Cannes 2011 : les films de la 50e Semaine de la Critique

Posté par vincy, le 18 avril 2011

Longs-Métrages

Las Acacias, de Pablo Giorgelli
Ave, de Konstantin Bojanov
17 Filles, de Delphine & Muriel Coulin
The Slut (Hanotenet), de Hagar Ben Asher
Snowtown (Les Crimes de Snowtown), de Justin Kurzel
Sauna on Moon, de Zou Peng
Take Shelter, de Jeff Nichols

Courts-Métrages

Alexis Ivanovitch vous êtes mon héros, de Guillaume Gouix
Black Moon, d'Amie Siegel
Blue, de Stephan Kang
Boy, de Topaz Adizes
Bul-Myul-Ui-Sa-Na-Ie, de Moon Byoung-gon
Dimanches, de Valérie Rosier
In Front of the House, de Lee Tae-ho
La inviolabilidad del domicilio se basa en el hombre que aparece empunando un hacha, de Alex Piperno
Junior, de Julia Ducournau
Permanencias, de Ricardo Alves Junior

Séances Spéciales

La Guerre est déclarée, de Valérie Donzelli – Ouverture
Pourquoi tu pleures ?, de Katia Lewcowicz – Clôture
Walk away Renée, de Jonathan Caouette
My Little Princess, de Eva Ionesco

Annulation de la 1ère édition du Festival International du Film des Droits de l’Homme de Yaoundé

Posté par MpM, le 18 avril 2011

FIFDH YaoundéAu milieu des annonces cannoises, l'information est un peu passée inaperçue. Pourtant, elle est d'importance, et surtout éminemment symbolique à une époque où démocratie et soif de libertés individuelles font une percée spectaculaire dans nombre de pays d'Afrique et du Moyen-Orient.

Le 12 avril dernier, la préfecture de Yaoundé (Cameroun) a purement et simplement suspendu la première édition du Festival international du film des droits de l'homme qui devait s'ouvrir tout à fait légalement le soir même au Centre culturel français.

Les organisateurs ont immédiatement annoncé qu'ils annulaient les différentes animations et projections prévues tout en s'insurgeant contre cette décision des autorités camerounaises. "Face aux raisons invoquées, nous pensons qu'il s'agit d'un refus politique de traiter les problèmes relatifs aux droits de l'Homme au Cameroun. Nous déplorons cette situation, et regrettons que le dialogue sur les Droits de l'Homme ne puisse pas avoir lieu sereinement au Cameroun", a notamment déclaré Vincent Mercier, le directeur du Festival.

La manifestation, qui  se voulait un "moment de dialogue, de rencontres et d'échanges", ainsi qu'un "lieu d’expression de la culture démocratique", proposait des films déjà diffusés sans aucun problème dans plusieurs pays d'Afrique. En tout dix-sept projections gratuites qui devaient avant tout offrir un espace de réflexion et de discussion citoyennes aux spectateurs. C'est sans doute ce qui a fait peur aux autorités, inquiètes de voir un vent de contestation se lever au Cameroun.

L'actuel président, Paul Biya, qui est en place depuis près de 30 ans, a en effet été critiqué à plusieurs reprises par Amnesty international pour "restriction des libertés fondamentales des Camerounais" et "violations des droits de l'homme". Pas très étonnant qu'il ait craint d'éventuels "débordements" provoqués par la diffusion subversive de films en faveur de valeurs qu'il bafoue allégrement.

C'est une maigre consolation, mais cette interdiction a au moins le mérite de prouver que le cinéma est un vecteur de démocratisation et d'incitation à l'action suffisamment dangereux pour avoir besoin d'être bâillonné.

L’instant Court : Melancholia, bande-annonce du nouveau Lars Von Trier à Cannes

Posté par kristofy, le 17 avril 2011

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Tune for two réalisé par Gunnar Järvstad, voici l’instant Court n° 28.

Chaque vendredi, un film court montre ici différentes formes : court-métrage ou clip musical, filmé avec une caméra ou un appareil photo, animation ou diaporama, spot publicitaire ou lip dub… Cette semaine un autre format : la bande-annonce.

La bande-annonce est devenu un des plus importants éléments de promotion d’un film, les autres outils marketing (affiche, interview à la presse, avant-première…) n’ont pas autant de puissance. La bande-annonce permet de toucher tous les publics (les spectateurs bien entendu, mais aussi les professionnels que sont les distributeurs de films, les exploitants de salle de cinéma, les acheteurs des chaînes de télévision…) à moindre coût. Son objectif est avant tout publicitaire : faire connaître l’existence d’un film, donner envie de le voir. Son impact économique sur le succès d’un film fait que le plus souvent la bande-annonce est un montage réalisé par des spécialistes en la matière et pas par le réalisateur du film

Le Festival de Cannes vient d’annoncer une liste des films sélectionnés : beaucoup de réalisateurs habitués de la croisette dont on a hâte de voir le nouveau film et aussi certains que l’on est déjà très curieux de découvrir. La sélection cannoise est à peine annoncée qu’elle est déjà commentée en réaction aux pronostics. Et là encore la bande-annonce est le premier élément d’appréciation pour le baromètre d’un film.

Quel film est favori pour la palme d’or ? Le très (trop) attendu The tree of life de Terrence Malick pourrait être récompensé mais on doute que ça soit par la palme d’or. Mais déjà sa bande-annonce laisse deviner quelle allure aura le film tout en conservant son mystère, l’attente monte… Pourquoi tel film sélectionné et pas tel autre ? La bande-annonce du film La conquête de Xavier Durringer a été une des plus regardées lors de sa mise en ligne sur internet. Cette bande-annonce en a fait un des films français dont on parle le plus (au point d’éclipser L’ordre et la morale de Mathieu Kassovitz, film concurrent pour une place à Cannes ?), elle a été montrée au bon moment…

Voila donc la bande-annonce du nouveau film de Lars Von Trier (déjà palme d’or pour Dancer in the dark) en compétition à Cannes : Melancholia. On y découvre un casting aussi prestigieux que éclectique : Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, John Hurt, Kiefer Sutherland, Charlotte Rampling, Udo Kier, Stellan Skarsgard (et son fils)… On y devine une jeune mariée pas très heureuse qui rêve d’autre chose telle une Ophélie pendant qu’une catastrophe menace… La bande-annonce est à la fois très belle et très intriguante, et elle fait de Melancholia déjà un des films à ne pas manquer à Cannes. La sortie française est prévue pour le 17 août.

Retrouvez notre rencontre avec Kirsten Dunst l’année dernière au Festival de Cannes ici, elle nous disait déjà quelques mots de Melancholiahttp://archives.ecrannoir.fr/blog/blog/2010/05/23/cannes-2010-rencontre-avec-kirsten-dunst/

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Melancholia.

7,75 millions de $CAN pour rouvrir le cinéma eXcentris à Montréal

Posté par vincy, le 17 avril 2011

Rebondissement : le cinéma eXcentris va renaître, après deux ans de fermeture et un projet risqué de reconversion (voir actualité du 24 septembre 2009). Le cinéma art et essai Parallèle va devenir propriétaire, en partie, avec l'aide de financements publics, du complexe situé sur le Plateau de Montréal. Cerise sur le gâteau, les trois salles actuelles seront complétées par deux nouvelles salles de 50 et 70 places d'ici deux à trois ans. La ville qui fut autrefois la plus cinéphile du Canada va pouvoir retrouver un peu de son lustre face à Toronto, désormais coeur de l'industrie nord-américaine avec l'un des quatre festivals les plus prestigieux du monde.

Lors de la conférence de presse, le fondateur du Parallèle et patron du Festival du nouveau cinéma (FCMM), Claude Chamberlan, semblait ravi : « ces cinq salles de cinéma d'auteur, c'est un vieux rêve. Comme ça existe à Paris...» Simon Brault, patron de Culture Montréal, semblait rassurer : « on arrête ainsi de dégringoler, car on se marginalisait. Montréal est une vraie ville de résilience. On est capable de rebondir ».

La SODEC apportera 4 millions de $CAN sous forme de prêts, dont 2 millions immédiatement, la Fondation Daniel Langlois, qui avait créé le complexe eXcentris, donnera un million de $ pour moderniser l'équipement (sièges, régie) et la Ville de Montréal contribuera à hauteur de 2,5 millions de $ (dans un fonds qui est en fait alloué par le gouvernement du Québec). C'est bien cette dernière subvention qui a permis de boucler le financement du projet, ainsi que la baisse du prix de vente par Daniel Langlois, propriétaire des salles. Par ailleurs, le Ministère de la culture s'est en plus engagé à verser 1,25 million de $CAN sur cinq ans.

44 ans après sa création, le cinéma Parallèle, simple exploitant, devient donc copropriétaire de l'édifice, inauguré dans les années 90, soit deux étages sur les cinq (Softimage occupe une grande partie des locaux). Il ne restait plus qu'une salle en exploitation depuis la fermeture par Daniel Langlois il y a deux ans. Cela avait fortement affecté la fréquentation du quartier, très animé, avec de nombreux restaurants et bars lounge.

Les rénovations débuteront dès cet été pour une réouverture à l'automne, certainement à l'occasion du Festival du nouveau cinéma, en octobre. En attendant l'extension dans un espace jardin-amphithéâtre, dont le calendrier reste à préciser.

Cannes 2011 : la sélection officielle de la Cinéfondation

Posté par vincy, le 17 avril 2011

En attendant la sélection officielle des courts métrages lundi 18 avril, voici les 16 courts et moyens métrages provenant des écoles de cinéma du monde entier qui seront projetés à Cannes dans le cadre de la sélection Cinéfondation 2011.

Géographiquement, on compte trois américains (dont deux de l'Université de Columbia), trois latino-américains, quatre asiatiques, six européens dont un français.

L'an dernier, le jury présidé par Atom Egoyan avait primé Taulukauppiaat (The Painting Sellers) du finlandais Juho Kuosmanen, et avait décerné le 2e prix à du français Vincent Cardona pour Coucou les nuages.

Cette année, le jury est présidé par Michel Gondry (voir actualité du 22 février 2011). Il devra élire les trois meilleurs fils, de 8 à 44 minutes, choisis par le Festival.

- Casey Tigers, d'Aramisova (FAMU, République Tchèque)

- Suu et Uchikawa, de Nathanael Carton (NYU Asie, Singapour)

- A Viagem, de Simao Cayate (Columbia, USA)

- Befetach Beity, d'Anat Costi (Bezatel Academy, Israël)

- The Agony and Sweat of the Human Spirit, de D. Jesse Damazo et Joe Bookman (U. of Iowa, USA)

- Bento Monogatari, de Pieter Dirkx (Sint-Lukas, Belgique)

- Der Brief, de Doroteya Droumeva (DFFB, Allemagne)

- Duelo Antes Da Noite, d'Alice Furtado (UF Fluminense, Brésil)

- Drari, de Kamal Lazraq (La Fémis, France)

- Salsipuedes, de Mariano Luque (UN de Cordoba, Argentine)

- La Fiesta de Casamiento, de Gaston Margolin et Martin Morgenfeld (U. del Cine, Argentine)

- L'Estate che non viene, de Pasquale Marino (CSC, Italie)

- Big Muddy, de Jefferson Moneo (Columbia, USA)

- Al Martha Lauf, de Ma'ayan Rypp (Tel Aviv U., Israël)

- Ya-Gan-Bi-Hang, de Son Tae-gyum (Chang-Ang U., Corée du sud)

- Der Wechselbalg, de Maria Steinmetz (HFF Konrad Wolf, Allemagne)

Les Chats persans en librairie

Posté par vincy, le 16 avril 2011

Le 28 avril, les éditions Florent Massot publieront le livre Les Chats persans, d'Ashkan Kooshanejad et Negar Shaghaghi. C'est la première fois que l'ouvrage est traduit à l'étranger. Les deux acteurs du film éponyme sont aussi les auteurs du livre. Ils reviennent sur leur enfance à Téhéran, leur rencontre et leur amour risqué de la musique en Iran, ainsi que leur exil à Londres.

Deux ans après avoir enthousiasmé le Festival de Cannes - le film était présenté à Un Certain regard  où il a remporté le prix spécial du jury - les membre du groupe The Yellow Dogs continuent de raconter leur histoire pour ne pas oublier que la répression et la censure sont toujours d'actualité en Iran.

Annecy 2011 : L’Asie très présente, les USA à l’honneur

Posté par vincy, le 15 avril 2011

Le Festival international du Film d'animation d'Annecy (6-11 juin 2011) mettra à l'honneur les Etats-Unis, et particulièrement les contrastes entre les productions de studios et l'artisanat plus discret mais toujours présent. Au programme, on nous promet un zoom sur l'animation indépendante ou encore les 100 meilleurs films de la Warner, et de nombreux débats et rencontres.

Annecy projettera 42 courts métrages en compétition, 35 hors compétition, 71 films de télévision et de commande et 59 films de fin d'études. En plus des expositions, ateliers, conférences, marché, et autres concours sur le web.

La sélection officielle comprend 9 longs métrages en compétition, dont quatre asiatiques et trois français.

- Green Days – Dinosaur and I, de Jae Hoon An et Hye Jin Han, Corée-du-Sud
- The House, de Mi Sun Park, Eun Young Park, Joo Young Ban et Jae Ho Lee, Corée-du-Sud
- The Great Bear, d'Esben Toft Jacobsen, Danemark
- Chico & Rita, de Fernando Trueba et Javier Mariscal, Espagne
- Une vie de chat, Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol, France
- Le Chat du Rabbin, de Joann Sfar et Antoine Delesvaux, France
- L'Apprenti Père Noël, de Luc Vinciguerra, France
- Colorful, de Keiichi Hara, Japon
- Tibetan Dog, de Masayuki Kojima, Japon

Hors compétition, on notera la présence du chinois Legend of Butlar, de l'espagnol L'Apôtre, du britannique Goodbye Mister Christie et des japonais Midori-ko et Osamu Tezuka's Buddha - The Great Departure. Les festivaliers pourront aussi voir le film français d'anticipation (et très attendu) The Prodigies, la nuit des enfants rois.

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site internet de la manifestation

Ciel moins nuageux pour l’adaptation de Cloud Atlas

Posté par vincy, le 15 avril 2011

Cela fait plusieurs mois que le projet Cloud Atlas oscille entre le stand-by et le feu vert du studio, Warner Bros. Il semble que la production pourrait démarrer dès cet automne. Pour l'instant, une seule star est confirmée : Tom Hanks. Les autres acteurs pressentis - Natalie Portman, Halle Berry, James McAvoy - n'ont pas été officialisés, même s'ils ont chacun confirmé, au gré des interviews, leur engagement dans le projet. Il était urgent pour Warner et le mandataire des ventes internationales du film, Focus Features, de présenter un projet solide avant le marché du film à Cannes.

Les producteurs, parmi lesquels DreamWorks, ont aussi annoncé que la réalisation serait confiée au cinéaste allemand Tom Tykwer et aux frères Wachowski. Ces derniers avaient acquis les droits du roman.

Cloud Atlas est en effet un livre fantastique de David Mitchell,  publié en 2004 et récompensé par plusieurs prix. Il s'agit de six histoires, entre le XIXe siècle et un futur post-apocalyptique, qui font l'aller et retour dans les époques à travers les actes et les conséquences de différents personnages dans le Pacifique sud, en Belgique, en Californie, au Royaume Uni, en Corée et à Hawaï. La narration est complexe et nécessite une production lourde et coûteuse pour être transposée au cinéma. Sans doute les scénaristes se concentreront-ils sur un personnage...

A l'origine, Tykwer devait réaliser le film en solitaire. Cela fait près de deux ans qu'il y travaille. Il a écrit le scénario avec les frères Wachowski. Les auteurs de The Matrix n'ont rien tourné depuis Speed Racer, immense fiasco en 2008. Cloud Atlas signera leur retour derrière la caméra.

Tom Tykwer, révélé avec Cours Lola Cours en 1998, réalisateur du film Le Parfum, vient de cartonner aux Césars allemands, les Lolas, remis le 9 avril. Son film Drei (Trois) a remporté plusieurs prix : réalisation, actrice et montage.

Le cinéma maghrébin à l’honneur en Ile-de-France

Posté par Sarah, le 15 avril 2011

Du 4 au 8 mai prochain se tiendra la 6e édition du Panorama des Cinémas du Maghreb au cinéma de L'Ecran à Saint-Denis, mais aussi à Paris et en Seine-Saint Denis. C'est donc l'occasion de découvrir des productions venant des pays du Maghreb (Maroc, Tunisie, Algérie), dont les cinématographies sont en général peu connues du grand public. Le festival a pour habitude de passer outre les caricatures et les idées reçues sur ces pays ou sur la culture musulmane, grâce à une sélection finement élaborée.

Cette année, l'évènement se double d'une deuxième mission. Les récents évènements politiques qui ont eu lieu en Tunisie, en Égypte, en Libye et dans d'autres pays, ont montré à quel point ses habitants avaient soif de changements et de liberté, mais surtout que cela était possible. A travers ce panorama, les organisateurs ont donc souhaité, par le cinéma, leur montrer toute leur affection et leur soutien.

Lors de ce panorama des cinémas du Maghreb 2011, plus d'une trentaine de films seront projetés, dont des courts et des documentaires, le tout en présence des réalisateurs pour que des débats aient lieu à la fin des séances. La sélection est soignée et offre une vision sur le monde assez différente de celle qu'on a l'habitude de voir au cinéma. Le cinéma de L'Écran (à Saint-Denis) représente le point de ralliement de ce festival, bien que le cinéma des cinéastes (Paris 17e), l'Entrepôt (Paris 14e), Le Studio d'Aubervilliers, le Trianon de Romainville et l'Espace 1789 de Saint-Ouen propose également des projections. Pendant quatre jours le cinéma d'auteur maghrébin est donc à l'honneur, avec également des tables rondes et des concerts organisés un peu partout.

En plus d'une sélection riche et variée, le panorama rend cette année un hommage au cinéaste marocain trop peu connu Ahmed Bouanani. A cette occasion, trois courts et son seul long-métrage, intitulé Mirage (1979) seront projetés au public. Qualifié de cinéaste de l'errance, Ahmed Bouanani a créé une œuvre poétique et engagée, qui lui a valu de nombreuses censures.

En avant-goût de ce 6e panorama, on a pu découvrir en avant-première le deuxième film d'Amor Hakkar, Quelques jours de répit, avec la formidable Marina Vlady, ainsi qu' Amor Hakar et Samir Guesmi,  qui nous a beaucoup ému. Il aborde avec justesse et une émotion rare les thèmes de l' immigration, l'homosexualité ou encore la solitude et l'amour chez les personnes âgées. Il a fait partie de la sélection officielle du festival Sundance 2011 et c'est aisément compréhensible. Pour d'autres surprises et coups de cœur, n'hésitez pas à découvrir le reste de la sélection et à vous laisser guider par vos envies...

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6e édition du Panorama des Cinémas du Maghreb
Les 28 et 29 avril à Paris, et du 4 au 8 mai en Seine Saint-Denis.
Pour voir le programme complet, rendez-vous sur le site du festival.

Nouvelle édition DVD pour Mean Streets chez Carlotta

Posté par Benjamin, le 15 avril 2011

Mean Streets, l’un des premiers films de Martin Scorsese, fait peau neuve grâce au DVD édité par Carlotta. L’occasion de revoir cette œuvre singulière du Scorsese de ses débuts, avec toute une pléiade de riches bonus pour comprendre le contexte du film, ce qu’il représente dans la filmographie de Scorsese et dans le cinéma des années 70, en pleine révolution Nouvel Hollywood. Le réalisateur prend la parole, mais aussi un critique de cinéma ou encore le chef op’ du film Kent Wakeford.

L’édition du DVD propose en tout pas moins de six documentaires et entretiens qui permettent de retracer l’histoire du film et son impact sur le cinéma américain. Pour ce qui est du film à proprement parlé, on pourrait se référer à la critique de Pauline Kael qui le considère alors comme le meilleur film de l’année 1973, une œuvre unique dont la sortie fut pourtant très discrète : le film ne trouva pas son public.

Mean Streets est aussi la première rencontre de Scorsese avec le festival de Cannes (focus sur l'année 73) où il fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 1974 (voir l'interview de Pierre-Henri Deleau sur sa sélection de l'époque). Là aussi, le film ne fit pas sensation, mais un certain Michel Ciment demanda à rencontrer ce jeune talent qui l’impressionna fortement.

Dans ce film, Martin Scorsese pose les bases de son cinéma en même temps qu’il se détache de ses racines. Avec Mean Streets, il prend son envol et se défait de ses démons intérieurs. Le personnage de Charlie incarné par Harvey Keitel est son double à l’écran. Il est enfermé dans son quotidien d’italo-américain, au coeur d'une société où le crime organisé règne en maître. Charlie dépend de son oncle, mafieux, qui veut le placer à la tête d’un restaurant. Mais il doit aussi rendre des comptes à ses proches, tout en protégeant son meilleur ami, Johnny Boy (Robert De Niro), qui doit d’importantes dettes. Enfin, il cache sa relation avec Teresa, cousine de Johnny Boy et épileptique et que tout le monde dit « malade de la tête ».

Scorsese filme son quartier natal et les héros de son long métrage à la façon d’un documentaire, tout comme il l’avait auparavant fait avec Who’s that girl knocking at my door. La même musique rock rythme les deux films, mais avec Mean Streets, les choses ont plus d’ampleur, les personnages ont plus de consistance. Cet aspect "brut" et réaliste vient alors se heurter à la valse psychologique des personnages. Ainsi, à vouloir satisfaire tout le monde, Charlie se perd et court à sa propre perte. Englué dans un territoire dont il ne veut plus, il cherche désespérément de l’aide auprès de Dieu. Il n’y a que Johnny qui soit véritablement libre. Jeune chien fou, il fait, dit et crie ce qui lui chante. Il joue à l’idiot, fait la tête brûlée pour ne rien regretter. Peu lui importe la réputation, les remarques et les menaces de chacun. Il vit comme si demain n’existait pas.

Pas d’histoire dans Mean Streets mais un portrait à la fois vrai et psychédélique. La présence de la rue, palpable, sensorielle mais aussi, de façon, invisible, la puissance de la psyché. Charlie doute, et toutes ses craintes apparaissent à vif dans le film. Il s’engouffre de plus en plus et s’approche dangereusement du point de non-retour.

Tous les grands thèmes scorsesiens sont posés dans ce film. Les Rolling Stones sont déjà là et on sent pointer dans certaines scènes Les affranchis. Scorsese entre son passé et son avenir de grand cinéaste. Mean Streets est son premier pas dans la cour des grands.