Rencontre avec deux nouveaux talents : Claire Burger et Nassim Amaouche

Posté par Benjamin, le 10 décembre 2009

Arrivés le mardi 8 décembre, Claire Burger et Nassim Amaouche, membres du jury et jeunes cinéastes français, connaissent bien les Rencontres Henri Langlois pour y avoir participé et reçu des prix. Tout deux ont en effet été récompensés par le Prix spécial du jury (en 2004 pour Nassim et en 2008 pour Claire) et ils étaient également au dernier festival de Cannes à la Semaine de la Critique. Le court métrage de Claire précédait la projection du long de Nassim. Après une rencontre avec des lycéens et des étudiants en cinéma, ils ont bien voulu nous accorder un petit moment en totale décontraction et autour d'une tasse de café...

Regard sur les festivals.

Le ton est amical, les blagues circulent (surtout de la part de Nassim Amaouche) mais cela n'empêche pas le propos d'être sérieux. Et même s'ils sont encore de jeunes cinéastes, Claire et Nassim ont l'expérience des festivals et s'expriment sur ce type de manifestation. Sans parler des Rencontres Henri Langlois dans un premier temps, ils abordent leur présence dans de nombreux festivals. Tout deux insistent par exemple sur le fait que si un festival est un lieu d'échange, un réalisateur ne doit pas y passer sa vie: "notre métier c'est de faire du cinéma [...] On se perd à aller dans tous les festivals" confie Claire Burger. Non pas qu'ils n'apprécient pas d'y être conviés, bien au contraire, mais c'est parfois une tentation à éviter pour eux s'ils veulent garder leur concentration intacte.

Cependant, Nassim Amaouche déclare avoir "besoin des festivals" car "quand on fait des courts métranges, [c'est] le seul endroit où on peut les montrer" et que "gagner un prix, ça fait de l'argent". Il est vrai que pour des jeunes cinéastes qui débutent, les festivals sont l'occasion de pouvoir partager et discuter de leur oeuvre, notamment avec des professionnels et donc d'avoir l'opportunité de faire des rencontres qui peuvent leur être bénéfique pour l'avenir. Toutefois, le réalisateur d'Adieu Gary tient à rappeler (c'est son côté "engagé" qui s'exprime) que les festivals de courts métrages souffrent ces derniers temps. Des festivals "militant qui croient à l'éducation par l'image" mis à mal par le gourvenement (il cite celui de Clermont-Ferrand qui a eu des déboires avec le ministre Brice Hortefeux): "on a fait passer des équipes qui organisaient [des] festivals plus ou moins ambitieux pour des exploitants de bénévols. On est dans une période de résistance en terme de culture".

En acceptant d'être jurés pour les Rencontres Henri Langlois, Claire et Nassim ont exprimé leur envie "d'aider" ces petits festivals et ce  cinéma discret. De rendre, quelque part, ce que ces derniers leur avaient offert.

Les Rencontres Henri Langlois.

Les deux réalisateurs nous font part de leur joie, de leur plaisir d'être à Poitiers. Pour des raisons personnelles (Nassim Amaouche y a par exemple rencontré sa femme) mais aussi pour des raisons plus professionnelles, parce que Poitiers est un festival plus ouvert au public que d'autres, plus axé sur l'échange et le partage. Un festival véritablement vivant qui apporte "des rencontres qui encouragent" déclare Claire Burger, et qui "contrairement à d'autres festivals, nous propose de rencontrer des scolaires, d'aller montrer les films en prison, de rencontrer différents types de publics".

Il est vrai que le festival de Poitiers met 'accent sur cette participation des plus jeunes qu'ils soient collégiens, lycéens, étudiants voire maternelles (puisqu'un programme, Piou-piou, a été mis en place spécialement pour eux). Des jeunes à qui il est permis d'aller vers un autre cinéma (d'auteur, asiatique) et de rencontrer des cinéastes (tels que Rithy Panh) qui leur offrent de véritables leçons de cinéma. C'est sans doute ce savant mélange entre professionnalisme et amateurisme qui les charme tant.

Il ne leur reste plus désormais qu'à juger (une mission qu'ils prennent à la fois avec sérieux et détachement) les 40 films en compétition pour rendre leur palmarès samedi à 18h30. Un palmarès qu'ils disent déjà subjectif et très modeste...

Kusturica retrouve Johnny Depp

Posté par vincy, le 10 décembre 2009

Johnny Depp renoue avec le cinéma d'auteur européen. Hormis la version inachevée de Don Quichotte par Terry Gilliam, la star américaine s'était souvent fourvoyée dans des productions insipides hollwoodiennes ces dernières années, entre deux épisodes de la franchise qui l'a rendu milliardaire, Pirates des Caraïbes, et les films de Tim Burton. Cette année, avec les films de Terry Gilliam et Michael Mann, Depp a retrouvé son public cinéphile. Et ça devrait continuer puisque l'acteur a accepté d'être le révolutionnaire mexicain Pancho Villa dans le prochain film d'Emir Kusturica.

17 ans après Arizona Dream (Prix spécial du jury à Berlin), les deux artistes croisent de nouveau leur chemin. Depp est devenu une star mondiale catégorie A, Kusturica a été confirmé comme un cinéaste majeur avec une deuxième Palme d'or. Le réalisateur Serbe n'a cependant pas convaincu les critiques depuis plusieurs années, sans doute enfermé dans son style, ou désireux de liberté (documentaire, tournée musicale...).

L'actrice mexicaine (productrice hollywoodienne, épouse d'un milliardaire français) Salma Hayek complète le casting de ce film qui sera tourné cet hiver en Andalousie (Espagne).

Kusturica adapte ici le livre de James Carlos Blake, Les amis de Pancho Villa, racontant l'histoire du bandit et général mexicain "à travers les yeux de ses amis et de la femme qu'il aimait".

A l'origine, Kusturica avait songé à Javier Bardem pour le rôle de Villa.