Cannes 2010 : les prétendants…

Posté par vincy, le 18 février 2010

cannes_marches.jpgQui pourrait aller à Cannes cette année? Les prétendants sont nombreux, les élus le seront moins... Passage en revue des films en post-productions ou tout juste finalisés.

ASIE

Du Japon, le film de Takashi Miike (Thirteen Assassins) pourrait être l'un des points forts venus d'Asie. Pourquoi pas la prochaine production des Studios Ghibli? On pourrait retrouver aussi hors-compétition Johnnie To (Death of A Hostage), un habitué, Tran Anh Hung (Forêt norvégienne), et quelques coréens comme l'ex juré Lee Chang-dong (Poetry), Im Kwon-Taek (101ème Film), Im Sang-soo (La femme de chambre). Pour Wong Kar-wai, la probabilité est toujours possible, malgré les retards de production, de voir The Grand Master. De Chine, Jia Zhang-ke, avec deux films en cours paraît le candidat incontournable. D'Inde, on suggère que le Murali Nair (La chèvre stérile) est un élu possible.

On croisera sans doute des films du Proche et du Moyen Orient. Il n'y a pas de favoris parmi les films israéliens ou turcs. D'Iran, on parle de Circonstance, de Maryam Keshavarz et certainement Abbas Kiarostami (Copie conforme).

AMERIQUES

Après son passage remarqué à la Quinzaine des réalisateurs, le jeune Xavier Dolan pourrait être promu avec son deuxième film, Love, Imagined. Ni  Cronenberg, ni Egoyan n'ont un film à proposer.

De l'autre côté de la frontière, d'Hollywood ou d'ailleurs, les différentes sélections auront le choix.  Par ordre alphabétique : Woody Allen (You Will Meet A Tall Dark Stranger), Darren Aronofsky (Black Swan), John Cameron Mitchell (Rabbit Hole), Sofia Coppola (Somewhere), Jodie Foster (The Beaver), David O'Russell (The Fighter), Oliver Stone (Wall Street 2), le studio Pixar (Toy Story 3), Sylvester Stallone (The Expendables), l'Australien Peter Weir (The Way Back) et surtout Terrence Malick (The Tree Of Life). Des noms moins connus comme Bruce Robinson (The Rum Diary), Géla Babluani (13, le remake de son film 13 Tzameti) et Julie Taymor (The Tempest) ont leur chance, tout comme certains primés à Sundance. Côté séance de minuit, on espère Robert Rodriguez (Machete) et Oren Peli (Area 51). Pour l'ouverture ou une projection à haute-tension, on envisage bien le Robin des Bois de Ridley Scott.

Du côté latino-américain, le cinéma chilien a proposé Nostalgia de la Luz, de Patrico Guzman et Post Mortem, de Pablo Larrain. Le Mexique mise sur Michael Rowe (Ano Bisiesto) et Carlos Reygadas (Revolucion). L'Argentine peut compter sur Daniel Burman (Dos Hermanos) et Pablo Trapero (Carancho). On peut aussi s'attendre à un film brésilien ou péruvien.

EUROPE

L'Europe pourrait de nouveau être présente en force. D'Allemagne, de nombreux cinéastes sont sélectionnables (Benedek Fliegauf, Lars Kraume, Chris Kraus, Sophie Schoukens), et notamment Tom Tykwer avec Trois. D'Italie, rien ne dit que Nanni Moretti sera prêt avec les déboires psychanalytiques de son Pape, mais Gabriele Salvatroes est sur les rangs (Happy Family). Côté scandinavie, les noms de Susanne Bier (La revanche) et Bent Hamer (Home for Christmas) font consensus. On évoque aussi Peter Fly (La femme qui rêvait d'un homme) et surtout d'Aki Kaurismaki (Le Havre,  présenté au marché de Berlin), s'il est finalement prêt. Le film réalisé en Espagne d'Alejandro Gonzalez Inarritu, Biutiful, a été préparé en vue de ce festival. Les rumeurs bruissent autour de Room in Rome, de Julio Medem et de Même la pluie, d'Iciar Bollain. Le cinéma britannique sera sans doute le mieux représenté avec six réalisateurs dans la course : Ken Loach (Route Irich), Stephen frears (Tamara Drive, adaptation de la BD homonyme), le nouveau Mike Leigh, Kevin MacDonald (le réalisateur de Jeux de pouvoirs, avec Eagle of the Ninth), David Mackenzie (The Last Word, probablement  à Un certain regard) et Peter Mullan (Neds). Du poids lourds. Il ne faudrait pas oublier le suisse Jean-Luc Godard (Socialisme).

D'Europe de l'Est, les noms de Marian Crisan, Cristi Puiu et Kornel Mundruczo (le réalisateur de Delta) circulent. Aux côtés de fidèles de la Croisette comme Danis Tanovic (Cirkus Columbia), Bela Tarr (The Turin Horse), Otar Iosseliani (Chantrapas).

On parle aussi pour le contingent russe du prochain film de Nikita Mikhalkov (L'exode, la suite de Soleil Trompeur, qui avait manqué de peu la Palme d'or à Cannes) et d'Alexandr Sokurov avec sa version de Faust.

FRANCE

Le choix et vaste, et toutes les sections n'y suffiront pas. Les films qui suivent sont prêts ou quasiment. Les choix seront politiques, artistiques et diplomatiques (équilibre entre producteurs et distributeurs). ils ne seront que trois en compétition. On parie sur Tavernier et Kechiche. Hors-compétition ou en clôture, Lelouch (La chance de ma vie) et Besson (Arthur et les Minimoys 3) ont leur chance.

-  Bartabas, Zingaro Revisité

- Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux

- Julie Bertucelli, L'arbre

- Bertrand Blier, Le bruit des glaçons

- Rachid Bouchareb, Hors-La-Loi

- Laure Charpentier, Gigola

- Antoine Charreyron, La nuit des enfants rois

- Jean-Paul Civeyrac, Des Filles En Noir

- Alain Corneau, Contre-toi

- Isabelle Czajka, D'amour et d'eau fraîche

- Jacques Doillon, Le mariage à trois

- Lola Doillon, Sous Ton Emprise

- Nicole Garcia, Un balcon sur la mer

-  Abdellatif Kechiche, Vénus noire

- Gilles Marchand, L'autre monde

- Marion Naccache, Coney Island

- Gilles Paquet-Brenner, Elle s'appelait Sarah

- Julian Schnabel, Miral

- Joann Sfar et Antoine Delesvaux, Le chat du rabbin

- Bertrand Tavernier, La Princesse de Montpensier

Réponses mi-avril.

Hollywood Top 40 : les réalisateurs les mieux payés en 2009

Posté par vincy, le 18 février 2010

Vanity Fair a révélé les 40 plus grosses fortunes d'Hollywood pour l'année 2009. L'occasion pour nous de diviser le classement par métiers. Les réalisateurs trustent les cinq meilleures places. On constate aussi que le poids des recettes internationales augmentent considérablement les revenus, tout comme le cumul des fonctions (producteur-réalisateur-scénariste). Si Cameron n'a pas encore profité pleinement de l'effet Avatar, et si Spielberg n'a fait que produire l'an dernier, on note que les films à grands spectacles conduisent aux gros comptes en banque...

1 - Michael Bay - 125 millions de $

2- Steven Spielberg - 85 millions de $

3 - Roland Emmerich - 70 millions de $

4 - James Cameron - 50 millions de $

5 - Todd Phillips - 44 millions de $

9 - J.J. Abrams - 36 millions de $

11 - Tyler Perry -  32,5 millios de $

20 - Ron Howard - 25,5 millions de $

27 - Oren Peli et Jason Blum - 22,5 millions de $

36 - Clint Eastwood -  17 millions de $

Percy Jackson: que la foudre nous foudroie si on n’a pas vu plus nul!

Posté par Benjamin, le 18 février 2010

percyjackson.jpg

Humeur. Que dire de Percy Jackson, voleur de foudre ? Que dire de cette nouvelle production réservée aux ados qui marchent sur les pas d’Harry Potter du Monde de Narnia et compagnie ? Quelle est sa valeur ? Surpasse-t-il ses semblables ou convient-il seulement aux mangeurs de popcorn boutonneux ?

Les réponses sont extrêmement simples et il est inutile d’écrire une longue tirade pour avancer le fait que Percy Jackson est le parfait reflet d’un cinéma de plus en plus dominant dans nos salles obscures (près de 500 000 spectateurs en France en 8 jours). Un cinéma qui prend parfois l’allure d’une maladie et qui gangrène les esprits de nos jeunes ados. Percy Jackson est un jeune homme dont la coupe de cheveux et le style vestimentaire branchés ne doivent pas cacher son profond mal-être. Non, Percy Jackson n’a pas connu un violent traumatisme durant son enfance. Non, il n’a pas essuyé les dures épreuves de la vie. Percy est en réalité le fils de Poséidon ! Rien que ça et en moins de deux, le voilà catapulté dans un camp pour « demi-dieux » ou chacun délaisse son iPod et ses Converses pour une armure en cuire et une épée ébréchée faut-il y voir un problème phallique?). Durant sa quête et affublé de deux acolytes (un « noir » forcément drôle et un brin « rappeur » et une jeune femme belle mais farouche, aucun clichés, non,non), il affrontera alors les monstres mythologiques les plus emblématiques : du Minotaure jusqu’à Méduse en passant par l’Hydre de Lerne. Une bonne révision avant le remake du Choc des Titans (en avril).

Alors Percy Jackson a-t-il une qualité quelque part ? Dans le scénario aucune, puisque le film suit une trajectoire des plus rectilignes avec toutes les demi-heures une scène d’action pour tenir en haleine le spectateur et avec, bien entendu, un final qui se veut à la fois haletant et spectaculaire. Seulement, tous ces évènements sont prévisibles et les effets spéciaux (parfois terriblement mal faits) n’arrivent pas à relever le niveau. En fait, il faut bien comprendre que Percy Jackson est un produit de consommation qui reflète à la perfection le pathétique de ce cinéma pour ados. Certains auront beau se cacher derrière le discours historico-mythologique, ce n’est qu’une façade. On abaisse le niveau de qualité pour qu’il soit plus accessible au spectateur au lieu de forcer celui-ci à s’élever. Et dire qu'on râlait après Troie. Du coup, le colis livré est bas de gamme. Le plus honteux certainement est le fait d’utiliser les références mythologiques pour les transformer en problèmes d’ados : « je suis mal dans ma peau parce que mon père est un Dieu et je n’ai jamais pu le rencontrer ». Mon Dieu, que l’existence est dure et impitoyable pour ses jeunes gens si beaux, si exceptionnels. Mais le spectacle est plus dur encore pour le pauvre spectateur… Ah non, il y a erreur. Le spectacle sera certainement un ravissement pour le spectateur de ce film qui ne verra peut-être pas la supercherie.

Peut-être que les films comme Percy Jackson n’ont pas lieu d’être. Comme un hot-dog consommé dans la rue. Mais, en perdant l’exigence, en ramollissant au maximum les capacités du consommateur, c’est le cinéma qu’on réduit à sa plus simple expression industrielle et c’est l’art que l’on perd.

Berlin 2010 : les secrets de l’hospitalité taïwanaise

Posté par MpM, le 18 février 2010

taiwan_directors.jpgA Berlin comme dans tous les festivals de cinéma du monde, après les quatre ou cinq films courageusement enchaînés, il est temps de se détendre en se rendant dans l'un des cocktails, soirées ou fêtes organisés chaque soir. Dans des lieux souvent select se pressent ainsi les heureux détenteurs d'invitations, sésame indispensable pour atteindre le buffet, le bar et la piste de danse.

Exemple avec la sympathique Taïwan Party qui se tenait le 16 février dans une des salles de réception du Ritz-Carlton : ambiance bon enfant (comme on l'avait précédemment remarqué à Cannes et à Vesoul, la représentation cinématographique de Taïwan sait s'amuser), service impeccable, animation joyeusement débridée et défilé permanent des équipes de films présents à Berlin. Avec, cerise sur le gâteau, la visite éclair de Jackie Chan, star internationale qui a provoqué quelques minutes de pur délire.

Les enjeux d'une telle soirée ne sont pas difficiles à comprendre, quoi que multiples. Une fête réussie, c'est bon pour l'image d'un pays, mais c'est surtout excellent pour les affaires. Il est ainsi primordial de promouvoir les quelque 100 films taïwanais (fictions, documentaires, animations, courts métrages et projets en cours de réalisation) disponibles sur le marché pendant la Berlinale. Parmi ces films (dont les plus anciens datent de 2008), on retrouve par exemple Cape n°7, prodige du box-office taïwanais en 2008, toujours pas sorti en France, No Puedo Vivir Sin Ti de Leon Dai, Cyclo d'or à Vesoul en début de mois, ou encore le dernier Tsai Ming-Liang (Visages), présenté à Cannes en 2009. Aux acheteurs, distributeurs et organisateurs de festival de tous les pays de faire leur choix !

Autre cible de la délégation taïwanaise : les producteurs et réalisateurs étrangers désireux de venir tourner à Taipei. Un guide très bien fait détaille ainsi les hauts lieux  de la capitale susceptibles d'accueillir un tournage. Temples, musées, monuments, clubs... tous les décors du monde sont là ! Et ce n'est pas tout.

Depuis janvier 2008, la commission du film de Taipei (une organisation semi-gouvernementale) est chargée d'assister les productions ayant lieu sur son territoire. Il s'agit notamment de faciliter les autorisations de tournage, favoriser les coproductions, fournir aux réalisateurs toutes les informations dont ils ont besoin... Un système d'aides financières est par ailleurs prévu pour les productions répondant à certaines conditions. En 2008, 660 000 dollars auraient ainsi été distribués.

Et Taïwan n'est qu'un exemple parmi d'autres, chaque pays présent ayant dans une certaine mesure des films à vendre, un paysage à louer et surtout sa part de rêve à gagner. Un joli cercle vertueux (?) qui devrait permettre d'alimenter les festivals en oeuvres comme en festivités pendant encore un bon moment...

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photo : les réalisateurs Hou-Chi-jan (One Day), Niu Chen-zer (Monga) et Arvin Chen (Au revoir Taipei)

Travelling?: Dans le menu, le festival, le cinéma, l’envie… et Mexico

Posté par Morgane, le 18 février 2010

Durant le festival Travelling à Rennes, j’ai eu l’occasion de déjeuner en compagnie d’Anne Le Hénaff et Mirabelle Fréville qui s’occupent toutes deux de la partie artistique du festival et d’Isabelle Buron, chargée de la presse du festival au niveau national et international.

Ce fut alors l’occasion de discuter plus en détails des choix du festival et de se pencher plus particulièrement sur le concours de la nouvelle dont c’était cette année la deuxième édition.

Travelling a été créé à Rennes il y a 21 ans de cela, avec Londres au coeur de la première édition. Les villes mises à l’honneur ont donc été nombreuses et le choix de chaque année peut paraître délicat à renouveler. Celui-ci se fait finalement assez naturellement, en fonction de l’actualité, du contexte, et en concertation le plus souvent. Pour le choix d’Istanbul pour cette édition 2010, cela faisait longtemps qu’Anne Le Hénaff souhaitait plonger au coeur de cette ville et de son cinéma mais l’accès à son patrimoine cinématographique était relativement compliqué. La saison de la Turquie en France lui donnait alors l’aide logistique nécessaire pour donner vie à ce projet.

Concernant le concours du scénario d’une nouvelle, c’est Mirabelle Fréville qui est à l’origine de ce beau projet.

D’où lui vient cette idée et cette envie??

Chaque année, Travelling fait un focus sur une ville et ce thème est l’essence même du festival. Le festival se concentrait alors principalement sur la diffusion des films. Le concours du scénario d’une nouvelle devenant par la suite un court métrage permettait alors de générer de la création.

De plus, Mirabelle Fréville trouve que dans un court métrage, qui est bien souvent un premier film, on retrouve régulièrement les mêmes thèmes (enfance, famille etc.). Cette idée d’une adaptation d’une nouvelle permet alors de changer ce sujet. De plus l’adaptation est un exercice très riche et cela permet également de donner un nouveau souflle au festival, car pour vivre 21 ans et plus, il faut savoir se renouveller.

Pourquoi une nouvelle d’Asli Erdogan??

Cette année, Mirabelle Fréville a choisi une nouvelle d’Asli Erdogan pour le concours de scénario. Le Captif, édité dans le recueil Les oiseaux de bois chez Actes Sud et paru en novembre 2009 revient sur une femme enceinte que l’on regarde comme un être très bizarre. Ce qui plaisait à Mirabelle Fréville c’est le côté intemporel et universel de cette nouvelle. Elle cherchait particulièrement une nouvelle d’un auteur turc mais qui ne soit pas fondamentalement ancrée en Turquie et puisse être donc transposée dans n’importe quel lieu. De plus, en lisant les romans et nouvelles d’Asli Erdogan, c’est tout un univers très visuel qu’elle a découvert.

Les festival 2010 a clos ses portes hier soir, après un concert de Selim Sesler à l’Ubu mais Travelling nous donne d’ores et déjà rendez-vous l’année prochaine à Rennes pour une nouvelle édition sous le regard de Mexico...