Cannes 70 : place aux jeunes avec la Cinéfondation !

Posté par cannes70, le 24 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-55. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


Lorsqu'on pense à Cannes, on a souvent en tête l'image d'un Festival d'"habitués" qui auraient la "carte" et qui réapparaîtraient d'année en année dans une sélection ou une autre. C'est oublier bien vite que certains de ces "habitués" ont été des réalisateurs débutants révélés par le Festival. Mais c'est surtout ignorer l'important volet cannois consacré à la recherche, la découverte et l'accompagnement de nouveaux talents, et que l'on résume assez vaguement par le terme "Cinéfondation". Derrière cette appellation se cachent en réalité trois programmes distincts qui créent à eux-seuls une importante pépinière de talents.

Films d'école


L'aspect le plus connu est celui de la Sélection de la Cinéfondation qui présente chaque année pendant le Festival de Cannes entre quinze et vingt courts métrages d'école venus du monde entier, de la Bosnie-Herzégovine au Vénézuela en passant par l'Egypte, Singapour ou l'Australie. Depuis sa création par Gilles Jacob en 1998, cette section a accueilli plus de 320 films issus d'une centaine d'écoles.

« La Cinéfondation est un extraordinaire espoir pour nous tous, parce qu’elle veut dire que le cinéma a un avenir. Dans la vingtaine de films qui sont visibles à Cannes et qui arrivent du monde entier, je suis sûr qu’il y en a trois ou quatre qui vont nous révéler de grands cinéastes. Alors on sème pour l’avenir, et c’est le but de notre Cinéfondation. Elle s’impose déjà et on attend qu’elle devienne la pépinière des nouveaux talents. Rien ne compte plus pour moi aujourd’hui » expliquait Gilles Jacob en 2003 au site cineuropa.org.

Presque quinze ans plus tard, on a suffisamment de recul pour confirmer que la Cinéfondation a vu éclore depuis sa création une jolie vague de nouveaux réalisateurs passionnants à suivre, de Claire Burger à Nadav Lapid en passant par Deniz Gamze Ergüven ou Emmanuelle Bercot, tous sélectionnés avec leur film d'école, et qui depuis ont eu les honneurs d'une ou plusieurs sélections, d'une caméra d'or (Claire Burger, pour Party girl), de plusieurs César (un pour Claire Burger, deux pour Deniz Gamze Ergüven) et, en ce qui concerne Mustang, d'une nomination à l'Oscar du meilleur film étranger.

Ecriture en résidence

En parallèle, la Cinéfondation propose une résidence destinée aux jeunes réalisateurs en cours d'écriture d'un premier ou deuxième long métrage de fiction, à raison de deux sessions (de quatre mois et demi) par an. Parfois surnommé la "Villa Médicis du cinéma", ce programme créé en 2000 a déjà aidé plus de deux cents cinéastes, dont environ 60% ont pu tourner leur film. Tous sont choisis en fonction de leur parcours (courts métrages ou premier long) et de la qualité de leur projet.

Par exemple, le Srilankais Vimukthi Jayasundar a été sélectionné à la résidence en 2003 avec La Terre abandonnée qui lui a valu la caméra d'or lors de sa sélection à Un certain regard en 2005. Michel Franco a lui écrit Après Lucia (son deuxième long) lors de son passage à la résidence. Le film a ensuite remporté le Prix Un certain regard en 2012.

Dernier exemple frappant, c'est à la résidence que Laszlo Nemes a développé Le Fils de Saul, qui a ensuite gagné le Grand prix (Cannes 2015) et l'Oscar du meilleur film étranger (2016).

Projets à accompagner

Enfin, l'atelier de la Cinéfondation sélectionne, chaque année depuis 2005, une quinzaine de projets de longs métrages. L'idée est d'accompagner les réalisateurs (débutants ou plus confirmés, comme Tsai Ming-Liang sélectionné en 2007 avec son 10e film car il ne parvenait pas à financer son projet par ailleurs) dans l'élaboration pratique de leur projet, qu'il s'agisse de coproduction ou de simple recherche de financement. Cela passe concrètement par des rendez-vous organisés avec des producteurs, des distributeurs et des Fonds d'aides.


Depuis ses débuts, l'Atelier a permis le développement de 186 projets, dont 145 sont terminés et 14 sont actuellement en pré-production. Parmi les plus emblématiques, on retrouve Elève libre de Joachim Lafosse (ensuite sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs), Milk de Semih Kaplanoglu (sélectionné à Venise et annonciateur de Miel qui gagna l'Ours d'or à Berlin en 2010) ou encore Augustine d'Alice Winocour (sélectionné à la Semaine de la Critique et nommé au César du meilleur film).

Le pari est donc gagné pour la Cinéfondation, qui a réussi en moins de vingt ans à devenir un acteur incontournable dans la découverte, le suivi et l'accompagnement de nouveaux réalisateurs. Et demain ? En 2009, Georges Goldenstern, directeur de la Cinéfondation,  avouait envisager d'autres pistes pour parfaire ce travail de défrichage : "Je souhaiterais que d’autres initiatives apparaissent dans le but de continuer à aider les réalisateurs. J’ai des idées (la production, la distribution, le script doctoring, …), mais je ne sais pas encore laquelle suivre." expliquait-il à Format Court. Presque dix ans plus tard, il reste toujours beaucoup à inventer pour permettre aux nouvelles générations d'accéder au devant de la scène.

Mais puisque le sujet est vaste, rendez-vous demain ! A J-54, on vous parlera plus précisément de quinze réalisateurs passés avec succès par la Cinéfondation.

Marie-Pauline Mollaret pour Ecran Noir

Cinélatino fait la part belle aux documentaires

Posté par Morgane, le 24 mars 2017

Au 29e Cinélatino de Toulouse, sept documentaires sont en compétition, quatorze dans la section Découvertes et d'autres dans les différents focus du festival...

J'ai eu l'occasion d'en découvrir quelques-uns, avec des sujets très variés et une manière de les aborder et de les filmer tout aussi différente.

Il y aura tout le monde. Ce documentaire de 2008 est réalisé par la colombienne Maria Isabel Ospina. Elle se penche sur sa famille et à travers elle, plus largement, sur la société colombienne en général. Le libéralisme à outrance et la violence qui en découle ont fait éclater de nombreuses familles colombiennes dont beaucoup de membres se voient condamner à l'exil pour s'en sortir. Là où plusieurs générations vivaient encore ensemble, ou en tout cas à proximité, les familles se retrouvent éparpillées. Dans celle de la réalisatrice, certains sont partis aux États-Unis, que ce soit à Los Angeles ou à Miami, d'autres se sont installés en Europe comme ellecas qui vit en France depuis 2000. Quant à ceux qui sont restés, le quotidien est très difficile. Dur de joindre les deux bouts, chacun essaie de se débrouiller comme il peut. Ils tentent donc de se réunir de temps à autre avec les "exilés" mais tous ne peuvent pas revenir avec ce constat amer "qu'il n'y aura plus jamais tout le monde." On sent les cœurs serrés, les larmes aux yeux qui parfois ne se retiennent pas de couler. Maria Isabel Ospina promène sa caméra avec elle au sein de sa famille, de manière touchante mais sans aucun pathos, se demandant en toile de fond comment les liens d'une famille peuvent subsister à un tel éclatement.

Rios de la patria grande. Ici on retourne quelques années en arrière dans les pas du cinéaste bolivien Humberto Rios installé en Argentine en 1960 puis exilé au Mexique pendant la dictature. Cinéaste militant, "El Negro" comme on l'appelle alors, il devient une des figures phares du cinéma social de l'Amérique latine. Le parti pris artistique du film est parfois déroutant et assez confus mais le propos reste intéressant.

Sexo, pregaçoes e politica. On traverse la frontière pour se retrouver au Brésil. Aude Chevalier-Beaumel est française mais vit au Brésil depuis 10 ans. Elle a travaillé avec Michael Gimenez à plusieurs reprises et c'est ici leur première co-réalisation. Ils sont partis de la mort de Jandira, jeune femme dont le corps a été retrouvé calciné alors qu'elle était partie se faire avorter dans une clinique clandestine. Rappelons qu'au Brésil l'avortement est strictement interdit sauf dans les cas de viol, d'anencéphalie ou de danger mortel pour la mère, sachant qu'avec la présence de plus en plus grande des évangélistes au sein du Parlement, l'avortement en cas de viol est désormais remis en question. Les deux réalisateurs ont donc pris comme point de départ cette question qui a tué Jandira?. Ils ont interviewé un grand nombre de personnalités cumulant les fonctions de député et pasteur ainsi qu'un député à l'opposé du cercle politique, pro-LGBT et lui-même homosexuel, et des femmes activistes et engagées dans des associations féministes se battant notamment pour le droit à l'avortement. Que dire de ce documentaire à part que les propos tenus sont tout simplement hallucinants. Tellement hallucinants que s'il s'agissait d'une fiction, on n'y croirait pas. Quant à la forme du documentaire, elle reste plutôt classique mais efficace et didactique. Le film produit au Brésil sera donc diffusé à la télévision brésilienne. Les réalisateurs présents à l'issue de la projection nous expliquent qu'ils n'ont eu aucune difficulté à rencontrer ces évangélistes (politiques ou non) et à recueillir leurs discours et leur parole très libérée. Ce sont des personnes qui ont l'habitude au Brésil d'être sur le devant de la scène, qui touchent des milliers de personnes, engrangent des sommes astronomiques et au final, même si ici le film est clairement orienté contre eux, cela leur fait de la publicité. On ressort de la salle quelque peu sonné et convaincu qu'en ce qui concerne le droit des femmes il est certain que même en 2017 rien n'est vraiment acquis, malheureusement.

Guatemala: cuando el futuro perdio el miedo. On remonte en Amérique centrale pour s'arrêter au Guatemala. Là encore, c'est un film coup de poing sur l'histoire guatémaltèque. En 1h30, Jordi Ferrer survole plus d'un siècle d'histoire. Alors, bien sûr, d'aucuns trouveront justement qu'il survole trop rapidement certains points qui mériteraient de s'y arrêter bien plus longuement, mais le réalisateur dresse ici de manière très intéressante la toile de fond d'un petit pays à l'histoire fort tourmentée. Un film instructif, émouvant mais sans pathos (et pourtant vu les crimes de guerre perpétrés dans les années 80, la frontière aurait pu facilement être franchie) qui dépeint le portrait d'un pays dont les communautés indigènes ont énormément souffert (et là c'est un euphémisme) et qui offre aujourd'hui encore le visage d'un pays malade se son extrême violence et de sa corruption à tous les échelons ou presque.

Jerico, el infinito vuelo de los dias. Suite à ces documentaires sombres et difficiles sur une Amérique latine à l'histoire si souvent tourmentée, le documentaire sur Jerico de la réalisatrice Catalina Mesa fait souffler une petite brise fraîche et colorée sur Cinélatino. Partie là-bas pour faire le portrait de sa grande-tante, la réalisatrice a finalement recueilli la parole d'une génération de femmes. Personnages pleins d'humour et hauts en couleur,  ces femmes discutent entre elles, souvent à deux, et Catalina Mesa les observe avec sa caméra tout en discrétion. Elles se remémorent leurs histoires d'amour, leurs peines de coeur, leurs rêves accomplis, leurs regrets, leurs tristesses mais surtout leurs espoirs. Dans ce village tout en pente aux façades colorées magnifiques, la réalisatrice filme ces femmes de très belle manière avec une grande pudeur et beaucoup de poésie. Les mains travaillent, les langues se délient en même temps, les rires éclatent et les larmes coulent parfois. On rit avec elles, notamment avec Chila et son franc-parler ou avec Luz qui prie les Saints mais les gronde aussi pour qu'ils l'écoutent mieux!. Et en sortant de la salle on rêve juste d'aller passer quelque temps dans ce village colombien perdu au coeur de la Vallée du café... La réalisatrice, présente lors de la projection, dit avoir voulu montrer un autre visage de la Colombie. "Certes, il faut regarder la part d'ombre pour la changer, mais il ne faut pas regarder que ça." (pour en savoir plus sur le film et son parcours, rendez-vous sur ce blog)/

Cannes 70 : 2012, l’année du Brésil

Posté par cannes70, le 23 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-56. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


La Semaine de la Critique vient d'annoncer le nom du président de son jury 2017 : Kleber Mendonça Filho. Avec ses courts-métrages et son premier long, Les Bruits de Recife, il s'est rapidement imposé comme l'un des cinéastes les plus vibrants du cinéma contemporain, filmant magnifiquement son pays, avec une profondeur politique et sociale forte et un attachement à des personnages féminins qui résistent aux vicissitudes du monde qui les entoure et s'ancrent dans les lieux dans lesquels elles évoluent. Un ressenti conforté par son deuxième long-métrage, Aquarius, avec Sonia Braga, l'une des plus grandes actrices de l'Histoire du cinéma brésilien, qui trouvait là l'un de ses plus beaux rôles.

Le film est hélas reparti bredouille de la compétition officielle mais le cinéaste a de grandes chances d'être le premier à succéder à son compatriote Anselmo Duarte qui est, jusqu'à présent, le seul brésilien titulaire d'une Palme d'or avec La Parole donnée en 1962. Trois ans plus tôt, Orfeu Negro, très brésilien dans son «essence» artistique, recevait les mêmes honneurs, mais cette adaptation du mythe d'Orphée est l'oeuvre d'un cinéaste français (Marcel Camus) qui représentait la France.

L'an dernier encore, le documentaire Cinema Novo d'Eryk Rocha, dédié à ce mouvement révolutionnaire brésilien, fut présenté à Cannes Classics, recevant du jury de l'Oeil d'or le trophée du meilleur documentaire présentés lors du festival. Profitons de cette invitation à Kleber Mendonça Filho pour évoquer en premier lieu une année marquante pour le cinéma brésilien à Cannes : 2012 lorsque le Brésil fut honoré en tant que « pays invité » par la direction du festival.

Cinq générations réunies le temps d'une édition

Toutes les générations furent réunies, au moins virtuellement, durant les douze journées de cette 65e édition. Le vétéran de l'édition était l'un des plus grands et des plus vénérables représentants de ce cinéma : Nelson Pereira Dos Santos, né en 1928. Il était le co-réalisateur (avec Dora Jobim) d'un documentaire sur un autre grand nom du pays : The Music According to Antonio Carlos Jobim. La musique et les chansons de l'auteur des chansons Garota de Ipanema (alias The Girl from Ipanema) ou Desafinado et autres succès de la Bossa Nova s'enchaînaient dans un montage enlevé et brillant, avec des versions venues de tous pays dont la France (représentée par Lio et Henri Salvador!), les Etats-Unis avec Sarah Vaughan, Judy Garland, Ella Fitzgerald, Frank Sinatra, Sammy Davis Jr, Gerry Mulligan, Errol Garner ou Oscar Peterson mais bien sur du Brésil, avec Chico Buarque, Vinicius de Moraes (auteur de la pièce qui a inspiré Orfeu Negro, déjà mis en musique par Jobim) ou Carlinhos Brown. Aucune lassitude dans ce pot pourri, malgré la répétition des thèmes en de multiples versions, de la plus magique à la plus ringarde.

Évidemment, il ne s'agit pas de l'oeuvre la plus marquante de Nelson Pereira dos Santos qui a commencé à tourner au milieu des années 50 et avait déjà réalisé un autre documentaire, biographique, sur Jobim : A Luz do Tom. Il a participé à la compétition officielle à quatre reprises, avec notamment Sécheresses (Vidas Secas) en 1963, un chef d'oeuvre sur la misère dans les campagnes, inspiré par le néo-réalisme italien ou L'Aliéniste en 1970, satire politique dans laquelle tous les habitants d'une ville de bord de mer finissent par se retrouver dans un asile. Dans un entretien à l'AFP en 2012, Nelson Pereira dos Santos, déclarait : «Il est important que le cinéma aujourd'hui soit pluriel, à la différence de l'époque du Cinema Novo quand il y avait une polarisation thématique parce que nous devions combattre la dictature et montrer la réalité d'un Brésil que la censure voulait cacher».

La présentation de ce documentaire musical avait eu lieu en sa présence mais aussi en celle de ses compatriotes Karim Aïnouz (né en 1966, membre du jury Cinéfondation et courts-métrages) reconnu pour ses portraits de marginaux courageux, dont Madame Satã (Un Certain regard, 2002) et Carlos Diegues. Né en 1940, il est l'un des derniers grands noms du Cinema Novo encore en activité, présent à trois reprises en compétition officielle, notamment avec Quilombo en 1984. Il était présent cette année-là en tant que président du jury de la Caméra d'or mais aussi pour accompagner son film Xixa da Silva (1976) à Cannes Classics, section de patrimoine où l'on retrouvait aussi le documentaire Cabra Marcado para Morrer d'Eduardo Coutinho. Lire le reste de cet article »

Edito: Le cinéma n’est pas mort, vive le cinéma!

Posté par redaction, le 23 mars 2017

Il n'y a aucune raison d'être désespéré. Malgré les smartphones, malgré les séries, malgré le prix du billet de cinéma, le film en salles rapporte encore beaucoup d'argent. Et attire les masses. Rien qu'hier, La Belle et la bête a séduit près de 270000 français et Sage femme a conquis plus de 60000 spectateurs. Pour la 18e édition du Printemps du cinéma, ce sont 2,78 millions de cinéphiles qui sont entrés dans une salle en trois jours, soit 13% de plus que l'an dernier.

Et au niveau mondial, c'est un record qui a été enregistré en 2016 avec un box office global estimé à 38,6 milliards de dollars (sur 164000 salles répertoriées), et ce, malgré une stagnation des recettes en Chine. En Amérique du nord, la fréquentation est stable et les recettes sont en légère hausse grâce aux spectateurs cinévores (11% de la population des Etats-Unis et du Canada sont des spectateurs fréquents et ils représentent 48% des tickets vendus). La bonne nouvelle est que le cinéma américain a réussi à inverser la tendance du vieillissement des spectateurs. Les jeunes, et notamment cette fameuse génération des "millenials" qui aime tant les jeux vidéos et Youtube, ne s'empêche pas d'aller voir un bon gros film pop-corn, avec une moyenne de 6,5 films par an (en légère hausse). En fait les cinémas américains voient plutôt moins de quadras et de retraités. Peut-être une question d'offre?

Mais attention: les recettes sont en baisse en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et surtout en chute en Amérique latine. La hausse du box office international (71% des recettes globales) provient essentiellement de la zone Asie/Pacifique.

On peut quand même être soulagé de voir que le grand écran reste un loisir populaire et en vogue. Il a des atouts: des salles toujours plus modernes et confortables, des abonnements permettant de réduire le prix du billet tout en fidélisant le spectateur, des fauteuils et du son qui s'adaptent très bien à des films à sensation. Cependant, c'est bien la diversité des films qui reste la condition indispensable pour conserver ce pouvoir d'attraction, et s'adresser à tous les publics. Et si en France, cette variété est plutôt bien assurée grâce à une production dynamique (mais peut-être pas assez exigeante), il s'installe une disparité sérieuse et inquiétante, dans tous les pays, y compris l'Hexagone, entre les grosses productions et les films du milieu pour ne pas parler des premiers films et des petits budgets, quand il s'agit de marketing et de distribution.

Cinélatino 2017 : focus sur une jeunesse délaissée

Posté par Morgane, le 23 mars 2017

Jesus de Fernando Guzzoni (long-métrage en compétition), film chilien de 2016 et Gasolina (long-métrage du focus consacré à Julio Hernandez Cordon), film guatémaltèque de 2008, sont séparés par plusieurs frontières et plusieurs années mais se rejoignent néanmoins sur le thème abordé : celui d'une jeunesse paumée, abandonnée.

Dans le film Gasolina, le réalisateur suit ses trois personnages à la façon d'un road movie. Les trois adolescents vivent dans une banlieue résidentielle de Guatemala. Leur quotidien semble s'articuler autour de virées nocturnes sans but qu'ils effectuent dans la voiture de Gerardo. Dans une sorte d'errance crépusculaire, ils cherchent un peu d'essence en vidangeant des voitures et quelques centaines de pesos pour partir voir la mer. Ils déambulent dans cette ville qui n'y ressemble pas, passant de maison en maison, se brouillant puis se rabibochant, sans but plus précis que d'atteindre un jour la plage. Le spectateur se laisse prendre au jeu dans cette douce torpeur aux côtés de ces trois ados le plus souvent têtes à claques qui cherchent les embrouilles mais qui s'avèrent finalement très attachants. Jusqu'au moment où l'irréversible se produit... Ce premier long métrage de Juan Hernandez Cordon est très maîtrisé jusqu'à la surprise finale qui semble prendre de cours le spectateur tout comme les protagonistes.

L'irréversible se produit également dans le film de Fernando Guzzoni à la différence près que dans Gasolina l'irréversible sonne la fin du film alors que dans Jesus cet acte est le tournant du film. Jesus est un jeune adolescent de 15 ans qui vit seul avec son père à Santiago du Chili. Il passe ses nuits avec ses quatre potes entre drogue et alcool. Dans Gasolina, les adolescents paraissaient juste vouloir tromper l'ennui et passer le temps. Ici, la jeunesse semble désillusionnée, n'ayant rien à perdre et cherchant à repousser ses limites tout en se cherchant elle-même. Mais le groupe d'ados dérape une nuit dans un parc et c'est là que tout bascule pour Jesus. On suivait une errance et on suit désormais une repentance ou tout du moins une prise de conscience.

Le réalisateur est parti d'un fait réel qui l'avait choqué, c'est pourquoi "les scènes de violence sont réalistes et cruelles" nous dit-il. Certaines scènes sont en effet très violentes, à la limite du supportable pour le spectateur, et leur réalisme en accentue bien évidemment la violence. "Un jeune homosexuel avait été agressé dans un parc et de suite les médias avaient annoncé que c'était l'oeuvre de néonazis. J'ai donc fait des recherches sur les assassins. L'un d'eux était un imitateur de Michael Jackson et était bisexuel. Un autre appartenait à une tribu urbaine du monde oriental. Seulement l'un d'entre eux avait déjà commis un vol. La presse a simplifié ce crime avec une réflexion binaire de type méchants/gentils. Ces jeunes avaient la même origine sociale, les mêmes lieux de vie et de rencontre et c'était donc finalement un crime fratricide, et c'est cela que j'ai voulu montrer."

Un film dur devant lequel on a parfois envie de fermer les yeux. Il prend aux tripes et dérange jusque dans son dénouement final. On en ressort pris entre deux pensées, l'envie de trouver des excuses à cette jeunesse laissée pour compte face à ce crime tout à fait inexcusable. La violence de ce qu'on appelle très injustement un fait divers et qui devrait être exceptionnel au lieu d'être aussi banal.

5 raisons de ne pas aller voir Going to Brazil

Posté par redaction, le 23 mars 2017

Going to Brazil est un film signé Patrick mille, en salles depuis hier. A la vue du film, ona préféré ne pas perdre trop de temps. Le pitch est digne, comme souvent ces derniers temps, d'un article de magazine féminin, mixé avec le concept désormais très recherché du Very Bad Trip: "La folle aventure de trois copines invitées au mariage de leur meilleure amie au Brésil (hello Babysitting 2, non mais franchement on a combien d'amis qui ont les moyens de faire leur mariage au Brésil?!, ndlr). À peine arrivées à Rio, elles tuent accidentellement un jeune homme trop insistant (oh le méchant autochtone! Le harcèlement mérite-t-il une peine capitale?!, ndlr). Dès lors, tout s'emballe...!"

Bon déjà dans le dossier de presse, on avait un peu peur. Le comédien - cinéaste Patrick Mille, qu'on aime plutôt bien, se justifiait à coup de clichés: "Je voulais tourner à l’étranger, et je suis fou de Rio et du Brésil, qui me fascine depuis que je suis petit. J’aime les Brésiliens, leur musique, leur cinéma, leur Histoire, bien sûr leur football donc je suis allé trouver Dimitri Rassam, et je lui ai dit : c’est une comédie avec des filles, il leur arrive des bricoles , et c’est au Brésil. C’est comme ça que j’ai vendu mon film". Petite pensée aux scénaristes qui triment pour vendre leur belle histoire au fin fond du Cotentin.

Il choisit donc un casting sexy, plus jeune que dans la première version du script. Vanessa Guide, Alison Wheeler, Margot Bancilhon et Philippine Stindel ont l'avantage d'être très jolies, drôles, et pas chères.

Cependant, comme on vous l'a promis, on a décidé de vous dire pourquoi ce film ne mérite guère qu'on s'y attarde. On peut toujours y voir du énième degré dans certains gags ou certaines séquences: l'ensemble laisse un arrière-goût désagréable pour les 5 raisons suivantes.

1. Cette manie de mal jouer sur les clichés. Les Brésiliens aiment la chirurgie et l'Amérique du Sud est connue pour ses histoires de corruption. Le film ne va pas plus loin que ça et joue avec des stéréotypes datés en espérant que ça va rendre le scénario un peu plus crédible. Sauf qu'au final, on se dit que ça se passe certes au Brésil mais que l'histoire aurait pu être transposée n'importe où ailleurs, tant qu'il y a une plage, des jeunes gens beaux et riches et de la corruption !

2. Les personnes principaux sont des femmes mais c'est sexiste et misogyne. Le film explique que : 1) si tu te fais larguer, c'est forcément de ta faute (si tu es une femme) ; 2) pour être épanouie, il faut que tu baises et donc que tu sois baisée par un mec (le sexe lesbien n'étant apparemment pas une option) ; 3) les Françaises sont des cochonnes donc on peut tout faire avec elles, elles seront toujours partantes — même dans le cas d'un viol ; 4) si un mec te largue c'est sans doute parce que tu baisais mal ; 5) en cas de grossesse, ton corps est avant tout un réceptacle qui n'est plus tien mais appartient au père de l'enfant (surtout s'il est riche).

3. C'est souvent raciste. Oh ce racisme est légèrement et bien dissimulé. Mais nous n'avons pas manqué les multiples blagues raciales qui ne sont pas forcément drôles et les rares filles de couleur dans le film sont réduites à des rôles de pseudo militaires qui sont aussi des esclaves sexuelles.

4. La scène musicale est mal introduite, mal jouée et mal mise en scène. La bande de filles arrive dans une maison pleine de monde et leur hôte se lance dans un grand numéro de transformisme qui amène à une scène pro-partouze. Et comme si ça ne suffisait pas, le playback de la scène est absolument dégueulasse !

5. Il y a un mauvais traitement des corps. Les femmes sont nues pour signifier du désir sexuel, la nécessité de se reproduire ou d'arriver à la jouissance (du côté de l'homme) alors que les rares hommes nus le sont juste pour évoquer une forme d'état naturel, de retour à un mode de vie simple.

Cannes 70 : Souvenirs d’un cinéphile espagnol sur la croisette

Posté par cannes70, le 22 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-57. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


Je suis allé à Cannes pour la première fois en 2009. J’étais un étudiant barcelonais qui prenait la route avec quatre copains de classe pour se rendre au Festival. Nous avions juste une accréditation cinéphile qui nous avait été attribuée en raison de notre statut d’étudiants en cinéma. Quand je commence à écrire cet article, j’ai l’impression d’y aller à nouveau, encore une fois, et je pense à la voix de Joan Fontaine dans le début du film d’Hitchcock, Rebecca : "Last night, I dreamt I went to Manderlay again".

Nous avions récupéré nos accréditations et essayé de rentrer dans plusieurs salles avec le culot de ceux qui ne connaissent pas la hiérarchie cannoise. La désillusion fut grande quand nous nous sommes fait refouler de la salle de la Soixantième, qui est normalement destinée aux journalistes et à une partie du Marché du film. Et si nous étions venus à Cannes pour rien ? Le responsable de Cannes Cinéphiles nous avait parlé du théâtre de la Licorne, du Studio 13… mais nous voulions être présents sur la Croisette. Nous regardions avec jalousie les accréditations qui défilaient devant nos yeux : jaunes, roses, bleues… Ils allaient passer devant nous même si ça faisait déjà trois heures qu’on attendait pour accéder à la salle de la Quinzaine, au Théâtre Croisette du JW Marriott. Les trois heures de rigueur, les trois dernières avant de découvrir un nouveau film, un de plus.

Je me demande quelle est ma première image du Festival de Cannes en arrivant. Le premier film à Cannes était Tetro (Francis Ford Coppola, 2009). J’ai failli me faire refouler de cette séance également. "Faites passer deux personnes en plus." Ces deux dernières furent Sergi, un de mes amis proches, et moi. Les yeux de Vincent Gallo, fixés à jamais sur un papillon de nuit qui se bat pour sortir d’une ampoule allumée. Nous en avons parlé toute la nuit, dans des débats, une bière pas chère à la main et un sandwich en guise de repas, toujours achetés aux mêmes endroits, aux mêmes visages, aux mêmes "Vous-avez-un-accent-vous-venez-d’où ?". Nous ne savions pas exactement ce que nous faisions à Cannes, nous n’avions pas de réponse précise, mais c’était excitant, très excitant.

Parfois on se séparait : "Je vais voir le film de Ciro Guerra et tu vas voir le film de Hong Sang-soo". Le film était merveilleux ! J’ai encore des frissons quand je repense à Los viajes del viento (Les Voyages du vent, Ciro Guerra, 2009) et à la présentation de l’équipe. Le film était présenté à Un Certain Regard et les acteurs du film se sont mis à jouer du Vallenato avec leurs accordéons. Je pensais juste à sortir de la salle pour en parler avec le reste de mes copains. En sortant de la salle, ils avaient aperçu Hong Sang-soo et avaient commencé à le suivre pour lui parler. Apparemment, Hong Sang-soo, pas d’humeur à discuter, commença à accélérer la marche. Finalement, ils l’avaient perdu de vue…

Scorsese’s surprise

Nous essayions pour la première fois de rentrer dans la salle Debussy, sur la Croisette. On percevait, de loin, les visages des journalistes espagnols, avec leurs accréditations respectives qui pendaient à leurs cous. Ces journalistes avaient contribué, sans le savoir, à encourager nos premières passions cinéphiles. "Gorina, som catalans. Què tal la nova de Lars Von Trier ?" (Gorina, nous sommes catalans. C’était bien le nouveau film de Lars Von Trier ?). Àlex Gorina, critique de cinéma, nous sourit et répondit : "Ah, salut. Bon, comme-ci comme ça. Ce n’est pas son meilleur film. Vous allez voir". On souriait malgré notre déception. Pas question qu’un film aussi attendu qu’Antichrist ne soit pas excellent ! Il nous a fallu attendre le lendemain pour avoir la possibilité de le voir.

Entretemps, nous avons réussi à entrer dans la salle Debussy, alors qu’on ne s’y attendait absolument pas. Les agents d’accueil nous demandèrent de nous installer au deuxième rang, histoire de remplir les sièges vides. Nous allions voir la restauration du film Red shoes (Les chaussons rouges, Michael Powell et Emeric Pressburger, 1948). Thierry Frémaux monta sur scène pour annoncer l’arrivée de Martin Scorsese, qui présenta la séance. Je crois bien que c’était une surprise. Martin Scorsese ! Quelqu’un dans le public cria : "We love you, Marty !". "Merci, merci. Speaking of love… ", répondit-il. Juste derrière nous étaient assis Ang Lee, Tilda Swinton et Thelma Schoonmaker, la merveilleuse monteuse des films de Marty.

Le plus fascinant (et perturbant) de notre première visite à Cannes fut le plaisir complètement fétichiste qu’on expérimentait juste à être là. On ne faisait rien de particulier : on regardait des films, on mangeait, on parlait cinéma, on buvait. Au final, on se retrouvait seuls, face à l’écran, et on se laissait bercer par ces images désirées, ces bouts de mémoire qui sont ancrés en nous pour toujours.

Rêve de cinéma

Je me souviens de la projection de La Terre de la Folie de Luc Moullet à la Quinzaine. C’était la séance de 9h du matin, comme à l’école. Luc Moullet était présent dans la salle et je me souviens de ce film avec beaucoup de tendresse car c’est le premier film durant lequel je me suis assoupi pour me noyer dans un cauchemar. Je tombais du ciel pour me retrouver dans un siège au troisième rang. La sensation de me réveiller devant un écran dont jaillissaient des images en perpétuel mouvement me rassura. Je n’avais pas besoin de rester éveillé. Je pouvais continuer à dormir tranquille. Malgré mon sommeil, les bobines de la pellicule continueraient à tourner avec acharnement.

Miquel Escudero Diéguez de Critique-Film

BIFFF 2017 : rendez-vous avec Park Chan-wook, Alejandro Amenabar et Fabrice Du Welz

Posté par kristofy, le 22 mars 2017

Qu'est-ce que le BIFFF ? Peut-être le plus grand festival du monde où le spectacle n’est pas sur un tapis rouge mais tout simplement dans ses salles de projection…

Autrement dit le Bruxelles International Fantastic Film Festival, qui fête cette année son 35e anniversaire : « On se rend très vite compte que le BIFFF comblait un manque. On se souvient de notre ami Dario Argento, de Wes Craven en train de gribouiller le scénario de 'People under the stairs' dans un resto bruxellois, de  Luc Besson qui déjà ambitieux fulmine en ratant le Corbeau d’Or avec Le dernier combat, de Peter Jackson qui nous parle d’un projet fou: l’adaptation du Seigneur des anneaux…»

Pour cette édition spéciale, le BIFFF va rendre hommage en leur présence aux réalisateurs Park Chan-wook et Alejandro Amenabar. Il y aura aussi une masterclass de Fabrice Du Welz et la première de son film Message from the King. Entre The girl with all the gifts de Colm McCarthy et The Bar de Alex de la Iglésia, en clôture et en ouverture, c’est quasiment 150 films qui seront proposés pendant une douzaine de jours. L’occasion de croiser des invités aussi différents que Yoshihiro Nishimura pour Meatball Machine Kodoku, Jason Flemyng pour son Eat Local, le jeune Nathan Ambrosioni pour son film Therapy (réalisé à 16 ans), et dans les différents jurys Macarena Gomez, Jean-Jacques Rausin et Xavier Seron, Axelle Carolyn, l’icône suedoise Christina Lindberg…

L’Asie sera comme d’habitude  très présente avec un large panorama de films dont on déplore déjà qu’ils ne soient pas (mieux) distribués en France, y compris les derniers opus des plus grands cinéastes de genre : Call of heroes de Benny Chan, Headshot des Mo' Brothers (avec Iko Uwais), Little nightmares de Takashi Shimizu, Psycho Rama de Anurag Kashyap, Operation Mekong de Dante Lam, Antiporno de Sono Sion, la version de Death Note: Light Up The New World de Shinsuke Sato, Kung-fu Yoga de Stanley Tong (avec Jackie Chan), et le célèbre Tunnel de Kim Seong-hun (sortie le 3 mai).

Bruxelles sera par ailleurs le lieu idéal pour découvrir en avant-première Free Fire de Ben Wheatley, The Oath de Baltasar Kormakur, The Limehouse Golem de Juan Carlos Medina, Small Town Killers de Ole Bornedal…

Voici un court aperçu à dominante fantasy, thriller et science-fiction de cette édition d'ores et déjà incontournable.

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35e édition du Brussels International Fantastic Film Festival
Du 04 au 16 avril 2017, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles
Infos et programmation sur le site de la manifestation

Cannes 2017 : Cristian Mungiu présidera le jury des courts métrages et de la Cinéfondation

Posté par MpM, le 22 mars 2017

C'est le réalisateur, scénariste et producteur roumain Cristian Mungiu qui présidera le Jury de la Cinéfondation et des Courts Métrages en mai prochain à Cannes.

Son histoire était déjà intimement liée à celle du Festival puisqu'il y a remporté une Palme d'or (en 2007, avec son deuxième long métrage 4 mois, 3 semaines, 2 jours), un Prix du scénario et de l’interprétation féminine (Au-delà des collines en 2012) et un Prix de mise en scène (l'an passé, pour Baccalauréat). Il a également fait partie du jury de Steven Spielberg en 2013.

Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, le représentant de la Nouvelle vague roumaine (qui succède à Naomi Kawase) devra décerner la Palme d'or du court métrage ainsi que les prix de la CInéfondation.

Selon le communiqué du Festival de Cannes, le futur président a déclaré : "Reconnaître la valeur, l’originalité, dans le cinéma n’a jamais été facile. Reconnaître la valeur de très jeunes cinéastes, c’est encore plus difficile. Mais la Cinéfondation est connue pour avoir réussi à le faire avec grande efficacité. La Cinéfondation a toujours donné aux jeunes cinéastes l’aide et la reconnaissance dont ils avaient besoin en tout début de carrière afin qu’ils s’expriment avec courage et qu’ils puissent trouver leur voix. Je souhaite que ça continue pendant longtemps avec la même efficacité et je suis fier d’être associé à cette démarche."

De son côté, Gilles Jacob, président de la Cinéfondation, lui a rendu un hommage vibrant : "Cristian Mungiu fait glorieusement partie de cette école roumaine que Thierry Frémaux a mise en valeur dès les années 2000. Il suffit de voir l’intelligence et les ramifications interactives d’un scénario comme Baccalauréat pour reconnaître que Cristian est l’examinateur rêvé pour faire passer le bac du Festival, c’est-à-dire la Cinéfondation et les courts métrages. Comme titrait le grand Dreyer dans un de ses courts, en 48 : Ils attrapèrent le bac… Bonne chance aux candidats !"

Cannes 70 : de Jeanne Moreau à Monica Bellucci, maîtresses et maîtres de cérémonie

Posté par cannes70, le 21 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-58. Et pour retrouver le début de la série, c'est par .


La nouvelle vient de tomber : pour son 70e anniversaire, le Festival de cannes fait revenir l'actrice Monica Bellucci dans le rôle particulièrement convoité de maîtresse de cérémonie. Chaque année, c'est en effet la maîtresse (ou le maître) de cérémonie qui donne le ton au Festival en ouvrant le bal de sa douce voix et/ou avec son charisme. À elle (ou lui) la lourde tâche d'animer les cérémonies d'ouverture et de clôture avec charme, humour et grâce. Pour une fois, ce rôle est majoritairement tenu par des femmes (#girlspower ou banal effet glamour ?), à savoir dix-sept femmes "MC" contre seulement quatre hommes en 24 ans.

Alors que le Festival existe depuis 1946, la fonction de maître de cérémonie n'a été créée qu'en 1993 (date de sa première diffusion en direct sur Canal+) avec la légende Jeanne Moreau. C'est en effet l'actrice à la voix rauque et à la beauté atypique qui a endossé le rôle pour la première fois. Rôle qu'elle a d'ailleurs tenu à nouveau en 1997.

Un maître de cérémonie se doit de capter l'attention de son auditoire tout en lui faisant passer un bon moment. C'est une sorte de chauffeur de salle en culotte de velours, en gros. C'est ainsi que souvent des acteurs de comédies ont brillé (ou donné la nausée, c'est selon) au grand palais du festival. Si Laurent Lafitte nous a offert la folle envie de nous arracher les oreilles et de nous les mettre au fion l'année dernière lors de sa présentation, Edouard Baer, lui, a su étinceler en 2008 et 2009 (deux années consécutives, cela veut tout dire). Il a su amuser le public avec subtilité à l'inverse de son camarade de 2016. Parce que oui, un maître ou une maîtresse de cérémonie devrait savoir faire rire sans devenir lourd comme tonton Marcel après quatre verres au repas de Noël.

On retiendra un autre doublé, celui de Lambert Wilson en 2014 et 2015. Lui aussi avait mêlé l'élégance, le charme et l'humour.

Certain Women

Depuis 1993, le Festival s'est indéniablement offert de nombreuses stars, avec entre autres Isabelle Huppert (1998), Charlotte Rampling (2001), Audrey Tautou (2013), Vincent Cassel (2006), Carole Bouquet (1995), Mélanie Laurent (2011),  ou encore Virginie Ledoyen (en 2002, à 26 ans) et Sabine Azéma (1996). Pourtant, parmi les maîtresses qu'il faudra retenir, certaines ont su se démarquer plus que d'autres.

La première est la brillante Kristin Scott Thomas et son magnifique discours sur la guerre des Balkans durant la cérémonie de 1999. "Cannes ne se réduit pas à sa brillance...! Il nous faudra des films encore pour lutter contre l'oubli et l'ignorance!" a-t-elle dit devant l'assemblée, ou comment une maîtresse de cérémonie a montré que le rôle du cinéma pouvait être politique, économique et d'enseigner plus de choses (et de manière honnête) que le journal de 20h.

Pour sa première fois en tant que maîtresse de cérémonie en 2003, Monica Bellucci avait elle-aussi enflammé le palais... mais d'une autre façon. Les médias n'ont donc retenu que ses formes vertigineuses. Bravo les confrères/consœurs, vous faites avancer les choses... Heureusement, vous avez l'occasion de vous rattraper cette année. Le premier qui utilise l'adjectif "pulpeuse" a perdu.

Enfin, souvenons-nous de Diane Kruger, qui, elle, cloue le bec des éternels sexistes qui oseraient comparer la fonction à un rôle de "potiche" : lors de l'édition de 2007, la comédienne utilise trois langues différentes pour animer la cérémonie, alors que l'on se tape certains hommes du gouvernement qui ne savent même pas aligner deux mots en anglais. L'actrice a même su garder son calme et sa prestance lorsque son télésouffleur ne fonctionnait plus et a ricané devant l'actrice chinoise Maggie Cheung qui a failli se casser la figure en marchant sur sa robe à la manière de Jennifer Lawrence aux Oscars 2013.

Intelligente, spontanée, belle, drôle et maîtresse de cérémonie à Cannes, oui c'est possible ! Il n'y a plus qu'à prouver que ça marche aussi dans d'autres domaines...

Cynthia Hamani d'Ecran Noir