux pays (y compris les USA) et dont la durée limitera l'intérêt des exploitants. Avec ce prix, il oblige les exploitants à s'adapter à une création hors-normes...

La Palme d'or à La vie d'Adèle, malgré nos quelques réserves sur le film, est largement justifiée tant l'oeuvre (3h) est captivante et émouvante. Hymne à l'amour et sà la liberté, l'adaptation de la BD "Le bleu est une couleur chaude" aura enthousiasmé journalistes, festivaliers, professionnels. Steven Spielberg n'a pas oublié de décerner la Palme aux deux actrices Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. "Nous avons été privilégiés de voir ce film, et non gênés" explique le cinéaste en conférence de presse. "C'est l'histoire d'un amour profond, magnifique. Le réalisateur n'a pas du tout bridé le récit. Nous étions sous le charme du film, avec des actrices formidables. Le réalisateur a permis aux personnages de prendre réellement vie" a-t-il poursuivi.

Lorsqu'il a reçu son prix, Abdellatif Kechiche a dédié son prix "à cette belle jeunesse de France qui m'a beaucoup appris sur l'esprit de liberté", "le vivre-ensemble". Ce film est pour "une autre jeunesse, de la révolution tunisienne, pour leur aspiration à vivre eux aussi librement, et aimer librement", a déclaré le cinéaste.

Le suspens pour les César 2014 est mort ce soir.

le jury du 66e festival de cannes 2013 spielbergExceptions culturelles

Défendant l'exception culturelle, Steven Spielberg en a fait la ligne directrice de son palmarès : des films iranien (avec une actrice d'origine argentine), chinois, japonais, américains et mexicain. Le jury a privilégié des mélodrames, et tous les films primés ont de belles qualités. Jia Zhang-ke a offert cette année sa production la plus ambitieuse, entre vengeance personnelle sanglante et tragédie humaine ; Kore-eda Hirokazu n'a peut-être pas réalisé son plus grand film mais l'histoire filiale ne pouvait que séduire des cinéastes comme Spielberg et Lee qui en on fait des thèmes récurrents dans le cinéma ; le grand Bruce Dern permet à le très bon Nebraska de ne pas repartir les mains vides grâce à un personnage mémorable de vieux lunatique et taiseux ; les Coen ont manqué de peu la double Palme d'or mais leur film, l'un des chouchous des festivaliers, ont confirmé leur grand retour grâce à un blues musical qui ne manque pas de dérision : Nebraska comme Inside Llewyn Davis devraient refaire parler d'eux aux prochains Oscars ; enfin, plus surprenant, le jury a préféré un jeune metteur en scène mexicain, Amat Escalante avec son essai très soigné et plutôt réussi (quoique déjà vu) sur la violence, Heli, pour le prix de la mise en scène : c'est la deuxième fois consécutive qu'un mexicain remporte ce prix. Concluons avec le prix d'interprétation féminine pour la franco-argentine Bérénice Bejo : deux ans après la projection de The Artist (prix d'interprétation masculine), la comédienne césarisée est désormais consacrée pour son rôle dramatique dans Le passé. Ironiquement, son personnage devait être incarné par Marion Cotillard, qui doit s'en mordre les doigts.

Après avoir vu tous ses films primés, constatons que l'image, les cadrages et la musique y sont souvent sublimes. Du drame intimiste au film de genre, tout le cinéma est représenté, illustrant une 66e édition prônant haut et fort le souci de la diversité et l'envie de séduction. Mais à voir la liste, c'est surtout un certain cinéma "vérité" qui a été honoré : un regard franc sur le monde, nostalgique ou cruel.

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 11

Posté par MpM, le 25 mai 2013

l'image manquante de Rithy PanhCher Jafar,

Tu étais le grand absent de ce festival 2013, et pourtant tu n'as pas été oublié. En recevant le grand prix Un Certain Regard pour son magnifique film L'image manquante, le cinéaste Rithy Panh te l'a dédié, dans un geste d'une élégance folle.

Si Asghar Farhadi reçoit lui aussi un prix pour le Passé, aura-t-il à son tour une pensée pour toi ? Jusqu'à présent, il n'a guère mentionné ton nom, mais avoue que ça aurait de la gueule en plein théâtre lumière, devant les médias du monde entier...

Ton autre compatriote Mohammad Rassoulof, qui a reçu le prix Fipresci pour Les manuscrits ne brûlent pas, a quant à lui rendu hommage à tous ceux qui ont pris le risque de travailler avec lui. En accord avec les membres de l'équipe restés en Iran, il n'a cité aucun nom. Toutefois, on a senti que cela lui pesait de récolter seul tous les honneurs pour un film qui, plus que tout autre, n'aurait pu se faire sans l'engagement, l'abnégation et la loyauté d'un groupe soudé de personnes prêtes à prendre tous les risques pour qu'il existe.

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 3

Posté par MpM, le 17 mai 2013

le passéCher Jafar,

Aujourd'hui, l'Iran est à l'honneur sur le tapis rouge. Le film de ton compatriote Asghar Farhadi, intitulé Le passé, est présenté en compétition officielle, avec montée des marches et honneurs de la presse. Il se déroule à Paris, avec des acteurs français (Bérénice Béjo, Tahar Rahim...) et un acteur iranien, Ali Mosaffa.

C'est une histoire familiale, très ténue, avec des secrets et des révélations. J'ai envie de dire : un film très francais, et même bourgeois. Hormis le fait que Berenice Bejo ne porte pas de foulard et a un amant, il pourrait presque plaire au gouvernement de ton pays. D'ailleurs, Asghar Farhadi a déclaré à la presse qu'il venait d'obtenir une autorisation de distribution. "L'histoire se déroule ailleurs qu'en Iran, donc il a été accepté", a-t-il expliqué.

Qu'en sera-t-il de l'autre film présenté en compétition aujourd'hui, A Touch of sin de Jia Zhang-ke ? Au premier regard, on se demande comment il pourrait passer la censure chinoise en s'attaquant à la corruption des élites, au mirage économique qui pressure tout le monde et à l'exaspération des individus, prêts à tout pour briser le cercle vicieux de la misère. Pas des thèmes très flatteurs pour le régime, tout ça...

Sur le Twitter chinois (Weibo), après avoir vu la bande annonce, les internautes ont exprimé leurs craintes de voir le film censuré, voire interdit... Mais Jia Zhang-ke assure que non. Il a même obtenu l'autorisation de son pays avant de venir à Cannes, et a été en partie financé par des capitaux chinois. Les temps changeraient-ils ?

"On entre maintenant dans une ère en Chine où on est soi-même son propre média. Il y a beaucoup de discussions sur ce qui se passe dans le pays par le biais du twitter chinois", affirme le cinéaste, qui semble y déceler une volonté de conciliation du régime. Selon lui, les spectateurs chinois pourront découvrir A touch of sin exactement dans la même version que les festivaliers cannois.

De quoi reprendre un peu espoir ?

Cannes 2013 : Qui est Sabrina Ouazani ?

Posté par vincy, le 17 mai 2013

Sabrina Ouazani25 ans. 10 ans de carrière. Et une montée des marches à Cannes avec l'équipe du film d'Asghar Farhadi, Le passé. Sabrina Ouazani n'a pas chômé ces dernières années. Repérée par Abdellatif Kechiche qui l'enrôle pour faire partie de L'Esquive (pour lequel elle est nommée dans la catégorie meilleur espoir féminin aux Césars), aux côtés de Sara Forestier, cette jeune et belle franco-algérienne essaie progressivement de sortir des rôles étiquetés "beurette de banlieue". Elle est, avec Leïla Bekhti et Hafsia Herzi, l'une des comédiennes les plus demandées dans cette "catégorie" dont elles veulent toutes, à juste titre, échapper.

Franche et émotive, Ouazani jouera pourtant souvent, au cinéma comme à la télévision, des Fadela, Radhija, Yamina, Assia, Farida et autres Rachida (dans Fauteuils d'orchestre, comédie "chorale" bling-bling des beaux quartiers). Mais c'est une fois de plus Kechiche qui la remet sur les bons rails avec La graine et le mulet en 2007. Christophe Honoré embraye en lui proposant un personnage lumineux pour Dans Paris, présenté à la Quinzaine des réalisateurs. Elle continuera dans cette veine avec Adieu Gary, sélectionné à la Semaine de la Critique, face à Jean-Pierre Bacri.

Sabrina Ouazani vante le dialogue fluide et sans préjugés entre les cultures méditerranéennes. Française affirmée, algérienne par ses parents, fiers de sa réussite, la fracture n'est pas un problème. La blessure est ailleurs : dans la perte accidentelle et brutale de son fiancé. Un deuil dont elle ne s'est pas vraiment remise...

Alors elle bosse, comme pour compenser le vide, avec Jérôme Bonnell comme avec Jean-Loup Hubert. On la voit dans le succès Tout ce qui brille, elle est la femme dans un monde d'hommes dans Des hommes et des Dieux, primé de Cannes aux Césars, elle tourne pour le petit écran la série Les Vivants et les Morts, elle s'aventure dans La source des femmes, en compétition à Cannes... Sabrina Ouazani se fait sa place. Avec le carton de la comédie policière rafraîchissante De l'autre côté du périph', où elle incarne une flic pas commode se rebellant contre le racisme ordinaire, elle séduit un peu plus. Elle gagne même un prix Jutra (les Césars québécois) pour son second-rôle dans Inch'Allah, prix de la critique internationale à Berlin. Actuellement à l'affiche de Mohamed Dubois, comédie populaire avec Eric Judor, elle n'en finit pas d'intriguer les médias qui y voient une gloire montante du cinéma de demain.

De Farhadi à Kechiche, d'Honoré à Beauvois, elle ferait presque oublier qu'elle est drôle, et sait répliquer à des monstres du rire comme Omar Sy. Elle triomphe d'ailleurs sur scène avec la comédie romantique Amour sur place ou à emporter. Nous on veut bien l'emporter...