Harvey Milk : rencontre avec Sean Penn

Posté par Morgane, le 2 mars 2009

Sean PennCostume noir, chemise blanche, Sean Penn, très élégant,  traverse la salle du Fouquet’s ornée des portraits artistiques de Steve McQueen, Paul Newman, Sharon Stone et d’autres encore. Tableaux qui lui feront dire : "je me sens cerné par cette chose terrible qu’on nomme la beauté".

D'Harvey Milk l'activiste...

Prenant place devant une grande affiche du film, les journalistes, impatients de converser avec le comédien fraîchement oscarisé, commencent alors à poser leurs nombreuses questions. La discussion s’engage sur le personnage d’Harvey Milk. Sean Penn avoue avoir des souvenirs plutôt confus de sa mort. En 1978, il était alors lycéen et c’était une période très riche au niveau politique et engagement. "C’est grâce à ce projet que j’ai vraiment connu le personnage d’Harvey Milk", déclare-t-il avant d'avouer que la mort d’Harvey Milk est une grande perte politique mais aussi humaine. "Si Harvey Milk avait vécu, beaucoup de vies auraient été sauvées. Il aurait alors pu changer le cours de l’Histoire par rapport au sida en Amérique".

A la question "l’art de l’acteur est-il de ne pas voir l’acteur dans le personnage ?", il botte en touche : "le processus est différent pour chacun. Je travaille avant tout avec mes tripes, à l’instinct. Mais comme je panique et que je suis timide, je ne sais jamais si ça va marcher avant qu’on dise Action. Alors, va-t-on puiser en soi ou, au contraire, dans le personnage ? Ca dépendMais Harvey Milk m’a inspiré.", confie-t-il. Il explique notamment que tous les gens de l’époque encore vivants ont été très solidaires du projet.

Par contre, pas d'ambiguïté sur son statut d’acteur/réalisateur : "ce film revient à Gus Van Sant seul. Je n’aurais jamais pu faire ce travail en étant également derrière la caméra". Quant à sa relation avec Gus Van Sant, il admet "admirer son travail depuis fort longtemps" et ajoute même : "je ne pense pas qu’il puisse faire de mauvais films car il est tout à fait unique et à part dans l’univers du cinéma américain. Tous ses films sont toujours très différents. Je lui suis entièrement dévoué".

Il avait déjà discuté du projet Harvey Milk avec Gus Van Sant douze ans auparavant. Le scénario était alors complètement différent. Aujourd’hui, le film est né et, entre temps, Sean Penn est également passé à la réalisation. Il a beaucoup observé Gus Van Sant mais admet que les conversations avec ce dernier "sont nettement plus abstraites". Les propos qu'ils ont échangés étaient ceux entre un réalisateur et son acteur, et non entre deux réalisateurs.

...à Sean Penn, le comédien engagé

Bien sûr, quand on connaît le caractère engagé de Sean Penn, difficile de ne pas imaginer une foule de questions en rapport avec de grands sujets de société. Florilège : Lire le reste de cet article »

César : l’audience s’effrite, l’ambiance se maintient

Posté par MpM, le 2 mars 2009

Antoine de CaunesLa 34e cérémonie des César diffusée en clair sur Canal + entre 21 h et 23 h a accusé une petite baisse de forme avec seulement 2,18 millions de téléspectateurs au rendez-vous (11,4% du total) contre 2,4 millions (11,9%) en 2008 et 2,3 millions (12%) en 2007. Le record d'audience de la Cérémonie demeure les 3,3 millions de téléspectateurs réunis en 2005 par le présentateur de l'époque, Gad Elmaleh.

Au mieux de la soirée (vers 23 h 10), Antoine de Caunes est tout de même parvenu à attirer 3,4 millions de personnes, juste avant la révélation des lauréats dans les catégories les plus prestigieuses, meilleur film, meilleur réalisateur et meilleurs acteurs. Certains spectateurs regardant la télé sur le réseau non hertzien (notamment free et numéricable) ont toutefois eu la mauvaise surprise d'être coupés avant la fin : en raison du retard pris par la cérémonie, le cryptage s'est automatiquement mis en route vers 23 h 30, heure à laquelle devait commencer le film programmé par Canal +...

On retiendra de cette soirée la tentative louable d'apporter un peu de légèreté à la litanie des prix avec une mention spéciale pour les fausses publicités mettant notamment en scène Carole Bouquet et Pilodent, un produit pour appareil dentaire, et Valérie Lemercier et Matranche, un jambon sulfureux... Moins réussis, voire complètement ratés, le reportage bébête sur la culture bio des César et surtout l'intervention de Julie Ferrier (singeant une actrice prête à tout pour réussir) lors de la remise du César du court métrage, prouvant une nouvelle fois le peu de respect accordé à cette catégorie pourtant prédominante du cinéma français (d'après Unifrance, la vente des courts métrages français à l'étranger aurait représenté au moins 300 000 euros en 2007, soit plus du double de 2006).

Côté personnalités, en plus de la présence glamour de Sean Penn et de Dustin Hoffman, on a remarqué la venue "inattendue" de Dany Boon qui a plutôt bien rattrapé son mouvement de mauvaise humeur de début février tandis que c'est une très touchante Julie Depardieu, tout de noir vêtue, qui a remis le César du second rôle masculin en rendant hommage à Guillaume Depardieu : "Ce qui m'anime, moi, ce soir, c'est l'âme de mon frère qui nous regarde peut-être." Enfin, plutôt insolite, l'apparition d'Arnaud Desplechin venu chercher le César du second rôle à la place de son acteur , qui a bafouillé un assez cocasse : "Je ne suis pas Jean-Paul Roussillon, je suis le réalisateur".

Une piste pour relancer l'intérêt du public l'an prochain ? Peut-être moins de blabla corporatiste et politiquement correct, au profit de propos intelligibles sur le cinéma, mais aussi plus d'extraits et de rencontres, voire de show, pour gommer l'aspect figé d'une cérémonie qui a de plus en plus l'air d'être exactement la même chaque année.

Pour un fils : vérité ou imposture ?

Posté par Morgane, le 2 mars 2009

Pour un fils"- C’est pas Toni !
- Mais si c’est Toni, il a grandi."

 L’histoire : Depuis l’enlèvement de son fils, Toni, dix ans plus tôt, Catherine tente peu à peu de se reconstruire. Elle vit seule avec son petit dernier, Hugo, âgé de 8 ans. Un soir, Omer, le policier qui a mené l’enquête sur la disparition de Toni, vient lui rendre visite. Comme elle, il semble encore hanté par le drame… Un jeune homme vient d’être découvert mystérieusement. Il prétend être le fils de Catherine et n’a qu’un seul désir : retrouver enfin sa mère…

Notre avis : le film s’ouvre sur l’image d’un adolescent qui se mutile, se met nu dans le froid, faisant subir divers sévices à son corps. Pourquoi ? On le comprend très rapidement. Cet enfant veut faire croire qu’il a été séquestré durant dix ans, revenant aujourd’hui à la vie avec un seul désir, retrouver sa mère. Mais cet enfant, désormais grand, est-il réellement Toni ? Si le film donne rapidement la réponse, on se plaît à croire, tout comme Miou-Miou, que, malgré les apparences, cette vérité est toute autre.

S’appuyant sur un dramatique fait divers, Alix de Maistre, pour son premier long-métrage, plonge dans les méandres du drame psychologique et dans le huis clos d’une famille détruite. Les sentiments peuvent-ils surpasser les liens du sang ? La quête d’amour peut-elle pousser un être à agir de la sorte ? Comment vivre malgré le mensonge ? Et peut-on vivre avec ce mensonge ? Les questions sont ici nombreuses et difficiles. Le sujet est fort mais quelques maladresses lui font de l’ombre. La musique, plutôt rare, est beaucoup trop insistante et explicite. Elle aurait gagné à être plus subtile.

Mais ce qui dessert particulièrement le film d’Alix de Maistre réside dans le déséquilibre qui s’instaure d’entrée de jeu entre les divers personnages. Tous, à l’exception de l’adolescent, sont interprétés par des acteurs (très) confirmés. Miou-Miou revêt à merveille son rôle de mère anéantie par la disparition de son enfant. On sent que, malgré les dix années qui se sont écoulées, la blessure est toujours présente, toujours ouverte, à fleur de peau. Celle-ci n’a jamais cicatrisé. Le père (Josse de Pauw, un peu moins connu), quant à lui, a quitté le domicile conjugal. Grâce à cette fuite, il peut se montrer fort mais ce n’est qu’une façade qui s’écroule rapidement à cause d’un simple souffle d’espoir. Olivier Gourmet, toujours stoïque et très charismatique, remplit bien son rôle de bon flic rongé par le remords. C’est d’ailleurs ce dernier qui le fait agir de manière irraisonnée.

Malheureusement, tout ce parfait équilibre se trouve rompu. Face à ces figures populaires du cinéma auxquelles chacun d’entre nous peut facilement s’identifier, et dans la peau d’un personnage certes très délicat à interpréter, Kévin Lelannier ne nous parle que difficilement. Il semble "en faire trop" comme on dit et ne sonne pas tellement juste. Or, c’est cette justesse qui manque au film. De plus, le dénouement de Pour un fils semble en suspens. Tout comme Miou-Miou semble attendre une réponse ou une explication, on se retrouve dans la même position qu’elle. Mais le noir se fait sur l’écran et le générique défile. On sent alors comme une absence, un manque. Lequel ? On ne sait pas…