Costume noir, chemise blanche, Sean Penn, très élégant, traverse la salle du Fouquet’s ornée des portraits artistiques de Steve McQueen, Paul Newman, Sharon Stone et d’autres encore. Tableaux qui lui feront dire : "je me sens cerné par cette chose terrible qu’on nomme la beauté".
D'Harvey Milk l'activiste...
Prenant place devant une grande affiche du film, les journalistes, impatients de converser avec le comédien fraîchement oscarisé, commencent alors à poser leurs nombreuses questions. La discussion s’engage sur le personnage d’Harvey Milk. Sean Penn avoue avoir des souvenirs plutôt confus de sa mort. En 1978, il était alors lycéen et c’était une période très riche au niveau politique et engagement. "C’est grâce à ce projet que j’ai vraiment connu le personnage d’Harvey Milk", déclare-t-il avant d'avouer que la mort d’Harvey Milk est une grande perte politique mais aussi humaine. "Si Harvey Milk avait vécu, beaucoup de vies auraient été sauvées. Il aurait alors pu changer le cours de l’Histoire par rapport au sida en Amérique".
A la question "l’art de l’acteur est-il de ne pas voir l’acteur dans le personnage ?", il botte en touche : "le processus est différent pour chacun. Je travaille avant tout avec mes tripes, à l’instinct. Mais comme je panique et que je suis timide, je ne sais jamais si ça va marcher avant qu’on dise Action. Alors, va-t-on puiser en soi ou, au contraire, dans le personnage ? Ca dépend… Mais Harvey Milk m’a inspiré.", confie-t-il. Il explique notamment que tous les gens de l’époque encore vivants ont été très solidaires du projet.
Par contre, pas d'ambiguïté sur son statut d’acteur/réalisateur : "ce film revient à Gus Van Sant seul. Je n’aurais jamais pu faire ce travail en étant également derrière la caméra". Quant à sa relation avec Gus Van Sant, il admet "admirer son travail depuis fort longtemps" et ajoute même : "je ne pense pas qu’il puisse faire de mauvais films car il est tout à fait unique et à part dans l’univers du cinéma américain. Tous ses films sont toujours très différents. Je lui suis entièrement dévoué".
Il avait déjà discuté du projet Harvey Milk avec Gus Van Sant douze ans auparavant. Le scénario était alors complètement différent. Aujourd’hui, le film est né et, entre temps, Sean Penn est également passé à la réalisation. Il a beaucoup observé Gus Van Sant mais admet que les conversations avec ce dernier "sont nettement plus abstraites". Les propos qu'ils ont échangés étaient ceux entre un réalisateur et son acteur, et non entre deux réalisateurs.
...à Sean Penn, le comédien engagé
Bien sûr, quand on connaît le caractère engagé de Sean Penn, difficile de ne pas imaginer une foule de questions en rapport avec de grands sujets de société. Florilège : Lire le reste de cet article »