The Birth of a Nation, Sand Storm, Swiss Army Man et Belgica brillent à Sundance

Posté par vincy, le 31 janvier 2016

Sundance aura connu cette année une belle édition du côté du marché. Mais pour une fois, ce ne sont pas les studios qui ont sorti le carnet de chèque. Amazon et Netflix se sont livrés une sacrée bataille pour acquérir des films que l'on verra à Berlin et à Cannes.

The Birth of a Nation réalise le doublé Grand prix du jury - Prix du public. Le biopic sur Nat Turner, chef de file d'une rébellion d'esclaves, écrit, réalisé et interprété par Nate Parker a donc emporté tous les suffrages. Si les Oscars sont trop blancs, Sundance a fait vibrer la black power (Roger Ross Williams, pa reçu le prix de la meilleur réalisation dans catégorie documentaire américain pour Life, Animated). Au casting du film de Nate Parker, on retrouve également Armie Hammer, Penelope Ann Miller et Gabrielle Union. Le film doit avoir un sacré potentiel puisque Fox Searchlight a déboursé 17,5 millions de $ pour en acquérir les droits de distribution. Un record pour le Festival. Assurément la sensation de Sundance.

C'est aussi la quatrième fois consécutive que le Grand prix du jury gagne simultanément le prix du public après Fruitvale Station, Whiplash et Me and Earl and the Dying Girl.

Toujours dans la section fiction américaine, Swiss Army Man, de Dan Kwan et Daniel Scheinert, a été récompensé pour sa réalisation. Cette comédie un peu barrée, avec Mary Elizabeth Winstead, Paul Dano et Daniel Radcliffe , est devenu dès sa première projection un des chouchous de la station de ski. A24 assurera sa distribution en Amérique du nord.

Autre film récompensé et qui sera distribué par A24, la comédie dramatique sur le choc des cultures (un afro-américain envoyé en Allemagne) Morris From America qui reçoit deux prix (scénario, acteur).

Pour le cinéma international, le jury a élu le film israélien Sand Storm (Sufat Chol), qui sera présenté au prochain Festival de Berlin. Il s'agit du premier long métrage de fiction d'Elite Ziker, qui raconte les destins divergents de deux femmes bédouines. Le prix du public a couronné le film colombien de Manolo Cruz et Carlos del Castillo, Between Sea and Land, un drame à propos d'une mère et de son fils atteint d'une dystrophie musculaire. Les deux comédiens ont également reçu un prix d'interprétation.

Après sa nomination aux Oscars pour Alabama Monroe, le belge Felix van Groeningen remporte le prix de la meilleure réalisation pour son nouveau film Belgica qui sort le 2 mars en France et en Belgique.

Notons enfin que le documentaire de l'iranienne Rokhsareh Ghaemmaghami, Sonita, réalise aussi un doublé Grand prix du jury-Prix du public pour son portrait d'une rapeuse iranienne. Pour les docus américains, le jury a préféré Weiner de Josh Kriegman et Elyse Steinberg, portrait d'un politicien américain tombé dans la disgrâce. Le public a de son côté choisi Jim: The James Foley Story de Brian Oakes, qui retrace la vie du photoggaphe de guerre tué par Daesch en 2014.

Notons parmi les autres prix, le prix Albert P. Sloan qu'a reçu par L'étreinte du serpent, primé à Cannes et nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. ce prix récompense un film où la science (au sens large) est au coeur du récit. Le Prix Next a été décerné à une romance lesbienne entre deux lycéennes californiennes, First Girl I Loved. Enfin, le prix d' l'Institut Sundance, le NHK Award, a été remis au japonais Atsuko Hirayanagi pour Oh Lucy!. L'Institut a également primé des projets en développement de réalisateurs cubain, indien, italien et marocain (le nouveau film d'Abedellah Taia, Le trésor).

Compétition des films américains
Grand Prix du jury: The Birth of a Nation
Prix du public: The Birth of a Nation
Meilleure réalisation: Daniel Scheinart et Daniel Kwan, Swiss Army Man
Prix Waldo Salt du scénario: Chad Hartigan, Morris From America
Prix spécial du Jury: Miles Joris-Peyrafitte, As You Are
Prix spécial du Jury de la meilleure révélation: Joe Seo, Spa Night
Prix spécial du jury pour l'interprétation masculine: Markees Christmas, Morris From America
Prix spécial du jury pour l'interprétation féminine: Melanie Lynskey, The Intervention

Compétition des documentaires américains
Grand Prix du jury: Weiner
Prix du public: Jim: The James Foley Story
Meilleure réalisation: Roger Ross Williams, Life, Animated
Prix spécial du Jury pour le montage: Penny Lane and Thom Stylinski, NUTS!
Prix spécial du Jury pour l'impact social: Dawn Porter, Trapped
Prix spécial du Jury pour l'écriture: Robert Greene, Kate Plays Christine
Prix spécial du Jury pour la vérité du propos: Keith Fulton and Lou Pepe, The Bad Kids

Compétition des films internationaux
Grand Prix du jury: Sand Storm
Prix du public: Between Sea and Land
Meilleure réalisation: Felix van Groeningen, Belgica
Meilleur scénario: Ana Katz and Ines Bortagaray, Mi amiga del parque
Prix spécial du jury pour l'interprétation: Vicky Hernandez et Manolo Cruz, Between Sea and Land
Prix spécial du jury pour la direction artistique: Agnieszka Smoczynska, The Lure

Compétition des documentaires internationaux
Grand Prix du jury: Sonita
Prix du public: Sonita
Meilleure réalisation: Michal Marczak, All These Sleepless Nights
Prix spécial du Jury pour le montage: Mako Kamitsuna and John Maringouin, We Are X
Prix spécial du Jury pour l'image: Pieter-Jan De Pue, The Land of the Enlightened
Prix spécial du Jury pour le meilleur premier film: Heidi Brandenburg and Mathew Orzel, When Two Worlds Collide

Autres prix
Next Audience Award: First Girl I Loved
Prix Alfred P. Sloan: L'étreinte du serpent

Mon film de l’année 2015 : La chambre interdite de Guy Maddin

Posté par MpM, le 28 décembre 2015

la chambre interdite

S’il ne faut retenir qu’un seul film de l’année 2015, c’est forcément le film-somme de Guy Maddin (coréalisé avec Evan Johnson), cette Chambre interdite qui convoque rien de moins que les fantômes des films perdus des grands cinéastes du passé, de Murnau à Hitchcock en passant par Ford ou Lang. A la fois romanesque et irrévérencieux, fantastique et baroque, gonflé et sublime, il emporte le spectateur dans un foisonnement d’histoires emboîtées les unes dans les autres et dont les échos se répondent de séquence en séquence. Une baignoire prête pour le bain nous amène dans un sous-marin où l’apparition soudaine d’un Forestier nous fait basculer dans une forêt où des brigands ont enlevé une jeune femme qui…

On se perd avec bonheur dans ce labyrinthe aux dédales à la fois déroutants et d’une grande cohérence qui propose un voyage dans le cinéma des origines dont il emprunte une partie de l’esthétisme : images déformées et tremblantes, lumières vacillantes, inserts et cartons dignes du cinéma muet, expressionnisme, surimpressions, clair-obscur, auréoles noires autour de l’image, bords flous, couleurs saturées… C’est une splendeur visuelle constamment renouvelée, aux confins de l’expérimentation radicale et de la réinvention inspirée.

Avec cette boulimie gourmande à la fois scénaristique et visuelle, Guy Maddin et Evan Johnson touchent à l’essence même du cinéma qui est de raconter des histoires, imaginer des situations, animer des personnages, créer des interactions, faire des clins d’œil au spectateur et multiplier les niveaux de lecture comme autant de poupées russes. Ce qui se joue, c’est au-delà d’un simple un film, une véritable prise de position artistique, presque un manifeste pour réaffirmer ce qu’est le cinéma et d’où il vient.

Voilà pourquoi notre année 2015 gardera l’empreinte de ce voyage onirique et sensoriel, mais aussi spectral, aux multiples clefs et interprétations, qui revient à un principe fondamental : le plaisir brut du cinéma.

Mais bien sûr, d'autres films auront fait à leur manière cette année cinéma. Côté documentaires, on retiendra trois styles complètement différents pour évoquer les traumatismes du passé : The look of silence de Joshua Oppenheimer, L'image manquante de Rithy Panh et Une jeunesse allemande de Jean-gabriel Périot. Côté cinéma français, ce sont les premiers films qui ont fait la différence : Le grand jeu de Nicolas Pariser, Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore et Mustang de Deniz Gamze Ergüven. Côté cinéma européen, on a fait le grand écart entre Le fils de Saul de Lazlo nemes, qui a ouvert un nouveau chapitre du cinéma sur la Shoah, et Les milles et une nuits, projet fou de Miguel Gomes qui parle si bien de notre époque. Le cinéma latino-américain nous aura gâté avec L'étreinte du serpent de Ciro Guerra et Le bouton de nacre de Patricio Guzman. Et le cinéma asiatique avec Cemetery of splendor de Apichatpong Weerasethakul et Taxi Téhéran de Jafar Panahi. C'est dire si, une fois de plus, on aura voyagé, rêvé, réfléchi et traversé des quantités d'émotions complexes par la simple magie d'un écran éclairé dans une salle obscure.

Oscars 2016: 9 finalistes pour la catégorie du meilleur film en langue étrangère

Posté par vincy, le 18 décembre 2015

Ils étaient 80. Ils ne sont plus que 9. La "short-list" pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère s'est considérablement affinée. Ils ne seront que 5 le 14 janvier lorsque les nominations aux Oscars seront révélées.

Six d'entre eux ont été choisis par les membres de l'académie et les trois autres ajoutés par le comité spécial en charge de cette catégorie. Première constatation : l'Europe domine la sélection. Seuls les films de Jordanie et de Colombie font de la résistance. Deuxième constat: le Festival de Cannes place quatre films, dont trois provenant de la Quinzaine des réalisateurs aux côtés du Grand prix du jury de la compétition. Troisième chose à retenir: ni Ours, ni Palme, ni Leopard ni même Lion d'or dans cette sélection. Quatrième détail important: hormis El Club (Chili), les quatre nominés au Golden Globe du meilleur film en langue étrangère sont dans la liste. Y compris The Fencer, film qui n'a eu aucun prix jusqu'à présent et n'a été dans aucun festival majeur. Enfin, quatre des finalistes sont des nouveaux talents, qui entrent la cour des grands dès leur premier film.

Allemagne: Le labyrinthe des mensonges de Giulio Ricciarelli (Toronto 2014, Prix du Public aux Arcs) - premier long métrage
Belgique: Le tout nouveau testament de Jaco Van Dormael (Quinzaine des réalisateurs 2015)
Colombie: L'étreinte du serpent de Ciro Guerra (Quinzaine des réalisateurs 2015, Prix CICAE Cannes 2015) - en photo
Danemark: Krigen (A War) de Tobias Lindholm (Venise 2015)
Finlande: The Fencer de Klaus Härö
France: Mustang de Deniz Gamze Ergüven (Quinzaine des réalisateurs 2015, 20 prix dans le monde) - premier long métrage
Hongrie: Le fils de Saul de Laszlo Nemes (Cannes 2015, Grand prix du jury) - premier long métrage
Irlande: Viva de Paddy Breathnach (Telluride 2015)
Jordanie: Theeb de Naji Abu Nowar (Venise 2014, Meilleur réalisateur sélection Orrizzonti) - premier long métrage

Independent’s Spirit Awards: Carol, Spotlight, Beasts of No Nation, Anomalisa et Tangerine grands favoris

Posté par vincy, le 25 novembre 2015

Carol est en tête des nominations aux Independent's Spirit Awards avec 6 nominations, devançant ainsi Beasts of No Nation et Spotlight (5 chacun), Tangerine et Anomalisa (4 chacun).

Pour ces Oscars du cinéma indépendants, qui seront remis le 27 février, le choix est donc ouvert entre le film de Todd Haynes en compétition à Cannes (avec prix d'interprétation et Queer Palm à la clé),  le film de guerre de Cary Joji Fukunaga, doublement récompensé à Venise, l'histoire vraie primée par un Pulitzer adaptée par Thomas McCarthy, lui aussi doublement primé à Venise et et grand gagnant des Gotham Awards, le micro-budget filmé avec un iphone de Sean Baker, prix du jury à Deauville, et le dessin animé de Charlie Kaufman, Grand prix à Venise.

En clair, comble de l'ironie, le festival de Sundance, temple des révélations du cinéma indépendant américain, a été clairement ignoré cette année. Bien sûr certains des films présentés à Sundance grappillent quelques nominations, mais on peut en dire autant de films présentés ailleurs comme Mediterranea et It Follows (Semaine de la critique à Cannes), Room (Telluride et Toronto), Love & Mercy (Toronto et Berlin), The Look of Silence (Venise)... Quatre des cinq films en langue étrangères viennent tout droit de la Croisette. L'autre de la Lagune. Les cinq sont des coproductions ou productions françaises, dont Bande de filles, réalisée par Céline Sciamma, et Mustang et Le Fils de Saul, signés de deux réalisateurs ayant fait leurs études en France.

Autre particularité, le renouvellement. Les cinq acteurs principaux en finale n'ont jusque là jamais été nominés en premier ou en second rôle, et aucun ne fait parti du gratin hollywoodien. Côté seconds rôles masculins, en revanche, trois d'entre eux ont déjà été cités par le passé. Pour les actrices, on note d'abord la double nomination pour les deux interprètes de Carol, Cate Blanchett et Rooney Mara. On salue aussi la première nomination pour deux comédiennes transsexuelles (Kitana Kiki Rodriguez et Mya Taylor). Certes, Brie Larson a déjà été nominée et Cate Blanchett a été récompensée en 2007 (second rôle) et 2013 (rôle principal), en plus d'une nomination en 2004 (second rôle). Mais pour les trois autres, c'est bien une première toutes catégories confondues. En second-rôle, on constate ce même renouvellement puisque seule Jennifer Jason Leigh a déjà été nominée (2 fois en tant qu'actrice, une fois comme second rôle, une fois comme productrice/réalisatrice et une fois comme scénariste), en plus de partager son trophée pour un prix récompensant un casting (2009).

Meilleur film
Anomalisa
Beasts of No Nation
Carol
Spotlight
Tangerine

Meilleur réalisateur
Sean Baker, Tangerine
Cary Joji Fukunaga, Beasts of No Nation
Todd Haynes, Carol
Charlie Kaufman & Duke Johnson, Anomalisa
Tom McCarthy, Spotlight
David Robert Mitchell, It Follows

Meilleur scénario
Charlie Kaufman, Anomalisa
Donald Margulies, The End of the Tour
Phyllis Nagy, Carol
Tom McCarthy & Josh Singer, Spotlight
S. Craig Zahler, Bone Tomahawk

Meilleur premier film
The Diary of a Teenage Girl
James White
Manos Sucias
Mediterranea
Songs My Brothers Taught Me

Meilleur premier scénario
Jesse Andrews, Me and Earl and the Dying Girl (This is not a Love Story)
Jonas Carpignano, Mediterranea
Emma Donoghue, Room
Marielle Heller, The Diary of a Teenage Girl
John Magary, Russell Harbaugh, Myna Joseph, The Mend

Meilleur acteur
Christopher Abbott, James White
Abraham Attah, Beasts of No Nation
Ben Mendelsohn, Mississippi Grind
Jason Segel, The End of the Tour
Koudous Seihon, Mediterranea

Meilleure actrice
Cate Blanchett, Carol
Brie Larson, Room
Rooney Mara, Carol
Bel Powley, The Diary of A Teenage Girl
Kitana Kiki Rodriguez, Tangerine

Meilleur second rôle masculin
Kevin Corrigan, Results
Paul Dano, Love & Mercy
Idris Elba, Beasts of No Nation
Richard Jenkins, Bone Tomahawk
Michael Shannon, 99 Homes

Meilleur second rôle féminin
Robin Bartlett, H.
Marin Ireland, Glass Chin
Jennifer Jason Leigh, Anomalisa
Cynthia Nixon, James White
Mya Taylor, Tangerine

Meilleur documentaire
(T)error
Best of Enemies
Heart of a Dog
The Look of Silence
Meru
The Russian Woodpecker

Meilleur film étranger
Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence...
L'étreinte du serpent
Bande de filles
Mustang
Le fils de Saul

Meilleure image
Beasts of No Nation
Carol
It Follows
Meadlowland
Les chansons que mes frères m'ont apprises

Meilleur montage
Heaven Knows What
It Follows
Manos Sucias
Room
Spotlight

Prix John Cassavetes (Meilleur film avec un budget inférieur à $500,000)
Advantageous
Christmas, Again
Heaven Knows What
Krisha
Out of My Hand

Prix Robert Altman Award (Meilleur casting)
Spotlight

Prix Kiehl’s Someone to Watch
Chloe Zhao (productrice, réalisatrice, scénariste Les chansons que mes frères m'ont apprises)
Felix Thompson (réalisateur, scénariste King Jack)
Robert Machoian & Rodrigo Ojeda-Beck (réalisateurs, scénaristes, God Bless the Child)

Prix des Producteurs -Piaget
Darren Dean (Tangerine)
Mel Eslyn (Lamb)
Rebecca Green & Laura D. Smith (It follows)

Cannes 2015: un film colombien, Arnaud Desplechin et Mustang au palmarès de la Quinzaine

Posté par vincy, le 23 mai 2015

Hier soir, la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes a célébré sa clôture avec Dope, de l'Américain Rick Famuyiwa, film qui faisait le buzz grâce à sa musique signée Pharrell Williams.

Traditionnellement, les quelques prix remis dans cette sélection ont été attribués avant la projection.

Le Prix Art Cinema de la CICAE (Cinémas art et essai) a été décerné au film colombien El abrazo de la serpiente de Ciro Guerra (L'Ombre de Bogota et Les Voyages du vent). Il s'agit de l'histoire de Karamakate, un chaman amazonien, dernier survivant de son peuple. Il vit isolé dans les profondeurs de la jungle. Sa vie bascule lorsqu’Evan, un ethnobotaniste américain, débarque dans sa tanière à la recherche de la yakruna, une mystérieuse plante hallucinogène capable d’apprendre à rêver. Karamakate se joint à sa quête et ils entreprennent un voyage au cœur de la jungle. Après le triomphe du cinéma latino-américain à la Semaine de la critique la veille, et notamment le double prix pour un autre film colombien, La tierra y la sombra, ce prix pour L'étreinte du serpent sacre une nouvelle génération de cinéastes venues d'Amérique du sud.

Le Prix SACD a couronné Arnaud Desplechin avec ses Trois souvenirs de ma jeunesse, sorti cette semaine dans les salles françaises. Souvent sélectionné en compétition, Desplechin est reparti bredouille à chaque fois, hormis un Prix spécial pour Catherine Deneuve dans Conte de noël. Avec ce "prequel" de Comment je me suis disputé... Desplechin retrouve le personnage de Paul Dédalus, qui se souvient de son enfance à Roubaix, des crises de folie de sa mère, du lien qui l’unissait à son frère Ivan, enfant pieux et violent, de ses seize ans, de son père, veuf inconsolable, de ce voyage en URSS où une mission clandestine l’avait conduit à offrir sa propre identité à un jeune homme russe, de ses dix-neuf ans, de sa sœur Delphine, de son cousin Bob, des soirées d’alors avec Pénélope, Mehdi et Kovalki, l’ami qui devait le trahir, de ses études à Paris, de sa rencontre avec le docteur Béhanzin, de sa vocation naissante pour l’anthropologie et surtout d’Esther.

Enfin, le Prix Label Europa Cinéma a récompensé Mustang, premier film de la cinéaste franco-turque Deniz Gamze Ergüven, co-écrit avec Alice Winocour. Mustang se déroule dans un village au nord de la Turquie, où Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant innocemment avec des garçons. La débauche supposée de leurs jeux suscite un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger. Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.