Justin Bieber Never say Never : un être assexué et désincarné comme fantasme

Posté par vincy, le 22 février 2011, dans Actualité, société, Business, Critiques, Films, Personnalités, célébrités, stars.

Never Say Never raconte l'histoire vraie de Justin Bieber, devenu le phénomène mondial que l'on connait. Le public découvrira son incroyable parcours, de Stratford au Canada où il jouait dans la rue jusqu'à son concert à guichets fermés au Madison Square Garden. Découvrez cette fulgurante ascension et rentrez dans l'intimité de cette jeune star internationale.

Le synopsis est évidemment grandiloquent. On en a vu des jeunes stars "phénoménales" se briser les ailes : voix muée, problèmes personnels, changements de staff, évolution des goûts de leurs fans... Alors autant profiter de la Justinmania, comme les studios ont profité de la vogue Hannah Montana ou celle de Miley Cyrus.

Ces productions hollywoodiennes ne sont pas nouvelles. Britney Spears, Prince, Madonna, Elvis Presley, ... tous les artistes ont profité du cinéma pour flatter leur ego, parfois en filmant leurs tournées backstage, parfois en scénarisant légèrement un fil conducteur ponctué de chansons. Énième documentaire / concert, on est plus souvent hors de scène que dessus. La star a primé sur l'artiste. Un choix ou un constat?

Justin Bieber, ici, se livre en mélangeant son quotidien (fantastique), sa pression (incroyable), ses chansons (dingues ces cris hystériques ... Justiiiiiiiiiin)... La prière est un rituel. Et les guests ne se font pas prier pour venir sur scène. On y croise Jaden Smith, puisque l'acteur de Karate Kid avait déjà chanté la chanson du générique avec Bieber. Le tout en 3D pour être plus proche des boutons d'acnée, les toucher, les percer... ah le rêve.

L'affiche nous le présente mélancolique, tourné vers le passé, le visage moins gamin. Avec sa capuche, il ressemble à un Eminem light. Toujours cette mèche, en vogue, comme une vague...

Du coup, malgré ses 21 millions de fans sur Facebook et 7 millions sur Twitter, il est parodié de partout, pour ne pas dire moqué. Snobé par les Grammy, adoré par les MTV Awards, il a fait craquer les adolescentes en deux albums, My World et My World 2.0 (quelle originalité, quelle modernité). 2,3 millions d'albums vendus aux USA, n°1 en Allemagne, en Australie, n°3 au Royaume Uni, n°4 en France... et pourtant aucun single à la première place... mais des concerts remplis à ras bord. On est loin des scores de Britney Spears ou Lady Gaga, cependant, côté ventes.

Loin de nous la volonté de minimiser son succès. Certes, cela a toujours existé les enfants stars. Celui-là, parfait blondinet sachant bouger sans une once de vulgarité sexuelle ou de sous entendus sensuels, correspond parfaitement à l'image fantasmée d'un adolescent doué, propre sur lui, ne se mêlant de rien. C'est de la pop, pas du rock.

À 17 ans, entouré de Usher, Rihanna et Miley Cyrus, ce canadien joue pleinement sur son innocence, préférant souvent les costards blancs aux noirs. Le sexe n'a pas sa place dans cette biographie d'un adolescent dont la vie est remplie de filles hurlant son nom. L'image de Bieber balançant sa mèche, au ralenti, pourra faire rire (on est plus proche d'un pastiche de publicité pour shampoing que d'un geste chorégraphique signifiant). Le documentaire ne transgresse jamais la ligne jaune qui départage le marketing du talent, la sincérité du calcul, les pensées intimes de la propagande.

Mais il faut supporter la musique durant 105 minutes. Quoiqu'on en dise, un docu sur U2, les Stones ou Michael Jackson, même imparfait, est toujours sauvé par le son.

Objet faussement lumineux de désir, Never Say Never est là pour combler un public. C'est du produit bien empaqueté permettant de survaloriser la marque Justin Bieber dans le monde. Il est censé incarner un rêve... Mais qui peut rêver d'être aussi formaté?

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