Oscar et la dame rose : bluette pour ne pas voir la vie en gris

Posté par vincy, le 8 décembre 2009

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L'histoire : Le Dr Düsseledorf apprend aux parents d'oscar que leur enfant n'a pas supporté le dernier traitement médical contre sa maladie. Il n'en a plus que pour douze jours à vivre. Oscar entend malgré lui la conversation et se réfugie dans un mutisme. Mais il se souvient d'une femme, Rose, fantasque, le langage cru, assez drôle, ne le jugeant pas sur son état, l'ayant traité comme un gamin normal. La livreuse de pizza. Il la réclame, en fait une condition sie qua non pour passer ses derniers jours. Dans un premier temps Rose refuse de jouer les assistantes sociales. Mais le Dr Düsseldorf, avec quelques arguments économiques, parvient à la convaincre. Surtout elle se prend d'affection pour Oscar.

Notre avis : Après Odette Toulemonde, Eric-Emmanuel Schmitt continue de flirter avec le cinéma sentimentaliste, celui où la griserie doit absolument l’emporter sur les idées grises. Oscar et la Dame Rose ne parvient pas à maintenir notre intérêt sur toute sa longue, noyé dans des digressions inutiles, distrait par des séquences trop faciles, désarticulé par des confrontations maladroites.

Bien sûr le réalisateur peut compter sur l’abattage de son actrice principale, Michèle Laroque, qui fait du Michèle Laroque, à la fois cassante et émouvante, entre bonnes vacheries et larmes salées. De même Amir, alias Oscar, est judicieusement choisi. D’ailleurs le casting relève d’une certaine classe. Amira Casar en infirmière pas sympa, Max Von Sydow en docteur compatissant, Mylène Demongeot en mère un peu folle, … rien de honteux.
Pour certains, ce genre de navet grand public, entre mièvrerie digne d’un passage lors du Téléthon et couple impossible qui ravira les producteurs hollywoodiens pour un éventuel remake, ce genre de série B donc sera peut-être un peu honteux comparé à leur filmographie.

Le film, cependant, a quelques qualités. Il aurait mérité d’être davantage resserré, plus percutant que narratif. Le compte à rebours devient ainsi lancinant et longuet au fil des jours. La répétition étire le temps. De même la vie de la Dame Rose n’est pas palpitante, trop clichée ou trop superficielle, peu importe, elle n’apporte rien hormis une rupture rythmique. En revanche dès que le film se consacre (se concentre) sur l’enfant et sa bonne fée, les envies de l’un et les fables de l’autre, alors, sans parler de magie, la chimie cinématographique opère et révèle, par intermittence, le formidable film fantastique que cela aurait pu être.

Astro Boy : le petit robot grandit avec la taille de l’écran

Posté par kristofy, le 8 décembre 2009

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"- J'ai essayé de trouver ma place dans le monde."

L’histoire : Un petit garçon comme les autres va devenir différent : il découvre qu'il peut voler et qu’il possède d’autres pouvoirs, qu'il est un robot créé par un scientifique qui voulait se consoler de son fils disparu. Le monde d'Astro Boy est celui de Metro City : un îlot futuriste en hauteur par rapport au reste du monde, une gigantesque ville moderne et robotisée. Les humains se font aider d’une multitude de robots dans la vie quotidienne. Mais Astro Boy n'est pas un robot comme les autres : il fonctionne avec le seul et très précieux échantillon de pure énergie bleueque convoite un politicien prêt à tout pour s’en emparer à des fins militaires. Astro Boy va alors trouver un refuge dans le monde de la surface d’en dessous. Il fait la connaissance d’autres robots au rebut qui eux veulent s’affranchir de l’esclavage des humains et devient, simultanément, ami avec une bande de gamins qui le prennent pour un petit garçon normal. Son dilemme ne fait que commencer...

Notre avis :  Astro Boy est un film d’animation du studio Imagi qui se voudrait dans la lignée des dessins-animés livrés par les studios Pixar ou Dreamworks. Pour la version internationale c’est un casting prestigieux qui a été réunit pour faire le doublage des voix, on y entend le jeune Freddie Highmore (déjà Arthur chez les Minimoys de Luc Besson) entouré de Nicolas Cage, Charlize Theron, Bill Nighty, Kristen Bell et Eugene Levy. On y trouve son lot de bons sentiments (se découvrir des amis, avouer un secret, sauver le monde), une petite dose d’humour (à chaque fois apportée par des robots d’ailleurs, pas par les humains) et de nombreuses scènes spectaculaires (poursuites dans les airs, combats de robots). Alors qu’est ce qui distingue Astro Boy  d’un autre film d’animation ? Et bien c’est le personnage d'Astro Boy, particulièrement bien réussi avec sa bouille irrésistible et son conflit intérieur qui le rend si attachant.

Cette nouvelle version animée, modeste et sans esbrouffe, parvient à faire vivre sur grand écran le célèbre personnage du manga sans  trop le trahir. Il faut rappeler qu'Astro Boy est d’abord un héros japonais dessiné par Osamu Tezuka, qui a donné ses lettres de noblesse au manga comme art littéraire. Astro Boy  le petit robot est publié au début des années 50 et dès 1963 il est déjà adapté en série animé pour la télévision avant de faire ses premiers pas (discrets) au cinéma. Ce nouveau film respecte plutôt bien la genèse d'Astro (un robot à l’image d’un fils mort accidentellement, qui sera ensuite rejeté par son père) mais il met de côté son mentor et ses amis pour développer une aventure un peu différente.

Ce Pinocchio des temps modernes  est destiné aux publics les plus jeunes, mêlant sans trop de maladresse le distrayant et l'intelligent.

A Poitiers, les femmes souffrent jusqu’au sang.

Posté par Benjamin, le 8 décembre 2009

 A Poitiers, le festival est définitivement lancé. Le jury, composé entre autre de Nassim Amaouche (réalisateur d'Adieu Gary, Grand Prix de la Semaine de la Critique au dernier festival de Cannes) et de Claire Burger (primée l'an dernier aux Rencontres Henri Langlois pour Forbach) est arrivé le mardi 8 décembre, venant remplir davantage les salles du TAP de Poitiers.

 Et en ce mardi 8 décembre, les femmes ont souffert en compétition aux 32ème Rencontres Henri Langlois. Du sang a coulé, des cris ont été poussés mais la joie est arrivée au final. Tout est bien qui finit bien donc pour ces deux films : le premier est mexicain et a pour titre Roma, réalisé par Elisa Miller et le second, Janna & Liv, réalisé par Thérèse Ahlbeck est suédois. Deux films qui n'ont pas laissé le public poitevin indifférent (surtout Janna & Liv) et qui abordent, chacun à leur façon, la femme, mais la femme en tant qu'être délaissé, souffrant physiquement et moralement.

 Roma montre une jeune immigrée qui descend d'un train de marchandises et vient se cacher dans les locaux d'une entreprise. Sale, affamée, on la découvre dans son intimité: lorsqu'elle va aux toilettes ou qu'elle prend sa douche, nue bien évidemment. La caméra de la réalisatrice s'attarde sur sa culotte, rouge de sang et sur ses jambes qu'elle nettoie de ses problèmes menstruels. Là encore, il y a un rapport direct au corps de cette jeune femme qui, contrainte à l'exil, à la clandestinité, à l'abandon, ne peut vivre sa féminité décemment. Le sang de ses menstruations coule sur elle et elle doit attendre la main tendue d'un inconnu pour enfin se sentir mieux dans son corps. Après avoir récupérée se dignité de femme, elle peut alors reprendre sa route de vagabonde.

Dans Janna & Liv, c'est la maternité qui est traitée. Une maternité vécue par deux femmes, Janna et Liv, que tout oppose excepté leur grossesse bien avancée. L'une est craintive et ne veut accoucher sans la présence de son mari, l'autre vit chaque instant avec tonus et ne s'inquiète guère de l'arrivée de son bébé. L'une se laisse déborder par la situation, l'autre en contrôle chaque élément... mais en façade seulement. Car le film dévoile rapidement deux femmes seules, abandonnées par la présence masculine et qui doivent assumer sans aucune aide ce ventre rond. Et, encore une fois, cet abandon, ce délaissement, cette souffrance intérieure ressurgit de façon violente sur le physique: la difficulté de se mouvoir à cause de la grossesse mais surtout dans un premier temps, le sang (de nouveau !) qui s'écoule entre les jambes de Liv et qui la paralyse. S'en suit l'accouchement douloureux, très douloureux. Filmé de façon magistral, le spectateur accompagne dans cette épreuve ces femmes courageuses qui se battent littéralement pour mettre au monde deux petits êtres.

 Janna & Liv, tout en s'inscrivant dans ce thème de la solitude qui parcours le festival, fait du bien et retient notre attention.