C'est l'un des nouveau cinéaste américain qui a été révélé dès son tout premier film à Cannes, et le voila de nouveau cette année au festival mais cette fois il revient en compétition, en position privilégiée pour une Palme d'or : David Robert Mitchell signe un film noir vénéneux avec Under the Silver Lake.
A 44 ans, ce gosse du Michigan, diplômé en Floride, ne semble pas vieillir. Fan de cinéma européen, d'Hitchcock et d'American Graffiti, il a débuté en faisant le montage de bandes annonces. Sans doute de là que vient son art du montage. Mais au fil des films, on sent surtout qu'il veut détourner les genres - le teen-movie, l'horreur, le suspens.
C'est à la Semaine de la Critique que les cinéphile ont remarqué la singularité de ce nouveau talent en 2010 en présentant The myth of the american sleepover, puis quatre ans plus tard, toujours à la Semaine, en projetant son deuxième film It follows. Si la gestation du premier a été longue (7 ans, pour un budget inférieur à 100000$) et sa sortie en France inédite en salles (seulement en DVD en 2014), l'autre a connu un large écho favorable, rapportant même 15M$ aux Etats-Unis.
Aussi différent l'un de l'autre, ces deux premiers films de David Robert Mitchell représentent des explorations du coming-out of age, de ce moment particulier de l'adolescence au seuil de l'inconnu, avant d'être adulte. Grandir, tomber amoureux, envisager une faculté lointaine pour The myth of the american sleepover avec une approche sensible et naturaliste des sentiments pour se projeter vers un futur lumineux. Le film avait reçu le Prix spécial du jury à Deauville.
Presque à l'opposé, avec une orientation fantastique un peu horrifique, It follows parle de relations sexuelles et d'une transmission de la peur qui obscurcit l'avenir. Le film a été distingué notamment par un Prix de la critique à Deauville ainsi que le Grand prix et le Prix de la critique à Gérardmer.
Ses deux films partagent un sens du casting aiguisé avec la fraicheur de nouveaux visages, et surtout une originalité séduisante pour la mise en scène, avec des cadrages soignés et une musique toujours adéquate.
David Robert Mitchell est vite devenu visible sur les différents radars de nouveaux talents à suivre dont on guette la confirmation. Pour son troisième film, Under the Silver Lake, peut-être celui qui représente un pari plus risqué, il a fait jouer des acteurs confirmés comme Andrew Garfield, Riley Keough et Topher Grace. Un jeune homme, incapable de dépasser l'adolescence glandeuse et d'oublier un amour de jeunesse, se lance dans une quête surréaliste pour retrouver une femme, le sujet presque universel peut se prêter à toutes les audaces, en l'occurrence ici une multitude de références aux films noirs des années 50 et à la culture underground et pop. Le film, sort le 8 août en France.