Berlin 2010 : l’Iran prive Jafar Panahi (???? ?????) de Festival

Posté par vincy, le 16 février 2010

jafar_panahi.jpgLe réalisateur iranien Jafar Panahi, invité d'honneur de la 60e Berlinale, n'a pas reçu la permission de quitter l'Iran. Le régime de Mahmoud Ahmadinejad continue de défier le mone occidental avec une répression toujours plus sévère.

Panahi est un symbole en soi. Le réalisateur a été découvert en 1995 avec Le ballon blanc (Caméra d'or à Cannes) avant d'enchaîner les prix les plus prestigieux. Léopard d'or à Locarno en 1997 (Le Miroir), Lion d'or à Venise en 2000 (Le cercle), Prix du jury d'Un certain regard à Cannes en 2003 (Sang et or) et enfin Ours d'argent - prix du jury en 2006 (Hors-jeu).

Il devait participer un une conférence très attendue - Cinéma iranien : Présent et futur. Le Festival s'est déclaré surpris et a exprimé ses regrets.

Mais Pahani est aussi un des porte-paroles les plus critiques du pouvoir iranien.  Il avait déjà été interpellé à Téhéran en juillet 2009, quand, avec des partisans, il avait rendu hommage dans un lieu public, à des manifestants tués lors des révoltes qui ont suivi l'élection présidentielle contestée du 12 juin.

C'est évidemment inacceptable. Ce n'est pas tant l'artiste qui est baillonné, mais bien un citoyen iranien qui est confiné dans un pays qui censure chacun de ses films.

Ensemble c’est trop :et parfois, trop c’est vraiment trop…

Posté par Morgane, le 16 février 2010

ensemblecesttrop.jpg« - l’île aux enfants, ça nous a rendus cons.»

L’Histoire?: Clémentine et Sébastien, jeunes parents débordés, pris en étau entre leur travail et leurs enfants, voient Marie-France, la mère de Sébastien, s’installer chez eux. Elle a découvert que son mari, Henri, la trompait et que sa maîtresse attendait un enfant. Dévastée, elle se comporte chez son fils comme une adolescente en crise, sapant l’autorité et le moral du jeune couple. La naissance du petit frère de Sébastien et l’euphorie béate que cette paternité tardive provoque chez son père achève de brouiller les esprits et l’ordre des générations…

Notre Avis?: Après avoir réalisé Bienvenue en Suisse et Notre univers impitoyable, Léa Fazer revient dans les salles obscures avec Ensemble c’est trop, dernier film de l’acteur Jocelyn Quivrin avant son tragique accident. Elle s’attache ici à une famille sur trois générations et dépeint les relations plutôt compliquées qui en lient chacun des membres. Pour fair court, les grands-parents se séparent, lui ayant une maîtresse beaucoup plus jeune qui porte leur enfant. Celui-ci sera donc le petit frère du fils ainsi que l’oncle des filles de ce-dernier déjà âgées d’une petite dizaine d’années. On comprend alors que tout ne soit pas très clair pour tout le monde. Néanmois, tout cet imbroglio intergénérationnel qui aurait pu déboucher sur un film quelque peu foufou donne plutôt naissance à un film sans grande surprise et peu aventureux. Le scénario reste assez classique balayant des chemins déjà fort connus et le film se transforme très vite en une suite de scènettes parfois cocasses mais bien souvent trop vues, revues et rerevues.De plus, le talent des comédiens n’est pas véritablement mis en valeur et les personnages peu creusés et assez caricaturaux. Nathalie Baye campe ici une femme bafouée mais tout dans ses sentiments sent l’excès et la démesure rendant ainsi son personnage peu crédible. Pierre Ariditi, souvent sublimé devant la caméra d’Alain Resnais, apparait ici très fade en papi-papa gateau rêvant d’une nouvelle jeunesse, aspect de sa personnalité qui aurait d’ailleurs demandé que l’on s’y attarde un peu plus. Il n’y a guère que Jocelyn Quivrin qui réussit à tirer son épingle du jeu en jeune trentenaire débordé par son job, ses enfants et sa mère devenue quelque peu  envahissante; tout comme Éric Cantona qui est plutôt touchant dans son rôle d’homme perdu puis amoureux transi.

Au-delà de la comédie de moeurs, Léa Fazer se lance dans une sorte de comparaison entre les anciens soixante-huitards pour qui la vie était si simple et la génération suivante (les 30 ans d’aujourd’hui) qui subit la crise, le chomage et pour qui joindre les deux bouts en fin de mois n’est plus si évident. L’idée est certes intéressante, mais malheureusement, son regard sur cette situation penche de suite vers le cliché et dessert l’intention initiale.Alors, on sourit parfois mais on s’ennuie le plus souvent. Ensemble c’est trop fait partie de ces nombreuses comédies qui ne réussissent pas à captiver le spectateur et que ce dernier oubliera certainement assez rapidement.

Chant des mers du Sud : hymne au vivre ensemble

Posté par MpM, le 16 février 2010

Chant des mers du SudL’histoire : Ivan le Russe et Assan le Kazakh sont voisins. Un jour, la femme d’Ivan donne naissance à un enfant étonnamment brun et bridé, et le conflit éclate entre les deux familles. Des années plus tard, chacun des deux hommes éprouve le besoin de partir à la recherche de ses racines.

Notre avis : Sélectionné et primé dans de nombreux festivals internationaux (Pusan, Nantes, Rotterdam, Vesoul…), ce Chant des mers du Sud délicat et cocasse s’avère une fable humaniste sur la nécessité de dépasser les différences ethniques pour vivre en bonne harmonie. Comme souvent avec le cinéma venu d’Asie centrale, l’histoire semble passer par bien des digressions qui sont autant de détours et de circonvolutions empêchant au film d’aller droit au but. Pour l’apprécier malgré tout, il faut se faire à ce mélange des genres, symbolisme et didactisme, drame et comédie, et à cette lenteur étudiée, patiente, qui mène toujours quelque part mais à son rythme, et avec son cheminement propre.

Même la structure, extrêmement archétypale, rend aux premiers abords l’intrigue complexe et peu avenante. Comme si chaque personnage, chaque situation, chaque geste même, ne servait qu’à illustrer avec force le propos de Marat Salut, mais n’existait pas pour lui-même. Il s’en dégage alors une impression de lourdeur, un manichéisme qui rend le film maladroit, légèrement sentencieux. On n’est pas loin de la démonstration pontifiante, heureusement contrecarrée par le regard bienveillant et amusé que le réalisateur porte sur cette société où tout finit toujours par tourner à la farce.

L’illustration du fameux Chant des mers du Sud en animation de papiers découpés, les plans contemplatifs sur les vastes plaines, les passages hauts en couleur entre le chef du village et son chauffeur allemand nous immergent dans l’ambiance burlesque de ce village kazakh dont on ne saurait vraiment prétendre qu’il est typique… mais qui participe à ancrer l’intrigue dans l’univers du conte décalé plus que du réalisme. Grâce à ce petit brin de fantaisie, cet appel au vivre ensemble et à l’ouverture aux autres ne manque indéniablement pas de charme.

Reprise : Rue Cases-Nègres, une Martinique douce-amère

Posté par Claire Fayau, le 16 février 2010

ruecasesnegres.jpg"L'instruction est la clé qui ouvre la deuxième porte de notre liberté."

Synopsis: Martinique, années 30. Le jeune José vit avec sa grand-mère dans un extrême dénuement. Pour eux, comme pour tous les autres Noirs de la "Rue Cases-Nègres", l'existence est très rude puisque les seules ressources proviennent de l'exploitation des champs de canne à sucre...qui appartiennent aux Blancs. Si l'esclavage a été aboli, la dépendance économique le remplace. C'est dans cet univers aride que grandit José, sous l'œil bourru mais ô combien lucide et tendre de sa grand-mère, dont les principes d'éducation plutôt rigides n'ont qu'un but : armer au mieux son petit-fils pour lui permettre d'affronter l'avenir,  un avenir qu'il ne pourra conquérir qu'en comptant exclusivement sur lui-même. D'après le roman de Joseph Zobel.

Notre avis :Le cinéma est fait pour ce genre de film initiatique où la vie d'un pays est décrit à travers les yeux d'un enfant. Après la vision de ce film, la canne à sucre a un goût amer, mais le message s'avère positif : avec un peu d'intelligence et beaucoup de travail, on peut se sortir de la misère, sans pour autant renier ses origines, ses racines ou sa famille. Un  premier long- métrage coup de maître pour Euzhan Palcy (qui n'a jamais fait mieux depuis), récompensé par plus de  17 prix à travers le monde entier (notamment le Lion d'or à Venise) avec les soutiens de François Truffaut et Robert Redford tombés sous son charme.

Mention spéciale pour la défunte Darling Legitimus, "Miss Darling", épatante et touchante en grand-mère courage dont ce sera le dernier rôle après 50 ans de cinéma. Sans oublier les jeunes interprètes de José (Garry Cadenat) et son copain  mulâtre Léopold (Laurent Saint-Cyr). Aujourd'hui le film peut paraitre  un brin classique et académique dans sa forme , mais le fond reste -hélas- d'actualité, notamment avec les troubles qui ont agité la Martinique l'an dernier et la polémique récente sur l'absence de diversité dans le cinéma français.

Essentiel pour comprendre que notre identité nationale française ne se résume pas aux gaulois et à la chrétienté. Universel, atemporel, il s'adresse à toutes les générations.

Berlin 2010 : le Sharunas Bartas nouveau est arrivé

Posté par MpM, le 16 février 2010

20105896_2_popup1.jpgCeux qui ont vécu une fois dans leur vie l'expérience Sharunas Bartas (Corridor, Few of us, Seven invisible men) s'en souviennent à jamais, tant chaque film de ce réalisateur lituanien est une expérience sensorielle et humaniste dont on sort bouleversé. Chez lui tout est dépouillement et contemplation, perception aigüe de l'existence et acuité des sens. Ses personnages n'ont pas besoin de parler pour s'exprimer, et ses histoires se passent d'intrigue, de rebondissements, de fioritures. On est comme face au cours d'une rivière, brut et sauvage.

D'où l'immense surprise face à son nouvel opus, Indigène d'Eurasie (présenté en section Forum de la Berlinale), un polar noir qui nous entraîne de la France jusqu'en Russie, sur les pas de Gena, un Lituanien impliqué dans divers trafics. Sombre et désenchanté, le film observe la globalisation morose d'un monde où tous les lieux se ressemblent et où les êtres sont condamnés à une solitude émotionnelle qui les tue à petit feu. L'humanisme, ici, se mue en une sorte d'autopsie d'humanité, dénuée de chaleur ou de compassion.

L'utilisation des codes du polar semble avoir permis au cinéaste de trouver un langage cinématographique non moins ambigu, mais plus accessible qu'autrefois. Pourtant, bien qu'il s'agisse probablement de son œuvre la plus "abordable" (pleine de dialogues, de suspense et de rebondissements), c'est aussi celle qui semble la plus désespérée. La plus fondamentalement éloignée de son cinéma bienveillant et abrupt.

Interrogé sur ce changement radical de style, Sharunas Bartas botte en touche. "J'ai vieilli", déclare-t-il en préambule. Avant d'expliquer qu'il faut passer par différentes étapes avant d'arriver au film suivant. "On ne peut pas sauter plusieurs étapes d'un coup. C'est une progression." On n'en saura pas plus, et c'est peut-être le plus beau paradoxe du cinéaste que de conserver son mystère avec son film le plus limpide.

Travelling, une ville, un pays, de nombreuses destinées

Posté par Morgane, le 16 février 2010

my_only_sunshine_02.jpgIstanbul est au coeur de Travelling en cette année 2010 et le festival de Rennes s’est donc penché sur les traces des diverses populations qui la composent.

Étaient projetés aujoursd’hui, entre autres, deux films à la fois si différents et pourtant identiques en certains points?: Frères d’exil de Yilmaz Arslan (2005) dans la section les Turcs en Europe et My only sunshine de Reha Erdem (2008, en photo) présenté en avant-première et qui a fait l’ouverture du festival.

Des parcours durs et tendres

Ce qui frappe en premier lieu et rassemble ces deux films réside dans la dureté du propos. L’un suit le parcours de réfugiés kurdes en Allemagne tandis que le second suit une jeune fille maltraitée par la vie et qui, par la force des choses, grandit beaucoup trop vite. La violence est présente dans chacun des films, qu’elle soit physique ou bien psychologique et ceux qui la subissent sont des enfants, la rendant encore plus injuste. Mais la tendresse n’est pas pour autant exclue de ces parcours ballottés et de ces adolescences brisées. Elle ressort dans Frères d’exil dans le beau lien d’amitié très fort qui unit les deux jeunes «héros» tout comme elle brille dans le sourire de Hayat lorsqu’enfin sortie de sa pénombre et de sa solitude elle s’éveille à la vie.

Un cinéma qui brille de beauté

Autant Frères d’exil sonne comme un documentaire tourné de manière assez brute et directe, autant My only sunshine brille par sa lumière et sa beauté. La caméra suit cette jeune fille triste et solitaire dans une vie qui semble des plus misérables mais dans un cadre magnifié par le réalisateur. Les dialogues sont rares et le film laisse alors le temps au spectateur d’assimiler l’environnement, de laisser son regard errer dans chaque recoin de l’image. Et si les paroles sont peu nombreuses les sons et les musiques n’ont pas pour autant déserté le film. Ces derniers sont au contraire bien présents et transforment certains objets en autant de composants d’un orchestre??: les sirènes des énormes bateaux retentissent et ponctuent les nombreuses traversées de la jeune fille,  la peluche chante, le grand-père qui respire très mal, la nature… le film est aussi visuellement très travaillé et sa beauté accentue le contraste avec la triste vie de Hayat.

Que ce soit en Turquie ou en Allemagne, les films se révèlent ici durs et forts. Un cinéma qui transporte et remue...

Berlin 2010 : Werner Herzog aime-t-il le cinéma ?

Posté par MpM, le 16 février 2010

"Je n'ai vu que deux films en 2009 et ils étaient si mauvais que je préfère ne pas les nommer." Cette charmante boutade relevée par Screen est signée Werner Herzog, président du jury de cette 60e Berlinale, à qui cela doit du coup faire tout bizarre de voir en dix jours environ dix fois plus de films que pendant toute l'année écoulée...

Rendez-vous le soir du palmarès pour savoir si l'un d'entre eux, au moins, aura eu l'heur de ne pas lui déplaire.