Cannes 2019 : retrouvailles et découvertes à l’ACID

Posté par MpM, le 23 avril 2019

Pour sa 27e édition, les cinéastes de l'ACID proposent 9 longs métrages (5 fictions, 4 documentaires, et 7 premiers longs métrages) ainsi qu'un focus sur le cinéma argentin (3 films). Une fois de plus, l’Association pour le cinéma indépendant et sa diffusion fait la part belle aux nouveaux talents avec sa sélection 2019.

Outre le fait d’être des premières mondiales, 7 des 9 longs métrages qui composent la programmation officielle sont des premiers films.

Au total 12 films qui ont été sélectionnés par un comité regroupant Sylvie Ballyot, Aurélia Barbet, Marta Bergman, Michaël Dacheux, Marina Déak, Delphine Deloget, Jean-Louis Gonnet, Diego Governatori, Hanna Ladoul, Marco La Via, Vladimir Perišic, Clément Schneider, Idir Serghine, Christian Sonderegger, Laure Vermeersch.

On remarque parmi les films en lice les nouveaux longs métrages du duo Pierre Trividic et Patrick-Mario Bernard (Dancing, L'Autre) mais aussi du cinéaste singulier Alain Raoust (La Cage, L'été indien) ainsi que les débuts dans le format long de la cinéaste néerlandaise Ena Sendijarevic remarquée notamment avec son court Import, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2016.

Forte du succès de ses précédentes éditions, qui ont notamment révélé La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach et La bataille de Solférino de Justine Triet, l'ACID gagnera par ailleurs une visibilité renforcée sur la Croisette cette année avec une nouvelle projection journalière au Palais des Festivals, réservée en priorité à la presse internationale, aux acheteurs et aux programmateurs étrangers. Cette séance s'ajoutera à celles qui se tiennent traditionnellement aux Arcades en soirée, au Studio 13 le matin et à l’Alexandre 3 en après-midi.

La sélection
L'Angle mort de Pierre Trividic et Patrick-Mario Bernard
Des Hommes de Alice Odiot et Jean-Robert Viallet
Indianara de Marcelo Barbosa et Aude Chevalier-Beaumel
Kongo de Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav
Mickey and the bear de Annabelle Attanasio
Rêves de jeunesse de Alain Raoust
Solo de Artemio Benki
Take me somewhere nice de Ena Sendijarevic
Vif-argent de Stéphane Batut

L'ACID TRIP#3 ARGENTINE
Brève histoire de la planète verte de Santiago Loza
Las Vegas de Juan Villegas
Sangre blanca de Barbara Sarasola-Day

Cinéma français à Venise : entre incompréhension et sensibilité

Posté par MpM, le 5 septembre 2008

L’image que donnent les différentes sélections vénitiennes du cinéma français depuis le début du festival est plutôt contrasté et pas forcément reluisant. Par moments, les intrigues sont réduites à la portion congrue et certaines mises en scène, pour le moins déroutantes. A croire que les organisateurs ont eu du mal à trouver des films à la fois disponibles, ambitieux et réussis…

En plus d’Inju, la bête dans l’ombre de Barbet Schroeder (dont on a déjà dit tout le mal qu’on en pense), deux films concourent pour le Lion d’or : Nuit de chien de Werner Schroeter et L’autre de Patrick Mario Bernard et Pierre Tridivic. Le premier met en scène une flopée de célébrités (Pascal Gréggory, Amira Casar, Elsa Zylberstein, Eric Caravaca…) dans une mascarade théâtrale et outrée sur une ville en état de siège. Le temps d’une nuit, les alliances politiques vont se faire et se défaire, chaque leader potentiel choisissant la voie (soumission ou résistance) que lui dicte sa conscience (ou son sens de la real politique). Tout est si surjoué que l’on se croirait dans une parodie de pièce de boulevard où les personnages sont des caricatures dénués de psychologie et de profondeur. Agrémenté d’une once de philosophie de bazar (sur l’inévitabilité de la mort), d’une pincée de sadisme sexuel (pauvre Amira Casar) et d’une bonne dose de pédanterie, le film a beaucoup fait rire (involontairement, et presque injustement) les rares spectateurs qui n’avaient pas quitté la salle.


L’autre

Heureusement, dans un genre très différent mais bien mieux maîtrisé, L’autre aborde avec beaucoup de subtilité la jalousie amoureuse et le basculement dans la folie. Reposant presqu’entièrement sur les épaules de la toujours plus impeccable Dominique Blanc, cette adaptation d’un roman d’Annie Ernaux ("L’occupation") nous emporte avec sensibilité et retenue sur les voies mystérieuses où l’esprit se perd. Les jeux de miroirs (dans lesquels le personnage principal croit voir un double qui n’est pas elle) rendent palpables l’inextinguible angoisse qui habite le personnage. L’autre n’est plus sa rivale réelle et déclarée (la nouvelle compagne de son ex-amant) mais cette réplique d’elle-même susceptible de "sortir du miroir" et de prendre sa place. Car quoi de plus effrayant que de perdre le contrôle de nous-mêmes ? Avec ce film, le duo Tridivic et Bernard continue d’explorer le sillon débuté avec Dancing, où un homme isolé se découvrait un double. Un prétendant sérieux au palmarès.

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