Baz Luhrmann veut adapter un roman russe culte

Posté par vincy, le 12 décembre 2019

Alors qu'il s'apprête à tourner un film sur Elvis Presley pour la Warner Bros, Baz Luhrmann a sécurisé les droits pour adapter Le Maître et Marguerite, un roman de l'écrivain soviétique Mikhaïl Boulgakov écrit entre 1927 et 1939.

Le cinéaste australien a longtemps convoité ce livre pour le transposer au cinéma, lui vouant une véritable passion. Cette satire fantastique et désespérée, publiée dans une version censurée dans les années 1960, est une revisitation de la crucifixion du Christ et du pacte de Faust. Boulgakov a écrit plusieurs manuscrits avant son décès en prison en 1940. Son épouse a achevé l'œuvre. Il faudra attendre 1973 pour qu'une version complète du livre soit publiée. Et 1989 pour que la version intégrale paraisse.

Traduit en plus de 40 langues et vendu à 100 millions d'exemplaires, le roman se déroule dans les années 1930. Un magicien, Woland, qui n'est en fait que Satan, et sa bande vise les écrivains, les élites et les rebelles. Les écrivains, poètes et autres auteurs sont les victimes d'un système et finissent morts ou à l'asile. Mais le livre se découpe en trois parties distinctes et ce n'est qu'à la fin que Woland, le Maître (un écrivian aigri), le procureur antique Ponce Pilate et la sorcière Marguerite vont se retrouver dans un grand bal de Satan.

Le roman a souvent inspiré musicien, écrivains et évidemment réalisateurs, qui n'ont souvent pris qu'une des trois parties, et souvent celle de Ponce Pilate, biblique. Andrzej Wajda a ainsi réalisé Pilatus und Andere pour la télévision allemande. Les cinéastes d'Europe de l'Est ont été nombreux à transposer l'histoire.En 2013, le producteur américain Scott Steindorff avait annoncé un projet américain. Caroline Thompson en avait écrit le scénario. Le producteur jeta l'éponge en 2017 et les droits d’auteur du roman Le maître et Marguerite ont alors été attribués à Svetlana Migunova-Dali, co-propriétaire de la maison de production Logos Film Company à Moscou, et Grace Loh, chef de la société de production New Crime Productions à Hollywood. C'est avec elles que Baz Luhrmann a négocié. D'ici la mise en production du projet, on verra peut-être la version du réalisateur russe Nikolaï Lebedev, qui a profité d'un gros budget (11,5 millions d'euros), et qui devrait sortir en 2021.

Le film sur Elvis de Baz Luhrmann sortira lui aussi en 2021, avec Austin Butler, Tom Hanks et Olivia DeJonge.

Laetitia Colombani adapte son premier roman « La Tresse »

Posté par vincy, le 1 avril 2018

Prix Relay des lecteurs voyageurs 2017, Globe de cristal du meilleur roman 2018, La tresse, le premier roman de la scénariste et réalisatrice Laetitia Colombani a surtout été l'un des best-sellers de l'année 2017 avec plus de 300000 livres vendus et 29 traductions cédées.

Curiosa films - Olivier Delbosc et Moana Films - Marc Missonnier, associés tous deux dans Fidélité films, ont acquis les droits pour adapter le roman au cinéma. Laetitia Colombani écrira et réalisera elle-même cette version cinématographique.

L'histoire est celle de trois femmes dont les destins pourtant éloignés vont se croiser telle une tresse où s’entrelaceraient plusieurs cheveux de femmes aux origines les plus diverses : Smita, une mère Dalit, c’est-à-dire une Intouchable, Julia, une jeune Sicilienne, et Sarah, une avocate ambitieuse. En Inde, Smita rêve de voir sa fille apprendre à lire. Giulia est ouvrière à Palerme. Quand son père a un grave accident, elle découvre que l'atelier familial est ruiné. Sarah, avocate canadienne, apprend qu’elle est atteinte d'un cancer du sein.

Laetitia Colombani a été épisodiquement actrice (on l'a vue dans Cloclo en 2012). Elle a surtout réalisé quatre courts métrages et deux longs: A la folie pas du tout, avec Audrey Tautou, Isabelle Carré et Samuel Le Bihan en 2002 et Mes stars et moi, avec Kad Merad, Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, Mélanie Bernier et Maria de Medeiros, en 2008.

Paul Otchakovsky-Laurens (1944-2018), éditeur cinéphile

Posté par vincy, le 4 janvier 2018

L'éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, qui a publié George Pérec, Marguerite Duras ou encore Emmanuel Carrère, était aussi un homme de cinéma. Disparu accidentellement le 2 janvier à l'âge de 73 ans, P.O.L (comme le nom de sa maison d'édition) était passionné par le 7e art. Il a notamment fondé la revue Trafic suite à une rencontre avec le critique Serge Daney, qui écrivait : "Les images du cinéma sont très précieuses parce qu’elles constituent pour deux ou trois générations de par le monde une véritable archive de souvenirs, un trésor d’émotions stockées et aussi une usine à questions. Le temps est venu de se servir du cinéma pour questionner les autres images – et vice versa. Trafic veut retrouver, retracer, voire inventer les chemins qui permettent de mieux savoir, dès aujourd’hui, « comment vivre avec les images »."

Un trimestriel où cinéastes, écrivains, philosophes écrivaient sur le cinéma qui a survécu à Daney grâce au soutien de Otchakovsky-Laurens. Une collection de livres fut même déclinée. Le n°104 de la revue vient de paraître.

Il a surtout publié de nombreux écrits de Serge Daney, dont Persévérance, avec Serge Toubiana, L’exercice a été profitable, Monsieur, adapté au théâtre, l’Amateur de tennis et la Maison cinéma et le monde en quatre tomes.

Outre le romancier-scénariste-cinéaste Emmanuel Carrère (La classe de neige, L'adversaire, La moustache...), P.O.L a aussi publié des romans ou des essais d'Alain Guiraudie, Jean-Luc Godard, Werner Herzog, Abbas Kiarostami, ...

L'éditeur a aussi soutenu la revue Positif durant les années 1990 et Lettre du cinéma. Plus institutionnellement, il a présidé l’Avance sur recette du CNC entre 2011 et 2014 et continuait de présider le conseil d'administration du Festival international de cinéma de Marseille (FID).

La Présidente du CNC, Frédérique Bredin, a rendu hommage à cet "esprit intuitif" dont les livres "ont également inspiré de bien belles adaptations cinématographiques", et a souligné son apport à ce travail d'adaptation quand il a été le dirigeant de la Scelf (Société civile des éditeurs de langue française) et initié au Salon du livre de Paris les Rencontres audiovisuelles et à Cannes le rendez-vous Shoot the Book, où les éditeurs et les producteurs se croisaient pour trouver des projets de films et de téléfilms.

Le FID a adressé "un salut à cet homme immense. Immense, il l’était, dans ses affections comme dans ses engagements, et jusque dans sa modestie."

Le documentaire, Paul Otchakovsky-Laurens l'avait pratiqué avec deux films: Sablé-sur-Sarthe, Sarthe, en 2009, où il évoquait son enfance douloureuse (la mort de son père, la maladie de sa mère, l'adoption par une cousine de celle-ci, un abus sexuel) et Editeur, sorti en novembre dernier, où il filme son métier et son parcours avec un regard décalé, sa courtoisie légendaire et son humilité sincère. Paradoxalement, cet homme qui a su se révéler grâce aux mots des autres, discret et sentimental, avait su s'exposer en pleine lumière grâce à la réalisation, sans filtre, sans les phrases de ceux qu'il publiait.

Cannes 70: la littérature, the Festival’s Best Kept Secret

Posté par cannes70, le 1 mai 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-17. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

On ne le sait pas forcément, mais la littérature a toujours été liée au cinéma. On croit que l'adaptation est un phénomène récent. Que nenni. Gulliver, La belle et la bête, Robinson Crusoé, La case de l'Oncle Tom, Alice au pays des merveilles ou encore Don Quichotte ont connu des vies cinématographiques durant les premiers pas du cinéma, avant 1905.

Le Festival de Cannes n'a jamais dédaigné sélectionner et même primer des adaptations de livres ou de pièces de théâtre. On peut en piocher quelques unes dans le palmarès. Othello d'Orson Welles d'après Shakespeare, Le salaire de la peur d'Henri Verneuil d'après Georges Arnaud, Orfeu Negro de Marcel Camus d'après Vinicius de Moraes, Le Guépard de Luchino Visconti d'après Giuseppe Tomasi du Lampedusa, Sailor et Lula de David Lynch d'après Barry Gilford, Entre les murs de Laurent Cantet d'après François Bégaudeau, qui joue le premier rôle dans le film... tous des Grands prix ou Palmes d'or. Rien que l'an dernier, rappelons que deux chéris des festivaliers en étaient : Elle (compétition) et Ma vie de Courgette (Quinzaine), avec la présence des deux écrivains sur la Croisette.

Le saviez-vous?

Saviez-vous que Blow up était adapté d'une nouvelle de Julio Cortazar ? Que M.A.S.H. tirait son sujet d'un roman de Richard Hooker ? Que l'écrivain Leslie Poles Hartley a été deux fois palmé, indirectement bien sûr, grâce aux films de Joseph Losey (Le messager, 1971) et de Alan Bridges (La méprise, 1973) ? Que la seule bande dessinée adaptée et palmée est française : La vie d'Adèle d'après Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh ? Il y eut aussi des coups doubles. Comme en 1951 avec le double Grand prix pour Miracle à Milan de Vittorio De Sica, adapté d'un roman de Cesare Zavattini et Mademoiselle Julie d'Alf Sjöberg d’après la pièce d’August Strindberg. Mais, le plus beau coup fut sans doute en 1979 : une Palme ex-aequo entre Apocalypse Now d’après une nouvelle de Joseph Conrad et Le tambour d’après un roman de Günter Grass, le tout avec un jury présidé par l'écrivaine Françoise Sagan.

De grandes plumes

Car le Festival de Cannes a toujours fait une grande place aux écrivains. Moins ces derniers temps, il est est vrai. Mais depuis 1946, plus de 90 auteurs ont été membres du jury. Et parfois Présidents de jury ! Et on compte quand même quelques Prix Nobel de littérature comme Miguel Ángel Asturias, président en 1970, Gabriel Garcia Marquez, membre en 1982, Patrick Modiano, membre en 2000, Toni Morrison, membre en 2005 (photo), Orhan Pamuk, membre en 2007.

Ne soyons pas mondialistes: il y a eu aussi quelques prix Goncourt parmi les jurés : Maurice Genevoix (président en 1952 et membre en 1957), Romain Gary (membre en 1962) et Modiano donc. On ne peut-être complet si on n'indique pas, parmi cette pléiade d'écrivains, ceux qui ont présidé des jurys : Georges Huisman en 1947 et 1949, André Maurois en 1951, Jean Cocteau en 1953 et 1954 (et président d'honneur en 1957 et 1959), Marcel Pagnol en 1955, Marcel Achard en 1958 et 1959, Georges Simenon en 1960 (premier étranger à présider le jury cannois), Jean Giono en 1961, Tetsuro Furukaki en 1962 (et premier président issu d'un pays non francophone), André Maurois en 1965, André Chamson en 1968 (année maléfique) et William Styron en 1983. Et sinon : Tennessee Williams, Mario Vargas Llosa, Jorge Semprun, Paul Auster, Raymond Queneau...

Franc-parler

Longtemps les écrivains étaient les autres stars du Festival, chargés de donner une aura artistique à l'événement. Cela ne veut pas dire que ça se passe toujours très bien. Les liaisons ont même été périlleuses. Un auteur est soucieux de son indépendance. Un écrivain peut mal prendre la critique. Ainsi Sagan et Simenon n'ont jamais encaissé l'idée qu'on leur impose un autre choix pour la Palme que celui qu'ils voulaient (les deux ont obtenu victoire). Duras a vu un de ses scénarios traité de "merde" par un président du jury pourtant académicien français. La même Duras qui se demandait en 1967 lors d'une chronique comment des films aussi mauvais étaient sélectionnés, à partir de quels critères, sans attendre la deuxième semaine pourtant riche en grands films.

Cocteau, lui, s'amusait du jeu cannois tout en désespérant des luttes politiques autour des films et en déplorant les compromis à faire avec les autres jurés. "Voir de très mauvais films rend malade. On en sort diminué, honteux" écrivait-il à l'époque, tout en s'enthousiasmant pour Le salaire de la peur de son copain Clouzot et Peter Pan. Il s'emportait contre le public pas assez respectueux (Duras a carrément déclaré que les festivaliers étaient incultes).

"Il me plairait que les festivals ne distribuassent pas de prix et ne fussent qu'un lieu de rencontres et d'échanges" écrivait-il, rêvant, lyrique, à un Cannes ne jugeant pas le cinéma mais l'admirant. C'est sûr que l'imparfait du subjonctif, ça envoie tout de suite plus de classe que les discours actuels.

Jim Harrison et Hollywood, une histoire qui a mal tourné

Posté par vincy, le 28 mars 2016

Immense écrivain, Jim Harrison, surnommé « Big Jim », est mort dimanche à l'âge de 78 ans. L'Amérique n'était pour lui qu'un Disneyland fasciste obsédé par le fric. Il préférait René Char, Arthur Rimbaud, Paris et surtout les grands espaces américains, ceux des Western, cette Amérique originelle. Dans ses romans, on baisait, on buvait (beaucoup, le vin pour lui apportait plus de bonheur à l'humanité que toutes les décisions politiques de l'Histoire), on s'interrogeait sur le sens de la vie et par conséquent on se rapprochait de la mère Nature.

On comprend mieux qu'avec Hollywood, ça ne se soit pas très bien passé. L'épicurien qu'il était avait quand même ramé avant d'être riche. Il avait consacré sa vie à l'écriture. Et durant les trente premières années où il a tapé ses romans, nouvelles et poèmes sur sa machine à écrire, n'a pas gagné beaucoup de dollars. Rencontré en 1975, son ami Jack Nicholson jouait les mécènes (et le poussait à travailler pour le cinéma). Car Jim Harrison, pas beaucoup lu à l'époque, ne manquait pas d'admirateurs, Sean Connery et Warren Beatty en tête. Mais lui ne se gênait pas pour détester Hollywood.

Au dessus de son bureau, il y avait un morceau de papier qui lui rappelait toujours ce que lui avait sorti un patron de studio. "Tu n'es rien qu'un écrivain". Ce mépris pour l'écriture de la part de l'industrie cinématographique a sans doute conduit Jim Harrison à ne pas trop fricoter avec elle. Il n'y a eu que six adaptations de ses oeuvres sur petit et grand écran. David Lean et John Huston ont pourtant pris des options sur des nouvelles qu'il avait écrites, sans pouvoir les tourner.

En manque de fric, il a quand même cédé à la fin des années 1980 aux sirènes d'Hollywood. En 1989, il coécrit le scénario de Cold Feet, entre polar et comédie, signé Robert Dornhelm. L'année suivante, il adapte Une vengeance, nouvelle inclue dans le recueil Légendes d'automne. Sydney Pollack, Jonathan Demme et Walter Hill furent intéressés. John Huston devait finalement la filmer. Mais il ne voulait pas de Kevin Costner dans le rôle principal. Celui-ci, en pleine ascension, a donc choisi Tony Scott pour réaliser Revenge. Le polar, honnête, est un joli succès en salles, sans plus.

En 1994, deux hits avec Jim Harrison au générique sortent sur les écrans. Légendes d’automne, l'une de ses trois nouvelles issues du recueil éponyme, est réalisé par Edward Zwick, avec Brad Pitt (qui a pris le rôle à Tom Cruise), Anthony Hopkins (après l'abandon de Sean Connery), Aidan Quinn et Julia Ormond. Le "mélo", dont il n'a pas écrit le scénario, n'est pas forcément à la hauteur de l'oeuvre littéraire, mais le film est gros succès public et récupère un Oscar (pour la photo). Jim Harrison encaisse un million de dollars qu'il dépense en alcool et cocaïne.

La même année, son ami Jack Nicholson parvient à monter Wolf, après douze ans d'efforts. Sur proposition de Nicholson, Mike Nichols réalise ce film fantastique avec Michelle Pfeiffer, James Spader et Christopher Plummer. Jim Harrison scénarise cette histoire (qui n'a rien à voir avec son premier roman, Wolf: mémoires fictifs) d'un éditeur (des comptes à régler, Jim?) qui se transforme en loup-garou. Le tournage est un cauchemar. Le scénario est massacré par le studio quand celui-ci demande une réécriture complète du dernier tiers du film. Harrison quitte la production pour "différences créatives", estimant que leur vision du projet était incompatible: "Je voulais un loup, il en fait un chihuaha". Le film est pourtant un succès en salles.

De là date sa fâcherie avec Hollywood. Deux adaptations verront quand même le jour. Etats de force (Carried Away), d'après son roman Nord Michigan (Farmer). Réalisé par Bruno Barreto, avec Dennis Hopper et Amy Irving, le film est un fiasco total. Et Dalva, l'un de ses meilleurs romans, porté de manière pas trop honteuse sur le petit écran, avec Farrah Fawcett, Peter Coyote et Rod Steiger.

Jim Harrison ne voulait plus entendre parler de cinéma. Pour lui, assister à une projection d'un film qu'il avait écrit ou qui était une adaptation d'une de ses oeuvres c'était comme avoir "le sentiment distinct de se sentir violer par un éléphant ou - si votre imagination est plutôt maritime - par une baleine".

Il reste à savoir si dans son testament l'écrivain a laissé l'ordre de ne pas adapter ses écrits. Ou si Hollywood va désormais pouvoir s'emparer librement des histoires naturalistes et intimes, sans se soucier de l'avis de celui qui fut, jusqu'au bout, un homme libre qui avait la réputation d'être un ours.

Umberto Eco et Harper Lee, ou les adieux au nom de la rose et à l’oiseau moqueur

Posté par vincy, le 22 février 2016

A quelques heures d'écart, deux grands écrivains ont disparu. Le romancier et philosophe italien Umberto Eco à l'âge de 84 ans et la romancière américaine Harper Lee à l'âge de 89 ans.

Harper Lee, on la croisait dans les films sur Truman Capote, son ami d'enfance. Dans Capote, le film de Bennet Miller (2005), on la voit le soutenir dans l'écriture de son plus grand livre De sang froid. Capote est alors incarné par feu Philip Seymour Hoffman et Lee par Catherine Keener. Harper Lee a aussi été jouée au cinéma par Sandra Bullock dans Scandaleusement célèbre, l'autre film sur Truman Capote, réalisé en 2006 par Douglas McGrath.

du silence et des ombres

Mais on retiendra d'elle avant tout l'adaptation de son roman, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, prix Pulitzer en 1961. Ce fut jusqu'en 2015 son unique roman publié (on découvrit il y a deux ans une suite inédite du livre, en fait une histoire qu'elle avait écrite avant Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur mais qui se déroule bien après les événements du roman). En France, le film est titré Du silence et des ombres. Le film de Robert Mulligan, adapté par Horton Foote, a pour star Gregory Peck. Séléctionné à Cannes, To Kill a Mockingbird récolte 8 nominations aux Oscars et en remporte trois: meilleur acteur, meilleure adaptation, meilleure direction artistique.

L'histoire, profondément humaniste, est encore transgressive pour l'époque: Peck incarne Atticus Finch, avocat dans le sud des États-Unis dans les années 1930, et doit défendre un homme noir accusé de viol.

le nom de la rose

La transgression, Umberto Eco la maîtrise bien aussi. Son roman le plus vendu ans le monde, Le Nom de la Rose, prix Strega, le Goncourt italien, en 1981, et traduit dans 43 langues, a été porté à l'écran par Jean-Jacques Annaud en 1986. Le film a été un succès international. Mené par Sean Connery, cette enquête mélangeant obscurantisme et érudition, avec un Michael Lonsdale dans le camp des méchants et Christian Slater en candide, a attiré 5 millions de spectateurs dans les salles en France, en plus de recevoir le César du meilleur film étranger et le prix BAFTA du meilleur acteur.

Le récit se déroule en l'an 1327, dans une abbaye bénédictine du nord de l'Italie, où des moines sont retrouvés morts dans des circonstances suspectes. Cette abbaye réunit des franciscains et des représentants du pape pour une confrontation en terrain neutre. Un des franciscains les plus importants est Guillaume de Baskerville, accompagné du jeune novice Adso de Melk confié par son père au clergé. Ils vont mener l'enquête sur ces morts mystérieuses alors que l'Inquisition menace leur Savoir.

C'est l'unique fois où un livre d'Umberto Eco a été adapté au cinéma.

Léon l’Africain, Les échelles du levant: deux livres d’Amin Maalouf en cours d’adaptation

Posté par vincy, le 1 août 2015

A quelques jours d'écart, deux livres de l'écrivain Amin Maalouf sont arrivés dans le fil d'actualités cinéma. Deux adaptations, l'une en préparation, encore à l'état de projet, l'autre dont le tournage est déjà prévu.

Debbouze chez Sissako?

Jamel Debbouze aurait ainsi accepté d'être Léon l'Africain, selon Deadline. Le best-seller de Maalouf, paru en 1986, est l'autobiographie imaginaire inspirée d'une histoire vraie. Le livre débite au Maroc, dans la ville sainte de Fez où Hassan al-Wazzan a grandit avant de fuir l'Inquisition espagnole. En 1518, un ambassadeur maghrébin, revenant d'un pèlerinage à la Mecque, fut capturé par des pirates siciliens qui l'offrent en cadeau au pape Léon X. Hassan al-Wazzan va alors devenir le géographe du pape sous le nom de Jean-Léon de Médicis dit Léon l'Africain, écrivant des traités de géographie et enseignant l'arabe. Apr!s son hajj à La Mecque, il se convertit à la chrétienté avant de retrouver la foi musulmane à la fin de sa vie. Le livre traverse la méditerranée, de Grenade à l'Egypte, en passant par la Rome des Medicis.

Jamel Debbouze est tellement fan du roman qu'il aurait nommé son fils Léon en hommage à ce personnage. On ne sait toujours pas qui sera le réalisateur de cette production franco-libanaise (avec Rachid Bouchraeb parmi les producteurs) mais Screen International a révélé en mars dernier qu'Abderrahmane Sissako (Timbuktu) voulait adapter l'histoire de Maalouf au cinéma.

Farahani, Niney et Garrel chez Rahimi

Atiq Rahimi s'attaquera cet hiver à l'adaptation d'un autre roman d'Amin Maalouf, Les échelles du Levant. Le Film Français indique que le film s'intitulera Ports of Call. Au générique on retrouvera Golshifteh Farahani, Pierre Niney et Louis Garrel. Farahani était déjà l'actrice principal du précédent film de Rahimi, Syngué Sabour - Pierre de patiences, adapté de son propre roman éponyme, Prix Goncourt en 2008.

Les échelles du Levant, autre best-seller de Maalouf, publié en 1996, raconte une histoire qui traverse le XXe siècle. Un Libanais et sa femme, une jeune juive expatriée de Vienne ont combattu le nazisme durant la seconde guerre mondiale. Mais le conflit israélo-arabe en 1948 va les séparer...

Le tournage est prévu en janvier 2016.

« Le Festival n’aura pas lieu », un roman de Gilles Jacob, en librairie le 29 avril

Posté par redaction, le 16 avril 2015

Pierre Lescure, nouveau président du Festival de Cannes, a introduit sa première conférence de presse en rendant hommage à son prédécesseur en clamant : "Le Festival aura bien lieu". Référence directe au titre du roman de Gilles Jacob, Le Festival n'aura pas lieu, qui sera édité chez Grasset le 29 avril.

Le roman s'inspire sans aucun doute de son propre itinéraire puisqu'il suit un certain Lucien Fabas, nommé secrétaire général du Festival de Cannes en 1954. Avant cela, en 1952, il a été envoyé en reportage sur le tournage au Kenya du film Mogambo. D'ailleurs, la couverture du livre met en scène la blonde glaciale Grace Kelly et la brune torride Ava Gardner, les deux partenaires féminines du film, l'un des chefs d'oeuvre de John Ford (1953, avec également Clark Gable). C'est là qu'il rencontre la soeur d'Ava Gardner, Béatrice, dite "Bappie", avec laquelle se noue une passion, à l'écart des conventions. Les deux ont une vie officielle. les deux s'aimeront jusqu'à la fin.

A Cannes, Lucien Fabas n'a pas une vie simple et il doit aussi composer avec acteurs, cinéastes et journalistes, bref les professionnels de la profession. Une immersion dans la vie du Festival, du boycott des Américains jusqu'au Londres des années 70 où l'on croise Louis Malle, Claude Lelouch, Roman Polanski, Orson Welles, Fritz Lang, Federico Fellini... On chasse dans le monde entier les films et les stars pour nourrir cette immense fabrique à rêves condamnés à se consumer en cendres.  Mais, en mai 1968, le festival est annulé par Truffaut et Godard. Il décide partir se ressourcer en Suisse où il croise le général de Gaulle.

Gallienne et Canet vont faire revivre l’amitié entre Paul Cézanne et Emile Zola

Posté par vincy, le 28 novembre 2014

zola cezanneGuillaume Canet et Guillaume Gallienne seront les têtes d'affiche du prochain film de Danièle Thompson, selon les informations du Film Français.

Le tournage du film Les Inséparables se déroulera durant l'été 2015. Guillaume Canet incarnera l'écrivain Emile Zola tandis que Guillaume Gallienne interprétera le peintre Paul Cézanne. Il s'agit d'un scénario original qui retrace l'amitié entre les deux homme depuis leurs années collège à Aix-en-Provence. Cézanne a initié Zola aux arts graphiques. Et Zola a fait de Cézanne l'un de ses premiers lecteurs. C'est Zola qui a incité Cézanne à venir sur Paris. Mais leur relation de plus de trente ans s'est brutalement s'interrompue en 1886 quand l'écrivain a publie son roman L'Oeuvre, dans lequel le peintre croit se reconnaître à travers le personnage du peintre maudit et raté Claude Lantier. Zola ne peut démentir puisqu'il rédigea: "Paul peut avoir le génie d'un grand peintre, il n'aura jamais le génie de le devenir." Ils ne se revoient plus. Le peintre est réellement affecté et chaque tentative de rapprochement s'est soldée par un échec.

Lorsque leur relation s'arrête, Zola a déjà écris quelques uns de ses plus grands romans (Thérèse Raquin, L'assomoir, Nana, Au bonheur des dames, Germinal...). Il écrira avant sa mort son célèbre J'accuse, La Bête humaine et L'Argent. De son côté, Cézanne a déjà peint quelques grands tablaux comme le Pont à Maincy, L'Estaque, Le Jas de Bouffan. Mais c'est à partir de l'année de leur séparation que ces peintures vont devenir des chefs d'oeuvre : Nature mortes aux pommes, Les baigneurs, La Montagne Sainte Victoire...

De nombreux livres sont parus sur cette relation passionnelle. Un film, la vie d'Emile Zola, de William Dieterle, a rapproché les deux hommes sur le grand écran, en 1937.

David Foenkinos: le jury du prix Renaudot aime les écrivains-cinéastes

Posté par vincy, le 6 novembre 2014

david foenkinos publicité lvmhLe prix Renaudot aime les écrivains qui font du cinéma. Deuxième prix littéraire par son importance en France, décerné quelques secondes juste après le Goncourt, le jury du Renaudot a déjà récompensé les scénaristes et réalisateurs Dan Franck, Philippe Claudel, Frédéric Beigbeder, Virginie Despentes, Emmanuel Carrère et Yann Moix.

Mercredi 5 novembre, c'était au tour de David Foenkinos d'être consacré parmi les grands prix d'automne de la littérature française pour son roman Charlotte.

Foenkinos avait adapté avec son frère Stéphane son roman La délicatesse. Il avait rédigé le scénario et ils avaient co-réalisé le film, avec Audrey Tautou et François Damien en tête d'affiche. Le film, sorti en 2011, avait reçu deux nomination aux Césars: meilleur premier film et meilleure adaptation. Il avait séduit près de 800000 spectateurs en France.

On retrouvera l'univers de l'écrivain en janvier dans les salles avec Les souvenirs, adaptation du best-seller de l'écrivain. David Foenkinos a co-écrit le scénario avec le réalisateur, Jean-Paul Rouve. Le film a été présenté dans les Festivals d'Angoulême, de Namur et de Saint-Jean-de-Luz. Il réunit Annie Cordy, Michel Blanc, Mathieu Spinosi, Chantal Lauby et Audrey Lamy.

Le roman Charlotte, primé par le Renaudot, même s'il conserve une part du style ironique et mélancolique de l'auteur, est en rupture avec les précédents romans de David Foenkinos. Il s'agit de l’histoire de Charlotte Salomon, artiste peintre juive allemande déportée à Auschwitz à 26 ans alors qu'elle était enceinte. La jeune femme a pu confier ses toiles (aujourd'hui conservées au musée juif d'Amsterdam) juste avant sa mort.