The Film Foundation sauve le patrimoine cinématographique mondial

Posté par MpM, le 1 décembre 2010

Grâce aux techniques de restauration moderne,  on (re) découvre de plus en plus de chefs d'oeuvre qui semblent presque plus beaux qu'ils ne l'étaient à leur sortie. Derrière l'éclat retrouvé des couleurs et des sons se cache souvent un travail de titan, mais aussi une volonté de fer, celle de ne pas laisser à l'abandon les grands films du passé.

Parmi les acteurs principaux de cette sauvegarde du patrimoine cinématographique mondiale, on retrouve depuis 20 ans Martin Scorsese et l'organisation The Film Foundation qu'il a créée, et à qui l'on doit déjà la restauration du Journal d'une femme de chambre de Jean Renoir, de New York-Miami de Franck Capra ou encore du Salon de musique de Satyajit Ray. Grâce à eux, c'est aujourd'hui au tour du Guépard de Luchino Visconti de s'offrir une nouvelle jeunesse en salles, en DVD et blue-ray, dans une version entièrement remasterisée. Retour sur un véritable sauvetage.

Ecran Noir : Tout d’abord, pouvez-vous nous dire quelques mots sur "The Film Foundation" ?

The Film Foundation : Créée en 1990 par Martin Scorsese, The Film Foundation est une organisation à but non lucratif dont l’objectif est de protéger et préserver le patrimoine cinématographique en attribuant des fonds à des projets de conservation et de restauration. La fondation a éveillé les consciences à l’urgence de la préservation des films et a déjà participé à la sauvegarde de près de 545 films. Aux côtés de Martin Scorsese, siègent au Conseil d’administration Woody Allen, Paul Thomas Anderson, Wes Anderson, Francis Ford Coppola, Clint Eastwood, Curtis Hanson, Peter Jackson, Ang Lee, George Lucas, Alexander Payne, Robert Redford et Steven Spielberg. Par ailleurs, The Film Foundation collabore avec la Guilde des réalisateurs américains (The Directors Guild of America) dont le président et le secrétaire-trésorier siègent à son Conseil d’administration.

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(Le guépard avant la restauration)

EN : Comment choisissez-vous les films qui ont besoin d’être restaurés ?

TFF :
En collaboration directe avec Martin Scorsese et le Conseil d’administration, la fondation passe en revue les propositions soumises chaque année par les archives et décide de la meilleure manière de répartir les fonds. Pour ce faire, nous prenons en compte la rareté des éléments à notre disposition mais aussi le degré d’urgence de la sauvegarde.

EN : Comment était Le guépard avant sa restauration ? Etait-il vraiment très abimé ?

TFF : Le Guépard a été filmé avec un procédé appelé "Technirama" dans lequel les images sont tournées en 35 mm à défilement horizontal et non vertical. L’image anamorphique qui en résulte, deux fois plus grande qu'en 35 mm standard, est extrêmement nette et riche en détails. Mais le négatif de 1963 s’est détérioré et présente la plupart des dégradations propres aux films de cette époque. Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que grâce au procédé utilisé, les rayures et les impuretés traversent l’image horizontalement plutôt que verticalement.

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(Le guépard après la restauration)

EN : Comment avez vous procédé concrètement ? Quelles sont les différentes étapes du travail de restauration ? Avez-vous rencontré des obstacles particuliers ?

TFF : Pour cette nouvelle restauration, les négatifs originaux en "Technirama" ont été scannés à 8K (8000 lignes de résolution horizontale) soit un total de 21 téraoctets de données. Un interpositif de sauvegarde a également été scanné pour fournir des éléments qui étaient absents sur le négatif original. Après le scan, tous les fichiers ont été convertis en 4K et les finitions de la restauration ont été réalisées numériquement à cette résolution.    Plus de 12 000 heures de restauration manuelle ont ainsi été nécessaires pour faire disparaître 47 années de poussières, rayures et autres défauts accumulés au fil des ans. La bande son originale mono a également fait l’objet d’une restauration minutieuse en ayant recours à une source magnétique en 35 mm enregistrée en numérique puis nettoyée pour ôter les bruits et les parasites tout en conservant fidèlement les caractéristiques du son original.

EN : Finalement, est-ce que le film est aussi beau qu'en 1963 ou encore plus beau ?

TFF : La restauration a permis de conserver et même d'embellir la beauté originelle du film, telle que Visconti l'aurait voulu.

Propos traduits par Claire et MpM

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Le guépard de Luchino Visconti (1963)
En salles depuis le 1er décembre
Edition DVD et Blue-ray

Crédit photo : Images provided courtesy of Twentieth Century Fox and Pathé.


Les Independent Spirit Awards 2011 s’offrent Hollywood (et deux films français)

Posté par vincy, le 1 décembre 2010

Mc Hale, Mendès, Renner ont présenté les nominations

Winter's Bone part grand favori de la cérémonie des Independant Spirit Awards, les Oscars du cinéma inédpendant américain. Avec 7 nominations, l'histoire d'une jeune fille tentant de sauver une famille en désintégration, avec un père dealer de drogue, le drame de Debra Granik, déjà couronné par les Gotham Awards, deux prix au Festival de Berlin, deux autres à celui de Seattle et surtout le Grand Prix du jury à Sundance, devient un concurrent sérieux pour les Oscars. Il sort en France le 2 mars prochain.

Autre film qui pourrait s'inviter aux Oscars, le nouveau Darren Aronofsky, Black Swan. Il est cité cinq fois. Juste devant trois autres productions qui se partagent quatre nominations chacun : la comédie dramatique homoparentale The Kids are All Right, le nouveau John Cameron Mitchell, Rabbit Hole, et le dépressif Greenberg, avec Ben Stiller.

Mais il faut aussi noter la présence du dernier Danny Boyle, 127 heures, qui fait sensation dans les salles par son réalisme horrifique.

En fait, les Spirit Awards, qui seront décernés la veille des Oscars, le 26 février, se payent un casting de choc avec la présence de nombreuses stars hollywoodiennes. De quoi intéresser les médias et voler la vedette à la vénérable statuette convoitée par tous : James Franco (présentateur des Oscars, par ailleurs, Ben Stiller, John C. Reilly, Annette Bening, Nicole Kidman, Natalie Portman, Michelle Williams, Samuel L. Jackson, Bill Murray, Mark Ruffalo, Naomi Watts ... Le tapis rouge va voir défiler un nombre impressionnant de vedettes confirmées. Cela démontre que le cinéma indépendant séduit de plus en plus les comédiens "installés", et en creux que le cinéma des studios proposent de moins en moins de rôles et de scénarios intéressants. La frontière entre les deux catégories a implosé.

Enfin, remarquons que, dans la catégorie du meilleur film étranger, la Palme d'or cannoise, Oncle Boonmee, sera en concurrence avec le Grand prix du jury, Des hommes et des Dieux. De même ils seront rivaux d'un autre favori pour les Oscars, The King's Speech, et d'un autre film français, Mademoiselle Chambon, dont le charme semble avoir traversé l'océan.

Les nominations :

Meilleur film : 127 heures ; Black Swan ; Greenberg ; The Kids are all right ! ; Winter's Bone

Meilleur réalisateur : Darren Aronofsky (Black Swan) ; Danny Boyle; (127 Hours) ; Lisa Cholodenko (The Kids Are All Right) ; Debra Granik (Winter's Bone) ; John Cameron Mitchell (Rabbit Hole)

Meilleur acteur : Ronald Bronstein (Daddy Longlegs) ; Aaron Eckhart (Rabbit Hole) ; James Franco (127 Hours) ; John C. Reilly (Cyrus) ; Ben Stiller (Greenberg)

Meilleure actrice : Annette Bening (The Kids Are All Right) ; Greta Gerwig (Greenberg) ; Nicole Kidman (Rabbit Hole) ; Jennifer Lawrence (Winter's Bone) ; Natalie Portman (Black Swan) ; Michelle Williams ( Blue Valentine)

Meilleur second rôle masculin : John Hawkes (Winter's Bone) ; Samuel L. Jackson (Mother and Child) ; Bill Murray (Get Low) ; John Ortiz (Jack Goes Boating) ; Mark Ruffalo (The Kids Are All Right)

Meilleur second rôle féminin : Ashley Bell (The Last Exorcism) ; Dale Dickey (Winter's Bone) ; Allison Janney (Life During Wartime) ; Daphne Rubin-Vega (Jack Goes Boating) ; Naomi Watts (Mother and Child)

Meilleur scénario : The Kids Are All Right ; Winter's Bone ; Please Give ; Rabbit Hole ; Life During Wartime

Meilleur premier film : Everything Strange and New ; Get Low ; Night Catches Us ; The Last Exorcism ; Tiny Furniture

Meilleur premier scénario : Obselidia ; Tiny Furniture ; Lovely, Still ; Jack Goes Boating ; Monogamy

Prix John Cassavetes (film dont le budget est inférieur à 500 000 $) : Daddy Longlegs ;  Lbs. ; Lovers of Hate ; Obselidia ; The Exploding Girl

Meilleure image : Never Let Me Go ; Black Swan ; Tiny Furniture ; Winter's Bone ; Greenberg

Meilleure documentaire :  Exit Through the Gift Shop ; Marwencol ; Restrepo ; Sweetgrass ; Thunder Soul

Meilleur film étranger : Kisses (Irlande) ; Mademoiselle Chambon (France) ; Des Hommes et des Dieux (France) ; The King's Speech (Royaume Uni) ; Oncle Boonmee qui se souvient de ses vies antérieures (Thaïlande)

Prix Acura du cinéaste de demain : Hossein Keshavarz (Dog Sweat ; Laurel Nakadate (The Wolf Knife) ; Mike Ott (Littlerock)

Prix Piaget du meilleur producteur : In-Ah Lee (Au Revoir Taipei) ; Adele Romanski (The Myth of the American Sleepover) ; Anish Savjani (Meek's Cutoff)

Prix Aveeno du documentariste de demain : Ilisa Barbash, Lucien Castaing-Taylor (Sweetgrass) ; Jeff Malmberg (Marwencol) ; Lynn True, Nelson Walker (Summer Pasture)

Prix Robert Altman (réalisateur, directeur de casting et l'ensemble du casting) : Please Give, de Nicole Holofcener, avec Ann Guilbert, Rebecca Hall, Catherine Keener, Amanda Peet, Oliver Platt, Lois Smith, Sarah Steele