Welcome, le film qui voudrait mettre fin à l’article 622.1

Posté par vincy, le 11 mars 2009

welcome_lioret-lindon.jpgRien ne vaut une polémique politique pour faire parler d'un film. Welcome, de Philippe Lioret, aura bénéficié des réactions du ministre de l'Immigration, Eric Besson. Quoi de mieux ? En effet, non seulement ce ministère est contesté depuis sa création et son titulaire a l'image du traître idéal (passé du Parti Socialiste à l'UMP).

Le cinéaste de Welcome, Philippe Lioret avait exprimé sa colère lors d'une avant-première à Douai, relayée par La Voix du Nord. "Je ne suis pas un politicien, moi. Et c'est quoi la solution ? Ça m'a tellement scié de voir ça. De voir qu'un brave mec, d'un seul coup, se retrouve mis en examen, et qu'il peut aller en taule. C'est dingue. J'ai l'impression qu'on est en 1943 et qu'on a planqué un Juif dans la cave."

Eric Besson a réagit une première fois sur RTL, le 7 mars. "Philippe Lioret a plus que franchi la ligne jaune. Suggérer que la police française, c'est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu'ils sont l'objet de rafles, etc., c'est insupportable."

Dans une lettre adressée au journal Le Monde, Philippe Lioret lui répond : "Sachez qu'en l'occurrence, je ne mets pas en parallèle la traque des juifs et la Shoah, avec les persécutions dont sont victimes les migrants du Calaisis et les bénévoles qui tentent de leur venir en aide, mais les mécanismes répressifs qui y ressemblent étrangement ainsi que les comportements d'hommes et de femmes face à cette répression."

"Il y a quelques jours encore, près de Béthune, une femme a été mise en garde à vue pour avoir simplement rechargé des téléphones portables de migrants. Welcome ne fait qu'illustrer ce genre de fait divers", ajoute-t-il.  "La réalité, dit-on, dépasse souvent la fiction. Votre réalité, Monsieur Besson, se contente de l'égaler et c'est déjà suffisant pour être affligeant, pour confirmer qu'aujourd'hui, dans notre pays, de simples valeurs humaines ne sont pas respectées. C'est cela que vous devriez trouver "inacceptable.""

Après ce ping-pong, la polémique s'est enflammée. L'avocat général à la cour d'appel de Paris, Philippe Bilger, estime sur son blog que le parallèle avec la répression des juifs en France en 1943 relève de la "provocation". Mercredi 11 mars, Eric Besson, dépassé par ses propos, et voyant la publicité indirecte qu'il faisait au film, remet une couche. Sur Canal +, il estime que "le film lui même est émouvant, Vincent Lindon joue bien et c'est un très bon film, ce que je regrette, c'est l'avant-vente ou l'après-vente du film, il y a eu un dérapage qui est lourd, grave et inacceptable de Philippe Lioret qui tente maintenant de l'atténuer".  "Le vocabulaire qui est issu de la deuxième guerre mondiale, traque, rafle, assimilation aux Juifs en 43, est un vocabulaire grave inacceptable et que, selon moi, on ne devrait jamais utiliser dans le débat politique".

 "Je pense que c'est par le cinéma que les choses peuvent encore évoluer"

Or selon la CIMADE, une rafle "est une arrestation en masse d'une partie ciblée d'une population, faite à l'improviste et organisée par la police." Et il y a en régulièrement en France ces derniers temps. Des élus ont même été gardés à vue récemment pour avoir hébergé des immigrés en situation irrégulière. N'importe quel réfugié, même demandant le droit d'asile, peut se retrouver dans un centre où ses libertés seront inexistantes durant 18 mois...

Besson précise quand même son interprétation : "La situation de Calais est difficile parce que ces personnes ne veulent pas rester en France, qu'il s'agisse des Afghans, des Somaliens, des Erythréens ... coûte que coûte, ils veulent aller en Angleterre, il ne veulent pas demander l'asile à la France, ils pourraient le faire, nous les aidons et mon ministère met à leur disposition des places d'hébergement qu'ils ne veulent pas utiliser". "Donc, je n'accepte pas qu'on dise que ces personnes sont maltraitées alors qu'elles veulent passer clandestinement en Angleterre, ce que l'Etat français ne peut pas faciliter, ce sont les passeurs que nous essayons de traquer et je ne vois pas quel républicain, quel humaniste pourrait avoir le moindre état d'âme à ce que la police traque les filières d'immigration clandestine", a t-il dit.

Dès lors, fort d'un très bon démarrage mercredi, Welcome est devenu le sujet de débat du moment. Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam, qui vient en aide aux migrants à Calais affirme que "Welcome ne sombre jamais ni dans le voyeurisme ni dans l'affectif, c'est ce qui fait sa valeur. Il montre la triste réalité que vivent à la fois les migrants et les bénévoles calaisiens, même si le quotidien est souvent bien pire. Il ne se passe pas une seule journée sans que des gens soient matraqués ou gazés. Mais il ne faudrait pas que le film devienne trop polémique, il doit rester un film citoyen qui fasse réfléchir. Je pense que c'est par le cinéma que les choses peuvent encore évoluer. C'est un lieu de culture et d'échange privilégié". Cependant il reproche à Besson d'entretenir cette polémique. "Quand on ne s'attaque pas au fond et qu'on polémique sur les petites phrases, c'est tragique et inacceptable. Besson est très fort, il polémique pour détourner l'attention. Il a voulu salir le film en déformant les mots de Philippe Lioret."

Homme en colère, Vincent Lindon, le 6 mars, avait mis les pieds dans le plat dans Le Parisien : "Je n’ai pas la prétention de réguler le flux migratoire en France ! Mais, comme beaucoup de Français, j’estime qu’il faut qu’on respecte les êtres humains. Les gens à Calais sont parfois traités plus mal que des chiens. Et ça, ça ne me va pas. Je ne comprends pas qu’il existe un article du Code de l’entrée, du séjour ou du droit d’asile aux étrangers qui dit : Toute personne qui vient en aide à une personne en situation irrégulière est passible de cinq ans de prison."

Slumdog déjà piraté en Russie

Posté par vincy, le 11 mars 2009

slumdog milionaire en russieOn savait qu'en Chine, les vendeurs de DVD pirates, malins, se positionnaient devant les (rares) multiplexes des grandes villes.

Mais les Russes font plus fort.

Tandis que le film sept fois oscarisés, Slumdog Millionaire, attire les foules dans 160 salles du pays (3 millions de $ de recettes cumulées au box office), les passagers à l'aéroport de Moscou, dans un café type "Irish Pub", peuvent regarder le film gratuitement, impunément et dans son intégralité.

Il s'agit évidemment d'une version piratée, doublée en russe.

slumdog millionaire à la télévisionEcran Noir a mis deux extraits sur son compte YouTube:
- extrait 1
- extrait 2

(c) photos : vincy thomas

Le justicier noir, milliardaire !

Posté par geoffroy, le 11 mars 2009

Succès stratosphérique de l’été 2008, Batman, le chevalier noir (The Dark Knight) a vu, le 23 janvier dernier, son parc US passer de 6 à 350 salles afin de lui permettre de franchir la barre mythique du milliard de dollars. Ce procédé, souvent utilisé à l’approche des nominations aux Oscars, permet de « relancer » sur quelques jours l’exploitation d’un film et de récupérer, à peu de frais, des millions plus symboliques que vraiment nécessaires. L’objectif mercantile de la Warner a été atteint depuis peu, Batman totalisant près de 1,001 milliards de dollars de recettes brutes. De ce fait, le film se place au quatrième rang « monde » hors inflation derrière Titanic (1,84 milliards $), Le Retour du Roi (1,12 milliards $) et Pirates des Caraïbes, le secret du coffre maudit (1,07 milliards $).

A ce résultat exceptionnel vient s’ajouter un autre record. En effet, l’opus de Christopher Nolan se trouve être le seul film du top 20 monde dont les recettes intérieures dépassent celles réalisées à l’international (533 millions $ contre 468 millions $). Si le score à l’international reste de haut niveau, il ne peut souffrir la comparaison avec l’incroyable engouement du public d’outre-atlantique. Deuxième derrière le Titanic de Cameron en recettes hors inflation, The Dark Knight se positionne au 27e rang si l'on tient compte de l'inflation du prix du billet au fil des ans, c'est-à-dire entre un Disney, Le Livre de la jungle (530 millions $) et un James Bond, Thunderball (538 millions $).

Clôturé le 5 mars 2009, The Dark Knight devient le plus gros succès, toute période confondue, pour un film de super-héros sur le sol de l'Oncle Sam. Seul bémol, il reste derrière Spider-man 3 en ce qui concerne les recettes à l’international (468 millions $ contre 554 millions $). Un challenge que le troisième opus tentera à coup sûr de relever.

Berlin ne connaît pas la crise

Posté par MpM, le 11 mars 2009

BerlinLa capitale allemande et plus généralement sa région (le Land de Brandenburg) semblent le dernier lieu de tournage à la mode. Déjà aperçus dans des films comme Walkyrie, Speed racer ou La vengeance dans la peau, Berlin et ses alentours servent cette semaine de décor au thriller politique L’enquête, et seront prochainement les guest-star de productions aussi importantes que Le liseur, Pandorum, Ninja ou encore Inglourious Basterds. "C’est la capitale cinématographique de l’Allemagne, sans aucun doute", confirme Christoph Fisser, vice-président du studio babelsberg, basé dans le Land de Brandenburg, qui peut se glorifier d’environ un siècle d’activité.

Pourtant, le renouveau de la région comme point névralgique des tournages internationaux est plutôt récent, dû tout à la fois aux coûts modestes de production, aux grasses subventions versées et à l’expérience d’équipes chevronnées prêtes à tout pour respecter les délais souvent restreints. Et en plus, à Berlin, le moindre vœu d’un réalisateur est aussitôt exaucé : fermer pendant trois jours un échangeur de cinq voies en plein centre de la ville (pour une course poursuite du film Ninja de James McTeigue), réquisitionner un bâtiment public en activité le temps de tourner quelques scènes de procès (Le liseur), autoriser l’accès au Bendlerblock, bureau secondaire du Ministère fédéral de la Défense utilisé lors du complot contre Hitler en 1944 (Valkyrie)… rien n’est impossible ! Revers de la médaille, on n’a peut-être pas fini de voir des films mettant en scène des personnages allemands, en Allemagne, et parlant… américain !

Photo MpM