Mercredi, l'hebdomadaire révélait qu'Océan Films Distribution avait été placé en liquidation judiciaire le 31 juillet dernier par le Tribunal de commerce de Nanterre.
La société est en cessation de paiements depuis le 1er février 2018. Le distributeur n'a programmé aucun film pour les mois qui viennent et n'avaient sorti que Paradise beach de Xavier Durringer et Maguy Marin : l'urgence d'agir de David Mambouch au premier trimestre, avec des scores décevants au box office dans les deux cas. En avril, le président Philippe Aigle avait démissionné.
Selon Le Film Français, le seul film qu'Océan devait distribuer cette année, Tu ne tueras point (Bluebird) de Jérémie Guez, sera finalement en salles sous la bannière de The Jokers. L'an dernier, elle avait distribué, entre autres, L'homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam et The Happy Prince de Rupert Everett.
Au début des années 2000, Océan était un distributeur majeur avec des films comme In The Mood for Love, No Man's Land, Millenium Mambo, Samsara, Le retour, Good Bye Lenin!... Elle avait déjà été liquidée en 2013, avant de renaître avec l'apport capitalistique de Star Invest Films France en 2016.
Le 1er août, c'est Mars films qui a été placée en période d’observation par les tribunaux parisiens à la suite d’une cessation de paiement.
Le Film Français a annoncé le 6 août que le Tribunal de Commerce de Paris a ouvert une procédure de redressement judiciaire puisque la société productrice et distributrice était en cessation de paiement depuis le 8 juillet 2019. Selon les informations de l'hebdomadaire, la date d’expiration de la période d’observation est fixée au 1er février 2020.
Malgré quelques échecs récents (Persona non Grata, Roxane), Mars films est le 8e distributeur en entrées en France avec 4,97 millions d'entrées depuis janvier, notamment grâce au succès de Grâce à Dieu de François Ozon. Il est le 3e distributeur français cette année derrière UGC et Pathé. Il doit encore sortir cette année Fourmi de Julien Rappeneau, Un jour de pluie à New York de Woody Allen, J’irai où tu iras de Géraldine Nakache, Play d'Anthony Marciano et Les traducteurs de Régis Roinsard. Dans son catalogue, il a aussi en stock les prochains films d'Harmony Korine, Richard Linklater, Nicole Garcia, Viggo Mortensen et Emmanuel Carrère.
"Après avis de la Commission de classification, un visa tout public a été attribué ce jour au film de Terry Gilliam L’homme qui tua Don Quichotte. Le visa d’exploitation est le document officiel qui permet la diffusion d’un film dans les salles de cinéma", a indiqué l'organisme.
"La décision du juge des référés d’hier a confirmé qu’il serait disproportionné d’empêcher la diffusion de l’œuvre" à cause de ce conflit juridique entre les parties, qui "sera tranché définitivement" le 15 juin par le Tribunal, a précisé le CNC, qui ajoute: "Le contentieux qui oppose par ailleurs M. Branco (Alfama Films) à M. Gilliam, porte sur les conditions dans lesquelles il a été mis fin à leur collaboration, et sur les droits dont M. Branco serait encore titulaire en application de la convention conclue entre eux".
Le Tribunal de grande instance de Paris avait donné hier son accord à la projection du film en clôture de la 71e édition du Festival de Cannes prévue le 19 mai. Océan films sortira le film dans toute la France le même jour.
Après le soutient virulent apporté par le Festival de Cannes à Terry Gilliam, dont le dernier film L'homme qui tua Don Quichotte doit faire la clôture de la manifestation, Paulo Branco a réagi rapidement, rappelant que "Trois décisions judiciaires ont confirmé les droits exclusifs de Paulo Branco et d’Alfama Films Production sur le film de Terry Gilliam, The man who killed Don Quixote. Ces décisions ont l’autorité de la chose jugée et empêchent toute projection ou exploitation du film sans l’accord de son producteur."
Le producteur, qui avait déjà reproché le passage en force du Festival, explique que "L’exploitation du film est impossible en l’absence de visa d’exploitation que le CNC, pour sa part respectueux du droit, ne peut délivrer. Le Festival de Cannes a décidé de passer outre ces décisions de justice qui avaient été portées à sa connaissance et c’est la raison pour laquelle c’est lui qui a été assigné en justice", ajoutant qu'il est "indécent" de comparer la situation de Terry Gilliam, "qui se refuse à respecter les décisions judiciaires dans un Etat de droit, à celle de réalisateurs victimes de la répression et de la censure dans leurs pays." Il ajoute: "Le Festival de Cannes n’est pas au-dessus de la loi et la virulence et l’agressivité de son ton n’y changeront rien", et dément avoir utilisé "des méthodes d’intimidation en saisissant la justice pour faire respecter ses droits."
Branco, qui risque de finir persona non grata à Cannes, se donne ainsi le beau rôle dans cette histoire: "pendant seize ans de 2000 à 2016, Terry Gilliam n’a trouvé aucun producteur acceptant de reprendre son projet." "Si ce film existe aujourd’hui, c’est grâce au travail et aux investissements réalisés par Alfama Films Production et Paulo Branco, quand personne ne croyait plus à ce film".
Aparté:On attendra sereinement le référé du 7 mai, demandé par le producteur, qui veut interdire la projection cannoise ET la sortie française du film. Et surtout la décision du tribunal attendue le 15 juin: Durant la préproduction du film, de nombreux désaccords, liés au budget, au casting, au calendrier de tournage ont opposés Paulo Branco à Terry Gilliam, qui a finalement renoncé au tournage avant de se tourner vers la société espagnole de production Tornasol, qui faisait partie de la structure de coproduction constituée par Alfama Films. Il a relancé la production une fois qu'Amazon, après s'être désisté de la coproduction d'origine, s'est investie aux côtés de Tornasol. Entre-temps, le réalisateur a ouvert une procédure auprès de la justice française pour faire résilier le contrat de cession de ses droits au profit de Paulo Branco. Mais il y a un an la justice française s'est prononcée en première instance en faveur de Paulo Branco, tout en rejetant la demande du producteur portugais de stopper le tournage alors en cours pour contrefaçon. Saisie par le réalisateur, la cour d'appel de Paris a examiné à son tour l'affaire début avril et rendra sa décision le 15 juin. Deux autres procédures sont en cours. En Angleterre, la Haute Cour de Londres a donné raison à Alfama Films aux dépens de RPC, pour les droits sur le scénario. En Espagne, la procédure qui oppose Alfama Films à Tornasol pour les droits du film est en cours.
Les producteurs du film et Océan films, distributeur français, ont à leur tour décidé de se défendre médiatiquement par communiqué.
"Afin d’éclairer le public qui suivrait cette affaire et tous les amoureux du cinéma de Terry Gilliam, nous voudrions porter une information aussi objective que possible sur le dernier volet rocambolesque de cette incroyable histoire de cinéma et expliquer pourquoi M. Branco n’est pas et ne sera jamais ce qu’il prétend être, à savoir le producteur de ce film. Parce qu’il ne détient pas les droits d’auteur sur le scénario du film : s’il a bénéficié d’une option pour acquérir ces droits auprès de leur titulaire, la société anglaise RPC, il ne l’a jamais levée car il était dans l’incapacité d’en payer le prix de 250000€.
Parce qu’il n’a jamais payé le prix des droits d’auteur-réalisateur du film, il n’a pas même versé 1€ à Terry Gilliam à ce titre.
Et parce qu’il n’a pas produit le film sélectionné par le Festival de Cannes". Dont acte?
Le communiqué révèle quelques pièces (croustillantes) du dossier. Paulo Branco se serait livré à un véritable chantage, menaçant Terry Gilliam, à qui il écrit: "Soit tu fais ce film à ma façon, soit tu compromets irrémédiablement la faisabilité du projet et ton film est condamné, il ne verra jamais le jour". Sous le choc, Terry Gilliam refuse de céder. M. Branco lui répond: "Notre collaboration est impossible. Bonne chance avec un autre producteur".
"Terry Gilliam décide donc de résilier son contrat. (...) A cet instant précis, la préparation du film n’a pas commencé et M. Branco n’a pas versé un centime à Terry Gilliam. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. En danger d’être à jamais enseveli, le film est alors sauvé par quatre producteurs : la britannique Amy Gilliam, l’espagnole Mariela Besuievsky, avec le soutien du belge "Entre Chien et Loup" et du français Kinology. Elles et ils sont les producteurs du film : ils ont réuni 16M€ de financement et convaincu les distributeurs. Ils sont les propriétaires du film dont la chaîne des droits est enregistrée dans quatre pays. Il leur faut neuf mois pour préparer et démarrer le tournage, le temps de rebâtir sur les décombres laissés par M.Branco qui, en moins de cinq mois de "collaboration", aura été incapable de redonner vie au projet tel qu’il était conçu par son auteur, et aura démontré sa volonté destructrice et autoritaire, dont la séquence que nous vivons en ce moment est une nouvelle illustration" détaillent-ils.
En fait les producteurs décident de ne pas reconnaitre Alfama comme détenteur de droits exclusifs et donc "l'autorité de trois procès gagnés" par Paulo Branco. Ils nuancent: "Le refrain "3 procès gagnés" repose sur l’interprétation spécieuse par M. Branco d’une décision rendue par un juge français et de deux décisions anglaises. " Pour eux c'est un problème d'interprétation: "Le juge du fond a écarté la prétention d’ALFAMA de détenir des droits d’auteur-réalisateur. La "victoire" que M. Branco s’attribue, c’est que le juge a également estimé que M. Gilliam n’aurait pas dû résilier ainsi son contrat. Pour autant, le juge a considéré que cela était sans incidence sur le processus de production du film en cours par les véritables producteurs." Côté anglais, selon eux, "les juges prorogent l’option sur le scénario dont bénéficiait M. Branco. Or, cette option ne peut plus être levée, puisque les droits ont été cédés légalement aux nouveaux producteurs. Et bien cédés, ajoutent les juges anglais qui considèrent que cette cession est valide et opposable à M.Branco, qui ne pourra donc jamais être cessionnaire des droits du scénario."
"Les déclarations de son fils sur les réseaux sociaux y ajoutent une dose de grotesque, qui pourrait faire sourire si cela ne cherchait à mettre à nouveau en péril un film qui s’apprête à voir le jour". De fait, ça se déchaine sur les réseaux entre les déclarations du fils et avocat Juan Branco et les autres. On apprend d'ailleurs au fil des commentaires le nombre d'ardoises incalculables du producteur dans la profession, ses méthodes de paiement un peu folkloriques et la raison pour laquelle de nombreux professionnels ne veulent plus travailler avec lui, attachés de presse inclus.
"Quel en est l’enjeu ? De savoir si oui ou non, en résiliant son contrat, Terry Gilliam a eu raison de chercher à sauver son film, ou s’il aurait dû l’abandonner aux mains d’un producteur dont il savait qu’il était prêt à le sacrifier. Paulo Branco, rappelons-le, n’a pas payé, rien investi, ni n’a respecté ses engagement envers le réalisateur. Il n’a pas acquis et ne pourra jamais acquérir les droits du scénario n’ayant jamais levé l’option, ce qui l’empêchera à jamais revendiquer la qualité de producteur d’un film dont il s’est écarté de lui-même (voir courrier plus haut), neuf mois avant le début de tournage. M. Branco soutient que la projection du film à Cannes porterait atteinte à ses droits. Mais à quels droits ? En quoi consisterait son préjudice si le film était projeté à Cannes ? Selon lui, il ne serait alors pas consacré comme celui qui a permis au projet d’être remis sur les rails. Voilà ce qui justifie sa demande d’enterrer The Man Who Killed Don Quixote et qui justifie selon lui une mesure de censure, qui ne lui apporterait rien à lui, mais détruirait la distribution de l’œuvre de Terry Gilliam et la réputation de son auteur avec elle. Pourquoi en est-on arrivé là ? Parce que, le 15 Mars 2018, les producteurs ont refusé l’ultimatum non négociable de M.Branco transmis en présence de tiers : cet ultimatum, c’est 3,5M€ pour lui, qui se répartiraient en 2M€ cash immédiatement et 1,5M€ sur les recettes à venir."
Voilà. Une banale histoire de cash qui se transforme en big clash. Peu importe finalement ces débats juridico-financiers. Si M. Branco était un passionné de cinéma, il n'interdirait pas la projection cannoise du film de Terry Gilliam. Rien n'empêche non plus la distribution du film: s'il gagnait, il recevrait sa part des recettes et ses dommages & intérêts. Non vraiment, Paulo Branco en fait une histoire d'orgueil. On ne préjugera rien. Mais pour le coup, les sentiments n'ont plus de raison.
Dans un premier temps, la semaine dernière, Paulo Branco, via sa société Alfama Films Production, avait "obtenu l'autorisation d'assigner en référé le Festival de Cannes", après la sélection de L'homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam. Le producteur veut demander au président du tribunal de grande instance de Paris de prononcer l’interdiction de la projection du film "en violation de ses droits, droits réaffirmés par trois décisions judiciaires". L’audience se tiendra le 7 mai, la veille de l'ouverture du Festival.
Le film de Terry Gilliam, distribué par Océan Films, doit sortir en France le 19 mai, soit le même jour que sa projection cannoise.
Rappelons quand même que le producteur Paulo Branco (Alfama Films) a déjà engagé plusieurs procédures en Europe contre les producteurs du film de Terry Gilliam (Tornasol, Kinology, Entre Chien et Loup et Ukbarfilmes) ainsi que distributeur français (Océan Films Distribution Int.), estimant qu’il détient toujours les droits du film. Un des jugements doit être rendu le 15 juin par la cour d’appel de Paris.
Branco braque Cannes
Bon. Avec un peu d'humour noir, on se dit que ce n'est qu'un obstacle de plus pour cette production démarrée il y a vingt ans....
Et puis, le Festival de Cannes, à travers un communiqué signé de son Président Pierre Lescure et de son Délégué général Thierry Frémaux, ont décidé de réagir: "M. Branco ayant jusque-là beaucoup occupé le terrain médiatique et juridique, il nous semble important de faire valoir les raisons qui nous ont conduits à sélectionner le film et à encourir l’attaque d’un producteur dont l’avocat, M. Juan Branco, aime rappeler que son image et sa crédibilité se sont essentiellement bâties sur ses innombrables présences à Cannes, et par sa proximité avec de grands auteurs consacrés par le Festival. "Ce qui est vrai, et ajoute à notre perplexité."
Car oui, Paulo Branco a profité largement du Festival : La Forêt de Quinconces de Grégoire Leprince-Ringuet, La Chambre bleue de Mathieu Amalric, Cosmopolis de David Cronenberg, Les Chansons d'amour de Christophe Honoré, pour ne citer que quelques uns des films récents qu'il a produit ont été en sélection officielle.
Soutien officiel aux artistes
Le Festival de Cannes "respectera la décision de justice à intervenir, quelle qu’elle soit, mais nous tenons à redire qu’il se tient du côté des cinéastes et en l’espèce du côté de Terry Gilliam dont on sait l’importance qu’a pour lui un projet qui a connu tant de vicissitudes. Provoquées une dernière fois par les agissements d’un producteur dont l’épisode fait définitivement tomber le masque et qui nous promet désormais, par la voix de son avocat, une « déshonorante défaite »".
Avec justesse, le Festival rappelle alors que "La défaite serait de céder à la menace". "Au moment où deux cinéastes invités en Sélection officielle sont assignés à résidence dans leurs propres pays (Jafar Panahi et Kirill Serebrennikov, ndlr), au moment où le film de Wanuri Kahiu, Rafiki, qui figure en Sélection officielle, vient de subir les foudres de la censure du Kenya, son pays de production, il est plus que jamais important de rappeler que les artistes ont besoin qu’on les soutienne, pas qu’on les attaque. Cela a toujours été la tradition du Festival de Cannes, et cela le restera" affirme le communiqué.
Risques connus
Cannes avait conscience du litige entre Gilliam et Branco. Le film a été présenté au comité de sélection par le réalisateur, le vendeur du film et le distributeur, durant l'hiver. "Les contentieux tels que celui qui oppose M. Branco à Terry Gilliam ne sont pas rares, le Festival en est régulièrement informé, mais il ne lui appartient pas de prendre position sur un sujet de cet ordre. Ainsi, après vision, et alors qu’une sortie simultanée du film semblait possible, nous avons décidé de faire figurer cette œuvre en Sélection officielle" précisent Lescure et Frémaux.
Les deux patrons du Festival indiquent que "Le Festival de Cannes a pour mission de choisir les œuvres sur des critères purement artistiques et une sélection doit se faire avant tout en accord avec le réalisateur d’un film. C’est le cas. Nous étions prévenus des recours possibles et des risques encourus, dans une situation déjà rencontrée dans le passé mais en l’occurrence, lorsque notre décision a été prise, rien ne s’opposait à la projection du film au Festival."
Si le Festival de Cannes attendra la décision du Tribunal avec "sérénité", la manifestation confirme que la projection en clôture reste soumise à la décision du juge des référés le 7 mai. Mais, le Festival se défend d'avoir "agi à la légère" ou "opéré le moindre « passage en force », comme M. Juan Branco le dit à la presse".
Diffamation(s)
Car à la fin du communiqué, Cannes touche le talon d'Achille du producteur. "Le « passage en force », chacun sait dans notre métier que cela a toujours été la méthode favorite de M. Branco dont il faut rappeler qu’il organisa il y a quelques années une conférence de presse pour dénoncer le Festival de Cannes qui n’aurait pas tenu une « promesse de sélection » sur un de ses films. Accusation qui fit long feu, le Festival ne faisant pas des promesses de sélection : il sélectionne ou non. Aujourd’hui, M. Branco laisse son avocat procéder à des intimidations ainsi qu’à des affirmations diffamatoires aussi dérisoires que grotesques, dont l’une vise l’ancien Président d’une manifestation dont il s’est servi toute sa carrière pour établir sa propre réputation."
Dans son livre Voir Cannes et survivre, Les dessous du festival (2017), Carlos Gomez écrivait dans son livre: "Matthieu Amalric qui riait en me racontant que son producteur Paulo Branco était allé au casino pour tenter de regagner l'argent qu'il avait réuni pour un film de Wim Wenders, perdu la veille sur la même table de jeu." Si Paulo Branco risque de ne pas être le bienvenu à Cannes, il pourra toujours se consoler au casino.
C'est une saga ce film. Le tournage de Don Quichotte est enfin terminé. "Après 17 ans, nous avons terminé le tournage de L'homme qui a tué Don Quichotte. Merci beaucoup à toute l'équipe et aux fidèles. Don Quichotte est vivant!" a annoncé son réalisateur Terry Gilliam sur sa page Facebook. Manière d'exorciser une malédiction?
Le film sortira en salles en 2018. Océan films le distribuera en France et Amazon Studios aux Etats-Unis. On peut même imaginer une projection cannoise pour l'honneur?
Car c'est une sacré aventure que celle de ce film. Cela va bientôt faire 20 ans que Terry Gilliam est obsédé par ce projet. Son adaptation de Don Quichotte, le roman mythique de Miguel Cervantes.
20 ans après le lancement du projet
Ce n'était jamais que la troisième tentative. Le premier tournage, en 1998-2001, avait enchaîné les bévues et les mauvais choix. Terry Gilliam s'obstina pendant trois ans. L'accident de cheval de son acteur principal, Jean Rochefort, scella définitivement son destin. Johnny Depp et Vanessa Paradis pouvaient rentrer chez eux. Avec le (formidable) documentaire Lost in La Mancha, le cinéaste avait voulu de garder une trace de cette première tentative. Il a réessayé en 2009 (lire notre actualité du 15 mai 2009), avec Robert Duvall et Ewan McGregor en têtes d'affiche, sans plus de réussite.
Ce film est selon ses propres termes une "obsession désespérée, pathétique, idiote. Comme un tumeur qui est en moi et que je dois absolument évacuer si je veux survivre" disait-il. Comme pour se décrire lui-même ou jouer de la métaphore sur ce projet, Gilliam a récemment expliqué que "Don Quixote est est un rêveur, un idéaliste et un romantique, déterminé à ne pas accepter les limites de la réalité, sans se soucier des revers."
En 2014, le troisième essai tombe aussi à l'eau. On croyait que c'était la bonne: il avait annoncé le projet au Festival de Cannes et enfin bouclé le financement du film, espérant pour voir lancer la production au début 2015. A l'époque, Jack O'Connell et feu John Hurt avaient été choisis pour les deux rôles principaux. Cependant, le producteur espagnol Adrián Guerra échoue à trouver les fonds nécessaires et John Hurt est diagnostiqué d'un cancer. Le tournage est reporté.
Un producteur mécontent
En 2016, le projet revient à la surface, avec un autre producteur et une grosse annonce dans les journaux professionnels cannois. Las, le producteur Paulo Branco a jeté l'éponge quelques mois plus tard. "Ça a été légèrement repoussé. J’avais ce producteur, un type portugais, qui prétendait qu’il aurait rassemblé l’argent à temps. Et puis il y a quelques semaines, il s’est avéré qu’il n’avait pas l’argent. Donc nous sommes encore en train de chercher des fonds” rappelait alors le réalisateur, ajoutant “Le projet n’est pas mort. Je mourrai avant que le film existe!" Terry Gilliam, finalement, parvient à monter une coproduction franco-espagnolo-britannique, avec Amazon Studios pour les droits internationaux. Exit Branco. Le cinéaste accélère le calendrier.
Tourné en vitesse ce printemps, en Espagne, L'homme qui a tué Don Quichotte réunit Adam Driver et Jonathan Pryce, son héros dans Brazil, aux côtés d'Olga Kurylenko, Stellan Skarsgard, Jordi Molla, Sergi Lopez et Rossy de Palma.
Il reste cependant un obstacle. Le producteur Paulo Branco revient dans le jeu. Sa société Alfama a déclaré le film "illégal", affirmant que Gilliam avait tourné son film "clandestinement" dans son dos. Il considère qu'il a la propriété de ce film. Les actuels producteurs (dont Tornasol films, Recorded Picture Company et Entre chien et loup) ont qualifié la plainte d'absurde. Cela les contraint quand même à porter l'affaire au tribunal dans plusieurs pays pour sécuriser leur investissement et permettre au film de sortir, selon The Hollywood Reporter. Selon eux, Paolo Branco n'a absolument aucun droits sur ce film. Ce n'est jamais que la énième péripétie de ce projet dément.
Going to Brazil est un film signé Patrick mille, en salles depuis hier. A la vue du film, ona préféré ne pas perdre trop de temps. Le pitch est digne, comme souvent ces derniers temps, d'un article de magazine féminin, mixé avec le concept désormais très recherché du Very Bad Trip: "La folle aventure de trois copines invitées au mariage de leur meilleure amie au Brésil (hello Babysitting 2, non mais franchement on a combien d'amis qui ont les moyens de faire leur mariage au Brésil?!, ndlr). À peine arrivées à Rio, elles tuent accidentellement un jeune homme trop insistant (oh le méchant autochtone! Le harcèlement mérite-t-il une peine capitale?!, ndlr). Dès lors, tout s'emballe...!"
Bon déjà dans le dossier de presse, on avait un peu peur. Le comédien - cinéaste Patrick Mille, qu'on aime plutôt bien, se justifiait à coup de clichés: "Je voulais tourner à l’étranger, et je suis fou de Rio et du Brésil, qui me fascine depuis que je suis petit. J’aime les Brésiliens, leur musique, leur cinéma, leur Histoire, bien sûr leur football donc je suis allé trouver Dimitri Rassam, et je lui ai dit : c’est une comédie avec des filles, il leur arrive des bricoles , et c’est au Brésil. C’est comme ça que j’ai vendu mon film". Petite pensée aux scénaristes qui triment pour vendre leur belle histoire au fin fond du Cotentin.
Il choisit donc un casting sexy, plus jeune que dans la première version du script. Vanessa Guide, Alison Wheeler, Margot Bancilhon et Philippine Stindel ont l'avantage d'être très jolies, drôles, et pas chères.
Cependant, comme on vous l'a promis, on a décidé de vous dire pourquoi ce film ne mérite guère qu'on s'y attarde. On peut toujours y voir du énième degré dans certains gags ou certaines séquences: l'ensemble laisse un arrière-goût désagréable pour les 5 raisons suivantes.
1. Cette manie de mal jouer sur les clichés. Les Brésiliens aiment la chirurgie et l'Amérique du Sud est connue pour ses histoires de corruption. Le film ne va pas plus loin que ça et joue avec des stéréotypes datés en espérant que ça va rendre le scénario un peu plus crédible. Sauf qu'au final, on se dit que ça se passe certes au Brésil mais que l'histoire aurait pu être transposée n'importe où ailleurs, tant qu'il y a une plage, des jeunes gens beaux et riches et de la corruption !
2. Les personnes principaux sont des femmes mais c'est sexiste et misogyne. Le film explique que : 1) si tu te fais larguer, c'est forcément de ta faute (si tu es une femme) ; 2) pour être épanouie, il faut que tu baises et donc que tu sois baisée par un mec (le sexe lesbien n'étant apparemment pas une option) ; 3) les Françaises sont des cochonnes donc on peut tout faire avec elles, elles seront toujours partantes — même dans le cas d'un viol ; 4) si un mec te largue c'est sans doute parce que tu baisais mal ; 5) en cas de grossesse, ton corps est avant tout un réceptacle qui n'est plus tien mais appartient au père de l'enfant (surtout s'il est riche).
3. C'est souvent raciste. Oh ce racisme est légèrement et bien dissimulé. Mais nous n'avons pas manqué les multiples blagues raciales qui ne sont pas forcément drôles et les rares filles de couleur dans le film sont réduites à des rôles de pseudo militaires qui sont aussi des esclaves sexuelles.
4. La scène musicale est mal introduite, mal jouée et mal mise en scène. La bande de filles arrive dans une maison pleine de monde et leur hôte se lance dans un grand numéro de transformisme qui amène à une scène pro-partouze. Et comme si ça ne suffisait pas, le playback de la scène est absolument dégueulasse !
5. Il y a un mauvais traitement des corps. Les femmes sont nues pour signifier du désir sexuel, la nécessité de se reproduire ou d'arriver à la jouissance (du côté de l'homme) alors que les rares hommes nus le sont juste pour évoquer une forme d'état naturel, de retour à un mode de vie simple.
L’Histoire : Pour son anniversaire, Impy le petit dinosaure reçoit un cadeau très spécial : Baboo, une charmante petite panda. Mais Impy n’est pas ravi de l’arrivée de cette nouvelle petite sœur et n’aime pas que cette dernière lui fasse de l’ombre. Impy décide alors de quitter l’île de Tikiwou aux côtés de Barnaby afin de devenir la nouvelle grande attraction du fabuleux parc « Barnaby World ».
Notre avis : Trois ans après Les Aventures de Impy le dinosaure, le couple Holger Tappe/Reinhard Klooss se reforme afin d’adapter une nouvelle aventure du fameux dinosaure, Le monde merveilleux de Impy. Quarante ans après sa création sous la plume de Max Kruse, Impy a toujours la côte auprès des enfants outre-Rhin. Pour ce nouvel épisode, s’inspirant tout de même des écrits de Max Kruse, Reinhard Klooss et ses deux co-scénaristes, Oliver Huzly et Sven Severin, ont pu inventer leur propre aventure du petit dinosaure vert. Malheureusement, les succès littéraires ne se traduisent pas toujours par des succès à l’écran.
Pour son premier anniversaire, Impy reçoit une petite sœur panda, Baboo. Ce présent permet au réalisateur de dresser le décor et d’aborder les thèmes de la jalousie et de la difficulté de trouver sa place dans sa famille quand un nouvel être arrive au sein de celle-ci. L’idée est intéressante, surtout lorsque le film s’adresse aux tout-petits. Mais très vite l’histoire trébuche maladroitement lorsque Impy souhaite partir de Tikiwou afin de devenir une véritable star et de gagner beaucoup d’argent. Les gags, nombreux, font sourire et alternent avec quelques moments d’émotion. Cependant, les clichés sont abondants et la morale (la famille et l’amitié sont finalement les piliers essentiels de la vie) très attendue.
De plus, le scénario manque cruellement d’imagination, picorant plusieurs idées déjà vues de-ci de-là. Les trois cheiks du parc d’attraction font penser aux frères Dalton (à la seule différence que ces derniers sont quatre) avec un grand benêt et un petit teigneux. Le professeur fantasque de Tikiwou et son acolyte nous rappellent immanquablement Robinson Crusoë et Vendredi sur leur île. Quant au moment où certains des personnages se retrouvent coincés dans le ventre d’une baleine, on ne peut s’empêcher de repenser au même épisode qui se déroule dans Pinocchio. Ce n’est pas parce-que le film s’adresse aux plus petits qu’il doit manquer à ce point d’imagination…Au contraire.