Derniers jours à Jérusalem ou les derniers instants d’amour…

Posté par cynthia, le 22 mai 2012

Synopsis : Après s'être rencontré dans des circonstances peu praticable dans leur pays d'origine, le Jérusalem-Est, Nour et Iyad décide d'immigrer en France. Alors qu'ils sont en route à l'aéroport pour une nouvelle vie, les évènements désastreux que rencontre leur ville, va obligé ce dernier, chirurgien, a favorisé son métier aux détriments de son épouse.
Délaissée une fois de plus par son mari, Nour va remettre en cause leur voyage ainsi que leur relation, tout en témoignant son attachement à ceux qu’elle s’apprête à quitter.

Critique : Entre Nour et son mari, tous les opposent. Elle est moderne, séduisante, croque la vie à pleine dents et débute une carrière d'actrice. Iyad, quant à lui, est un chirurgien stressé qui a laissé sa jeunesse mourir au bloc opératoire.

Au premier abord, nos deux protagonistes semblent représenter un couple tout ce qu'il y a de plus banal, les contraires s'attirent mais l'amour est là. Et pourtant, outre leur environnement qui est risqué, il y a quelque chose en eux de mort, une chose qui les empêchent de savourer leur vie de couple pleinement. On a l'impression que seul le voyage, ce changement, pourra sauver leur mariage. Mais ce dernier étant repoussé, nous sommes témoins de leurs "derniers jours à Jérusalem" et on se demande si ce n'est pas non plus leur derniers jours d'amoureux. Il est vrai que dès leur rencontre, les questions fusaient. Sous forme de destin, cette rencontre était à la fois une naissance et une mort dans une histoire qui vacille entre rire et larmes.

Comme cette scène qui illustre parfaitement le paradoxe présent dans leur relation : Nour se maquille devant son miroir et commence à se chamailler avec Iyad qui l'observe. Celui-ci rentre dans son jeu, ils se mettent à rire comme n'importe quel couple jusqu'à ce que cette dernière se lasse et s'arrête subitement de jouer.

Soutenu par le festival de Locarno et sélectionné par celui de Toronto, le film de Tawfik Abu Wael est un hymne à la complexité amoureuse. "Je t'aime moi non plus" ou "tu veux ou tu veux pas", serait un qualificatif parfait pour cette histoire. Un amour à double sens mais trop bancal, nous laissant ainsi sur notre fin.

Berlin 2012 : le prix Berlin Today pour Rafael Balulu

Posté par vincy, le 13 février 2012

Avec Batman at the Checkpoint, le cinéaste israélien Rafael Balulu a remporté le prix Berlin Today, l'équivalent de l'Ours d'or de la sélection Berlinale Talent Campus, récompensant un réalisateur en devenir. Balulu vient d'être diplômé en 2010 de la Sam Spiegel Film & Television School of Jerusalem. Il travaille actuellement sur Ghetto Neighborhood, un documentaire, et écrit The Money, son premier long métrage de fiction.

Son court métrage Batman at the Checkpoint raconte l'histoire de deux enfants, l'un israélien, l'autre palestinien, qui se disputent pour une poupée en plastique de Batman alors qu'ils sont bloqués avec leurs familles à un Checkpoint près de Jérusalem.

Le jury était composé de Jasmila Zbanic, cinéaste bosniaque, Judith Kaufman, chef opérateur allemande, et Guy Maddin, réalisateur canadien.

Une mention spéciale a été attribuée à David Lale pour son court métrage documentaire White Lobster.

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D'autres vidéos de Rafael Balulu sur son compte viméo

Hiam Abbass enrôle Hafsia Herzi pour son premier film

Posté par vincy, le 2 juin 2011

L'actrice Hiam Abbass passe derrière la caméra. Elle commencera le tournage d'Inheritance dès juillet, avec un budget modeste de 2,5 millions d'euros. Elle y tiendra aussi un rôle face à son actrice principale Hafsia Herzi. Les deux comédiennes sont à l'affiche de La source des femmes, en compétition au 64e Festival de Cannes.

Abbass a co-écrit cette histoire d'une famille palestinienne vivant en Israël, près de la frontière libanaise. Alors que cette famille prépare un mariage, un conflit entre Israël et le Liban éclate en plein été 2006. Le beau Tom Payne (qui sera l'une des vedettes de la série "Luck" produite par Michael Mann) est aussi de la partie.

Hiam Abbass est sans doute l'actrice arabe israélienne la plus connue dans le cinéma contemporain. Elle a joué devant les caméras d'Amos Gitaï, Steven Spielberg, Tom McCarthy, Patrice Chéreau, Jim Jarmusch, Jean Becker... Elle a déjà réalisé deux courts métrages au début des années 2000 : Le Pain (2001) et La Danse éternelle (2004), avec Zinedine Soualem et Jules Sitruk.

Cannes 2011 : Qui est Joseph Cedar ?

Posté par vincy, le 13 mai 2011

Il appartient à cette nouvelle vague israélienne. Des cinéastes qui osent se confronter à la pensée majoritaire de leur pays en montrant les failles de la politique d'Israël, en critiquant les guerres à répétition, en tentant un dialogue avec la Palestine et les autres pays voisins.

Joseph Cedar, 42 ans, arrive dans la compétition cannoise avec son quatrième film, Hearat Shulayim (Footnote). Né à New York, il a grandit dès l'âge de cinq ans à Jérusalem.

Dès son premier long métrage, en 2000, Ha-Hesder, il remporte les Oscars israéliens du meilleur film et du meilleur scénario. La guerre, les soldats, la colonisation des territoires occupés : toutes ses obsessions sont déjà là.

Son deuxième film, Medurat Hashevet, confirme sa volonté d'offrir un regard humaniste, fondé sur les convictions personnelles d'individus qui refusent la fatalité et la destruction de l'autre. Il reçoit là encore les prix israéliens de meilleur film, meilleur scénariste et s'ajoute celui du meilleur réalisateur. Le film présenté à Berlin reçoit une mention spéciale. Au Festival de Chicago, la critique le récompense.

L'ascension  de Cedar ne va pas s'arrêter là. En 2007, il présente Beaufort. Un désert des Tartares de Buzzati sur le front libanais. Gros succès en Israël (300 000 entrées), le film remporte l'Ours d'argent du meilleur réalisateur au festival de Berlin. Sa mise en scène, presque abstraite, fait d'un camp militaire sur la ligne de front, rend le huis-clos oppressant. Le fort pourrait être celui de n'importe quel pays dans n'importe quelle bataille. Cette allégorie souligne l'absurdité des conflits. Son talent rend ses oeuvres fortes, sèches mais aussi sensuelles.

Depuis quelques années, le cinéma israélien est omniprésent sur la Croisette. Sa richesse, sa diversité en font une cinéphilie incontournable. Le cinéaste, diplômé en philosophie et en histoire du théâtre, évoque dans son nouveau film la religion. La sienne. Juif orthodoxe. Ironiquement la presse a vu le film un vendredi... Après tout Cannes est un territoire laïque.

Juliano Mer Khamis (1958-2011) : un cinéaste et comédien assassiné

Posté par vincy, le 5 avril 2011

Juliano Mer-Khamis est mort hier, lundi 4 avril, assassiné. Acteur, cinéaste, documentariste, et militant engagé, ce Juif palestinien, né le 29 mai 1958, a été froidement tué par des hommes encagoulés près du théâtre, le bien nommé Freedom, qu'il avait fondé dans le camp de réfugiés de Jenin. Né d'une mère juive et d'un père palestinien, il avait toujours vécu sous la menace des conservateurs, des nationalistes, des israéliens comme des palestiniens. Il déclarait en 2009 : "Je suis 100% Palestinien et 100% Juif".

En 2004, il avait réalisé Arna's Children, un documentaire sur sa mère qui luttait contre l'occupation israélienne et prônait un système éducatif en faveur des enfants palestiniens. Le film avait reçu le prix de la critique au Festival canadien Hot Docs et le prix du meilleur documentaire au Festival de Tribeca, créé par Robery de Niro.

En tant que comédien, souvent crédité au générique sous le nom de Juliano Merr, il avait été cité parmi les meilleurs acteurs israéliens en 2002 pour son rôle dans Tahara, de Doron Eran. On l'a aussi remarqué dans des films d'Amos Gitai comme Esther, Berlin-Jérusalem, Yom Yom, Kippour, où il incarnait le capitaine, et Kedma. On l'avait vu récemment dans Le sel de la mer, d'Annemarie Jacir.

Il figurait aussi dans de nombreuses productions occidentales, dans des petits rôles.

Pacifiste, il avait créé le Freedom Theater en 2006 avec Zakaria Zubeidi, leader Palestinien souvent considéré comme un symbole de l'Intafada jusqu'à ce qu'il dépose les armes.

Selon les premiers éléments de l'enquête, l'Autorité Palestinienne suspecte le Hamas.

Kadoura Musa, le gouverneur de Jenin, a déclaré que Mer-Khmais "aidait à construire la Palestine et qu'il ne méritait pas de mourir de cette façon."

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Arna's Children sur YouTube

Aftershock fait trembler les Asia Pacific Screen Awards

Posté par vincy, le 3 décembre 2010

Les 4e Asia Pacific Screen Awards ont consacré la super-production chinoise Aftershock. Sa puissance hollywoodienne a été saluée comme un acte de résistance contre l'hégémonie américaine dans les salles. Son triomphe public dans tous les pays de la région promet même un succès international.

La Chine fait ainsi partie des 7 pays qui se voient récompensés cette année avec Israël, l'Australie, la Turquie, l'Iran, l'Inde et la Corée du sud. Le Japon et Taïwan sont les grands perdants malgré des films proposés intéressants. Mais la Palme d'or thaïlandaise n'était même pas nommée, et la Russie était à peine citée. La Chine monte en puissance tandis que la Corée du sud confirme son incroyable vitalité cinématographique.

Et justement le meilleur réalisateur est coréen : Lee Chang-dong (photo), sélectionné et primé à Cannes pour son scénario, a reçu son troisième prix dans la courte vie de la cérémonie (après Secret Sunshine, meilleur film, et Ya Haeng Ha, meilleur film pour la jeunesse). Son actrice, la légendaire Yun Jung-hee, qui n'avait pas joué depuis 15 ans, a évidemment eut les honneurs du prix de la meilleure comédienne.

Meilleur film : Aftershock (Chine)

Meilleur film pour la jeunesse : Digari / L'autre (Iran)

Meilleur film d'animation : Piercing 1 (Chine)

Meilleur documentaire : Last Train Home (Chine / Canada)

Meilleur scénario : Lebanon (Israël). Lion d'or à Venise 2009.

Meilleure image. Vihir / Le puits (Inde / Australie)

Meilleure actrice : Yun Jung-hee dans Poetry (Corée du sud)

Meilleur acteur. Chen Daoming dans Aftershock (Chine)

Mention spéciale pour le meilleur acteur : Tony Barry dans Home for Christmas (Nouvelle Zélande)

Meilleur réalisateur : Lee Chang-dong pour Poetry (Corée du sud).

Prix FIAPF pour sa contribution exceptionnelle au cinéma : Christine Hakim (Indonésie), actrice

Prix Unesco : Bal / Miel. (Turquie). Ours d'or à Berlin 2010.

Mention spéciale pour les effet spéciaux : Le Royaume de Ga'Hoole (Australie / USA)

Grand prix du jury Screen International : l'actrice Shinobu Terajima dans Caterpillar (Japon) et le réalisateur-scénariste Samuel Maoz pour Lebanon (Israël).

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site internet de la cérémonie

Dommages collatéraux : le cinéma israélien paye pour la politique de son gouvernement

Posté par anne-laure, le 13 juin 2010

« Parce qu'il est israélien, on lui a appliqué une punition collective. C'est l'erreur de ce réseau de cinéma » - le réalisateur Leon Prudovsky

a 5 heures de parisLe réseau de salles d’art et d’essai Utopia a décidé, vendredi 4 juin, de boycotter purement et simplement le film israélien A 5 heures de Paris, réalisé par Leon Prudovsky. Pour quel motif ?  La condamnation du raid israélien meurtrier sur le convoi maritime humanitaire à Gaza, le 31 mai dernier. Normalement prévu pour le 23 juin, le film devrait être zappé de deux salles – à Tournefeuille (près de Toulouse) et Avignon - sur les six que possède le réseau.

A 5 heures de Paris, est une comédie sentimentale classique, une histoire d’amour naissante entre un chauffeur de taxi et une professeur de piano. On ne peut pas accuser le réalisateur d’avoir fait un film politique, et quand bien même, toute forme de censure d'un film est contestable. Pourtant, Utopia estime agir pour « des raisons morales » (sic), puisque le film est en partie financé par l’Etat israélien. «Nous sommes scandalisés par l'attitude d'Israël, par sa violence et nous voulions protester contre ce qui se passe », a déclaré Anne-Marie Faucon, co-fondatrice d'Utopia. « Vu les retombées médiatiques, on se dit que nous avons eu raison de le faire. Les spectateurs expriment leur sympathie, beaucoup sont très en colère et comprennent que c'était le seul moyen de nous faire entendre. »

Une double erreur fondamentale se glisse dans cette argumentation : d'une part, le film est loin d'être produit majoritairement par les deniers publics, d'autre part l'Etat israélien a souvent investit dans des films critiquant ouvertement la guerre avec les pays voisins. « Parce qu'il est israélien, on lui a appliqué une punition collective. C'est l'erreur de ce réseau de cinéma », a déclaré  le cinéaste Leon Prudovsky (par ailleurs né à Saint-Petersbourg en Russie) sur la chaîne Public Sénat.

A quand un film japonais ou américain censuré parce que leur pays pratique la peine de mort?

Pour se donner bonne conscience sans doute, Utopia préfère d'ailleurs programmer Rachel de Simone Guitton, un documentaire sur Rachel Corrie, une pacifiste américaine écrasée par un bulldozer israélien en 2003 en tentant d'empêcher la destruction de maisons palestiniennes. La confusion ne fait qu'augmenter. Dans ce cas, pourquoi ne pas censurer les films chinois, iraniens, thaïlandais, russes ou encore japonais pour divers désaccords idéologiques (oppression, torture, peine capitale, ...) alors que ces films sont souvent financés à travers des systèmes d'aides publiques (et d'autorisations d'Etat)? Pourquoi deux poids deux mesures ? Pourquoi ne pas avoir appliqué cette sentence dès le début du blocus de Gaza à tous les films israéliens ? Pourquoi punir un cinéma qui est principalement très critique envers la politique de son gouvernement, portant généralement des messages pacifistes ou offrant des portraits d'un pays cloisonné entre ses communautés ?

Selon Bertrand Delanoë, « il est à la fois absurde, injuste et contre-productif de s'en prendre aux créateurs pour condamner l'action d'un gouvernement ». « Les artistes ne sont pas comptables du choix des dirigeants de leur paysLe cinéma est, partout dans le monde, un instrument d’affirmation de la liberté d’esprit et de la pensée critique. C'est d'autant plus vrai s'agissant du cinéma israélien, qui a toujours été une avant-garde exigeante et lucide ». « La culture demeure le meilleur vecteur de l'intelligence, du dialogue et de la paix » .

Double peine

C'est ainsi prendre les spectateurs en otage : ne pas leur proposer une vision apolitique et positive d'Israël, disposer d'une sanction à l'égard d'un gouvernement en englobant tous les citoyens, y compris un réalisateur, pire, imposer un soutien aveugle à un camp plutôt qu'à un autre. C'est le contraire de la justice, de la liberté d'expression, et de la pluralité de l'opinion.

Le boycott fait grand bruit et les réactions sont vives, de SOS Racisme à la Licra en passant par le Crif. Jeudi 10 juin, les professionnels du Septième Art ont mis la pression sur Utopia. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture a fait part de son incompréhension et de sa désapprobation. « Ma déception est d'autant plus grande que j'ai toujours eu le sentiment que le réseau Utopia était ouvert à toute la diversité du cinéma et participait, à sa façon, à ce débat démocratique » écrit-il dans une lettre adressée à Anne-Marie Faucon.

Mais le réseau de cinémas est résigné. Utopia estime d'ailleurs que son geste symbolique et limité dans le temps ne nuit pas au film puisqu'il le diffusera en juillet, à une date encore non définie. Par ailleurs, il organisera des débats avec des réalisateurs israéliens, auxquels Leon Prudovsky est invité. Pas de censure donc ? Cela reste à voir. Le symbole est quand même gênant, et créé un malaise.

Dès le 23 juin, A 5 heures de Paris sera tout de même programmé en France dans 40 à 50 salles, notamment celles des circuits UGC, Gaumont, Pathé ou MK2.

Et finalement, après une semaine de polémique et de division entre les dirigeants du réseau  des salles Utopia, ceux-ci se sont engagés à programmer le film israélien A cinq heures de Paris. Franck Salün, responsable de la distribution chez Memento Films, relativise mais ne cache pas qu'il s'agit d'« une dérive inquiétante, de considérer qu'un cinéaste doit rendre compte de la politique de son pays. »

Oscars : le co-réalisateur d’Ajami lance une nouvelle polémique

Posté par vincy, le 7 mars 2010

ajami oscarsDécidément, ces Oscars ne se préparent pas dans la sérénité. Après l'exclusion de la cérémonie du producteur français de Démineurs, c'est l'un des réalisateurs du film Ajami, en course pour l'Oscar du  meilleur film en langue étrangère, qui a fait parler de lui. Scandar Copti (à droite sur la photo) a déclaré à une télévision israélienne, Channel 2, qu'il ne veut pas représenter Israël à cette cérémonie. "Je ne peux pas représenter un pays qui ne me représente pas". "Il y a un cinéaste palestinien et des acteurs palestiniens et des acteurs israéliens. Techniquement, il représente israël, mais je ne représent epas Israël."

Scandar Copti est membre de la communauté arabe israélienne, tandis que son co-réalisateur, Yaron Shani (à gauche sur la photo), est de confession juive. Les Arabes israéliens (1,5 millions) ont les mêmes droits que les Juifs mais nombreux accusent Israël de pratiquer des discriminations à leur égard.

Ajami est justement le reflet de ce quotidien entre Arabes et Juifs à Tel Aviv.

Les propos de Copti ont déclenché un tollé en Israël, où l'on a vite fait de mélanger la politique, la passion religieuse et les enjeux cinématographiques. Yaron Shani n'est lui-même pas d'accord avec son partenaire. "C'est un film israélien, il représente ce pays, il parle "israélien" et évoque des problèmes en rapport avec Israël. La question de la représentation est justement au coeur des enjeux politiques et de la perspective à donner aux relations entre les deux communautés, problèmes qui ont besoin de solution."

Selon un communiqué, la ministre de la Culture, Limor Livnat, a rappelé que le réalisateur devait sa présence à Hollywood uniquement grâce aux fonds publics israéliens : "Sans le support financier de l'Etat d'Israël, Copti ne se tiendrait pas dimanche soir sur le tapis rouge".

Ce film a mis sept ans à se faire. La plupart des scènes ont été improvisées avec des acteurs tous amateurs. Mention spciéale pour la Caméra d'or à Cannes, il a gagné 5 "Oscars" du cinéma israélien, dont le meilleur film. Shani et Copti ont aussi ramené chez eux les prix des meilleurs réalisateurs, scénaristes et monteurs.

Une jeunesse israélienne : coup de tête

Posté par benoit, le 26 août 2009

juenesseisraelienne.jpgL’histoire : A Beer Sheva, au sud d’Israël, trois adolescents d’origines et de confessions religieuses différentes, vivent dans une banlieue défavorisée. Recrutés à leur corps défendant pour participer à la coupe de football junior, Dima, Adiel et Shlomi se retrouvent sur le stade mythique de la ville : Vasermil.

Notre avis : C’est quoi le football ?... Un paquet de garçons qui poursuivent un ballon. Une histoire d’hommes qui se courent après sur du gazon. Plus sérieusement - Une jeunesse israélienne (Vasermil) n’est pas une comédie - une aire populaire où la loi du jeu tisse des liens au-delà des différences ethniques.
Caméra à l’épaule, cadrages fébriles, images au grain numérique accentuant le côté « cinéma vérité », casting composé d’acteurs non professionnels tous excellents, cette première fiction prend délibérément racine dans le documentaire. Elle y parvient avec une maîtrise indiscutable. Alors, pourquoi l’auteur réalisateur Mushon Salmona tente-t-il de scénariser le quotidien de ses trois héros : Dima le slave, Adiel l’Éthiopien et Shlomi le Maghrébin ? Alourdie par ce parti pris hybride entre le docu et la fiction, cette œuvre fait les frais de cette mode. Vasermil lance des pistes dramaturgiques dans son premier quart d’heure, délaisse (avec bonheur) tout rebondissement pendant une heure, puis semble in extremis se souvenir de son postulat fictionnel. Résultat, elle transforme une coupe junior de football en coups de théâtre et deux protagonistes sur trois se retrouvent étouffés par l’évolution du scénario. Seul, le personnage d’Adiel clôt sa trajectoire avec la nuance qu’aurait méritée ce propos sur les affres de l’immigration.
Ecrasée par le même soleil, noyée par la même pluie, paralysée par le même froid, la banlieue de Beer Sheva ressemble à tous les quartiers fragilisés du monde. Vasermil prouve qu’aucune terre, même en Israël, n’est plus capable de tenir ses promesses d’accueil et d’intégration. Ce film était-il nécessaire pour constater ce que nous savons déjà ?...

Benoit

20e festival de Rennes : travelling sur Jérusalem

Posté par MpM, le 29 janvier 2009

Festival Travelling20 ans, pour un festival de cinéma, c’est déjà un bel âge, dénotant maturité et capacité à durer, tout en promettant un regard résolument tourné vers l’avenir. C’est pourquoi, en lieu et place d’une commémoration un peu plombante, les organisateurs ont-ils choisi de s’offrir pour cette 20e édition un voyage dans une ville ô combien symbolique, Jérusalem.

Le principe du Festival Travelling de Rennes est en effet de s’intéresser chaque année à la cinématographie générée autour d’une ville en particulier (Buenos Aires en 2008, Téhéran ou Tokyo par le passé) ou d’une thématique liée au cadre de vie urbain ("Une ville la nuit" en 2007). "Nous choisissons la ville entre un et deux ans à l’avance, en fonction d’une envie d’équipe", explique Anne Le Hénaff, responsable artistique. "L’idée est d’abord de voir s’il se passe des choses cinématographiquement, c’est-à-dire si la ville a souvent été portée à l’écran, s’il y a matière pour la dérouler dans le temps. On commence par les œuvres majeures puis on emprunte les chemins de traverse." Commence alors un long travail de recherche, presque de fouille, qui permet de dénicher "de petits bijoux", nouveaux comme anciens, mais aussi de déborder le cadre du cinéma pour appréhender les spécificités sociales, géographiques ou culturelles d’une ville.

"Dans le cas de Jérusalem, nous voulions dès le départ aller au-delà des images toutes faites de la ville, de celles que montrent les médias. Il est souvent difficile d’imaginer comment on y vit, donc c’était notre première ambition : simplement entrer dans la vie des uns et des autres", se souvient Mirabelle Fréville, la co-programmatrice. "Très honnêtement, nous ne pensions pas trouver 53 films ! Mais Jérusalem a une consistance incroyable, avec des genres très différents. Tous les films que nous avons choisis ont un aspect esthétique ou artistique qui nous a intéressés."

Les festivaliers pourront ainsi découvrir toute une programmation déclinée en divers thèmes : rétrospective Jérusalem de plus d’un siècle de cinéma, coups de cœur du cinéma israélien contemporain, coups de cœur du cinéma palestinien au présent et cartes blanches à la productrice israélienne Yaël Fogiel et au cofondateur du Festival, le Palestinien Hussam Hindi. On retrouve bien sûr de grands noms comme Amos Gitaï et le troublant Kadosh, Elia Suleiman (Intervention divine, Chronique d’une disparition), Chris Marker (Description d’un combat), Hany Abu-Assad (Paradise now, Le mariage de Rana…), mais aussi des œuvres plus confidentielles comme Jérusalem est fier de présenter de Nitzan Gilady, un documentaire sur la tentative d’organiser une gay pride internationale dans la ville.

Parmi l’ensemble, Anne Le Hénaff et Mirabelle Fréville recommandent tout particulièrement Fragments de Jérusalem de Ron Havilio, un film inédit en 7 parties qui permet Travelling juniorde remonter le fil de l’histoire de la ville en parallèle avec celle d’une vieille famille de Jérusalem ; Quelqu’un avec qui courir de Oded Davidof, sur la vie nocturne et troublée de la cité et Ford transit de Hany Abu-Assad, jamais sorti en France, sur les incessants passages aux checkpoints de ceux qui doivent se déplacer dans Jérusalem. "Nous espérons ainsi donner une autre vision de la vie à Jérusalem et renvoyer le spectateur à des interrogations plus larges".

En parallèle, le festival organise un concours d’adaptation de nouvelles, des ciné-concerts, des séances "ciné-baby" pour les 18 mois / 2 ans et des compétitions de courts métrages. L’idée est de faire de la manifestation le point d’orgue d’une action culturelle qui a lieu au long cours toute l’année au travers de séances en plein air et d’éducation à l’image, afin d’impliquer le tissu local rennais. "La star, c’est Rennes. Il faut la faire vivre un minimum !", conclut Anne Le Hénaff. Et quoi de plus normal pour un festival qui met la ville à l’honneur ?!

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20e Festival de Rennes Métropole
Travelling Jérusalem
Du 31 janvier au 10 février 2009
Informations et horaires sur le site du festival