Dinard 2018: la crème de la crème anglaise

Posté par kristofy, le 28 septembre 2018

Le Dinard Film Festival est lancé, depuis le 26 septembre jusqu'au 30. C'est la 29e édition de ce festival du film britannique : toute la ville s'est mise à l'heure anglaise avec drapeaux et cabine téléphonique d'outre-Manche. C'est l'occasion de découvrir en avant-première sur grand-écran un large panorama de films inédits avec, au générique, Emily Mortimer, Bill Nighy, Andrew Garfield, Claire Foy, Glenn Close, Gillian Anderson, Terence Stamp, Tom Wilkinson, Colin Firth, Paddy Considine, Jodie Whitaker, Billy Zane, Sam Claflin, Toby Jones, Paul Bettany, Judi Dench, Maggie Smith, Eileen Atkins, Kelly Reilly... La crème de la crème anglaise...

Des hommes cassés

Dinard c'est aussi le festival qui révèle au public français les jeunes talents en devenir de demain : par exemple l'acteur Andrew Garfield a vu son premier film Boy A recevoir il y a 10 ans le Grand prix du jury Hitchcock d’or et le Prix du public en 2008. Cette année, le film d'ouverture est justement le premier film en tant que réalisateur de Andy Serkis (Gollum, César et autres performances numériques), Breathe avec en vedette ce même Andrew Garfield et Claire Foy. Il s'agit du biopic bouleversant de Robin Cavendish qui, à peine marié, avec son épouse (enceinte) est atteint par la polio, qui va le paralyser de tout ses membres. Il se retrouve allongé relié à une machine respiratoire, emprisonné dans une existence qu'on pense de courte durée, mais l'amour de sa femme lui redonne goût à la vie : une chaise roulante équipée du respirateur va lui permettre de rentrer à la maison et même de voyager! Cette renaissance aventureuse et romantique va au fil des années poser des questions comme l'intégration du handicap dans la société ou le choix de l'euthanasie... Le film a été initié et produit par leur fils.

Par ailleurs le premier film de Paddy Considine Tyrannosaur avait remporté en 2011 le Grand prix du jury Hitchcock d’or et le Prix du scénario. C'est comme une évidence de voir ici son nouveau long métrage Journeyman dans lequel il se donne le premier rôle avec Jodie Whittaker (venue plusieurs fois à Dinard). La thématique de guérison quand on a tout perdu traverse là aussi cette histoire : un champion du monde de boxe s'effondre victime d'un grave traumatisme crânien, il a besoin de rééducation des membres mais surtout il a perdu la mémoire et ne reconnait plus sa femme, son bébé ni même ses amis...

Brexin

Cette année la présidente du jury est Monica Bellucci. Une italienne. Elle avait fait succomber l'agent secret britannique James Bond dans Spectre.Mais, après tout, la nationalité des cinéastes ou des comédiens, importent peu. Il suffit de voir The Bookshop, typiquement britannique dans son ADN (intrigue, décors, acteurs, ...), qui est réalisé par la catalane Isabel Coixet. Là aussi d'ailleurs on y voit un homme brisé (Bill Nighy, formidable) par les hypocrisies et les méchancetés des gens, et qui se réfugie dans les livres, tout en renouant avec le goût de la vie grâce à une libraire.

Autour d'elle, il y a Rupert Grint (de la sage Harry Potter), très entouré de jolies filles aux soirées, Emmanuelle Bercot, Kate Dickie, fidèle et adorée du festival, Sabrina Ouazani, Thierry Lacaze, de Studiocanal, Alex Lutz, et l'acteur Ian Hart  (auquel Dinard va rendre hommage). Pour la récompense du Hitchcock d'or, ils verront, comme le nouveau jury de la presse qui décernera le premier Hitchcock d'or de la critique:

- Funny Cow d'Adrian Shergold (Prix du public à Dinard en 2006), avec Maxine Peake, Paddy Considine et Stephen Graham.
- The Happy Prince de Rupert Everett, avec Rupert Everett, Colin Firth et Emily Watson. Premier film de l'acteur, présenté à Sundance et Berlin.
- Jellyfish de James Gardner, avec Liv Hill, Sinead Matthews et Cyril Nri. Double prix d'interprétation à Edimbourgh cet été, après avoir été présenté au Festival de Tribeca.
- Old Boys de Toby MacDonald, avec Alex Lawther, Pauline Etienne et Denis Ménochet. Le film a fait son avant-première à Edimbourgh.
- Pin Cushion de Deborah Haywood, avec Lily Newmark et Joanna Scanlan. Prix du public à Créteil, trois fois nommé aux British Independent Film Awards et en sélection à Venise l'an dernier.
- Winterlong de David Jackson, avec Francis Magee, Carole Meyers et Doon Mackichan. Premier film présenté en avant-première à Edimbourgh.

Malgré le soleil radieux de la Bretagne, les salles obscures sont pleines. A quelques mois du Brexit qui menace la Culture au Royaume-Uni, notamment dans ses liens avec les coproducteurs européens, le cinéma britannique montre encore sa vitalité et sa diversité.

Ken Loach en tournage

Posté par vincy, le 12 septembre 2018

Le magazine Screen a annoncé que Ken Loach a débuté le tournage de son 26e long métrage de fiction. Le cinéaste doublement palmé à Cannes (Le vent se lève en 2006 et Moi, Daniel Blake en 2016) a repris le chemin des plateaux le 11 septembre pour tourner Sorry We Missed you.

Coproduit par le réalisateur à travers sa société Sixteen Film, et par Why Not, Les Films du fleuve, le BFI et la BBC, le film se tourne dans la région de Newcastle. Le casting comprend Kris Hitchen, acteur rare et scénariste, et trois nouveaux visages, Debbie Honeywood, Rhys Stone et Katie Proctor.

L'histoire, écrite par son fidèle collaborateur Paul Laverty, renoue avec le drame social contemporain britannique: Une famille est confrontée une énorme dette suite à la crise financière de 2008, et va tenter de trouver un équilibre entre le quotidien sans argent et la vie de famille.

Avec une sortie prévue en 2019, on imagine que le film fera partie des prétendants du prochain Festival de Cannes.

Venise 2018 : Jennifer Kent signe un film de genre féministe, féroce et intense avec The Nightingale

Posté par kristofy, le 7 septembre 2018

20 films en compétition, dont un seul film est signé par une réalisatrice (et, au passage, un seul est asiatique). La question a bien évidemment été posée à Jennifer Kent : « Un but du cinéma est de refléter le monde, mieux qu'avec une sous-représentation. Cela concerne non seulement les femmes réalisatrices mais d'autres aussi cinéastes comme ceux de pays en voie de développement, tout comme les personnages à l'écran. Une femme comme personnage principal d'un film ce n'est pas un film uniquement pour des femmes. ».

© ecrannoir.frJennifer Kent a surpris tout le monde avec son premier film The Babadook en 2014 : le succès est au rendez-vous, et on lui posait déjà la question à propos du trop peu femmes réalisatrices dans le cinéma d'horreur. Elle refuse d'en faire une suite, elle lit et refuse quantité de scénarios que lui envoient des studios d'Hollywood... « Je suis allé en Tasmanie pour la première fois il y a déjà quelques années, j''ai toujours voulu raconter une histoire là. Ce que je ne savais pas encore c'est que le film allait être très difficile à faire, les conditions météo ont été un enfer. Il y a eu des prisonniers Irlandais envoyés en nombre là-bas, eux, mais aussi, surtout, les aborigènes ont supporté une terrible oppression des Anglais qui sont venus occuper ce territoire. A notre époque il faut oser raconter des histoires qui méritent d'être racontées. C'est la première fois que la langue Palawa Kani est entendu dans un film, ça aussi c'est important. J'ai voulu évoquer ce que c'est de surmonter chagrin et deuil pour chercher l'amour et la compassion quand absolument tout autour de soi hurle le contraire. J'espère que l'horreur et la beauté coexistent ensemble dans ce film ».

The Nightingale a donc été dévoilé et la surprise est grande : l'horreur est présente tout au long du film sous une forme d' injustice et de malaise, enchaînant une séquence-clé violente avec la beauté. Le film fait l'éloge de l'entraide et de la découverte de l'autre tout au long d'une expédition insensée.

En 1825 dans cette partie de l'Australie qu'est la Tasmanie les soldats anglais sont des colonisateurs. Avec eux il y a des prisonniers déportés d'Irlande pour diverses servitudes. Les aborigènes sont pour beaucoup massacrés ou contraints à une forme d'esclavage. Un soir l'officier anglais Hawkins abuse de son pouvoir et de sa force sur Clare une servante irlandaise. Un peu plus tard ce sont trois soldats anglais dont ce même officier qui vont perpétrer l'effroyable : son mari et son petit bébé sont tués devant ses yeux. Alors que ces Anglais sont partis vers une autre ville, Clare persuade Billy, un aborigène, de la guider à travers des forêts pour se lancer à leur poursuite...

Hormis le début et sa fin, le film se déroule exclusivement en pleine nature, au milieu des bois, rivière et montagne. La relation entre Clare et Billy est compliquée puisqu'il y a un fort racisme entre 'whitefella' (les colonisateurs) et 'blackfella' (les aborigènes), mais tout deux sont aussi des cibles pourchassés. Durant cette double croisade il sera question de survie et de perte de repères.

© ecran noir

Dans le film on entend plusieurs langues (l'anglais, le gaélic irlandais, le palawa kani aborigène), le britannique Sam Claflin dévoile un visage brutal de méchant, l'irlando-italienne Aisling Franciosi est surprenante dans ce premier grand rôle avec la révélation Baykali Ganambarr. The Nightingale est dans sa structure proche du genre 'rape and revenge', il y a plusieurs scènes de viol et plusieurs mises à mort un peu éprouvantes, le tout reposant sur un puissant propos féministe et humaniste. Il est déjà certain que The Nightingale sera cité au palmarès du jury de Guillermo del Toro. Un film de genre réalisé par une femme remportera-t-il le Lion d'or ? C'est devenu très probable.

Après 74 éditions, la Mostra de Venise, n'a récompensé que quatre femme : Margarethe von Trotta (1981), Agnès Varda (1985), Mira Nair (2001) et Sofia Coppola (2010). Une cinquième Lionne d'or sera-t-elle couronnée demain?

Dinard Film Festival 2018 : une vingtaine de films « british », Agatha Christie et un sorcier de Poudlard dans le jury

Posté par vincy, le 31 août 2018

Du 26 au 30 septembre, le 29e Dinard Film Festival, anciennement Film du festival britannique, posera déroulera son tapis rouge et déploiera les Union jacks dans la ville bretonne. Le jury, présidé par l'italienne Monica Bellucci, sera composé d'Emmanuelle Bercot, Kate Dickie, grande chouchou du Festival, Sabrina Ouazani, Rupert Grint, loin de Poudlard, Ian Hart, Thierry Lacaze et Alex Lutz.

Les vedettes seront aussi nombreuses à l'écran avec plusieurs des films britanniques de la saison, même si on peut regretter l'absence du Mike Leigh, en compétition à Venise cette semaine. Ainsi les festivaliers pourront voir des films avec Emily Mortimer, Bill Nighy, Andrew Garfield, Claire Foy, Max Irons, Glenn Close, Gillian Anderson, Terence Stamp, Tom Wilkinson, Forest Whitaker, Eric Bana, Paddy Considine, Jodie Whitaker, Billy Zane, Sam Claflin, Toby Jones, Paul Bettany, Judi Dench, Maggie Smith, Eileen Atkins, Luke Evans, Kelly Reilly...

Outre les films qui seront présentés, Dinard rendra hommage à Agatha Christie avec 6 adaptations dont le récent Crooked House, de Gilles Paquet-Brenner, et une conférence sur l'écrivaine. D'autres événements sont prévus: une rencontre accompagnée d'une série de courts métrages sur l'état actuel du Royaume Uni, des masterclasses sur la série Peaky Blinders, sur les héros de la classe ouvrière dans le cinéma social britannique, sur les "Teen-series), la traduction de films, sur John Lunn, qui a travaillé à la Hammer et surtout signé la série "Downtown Abbey", et une rencontre professionnelle sur la place des femmes dans la programmation du festival.

La compétition pour le Hitchcock d'or est composée de six films.
- Funny Cow d'Adrian Shergold (Prix du public à Dinard en 2006), avec Maxine Peake, Paddy Considine et Stephen Graham.
- The Happy Prince de Rupert Everett, avec Everett, Colin Firth et Emily Watson. Premier film de l'acteur, présenté à Sundance et Berlin.
- Jellyfish de James Gardner, avec Liv Hill, Sinead Matthews et Cyril Nri. Double prix d'interprétation à Edimbourgh cet été, après avoir été présenté au Festival de Tribeca.
- Old Boys de Toby MacDonald, avec Alex Lawther, Pauline Etienne et Denis Ménochet. Le film a fait son avant-première à Edimbourgh.
- Pin Cushion de Deborah Haywood, avec Lily Newmark et Joanna Scanlan. Prix du public à Créteil, trois fois nommé aux British Independent Film Awards et en sélection à Venise l'an dernier.
- Winterlong de David Jackson, avec Francis Magee, Carole Meyers et Doon Mackichan. Premier film présenté en avant-première à Edimbourgh.

Parmi les avant-premières, on notera The Bookshop d'Isabel Coixet, Breathe d'Andy Serkis, Forgiven de Roland Joffé, Journeyman de Paddy Considine, le docu Nothing Like a Dame de Roger Mitchell ou encore Outfall de Suzi Ewing.

Venise 2018 : The Favourite, déjà parmi les favoris

Posté par kristofy, le 31 août 2018

Yorgos Lanthimos est l'exemple même de cinéaste révélé par les festivals majeurs et qui, grâce à ce tremplin, attire sur lui l'oeil de la profession pour chaque nouveau projet, avec un casting de stars internationales. Après Canine à Cannes en 2009 et Alps à Venise en 2011, deux films grecs, il poursuit dans la même veine de récit à propos de rapports humains aux règles très étranges avec les films "britanniques" The Lobster (Colin Farrell, Rachel Weisz, Léa Seydoux, John C Reilly, Olivia Colman, Ben Wishaw) et Mise à mort du cerf sacré (Colin Farrell et Nicole Kidman). Il était sans doute temps pour lui de proposer quelque chose de très différent, laissant derrière lui son formalisme glaçant. On lui a alors proposé un scénario so british, écrit par Deborah Fean Davis et Tony McNamara: la cour de la Reine Anne d'Angleterre au début des années 1700 : The Favourite est en compétition à Venise.

La Royauté britannique au féminin a toujours inspiré des œuvres fortes (et des rôles en or pour les actrices) : Elisabeth avec Cate Blanchett (Oscar), The Queen avec Helen Mirren (Oscar), The Young Victoria avec Emily Blunt, Confident royal avec Judi Dench, la série The Crown avec Claire Foy... Est-ce le cas avec The Favourite réalisé par Yorgos Lanthimos ? Bien sûr, production britannique oblige. Les costumes et accessoires sont somptueux dans le cadre d'un grand château. Mais surtout le film est servi par un casting british royal : Olivia Colman, Rachel Weisz, Nicolas Hoult, Joe Alwyn et l'américaine Emma Stone, tous venus à Venise (sauf Rachel Weisz, enceinte).

The Favourite commence de la manière la plus classique et la plus efficace : le spectateur découvre le personnage principal qui pénètre dans un univers avec ses codes. Voici donc Emma Stone (Abigail Masham) qui arrive toute boueuse pour demander assistance à une lointaine cousine : elle a besoin d'un toit et d'une place. Elle est donc engagée comme servante (dans les cuisines en sous-sol) de Rachel Weisz (duchesse de Marlborough), qui est à la fois favorite et amie de confiance de la reine. Emma Stone cherche à monter en grâce auprès de Rachel Weisz et même auprès de la reine elle-même : on n'est pas favorite sans user de diverses manigances...

La reine est justement mal en point avec des douleurs aux jambes, Emma Stone a l'audace de préparer et proposer un onguent d'herbes et de plantes, qui en fait la soulage. Emma Stone est donc remarquée et gagne au passage le privilège de disposer d'une petite chambre plutôt que de dormir à même le sol avec d'autres servantes. Et elle compte bien continuer son ascension avec différents stratagèmes pour devenir de plus en plus indispensable, et donc puissante... The Favourite est raconté sous forme de différents chapitres qui se suivent et au cours duquel elle gagne en influence tout en s'exposant davantage aux dangers en se créant des rivalités avec d'autres personnages de la cour. En coulisse des affaires d'impôt et de guerre doivent se décider selon l'arbitrage et les ordres de la reine, et une favorite est une personne qui peut à la fois espionner ou influencer des décisions.

Dans le rôle de Anne d'Angleterre Olivia Colman livre une interprétation phénoménale de reine autoritaire, instable, acariâtre, fêlée. Elle sera probablement récompensée pour ce rôle à Venise, aux BAFTA, et ailleurs. En France il faudra attendre le 16 janvier 2019 pour voir le film.


Vanessa Redgrave honorée à Venise

Posté par vincy, le 24 juillet 2018

L'immense comédienne britannique Vanessa Redgrave recevra un Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière à la 75e Mostra de Venise. A 81 ans, l'actrice est honorée pour ses "performances sensibles, aux infinies facettes". "Son élégance naturelle, son pouvoir de séduction inné et son talent extraordinaire ont fait qu'elle est passé nonchalamment du cinéma art et essai européen aux productions hollywoodiennes" souligne Alberto Barbera, directeur artistique du festival.

Vanessa Redgrave a reçu un Oscar (meilleur second-rôle féminin pour Julia en 1977) et 5 nominations (Retour à Howard's end, The Bostonians, Mary Queen of Scots, Isadora et Morgan). Côté Golden Globes, elle a aussi été récompensée pour Julia, mais également pour la télévision pour If These Walls Could Talk 2. Les Golden Globes l'ont aussi citée pour Camelot, A Month by the Lake et Prick Up Your Ears et quatre fois dans la catégorie minisérie. Véritable légende britannique, elle a reçu deux fois un prix d'interprétation à Cannes (Morgan en 1966 et Isadora en 1969). Son documentaire, Sea Sorrow, a été en sélection officielle l'an dernier. A Venise, elle avait déjà re!u un prix d'interprétation pour son second rôle dans Little Odessa.

Le grand public l'a vu dans des films comme Deep Impact et Mission: Impossible, le premier film de la franchise où elle jouait la "méchante". Redgrave a tourné ces dernières années avec Bennett Miller, Jim Sheridan, Joe Wright, Sean Penn, Paul Auster, James Gray...

A 81 ans, cette grande dame (1m81 au passage), fille du comédien Michael Redgrave et sœur des acteurs Corin et Lynn Redgrave, a eu une vie mouvementée: ex-épouse du metteur en scène et cinéaste Tony Richardson (leur fille Natasha Richardson, mariée à Liam Neeson, est morte en 2009), qui la quitta pour Jeanne Moreau, ex-compagne de Timothy Dalton (qui fut James Bond deux fois) et actuelle femme de Franco Nero, tombeur d'actrices mondialement connues, acteur et metteur en scène italien, avec qui elle a eu un fils, Carlo Gabriel Nero, réalisateur et scénariste.

Cannes 2018: La révolution russe avec « Docteur Jivago » de David Lean

Posté par vincy, le 9 mai 2018

Puisqu'on célèbre cette année les 50 ans de mai 68, et l'anniversaire de ce festival qui n'eut pas lieu, c'est l'occasion d'explorer les rapports de Cannes avec la Révolution. Sur la croisette, où les spectateurs défilent en smoking et robes de soirées, où un simple selfie est jugé "irrespectueux", et où toute la société festivalière est organisée en castes strictes, les mouvements de révolte et de contestation eurent souvent les honneurs d'une sélection. C'est là tout le paradoxe d'une manifestation très attachée à ses traditions, et qui n'a pourtant cessé de montrer, défendre et encourager ces moments de l'Histoire où des hommes et des femmes ont pris leur destin en mains.

On pourra s'étonner de voir un mélodrame historique de David Lean lié à la révolution prolétaire et sanglante qui conduisit la Russie impériale à l'URSS communiste. Pourtant Docteur Jivago, sorti aux USA en 1965, est bien un film sur la révolution de 1917. C'est aussi un film cinq fois oscarisé (sur dix nominations), avant d'être en compétition à Cannes, en 1966. Ce fut surtout l'un des plus grands succès de l'histoire du cinéma : si on prend en compte l'inflation, le film épique aurait rapporté 1,14 milliard de dollars de recettes actuelles, se classant 8e, derrière Autant en emporte le vent, Star Wars, E.T., Titanic, mais devant Blanche-Neige, Star Wars: le réveil de la force, Ben Hur et Avatar. En France, avec 9,8 millions d'entrées, il se classe 32e.

Que nous raconte-t-il pour séduire autant les masses? Une histoire d'amour tragique. La quête d'un passé, nostalgique. L'histoire centrale de Docteur Jivago se déroule à l'aube de la Première guerre mondiale. Tsaristes, idéalistes, futurs révolutionnaires, militaires : toute la Russie est là à préparer pour les uns leur survie, pour les autres leur libération. La guerre éclate, et les traumatismes qui meurtrissent la jeunesse et le peuple, tandis que la révolte civile grossit, sous l'impulsion des Bolcheviks.

David Lean, qui s'y connaissait en belles images et donnait un sens visuel à ses métaphores, transforme le pays en un grand désert blanc, où le héros, un médecin-poète, erre déboussolé. Ce que l'on retient de cette épopée historique est davantage la tragédie amoureuse. Pourtant le cinéaste montre aussi comment les conflits, externes et intérieurs, détruisent les vies. Sous les Tsars et comme sous les Communistes, il n'y a pas de salut pour la liberté. On meurt ou on est déporté.

Le raffinement de David Lean ne masque jamais les tourments psychologiques de ces personnages. Et comme avec Lawrence d'Arabie, le réalisateur se confronte à l'histoire moderne. Après la naissance du monde arabe et la décolonisation, le voici qui s'attaque à "l'ennemi de l'Est" en pleine guerre froide. Cela reste une révolution vue d'Occident (l'Oural sont en fait les Pyrénées filmés d'Espagne), avec des acteurs internationaux qui n'ont rien de russe, à l'image esthétisée où la couleur traduit les émotions ou les camps politiques.

A ce titre, Docteur Jivago est quand même l'un des rares films occidentaux importants sur cette période. Mieux, il suit les différentes étapes de la révolution, ne se contentant pas d'octobre 1917 et du triomphe de Lénine & co. Les débuts de cette révolution, qui naît vers 1905 jusqu'aux prémices de la Première guerre mondiale, sont souvent ignorés par le cinéma. En suivant tout le processus, David Lean réalise un film historique plus juste qu'en apparence.

Et plus sensible que ce qu'on pourrait croire, puisqu'il a été interdit en URSS. Le film a pu être projeté en Russie près de trente ans plus tard, en 1994.

3 raisons d’aller voir « Daphné » de Peter Mackie Burns

Posté par MpM, le 2 mai 2018

Ténu et fragile, Daphné de Peter Mackie Burns est le portrait peu complaisant d'une trentenaire insidieusement mal dans sa peau, en panne dans sa vie, dont on suit la trajectoire intime à travers une (longue) succession d'épisodes tantôt cocasses, tantôt désespérants. Le film, découvert au dernier Festival d'Edimburgh où il a reçu le prix de la meilleure actrice, puis au Festival du film britannique de Dinard où il a remporté le prix du scénario, s’inspire du court métrage Happy Birthday to Me de Peter Mackie Burns dans lequel Emily Beecham tenait déjà le rôle principal. Nico Mensinga en était également déjà le scénariste.

Portrait de femme. Peter Mackie Burns observe son héroïne dans son quotidien, entre excès et coups de folie, répliques mordantes et comportement borderline. Ce qu'elle recherche, et ce qui lui manque, n'est au départ pas réellement concret. Malgré l'humour des situations, la frénésie du scénario et l'ironie (mordante) du personnage, on a donc tendance à rester un peu extérieur à ses atermoiements, jusqu'à ce que la dernière partie du film éclaire subitement le personnage et ses aspirations, nous le rendant enfin plus compréhensible et attachant. Au final, il y a une profonde mélancolie dans ce beau portrait introspectif, tout en creux et en subtilité.

Révélation. Une comédienne est née ! Emily Beecham, aperçue à la télévision dans des séries britanniques comme The fear ou The village, est exceptionnelle en jeune femme tourbillonnante, misanthrope, insupportable et irrésistiblement drôle et intelligente à la fois, qui finit peu à peu par accepter le malaise qui la ronge. On la reverra forcément très vite, et vous l'aurez découverte avant tout le monde dans Daphné !

Féminisme. Ce qui est formidable avec le personnage de Daphné, c'est qu'elle ne se laisse jamais enfermer dans aucun des rôles généralement dévolus aux femmes : épouse, petite amie, mère, fille obéissante... Peter Mackie Burns et Nico Mensinga voulaient faire un film sur un personnage plus complexe que ces stéréotypes habituels, tout en la rendant à la fois singulière et attachante. Son charme réside justement dans sa volonté de se tenir à la marge, et dans son combat (parfois maladroit, mais sincère) pour rester elle-même coûte que coûte.

Noah Schnapp (Stranger Things) en tournage dans les Pyrénées

Posté par vincy, le 2 avril 2018

Le tournage de Waiting for Anya a commencé la semaine dernière à Lescun, dans les Pyrénées, au sud de Pau. Cette coproduction internationale, épaulée par la société britannique Goldfinch Studios, est réalisée par Ben Cookson (Almost Married), et s'offre un casting hétéroclite.

Jean Reno, Anjelica Huston (L'honneur des Prizzi, La famille Addams), Thomas Kretschmann (Le pianiste), Elsa Zylberstein, Tomas Lemarquis (X-Men: Apocalypse, Insensibles), Frederick Schmidt (Mission:Impossible - Fallout, Taboo), Sadie Frost (Absolutely Fabulous), Joséphine De La Baume entourent le jeune Noah Schnapp, vu dans Le Pont des Espions et surtout la série Netflix Stranger Things.

Le tournage est prévu pour cinq semaines dans les montagnes basques. Waiting For Anya est écrit par le scénariste Toby Torlesse qui a adapté le roman jeunesse éponyme de Michael Morpurgo (Cheval de guerre). En France le livre est paru sous le titre Anya. Il raconte l'histoire d'un jeune berger, Jo, qui vit dans un village des Pyrénées occupé par les Allemands durant la seconde guerre mondiale. Il découvre des enfants juifs cachés dans une ferme et décide de les aider pour passer la frontière espagnole, avec l'aide d'une veuve. Schnapp incarne le jeune berger tandis que Reno interprète son grand-père et Anjelia Huston la veuve Horcada.

Le film est coproduit par 13 films.

Lewis Gilbert (1920-2018): You Only Live Once

Posté par vincy, le 28 février 2018

Presque centenaire. Lewis Gilbert, réalisateur, scénariste, producteur et acteur britannique, né le 6 mars 1920, est mort le 23 février à l'âge de 97 ans. Réalisateur prolifique qui a commencé en filmant des documentaires durant la seconde guerre mondiale pour la Royal Air Force, Lewis Gilbert s'est surtout fait connaître en réalisant trois James Bond: On ne vit que deux fois (avec Sean Connery), L'espion qui m'aimait et Moonraker (avec Roger Moore).

Mais le cinéaste a aussi été l'auteur d'Alfie le dragueur avec Michael Caine, nommé à l'Oscar et au Golden Globe du meilleur film et prix spécial du jury à Cannes en 1966. Il a prouvé un talent polyvalent avec différents genres, du film de guerre au policier en passant par le drame. On lui doit Visa pour Hong Kong (avec Orson Welles), Coulez le Bismark!, Un si bel été (avec Danielle Darrieux), La septième aube (avec Capucine), Les derniers aventuriers (avec Charles Aznavour), immense coprod internationale, ou encore L'éducation de Rita, qui le vit triompher aux Baftas avec le prix du meilleur films (en plus de deux Golden Globes pour les acteurs Michael Caine et Julie Walters).

Au total, il a réalisé une quarantaine de films entre 1945 et le début des années 2000, avec des acteurs aussi réputés que Kenneth More, William Holden, Dick Bogarde, Ernest Borgnine, Candice Bergen, Olivie de Havilland ou Michael York.

Fils de la balle (ses parents travaillaient dans le music-hall) et lui même acteur quand il était enfant, Lewis Gilbert a connu de nombreux succès au box office, grâce à une mise en scène efficace et des sujets dramatiques intenses. Il a appris son méteir en étant documentariste et assistant réalisateur d'Alfred Hitchcock (La taverne de la Jamaïque).

Lui qui a connu le succès et les cérémonies d'Oscars s'étonnait encore, avec une joie non dissimulée, de voir que certains de ses films continuaient de plaire au public, des décennies plus tard.