Lenny Abrahamson (Frank): « Il faut que certains aient conscience de ce qu’ils disent »

Posté par vincy, le 4 février 2015

Lenny Abrahamson

Lors de son entretien avec Ecran Noir, Lenny Abrahamson, réalisateur de Frank, film très décalé primé aux Festival des Arcs, de Dinard, de Dublin et prix du meilleur scénario aux British Independent Film Awards, est revenu sur l'attentat de janvier perpétré contre Charlie Hebdo quelques jours avant la rencontre.

Ecran Noir: En tant qu'artiste, que pensez-vous des atteintes à la liberté d'expression qu'a connues récemment la France et plus généralement dans le monde ?

Lenny Abrahamson: Je pense que ce qui s'est passé à Paris récemment est absolument épouvantable. C'était barbare, brutal et écœurant. Je pense que le débat sur la liberté d'expression est une autre chose, un autre débat. J'ai surtout peur que le principal effet d'attaques terroristes comme celles-ci soit que le gouvernement réduise cette liberté. Quand on lit des Unes de journaux comme "La France en guerre" ou "La France a changé", je pense que c'est juste des conneries. C'est de l'exagération pure, de la surenchère et ça va simplement accentuer des tensions déjà existantes.

Ecran Noir: Comme Fox News avec ses "no go zones" dans Paris ?
Lenny Abrahamson: Exactement ! C'est normal qu'il y ait des limites à la liberté de parole ou que l'on ne tolère pas l'incitation à la haine raciale. Donc dans le cas où la maire de Paris poursuivrait la chaîne, je pense qu'elle a raison. Pour réussir à vivre dans une société tolérante, et plus généralement un monde tolérant, il faut un minimum de respect et que certains aient conscience de ce qu'il disent, des responsabilités qu'ils ont et qu'ils fassent attention à leur politique étrangère.

Pride sacré meilleur film aux British Independent Film Awards

Posté par vincy, le 8 décembre 2014

Pride Queer PalmOn reste un peu stupéfait par le choix des 17e British Independent Film Awards. Non pas que Pride, cette comédie sociale typiquement britannique, mélangeant la lutte des mineurs se mélangeant aux revendications des homosexuels dans l'Angleterre thatchérienne, soit un mauvais film (loin de là). Mais face à Mr. Turner, Calvary, '71 et The Imitation Game, il créé la surprise. Et soyons honnêtes, Mr. Turner, '71 et Calvary lui sont supérieurs cinématographiquement.

Mais passons. Pride est le vainqueur de l'année. Le film de Matthew Warchus succède à des films aussi populaires que Le discours d'un roi, Slumdog Millionaire, This is England, Vera Drake, The Constant Gardner, Billy Elliot ou My Name is Joe. Parfait feel-good movie, Pride avait fait la clôture de la dernière Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Le film a aussi raflé les deux prix dans la catégorie meilleur second-rôle pour Imelda Staunton (meilleure actrice en 2004) et Andrew Scott, la nouvelle coqueluche anglaise.

Pour le reste du palmarès, les britanniques ont logiquement récompensé Boyhood (film étranger), soit le premier film américain a gagné ce prix depuis la création de cette catégorie en 2003, Yann Demange comme réalisateur (pour son premier film '71), le scénario et la musique de Frank, l'actrice Gugu Mbatha-Raw (Belle), également nominée en meilleur espoir, l'acteur Brendan Gleeson (Calvary) qui a battu les favoris Benedict Cumberbatch et Timothy Spall, l'espoir Sameena Jabeen Ahmed (Catch Me Daddy), aussi nominée comme meilleure actrice, et le documentaire Next Goal Wins.

Grand perdant : Mr. Turner, qui repart bredouille malgré cinq nominations. The Imitation Game (quatre nominations) sauvent l'honneur avec le prix Variety pour Benedict Cumberbatch.

Enfin, les British Independent Film Awards ont honoré Emma Thompson du Prix Richard Harris pour sa contribution au cinéma britannique et John Boorman d'un Prix spécial du jury.