BIFFF 2013 : retour sur le palmarès

Posté par kristofy, le 16 avril 2013

ghost graduationPour sa 31ème édition, le Brussels International Fantastic Festival a réussi à présenter en 12 jours plus de 110 films, répartis en différentes sections. Freddy Bozzo, le vice-président du festival, a indiqué que lui et son équipe ont vu plus de 600 films pour proposer le meilleur de la production de films fantastiques du moment.

Le BIFFF veut offrir un panorama le plus large possible avec plus d’une vingtaines de films en avant-première internationale, mais aussi dépasser ces considérations d’exclusivité pour proposer des titres immanquables qui ont déjà pu être remarqués ailleurs mais inédits en Belgique (et inédits pour la plupart en France aussi), comme le remarquable Excision de Richard Bates Jr (avec Traci Lords en pieuse mère de famille et John Waters en prêtre) déjà passé par le Festival européen du film fantastique de Strasbourg.

Il y a forcément une petite part de subjectivité dans le choix de la présence de tel ou tel film en compétition ou hors-compétition et dans la répartition des différentes sections. Par exemple, la catégorie reine de la compétition internationale proposait 13 films très différents les uns des autres dont : Kiss of the Damned de Xan Cassavetes (vu à Venise), Upside Down avec Kirsten Dunst dont la sortie a été longtemps retardée (au cinéma le 1er mai), The human race de Paul Hough (le fils du célèbre John Hough qui a pour l’occasion été fait chevalier de l’Ordre du Corbeau au BIFFF), des comédies comme l’espagnol Ghost Graduation, des films beaucoup plus sanglants comme American Mary, et le thriller Chained de Jennifer Chambers Lynch qui, figurant parmi les films les plus réussis de 2012, était un favori.

Le BIFFF n'a malheureusement pas pu offrir à ses spectateurs le film le plus intriguant et le plus fascinant de ce printemps : Upstream Color, découvert à Berlin en présence de son réalisateur Shane Carruth (de retour après le culte Primer), et qui aurait été bienvenu dans la compétition.

Le palmarès de la Compétition Internationale :confessions of murder

- Corbeau d’Or, Grand Prix : Ghost Graduation de Javier Ruiz Caldera
- Corbeau d’Argent, Prix Spécial du Jury ex aequo : Abductee de Yudai Yamaguchi
- Corbeau d’Argent, Prix Spécial du Jury ex aequo : American Mary de Jen Soska et Sylvia Soska
(remis par le jury de la Compétion Internationale présidé par Roland Joffé entouré des réalisateurs Iain Softley et Frédéric Fonteyne, et de l’actrice Marina Anna Eich)

Le palmarès des autres sections :

- Méliès d’Argent : May I Kill U? de Stuart Urban
- Mention spéciale : Earthbound de Alan Brennan
(remis par le jury Européen, composé de Adrian Politowski, John Engel, Stéphane Streker, Myriam Leroy, Marie-Hélène Dozo, Pauline Duclaud-Lacoste et David Mathy)

- Prix Thriller : Confession Of Murder de Jung Byung-gil
(remis par le jury Thriller composé de Paul Cleave, Patrick Ridremont et Eric Godon)

- Prix du 7e Parallèle : Blancanieves de Pablo Berger
- Mention spéciale : Vanishing Waves de Kristina Buozy
(par le jury 7ème Parallèle, composé de Patricio Lagos, Christophe Bourdon, Jean-Michel Vovk et Charles Tatum Jr.)

-Prix du Public : Ghost Graduation de Javier Ruiz Caldera

american maryC’est donc le film espagnol Ghost Graduation qui est le grand gagnant de cette 31e édition du BIFFF avec le doublé idéal Corbeau d’or du jury et Prix du Public. Récompenses que l’on avait déjà pronostiquées en cours de festival, même s'il est un peu surprenant que ce soit une comédie qui remporte le prix le plus important et non un film plus sombre comme Chained de Jennifer Chambers Lynch, curieusement absent du palmarès.

La compétition étant assez inégale, il est en revanche logique que le film American Mary et ses victimes (volontaires pour certaines, pas du tout consentantes pour d’autres) d’opérations chirurgicales radicales ait été distingué : c’est peut-être le film qui prend le plus aux tripes. Plus étonnant, un prix pour Abductee qui repose juste sur un début de bonne idée: un homme seul est kidnappé et se retrouve dans un container de métal; Autour de lui, il y a d’autres containers avec d’autres personnes kidnappées. Tous sont transportés vers… une fin de film ennuyeuse.

A noter que le thriller Confession Of Murder de Jung Byung-gil s’éloigne des nouveaux maîtres étalons coréens (The Chaser, I saw the Devil…) en évitant de montrer du sang ou de la torture, mais en se concentrant surtout sur les scènes d’action, avec un scénario qui joue au chat et à la souris avec quelques rebondissements improbables.

Il montre notamment en guise d’introduction une scène de poursuite à pied, filmée à travers les vitres d’un bâtiment à un autre, et surtout deux grosses scènes de courses-poursuites sur route, impliquant différents véhicules et personnages qui vont de l’un à l’autre à toute vitesse, et deux généreuses séquences de cascades à faire applaudir les Wachowski’s époque Matrix Reloaded.

Maintenant, il reste à découvrir si, auréolés de ces différents prix, les lauréats du BIFFF 2013, Ghost Graduation en tête, bénéficieront d'une sortie en salles françaises.

BIFFF 2013 : rencontre avec Dario Argento

Posté par kristofy, le 15 avril 2013

Dario Argento, il maestro del Giallo, est déjà venu plusieurs fois au BIFFF et cette fois c’est pour son dernier film, Dracula 3D. Pour l’occasion, une masterclass était organisée. Racontant de nombreux souvenirs de ses tournages, le réalisateur s’est montré très bavard mais aussi drôle et chaleureux, partageant photos et autographes avec tout le monde…

Ses influences...

Dario Argento a un point commun avec les cinéastes de la Nouvelle Vague : c’est un critique de film qui est devenu scénariste (notamment pour le célèbre Il était une fois dans l’ouest de Sergio Leone), puis réalisateur et aussi producteur de ses films (une structure de production avec son frère Claudio et son père Salvatore Argento).

Il a étudié un peu en France, et à Paris il passait son temps à la Cinémathèque à regarder quantités de films. Le jeune Dario a commencé à écrire des critiques sur les films qu’il aimait, c’était des critiques partiales. Il a contribué à écrire pour une revue communiste qui préférait le cinéma politique plus que les cinéma français ou américain ou d’aventures : on lui disait que tel western qu’il admirait n’était pas dans la ligne du journal, même si le directeur de la revue l'aimait aussi.

Parmi les cinéastes qui ont pu à un moment forger son goût pour le cinéma, il cite Alfred Hitchcock, Ingmar Bergman, Fritz Lang, Luis Bunuel, Carl Theodor Dreyer, la Nouvelle Vague et surtout au moins un millier de films…

Ses premiers pas au cinéma...

Son premier film en tant que réalisateur, L’oiseau au plumage de cristal, était à l’origine un scénario que devait tourner un réalisateur anglais dont il n’appréciait pas le travail. Il choisi de faire le film lui-même. Il a trouvé facile sa première expérience de metteur en scène. Mais certains techniciens et acteurs (surtout un terrible avec lequel c’était une lutte continue) le considéraient comme un débutant alors qu'il savait depuis longtemps comment faire du cinéma.

Il se souvient : "Mario Brava avait déjà fait deux ou trois films de giallo, pas beaucoup, mais c’était très différent de moi, et lui n’aimait pas la musique dans les films. Depuis mon travail avec Sergio Leone, j’étais devenu ami avec le compositeur Ennio Morricone, mon père aussi était ami avec lui, moi j’étais jeune encore et plus tard il a fait des musiques pour mes films. Un jour j’étais allé chez lui avec les disques que j’aimais comme exemple d’accompagnement pour mon film, il m’a dit de les ranger et qu’il ne voulait pas les voir, il m’a dit qu'il composerait de la musique contemporaine originale et on a travaillé plusieurs fois ensemble par la suite".

La censure...

"La censure et moi c’est une longue histoire, depuis mon premier film même. Une fois devant un comité italien qui voulait faire trop de coupures dans mon film je me suis énervé, et ils ont appelé la police pour me faire sortir.

J’ai produit avec George A. Romero Zombie et en France la censure nous a d’abord empêché de sortir le film. Il nous ont dit non, 6 mois après on l’a représenté avec des coupes et non, encore des coupures et toujours interdiction, et encore.

Il a fallu attendre l’élection d’un nouveau gouvernement français plus libéral, on a alors représenté le film dans sa version originale sans coupures et cette fois la censure a autorisé le film, il est sorti sur les Champs-Elysées avec les sous-titres français, c’était magnifique de le voir là. Mes films ont été presque tous interdit en Israël mais je ne sais pas pourquoi, pareil en Scandinavie alors qu’ils produisaient de la pornographie sans limite, et plus tard tous mes films sont sortis en même temps.

En Angleterre sur une affiche de Ténèbres qui montre une femme avec la gorge tranchée qui saigne, ils ont mis à cet endroit une sorte de papillon pour cacher. Aujourd’hui, s'il y a de la censure, elle est surtout chez les producteurs."

Souvenirs...

Dracula 3DDario Argento aime raconter diverses anecdotes de ses souvenirs de tournage. Par exemple, sur le tournage de Dracula 3D, l’acteur Rutger Hauer qui avait une après-midi de libre s’est retrouvé complètement perdu au milieu d’une forêt sans savoir dire où il était et comment le retrouver…

Le réalisateur est en revanche un peu ému de parler de sa compagne Daria Nicolodi (collaboratrice, actrice et co-scénariste de plusieurs de ses films) et préfère évoquer plus longuement son travail avec sa fille Asia Argento qui fréquentait ses plateaux de tournage lors de vacances scolaires avant qu’elle ne devienne une de ses actrices et qu’elle réalise à son tour des films.

Il se montre également très intéressé par la technologie qu’il compare à de la poésie : qu’il s’agisse d’un vieux type de pellicule qui n’existe plus et dont il faut travailler la gélatine, des progrès dans les effets spéciaux, les trucages numériques, et la 3D, ce sont les moyens de créer les images de son imaginaire. Concernant son dernier film, la figure du vampire est évidemment attractive pour lui : un personnage qui est mort mais qui vit encore et qui se nourrit de sang… Toutefois, Dracula 3D n’a pas encore de date de sortie cinéma en France.

BIFFF 2013 : beau triplé pour le court métrage Chambre Double

Posté par kristofy, le 14 avril 2013

Le BIFFF propose différentes sélections de longs métrages (compétition internationale, thriller en compétition, avant-première hors compétition…), et il en est de même pour le court métrage avec également plusieurs jurys. Voici les différents lauréats dans cette catégorie :

- Grand Prix du Jury : Perfecto Drug de Toon Aerts
- Méliès d’argent : Chambre double de Mathieu Mortelmans
- Prix du Jury Jeunesse : Chambre double de Mathieu Mortelmans
- Prix SABAM : Chambre double de Mathieu Mortelmans
- Prix de la 3 (chaine de la RTBF) : Délivre-moi de Antonio Duquenes
- Prix du Jury de la Presse Cinématographique Belge : Pour vous Servir de Christophe Clin
- Prix FedEx : This is Love de Florence Boisée et Callewaert

chambre doubleLe court-métrage Chambre double de Mathieu Mortelmans (photo de gauche) a donc été plébiscité par plusieurs jurys avec trois prix à la clé. Joli résultat pour ce film qui était montré à un public pour la première fois.

Gilles est médecin et est interrogé : tout a en fait commencé quelques heures avant, en pleine nuit, dans un hôtel miteux, où le réceptionniste le sollicite afin de soigner une femme tabassée…

On y retrouve dans le rôle principal Jean-Jacques Rausin, qui compte déjà à son actif de nombreux courts métrages primés (La balançoire de Christophe Hermans) et diverses participations dans des longs métrages au cinéma (Au cul du loup de Pierre Duculot).

Rencontre avec le comédien :

EN : Qu’est ce qui t'as séduit dans ce projet de Mathieu Mortelmans ?
JJR :
C’est principalement le personnage, un genre de personnage que je n’avais pas encore joué. C’est un médecin qui s’arrête pour se reposer dans un motel et il va lui arriver d'énormes mésaventures. Il se rend compte petit à petit dans le film qu’il est responsable d’un acte absolument abominable. C’est un peu kafkaïen parce qu'il ne s’en rend pas compte au début et des gens vont l’accuser d’être responsable d’un crime passionnel. Et donc ça m’intéressait de jouer un personnage avec une certaine autorité et aussi un calme de figure alors que c’est quelqu’un en fait de torturé et un peu schizophrène.

EN : Quel ingrédient fantastique a fait du court-métrage La chambre double un des favoris ?
JJR : Le côté fantastique (qui fait d’ailleurs qu’il a été sélectionné au BIFFF) vient surtout du ton du film qui donne l’impression au début que justement c’est un film fantastique parce qu'on perd un peu le spectateur dans un espace un peu onirique. On ne sait pas très bien si on est vraiment dans la réalité, mais à la fin du film on se rend bien compte que c’est l’histoire d’une pathologie mentale. C'est le sens de la narration de Mathieu Mortelmans qui est fantastique.

EN :  Tu fais quelle différence chambre doubleentre jouer dans un court-métrage ou un long-métrage ?
JJR : Travailler comme acteur sur un long ou un court métrage c’est assez différent en soi, moi je n’ai jamais eu l’occasion d’avoir le premier rôle principal dans un long jusqu'à maintenant.

En ce moment je prépare un long métrage avec le réalisateur Xaxier Sauron, avec qui j'ai déjà fait plusieurs courts comme Mauvaise lune, qu’on devrait tourner normalement en octobre et qui s’appellera Je me tue à le dire. Là ça va être ma première expérience d’un premier rôle dans un long.

Un premier rôle dans un court métrage, c’est aussi un énorme investissement, mais d’une autre ampleur. Tenir un personnage dans un long métrage sur une histoire de 1h30 ou 2h, c’est une tout autre démarche. Moi j’adore vraiment faire des courts métrages parce que c’est l’occasion de rencontrer des réalisateurs et leur univers.

Par exemple j’ai adoré tourner dans le premier court métrage de Amélie van Elmbt qui s’appelait Ghislain et qui était un film de l’ IAD (Institut des Arts et Diffusion, centre de formation au cinéma). Puis elle m’a redemandé de jouer un petit rôle dans son long La tête la première, et j’ai eu beaucoup de plaisir à le faire. C'était un personnage à l’origine un petit peu absurde parce que c’est un éleveur de puces... Ca a été deux jours de tournages mais un plaisir de rencontre avec David Murgia et Alice de Lencquesaing, une chouette rencontre.

Tenir un personnage du début jusqu’à la fin sur une durée courte comme ici 15 minutes, c’est toujours exprimer un personnage avec toutes ses facettes et essayer de le rendre le plus crédible possible.

Jean-Jacques Rausin sera au générique d'un court-métrage qui pourrait être en compétition à la Cinéfondation du Festival de Cannes, le jury sera présidé par Jane Campion.

BIFFF 2013 : petits massacres entre amis et à l’anglaise

Posté par kristofy, le 13 avril 2013

Si les films espagnols sont légion à ce 31e BIFFF, le cinéma britannique est lui aussi bien représenté. Les films anglais ont souvent comme point de départ avant tout des personnages très bien écrits, et d’ailleurs joués par les meilleurs acteurs : on voit des gens issus du peuple et comme tout le monde, ou presque…

Pas de super héros, pas d’esprit d’outre-tombe, pas de possession démoniaque, il s’agit juste de personnes qui vont se retrouver confrontées à une situation violente et qui vont y réagir. Les codes du film de genre, souvent le thriller, sont en même temps respectés et détournés.

the liabilityLe réalisateur Craig Viveiros est venu présenter The Liability, pour lequel il n’a réunit qu’un petit budget d’environ 500 000 dollars...

Grace à son scénario, il a convaincu des acteurs de premier plan comme Tim Roth et Peter Mullan (avec un accès de colère mémorable) de jouer auprès du jeune Jack O'Connell (Eden lake, la série Skins), et de Kierston Wareing (It’s a free world, Fish tank) dans un second rôle méconnaissable.

Un jeune de 19 ans crashe la coûteuse voiture de son beau-père. En guise de début de remboursement, il doit faire le chauffeur pour un ‘ami’ durant une journée. C’est un tueur en mission, dans une forêt il va falloir couper à la hache les mains d’un ‘contrat’, mais les choses vont se compliquer quand une jeune fille les surprend.

Il y aura beaucoup trop de coïncidences au mauvais endroit au mauvais moment pour que certains évènements ne soient pas liés comme on va le découvrir. Le film développe un engrenage qui montre une relation maître-disciple avec un certain humour.

Les récentes émeutes de Londres may I kill you(en août 2011) ont déjà trouvé un écho dans le film May I kill u ? de Stuart Urban. Un agent de police à vélo depuis 8 ans va devenir un justicier en tuant différents hors-la-loi qui d’après lui méritent la mort : un émeutier, un homme coupable de violence conjuguale, deux passeurs de prostituées russes, une suicidaire, une grand-mère qui fait du vol à l’étalage…

On y retrouve Kevin Bishop (un des personnage de la trilogie de Cédric Klapisch L’Auberge Espagnole/Casse-tête chinois).

C’est un homme plutôt effacé, toujours sous la coupe de sa mère, qui va s’affirmer en devenant un mystérieux exécuteur anonyme qui informe la population de ses actes par internet. Ce policier fait de son quartier une zone de tolérance zéro, mais quelqu’un est sur ses traces…

Il s’agit d’un vigilante-movie en forme de comédie avec plein de provocations (un peu dans la lignée de Super de James Gunn), ici pour se justifier il fait avouer à ses victimes qu’elles méritent la mort avant de les tuer, et la nuance est mince entre justicier et serial-killer…

communautyBeaucoup plus sanglant, le survival chez des dégénérés dans Community de Jason Ford. Deux jeunes étudiants en école de cinéma arrivent dans un quartier malfamé, ils y trouvent des enfants qui apprennent différentes phases de la chasse pendant que les parents sont collés au canapé en fumant une herbe locale particulièrement addictive.

Après un comité d’accueil sauvage, ils vont se retrouver, l'un sur une table avec le ventre ouvert et l'autre attachée sur un lit le ventre découvert… Le réalisateur commence par le meilleur avec des enfants tueurs et l’origine de la drogue si particulière, ensuite c’est une course-poursuite plus classique entre assaillants et victimes qui vont essayer de s’échapper (tout en n’étant malheureusement pas assez rigoureux pour finir sur une bonne note).

Trois films qui suggèrent que derrière tout citoyen britannique se cache un psychopathe en puissance. Ils ont aussi en commun d’éviter d’appliquer des recettes pour séduire les spectateurs mais au contraire de les provoquer à rebrousse-poil. Le cinéma anglais a cette qualité de souvent produire des films qui savent fédérer un public avec des ingrédients épicés, loins de ceux sans vraiment de saveur qui visent les critères de diffusion à la télévision à 20h50… à l’image de la France.

BIFFF 2013 : le fantastique cinéma espagnol

Posté par kristofy, le 11 avril 2013

the endEn 2012, la fin du monde prévue par les mayas était aussi au cinéma (de Take Shelter à 4h44 Dernier jour sur Terre…), et également  en Espagne avec le titre le plus simple : The end (Fin) (photo) réalisé par Jorge Torregrossa. Une homme engage une escort-girl pour lui faire jouer le rôle de sa petite amie lors d’un week-end de retrouvailles entre plusieurs couples d’amis dans une maison isolée. Après un étrange bang dans le ciel la nuit, il n’y a plus du tout d’électricité, pas même dans les batteries des téléphones et des voitures inutilisables, et un des amis a disparu... Film d’apocalypse et de mystère avec très peu d’effets spéciaux, l’histoire repose sur un groupe d’acteur et différents paysages vides, dont Maribel Verdu également présente au BIFFF avec Blancanieves de Pablo Berger.

Le BIFFF démontre la vivacité du cinéma espagnol lié au fantastique, qu’il s’agisse de la fin du monde donc ou de fantômes dans une école avec Ghost Graduation (qui aura un remake américain), et d’autres encore. Pourtant l’Espagne connaît une période de grave crise économique, crise qui touche bien entendu la culture avec une baisse terrible du nombre de films produits et aussi du nombre de spectateurs en salles. Invité à présenter son film Afterparty (photo ci-dessous), le réalisateur Miguel Larraya confirme que seul Pedro Almodovar arrive à réunir le budget qu’il veut pour ses films, les autres cinéastes ont plus de difficultés.

Le ‘cinéma de genre’ espagnol fonctionne  souvent à l’international dans d’autres pays, et Miguel Larraya a réussi à avoir des fonds en voulant faire « un film avec  du sang, du sexe, et de la drogue », en fait un slasher en huis-clos. Une vedette de la télévision est entraînée dans une fête dans une grande villa, au réveil le lendemain matin toutes les issues sont verrouillées et plus de moyens de communication vers l’extérieur : il est enfermé avec quatre autres personnes de la fête. Un mystérieux tueur masqué commence à tuer… Les personnages sont toujours en train de se séparer dans le labyrinthe de la maison, le temps de deviner l’identité de qui tue il n’y aura presque plus personne de vivant.

L’Histoire espagnole est aussi un élément souvent exploité dans leurs films fantastiques (L’échine du diable puis Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro, Balada triste de trompeta de Alex de la Iglesia, Insensibles de Juan Carlos Medina…), et le BIFFF a fait découvrir un point de vue plus controversé.

Le réalisateur Oscar Aibar est venu défendre son film The Forest (El Bosque) (photo ci-dessous) : l’héroïne est la femme d’un sympathisant fasciste, et ce sont les communistes qui ont le mauvais rôle de persécuteurs…

the forestL’histoire se déroule sur plusieurs années avec les ‘rouges’ qui décident de gérer la nourriture avec des bons distribués, la présence de militaires américains qui portent d’ailleurs l’étoile rouge et qui sont là pour combattre avec eux, plus tard la déroute des ‘rouges’ et l’arrivée de militaires ‘maures’.

Ce sont ainsi plusieurs périodes de la guerre d’Espagne qui sont ravivées dans le film centré autour de la grande maison de l’héroïne dont tout le monde recherche le mari. Celui-ci pour ne pas se faire capturer a décidé de pénétrer dans la mystérieuse lumière verte qui apparaît deux fois par an sur leur terrain, et deux fois par an le mari revient un moment avant de repartir vers un ‘ailleurs’…

Il s’agit de l’adaptation d’un roman de Albert Sanchez Pinol, le film évoque la guerre avec un microcosme de quelques personnages (qui parlent d’ailleurs le matarrani, dialecte espagnol en voie de disparition) et un élément fantastique extraordinaire. Pour Oscar Aibar « chaque réalisateur espagnol se doit de faire un film avec en toile de fond la guerre civile. En ce moment avec la crise en Espagne c’est miraculeux de produire un film, la culture c’est un luxe ».

C’est tout de même étrange que tant de films espagnols si variés, avec des scénarios ambitieux et peu de moyens, voient le jour, quand en France l’argent sert à réunir une multitude de stars sur la même affiche avec un scénario inconsistant...

BIFFF 2013 : Jurassic Park en 3D pour son vingtième anniversaire

Posté par kristofy, le 10 avril 2013

jurassic park 3dDes hommes s’agitent autour d’une immense cage, il y a des bruits inquiétants, on ne voit pas grand-chose, et un accident arrive…

Un couple de paléontologues qui fait des fouilles pour retrouver des ossements de dinosaures disparus il y a des millions d’années, est appelé avec un autre scientifique à se rendre en hélicoptère sur une île pour valider un projet de parc d’attraction extraordinaire, et c’est alors qu’on va découvrir le Jurassic Park !

C’était il y a vingt ans et depuis c’est devenu un film mythique : il a d’ailleurs été le vingtième film le plus rentable de tous les temps (et le premier à engranger plus de 900 millions de dollars). C’est aussi l’adaptation du roman de Michael Crichton, où deux passages majeurs ont été écartés : d’abord un final où des créatures préhistorique de l’île arrivent sur le continent pour attaquer (cela arrivera dans Jurassic Park 2), puis les passages du livre sur le contrôle du nombre de dinosaures avec seulement des femelles avec une surpopulation anormale qui fait l’objet de nombreuses pages (dans le film on découvre juste des œufs et l’explication génétique).

Une nouvelle version en relief Jurassic Park 3D de Steven Spielberg va sortir en salles le 1er mai.

La conversion de films en 3D de grands succès est devenu comme une mode, il y a eu Titanic 3D, Le roi lion 3D, Star Wars épisode I : la menace fantôme 3D (les autres épisodes ont été annulés)… L’intérêt est d’abord commercial puisque l’opération coûte environ 10 millions de dollars et rapporte plus de 50 millions de dollars. L’intérêt artistique est plus discutable.

Mais Jurassic Park est peut-êtrejurassic park 3d le film pour lequel cette conversion en 3D est la plus intéressante : déjà à l’époque en 1993 on ne pouvait être que soufflé devant les effets spéciaux qui montraient de manière incroyables les dinosaures (grâces aux équipes de Stan Winston pour des créatures en animatronique et les studios d'Industrial Light and Magic pour les trucages numériques).

Pour Jurassic Park 3D, c’est une équipe de plus de 700 techniciens de la palette graphique qui ont décomposé chaque image pour en faire ressortir des éléments à mettre en relief. Par ailleurs, il y a eu quelques rajouts de gouttes de pluie et d’éclats d’arbre et les effets sonores ont été redynamisés. Cette nouvelle version du film est fidèle à l’original, on y voit surtout des effets de premier plan-second plan-troisième plan et aucun objet rajouté qui vole en direction des lunettes 3D sur les yeux.
Il n’y a donc aucune retouche numérique qui dénature le film, contrairement à la nouvelle version du vingtième anniversaire de E.T. l'extraterrestre en 2002 qui avait modifié plusieurs images et dialogues du film original de 1982, nouvelle version critiquée et d’ailleurs reniée par Spielberg par la suite.

La projection de Jurassic Park 3D au BIFFF a été une véritable célébration avec des cris et des rires, et même des spectateurs qui chantent la musique de John Williams, et une salve d'applaudissements quand à la fin apparaît sur l'image 'directed par Steven Spielberg'... Joyeux anniversaire Jurassic Park, et bienvenue à Cannes monsieur le président du jury Steven Spielberg !

BIFFF 2013 : Ghost Graduation marque des points en compétition

Posté par kristofy, le 9 avril 2013

ghost graduationLa compétition internationale du BIFFF réunit 13 films que le jury va devoir départager.

Celui-ci est composé de personnalités éclectiques qui ont comme point commun de tous parler un peu français : le président en est le réalisateur Roland Joffé (multi-primé pour Mission, La cité de la joieLes amants du nouveau monde) et il est accompagné de l’actrice Marina Anna Eich, et des réalisateur Frédéric Fonteyne et Ian Softley.

A mi-parcours de ce 31e BIFFF, un des favoris du public est l’espagnol Ghost Graduation (Promoción fantasma). Il met en scène une école dont la réputation est entachée d’incidents en tout genre qui font réduire les effectifs. Un nouveau prof pourrait bien aider. Car lui voit des morts… et les fauteurs de troubles sont justement cinq élèves morts depuis longtemps et devenus des fantômes.

C’est une comédie très rythmée et très drôle qui mélange de manière subtile plusieurs histoires d’amour maladroites et touchantes, des cascades de répliques humoristiques, quelques gags spectaculaires, quelques situations potaches, des musiques irrésistibles... un vrai petit concentré de bonne humeur.

Le réalisateur Javier Ruiz Caldera et le scénariste Adolfo Valor (photo ci-dessous) se sont livrés aux questions des festivaliers avec la même bonne humeur communicative que celle de leur film. Le scénario a en fait d’abord été écrit pour le plaisir, sans aucun contrat ni engagement, et ce n’est qu’après avoir une version jugée bonne qu'a débuté la recherche d’un producteur.

Adolfo Valor (l’un des deux scénaristes) avait ghost graduation déjà vu et bien aimé le film Spanish movie (qui était déjà une parodie de films fantastiques) de Javier Ruiz Caldera, alors il a voulu qu’il dirige cette histoire.

Le réalisateur explique : " on avait peu de budget et on devait montrer cette relation spéciale qu’ont certains personnages avec les fantômes : on a d’abord tourné la scène avec l’acteur fantôme puis on l’a refait avec le personnage seul, au montage on a alterné les prises quand il est seul et quand il est avec, et ça fonctionne tout à fait sans aucun effets spéciaux. Le film est réussi parce qu’on joue le jeu de la comédie. Visuellement, il y a des éléments américains comme dans les vêtements par exemple, mais dans mon école c’était un peu comme ça déjà, je voulais faire comme un de ces films américains des années 80, j’ai été élevé avec ces films plus qu’avec mes parents."

Pour les rôles principaux des adultes de l’école ils ont choisis les acteurs qu’ils avaient en tête en commençant par Raúl Arévalo, vu auparavant dans Balada triste de trompeta de Alex de la Iglésia et à l’affiche dans Les amants passagers de Pedro Almodovar, Alexandra Jiménez, et aussi Carlos Aceres dont les premiers pas au cinéma (après de la télévision) ont déjà eu lieu dans le film précédent de Javier Ruiz Caldera et qui depuis est très demandé :  Carlos Aceres est lui aussi au générique de Balada triste de trompeta et des amants passagers, et aussi dans les films fantastiques Extraterrestre et Lobos de Arga (comédie avec des loups-garrous) déjà passés par le BIFFF. Pour les rôles des élèves fantômes de l’école il y a eu là un casting pour trouver les bonnes personnes, en particulier la fille qui chante.

Le scénariste est lui ravi de leur succès : "quand on fait une comédie comme celle-ci en Espagne on entend que certaines choses ne peuvent pas forcément fonctionner ailleurs. Le film est 100% espagnol avec certains éléments typiques du pays, et on a été surpris de la qualité des sous-titres qui font que certaines blagues ont encore mieux marché dans d’autres pays comme au festival de Toronto et ici à Bruxelles qu'en Espagne. Il se pourrait bien qu’il y ait un remake américain, les droits ont été achetés par Will Smith qui veut le produire."

BIFFF 2013 : les premières sensations…

Posté par kristofy, le 7 avril 2013

horror storiesLes premiers jours du BIFFF se suivent et ne se ressemblent pas : chaque film passe seulement une seule fois dans une seule salle (sauf quelques exceptions), le dilemme pour les festivaliers est donc de choisir entre esprit frappeur ou zombie affamé… Toutes sections confondues, il y a 110 films présentés, de toutes nationalités ou presque : on remarque l’absence de films en provenance de France, le "cinéma de genre français" étant plutôt moribond.

Les rares cinéastes français qui s'y intéressent tournent aux Etats-Unis, et le BIFFF a notamment montré Maniac (Alexandre Aja, Franck Khalfoun, Nora Arnezeder) et Kiss of the Damned de Xan Cassavetes (vu à Venise) avec Roxane Mesquida, Anna Mouglalis et Joséphine de la Baume en vampires. D’autres pays comme la Norvège ou la Malaisie ont un film fantastique sélectionné au BIFFF, ou encore la Lituanie et Vanishing Waves, qui d'ailleurs sortira en France le 29 mai.

Déjà quelques très bons films se sont fait remarquer et sont tout à fait recommandables. L’omnibus Horror Stories (photo de gauche) qui réunit plusieurs courts-métrages de Corée du Sud réalisés par Jung Bum-shik, Lim Dae-woon, Hong Ji-young, Kim Gok& Kim Sun, et Min Gyu-dong. A la manière d’autres films du même genre comme 3 extrêmes (de Park Chan-wook, Takashi Miike et Fruit Chan), ce collectif de différentes histoires montre à la fois le travail de talentueux réalisateurs dont on devrait reparler à l’avenir et surtout provoque une multitude de sensations fortes chez le spectateur qui va beaucoup sursauter. On y voit un livreur qui va traumatiser deux enfants seuls dans un appartement, un assassin dans un avion qui va tuer presque tout l’équipage, une femme qui convoite le futur mari de sa sœur à s’en mordre les doigts, un médecin et son assistante qui devront décider dans une ambulance sur une route infestée de zombies si la femme sur le brancard risque de les contaminer…

Dans un genre tout à fait différent de la homme_futurcomédie familiale, il faut saluer le Brésilien Claudio Torres qui a écrit et réalisé O Homem do futuro (l’homme du futur), avec Wagner Moura (Tropa de Elite) et Alinne Moraes (vedette de la télé). Le thème du voyage dans le temps à été maintes fois exploré au cinéma avec la même constante : modifier le passé en mieux peut aussi ensuite modifier le futur en pire. Ici il s’agit d’un prof de physique un peu terne qui ne s’est toujours pas remis de l’humiliation subie quand il était étudiant à cause de la belle fille de ses rêves, et en travaillant à une énergie alternative avec un accélérateur de particules il va se retrouver dans le passé, en 1991, justement à ce moment de sa jeunesse. Cette fois, il va faire en sorte que la belle l’aime, lui…

Le film revisite tous les clichés du voyage temporel avec à la fois une rigueur scénaristique presque scientifique (chaque évènement aura pour cause ou effet un autre évènement à une autre époque, et pour plusieurs personnes) et aussi beaucoup d’humour (à un moment la belle fille verra en face d’elle trois versions de son prétendant à différents âges). Claudio Torres réussit là un film qui se rapproche de l’univers Edgar Wright/Simon Pegg/Nick Frost, O Homem do futuro a d’ailleurs eu un grand succès au Brésil. Avant d'être reconnu en France ?

http://www.youtube.com/watch?v=2SYpV1reefA

BIFFF 2013 : Neil Jordan, Dario Argento et autres horreurs au menu

Posté par kristofy, le 5 avril 2013

BIFFF 2013La 31e édition du BIFFF se déroule en ce moment à Bruxelles et promet bien des sueurs froides. Pour qui n’a pas encore été contaminé, il s’agit du fameux Brussels International Fantastic Film Festival qui est devenu au fil des années le rendez-vous incontournable des films de genres qui donnent des palpitations, avec en prime des festivaliers toujours prêts à lancer durant les projections l’un ou l’autre cri de bonne humeur choisi parmi une bonne vingtaine de gimmicks ("attention derrière toi !", "mais pourquoi est-il si méchant ?") que les spectateurs se répètent au fil des ans…

La nouveauté de cette année est d’abord logistique, avec un nouveau lieu (après le Passage 44, après le bâtiment Tour & Taxis), le Palais des Beaux-Arts, qui offre plus de salles confortables. Cette année on pourra y voir des films en provenance de 29 pays, dont 16 avant-premières européennes, 9 avant-premières internationales et quelques avant-premières mondiales. Le calendrier des sorties de films en Belgique fait que certains titres du BIFFF sont déjà bien connus des spectateurs français comme Maniac, Biancanieves (interview du réalisateur Pablo Berger à retrouver ici) ou Antiviral ; d’autres sont restés dans les cartons des distributeurs depuis tellement longtemps qu’ils circulent déjà sous le manteau comme A fantastic fear of everything avec Simon Pegg ou Chained de Jennifer Chambers Lynch.

Parmi d’autres films attendus il y aura également Mama avec Jessica Chastain pour ouvrir une Nuit Fantastique ou encore Stoker de Park Chan-wook en clôture, et aussi Oblivion avec Tom Cruise.

Pour l’ouverture, c’est le réalisateur Neil Jordan qui est venu présenter Byzantium où deux femmes se nourrissent de sang pendant deux siècles : une nouvelle histoire vampirique au féminin de la part de celui qui avait déjà filmé Entretien avec un vampire ! Pour l’occasion, il a été sacré Chevalier de l'Ordre du Corbeau. Un autre maître du genre, Dario Argento, fera quant à lui son retour au BIFFF où il se livrera lors d’une masterclass et présentera son Dracula 3D.

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Brussels International Fantastic Film Festival
Jusqu'au 13 avril 2013
Informations et réservations sur le site du Festival