Le Salon du Livre de Paris : le cinéma en vedette

Posté par vincy, le 15 mars 2012

Cette année, le Salon du livre de Paris, qui ouvre ses portes demain vendredi, fait une place au cinéma. "Du livre au film" reflète une tendance de plus en plus structurelle : les films font vendre les livres dont ils sont l'adaptation. Surtout, depuis quelques années, les écrivains préfèrent les adapter eux-mêmes. Philippe Claudel, David Foenkinos, Frédéric Beigbeder ou encore Virginie Despentes sont à la fois en librairie et sur les affiches de leurs films.

Depuis 4 ans, le salon du livre organisait les Rencontres SCELF des droits audiovisuels où producteurs et éditeurs passaient une journée en séances de speed dating.

Mais cette année, le Salon du livre a décidé de parler de cinéma autrement qu'aux professionnels. Plusieurs rendez-vous destinés au grand public vont permettre de mieux comprendre comment on passe de l'écrit à l'écran. Cette année, suprême bonus, les Comics arrivent pour la première fois Porte de Versailles avec une exposition des super héros de DC Comics. A cela s'ajoute les Mangas en grands invités de l'année, avec l'anniversaire de Naruto.

Demandez le programme!

Vendredi 16 mars

14h : Littérature jeunesse au cinéma et cinéma dans la littérature jeunesse.

15h30 : Autour du manuscrit Le Quai des brumes de Prévert.  Retour sur la genèse d'une création à travers le manuscrit d'un film.

16h : Ecrire pour le cinéma en Outre-mer.

16h30 : Présentation du film d'animation Aya de Yopougon, d'après la bande dessinée de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie. Sortie du film cet été.

17h30 : remise des prix Animeland (meilleurs oeuvres japonaises)

19h : Ecrire des livres, écrire des films, avec Delphine de Vigan.

Samedi 17 mars

14h30 : Les interprètes du roman, avec Morgan Sportès et son adaptateur Richard Berry, mais aussi le scénariste Julien Rappeneau (Cloclo) et le cinéaste Jérôme Salle (Largo Winch).

16h : Master Class : L'adaptation, du livre au film

16h30 : Grand débat autour du Marsupilami, star de la BD européenne

17h30 : Grande rencontre avec David Foenkinos (La délicatesse)

18h30 : Grande rencontre avec Frédéric Beigbeder (L'amour dure 3 ans)

Dimanche 18 mars

12h : Présentation du film Le Petit Prince, la planète Libris.

12h30 : Grande rencontre avec Milena Agus et Nicole Garcia (Le mal de pierre)

14h30 : Présentation des Adieux de la Reine (en salles le 21 mars) avec Benoît Jacquot et Chantal Thomas.

15h : L'argent des autres, du roman à l'écran (nouvelles aides, écriture de scénario, ...)

16h30 : Le roman "idéal" pour le cinéaste, avec Jean Becker, Serge Joncourt et Jean-Christophe Grangé.

Lundi 19 mars

14h : Raconte-moi le cinéma : François Truffaut, pour les enfants de 8 ans et plus.

Cannes 2012 : les quinze lauréats de l’atelier de la cinéfondation

Posté par MpM, le 15 mars 2012

L'atelier de la Cinéfondation a été créé en 2005 dans le but de favoriser la création en aidant des réalisateurs à accéder à la production et à la distribution internationale. Les lauréats et leurs producteurs  seront présents durant le festival de Cannes 2012 afin de rencontrer "tous les professionnels intéressés par leur projet et susceptibles de compléter le financement de leur film".

Une initiative qui a accueilli par le passé des cinéastes aujourd'hui reconnus comme Joachim Lafosse, Apichatpong Weerasethakul, Michelange Quay, Bertrand Bonello, Tsai Ming-Liang ou encore Lou Ye.

Cette année, les projets viennent véritablement du monde entier, avec peut-être une légère priorité pour l'Europe (Pays-Bas, Espagne, Roumanie et production franco-portugaise), l'Asie (Chine, Inde, Philippines) et l'Afrique (Algérie, Côte d'Ivoire et une production franco-sénégalaise), mais une bonne représentation du Moyen-Orient (Jordanie, Palestine) et de l'Amérique latine (Chili, Paraguay).

Parmi les lauréats, on retrouve Shivajee Chandrabhushan dont on avait découvert le premier long métrage, Frozen, au festival des cinémas d'Asie de Vesoul, Alejandro Almendras dont la première oeuvre, Huacho (photo), avait fait sensation à la Semaine de la critique 2009, Pablo Lamar dont on avait découvert le court métrage Noche adentro également à la Semaine de la Critique, ou encore le documentariste Malek Bensmaïl (1962, de l'Algérie française à l'Algérie algérienne, Le grand jeu, La Chine est encore loin...).

Les projets 2012

Odysseys de Malek Bensmaïl (Algérie)
To kill a man de Alejandro Almendra (Chili)
Du, Zooey and Ma de Robin Weng (Chine)
Underground fragrance de Pengfei Song (Chine)
Des Etoiles de Dyanan Gaye (France/Sénégal)
The Untold Tale de Shivajee Chandrabhushan (Inde)
Run de Philippe Lacôte (Côte d'Ivoire)
Blessed benefits de Mahmoud Al Massad (Jordanie)
In you name de Marco van Geffen (Pays-Bas)
3.000 Nights de Mai Masri (Palestine)
The Last Land de Pablo Lamar (Paraguay)
The Dog Show de Ralston Jover (Philippines)
Tristes Monroes de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt (France/Portugal)
Touch me not d'Adina Pintilie (Roumanie)
Cannibal de Manuel Martin Cuenca (Espagne)

Pierre Schoendoerffer (1928-2012) : le dernier combat

Posté par vincy, le 14 mars 2012

Pierre Schoendoerffer, 83 ans, est mort dans la matinée de ce mercredi 14 mars, des suites d'une opération à l'hôpital militaire de Percy à quelques kilomètres de Paris. Grand reporter, écrivain, cinéaste, sa carrière polymorphe est centrée sur la grande histoire : la guerre, et la décolonisation.

Témoin d'événements sanglants et violents, il a voulu les restituer avec justesse et vérité que ce soit dans l'écriture ou l'image. Observateur à distance, artiste individualiste, il était pourtant au coeur du XXe siècle.

Membre fondateur des César, académicien aux Beaux-Arts dans le collège du cinéma, récipiendaire de multiples honneurs militaires et culturels, Pierre Schoendoerffer a filmé les combattants, entre grandeur et décadence.

Cela vient de son enfance. Adorateur de Joseph Kessel, qu'il rencontrera à Hong Kong, et de Joseph Conrad, cet ancien cancre s'embarque sur un bateau suédois à la sortie de l'adolescence. Ce garçon auvergnat rêve d'aventures et de grand large. Après la Baltique, il s'engage en 1952 au service cinématographique des armées, où il fait ses débuts de caméraman en Indochine. Il apprend le cinéma en filmant la guerre durant trois ans. En 1954, il est fait prisonnier par le Viêt Minh à Diên Biên Phu, passant quatre mois en captivité. Il transcrira l'expérience de cette défaite française ça dans son film Diên Biên Phu (1992), fresque puissante et brutale.

Une fois libéré, il quitte l'armée et devient reporter photographe pour le magazine Life. 4 ans plus tard, il adapte La Passe du diable, roman de Kessel, à l'écran. Il s'agit de sa première réalisation. L'année suivante, il adapte un roman de Pierre Loti, autre romancier du voyage, avec Le pêcheur d'Islande.

Mais c'est en 1963 que Schoendoerffer se fait un nom. Il écrit La 317e section qu'il adapte deux ans plus tard pour le cinéma. Jacques Perrin et Bruno Cremer donnent corps à cette guerre d'Indochine, dans l'ombre de la seconde guerre mondiale pas si lointaine. Déjà il pose les fondations de son oeuvre : les sacrifices inutiles de la chair à canon, l'honneur de l'armée, les illusions saccagées, la dureté des combats. Ses films sont aussi documentaires que fictifs, francs et humains. Prix du scénario à Cannes, 45 ans plus tard, il s'agit toujours du film symbolique sur la guerre d'Indochine.

En 1967, il réalise un documentaire, toujours sur le Vietnam, La section Anderson, où l'on suit une troupe de soldats américain en pleine guerre. Oscar à Hollywood. Puis il y aura une longue absence au cinéma. Il écrit en 1969 L'adieu au Roi, qui sera transposé au cinéma 20 ans plus tard par John Milius, prix Interallié.

En 1976, il écrit un autre roman, Le Crabe-tambour. Grand prix du roman de l'Académie française, le livre croise les guerres de décolonisation (Indochine, Algérie). Il réalise le film un an plus tard, inspiré de la vie du Commandant Pierre Guillaume, avec Jean Rochefort, en officier austère proche de la retraite, et Claude Rich. 6 nominations aux César (dont film et réalisateur), dont trois prix : acteur (Rochefort), second-rôle masculin (Dufilho), photo.

5 ans plus tard, il filme L'honneur d'un capitaine, avec Jacques Perrin et Nicole Garcia,de nouveau un portrait de soldats, durant la Guerre d'Algérie. Toute cette filmographie a fait de Schoendoerffer une icône de l'Armée comme de l'extrême droite, rôle qu'il refusait obstinément. Lui préférait se voir en contributeur d'un récit de l'Histoire de France contemporaine, réveillant les mémoires et affrontant les sujets tabous.

La guerre et l'humanité, voilà son oeuvre. Un homme d'honneur, pudique, tourmenté, nostalgique que le goût des horizons lointains a mené à l'horreur des émotions intimes. L'homme en gros plan dans des situations extrêmes où la vie de chaque des personnages est en jeu. Un cinéma hanté, lucide, réaliste, prenant tous les risques, voulant flirter avec ses souvenirs atroces.

Loyal et fidèle, cet ancien combattant détestait les artifices et faisait l'éloge de la liberté. Sa caméra héroïsait des hommes à son image. Des individus défaits. Comme pour vouloir se prouver qu'il n'avait pas subit son calvaire indochinois en vain. Il préférait l'universalité de son propos à la récupération politique. De même sa condition d'artiste, d'artisan selon lui, sublimait son passé militaire.

En 1981, il écrit son avant-dernier roman, Là haut (le dernier date de 2003, L'aile du papillon), qui deviendra son dernier film, en 2004. Bruno Cremer, Jacques Perrin et Claude Rich retrouvent leur cinéaste d'autrefois. Il utilise d'ailleurs des images de ses précédents tournages avec ces comédiens pour des flash backs dans cette histoire qui revient en Indochine, période post-coloniale. Un film testament.

Michel Duchaussoy (1938-2012) : le comédien se meurt

Posté par vincy, le 13 mars 2012

Un comédien subtil, séducteur à sa façon, capable de capter les moindres nuances d'un personnages, quelque soit le registre ou le genre de son texte. Décédé d'un arrêt cardiaque ce mardi 12 mars, Michel Duchaussoy, 73 ans, n'était peut-être pas un comédien de premier plan au cinéma, mais il appartenait à la race de ces seigneurs du métier en explorant toutes ses facettes : théâtre, télévision, grands noms du cinéma comme films populaires. Il a eu toutes les audaces sans jamais se fourvoyer. Duchaussoy avait même cette élégance qui le rendait à la fois familier et distant.

Au début, il y a le théâtre. Prix d'excellence au Conservatoire national d'art dramatique, il intègre la Comédie-Française en 1964 (il devient sociétaire en 1967 pour la quitter en 1987), passant de Molière à Feydeau, mais aussi Marivaux, Pirandello, Ionesco, Corneille, Shaw, Racine... "Un même jour, je jouais un vieillard en matinée dans 'Le Cardinal d'Espagne' et, en soirée, le jeune groom de 18 ans dans 'Le Dindon'" expliquait-il. Duchaussoy fut mis en scène par Jean-Louis Barrault, Jean Piat, Bernard Murat, Roger Planchon et Patrice Chéreau qui lui permet enfin d'entrer de plein pieds dans la tragédie... Il reçut deux Molières pour des seconds rôles (Pygmalion en 1993 et Phèdre en 2003) et un de meilleur comédien (Le refuge en 1996).

50 pièces de théâtre environ mais 75 films. Il débuta avec Louis Malle (Vie privée, 1961) qui lui offrit aussi un magnifique rôle dans Milou en Mai qui lui valut le César du meilleur second-rôle masculin. Éternel second rôle, certes, mais inoubliable le plus souvent. Il tourna sous la direction des plus grands cinéastes français : Claude Chabrol (Que la bête meure, La rupture, La femme infidèle, Nada, La demoiselle d'honneur), Patrice Leconte (La Veuve de Saint Pierre, Confidences trop intimes), Costa Gavras (en cardinal dans Amen), Alain Corneau (Fort Saganne, Le môme), Michel deville (Bye Bye Barbara), Edouard Molinaro (L'homme pressé), Jacques Deray (Les bois noirs), Bertrand Tavernier (La vie et rien d'autre), Patrice Chéreau (Persécution)...

Juge, général, capitaine, flic, prêtre, directeur d'école, mari, grand père... il partage l'affiche avec les plus grands : Delon, Girardot, Depardieu, Audran, Bouquet, Yanne, Noiret, Marielle, Galabru, Binoche, Auteuil, Poelvoorde, Bonnaire, Marceau, Deneuve,  Dalle, Piccoli, Gainsbourg, Duris, Scott-Thomas ... Sans oublier qu'il était la voix française de Marlon Brando dans Le Parrrain.

En 1967, Alain Jessua lui offre son premier rôle sur grand écran dans Jeu de massacre, prix du meilleur scénario à Cannes. L'un des rares premiers rôles dans la carrière du comédien.

Depuis les années 2000, il acceptait de nombreux films, comédies, drames ou polars de la nouvelle génération du cinéma français : Le plus beau jour de ma vie, Poltergay, Tricheuse, L'âge de raison, Mères et filles, L'Autre Dumas, Le petit Nicolas, Elle s'appelait Sarah... Il était le mari de Deneuve, le père de Cassel (le diptyque Mesrine), la voix d'Archibald (Arthur de Luc Besson) ...

Le grand public se souvient évidemment de son rôle de capitaine peureux des services secrets dans Le grand blond avec une chaussure noire d'Yves Robert, coincé entre le gaffeur Pierre Richard et le tordu Jean Rochefort.

Très présent à la télé (grandes séries de l'été, "Braquo", "Palace", "Maigret"), il était capable de s'adapter à n'importe quel univers. En 2006, ce comédien, engagé, se livrait sur son métier d’acteur dans Lettre de l’Adami : « Il y a sans doute un certain masochisme à poursuivre un métier comme celui de comédien où la part de souffrance est si importante ».

On le reverra en Abraracourcix dans le prochain Astérix (Astérix et Obélix: God Save Britannia) et en François Mitterrand dans le téléfilm L'Affaire Gordji réalisé par Guillaume Nicloux.

Deauville Asia 2012 : retour sur la compétition

Posté par kristofy, le 13 mars 2012

Le 14e Festival asiatique de Deauville s'est achevé avec l'annonce du palmarès qui récompense les longs métrages suivants :

Meilleur film
Mourning de Morteza Farshbaf (Iran)

Prix du jury
Baby factory de Eduardo Roy Jr. (Philippines)

Prix de la Critique
Himizu de Sono Sion (Japon)

La compétition montrait cette année une préférence pour les premiers films avec beaucoup d’histoires qui tournaient autour du deuil.

Les cinéastes dont on connaissait déjà les précédents films n’ont pas changé de style avec leur nouveau film : Wang Xioshuai avec 11 fleurs (sortie prévue le 9 mai)  évoque la révolution culturelle chinoise par les yeux d’enfants, Sono Sion évoque avec son lyrisme un peu fou le traumatisme qui a suivi la catastrophe de Fukushima (Himizu), et Hitoshi Matsumoto glisse dans son humour caustique un peu plus de sensibilité pour faire de Saya Zamuraï une comédie très réussie.

Certains films semblaient relever d’un choix hasardeux car leur sélection ne semble pas méritée : le seul film de Corée du Sud Beautiful miss Jin ressemble un téléfilm gentillet (alors que tant d’autres titres coréens auraient pu être choisis) tandis que le thaïlandais I carried you home fait surtout illusion avec le jeu de ses actrices.

Les films les plus fragiles et les plus intéressants étaient donc la révélation de nouveau talents en devenir. The sun-beaten path du Chinois Sonthar Gyal est très intéressant, Death is my profession de l’Iranien Amir Hossein Saghafi est dans sa première moitié assez réussi avant que la seconde moitié gâche l’ensemble, l’autre film iranien Mourning de Morteza Farshbaf met à rude épreuve la patience des spectateurs, et des Philippines Baby factory de Eduardo Roy Jr nous montre avec une fiction proche du documentaire (un peu comme Brillante Mendoza) à l’intérieur d’une maternité pas comme les autres (près d’une centaine de naissances par jour) à Manille.

Le prix du meilleur film attribué à Mourning de Morteza Farshbaf s'avère ainsi plutôt une surprise, voire un choix osé puisqu'il présente un couple de sourds-muets qui se querellent en langage des signes (avec sous-titre sur l’image) devant un enfant qui ne sait pas encore que ses parents sont morts dans un accident. Les favoris du public étaient Saya Zamuraï de Hitoshi Matsumoto (pas assez sérieux pour le jury), Baby factory de Eduardo Roy Jr qui obtient donc le prix du jury, et Himizu de Sono Sion (qui repart avec le prix de la critique comme l’année dernière pour Cold Fish).

Si les différents films de Sono Sion ne sont malheureusement toujours pas distribués en France, Saya Zamuraï sera en salles le 9 mai et Mourning le 25 avril sous le titre Querelles.

Premier film issu du pacte entre Warner Bros et Tom Hardy

Posté par vincy, le 13 mars 2012

Tom Hardy, 35 ans cette année, produira son premier film dans le cadre de son pacte avec Warner Bros. Sa société, Executive Options vient en effet de signer avec le studio un droit de premier regard.

Hardy s'est aussi engagé à tenir le rôle principal de ce film écrit par Mark L. Smith. Le scénario retrace celui d'un vétéran du Vietnam, blessé, qui revient chez lui à San Francisco durant les rassemblements pacifiques de 1969. Il deviendra alors le leader du plus violent club de motards hors-la-loi de Californie.

Mark L. Smith a déjà scénarisé Motel et The Hole.

Depuis Inception qui l'a révélé, Tom Hardy a été à l'affiche de La Taupe, Warrior, Target, en attendant le troisième volet de Batman, The Dark Knight Rises, et Wettest County, de John Hillcoat.

Deauville Asia 2012 : le prix Action Asia attribué à Wu Xia

Posté par kristofy, le 12 mars 2012

Depuis 2004, le Festival Asiatique de Deauville s’est attaché (en plus de la compétition officielle) au genre "film d’action" au sens large (polar, combats, guerre…) avec la compétition Action Asia.

Jusque-là, le jury "Action asia" comptait dans ses rangs des personnalités réputées pour leur proximité avec les films d’action (Xavier Gens, Jan Kounen, Marc Caro, Eric Serra, Franck Vestiel, Fred Cavayé, Cut Killer …), et presque chaque année, c’est naturellement le film le plus spectaculaire et le plus novateur qui s’imposait comme lauréat : Ong-Bak de Prachya Pinkaew, Arahan de Ryoo Seung-wan, A bittersweet life de Kim Jee-woon, Dog bite dog de Cheang Soi, The chaser de Na Hong-jin...

Toutefois, cette année, le jury Action Asia composé d'Isabelle Nanty, Arié Elmaleh, Didier Long, Fabienne Babe et Bruno Wolkowitch a choisi Wu Xia de Peter Ho-Sun Chan qui n’est pas tellement original, aux dépends du film favori The Raid de l’Indonésien Gareth Huw Evans qui sera parmi les films les plus frappants de l’année...

Retour sur une sélection Action Asia 2012 qui se partage entre grands noms qui déçoivent quelque peu et premières œuvres plutôt impressionnantes.

Dans les espoirs déçus, il y a les combats dérivés du kung-fu :

Wu Xia (déjà découvert à Cannes) de Peter Ho-Sun Chan avec Donnie Yen, avec une histoire calquée sur History of violence de David Cronenberg, n’offre jamais les étincelles que l’on pouvait attendre de la réunion de ses deux experts en film d’action. Le duo avait d'ailleurs déjà collaboré ensemble sur Bodyguards and Assassins (d’ailleurs sélectionné à Deauville en 2010). Au regard des productions respectives de Peter Ho-Sun Chan et de Donnie Yen, Wu Xia apparaît comme un film mineur de leur filmographie.

De la même façon, The sorcerer and the white snake avec Jet Li est un film assez convenu de fantasy, où un moine va tenter d’empêcher les conséquences néfastes d’une romance entre un démon-serpent ayant l’apparence d’une femme et un humain. Force est de constater que les effets spéciaux modernes ne se conjuguent pas très bien avec ce style de récit tombé un peu en désuétude...


The sword identity de Xu Haogeng évoque deux guerriers au sabre non-conventionnel défiés par les gardiens des traditions de quatre écoles de kung-fu sur le thème ‘les arts martiaux et les arts militaires sont deux choses différentes’. The sword identity ne propose aucun enjeu et le film peine à trouver son identité…

Les films de guerre ont fait meilleure impression avec un savoir-faire indéniable pour les batailles :

War of the arrows fait s’affronter les coréens Joseon et leurs ennemis de Mandchourie en 1636. Ces derniers déportent un groupe de prisonniers dont une femme tout juste mariée, dont le frère est un archer particulièrement adroit à l’arc qui va les contrecarrer. C’est un film de divertissement spectaculaire avec beaucoup de qualités (des poursuites, des duels, de la romance…) mais pas assez d’originalité au vu des nombreuses productions coréennes de ce type...

Le taïwanais Wei Te-Sheng fait quant à lui très fort avec une (très) longue épopée guerrière qui tient autant de Braveheart que de Avatar : il s’agit du soulèvement de tribus de Taïwan en 1930 contre l’occupant japonais. Warriors of the rainbow – Seediq Bale est un film d’action qui parle de résistance face à un pays colonisateur, thème très fédérateur. Ici, une tirade contre les ‘bienfaits civilisateurs’ des japonais fait écho aux différentes brimades subies par les autochtones qui sont obligés de travailler dur à déplacer des rondins d’arbre.

Ceux qui étaient considérés comme des sauvages vont se révolter contre les japonais, et quelque 300 guerriers insaisissables vont mettre en déroute les armées du Soleil Levant. Les japonais organisent leur riposte avec des bombes quand les tribus avec leurs flèches se préparent au sacrifice… Warriors of the rainbow – Seediq Bale est une grande épopée guerrière inspirée d’évènements réels avec beaucoup de séquences épiques. Ce film de Wei Te-Sheng est devenu l'un des plus gros succès taïwanais (il est sorti en 2 parties, le film dure 4h30), il devrait nous arriver directement en dvd (en version réduite de 2h35) à l’automne 2012.

Le grand favori était le film The Raid, et la première projection a fait applaudir plusieurs fois le public habituellement très silencieux. Un groupe de policiers se lance à l’assaut de l’immeuble réputé intouchable d’un trafiquant de drogue. Ils sont une petite vingtaine à investir les lieux défendus par une centaine de résidents organisés et armés… Les policiers se retrouvent bloqués et encerclés dans un piège où à chaque étage des tueurs ont pour mission de les éliminer. Des exécutions brutales en guise d’introduction indiquent que The Raid sera plutôt brutal, puis il y aura une succession de combats violents avec beaucoup de ‘pencak silat’ (art martial indonésien).

The Raid aligne les séquences de bravoure (par exemple un policier avec une matraque seul dans un couloir contre une quinzaine de tueurs armés de machettes) où le côté "bourrin" des combats est contrebalancé par la réalisation de l’ensemble très fluide. La force de The Raid est d’assumer de façon volontaire son côté film d’exploitation avec beaucoup de combats sauvages et une mise en scène digne des meilleurs polars. Le réalisateur Gareth Huw Evans a réussi à réaliser le genre de film que de nombreux réalisateurs d’action fantasmaient de faire, nul doute que The Raid va devenir une nouvelle référence.

Vanessa Paradis, meilleure actrice au Québec comme au Canada

Posté par vincy, le 12 mars 2012

Le 8 mars, Vanessa Paradis était couronnée par le prix Génie (Canada, nominations) de la meilleure actrice pour sa prestation dans Café de Flore. Le 11 mars, la même Vanessa Paradis pour le même rôle, a reçu le prix Jutra (Québec, nominations) de la meilleure actrice. Doublé rare et d'autant plus exceptionnelle qu'elle est la première française à recevoir ces deux prix.

Globalement, les professionnels canadiens et québécois sont tombés d'accord.  C'est la sixième fois depuis 1999, date de création des Jutra, que le Meilleur film est identique dans les deux palmarès. En l'occurrence, il s'agit du subtil et sensible Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau, qui était par ailleurs nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Le film a remporté cinq autre Génies (réalisation, adaptation, montage, acteur principal pour Fellag, second rôle féminin pour Sophie Nélisse. Au Québec, il a gagné six autres Jutra (réalisation, second rôle féminin pour Sophie Nélisse, second rôle masculin pour Emilien Néron, scénario, son, musique). Falardeau reçoit ainsi son 2e Jutra du meilleur réalisateur, 5 ans après celui de Congorama.

Autant dire qu'il ne restait plus grand chose pour les autres.

Au Canada, A Dangerous Method de David Cronenberg a quand même pu rivaliser avec cinq trophées : direction artistique, musique, second rôle masculin pour Viggo Mortensen, son, montage sonore.

Café de Flore, qui concourrait dans les deux soirées, n'a pas brillé que pour Vanessa Paradis. Les Génie ont récompensé ses effets visuels et ses maquillages. Les Jutra ont distingué sa photo et sa direction artistique.

Les Génie ont aussi décerné le prix de la Bobine d'or à Starbuck (film canadien le plus populaire) qui a aussi reçu le prix canadien du meilleur scénario et celui de la meilleure chanson. Il a aussi reçu le Billet d'or (film québécois le plus populaire) aux Jutra.

Côté Québec justement, notons que le prix du meilleur acteur a été remis à Gilbert Sicotte (Le Vendeur) et le prix du film s'étant le plus illustré hors Québec à été donné à Incendies, de Denis Villeneuve.

Deauville Asia 2012 : Kiyoshi Kurosawa à l’honneur et en masterclass

Posté par kristofy, le 11 mars 2012

Le cinéaste Kiyoshi Kurosawa a gagné une reconnaissance internationale à la fin des années 90, à un moment où il s’agissait pour lui presque d’une renaissance en tant que réalisateur. En effet, bien que méconnu avant cette époque, il avait déjà signé une dizaine de films lorsque le monde entier découvre Cure en 1997.

C'est à 28 ans qu'il réalise son premier long métrage, Kandagawa Wars, mais son début de carrière est rapidement freiné par les problèmes de distribution qui touchent le deuxième, The excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl. Il continue cependant à tourner des films et autres épisodes de série télé tout en enseignant le cinéma à la Film School of Tokyo. En 1997 arrive Cure, avec celui qui deviendra son acteur fétiche Kôji Yakusho. Par la suite, chacun de ses films sera sélectionné à Cannes, Berlin ou Venise, et presque tous seront distribués en France.

Le Festival asiatique de Deauville lui rend donc hommage cette année en proposant de revoir ses films les plus connus : Cure, License to live, Charisma, Kaïro, Retribution et Tokyo Sonata. Une rétrospective plus complète de ses films (par exemple Doppelgänger qui est peut-être son meilleur) est prévue à la Cinémathèque Française du 14 mars au 19 avril. C’est d’ailleurs Jean-François Rauger, directeur de programmation de la Cinémathèque, qui a rendu hommage sur scène à Kiyoshi Kurosawa. « Après Cure ses autres films ont transformée notre intuition en certitude : Kurosawa allait faire sortir la notion de cinéma de genre de ses propres limites. Ses plans sont chargés d’une terreur concrète où le danger peut surgir hors-champ, ils distillent une angoisse profonde chez le spectateur. Ce que traque le cinéma de Kiyoshi Kurosawa, avec notamment la contamination, c’est la pulsion de mort d’un Japon à l’imminence de sa disparition. Il pose la question de ce que devient l’Homme lorsqu’il disparaît au profit de sa propre empreinte. Kiyoshi Kurosawa, vous êtes un grand artiste moderne. »

Kiyoshi Kurosawa a alors reçu sa statuette avec ces remerciements : « Cela fait plusieurs décennies que je fais des films, avec parfois des conditions de production ou de distributions difficiles, je suis ému que mes efforts reçoivent cet hommage ici en France. Je me considère plus comme un espoir par rapport à certains réalisateurs vétérans comme Clint Eastwood, Woody Allen, Roman Polanski, Abbas Kiarostami... mais ce genre d’hommage m’autorise à faire du cinéma avec eux en première ligne. J’ai la ferme intention de continuer à réaliser des films, et j’espère d’ailleurs vous proposer de découvrir le prochain très bientôt ».

Kiyoshi Kurosawa par lui-même

Lors de sa masterclass publique, le réalisateur a évoqué à la fois le début de sa carrière et quelques-unes de ses influences. Après avoir montré quelques extraits de es films, il a ensuite abordé plus précisément son travail de mise en scène et les thèmes de ses films. Voici un condensé des échanges :

A propos de ses premiers films des années 80-début années 90 (avant sa reconnaissance internationale avec Cure en 1997) :

C’est difficile de porter un regard rétrospectif sur mon travail. Au début j’ai eu un peu comme une envie de me rapprocher des films dont j’appréciais la mise en scène, autant les films américains de Richard Fleisher que les films français de Jean-Luc Godard. Par exemple, pour Godard je trouvais que certains de ses films étaient assez complexes et très divers, sa façon d’utiliser le cadre et le son m’intéressait. On pouvait y voir parfois un montage un peu osé ou non-conventionnel, la musique pouvait arriver ou s’arrêter de manière inopinée. L’art de la transition, c’est quelque chose d’important. Mais j’ai laissé Godard de côté pour aussi m’imprégner de films américains et aussi des films de yakuzas japonais. Ceci dit, j’ai commencé à réaliser des films du genre plutôt pink-eiga (érotique soft), et aussi d’autres films directement pour le marché vidéo. Je suis Japonais et le plus important était de m’inscrire dans le cinéma japonais avec mon propre langage. C’est ce que je me suis attaché à faire avec chacune de mes réalisations.

A propos de la tradition des fantômes japonais et de ses codes au cinéma :

Dans plusieurs de mes films, j’ai un questionnement quant à comment mettre en images la mort, et montrer un fantôme à l’écran est une façon de parler de la mort. Dans tel film, c’est juste une apparition, dans un autre le personnage  peut toucher le fantôme comme une entité physique palpable. La figure du fantôme est un être effrayant pour le personnage de l’histoire qui le voit, et aussi pour le spectateur. Mais je me détourne du cliché où le personnage hurle en agitant les bras dans tous les sens. Dans mes films, le sujet a comme première réaction souvent de s’affaisser sur lui-même, de tomber à l’intérieur en quelque sorte. Le fantôme qui apparaît traduit surtout un trouble mental chez le personnage qui lui fait face. Ce désordre mental est quelque chose de presque essentiel dans la vie qui n’est pas une ligne droite parfaite.

A propos du choc des meurtres inattendus ou violents :

Je veux filmer les scènes violentes de manière la plus réelle possible. Quand quelqu’un se fait tirer dessus, le sang coule de manière crédible, et c’est un défi de rendre ça en seul plan-séquence sans coupe. Je tiens à la crédibilité de l’image pour susciter une plus grande réaction du spectateur. Un réalisateur ne peut pas se contenter de tirer le meilleur parti de ses acteurs. Tourner un plan difficile qui demande un travail particulier à l’équipe est quelque chose d’essentiel. Par exemple, un assistant doit actionner au bon moment un tuyau au bout de la jambe de l’acteur pour déclencher un écoulement de sang à l’autre bout du tuyau caché dans son cou. Le montage peut être très commode pour ce genre de scène mais c’est aussi une façon de duper le spectateur en quelque sorte. Je préfère couper le moins possible et allonger la durée d’un plan. Un film doit toucher le spectateur de manière directe et frontale.

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A noter : Kiyoshi Kurosawa vous donne rendez-vous pour une autre masterclass à la Cinémathèque Française le jeudi 15 mars prochain.

Natalie Portman parmi les égéries publicitaires les plus médiatisées

Posté par vincy, le 11 mars 2012

Un institut, Lexis Nexis, propose chaque année un classement des égéries publicitaires pour les marques de beauté afin de connaître leur impact mondial en retombées presse et en présence sur les réseaux sociaux.

Lady Gaga, visage de la marque Mac, domine largement le tableau cette année. Mais c'est Natalie Portman, 5e, qui créé la surprise. "Miss Dior" a su profiter de son actualité pour faire parler d'elle : un Oscar, un compagnon lui même ambassadeur de L'homme libre d'Yves Saint Laurent, un accouchement... De quoi valoriser le parfum Dior sans trop de dépenses. Il n'y a bien que Beyoncé (L'Oréal), certes plus chanteuse qu'actrice, qui la surclasse (2e) à Hollywood. Portman a ainsi plus de visibilité que Jennifer Lopez (L'Oréal et Gillette), Justin Timberlake (Givenchy) et Gwyneth Paltrow (Estée Lauder), respectivement 6e, 7e et 8e.

Les acteurs et actrices sont de plus en plus sollicités par ces grandes marques car ils apportent une image moins "fabriquée", plus "affective" et toute aussi percutante médiatiquement. Sinon, dans le Top 10, on retrouve une chanteuse (Cheryl Cole), deux sportifs (Jenson Button et Andy Roddick) et une top model inusable (Kate Moss).

En France, les contrats de Marion Cotillard (Dior) et Audrey Tautou (Chanel) touchent à leur fin. Il faudra attendre pour voir si une Léa Seydoux (Prada) fera aussi bien qu'elles. Il reste qu'Eric Cantona, 48e, est toujours parmi les Français les plus connus dans le monde.