Berlin 2011 : Wim Wenders parle de Pina

Posté par MpM, le 14 février 2011

Wim Wenders est venu défendre son film devant une salle de journalistes enthousiastes et émus par la vision qu'il donne de son amie, la célèbre chorégraphe Pina Bausch, dans le documentaire en 3D, Pina. Florilège.

Le regard de Pina Bausch

"C'est un peu le thème de notre film. Elle avait un regard incroyablement précis, qui va jusqu'au fond de l'âme et elle en a fait des pièces. Et justement, ses pièces disent comment la regarder, elle. Mais on ne se sentait pas mis à nu quand elle nous regardait. C'était un regard plein d'amour."

Inspiration

"C'est difficile de dire quelle inspiration Pina a été pour moi. En tant que réalisateur, on a l'impression d'avoir une certaine maîtrise de son métier. Quand j'ai vu Pina pour la première fois, mais aussi les fois suivantes, j'ai réalisé que je connais le mouvement au cinéma mais que je ne connais pas la réalité du mouvement tel que Pina le créait. Elle a aiguisé mon regard. Avec elle, je me suis senti comme un débutant, et je le suis encore."

Le film

"C'était notre rêve à tous les deux de faire ce film. Quand on a décidé de le faire quand même, malgré sa mort, j'ai eu l'impression que Pina regardait par dessus mon épaule. Tout le monde s'est effacé devant elle, nous étions tous conscients de faire le film pour elle. La principale difficulté, c'est que le film prévu n'a pas pu être réalisé. Pina devait être le personnage principal, on l'aurait accompagnée sur deux tournées à l'étranger, comme dans un road movie.  Nous avions discutés des détails avec Pina. Ce qui était très clair, c'est qu'elle ne voulait pas expliquer ou interpréter son travail, et je lui avais promis que ce ne serait pas le cas. On aurait filmé les répétitions, les corrections. Nous l'aurions observée au travail. Le film aurait été complétement différent. Finalement, nous avons eu l'idée que les danseurs puissent devenir sa voix. Sa méthode qui consistait à poser des questions est apparue comme une bonne méthode pour faire le film. On s'en est rendu compte pendant le tournage."

La 3D

"L'émotion réside dans le travail de Pina. Quand la possibilité d'un espace tridimensionnel s'est présentée, j'ai enfin trouvé le moyen d'approcher ce travail. La 3D est faite sur mesure pour la danse. Où mieux utiliser ce nouveau médium ? C'est formidable. Le langage de Pina était dénué de mots. La nouvelle dimension offerte par le relief permet en quelque sorte de compenser cette absence de mots."

Alain Resnais l’affirme : Vous n’avez encore rien vu

Posté par vincy, le 14 février 2011

Alain Resnais est de nouveau sur les plateaux, à 88 ans. Depuis deux semaines il tourne Vous n'avez encore rien vu, inspiré d'Eurydice, la pièce de Jean Anouilh.

Elle fut jouée la première fois en 1942, en pleine occupation, puis reprise, notamment, en 1991, mise en scène par Georges Wilson, avec Lambert Wilson et Sophie Marceau.

Le scénario de Alex Réval et Laurent Herbiet, déjà auteurs de l'adaptation des Herbes Folles, le précédent film de Resnais, réinterprète la pièce, mélange de scepticisme et de romance, de passion et de mysticisme. "Ah! que c'est difficile, que c'est difficile de toujours expliquer tout!..." est-il dit dans la pièce. Expliquons quand même :  Orphée revu et corrigé par Resnais qui y voit l'occasion de parler des mythes universels (la vie, l'amour et la mort). Eurydice, dans la mythologie grecque, était l'épouse d'Orphée, poète et musicien. Mordue par un serpent, elle meurt, et son mari va la chercher aux enfers. Ici Orphée est violoniste et Eurydice une comédienne en tournée : ils quittent pour vivre leur amour. Mais la jalousie d'Orphée va tout gâcher.

Sabine Azéma et Anne Consigny incarneront deux Eurydice. Les deux actrices étaient déjà partenaires sur Les herbes folles. Elles seront entourées d'Anny Duperey (la mère), Mathieu Amalric (Monsieur Henri), Pierre Arditi et Lambert Wilson (Orphée et son double). Ce dernier était déjà Orphée dans la pièce de son père. Duperey retrouve Resnais 38 ans après le tournage de Stavisky. Les autres sont des compagnons familiers du Maître.

Le casting est aussi étoffé par des rôles plus furtifs : Hippolyte Girardot, Jean-Noël Brouté, Michel Piccoli, Denis Podalydès, Andrzej Seweryn, et Michel Vuillermoz.

Le tournage s'achevant en avril, le film pourrait être présenté à Venise dès cette année pour une sortie avant les fêtes. À moins que Berlin ne l'optionne... De toute façon Resnais a été honoré dans les trois grands festivals...

Sandrine Bonnaire commence le tournage de sa première fiction

Posté par vincy, le 14 février 2011

Elle s'appelle Sabine, premier film de Sandrine Bonnaire, documentaire hommage à sa soeur, avait marqué les esprits : prix Fipresci à Cannes, où il était sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs en 2007, nomination au César du meilleur documentaire. Depuis ce temps, une idée ne la quitte plus : revenir derrière la caméra. Mais pour un film de fiction. Elle avait en tête, à l'époque, l'histoire d'un sans-abri...

J'enrage de son absence est un drame dont elle a cosigné le scénario avec Jérôme Tonnerre (Les femmes du VIe étage, qui sort cette semaine, Quartier lointain, Confidences trop intimes, avec Bonnaire, Le Bossu, Un coeur en hiver...).

Le tournage débute aujourd'hui, jour de la Saint-Valentin. Et ironie du sort, Bonnaire - réalisatrice a engagé William Hurt, son ex. Autour de la star américaine, qui n'en est pas à son premier film français (Au plus près du Paradis, avec Catherine Deneuve), on retrouvera Alexandra Lamy, Augustin Legrand (actuellement conseiller régional en Île-de-France), et Jalil Mehenni.

Ad Vitam distribuera le film.

Sandrine Bonnaire, qui a publié son autobiographie l'an dernier chez Stock, sera cette année la narratrice du documentaire Bonobos (sortie ce printemps) et actrice dans Monet, la lumière blanche, avec Gérard Depardieu et Michel Galabru.