Berlin 2010 : Ang Lee, garçon d’honneur avec deux Ours d’or

Posté par vincy, le 12 février 2010

Avec deux films radicalement différents, le cinéaste Ang Lee doit à Berlin deux de ses plus prestigieux prix, l'Ours d'or. Il est le seul réalisateur à avoir obtenu deux fois la récompense pour Garçon d'honneur, une comédie de moeurs (1993), et Raisons et sentiments, drame sentimental (1995). De la communauté chinoise expatriée à New York aux costumes de Jane Austen, il montre déjà son goût du grand écart. Pourtant, il y a beaucoup en commun : le refoulement des émotions, l'impossibilité d'exprimer son Amour (avec un grand A) au grand jour, les carcans de la société qui empêchent de s'épanouir ouvertement.

Garçon d'honneur, avec un soupçon de mélancolie et quelques touches cocasses, fait vibrer les coeurs et, avec ce film, il débute une longue filmographie gay-friendly.

Raisons et sentiments, non sans sarcasme dans le scénario d'Emma Thompson, s'avère plus subtil et lui permet d'explorer des mondes très étrangers (lointains?) de sa propre culture.

Dans les deux cas, il est le représentant de cette vague asiatique qui déferle depuis la fin des années 80 à Berlin. En 1988, Zhang Yimou (cette année encore en compétition), remporte le premier Ours d'or du continent avec Le Sorgho Rouge. En 1993, ex-aequo, avec Garçon d'honneur (officiellement taïwannais), La femme du lac des  âmes parfumées de Xie Fei, donne le deuxième Ours au cinéma chinois.

Berlin 2010 : Le fantôme de Polanski entre ombre et lumière

Posté par vincy, le 12 février 2010

ghostwriter-mcgregor.jpgThe Ghost Writer devait ouvrir le Festival de Berlin, mais les organisateurs ont préféré ne pas obstruer le premier jour du 60e anniversaire avec une polémique potentielle et des gros titres sur l'affaire juridique qui cloître le réalisateur Roman Polanski en Suisse."Nous ne voulions pas qu'il y ait une interprétation comme quoi la Berlinale prenait position dans cette histoire privée." C'est donc sans son réalisateur que l'importante production internationale a été montrée ce vendredi, dans un Berlin enneigé jusqu'aux mollets.

Ironiquement, le thriller, efficace et non dénué d'humour, doté d'un final triplement tragique (et plein de surprises), fait écho, malgré tout, à la situation du réalisateur. En effet, Pierce Brosnan incarne Adam Lang un ex-premier ministre britannique (aux forts accents blairistes) victime d'une accusation qu'il estime infondée et qui doit le trainer devant la Cour de justice internationale de La Haye pour crime contre l'humanité.  Lang estime que c'est absurde et qu'il est le centre d'un procès en sorcellerie alors que ses décisions avaient été prise au nom de l'intérêt général dans la lutte contre le terrorisme. Les médias y sont filmés comme des vautours en quête d'une proie sensationnelle. Les activistes en colère sont dépeints comme des hystériques. L'ex-PM est obligé de résider dans un pays étranger pour échapper à la justice de son pays... Troublante coïncidence. Le discours de Lang sonne comme un réquisitoire contre le mode binaire et simpliste dans lequel on tente de caser tout raisonnement même complexe.

Polanski dresse un portait attendrissant de ces personnages humiliés publiquement ou menacés. Mais conservant toujours le sourire et sauvant la face dès qu'une caméra apparaît...

Il ne pouvait y avoir de film plus symbolique dans l'oeuvre du cinéaste pour le représenter en son absence. Ses acteurs lui ont rendu hommage. Ewan McGregor qui signe sa meilleure performance depuis des lustres affirme qu'"il est très respecté parce que c'est un cinéaste extraordinaire. Il a une maîtrise du plateau, je n'avais jamais vu ça. C'est un grand maître, très exigeant avec l'équipe. Nous avons tourné une fois 22 heures d'affilée et bon, il a quand même 76 ans!". Brosnan en rajoute une couche : "Son énergie est féroce. Il a une façon de régner sur le tournage qui oblige tout le monde à assurer".

Polanski a un belle histoire avec le Festival puisqu'il a été sélectionné trois fois : en 1965 avec Repulsion (Prix de la crtique et Prix spécial du jury), en 1966 avec Cul-de-Sac, Ours d'or, et en 1972 avec Afternoon of a Champion (Mention spéciale).

Travelling?: scénario, nouvelle et festival s’emmêlent

Posté par Morgane, le 12 février 2010

En 2008, le festival Travelling a imaginé un projet sur l’adaptation cinématographique?: le scénario d’une nouvelle sous forme d’un concours. Ce dernier donne l’occasion à des scénaristes et réalisateurs d’adapter en scénario court une nouvelle d’un auteur étranger, natif du pays mis à l’honneur lors du festival.

L’année dernière, Jérusalem était au coeur du festival et c’est l’écrivain israëlien Etgar Keret avec sa nouvelle Petit déjeuner de santé qui s’est lancé dans cette aventure. À l’écran, cela va donner naissance au film Le Silence de Gael Naizet produit par Paris Brest et qui sera tourné au printemps prochain.

Pour cette nouvelle édition 2010, Travelling accueille Istanbul et a donc choisi l’écrivaine turque Asli Erdogan et sa nouvelle Le Captif. Trente-huit scénarios ont été reçu et quatre d’entre eux ont été retenus pour participer à cette nouvelle édition de Travelling:

Le captif de Gwendal Quistrebert

Les captifs d’Emmanuelle Gorgiard

Le fébrile de Loïc Barché

Persona non grata de Valérie Reich

Le jury sera composé de Stéphane Brizé (réalisateur), Isabelle Huige (chargée de coproduction fiction à Arte), Frédéric Sabouraud (professeur et journaliste de cinéma). L’heureux gagnant du concours se verra remettre un prix de 1000 euros ainsi que les droits d’adaptation de la nouvelle. Les résultats seront connus le samedi 13 février à 20h30 au cinéma TNB.