Le réalisateur James Toback accusé de harcèlement sexuel

Posté par vincy, le 23 octobre 2017

Une enquête du Los Angeles Times a recueilli une trentaine de témoignages d'actrices accusant le scénariste et réalisateur James Toback d'harcèlement sexuel. Ce grand déballage est la conséquence d'une parole qui s'est libérée du côté des femmes, mais aussi des gays, après la révélation de l'affaire Weinstein.

Nommé aux Oscars, récompensé à Cannes

Au total, le quotidien de la métropole californienne a enregistré la plainte de 38 femmes contre le réalisateur. James Toback a scénarisé des films comme Le flambeur de Karel Reisz et Bugsy de Barry Levinson, et réalisé 9 longs-métrages (dont le dernier The Private Life of a Modern Woman, avec Sienna Miller et Alec Baldwin, présenté à Venise en septembre). Plusieurs stars ont tourné pour lui: Robert Downey Jr, Ben Stiller, Sarah Michelle Gellar, Harvey Keitel, Nastassja Kinski, Jared Leto... Il a également réalisé trois documentaires, dont Tyson sur le sulfureux boxeur Mike Tyson et Seduced and Abandoned présentés tous deux à Cannes respectivement en 2008 et 2013. Bugsy lui avait valu une nomination aux Oscars et aux Golden Globes comme meilleur scénariste. Tyson avait été récompensé sur la Croisette d'un Prix «KO du certain regard».

Ejaculation sous le caleçon

Selon le journal, James Toback, 72 ans, a abusé de son statut pour draguer des actrices lors de rendez-vous et d'auditions. Le cinéaste a nié toutes les accusations. Selon lui, il n'a même jamais vu 31 des 38 femmes qui l'accusent et rappelle que son diabète et ses problèmes cardiaques l'empêchent d'avoir un tel comportement.

Selon elles, le scénario était similaire dans tous les cas. Il aimait utilisé un langage ouvertement sexuel pour décrire les rôles avant de commencer une séance de masturbation sous son pantalon, jusqu'à l'éjaculation.

Cette situation répétitive a amené certaines actrices à inventer une expression: "You got Toback-ed".

"Il justifiait ses actes, comme si c'était quelque chose de normal", raconte ainsi Adrienne LaValley (Quantico). Elle raconte qu'en 2008, dans une chambre d'hôtel, le réalisateur a tenté de frotter son entrejambe contre sa jambe, avant d'éjaculer dans son pantalon lorsqu'elle l'a repoussé. "Je me suis sentie comme une prostituée, une immense déception pour moi, pour mes parents, pour mes amis. Et je ne méritais pas de le raconter à quiconque", confie l'actrice.

Aucune actrice n'a porté l'affaire en justice jusqu'à présent.

En 1989, pourtant, le magazine Spy dans son édition de mars, avait déjà révélé le comportement scandaleux de ce membre de la Director's Guild of America et du Club Harvard de New York. Le mensuel avait recensé 12 cas, qui expliquaient en détail les situations qu'elles avaient vécues!

James Gunn dénonce son comportement de prédateur sexuel

Le réalisateur des Gardiens de la Galaxie, James Gunn, a avoué avoir rencontré au "moins quinze femmes, probablement plus, qui ont été accostées par lui à New York", dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux ce week-end. "Il l'a fait avec trois de mes copines, deux de mes proches amies et un membre de famille, deux fois" précise-t-il. "La prédation sexuelle se répand à Hollywood. Mais elle se répand aussi partout" en rappelant que des gérants de restaurants aux vendeurs de voitures d'occasion en passant par les prêtres, ce mal avait contaminé la société. "Ils sont partout, et ils nous tuent".

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Ça « matche » sur Tinder pour des « Premières vacances »

Posté par vincy, le 22 octobre 2017

Fin de tournage ces jours-ci pour Premières vacances, "un film sur les vacances et le couple " dixit Camille Chamoux. Son compagnon Patrick Cassir en est le réalisateur. Ils ont, tous les deux, coécrit le scénario.

L'histoire est celle de Marion et Ben, deux trentenaires qui se rencontrent sur le réseau de rencontres Tinder, et tombent miraculeusement amoureux. Ils décident très vite de partir en vacances ensemble pour couronner leur début d’histoire idyllique… Mais ce séjour va en fait révéler leurs différences et virer au cauchemar.

Camille Chamoux sera Marion tandis que Jonathan Cohen interprétera Ben. Ils sont entourés de Camille Cottin, Jérémie Elkaïm et Vincent Dedienne, dont c'est le premier film.

Le tournage de près de deux mois s'est déroulé entre Nantes, Paris et la Bulgarie. Le film sera distribué par Le Pacte.

Camille Chamoux, révélée par son One-Woman Show Née sous Giscard et Les gazelles, sera à l'affiche le 1er novembre du prochain film de Roman Polanski, D'après une histoire vraie. Camille Cottin, célèbre "Connasse", a connu un échec en début d'année avec Telle mère, telle fille. Elle vient de tourner Big Bang de Cécilia Rouaud.

Festival Lumière 2017: un Prix Lumière sucré-salé-épicé pour Wong Kar-wai!

Posté par Morgane, le 21 octobre 2017

La semaine est passée vite, trop vite, au Festival Lumière à Lyon. Nous voilà déjà au vendredi 20 octobre et à sa soirée de remise du Prix Lumière dans le traditionnel amphithéâtre du Palais des Congrès.

Le public s’installe, les personnalités du 7ème Art font leur entrée tour à tour: Niels Arestrup, Anne le Ny, Olivier Assayas, Pierre Lescure, Clovis Cornillac, Emmanuelle Devos, Anna Karina, Bertrand Tavernier, Isabelle Adjani, Charles Aznavour… Puis c’est au tour de Wong Kar-wai et de son épouse de faire leur entrée sous un tonnerre d’applaudissements sur la chanson phare d’un de ses films, Happy Together.

Vient ensuite le moment des hommages, en chansons ou en paroles. La chanteuse québécoise Diane Dufresne reprend La Bohême d'Aznavour. Sonia Wieder-Atherton, violoncelliste qui a notamment travaillé à plusieurs reprises avec Chantal Akerman, reprend le thème cultissime de In the mood for love. Et, comme traditionnellement depuis plusieurs éditions, Camelia Jordana est montée sur scène et a entonné le célèbre Quizas, quizas, quizas que l’on retrouve également dans In the mood for love.

« Wong Kar-wai, je veux que tu reviennes!!!! »

La musique a laissé place aux paroles. Paroles de Zhang Ziyi qui, ne pouvant être présente ce soir, a envoyé un message video à Wong Kar-wai disant de lui : « Tu es le Grandmaster de tous les réalisateurs! »

Honoré à cannes par le prix "Pierre Angénieux ExcelLens in Cinematography", Christopher Doyle, directeur de la photographie des films de Wong Kar-wai de Nos années sauvages à 2046, a pris le micro. Déchaîné, il ne voulait plus le lâché. « I don’t need word, I have images. So fuck you very much. C’est de ta faute Wong Kar-wai, c’est toi qui as provoqué tout ça! … You bastard, you’e right, I can do better so fucking thank you very much!!! » Après ces quelques doux mots, un petit montage de prises de vues de Christopher Doyle d’In the mood for love avec pour bande-son la chanson de Françoise Hardy Je veux qu’il revienne. Et de conclure avec un cri du coeur : « Wong Kar-wai, je veux que tu reviennes!!!! »

«Quand on fait du cinéma, c’est comme arrivé dans un restaurant complet, il faut trouver sa place»

C’est ensuite Olivier Assayas, spécialiste du cinéma asiatique et notamment hong-kongais, qui a rendu hommage à Wong Kar-wai. Beaucoup moins exubérant. Mais ses mots transmettaient toute l’admiration qu’il a pour le cinéaste et son cinéma qui l’a « beaucoup marqué et beaucoup inspiré ». Il revient rapidement sur l’histoire du cinéma chinois, l’importance de WKW dans celui-ci et les mots de ce dernier : « quand on fait du cinéma, c’est comme arrivé dans un restaurant complet, il faut trouver sa place». Pour Assayas, « Wong Kar-wai n’a pas eu de mal à trouver sa place. Il l’a trouvée en filmant Hong-Kong à sa manière. Cinéaste poétique, son cinéma est construit sur l’éphémère, l’exil, celui d’une ville construite au bord d’un précipice. Mais pas seulement. Chez Wong Kar-wai on a aussi la nostalgie de la Chine, du Shanghaï des années 30… C’est ce fantôme aussi qui hante Hong-Kong et qui hante son cinéma. Wong Kar-wai est le cinéaste du souvenir du souvenir tout comme Modiano est l’écrivain du souvenir du souvenir. » Puis il revient aussi sur le fait que Wong Kar-wai a changé sa vie puisque dans un sens, c’est par lui qu’il a rencontré Maggie Cheung (au festival de Venise) et qu’il a écrit un film pour elle (Irma Vep) et qu’il l’a finalement épousée.

«L’allégresse visuelle»

Les mots de Bertrand Tavernier succèderont à ceux d’Olivier Assayas. « Impossible de passer après Assayas. En plus, contrairement à lui, je ne suis jamais allé à Hong-Kong, je suis complètement ignorant. » Quand on connaît le personnage Tavernier, l’ignorance n’est pas vraiment un mot que l’on peut utiliser pour le définir! La preuve en est encore une fois avec ce vibrant hommage sublime et poétique qu’il rend à Wong Kar-wai. Il parle de « l’allégresse visuelle» des films de Wong Kar-wai qui passent « de la nuit, de l’ombre aux néons de la ville. Le temps est au coeur de tous les films de Wong Kar-wai et le cœur bat dans tous ses films, écorché, mis à nu, on sent ses pulsations, ses emballements, les moments où il se fige. »

Le magicien chinois et sa muse Esther

Puis c’est au tour de l’homme du jour de monter sur scène et de commencer ainsi : « C’est un honneur d’être reçu ainsi dans la ville qui a vu naître le cinéma. » Et comme ce qu’il sait faire de mieux au cinéma c'est raconter des histoires, il nous raconte celle d’un magicien chinois qui découvrant le cinéma des frères Lumière décide lui aussi de faire du cinéma estimant que c’est ainsi qu’on fera de la magie désormais. « Cela fait 30 ans maintenant que je fais moi-même des tours de magie! »

Il remercie son fils et sa femme Esther, qu’il invite à le rejoindre sur scène. Lui qui à travers ses films dépeint des amours souvent impossibles a ce soir crié son amour à sa femme. « Esther ne vient que rarement sur mes tournages car elle veut me laisser travailler en paix et pourtant elle a toujours été là. Dans tous les personnages féminins de mes films, il y a toujours des éclats d’elle. Je dédie ce soir cet honneur qui m’est fait à ma muse Esther. » Et de conclure par ces mots : « Merci Lumière, merci Lyon et long live cinema! » après avoir reçu le Prix des mains d’Isabelle Adjani.

Le grand homme aux lunettes noires est ensuite rejoint sur scène par tous les invités du festival sur Happy Together de The Turtles interprété en live par le groupe lyonnais Mr Day.

L’obscurité se fait, place désormais à la magie du cinéma avec la projection des Anges déchus...

A l’aventure avec Mon premier festival 2017 !

Posté par MpM, le 21 octobre 2017

Rendez-vous incontournable des vacances de la Toussaint, Mon premier festival est de retour pour une 13e édition placée sous le signe de l'aventure ! La manifestation parisienne invite en effet le jeune public (à partir de 18 mois) à "quitter son cocon, ouvrir ses ailes pour découvrir l’inconnu, affronter les surprises, surmonter ses peurs et vivre des péripéties insoupçonnables", toutes choses rendues facilement possibles grâce à la magie du cinéma.

Concrètement, cela passe par une sélection de 40 films d'hier et d'aujourd'hui comme Le livre de la jungle de Wolfgang Reitherman, Le monde de Nemo d'Andrew Stanton et Lee Unkrich, Les joyeux pirates de l'île au trésor de Iroshi Ikeda, Cadet d'eau douce de Buster Keaton et Charles Reisner, Le chant de la mer de Tomm Moore, Adama de Simon Rouby, Microbe et Gasoil de Michel Gondry ou encore Chicken run de Peter Lord et Nick Park.

Mais l'aventure se poursuit également dans les autres sections du festival, qui proposent un focus sur le cinéma d'Amérique latine, des ciné-concerts, des films cultes, une compétition de dix-sept avant-premières ou films inédits, un hommage au réalisateur Serge Élissalde, des rencontres autour des métiers du cinéma et de nombreux ateliers. La marraine Anaïs Demoustiers a également proposé deux coups de coeur : U de Grégoire Solotareff et Serge Élissalde et Lou et l’Île aux sirènes de Masaaki Yuasa (Cristal du meilleur long métrage au Festival international du film d’animation d’Annecy en 2017).

Parmi les avant-premières, on choisira au gré des envies une version restaurée d'Alice comédie 2, un programme réunissant 4 courts métrages réalisés par Walt Disney himself entre 1923 et 1927 (sortie prévue le 6 décembre) ; La révolte des jouets d'Hermina Tyrlova et Bretislav Pojar, trois chefs d'oeuvre de l'animation tchèque des années 70 (sortie le 4 avril 2018) ; la reprise du film Le jour où la terre s'arrêta de Robert Wise, oeuvre majeure de la science fiction des années 50 (sortie en version restaurée le 3 janvier) ou encore L'étrange forêt de Bert et Joséphine de Filip Posivac et Bara Valecka, deux films d'animation en marionnettes venus de République tchèque (14 février). De quoi passer indéniablement les meilleures vacances de l'année !

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Mon premier festival 2017
Du 25 au 31 octobre
Informations et réservations sur le site de la manifestation

Vincent Lindon retrouve Stéphane Brizé dans Un autre monde

Posté par vincy, le 20 octobre 2017

Stéphane Brizé a commencé mercredi le tournage de son huitième long métrage, un an après la sortie d'Une vie, Prix Louis-Delluc 2016. Pour Un autre monde, coscénarisé avec Olivier Gorce (Chocolat, La loi du marché, Omar m'a tuer), il retrouve Vincent Lindon avec qui il a déjà tourné Mademoiselle Chambon, Quelques heures de printemps et La Loi du marché (César du meilleur acteur, Prix d'interprétation masculine à Cannes). Le reste du casting est composé de non-professionnels, comme pour La Loi du marché.

Un autre monde raconte une histoire qui fait écho à plusieurs situations réelles qui font l'actualité ces dernières années: Deux ans après avoir signé un accord demandant aux cadres et aux ouvriers de faire un effort pour sauver l'entreprise en échange de la sauvegarde des emplois pendant cinq ans, l'usine Perrin Industrie, 1100 salariés, équipementier automobile reconnu, prend finalement la décision de fermer ses portes. Les salariés, emmenés par leur porte-parole Eric Laurent, refusent l'inéluctable et tentent de sauver leur emploi.

Produit par Nord-Ouest, le film a bénéficié d'une aide de la région Nouvelle Aquitaine. Le tournage a lieu dans le Lot-et-Garonne, entre Agen et Fumel, dans l'ancienne usine MetalTemple, et ce durant un mois.

Edito: Le Rouge et le Noir

Posté par redaction, le 19 octobre 2017

On peut voir rouge. L'affaire Weinstein est contagieuse: au Canada, au Royaume Uni, en attendant la France, les langues se délient et certaines personnalités médiatico-culturelles voient en quelques heures leur réputation anéantie. Si on ajoute la une de très mauvais goût, et de très grand cynisme, des Inrocks sur Bertrand Cantat, on pourrait facilement dire que la morale part en couilles à cause de mecs qui croient en avoir en tapant du poing ou en exhibant leur bide (on peut remplacer le d par un t).

Est-ce que cela suffira? Certes, les consciences sont réveillés. Les hashtags sur les réseaux montrent l'étendue de ce crime globalisé et si bien passé sous silence grâce à la domination masculine sur le système. Nul besoin de parler de porc - non pas parce qu'on est spéciste, mais les cochons ont un comportement moins bestial que ces humains -, un "me too" suffit pour quantifier l'ampleur de ce "mal" condamnable. Préférons la victimisation à l'insulte. Préférons aussi la nuance: tous les hommes ne sont pas des sales types libidineux (heureusement) et il est bon de rappeler que des hommes ont aussi été victimes de harcèlement ou d'agression sexuelle (homos ou hétéros).

Rien n'est simple dans cette histoire. Le mâle dominant se voit attaquer sur son talon d'Achille, situé dans le slip: le pénis, son second cerveau. Cela amène certains à faire des commentaires beaufs, en oubliant la souffrance des femmes qui ont du les subir. Cela provoque des réactions indignées ou des incompréhensions méprisantes, en oubliant que la dignité est du côté des victimes qui ont du se taire et ravaler leur colère. Il n'empêche: s'il est salutaire que tout le monde parle, peu importe le milieu professionnel, le pays, la grandeur du traumatisme, attention à ne pas franchir le pas entre dénonciation et délation, à ne pas amalgamer les véritables témoignages des règlements de compte hors-sujet. Cependant le cas monstrueux de Weinstein n'est que la pointe visible de l'iceberg.

De ce scandale, découle d'autres enjeux: une question d'inégalité (salariale pour commencer) entre sexes. Une question d'éducation (où les adultes ont leur part de responsabilité). Une question de société (à commencer par les médias régulièrement sexistes).

Et Le cinéma? Cette machine à fantasmes et reflet du réel, doit aussi réfléchir à la manière dont il fabrique notre vision du monde. Il est capable de militer contre la peine de mort, pour les droits des minorités, mais que fait-il pour les femmes?

De Potiche à Wonder Woman

Les responsabilités et les accès aux postes de réalisation et du scénario sont surtout concentrés dans le cinéma art et essai. Les films d'auteur sont d'ailleurs souvent plus intéressants dans le traitement du féminin (Numéro une, terriblement d'actualité, Jusqu'à la garde, Jeune femme) et affichent frontalement les problèmes d'une société machiste ou misogyne, ainsi que les abus divers, de la violence conjugale aux comportements dominateurs sexistes ou sexuels.

Mais qu'en est-il des blockbusters et des comédies, bref de ces films populaires qui impriment, marquent les consciences collectives? Jean-Pierre Bacri a récemment expliqué, sur France Inter, qu'il a du revoir le scénario du Sens de la fête, et demander aux auteurs de remplacer des personnages masculins par des rôles pour des femmes. Force est de constater que la femme reste, généralement, un second rôle, une potiche, un faire-valoir. Elle doit séduire avant tout. L'homme reste le héros. Il y a bien sur des exceptions et on peut souligner les efforts de Disney et de la littérature jeunesse (Divergente, Hunger Games, Harry Potter) qui impriment dans le cerveau des spectateurs l'image d'une femme puissante, libre, émancipée, et capable de se battre.

C'est donc une bataille culturelle qui s'engage, comme le rappelle La SRF (société des réalisateurs de films) qui trouve là "l'occasion inespérée de lever le voile sur une histoire souterraine que chacun a intégré comme étant légendaire, immémoriale. Une histoire d'inégalité entre les hommes et les femmes, entre les hommes blancs et les autres, les hétéro-normés et les autres, qui mène à des pratiques systémiques jusqu'à présent tolérées et qui sont en train de sombrer avec une certaine idée éculée de la masculinité. Une idée qui altère la communauté des hommes et leur nuit profondément. Nous savons aussi que cette histoire s’inscrit à l’intérieur de celle plus large encore des rapports de pouvoir." Elle ajoute : "Abus de pouvoir, centralisation du pouvoir dans les mains des mêmes, dérives sexuelles s'appuyant sur la part affective à l'œuvre dans le processus de fabrication des films, font de l'industrie du cinéma, qui est loin d'être la seule concernée, une vitrine éloquente de ces abus. La bataille culturelle qui s'annonce ne s'arrêtera pas à quelques têtes qui tombent, satisfaction trouble et temporaire à laquelle nous ne prenons pas plaisir. Elle se mènera sur le terrain de la redéfinition des postes de pouvoir, leur redistribution, leur diversification."

Du citoyen à l'Etat

Mais pas seulement. Car si l'on voit rouge, il ne faudrait pas que l'on broie du noir. Il est essentiel que la dénonciation ne se traduise pas en justice virtuelle populaire. La parole se libère. La souffrance se partage. Mais il est indispensable de passer à l'étape suivante. Du clavier et du #, cette vague doit mener aux tribunaux. La justice doit faire son travail et condamner les agresseurs et harceleurs. Ce n'est pas si simple: aider, accompagner, soutenir les victimes est un chemin de croix pour ne pas dire un calvaire. Il faut former la police, améliorer le suivi psychologique, et surtout faire évoluer les Lois (notamment les délais de prescription). Et cela ne suffira pas tant il est compliqué de "prouver" certains gestes, certains actes, tant nos sociétés et nos esprits sont imprégnés d'une culture patriarcale. Pas simple de passer du malsain au mâle sain.

La SACD a raison de rappeler que "le machisme, le sexisme et la violence ordinaire à l’encontre des femmes dépassent tous les clivages et traversent tous les secteurs professionnels et les milieux sociaux. Ils se déploient au cœur de notre société, dès l’école, dans l’univers professionnel et la sphère publique, dans les quartiers riches comme dans les cités sensibles, dans la rue comme dans l’intimité." Selon la société des auteurs, "La réponse ne peut être qu’éducative, politique et globale pour faire évoluer les mœurs et la société et mieux ancrer la lutte contre le sexisme et les agressions sexuelles au cœur de l’action publique."

En fait, la réponse est en chacun de nous. Nous ne devons plus être les témoins passifs de ce genre de comportements.

Voix d’étoiles, le festival qui met les voix du cinéma d’animation à l’honneur

Posté par MpM, le 19 octobre 2017

Le Festival Voix d'étoiles, dont la 12e édition se tient à Port Leucate du 25 au 29 octobre, est l'unique manifestation au monde consacrée aux voix et aux musiques du cinéma et de la série d’animation internationaux. Il propose notamment une sélection d'avant-premières et plusieurs compétitions, mais aussi des ateliers, des rencontres et des expositions. En tout, plus de 250 heures de projection à destination d'un public jeune et familial.

Parmi les films présentés, on trouvera Ernest et Célestine en Hiver de Julien Chheng et Jean-Christophe Roger, Zombillénium d’Arthur de Pins et Alexis Ducord, La passion Van Gogh de Dorota Kobiela et Hugh Welchman ou encore Cars 3 de Brian Fee. Seront également à l'honneur des séries comme Miraculous de Thomas Astruc, Mafalda de Juan Padron et Les légendaires de Prakash Topsy. Enfin, des courts métrages de fin d'étude seront en lice pour le prix du public.

Côté ateliers, les enfants pourront s'initier au doublage, au bruitage et à la fabrication de films d’animation. Des rencontres sont également prévues avec les invités, notamment Bibo Bergeron, réalisateur de Gang de Requin et Un monstre à Paris, parrain du festival, les voix françaises de Marge et Homer Simpson (Véronique Augereau et Philippe Peythieu) et les comédiens Timothé vom Dorp (Baby boss), Emmanuel Curtil (Zombillénium, Les As de la jungle), Gérard Hernandez (Les Schtroumpfs et le village perdu), Sherine Seyad (Le voyage de Ricky), Lila Lacombe et Lisa Caruso (Ernest et Célestine en Hiver) ou encore Sophie Arthuys (Capitaine Superslip).

Et pour bien commencer cette édition qui s'annonce riche en découvertes, c'est Un conte peut en cacher un autre de Jakob Shuh et Jan Lachauer qui lancera les festivités. Récemment sorti en salles, le film est une adaptation de Roald Dahl qui réinvente les contes de fées avec humour et intelligence. Exactement ce qu'il fallait pour une ouverture pétillante et décalée.

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12e Festival Voix d'étoiles
Du 25 au 29 octobre 2017
Port leucate
Informations et programme sur le site de la manifestation

Adieu Danielle Darrieux (1917-2017)

Posté par vincy, le 19 octobre 2017

Une légende s'éteint. Danielle Darrieux, actrice centenaire, a décidé de s'en aller, discrètement. On espère qu'elle a apprécié un dernier verre de whisky avant de nous quitter. Elle est décédée à Bois-le-Roi, son domicile situé dans l'Eure, le 17 octobre, a annoncé son compagnon Jacques Jenvrin. Elle est né le 1er mai 1917 à Bordeaux. "Alors, l’avenir ? On verra bien. La vie est trop courte. On crève trop tôt. Mieux vaut profiter de tout ce qu’elle vous offre et la raccourcir de quelques années, que vivre en vain durant cent sept ans" disait-elle. De 1930 à 2010, elle aura traversé le cinéma français, comme aucune autre actrice. Sa carrière fut plus riche que celles de ses consœurs de l'époque.

Elle traversa même l'Atlantique. Les Américains, pour qui elle a travaillé à plus d'une reprise -elle fut même une des premières, et des plus valables, à aller travailler à Hollywood en 1938, mais la guerre mit un terme à ce premier envol- la rappellèrent en 1950, puis en 1970, cette fois non pour tourner un nouveau film mais pour faire du théâtre à Broadway et remplacer Katharine Hepburn dans "Coco".

Car Danielle Darrieux a tout joué, la comédie et le drame, elle a chanté aussi, fait du théâtre, du music-hall, de la télé. "Si Danielle Darrieux réussit tout ce qu’elle entreprend, théâtre, cinéma, télévision, chanson, ce n’est pas seulement parce qu’elle est une musicienne pointilleuse (sens du rythme, équilibre de la voix, humour dans les contrepoints), c’est surtout parce que sa santé physique et morale la met à l’abri des glissements morbides, les éclats de rire lui servent de viatique, et les larmes d’exutoire" expliquait Paul Vecchiali dans un texte pour la Cinémathèque française, qui lui a rendu hommage il y a 8 ans.

Lire notre portrait: Danielle Darrieux, charme et élégance

Au cinéma elle débute par Le Bal de Wilhelm Thiele. Le cinéma est à peine parlant. Dès ses débuts, elle annonce la couleur: "Tourner, tourner beaucoup pour devenir vedette et avoir mon nom en gros sur les affiches. Si je parviens au titre de grande star, cela prouvera que j’ai bien servi le cinéma." Mais c'est avec Henri Decoin qu'elle s'épanouira sur le grand écran: J'aime toutes les femmes, Mademoiselle ma mère; Abus de confiance, Retour à l'aube, Battement de cœur, Premier rendez-vous puis La vérité sur Bébé Donge avec Jean Gabin. Elle était déjà une star à cette époque même si sa stature a trouvé ses plus grands rôles dans les années 1950. Ce qui frappe chez Darrieux c'est d'avoir toujours su accepter son âge au cinéma. De ne jamais avoir triché avec. On peut toujours louer sa grâce, sa fantaisie, sa beauté naturelle. Avec plus de 100 films au compteur, on remarque surtout que son jeu, dès ses premières années, était incroyablement moderne, exploitant une forme de spontanéité et s'approchant d'un naturalisme qui n'étaient pas en vogue à cette époque.

Danielle Darrieux était avant la guerre la jeune française moderne et piquante, jouant des comédies virevoltantes, plutôt que l'actrice glamour, mélo ou romantique des grands cinéastes de cette période. Elle était singulière. Et elle l'a toujours demeuré. Elle aimait composer ses rôles, apporter de la subtilité et de la profondeur à ses personnages. Elle essayait déjà d'être atemporelle, elle était déjà spirituelle. Et ça n'a pas pris une ride.

Après la guerre, elle tourne pour Claude Autant-Lara (Occupe-toi d'Amélie, Le bon dieu sans confession, et surtout Le Rouge et le noir, avec Gérard Philipe), Max Ophüls (La Ronde, Le plaisir et bien entendu Madame De...), Christian-Jaque (Adorables créatures), Joseph Mankiewicz (L'affaire Cicéron), Sacha Guitry (Napoléon, Si Paris nous était conté), Billy Wilder (Mauvaise graine), Marc Allégret (L'Amant de Lady Chatterley), Robert Rossen (Alexandre le Grand, avec Richard Burton)... Julien Duvivier la dirige dans Pot-Bouille et la sublime dans son plus grand rôle, Marie-Octobre.

Mais là aussi elle va avoir le flair, l'instinct, la curiosité d'aller voir ailleurs, chez les plus jeunes, passant de Claude Chabrol (Landru) à Henri Verneuil (Les lions sont lâchés), de Romain Gary (Les oiseaux vont mourir) à Jacques Demy. Elle est à jamais Yvonne Garnier, mère des deux jumelles dans Les demoiselles de Rochefort. Les années 1970 sont les plus pauvres de sa filmographie. Grâce à Jacques Demy, qui la considérait comme un "stradivarius",  elle relance la machine avec Une chambre en ville. Elle retrouve Paul Vecchiali, découvre Benoît Jacquot (Corps et biens) et Claude Sautet (Quelques jours avec moi) et surtout continue sa filiation cinématographique avec Catherine Deneuve. Après Demy, elle est de nouveau sa mère dans Le lieu du crime d'André Téchiné, Huit femmes de François Ozon, Persépolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud ou encore Les liaisons dangereuses de Josée Dayan. Elle tourne aussi avec Jeanne Labrune, Thierry Klifa, Anne Fontaine et Pascal Thomas. Son dernier film, Pièce montée, de Denys Granier-Deferre, sort en 2010, date à laquelle elle est arrête tout.

Danielle Darrieux était un mythe (magnifiquement mis en image dans Danielle Darrieux, une vie de cinéma de la tout juste disparue Anne Wiazemsky). Elle était également une comédienne de théâtre, plutôt dans le registre comique: Feydeau, Guitry, Barillet et Grédy (Potiche). Elle fut inoubliable dans les pièces de Noël Coward, Marcel Aymé, Françoise Sagan, en Maud dans Harold et Maud, et il y a 14 ans dans la création d'Eric-Emmanuel Schmitt, Oscar et la dame rose, qui lui valu un Molière de la meilleure comédienne.

Trois Victoires du cinéma (les ancêtres des César), un César d'honneur, un Molière d'honneur. Danielle Darrieux s’est mariée trois fois, avec Henri Decoin, le play-boy Porfirio Rubirosa et le scénariste Georges Mitsinkidès, avec qui elle avait adopté un fils. Une femme libre, vivante, qui a traversé une partie de l'Histoire de France et qui restera parmi les grandes du cinéma français. Quentin Tarantino l'évoque dans Inglorious Basterds et justifie ainsi son amour pour elle: "Si je parle de Danielle Darrieux [dans le film], c’est en tant qu’icône féminine absolue du cinéma français de l’époque."

On se rappellera les paroles de Louis Aragon qu'elle chantait dans Huit femmes: "Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard, Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson, Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson, Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson, Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare, Il n'y a pas d'amour heureux..."

Festival Lumiere 2017 : la solaire Tilda Swinton donne une masterclass rayonnante

Posté par Morgane, le 19 octobre 2017

Il est 11h30, la salle rouge de la Comédie Odéon (ancienne salle du circuit des CNP aujourd'hui transformée en salle de théâtre) est comble et Tilda Swinton, toute en blanc et noir, fait son apparition sous un tonnerre d’applaudissements.

L’ambiance est détendue et la conversation commence, animée par Yves Montmayeur… Une conversation dans laquelle Tilda Swinton se livre sans détours sur sa carrière, sa vision du cinéma, sa vision du métier d’actrice, son rapport à l’univers du cinéma…

Quand Yves Montmayeur lui parle de ses nombreuses facettes (actrice, scénariste, productrice, proche du milieu de l’art contemporain, mannequin…) et de son côté mystérieux en lui demandant si c’est une volonté de brouiller les pistes, elle répond du tac au tac qu’elle n’est aucune de ces choses-là. « Il n’y a aucune différence entre moi et chacun dans cette salle. Je ne suis professionnelle dans aucun de ces domaines. Si on est tous là c’est pour l’amour du cinéma. J’ai été élevée dans un monde où l’art nous appartient, où c’est quelque chose que l’ont fait. »

Tilda Swinton revient alors sur son désir d’écrivain, ses années théâtre à Cambridge et la rencontre dans les années 80 qui a changé sa vie, celle avec Derek Jarman, réalisateur anglais qui travaillait avec le BFI (British Film Institute) et deviendra son mentor. C’est son film, Caravaggio en 1986, qui révèle Tilda Swinton. Dans cet univers, cette "factory", « chacun se sentait à sa place car ce que l’on nous demandait avant tout c’est d’être nous-mêmes. »

Puis grâce à Derek Jarman qui l’a emmenée au Festival de Berlin, Tilda Swinton rencontre d’autres réalisateurs avec qui elle travaillera souvent par la suite. « Ce qui est fascinant c’est de rentrer réellement dans des univers particuliers », chose qu’elle a faite notamment avec Jim Jarmusch, Bong Joon-ho, Wes Anderson…

Elle a traversé de nombreuses frontières, travaillé avec des réalisateurs anglais, américains, coréen, mais pour elle cette classification n’a pas de sens, « il ne faut pas découper le monde en pays, en nationalités, mais en sensibilités. » Quand elle travaille avec quelqu’un c’est uniquement parce qu'elle en a envie. On sent qu’elle va vers un réalisateur, un rôle lorsque l’univers lui parle, lorsque la rencontre se fait. « Je suis très intéressée par les histoires de personnages qui atteignent un précipice », citant Orlando, Julia, Deep Water. Et par précipice Tilda Swinton entend ce moment-clé qui fait basculer la vie de quelqu’un, ce moment où l’on est obligé de sauter, où l’on n’a plus le choix. « Quand je suis le personnage principal, je deviens l’avatar du public pour vivre cette histoire. Pour vous entraîner vous public vers ce précipice. C’est très intéressant et c’est ce que j’aime faire. »

Pressés que nous sommes alors de retrouver ce sublime avatar dans le remake de Suspiria de Dario Argento (1977) dans lequel elle tient le rôle d’une musicienne muette et dont la bande-son (la musique étant extrêmement importante pour elle), nous révèle-t-elle, sera signée Thom Yorke.

Mais le temps file et même si on aurait aimé que cette discussion se poursuive encore, il faut laisser la place… c’est désormais au tour de Guillermo del Toro de venir donner sa masterclass. Bye bye à la « BFI’s baby » devenue grande dame d'un cinéma éclectique et ic^ne d'une pop culture parfois avant-gardiste. Bref, une actrice culte qui venait pour la première fois au Festival Lumière.

3 raisons de ne pas aller voir My Little Pony

Posté par wyzman, le 19 octobre 2017

Habitués à voir ces petits poneys en boucle à la télévision, nous avons voulu savoir ce que donnait l'adaptation cinématographique des jouets My Little Pony. Et outre le fait de ne pas être partis avant la fin du film, ce fut sans doute notre plus grosse erreur.

1. Le scénario est aussi palpitant que celui d'Alice de l'autre côté du miroir. Pendant 99 minutes, le spectateur adulte est en effet contraint de voir le méchant roi Storm envahir Canterlot et s'en prendre à au royaume d'Equestria. En danger et voulant secourir les autres princesses du royaume, Twilight part à la recherche de la reine Novo. Cette dernière serait apparemment la seule à pouvoir aider Twilight et ses fidèles amis Spike, Rainbow Dash, Pinkie Pie, Rarity, Fluttersh et Starlight. Vous l'avez compris, dans My Little Pony - le film, il est question de quête, d'amitié et de courage. On a quand même vu plus inédit pour un film d'animation...

2. Le casting est parfait mais on n'en profite pas. Parce que vous irez sans doute voir My Little Pony avec vos enfants, frères, sœurs, cousins, cousines, neveux, nièce ou autre, vous opterez pour la VF et n'aurez donc pas le plaisir de profiter des voix originales de Zoe Saldana en capitaine pirate, Emily Blunt géniale en fausse méchante, Liev Schreiber en affreux vilain ou encore celle d'Uzo Aduba en reine autoritaire. Bref, un sacré gâchis - à moins que vous ne décidiez de lâcher vos proches pour le voir en VO et pouvoir apprécier ce divertissement loin d'être pédagogique mais franchement fun.

3. Sia est loin d'être au top de sa forme. Au cas où vous l'ignoriez, la chanteuse australienne Sia a d'ores et déjà interprété et/ou composé les bandes originales d'Annie, Transparent, Zootopie, Lion et plus récemment Wonder Woman. Mais pour My Little Pony, elle a eu droit à un poney à son effigie, qui est également une immense popstar dans le film mais dont le tube phare ("Rainbow") est une vraie catastrophe. Et cela, malgré ses quelques 11 millions de vues sur YouTube ! Parolière hors norme, Sia semble au plus bas ici, allant jusqu'à chanter un "I can see a rainbow / In your tears as they fall on down" auquel elle ne croit pas non plus...